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Prison pour le militaire dont le livre révèle la corruption dans l'armée espagnole

lundi 8 septembre 2014 à 15:44
El teniente Luis Gonzalo Segura en el vídeo de presentación del libro. Foto de la página de «Un paso al frente» en Facebook

Le lieutenant Luis Gonzalo Segura dans la vidéo de présentation de son livre. Photo de la page facebook de « Un paso al frente ».

 Sauf indication contraire, tous les liens renvoient vers des pages en espagnol

Fatigué d'observer la corruption parmi les dirigeants de l'armée espagnole, le lieutenant Luis Gonzalo Segura a décidé après presque 12 ans de service de dénoncer publiquement une situation que très peu d'Espagnols connaissent. C'est pourquoi il a été condamné à deux mois de détention dans une prison militaire, et il pourrait être exclu de l'armée.

M. Segura a écrit un livre intitulé « Un paso al frente ». Dans ce dernier, il décrit sous forme d'un roman les excès qui se commettraient au sein des forces armées espagnoles, cette institution si opaque.

Voici comment M. Segura s'est exprimé dans une interview dédiée au site internet La Marea :

Desde que se suprime el servicio militar hay un corte de flujo de información desde el mundo militar al exterior. (…) Al no tener libertad de expresión los militares, ese flujo todavía se corta de forma más radical, de tal forma que al final, a día de hoy, las fuerzas armadas son un estado paralelo y completamente estanco a resto de la sociedad.

Depuis que le service militaire a été supprimé, trop peu d'informations sortent du monde militaire. Le fait que les militaires ne jouissent pas de la liberté d'expression réduit encore la quantité d'informations qui sort de l'armée, de telle sorte qu'aujourd'hui l'armée est une sorte de monde parallèle, dont la majeure partie de la société ne sait rien.

Portada de la 6ª edición del libro. Foto de la página de «Un paso al frente» en Facebook

Page de garde de la 6e édition de « Un paso al frente ». Photo de la page facebook du livre.

En 2010, on a demandé à Luis Gonzalo Segura de réaliser un inventaire du matériel informatique. Il a alors découvert, selon ses propres dires, « un déphasage de 25 - 35 pour cent », ce qui représentait « des millions d'euros ». Le jeune militaire a essayé de dénoncer cela devant la justice militaire, mais le juge et le procureur ont classé le dossier sans même vérifier l'information que M. Segura avait enregistrée sur un disque dur qu'il avait mis à la disposition des magistrats.

Selon le site internet vozpópuli, le lieutenant « fait allusion, dans son livre, à des présumées malversations,à des détournements de fonds publics, négligences, faux détachements, escroquerie avec le carburant et l'alimentation, vente de matériel en ligne,  résidences secondaires, clubs de golf, spas et salles VIP. » Durant la présentation de son livre, M. Segura a affirmé que tous ces excès auraient mis l'armée dans une grave situation économique.

Los datos económicos de la institución militar que, según afirma, tiene una deuda de 29.000 millones de euros y destina el 77% de sus 6.000 millones de presupuesto anual a personal, evidencian, por otra parte, que el Ejército es “un modelo anticuado y obsoleto, e insostenible a nivel económico”.

La situation économique de l'armée, qui aurait une dette de 29 milliards d'euros et dont les frais du personnel représenteraient 77 % de ses 6 milliards d'euros de budget annuel, mettraient par ailleurs en évidence que l'armée est un « modèle antique et obsolète, insoutenable du point de vue économique. »

À ce gaspillage d'argent public s'ajouterait la grave « macrocéphalie » de l'armée que M. Segura explique dans une interview pour Barrio Canino :

Hay un excedente de mandos enorme. De hecho, ahora mismo uno de los problemas que tenemos es que hay 42 000 soldados, a los que se les trata como a perros, y con contratos basura (…) y tenemos 52 000 mandos (…) cualquiera que tenga dos dedos de frente se da cuenta de que esto es insostenible.

Il y a un excès énorme de dirigeants. De fait, un des problèmes, à l'heure actuelle, est que nous avons 42 000 soldats traités comme des chiens avec des contrats misérables (…) et qu'à ceux-ci s'ajoutent 52 000 dirigeants. Toute personne qui a deux sous de jugeote se rend compte que cela est insoutenable.

 Dans l'interview avec Periodista Digital, il conclut :

Lamentablemente en España muchos cargos son heredados en el ejército. Tenemos 270 generales y con veinte sería suficiente; tenemos 1050 coroneles y con 50 sería suficiente. Esto evidencia el excedente de oficiales como ejemplo de cómo la cúpula militar se mueve buscando su propio interés.

Malheureusement, en Espagne, de nombreux postes de l'armée sont héréditaires. Nous avons 270 généraux, 20 suffiraient ; nous avons 1050 colonels et 50 seraient suffisants. Ces chiffres démontrent clairement l'excès d'officiers, un exemple de la manière dont les hauts responsables de l'armée agissent en poursuivant leurs propres intérêts.

