PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Construction d’usines hydroélectriques en Amazonie: Accusations d’une jeune indigène brésilienne

samedi 10 novembre 2012 à 16:07

Cet article fait partie de notre dossier spécial Belo Monte [en portugais]

(Le billet d'origine a été publié en portugais le 4 octobre 2012)

Afin de satisfaire la demande d’électricité des secteurs résidentiels et industriels, le gouvernement brésilien a commencé la construction d’une série d’usines hydroélectriques dans les régions du Pantanal et de l’Amazonie, de la même envergure que celles, entre autres, construites sur le fleuve Tapajós et sur l’un de ses affluents, le Teles Pires.  Selon les informations diffusées sur le blog [en portugais] de l’entreprise Norte Energia, qui est responsable de la construction de l’usine Belo Monte, ce projet garantit l’approvisionnement électrique face à une demande toujours croissante, et se trouve d’autant plus justifié par le besoin d’accélérer le développement du pays.

Le projet de construction des usines de São Luiz do Tapajós et de Teles Pires, à l’instar de celui de Belo Monte, a été juridiquement remis en cause car les populations locales n’ont pas été consultées en bonne et due forme et l’évaluation écologique intégrée réalisée sur les lieux s’est révélée insuffisante. Il faut noter que la région est d’autant plus en péril qu’elle est menacée par la déforestation et l’expansion de l’élevage.

Nous vous proposons de lire la seconde partie de l'interview de Sany Kalapalo, une jeune militante indienne du fleuve Xingu.

Au vu des menaces qui pèsent actuellement sur l’Amazonie, d’après vous, quel est l’avenir des forêts et des peuples indigènes de la région ?

Nous, les Indiens de la rivière Xingu, avons toujours dit  que l’homme blanc pense que la nature lui appartient et qu’il peut faire d’elle ce qu’il veut, mais un jour, la nature qui est notre mère à tous, ne pourra plus le supporter et elle finira par se venger.

Les dirigeants politiques, coupables de méga-corruption et responsables de la construction de ces mégas-usines, permettent aux compagnies d’électricité de s’enrichir aux dépens du public, contribuant ainsi à l’enrichissement des riches et à l’appauvrissement des pauvres. Si le gouvernement était vraiment concerné par le développement du pays, il implanterait des réseaux d’énergie là où ils font le plus défaut pour résoudre le problème des pannes d’électricité générales dont souffrent certaines régions.

Nous, les Indiens, n’avons rien contre les usines hydroélectriques en tant que telles, en revanche, nous sommes particulièrement opposés à ce projet et à la façon dont se développent ces usines en général. Elles détruisent l’environnement et ruinent les habitants de la région. Nous condamnons la construction de l’usine de « Belo Monstre » [Belo Monte], car elle va toucher la vie de beaucoup de familles pauvres et de peuples indigènes. Pourquoi construire une usine qui ne servira que deux saisons par an? Car la rivière Xingu est en général asséchée le reste de l’année.  Que deviendra alors l’usine pendant la saison sèche? Que deviendront les maisons et les entreprises sans courant ? Pensez-y un peu. Le Brésil pourrait produire de l’énergie tout en protégeant l’environnement et sans commettre d’injustices envers le peuple brésilien. Savez-vous quel sera l’avenir des habitants de cette région ? L’inondation et la destruction de leurs maisons et de leurs terres, ainsi que la perte de leur identité.  Autrement dit, ils vont tout perdre et ils finiront par vivre dans la misère, cela est certain. Voilà ce que souhaite notre gouvernement. C’est la pure vérité !

C’est pourquoi Belo Monte ne représente pas à mes yeux la voie du développement, mais celle de la destruction partielle, voire totale, des peuples autochtones comme des non autochtones, et celle de l’environnement.

Jose Carlos Arara, chefe da tribo Arara, discute o impacto negativo de Belo Monte no seu povo, que depende do rio Xingu para o seu sustento. Foto de K. L. Hoffmann copyright Demotix (13 de Agosto, 2011)

Jose Carlos Arara, chef de la tribu Arara, dénonce l’effet désastreux de Belo Monte sur son peuple, qui dépend de la rivière Xingu pour assurer sa subsistance. Photo de K. L. Hoffmann © Demotix (13/08/2011)

Les ONG, nationales et internationales,  sont accusées d’être soi-disant les « ennemies du Brésil ».  Les membres du mouvement Xingu pour la vie ont également été victimes d’accusations semblables. D’après vous quelles organisations ont un impact positif dans la région ?

