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Macédoine : “Le lundi noir” anime les débats

dimanche 24 mars 2013 à 20:04
"Black Monday": Dec. 24, 2012

“Le lundi noir”, 24 décembre 2012.

Afin de faire toute la lumière sur la journée du 24 décembre 2012, qui a vu des journalistes et députés de l'opposition être expulsés [en anglais] du parlement, l'antenne macédonienne de l'Open Society Institute (@fosim) – fondation créée par le milliardaire américain George Soros – a publié un rapport intitulé Le lundi noir, rassemblant les dépositions de témoins et de participants, ainsi que des analyses livrées par différents experts. Un important débat a été organisé le 20 mars à Skopje, capitale de la Macédoine, pour promouvoir le rapport. En voici des photos ainsi qu'une vidéo [en macédonien].

Que se passe-t-il en République centrafricaine ?

dimanche 24 mars 2013 à 13:04

[Mise à jour: Il semble que le président Bozizé aurait quitté le palais présidentiel.]

Alors que les rebelles de la coalition Séléka annoncent ce samedi leur entrée dans la capitale Bangui, essayons de comprendre pourquoi l’échec des accords de Libreville était prévisible.

Le président François Hollande a refusé de fournir l’aide de l’armée française que sollicitait François Bozizé pour stopper les rebelles de Séléka en décembre dernier et lui répondra que le temps de ce genre d’aide était désormais « terminé »,  ce qui obligea le président Centrafricain à signer les accords de Libreville qui lui impose un premier ministre issu des rangs de l’opposition.

Depuis la signature de cet accord, l’armée tchadienne qui soutient François Bozizé est au Maliune rébellion voudrait reprendre la lutte armée contre Idriss Déby [qui est lui-même parvenu à la tête de son pays par une rébellion].

Il y a quelques jours, le 16 mars, l'opposant Jean-Jacques  Demafouth a été expulsé du Tchad ou il s’était réfugié, vers la Centrafrique.

C’est dans ce contexte que la Séléka a soumis une liste de onze revendications au président Bozizé tout en reprenant plusieurs villes. Elle annonce ce samedi son entrée dans la capitale Bangui.

Le gouvernement français demande une réunion d’urgence à l’ONU.

Rebelles en République centrafricaine via wikipedia CC-BY-2.0

Rebelles en République centrafricaine via wikipedia CC-BY-2.0

Sur son blog Francis Laloupou nous apprend dans Centrafrique, Etat zéro :

Le premier président centrafricain, Barthélémy Boganda, disparu en 1959, quelques mois après son élection … avait dans un élan visionnaire … imaginé une parade aux prévisibles errements de son pays en militant, en vain, pour la création d’un Etat unique d’Afrique centrale comprenant la Centrafrique, le Cameroun, le Congo et le Gabon.

Il déplore notamment une histoire de lutte de pouvoir entre leaders incompétents :

… la Centrafrique aura mis en scène, aux yeux du monde, le spectacle de son inexorable déchéance. Une effarante descente aux abîmes, orchestrée par des régimes aussi indigents que caricaturaux. … Bokassa autoproclamé empereur avec la bienveillance de son compagnon de chasse Valéry Giscard d’Estaing, avant d’être renversé en 1979 par ce dernier … Afin d’éviter toute vacance du pouvoir, l’Elysée avait pris soin d’aménager une place au sieur David Dacko dans l’un des aéronefs transportant vers Bangui les soldats de l’opération « Barracuda ». Déjà, l’histoire bégayait en Centrafrique : Giscard d’Estaing réinstallait au pouvoir, en lieu et place de Bokassa, David Dacko, lui-même ancien chef d’Etat, renversé en 1965 par… Bokassa. Deux ans après, en 1981, David Dacko, qui n’a pas inventé la poudre, sera la victime d’un nouveau putsch portant au pouvoir le général André Kolingba

Il note aussi des élections démocratiques qui ne le sont que de nom :

En 1993, la Centrafrique, à l’instar de nombre de pays africains, opte pour le multipartisme, et Ange-Félix Patassé accède au pouvoir à la faveur d’élections « démocratiques ».