Selon le lieutenant, l'impunité qui existe dans cette institution serait la cause de la corruption. Car la justice, la police et les auditeurs font eux-mêmes partie des forces armées en tant que hauts responsables. Autre cause : il n'y aurait pas eu une véritable transition dans l'armée.

(…) ha habido una especie de pacto entre los dirigentes de la sociedad civil y los del mundo militar por el que nadie se quería meter en el terreno de nadie. Aunque pudo tener un sentido hasta el año 90 por el riesgo del golpe de Estado, a día de hoy no se entiende que se siga sosteniendo

Les dirigeants de l'armée et ceux de la société ont conclu une espèce de pacte à cause duquel personne ne veut se mêler des affaires de l'autre. Même si ce pacte pouvait être utile jusque début des années 90 à cause du risque d'un coup d'État, aujourd'hui personne ne peut comprendre que ce pacte persiste.

De plus, M. Segura affirme dans La Marea que les militaires sont eux-mêmes complices de la corruption qui règne au sein de l'institution, parce qu'il y a « un faux sens de la loyauté envers le compagnon qui prime sur la loyauté envers l'Espagne, l'institution et les citoyens. » Le site nuevatribuna.es explique que le lieutenant ne se limite pas à la critique des mauvaises pratiques, mais propose aussi des solutions :

En su novela, eleva una carta al Ministro de Defensa, sugiriéndole hasta 19 medidas, «que harían del ejército una institución más justa y honorable». El problema de las fuerzas armadas, no es solo estructural, «están enfermas y necesitan ser regeneradas», dice el teniente.

Dans son roman se trouve une lettre au ministre de la Défense dans laquelle il suggère jusqu'à 19 mesures « qui rendraient l'armée plus juste et honorable ». Selon le lieutenant, le problème des forces armées n'est pas seulement structurel : « elles sont malades et doivent être soignées. »

Segura en la presentación del libro en la tienda FNAC, Madrid. Foto de la página de «Un paso al frente» en Facebook.

M. Segura lors de la présentation de son livre à la FNAC à Madrid. Photo de la page    facebook    de « Un paso al frente. »

Certaines déclarations du lieutenant pendant les interviews de présentation de son livre ont motivé l'ouverture d'une enquête disciplinaire, à la suite de laquelle une sanction de deux mois de détention a été prononcée. M. Segura se trouve dans la prison militaire de Colmenar Viejo depuis le 18 juillet. Une autre enquête contre M. Segura est en cours. Celle-ci pourrait mener à son expulsion de l'armée.

Ces sanctions imposées à un militaire dont le seul crime a été de critiquer ouvertement dans les médias les autorités militaires démontrent que les militaires n'ont pas le droit à la liberté d'expression, droit pourtant fondamental. Ces sanctions ne sont possibles que grâce à la réserve que maintient le gouvernement espagnol sur les articles 5 et 6 de la Convention européenne des droits de l'homme [fr].

De plus, selon eldiario.es, une « terrible chasse » a eu lieu dans les casernes de Zaragoza, Valencia, Córdoba et Canarias, où « des compagnons ont été durement menacés, notamment d'expulsion et de détention, pour qu'ils n'assistent pas [à la présentation du livre], n'achètent pas le livre et n'en parlent pas. »

M. Segura, qui pour l'instant est encore lieutenant, était en grève de la faim pendant 22 jours, pour protester contre la « justice expéditive » à laquelle les instances militaires la soumettent. Il avait mis fin à la grève de la faim pour des raisons médicales. Son livre est devenu un vrai bestseller. Depuis que le livre a fait son apparition sur le marché le 21 avril, 20 000 exemplaires ont été vendus, et bientôt une septième édition sera publiée. Sur le site de l'éditeur (Tropo Editores), on peut lire le premier chapitre du livre.

Podemos, le parti politique alternatif espagnol qui étend la démocratie en ‘Cercles’

lundi 8 septembre 2014 à 15:36
Image taken from the “Podemos” party's Facebook account.

Source photo : compte Facebook du parti Podemos.

Dans cet assemblage de maisons des collines espagnoles de Galice, non loin de la cité romaine de Lugo, le temps semble s'être arrêté il y a quarante ans. Les poules errent librement dans les rues, pendant que les paysans discutent à loisir de tracteurs au bord de la route. Pourtant, dans ce coin endormi de la province nord-ouest de l'Espagne, un nouveau modèle politique prend forme.

Jago, un professeur de langues de 48 ans, est en train de monter dans le village un “cercle”, une sorte d'assemblée de base informelle, démocratique et pluraliste, qui fonctionnera comme l'incarnation locale du nouveau parti politique Podemos. “Nous pouvons” en espagnol, Podemos espère attirer ceux qui désespèrent des approches politiques conventionnelles et contrer le ras-le-bol des mesures d'austérité en impliquant les citoyens pour modeler les réformes à partir de la base.