Je connais les fondateurs de Xingu pour la vie, leurs militants aussi, car nous travaillons en étroite collaboration avec eux. J’ai également entendu parler des rumeurs qui circulent à leur sujet. La vérité, la voici : ceux qui nous gouvernent cherchent à nous tromper et veulent nous convaincre que l’organisation Xingu pour la vie est notre ennemie. On veut nous faire croire que leurs militants sont des hors-la-loi parce qu’ils occupent les chantiers de construction. De ce fait, le gouvernement préfère les discréditer plutôt que de prendre en compte leurs revendications, lorsqu’en réalité ils ne cherchent qu’à protéger la nature au nom des peuples indigènes, qui sont ignorés dans leur propre pays.  Nos dirigeants sont nos véritables ennemis. Ils saccagent le pays et veulent tenter de nous duper avec leur propagande mensongère. Mouvement Indigènes en Action (MIA), créée en 2011, est l’une des organisations qui travaille dans la région et nous apporte son soutien. Grâce à MIA le peuple brésilien a repris le combat pour la défense des forêts et des peuples indigènes.

Depuis 2011, la mobilisation des gens et plusieurs décisions judiciaires ont réussi à paralyser la construction de l’usine de Belo Monte, mais la reprise des travaux a récemment été autorisée une nouvelle fois. Pensez-vous que l’heure est venue de se rendre à l’évidence ou bien faut-il encore continuer la lutte ?


Je suis ravie de voir que la mobilisation contre Belo Monte n’a cessé de s’intensifier depuis 2011. Je suis sûre que c’est à cause des grandes manifestations que nous avons organisées, non seulement ici, à São Paulo, mais partout au Brésil, conjointement avec Indigènes en Action,  Xingu pour la vie, et Brésil pour les forêts, une organisation qui se bat pour la réforme du nouveau Code forestier. Nous, les Indiens, sommes décidés à lutter jusqu’au bout, comme nous l’avons toujours fait. Si ceux qui construisent Belo Monte veulent voir couler notre sang, ils le verront couler. Si les juges blancs veulent chercher à nous nuire, le massacre des indigènes commencé il y a 512 années va continuer. Pourquoi ? Parce que nous ne sommes pas des assassins de la nature, contrairement à nos dirigeants politiques.

Le 20 octobre à 14 heures devait avoir lieu une manifestation contre l’usine hydroélectrique de Belo Monte, devant le siège de l’Organisation des Nations Unies, à São Paulo. L'objectif est de demander à l’ONU de défendre la cause de la rivière Xingu.

Cet article fait partie de notre dossier spécial Belo Monte. [en portugais]

Brésil, France : l'agroécologie en oeuvre dans un programme contre la pauvreté

samedi 10 novembre 2012 à 11:22

Respecter le sol est fondamental pour nous. C'est de là que nous tirons notre nourriture et c'est ainsi que nous pourrons élever nos enfants.

Au Brésil, dans l'état de Rio de Janeiro, Suelia explique que la démarche agroécologique appliquée à la culture de parcelles de maraichage a permis à beaucoup de familles de sa communauté d'élaborer un modèle économique rentable en diversifiant les cultures et en permettant à la terre de se reposer. Ce programme est soutenu par l'ONG française CCFD-terre solidaire.

Kazakhstan : “Le Kazakhstan inconnu”, une exposition de photos

samedi 10 novembre 2012 à 11:03

Copyrights (c) PhotoSafari.kz.

Une exposition de photos, “Le Kazakhstan inconnu”, ouvrira ses portes demain à Almaty, la capitale. Pour ceux qui ne sont pas sur place, le site VoxPopuli.kz présente les clichés les plus intéressants de l'exposition.

Les internautes israéliens fêtent la défaite de Romney

vendredi 9 novembre 2012 à 23:57

Les internautes israéliens ont suivi de près les élections aux Etats-Unis, qui en ont fait veiller beaucoup jusqu'au petit matin pour savoir lequel des deux candidats allait franchir le seuil des 270 grands électeurs. La scène israélienne des médias sociaux et de la blogosphère est dominée par des gens qui penchent à gauche dont la plupart espéraient donc la réélection d'Obama. Si les Israéliens libéraux sont généralement déçus par l'inaction d'Obama quant au processus de paix et aux violations de droits humains à l'intérieur d'Israël, Romney est vu comme la pire des deux options. Le soutien implicite de Netanyahu à Romney, tout comme les positions conservatrices de ce dernier sur les droits des femmes et des homosexuels, ainsi que sur l'égalité sociale l'ont rendu très impopulaire sur l'internet israélien [ces liens sont en anglais].