Nous continuons avec le billet BOZIZÉ, DEBY, SASSOU, OBIANG: Des putschistes dans la hantise d'être victimes de putsch :

Le 15 mars 2003, alors que soit ex-compagnon Ange Félix Patassé est en voyage au Niger, M. Bozizé rentre d'exil et s'empare de Bangui sans coup férir.

Précision de taille dans CENTRAFRIQUE : ANNUS HORRIBILIS (PAR JOSEPH AKOUISSONNE) :

François Bozizé s’est emparé du pouvoir en Centrafrique avec l’aide décisive du gouvernement tchadien. Depuis, la République Centrafricaine vit sous la tutelle d’Idriss Déby, Président du Tchad.

Cela fait donc 10 ans que François Bozizé se maintient au pouvoir comme insiste l'auteur du billet Mine de rien, le soudard Bozizé fête ce 15 mars 2013, le 10ème triste anniversaire de son coup d’état :

Il avait prétendu au début que c’était juste pour mettre de l’ordre dans le pays … Entre temps, il a organisé deux mascarades électorales en 2005 puis en 2011 qu’il a prétendu avoir gagnées et se prépare à briguer un troisième mandat après 2016 lorsque la rébellion de Séléka est venue faire vaciller son pouvoir en décembre dernier…

En dix ans de gestion du pays, Bozizé a mis la RCA sens dessus dessous ; la RCA est à feu et à sang. Il n’y a plus d’état, plus d’armée, plus assez à manger, plus de pays quasiment. La misère et la pauvreté sont le lot quotidien des fils du pays. Le territoire est mis en coupe réglée et dépecé par des bandes armées étrangères, ougandaises, soudanaises, tchadiennes, sud-africaines …

La population civile reste toujours la victime principale de ce conflit. Cette vidéo de la croix rouge illustre les problèmes d'insécurité croissants dans le pays:

Le Népal replonge dans la crise politique

dimanche 24 mars 2013 à 12:07

Les partis politiques népalais ne sont, une fois encore, pas parvenus à élire un premier ministre, mais ont confié les rênes de l'exécutif  au président de la Cour suprême Khil Raj Regmi, nommé le 14 mars 2013 à la tête du Conseil électoral intérimaire du Népal. Shiromani Dhungana [en anglais] écrit sur le blog United We Blog! for a Democratic Nepal à propos de l'inéluctable nouvelle crise politique qui guette le pays.

Un magazine de gauche brésilien licencie des travailleurs en grève

samedi 23 mars 2013 à 23:42

[Tous les liens mènent à des sites en portugais.]

En mars 2013, onze journalistes ont été licenciés par le magazine brésilien alternatif Caros Amigos  pour avoir fait grève contre les mauvaises conditions de travail, devenant les dernières victimes de l'industrie brésilienne de médias en difficulté.

Fondé en avril 1997 par un groupe de journalistes, publicistes, écrivains et intellectuels, Caros Amigos avait onze journalistes et concepteurs ainsi que de nombreux autres collaborateurs. Son directeur, Wagner Nabuco, a déclaré qu'il avait l'intention de réduire de moitié le personnel ainsi que les salaires des travailleurs. En réponse, le 8 mars 2013, les travailleurs ont annoncé sur Facebook qu'ils allaient faire ​​une grève illimitée contre ce qu'ils appellent “l'instabilité au travail”:

Nós, integrantes da equipe de redação da revista Caros Amigos, responsáveis diretos pela publicação da edição mensal, o site Caros Amigos e as edições especiais e encartes da Editora Casa Amarela, denunciamos a crescente precarização das nossas condições de trabalho, seja pela ausência de registro na carteira profissional, o não recolhimento das contribuições FGTS [Fundo de Garantia do Tempo de Serviço] e do INSS [Instituto Nacional da Segurança Social] e, agora, o agravamento da situação pela ameaça concreta de corte da folha salarial em 50%, com a demissão de boa parte da equipe.