Nombreux sont les partis à travers l'Europe qui, voyant fondre les effectifs de leurs militants, partagent les mêmes ambitions. Podemos, lui, a des résultats à afficher sur l'intention de mettre la politique plus en phase avec le public”. Depuis ses débuts en mars avec une campagne entièrement financée par crowdfunding et un manifeste créé à partir des propositions du public, le parti s'est adjugé 8 % du vote espagnol aux élections pour le Parlement Européen. Beaucoup de ses sympathisants n'avaient probablement pas voté depuis des années. Un récent sondage a laissé entendre que Podemos serait en troisième place si des élections générales avaient lieu demain, et pourrait même se placer deuxième.

Les Cercles : des espaces politiques inclusifs

Un des facteurs des débuts prometteurs de Podemos est le système d'organisation communautaire en “cercles.” Tel est l'objectif de Jago. Les cercles sont des groupes sans dirigeants ni cotisations, qui fonctionnent en assemblées publiques ouvertes où les présents débattent de tout ce qui leur paraît s'appliquer à leur situation. “Les assemblées permettent aux personnes qui ne participent pas au mouvement de s'exprimer et de voir qu'il y en a d'autres qui pensent comme eux,” explique Oscar Gonzalez, un porte-parole du cercle de Podemos dans la cité portuaire galicienne de Vigo. Les cercles ont une focale locale marquée, à l'échelle d'une ville entière ou d'un arrondissement, ou se constituent autour d'un domaine particulier (par exemple, il existe actuellement des cercles sur la psychanalyse, la musique et le métier d'infirmier).

Les cercles se multiplient rapidement. Au moment d'écrire cet article, ils étaient plus de 700 dans toute l'Espagne, un accroissement de presque 80 % par rapport à leur nombre deux mois avant. L'assistance aux assemblées monte en flèche : de 20 à 30 personnes en moyenne avant les élections, Podemos Vigo en revendique désormais au moins 300 à chaque fois. Le concept des cercles peut fonctionner même dans les petites villes, mais il n'en va pas de même dans la Galice rurale. Les hameaux comme celui de Jago se vident rapidement, la Galice seule en compte au moins 1.400 déjà complètement déserts. Il y a peu de chances qu'ils se régénèrent spontanément : une naissance fait un article dans le journal local, tandis que le gouvernement régional de Galice va dépenser 70 millions d'euros sur les trois années qui viennent pour essayer de renverser le déclin de la natalité dans la région, dont le taux est le plus bas d'Espagne.

Un terreau qui paraît peu fertile pour un jeune mouvement dont le slogan électoral était : “quand avez-vous voté pour la dernière fois avec espoir ?” On a du mal à imaginer un cercle prospérer dans les confins ruraux de cette partie conservatrice de l'Espagne. Le dictateur Francisco Franco était Galicien, et le Parti Populaire de centre-droit qui gouverne au niveau national enregistre toujours dans la région certains de ses milleurs résultats. Dans l'unique bar du patelin (qui fait aussi office de boucherie et d'épicerie), Jago montre l'un des habitués, un homme d'une cinquantaine d'années aux tempes dégarnies : “Nos relations sont bonnes, évidemment. Mais un jour que je lui ai demandé du feu, j'ai vu qu'il avait encore un briquet à l'effigie de Franco.”

Jago ne se décourage pas pour autant. “Je suis un individu ordinaire, mais je sais parfaitement ce qu'est la discrimination et la corruption,” dit-il, citant ses propres difficultés à monter une entreprise et catalogant une série d'affaires récentes de dessous-de-table en Galice. Comme beaucoup d'Espagnols, Jago peine à rembourser son crédit immobilier, contracté à la banque juste avant la crise, une décision qu'il décrit comme la “plus grosse erreur de sa vie”.

Podemos collecting tin in a cafe in Vigo, Spain.

Podemos collecte de la petite monnaie dans un café de Vigo, en Espagne. Photo de l'auteur, Tom Walker.

Ce qui ne l'a pas empêché de donner cinq euros au fonds de campagne de Podemos pour les élections européennes. Considérant que Podemos n'a dépensé que 12 cents d'euros pour chacune des 1,25 million de voix obtenues en mai, sa contribution vaut en fait 40 électeurs. Si aucun de ces 40 n'est probablement venu du village de Jago, il reste à l'affût. “Je crois que Podemos peut être un havre pour beaucoup de gens ici qui ne sont jamais sentis chez eux dans aucun autre parti politique,” dit Jago. “Petit à petit, j'espère que nous pourrons arriver quelque part.”

Et c'est ce qu'a déjà fait Podemos à Navia, une circonscription au sud-ouest du centre de Vigo. Le parti a recueilli 20 % des voix ici, son meilleur résultat dans la ville. Navia est composé de logements sociaux construits ces huit dernières années pour loger une population jeune de quelque 8.000 âmes. Le succès de Podemos est d'autant plus remarquable ici qu'au milieu de l'austérité générale, de l'argent public a réellement été dépensé à Navia : la municipalité a investi dans l'amélioration de la voirie, les transports en commun, les jardins ouvriers et les installations sportives, tandis que l'administration régionale construit un centre de santé et un vaste espace vert.