Les internautes israéliens ont réagi à la victoire d'Obama surtout dans le contexte de la politique israélienne : ils y ont vu un coup à Netanyahu, et au généreux financier de Netanyahu et Romney, le milliardaire Sheldon Adelson, également propriétaire du journal gratuit pro-Netanyahu Israel Hayom.

Le blogueur de gauche Kurt Tucholski a écrit sur Facebook [en hébreu] :

הרשו לי לנבא את הכותרת של ישראל היום מחר: במירוץ לנשיאות ארצות הברית הגיע רומני למקום השני, אובמה הגיע למקום הלפני אחרון!

Laissez-moi prédire la une de demain sur Israel Hayom : Dans la course à la présidence des Etats-Unis, Romney est arrivé second et Obama avant-dernier !

Si cette prédiction humoristique ne s'est pas réalisée, le quotidien a tout de même publié un éditorial intitulé “Les Etats-Unis ont choisi le socialisme” après la victoire d'Obama.

Asafsky Levy a publié cette image d'Adelson sur Facebook :

“Bah, il me reste au moins Bibi”

La blogueuse féministe H. B. Hoffman a décrit le climat général chez les Israéliens sur Twitter :

הפיד שטוף בשמחה לאיד וקריאות לאובמה להיכנס בנתניהו בכל הכוח, ואני רוצה להגיד שזה ממש לא יפה, שלא חיכיתם לי כדי שאוכל להצטרף. אובמה, כנס בו

@vandersister: Mon fil est plein de schadenfreude (joie mauvaise) et d'appels à Obama d'éreinter Netanyahu. Et je tiens à dire que ce n'est vraiment pas gentil. Ce n'est pas gentil de ne pas m'avoir attendue. Allez, Obama, éreintez-le.

Le journaliste et musicien Yuval Ben Ami a écrit sur Facebook :

לשלדון אדלסון נשפכו מאה מליון דולר לג'ורה. רק העובדה שזה גרושים בשבילו פוגמת לי בעונג השמחה לאיד.

Sheldon Adelson vient de jeter 100 millions de dollars par les fenêtres. Mais le fait que pour lui c'est de la petite monnaie me pourrit ma Schadenfreude (joie mauvaise).

Ouriel Daskal a tweeté sur le pari de Netanyahu du soutien à Romney :

איך ששלדון אדלסון, שעוסק בהימורים למחייה, וביבי, שעוסק כל היום בהימורים על החיים שלנו, נכשלו כל כך בגדול בהימור שלהם?

@odaskal: Comment se fait-il que Sheldon Adelson, qui gagne sa vie avec le jeu [il a fait fortune dans la construction de casinos] et Bibi [Netanyahu], qui joue constamment avec nos vies, ont si complètement raté leur pari ?

Les internautes Israéliens s'en sont donné à coeur joie sur ce qu'ils voient comme un revers de Netanyahu.

Eyal Brave a créé cette image largement diffusée sur Facebook :

“Benjamin, que se passe-t-il ? Dis, tu te rappelles ton ingérence et comme tu as essayé d'influer l'élection présidentielle ici aux USA ?”
Netanyahu: “Oui. Pourquoi ?”
Obama: “Oh, comme ça”

Le militant israélien de gauche John Brown a publié cette image :

“Yipee, fils de pute” (NdT: expression-culte de Bruce Willis dans la série des “Die-Hard)

A propos du mauvais pari de Netanyahu sur Romney, le créateur israélien de mèmes Amir Schiby a proposé cette image:

Netanyahu: “Mettez tout mon argent sur Romney”. “Tant qu'à faire, mettez aussi mon slip et Israël”
Obama à côté d'une maison avec les pancartes : “saisie” et “à vendre” : “Vous n'avez pas oublié quelque chose ?”