Nous, membres de l'équipe de rédaction de la revue Caros Amigos, directement responsables de la publication de l'édition mensuelle, du site Web et des éditions spéciales ainsi que des encarts publiés par Casa Amarela, dénonçons l'instabilité croissante de nos conditions de travail, l'absence d'enregistrement de la carteira profissional [document qui réglemente les recrutements, les licenciements et les salaires], le non-paiement des contributions aux FGTS [Fonds de garantie du temps de service] à l'INSS [Institut national de la sécurité sociale], et maintenant l'aggravation de la situation par la menace très réelle de couper les salaires de 50% et le licenciement de la majorité de l'équipe.

Le personnel de Amigos Caros déclare une grève! Fin instabilité au travail ": Image tirée du profil Facebook de ceux tirés de la revue Caros Amigos. Libre d'utilisation.

“La rédaction de Caros Amigos déclare la grève ! Pour la fin de l'instabilité au travail”: Image de la page Facebook des licenciés du magazine Caros Amigos. Libre de droits.

Depuis le 4 mars 2013, quand ils ont été avertis par Nabuco de son intention de rendre la situation des travailleurs du magazines encore moins stable, ils ont essayé de négocier un moyen pour éviter la grève, sans succès.

Immédiatement après l'annonce de la grève, le Chapa 2 “Un Syndicat pour lutter” – un groupe opposé à la direction actuelle du syndicat des journalistes de São Paulo a reproduit le message des grévistes et a offert sa solidarité.

Le 11 mars, les travailleurs ont été convoqués à une réunion et ont été informés qu'en raison de “l'abus de confiance”, ils avaient été tous licenciés, une violation flagrante du droit constitutionnel de grève dans le pays. Le journaliste André Deak a été parmi les premiers à diffuser l'information sur Facebook, en publiant une lettre du groupe :

(…) lamentamos a decisão da Direção. Consideramos a precarização do trabalho e a atitude unilateral como passos para trás no fortalecimento do projeto editorial da revista, que sempre se colocou como uma publicação independente, de jornalismo crítico e de qualidade, apoiando por diversas vezes, inclusive, a luta de trabalhadores de outras áreas contra a precarização no mercado de trabalho.

(…) nous regrettons la décision de la direction. Nous considérons l'instabilité au travail et l'attitude unilatérale comme des pas en arrière dans le renforcement du projet éditorial de la revue, qui s'est toujours distinguée comme une publication indépendante fière de son journalisme critique et de qualité, notamment en soutenant à de nombreuses reprises les luttes des travailleurs dans d'autres secteurs contre les difficultés du marché du travail.

Le rédacteur en chef du magazine, Wagner Nabuco, a tenté de se justifier dans un article pour le journal Brasil de Fato reproduit par le blog de Vi o Mundo, dans lequel il dit avoir pris la décision à cause d'une crise financière du magazine, sans plus d'explications sur les licenciements prévus ou sur les difficultés :

Ressalto que nessas reuniões mostrei todos os números da editora, sua movimentação financeira e o prejuízo mensal que a revista vem acumulando pois, mesmo com os milhares de leitores, as receitas de publicidade são pequenas (e agora com mais restrições da SECOM/PR [Secretaria de Comunicação da Presidência da República]), todo o mercado de circulação – bancas e assinaturas – está em queda, os custos vem aumentando acima da inflação, e não podemos repassar para o preço de capa. Essa situação atingiu duramente os veículos alternativos e contra hegemônicos, que tiveram que fazer ajustes para continuar suas operações e produzir um jornalismo crítico e independente.

Je dois souligner que, dans ces réunions, j'ai montré tous les chiffres de l'éditeur, ses transactions financières et la perte mensuelle que le magazine a accumulé. Même avec des milliers de lecteurs, les recettes publicitaires sont minuscules (et maintenant avec davantage de restrictions du SECOM / PR [Département de la communication de la Présidence de la République]), tout le marchés des journaux – kiosques et abonnements – sont en baisse, les coûts ont augmenté plus que l'inflation, et nous ne pouvons pas le répercuter sur le prix de couverture. Cette situation a frappé durement aussi bien les publications traditionnelles qu'alternatives, qui ont dû faire des ajustements pour poursuivre leurs activités et produire un journalisme indépendant et critique.