“Il est vrai que les pouvoirs publics ont dépensé un tas d'argent pour notre quartier, mais la façon dont ils l'ont fait—les montants adjugés pour les travaux et les modifications, et l'absence d'entretien ou de planification—nous font voir ces investissements comme des tombeaux plantés dans notre environnement,” explique Antonio Saá, de la communauté en ligne Navia Merece.

Navia est aussi l'un des secteurs où Podemos Vigo a mené une campagne de mailing d'un nouveau genre, en distribuant à la main un message d'une page : “Cette lettre ne vous a pas atteint par la poste, parce qu'expédier une lettre comme celle-ci dans tout le pays coûte plus de 2 millions d'euros. Demandez aux partis qui vous ont envoyé un courrier électoral par la poste où ils ont trouvé l'argent pour le faire et en échange de quoi.” A Navia, où plusieurs projets publics de premier plan restent inachevés et d'autres sont parés de soupçons de corruption [espagnol], ce genre d'argument peut faire mouche.

Un travail à parfaire

Ces succès ne peuvent dissimuler le fait que Podemos est un travail toujours en cours, qui doit s'ajuster à la montée d'attention reçue depuis quelques mois. Les sympathisants locaux le reconnaissent ouvertement. “C'était bien plus facile de tenir des assemblées avant les élections, quand les groupes étaient plus petits et qu'on pouvait voter à main levée. Maintenant c'est devenu impossible. Tout le temps passe à compter et à vérifier que personne ne vote deux fois,” souligne Manuel Villot, un membre du cercle de Vigo.

Le cercle a aussi dû récemment instaurer un modérateur pour éviter que les discussions ne se dispersent dans les assemblées, restées jusque là assez peu structurées. Podemos mise sur la technologie pour conserver son éthique collaborative tout en absorbant des nombres croissants, et tente en ce moment d'introduire et génraliser Appgree et Loomio, des outils en ligne permettant de proposer des idées et de voter dessus.

Le parti a édifié une bonne partie de son profil par la télévision, avec notamment les apparitions dans les émissions-débats de l'universitaire et tête de proue du parti Pablo Iglesias, mais c'est l'Internet qui semble maintenant en première ligne au niveau local. Beaucoup de cercles n'ont pas de site web et se reposent sur la page Facebook dePodemos Vigo pour communiquer avec les partisans actuels et en attirer de nouveaux. “Podemos serait impensable sans Facebook et Twitter,” explique Mayka Arias, la coordinatrice de la page Podemos Vigo. Conscient que cette orientation technique pourrait en laisser certains hors du parti, Podemos Vigo organise des cours gratuits d'informatique pour expliquer les nouveaux outils et recrute des cybercafés fournissant un accès gratuit à ceux qui en sont dépourvus.

Les prochains mois seront déterminants pour Podemos, qui doit annoncer à l'automne une nouvelle structure d'organisation pour le parti. “Je suis sûr qu'il va continuer à grandir—il n'y a pas de plafond pour le moment,” prévoit Saá. “Nous allons voir si Podemos peut faire des choix qui soient réellement différents plutôt que de rajouter à la même chose.”

Etes-vous un expatrié européen de moins de 40 ans ? ‘Génération E’ aimerait connaître votre histoire

lundi 8 septembre 2014 à 13:17
"Why Generation E? E stands for Europe, Expat, Erasmus, Exodus, Escape. We start from the -slightly romantic- assumption that the young European 'expats' are laying the foundations of the future European social fabric."

‘Pourquoi E Génération ? E comme Europe, expatrié, Erasmus, Exode, Echappatoire. Nous sommes partis de la supposition (vaguement romantique) que les jeunes ‘expat’ européens sont en train de créer les fondations du futur tissu social européen.”

 L'auteure de ce post travaille pour le projet GenerationE.eu.

Chaque jour, des centaines de jeunes du sud de l'Europe font leurs bagages et partent dans un autre pays de l'Union européenne, à la recherche de meilleures chances. Cette tendance s'amplifie aux marges de l'Europe (Portugal, Italie, Grèce et Espagne en particulier), là où la crise actuelle et le fort taux de chômage ont provoqué le départ de centaines de milliers de personnes en âge de travailler au cours des quatre dernières années.

Nous les appellerons ici la “Génération E” : des expatriés européens de moins de quarante ans qui utilisent le droit européen de libre circulation pour construire leur futur en Europe, mais pas dans leur pays. Leur périple migratoire est cependant difficile à retracer. De nombreuses estimations et données fragmentaires existent dans les pays concernés, mais aucune statistique ou cartes précises des migrations transnationales.

GenerationE

GenerationE

Et voici Generation E, une enquête transfrontalière pour collecter des données sur les jeunes migrants européens. Ce projet indépendant, financé par journalismfund.eu, souhaite exploiter les données existantes et rassembler des témoignages de jeunes Européens qui vivent à l'étranger.