Illustrant l'espoir de certains Israéliens que les élections dans le pays, qui sont proches, seront perdues par Netanyahu, Shachar B. Cotani a créé cette image abondamment reprise :

“Quatre ans de plus - Plus que trois mois”

Iran : une nouvelle vague de répression contre les blogueurs

vendredi 9 novembre 2012 à 16:50

Les blogueurs iraniens sont confrontés à une nouvelle vague de répression alors qu'un bon nombre d'entre eux sont emprisonnés et, dans un  des cas signalés, la femme d'un blogueur a même été battue par les forces de sécurité, révélant la montée de la brutalité dans les pratiques  du régime.

La vie des opposants en danger

De nombreux sites d'information farsi ont rappelé (l'ensemble des liens sont en anglais et farsi) que la vie du blogueur emprisonné, Hussein Ronaghi Maleki, est en danger. Son état de santé s'est détérioré depuis qu'il a été transféré dans une cellule d'isolement. Il souffre d'une insuffisance rénale mais les forces de sécurité ont refusé de lui prodiguer les soins médicaux nécessaires.

Hussein a été emprisonné et avec lui, de nombreux volontaires venus aider les victimes du séisme d'août 2012 dans une province de l'Est de l'Azerbaïdjan. il a été libéré grâce à une caution s'élevant à 500 000 dollars américains en juillet 2012.

Hussein Ronaghi Maleki

 

L'épouse du blogueur battue par les forces de sécurité

Les sites d'information ont signalé que Katayoun Bahrami, la femme du blogueur, et l'activiste politique Mohammad Esmailzadeh ont été battus par le chef de la police dans la ville de Babol, au nord du pays, alors qu'elle s'était plaint de la conduite des force de sécurité. Résultat : dents cassées, et plusieurs jours d'hôpital.

Mohammad Esmailzadeh, réformiste, écrivait sur le blog culturel Botimar.Un mandat d’arrêt a été lancé à son encontre après les élections présidentielles controversées de 2009. Il a été condamné à 90 jours de prison. Ces derniers temps, les forces de sécurité n'ont eu de cesse de perquisitionner sa maison et ont également confisqué certains de ses effets personnels.

Mohmmad Esmailzadeh, blogger and political activist. Source: Botimar blog

Mohammad Esmailzadeh

 Pas de regrets

De même, la militante  pour les droits de l'homme Shiva Nazar Ahari a été arrêtée et condamnée à quatre ans de prison en septembre 2012. Elle a été accusée d'avoir “tenté de ternir la réputation du gouvernement islamique” et “rassemblé dans l'intention de conspirer contre le gouvernement islamique” ainsi que de “saboté l'ordre public” en septembre 2010.

L'ironie de l'histoire de Shiva Nazar Ahari est qu'elle peut se considérer chanceuse de n' être condamnée qu'à quatre ans de prison. En effet, elle a été blanchie de l'accusation de “déclenchement d'une guerre contre dieu”, crime qui pouvait lui faire encourir la peine capitale.

Shiva Nazar Ahari avait été emprisonnée à plusieurs reprises mais, dit-elle, n'a aucun regret de ses actions. Dans ce court métrage  elle apparaît après sa libération et affirme être déterminée à rester en Iran à n'importe quel prix puisque c'est là que ses actions peuvent avoir le plus d'impact.

Rumeur ou vérité ?

Une information de l’année dernière concernant la sécurité des blogueurs a attiré l'attention de nombreux internautes : le site iranien Mashreg News a évoqué il y a environ un an l'arrestation du blogueur “Shayegan Esfandyari” (probablement un pseudonyme) dans la ville méridionale de Bandar Abbas

Il avait été accusé d'insulte à l'encontre de l'islam et des autorités iraniennes, ainsi que d'avoir maintenu le contact avec des médias étrangers. Ces informations n'ont pas été confirmées par les autorités iraniennes, ni par les organisations des droits de l'homme.

Shayegan écrivait habituellement sur le blog Kamirun (Gamiron) dans lequel il avertit que la plupart de ses articles sont parodiques et que rien n'est trop sacré pour ne pas être critiqué.

Sur le site iranien de partage de liens Balatarin, plusieurs blogueurs ont écrit que le blogueur n'est pas actif pour le moment mais que cela pouvait être du à des raisons techniques ou personnelles…Un commentaire a récemment été publié sur sa page Facebook, commentaire qui ne ressemble guère aux opinions du blogueur. L’inquiétude monte : peut-être a-t-il été arrêté il y a un an et ses comptes personnels sur le Web ont pu être piratés par les forces de sécurité.