La journaliste Gabriela Moncau, l'une des licenciés par la revue, a déclaré lors d'une interview pour le groupe d'opposition du syndicat:

É triste ver tamanha incoerência em um veículo que cumpre o papel de crítica e contra-hegemonia em um cenário estarrecedor de concentração dos meios de comunicação. Entendemos a importância que a Caros Amigos tem e, claro, por isso muitas vezes nos submetemos a condições que em outros veículos não nos submeteríamos. Mas era o nosso trabalho, não a nossa militância. Até quando patrões de instituições de esquerda utilizarão a “militância” dos que ali trabalham para fechar os olhos às condições precárias a que estes são submetidos?

Il est triste de voir une telle incohérence dans un média qui remplit le rôle de critique et de contre-hégémonie dans un contexte de concentration des médias stupéfiant. Nous comprenons l'importance que Caros Amigos a et bien sûr c'est pourquoi souvent nous nous soumettions à des conditions que dans d'autres circonstances nous n'aurions jamais acceptées. Mais c'était notre travail, pas notre militantisme. Combien de temps les patrons d'institutions de gauche vont utiliser le “militantisme” de ceux qui y travaillent pour ignorer les mauvaises conditions auxquelles ils sont soumis ?

Une crise plus large

Pour le journaliste Rodrigo Vianna du blog Escrevinhador, la situation de Caros Amigos montre “l'instabilité de la situation et le manque de ressources affectant différents sites et publications”:

De maneira crescente, empresas de comunicação (inclusive na “grande imprensa”) precarizam o trabalho do jornalista, que de funcionário passa a ser um “colaborador fixo” ou “prestador de serviços” para que as empresas cortem os gastos com impostos e contribuições trabalhistas. Há anos a situação é denunciada por entidades da categoria, mas com poucas vitórias.

De plus en plus, les entreprises de médias (y compris les “grands médias”) précarisent le travail des journalistes qui de salariés passent à “collaborateurs stables” ou “prestataires de services” afin de pouvoir réduire les impôts et les charges sociales. Pendant des années, la situation a été dénoncée par les associations professionnelles, mais sans succès.

Vianna parle aussi de la fermeture de plusieurs journaux au Brésil ou de la décision d'écrire exclusivement sur des plateformes en ligne face à la crise, et termine en critiquant le gouvernement de la présidente Dilma Rousseff, dont le SECOM destine une grande partie des fonds publicitaires officiels à “quelques heureux élus”":

Age, assim, na contramão das políticas adotadas por democracias ocidentais que destinam parte da verba para “fundos de democratização da mídia”; e parece mais preocupado em não criar “zonas de atrito” com meia dúzia de famílias que, donas de revistas e jornais conservadores, se esbaldam com a verba de publicidade oficial.

Il (SECOM) agit, par conséquent, contre les politiques adoptées par les démocraties occidentales qui destinent une partie des bénéfices à des “fonds pour la démocratisation des médias” et il semble plus soucieux de ne pas créer des “frictions” avec une demi-douzaine de familles qui, propriétaires de magazines et de journaux conservateurs, reçoivent la publicité gouvernementale.

L'Agência Carta Maior, un média alternatif de gauche, estime que la source du problème se trouve dans “l'asphyxie financière, résultant de la décision du gouvernement fédéral de supprimer la publicité des services publics dans des médias alternatifs”.

"Nous sommes en grève": Image tirée du profil Facebook de ceux tirés depuis Amigos Caros. Libre d'utilisation.

Nous sommes en grève”: Image tirée du profil Facebook des licenciés de Caros Amigos. Libre de droits.