Lors de cette campagne de collecte d'informations lancée le 8 septembre par une équipe de journalistes de différentes nationalités, les jeunes ‘expat” européens du Portugal, d'Italie de Grèce et d'Espagne sont invités à partager leur histoire personnelle qui les a poussés à traverser les frontières (désormais ouvertes) du Vieux continent pour réinventer leur vie quotidienne dans un autre pays.

 Un exode intra européen ?

Le phénomène est complexe à étudier et sous-estimé en termes de volume et d'importance. Une étude du Conseil supérieur des études scientifiques (CSIC) d'Espagne (un pays qui a perdu environ 102 000 jeunes adultes de 20 à 40 ans entre 2010 et 2013) note que les sources nationales “sous estiment largement l'émigration” :

Es más probable que la cifra se acerque a las 700.000 personas entre 2008 y 2012 que a las 225.000 estimadas por fuentes oficiales.

Il est probable que le nombre (total) [d'émigrés] est plus proche de 700 000 entre 2008 et 2012 que de 225 00, l'estimation des sources officielles.

135 000 jeunes adultes ont officiellement quitté l'Italie depuis 2010 mais les statistiques officielles ne prennent pas en compte ceux qui ne changent pas officiellement leur lieu de résidence. “Les estimations qui circulent parlent d'au moins deux fois le nombre d'expatriés”, écrit le journaliste italien Jacopo Ottaviani, coordonateur du projet Génération E, sur Il Fatto Quotidiano. Lui même fait partie des ‘officiels' :

Nel Regno Unito, il primo paese destinazione per gli italiani in fuga, il console italiano a Londra Massimiliano Mazzanti ha notato che gli italiani «ufficialmente iscritti all’Aire sono in tutto 220mila, mentre le stime sono di oltre mezzo milione a livello Paese e di 250mila nella capitale». Non a caso il sindaco della City Boris Johnson ha accolto in aprile il premier Renzi dandogli il benvenuto nella «sesta città italiana». Come se una città come Genova fosse stata trapiantata tra i quartieri di Londra.

Au Royaume Uni, premier pays de destination pour les Italiens en fuite, le consul italien à Londres, Massimiliano Mazzanti, a noté que les Italiens “officiellement inscrit à l'AIRE [le registre des Italiens vivant à l'étranger] sont environ 220 000, mais les estimations sont de plus d'un demi million, et de 250 000 dans la capitale”. Il n'est pas surprenant que le maire de la ville, Boris Johnson, ait la bienvenue au premier ministre italien Rienzi, en avril dernier, dans “la sixième ville italienne”. Comme si une ville de la taille de Gênes avait été transplantée dans les districts de Londres.

Le Portugal, un pays de moins de 10,5 millions de personnes, compte 2,3 millions d'émigrés (20,8 pour cent), occupant la deuxième place en pourcentage de population parmi les état membres de l'Union européenne où l'on émigre le plus, Malte étant le premier. Au cours des quatre dernières années, environ 107 000 jeunes adultes (entre 20 et 40 ans) ont officiellement quitté le pays de façon permanente, presque autant ont émigré pour occuper des emplois temporaires et sont restés à l'étranger.

Les estimations d'émigration pour la Grèce, pays où le taux de chômage des jeunes est le plus élevé (près de 60 pour cent en 2013), sont elles aussi parcellaires, quand elles existent. L'institut statistique hellène, contacté par notre équipe à Athènes, a déclaré qu'il ne suit pas les flux migratoires grecs.

Les histoires de la Génération E

Expatriée grecque à Londres, Sofia Gkiousou écrit sur le blog New Diaspora “le choix ou l'impulsion de partir à l'étranger est une question très personnelle pour chaque personne, et affecte sa vie.” Qu'est-ce qui provoque la décision de partir ? Ont-ils l'intention de revenir ou veulent-ils vivre encore ailleurs ? Quelles difficultés cette jeune diaspora européenne rencontre-t-elle aujourd'hui ? Quels espoirs ont-ils pour leur futur ?”

Génération E propose d'élargir la “Génération Y” (“ceux qui sont nés entre 1980 et 1994-99″ et qu'a très bien décrits la journaliste portugaise Ana Cristina Pereira), et d'inclure ceux qui sont nés à partir 1974, pour documenter les histoires des migrants d'aujourd'hui nés durant les 20 ans qui ont suivi la fin des dictatures au Portugal, en Grèce et en Espagne.

Les résultats de cette études seront publiés fin octobre par Il Fatto Quotidiano (Italie), El Confidencial (Espagne), RadioBubble (Grèce) et P3/Público (Portugal). Ils comprendront des extraits des récits réunis, une enquête statistique approfondie (visualisée sous forme de cartes et diagrammes interactifs), ainsi que des entretiens avec des chercheurs et décideurs en Europe.

Si vous avez moins de 40 ans et avez quitté le Portugal, l'Italie, la Grèce ou l'Espagne ces dernières années, racontez-nous votre histoire. Si vous avez des amis qui appartiennent à la “Génération E”, invitez-les à partager quelques uns de leurs bonheurs et projets, espoirs et craintes. Ils peuvent le faire via le site officiel (disponible en portugais, grec, espagnol et anglais), la page et le groupe Facebook, ainsi que sous le hashtag #GenerationE sur Twitter.Partagez votre histoire 

Ce projet bénéficie du soutien financier de Journalismfund.eu.

Bhoutan : Une seconde vie pour les vieilles chaussures

lundi 8 septembre 2014 à 09:00
Les bénévoles se concentrant sur la façon de recycler les chaussures récoltées durant la campagne de collecte. Elles seront bientôt envoyées aux quatre coins du Bhoutan pour la distribution. Image par Help Shoe Bhutan (Aide Chaussures Bhoutan). Utilisée avec permission.

Les bénévoles recyclent les chaussures récoltées durant la campagne de collecte. Elles seront bientôt envoyées aux quatre coins du Bhoutan pour la distribution.Crédit photo Help Shoe Bhutan (Aide Chaussures Bhoutan). Utilisée avec permission.

 Au Bhoutan, une campagne dirigée par un entrepreneur local collecte des chaussures usées pour les nettoyer et les distribuer à ceux qui ne peuvent pas se permettre d'acheter une paire neuve. La campagne Help Shoe Bhutan (Aide Chaussure Bhoutan) a jusqu'ici donné des chaussures à près de 1 pour cent des 740 000 habitants du pays.

L'histoire commence avec M. Sandeep Gajakas, un ingénieur indien, qui a inventé le concept du service de nettoyage des chaussures. M. Gajakas a remarqué que certaines personnes ne faisaient pas l'effort de nettoyer leurs chaussures. Si elles s'attendent à ce que quelqu'un d'autre le fasse à leur place,c'est qu’ il devait y avoir certainement une manière pour en faire des affaires viables. En 2003, il a ouvert la première affaire de nettoyage et de réparation professionnelle de chaussures en Inde pour tous les types de chaussures, à Mumbai. A présent son réseau de franchise ShoeVival couvre 10 villes dans trois pays.

Le jeune entrepreneur bhoutanais Dawa Drakpa a introduit le concept de ShoeVival au Bhoutan en 2011. Le blogger bhoutanais Passang Tshering raconte ce qui s'est passé ensuite:

Ses parents l'avaient envoyé pour étudier pour devenir infirmier à Bangalore [Inde], mais à leur grande déception, il revient de Mumbai avec une franchise pour le nettoyage de chaussures, et sans le diplôme. Inimaginable, mais c'est l'étrangeté du destin. [..]

En peu de temps, il a transformé ce qui était auparavant perçu comme un “sale boulot” en une affaire juteuse.

help shoe bhutanDawa Drakpa a écrit sur son blog à propos de son combat et de la façon dont il a démarré l'entreprise sociale appelée Help Shoe Bhutan. M. Drakpa a vu beaucoup de chaussures dans une poubelle et il a pensé qu'une bonne partie pouvaient être recyclée et réutilisée. Dans les campagnes du Bhoutan, de nombreux enfants marchent plusieurs kilomètres sans avoir des chaussures décentes pour aller à l'école. Les agriculteurs travaillent la terre pieds nus parce qu'ils ne peuvent pas se permettre des chaussures.

La dernière campagne de collecte de chaussures a commencé en septembre 2011. D'après les mots de Drakpa:

L'intention était claire: 
1 Recueillir autant de vieilles chaussures possible. 
2. Les faire revivre. 
3 et enfin les distribuer aux personnes qui ne pouvaient pas se permettre d'acheter une bonne paire de chaussures.

Help Shoe Bhutan a distribué 500 paires de chaussures à Merak, un village à l'extrême est du Bhoutan, dans le district de Trashigang. Crédit photo Help Shoe Bhutan. Utilisée avec permission.

Help Shoe Bhutan a distribué 500 paires de chaussures à Merak, un village à l'extrême est du Bhoutan, dans le district de Trashigang. Crédit photo Help Shoe Bhutan. Utilisée avec permission.

Drakpa signale que de nombreuses organisations, entreprises et individus se sont offerts pour aider  avec de l'argent ou tout simplement pour donner un coup de main. Le nettoyage et la réparation des chaussures coûtent à peine Nu. 80 (1,30 $ US) par paire, un service que Drakpa fournit. Le Bhutan Dragons Motorcycle Club s'est joint à l'initiative en tant que partenaire pour la distribution et la livraison des chaussures dans les zones rurales qui en avaient besoin. Il raconte comment ses membres travaillent ensemble dans une course à la charité par des temps froids et brumeux afin de distribuer les chaussures et d'autres articles dans le quartier Samtse au sud-ouest du Bhoutan.

Une fillette avec une paire de chaussures recyclées lors d'une distribution. Crédit photo Help Shoe Bhutan. Utilisée avec permission.