Le journaliste Leonardo Sakamoto est du même avis, mais va plus loin et accuse aussi la désunion des journalistes et le manque d'action des syndicats dans la lutte contre l'instabilité. Il fait aussi une sombre prédiction :

Talvez o futuro seja um misto de tudo isso, emprego CLT [com carteira assinada], frilas, empreendedores individuais ou coletivos, pessoas produzindo conteúdo em redes, ONGs, enfim. Mas, hoje, o que me preocupa são os viventes e suas contas a pagar.

O que estou pedindo? Jornalistas do mundo, uni-vos? Que tamancos sejam jogados nas prensas dos jornais? Nem… isso seria muito brega. Ou melhor, kitsch. O que gostaria de lembrar é que as coisas vão mudar cada vez mais rápido. E temos duas opções: encarar isso sozinhos ou juntos, lutando contra a indiferença.

Peut-être que l'avenir sera un mélange de tout cela, l'emploi CLT [avec tous les droits du travail], des pigistes, des journalistes indépendants ou en association, des personnes produisant des contenus dans les réseaux, des ONG. Mais aujourd'hui, ce qui me préoccupe c'est de savoir comment ils vivent et paient leurs factures.

Qu'est-ce que je demande? Journalistes du monde entier, unissez-vous ? Lancer des chaussures sur les presses des journaux ? Non, ce serait trop ringard. Ou kitsch. Ce que je me plais à penser est que les choses changent de plus en plus vite. Et nous avons deux choix: faire face seuls ou ensemble, pour lutter contre l'indifférence.

Le journaliste et dessinateur Gilberto Maringoni nous rappelle sur Facebook que l'éditeur Wagner Nabuco ne devrait pas être diabolisé “comme s'il était entièrement responsable de la situation dramatique du magazine”, tandis que d'autres comme le journaliste Julio Delmanto, sur le blog passapalavra.info appellent à boycotter le magazine.

Les onze travailleurs licenciés sont Alexandre Bazzan, Caio Zinet, Cecilia Luedemann, Débora Prado, Eliane Parmezani, Gabriela Moncau, Gilberto Breyne, Otávio Nagoya, Paula Salati, Ricardo Palamartchuk et Hamilton Octavio de Souza. De Souza a publié un message sur Facebook qui montre de l'espoir et rapporte que le moral est encore bon parmi les licenciés, qui croient avoir fait le bon choix :

Ser demitido por defender condições dignas de trabalho e fazer greve, aos 64 anos de idade, só pode ser a glória.
Ser demitido por ficar ao lado de jovens trabalhadores dispostos ao sacrifício por um mundo mais justo e igualitário, não tem preço.

Être congédié pour avoir défendu les conditions de travail décentes et avoir fait grève, à l'âge de 64 ans, peut être pour la gloire.

Être licencié pour avoir soutenu de jeunes travailleurs voulant se sacrifier pour un monde plus juste et plus égalitaire est inestimable.

Réparer gratuitement les robinets pour économiser l'eau en Inde

samedi 23 mars 2013 à 21:17

[Les liens renvoient vers des pages en anglais] Ecrivain et peintre, Aabid Surti a été couronné de prix, mais il se distingue aussi dans un autre domaine : la conservation de l'eau. Depuis sept ans, cet homme de 77 ans passe ses dimanches dans des appartements de Mumbai, où il répare bénévolement les robinets qui fuient.

L'Alternative, un site web basé à Bangalore qui se propose de chroniquer et soutenir le développement social en Inde, mène actuellement une campagne sur la conservation durable de l'eau, sous le nom de Catch Every Drop (#catcheverydrop, attraper chaque goutte). Chez l'Alternative, Kirti nous présente le travail d'Aabid Surti :

Cet homme de 77 ans fête le dimanche comme nul autre : il choisit un immeuble dans le vaste faubourg de Mumbai Mira Road,  son plombier et un volontaire à sa suite, à la recherche de robinets qui fuient pour les rendre étanches. Gratuitement. Sa récompense ? “De grosses économies d'eau. Et parfois, une invitation à déjeuner,” dit-il avec simplicité. L'ONG de Surti, Drop Dead, n'a qu'un seul employé : lui.