Une fillette avec une paire de chaussures recyclées lors d'une distribution. Crédit photo Help Shoe Bhutan. Utilisée avec permission.

La première distribution a eu lieu en mars 2012. Drakpa rappelle:

L'équipe de distribution est arrivée vers 15 heures. Et les enfants étaient debout, en file indienne, dans l'attente de leur tour. Même à cet instant, je n'étais pas très sûr de savoir comment ces chaussures auraient été acceptées. [...] Il y avait différentes sortes de chaussures pour adultes et enfants, des tongs, des bottes, des chaussures en cuir et la liste continue. [...] Help-Shoe Bhoutan avait apporté  221 paires de chaussures nettoyées et réparées.

Un à un les enfants ont essayé les chaussures … Ils étaient très excités, nous pouvions voir clairement que tant les enfants que les adultes choisissaient leurs chaussures avant même que leur tour d'essayer arrive. Ils se sont vite tous précipités vers les chaussures et ça` ressemblait plus à un marché aux poissons. Cela dit, c'était en effet un honneur pour nous, l'équipe de distribution. 

 

La joie d'obtenir une paire de chaussures lors de la distribution dans le district de Zhemgang, l'une des régions les plus pauvres au Bhoutan. Photo crédit: Help Shoe Bhutan.  Utilisée avec permission.

La joie d'obtenir une paire de chaussures lors de la distribution dans le district de Zhemgang, l'une des régions les plus pauvres au Bhoutan. Photo crédit: Help Shoe Bhutan. Utilisée avec permission.

L'équipe de  Help Shoe Bhutan a également distribué des chaussures à Zhemgang, le quartier le plus pauvre au Bhoutan. Drakpa rappelle:

Nous nous sommes fixés comme but que pas une seule personne ne quitterait la salle sans avoir eu une paire de chaussures. La distribution a commencé avec Bardo Tshogpa faisant l'appel selon les noms des familles. Il y a 68 ménages dans Bardo gewog, soit environ 300 personnes. Les dons comprennent les chaussures, des vêtements, des jouets, de nouvelles couvertures, des bonbons, des biscuits, etc.

La première campagne, qui a duré jusqu'en mai 2012, a distribué environ 1300 paires de chaussures. La deuxième lancée en juin 2012 par Son Altesse Royale la Princesse Chimi Yangzom Wangchuck visait la distribution de 2000 paires. L'initiative est en cours, avec un nombre total de chaussures distribuées atteignant 5996 au 21 mai 2014.

Notre partenaire pour la distribution Bhutan Dragons Motorcycle Club a distribué 742 paires de chaussures dans Pemagatshel. Crédit photo Help Shoe Bhutan. Utilisée avec permission.

Partenaire pour la distribution, Bhutan Dragons Motorcycle Cl,b a distribué 742 paires de chaussures dans Pemagatshel. Crédit photo Help Shoe Bhutan. Utilisée avec permission.

Quel est le prochain but dans cette campagne? Selon sa page sur Facebook, l'équipe ira dans les écoles secondaires pour former les élèves à nettoyer et à recycler les chaussures. Un billet, publié le 24 juillet, indiquait que:

Nous essayons simplement de sensibiliser les élèves pour qu'ils prennent eux-mêmes soin de leurs propres chaussures.

On dit souvent “donner un poisson à un homme, il se nourrira pendant un jour”. Apprenez-lui à pêcher, il va ouvrir une poissonnerie et nourrir son quartier “

Vous pouvez suivre le projet via sa page sur Facebook.

Des enfants heureux avec des chaussures recyclées. Photo crédit:  Help Shoe Bhutan. Utilisée avec permission.

Des enfants heureux avec des chaussures recyclées. Photo crédit: Help Shoe Bhutan. Utilisée avec permission.

Extension sans précédent de la colonisation israélienne en Cisjordanie

dimanche 7 septembre 2014 à 13:46
A general view of constructions in the Jewish settlement of Maale Adumim and Kedar in the West Bank. The practice, against international law, continues today. Photograph by Mahmoud illean. Copyright: Demotix

Vue générale des constructions dans la colonie juive de Maale Adumim et Kedar en Cisjordnie. La pratique, contraire au droit international, continue aujourd'hui. Photo Mahmoud illean. Copyright: Demotix

La décision israélienne de s'approprier de nouvelles terres palestiniennes en Cisjordanie occupée a déclenché la réprobation internationale des organisations de défense des droits de l'homme, comme des gouvernements et individus engagés.

Le gouvernement israélien a annoncé l'annexion de 400 hectares de territoire palestinien à proximité de la colonie juive de Gva'ot, à l'ouest de Bethléhem. Il a déclaré ces terrains ‘terre d'Etat', ouvrant la voie à de nouvelles implantations considérées comme illégales en droit international.

A de nombreuses occasions, l'ONU a déclaré que la construction par Israël de colonies constitue une violation de la Quatrième convention de Genève (relative à la protection des civils en temps de guerre). En 2012, il y avait 344.391 colons israéliens en Cisjordanie, non compris Jérusalem-Est.

Map of West Bank area West of Bethlemen showing Israeli settlements (blue), Palestinian villages and towns (brown) and the area declared as State Land (red). (Peace Now)

Carte de la Cisjordanie à l'ouest de Bethléhem montrant les implantations israéliennes (bleu), les villages et agglomérations palestiniennes (brun) et la zone déclarée terrain d'Etat (rouge). (Peace Now)

L'ONG israélienne Peace Now [La Paix maintenant], a dit que ceci était la plus vaste appropriation de terres palestiniennes depuis trente ans :

A notre connaissance, cette déclaration est sans précédent dans son ampleur depuis les années 1980 et peut changer radicalement la réalité dans la zone de Gush Etzion et Bethléhem

Peace Now a rappelé l’historique de la colonie de Gva'ot :

Gva'ot a été créé en 1984 comme une base militaire entre les villages palestiniens de Al Jab'a et Nahhalin. Pendant les années 90, les militaires ont été remplacés par des étudiants de yeshiva qui occupaient les 30 caravanes sur site, et en 1998 le site a été incorporé dans les limites municipales officielles de la colonie d'Alon Shvut, située à 3 km de là. Récemment, une dizaine de familles se sont installées à Gvaot et ont créé un établissement scolaire sur le site.

Le directeur adjoint de Human Rights Watch pour le Moyen-Orient/Afrique du Nord Nadim Houry, ainsi que le directeur pour les Médias européens d'HRW Andrew Stroehlein, ont condamné la décision sur Twitter, respectivement :

D'habitude quand il y a un crime, on poursuit le criminel. Les autorités israéliennes s'en servent de prétexte pour annexer illégalement plus de terres

Israël fait fi du droit international qui interdit les colonies en territoire occupé

Human Rights Watch a déclaré que le nouveau plan de colonisation, s'il était mis en oeuvre, équivaudrait à un crime de guerre :

Israël devrait immédiatement renoncer à son projet illégal d'appropriation d'une vaste superficie du territoire occupé de Cisjordanie, au sud de Jérusalem, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Cette appropriation, annoncée le 1er septembre, ouvrirait la voie à la construction de nouvelles colonies d’une taille considérable près de la ville de Bethléem, en Cisjordanie. Or le transfert de civils vers un territoire occupé en vue de créer des colonies est susceptible de constituer un crime de guerre.

Une condamnation partagée par des dizaines d'ONG des droits de l'homme, dont Amnesty International, Jewish Voice for Peace, et de nombreuses institutions et gouvernements, dont l’ONU, l’Autorité Palestinienne, les USA, le Royaume Uni, l’Egypte, la France, l'Espagne, la Turquie, l’Irlande et l’Union Européenne. Un bon résumé de réactions se trouve dans cet article du Huffington Post.

Sans surprise, les Palestiniens, de nombreux Israéliens ainsi que les observateurs internationaux y voient une preuve de plus qu'Israël ne veut pas d'une solution à deux Etats.

Belal Damour, un médecin de Gaza, a tweeté à ses plus de 82.000 abonnés :

 Israël confisque 400 hectares de territoire cisjordanien pour “usage éventuel d'implantation”, la mesure la plus vaste depuis les années 1980. Tant pis pour la paix !

Dans son éditorial dans le quotidien israélien Haaretz, le journaliste Chemi Shalev a écrit :

Il devient de plus en plus difficile de réfuter l'argument que depuis des décennies, le processus de paix sert de paravent à l'annexion de-facto et à la négation des droits palestiniens.

Ben White du Guardian écrit que la futilité des condamnations symboliques préférées aux actes a sa part de responsabilité :

La seule condamnation ne sert à rien –> l'énorme nouvelle colonie israélienne en Cisjordanie condamnée par les Etats-Unis et le Royaume-Uni

L'expropriation de terres en Cisjordanie montre le mépris d'Israël pour les règles internationales, et est en rapport direct avec les années de “condamnations” sans conséquences.

Co-rédactrice en chef de Jadaliya et avocate des droits de l'homme, Noura Erakat accuse Israël de banaliser le vol de terres en territoire palestinien :

Disons-le clairement, la dernière et massive appropriation par Israël de terres palestiniennes près de Bethléhem n'est pas une “vengeance” elle est ordinaire

Moins de deux semaines après que la guerre dévastatrice à Gaza a fait plus de 2.100 morts chez les Palestiniens, en majorité des civils, et 70 chez les Israéliens, en majorité des soldats, le choix du moment pour la décision israélienne en Cisjordanie éveille le soupçon.

Dan Murphy, journaliste au Christian Science Monitor, affirme qu'il ne peut s'agir que d'un projet de longue date de Netanyahou :

La plus vaste appropriation israélienne de terres en Cisjordanie depuis 30 ans. Le plan de Bibi depuis le début.

Si la problématique des colonies ne vous est pas familière, cette vidéo d'AJ + labs la résume en termes simples :