Aabid Surti, by Aalif Surti (CC BY-NC 3.0).

Aabid Surti, image de son blog (CC BY-NC 3.0).

Le fils d'Aabid Surti, Aalif Surti (@SuperAalif) a raconté comment tout a commencé :

“J'ai lu une interview de  l'ancien secrétaire général de l'ONU Boutros Boutros Ghali,” se souvient Aabid, “qui disait qu'en 2025 plus de 40 pays allaient connaître une crise de l'eau. Je me suis rappelé mon enfance dans un ghetto à lutter pour chaque seau d'eau. Je savais que la pénurie d'eau est la fin de la vie civilisée.” A la même époque, en 2007, il se trouvait dans la maison d'un ami et a remarqué un robinet qui fuyait. Ça l'a dérangé. Quand il l'a fait remarquer, son ami, comme les autres, a rejeté sans autre forme de procès l'objection : c'était trop cher et malcommode d'appeler un plombier pour un travail aussi minime ; d'ailleurs les plombiers rechignaient à ne remplacer que de vieux joints. Quelques jours plus tard, il est tombé sur une statistique dans le journal : un robinet qui goutte une fois par seconde gaspille mille litres d'eau en un mois. Cela a fait naître une idée. Il emmènerait un plombier faire du porte-à-porte et réparer les robinets gratuitement, une résidence d'appartements chaque week-end.

Evidemment il y avait la question de couvrir les coûts :

Comme artiste créateur, il a gagné plus de de bonne volonté que d'argent, et le premier défi était le financement. “Mais,” dit-il, “si on a une idée noble, la nature se charge du reste.” En l'espace de quelques jours, il a reçu un message que le Hindi Sahitya Sansthan lui avait accordé, de façon inattendue, 1 million de roupies (2.000 dollars) pour sa contribution à la littérature hindie [un prix du gouvernement de l'Uttar Pradesh]. Et un dimanche matin de 2007, l'Année Internationale de l'Eau, il s'est mis en route avec un plombier pour régler le problème chez ses voisins. Il a commencé par simplement remplacer les vieux joints de caoutchouc en forme d'anneau par des neufs, qu'il achetait au marché de gros. Il a appelé son ONG à un seul homme ‘Drop Dead’ et imaginé un slogan : économiser chaque goutte… ou tomber raide mort [NdT : jeu de mot : "drop" = goutte, et aussi tomber ; "drop dead" = tomber raide mort]. Chaque dimanche, l'équipe de Drop Dead, composée d'Aabid lui-même, Riyaaz le plombier et d'une bénévole féminine, Tejal, choisissait des ensembles d'appartements, obtenait les autorisations des sociétés de logement, et se mettaient à l'ouvrage. La veille, Tejal distribuait des tracts expliquant leur mission et collait des affiches dans les ascenseurs et les halls d'immeubles pour sensibiliser à la menace de crise de l'eau. Et le dimanche après-midi, ils s'étaient assurés que plus rien ne gouttait dans les immeubles. Au bout de la première année, ils avaient visité 1533 foyers et réparé quelque 400 robinets. Petit à petit, l'information commençait à se propager.

Non seulement l'opération aide à économiser l'eau, mais elle responsabilise la collectivité :

Alors qu'Aabid sonne à une nouvelle porte un nouveau dimanche à Mira Road, après sept ans de sa mission solitaire, il dit : “Chacun peut lancer un projet de conservation de l'eau dans son quartier. C'est la beauté de ce concept. Il n'a pas besoin de beaucoup de moyens ni même d'un bureau. Et, le plus important, il remet le pouvoir entre nos mains.”

Pappu (@bhanchik) fait l'éloge de l'action d'Abid sur Twitter :

@bhanchik: On s'incline devant M. Aabid Surti pour sa mission solitaire de préserver l'eau dans ces temps éprouvants avec 11 districts frappés par la sécheresse. Réveillez-vous.

Aabid Surti voudrait maintenant que des initiatives similaires soient lancées ailleurs en Inde, pour économiser le plus possible d'eau.