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“L'humanité à nouveau perdante” au Pakistan après le double attentat contre des chrétiens

mercredi 25 septembre 2013 à 22:23
Christian community protest in Hyderabad following a bomb blast in Peshawar. More than 60 people have been killed in a double suicide bomb attack on a church in northwest Pakistan, officials say

Manifestation de la communauté chrétienne de Hyderabad après l'attentat de Peshawar. Photo de Rajput Yasir. Copyright Demotix (22/9/2013)

[liens en anglais] Un duo de kamikazes s'est fait exploser après la messe du dimanche dans une église vieille de 130 à Peshawar. Le quotidien Dawn a rapporté la mort de plus de 80 personnes dans cet attentat monstrueux.

Les minorités du Pakistan sont en danger depuis de nombreuses années. L'aile des Jundullah des talibans pakistanais [fr] a revendiqué l'attentat de dimanche et un porte-parole a déclaré :

Ils (les chrétiens) sont les ennemis de l'Islam, c'est pourquoi nous les ciblons. Nous continuerons nos attaques contre les non-musulmans sur le sol pakistanais.

Gojra [fr] dans la province du Pendjab en 2009, les islamistes ont incendié 77 maisons et tué huit chrétiens après des rumeurs qu'un exemplaire du Coran, le livre saint de l'Islam avait été profané (voir article de GV). Dans une autre affaire, la fillette chrétienne Rimsha Masih [fr] a été arrêtée par la police pakistanaise en août 2012 (article de GV) et encourait potentiellement la peine de mort en vertu de la loi pakistanaise sur le blasphème pour avoir prétendument profané des pages du Coran.

D'après un rapport de 2011 de la Commission américaine sur la liberté religieuse dans le monde, les minorités du Pakistan sont dans la ligne de mire. La Commission a aussi publié une chronologie des attentats contre les chrétiens dans le pays pendant les dix dernières années.

Peshawar (province du Khyber Pakhtunkhwa) est gouverné par le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, fr), dont le chef Imran khan [fr] soutient les négociations avec les talibans, mais après l'attentat dans ce réservoir de voix du PTI, le processus de paix pourrait connaître un coup d'arrêt.

Businesses close in anger after Church blasts in Peshawar. Image by Rajput Yasir. Copyright Demotix (23/9/2013)

Les commerces baissent le rideau pour protester contre le double attentat à l'église de Peshawar. Photo de Rajput Yasir. Copyright Demotix (23/9/2013)

Les réactions à l'attentat contre l'église ont été bruyantes sur les réseaux sociaux.

Kristina Yn wa écrit sur le blog Let Us Build Pakistan (LubPak, ‘Construisons le Pakistan') un billet intitulé : Coupables de l'attentat contre l'église de Peshawar : les talibans ou nous ?

Chaque fois que j'ai condamné de telles atrocités sur les médias sociaux, la réaction la plus forte que j'ai reçue, c'est que je veux diffamer le Pakistan. Que je suis anti-pakistanaise. Et la plus grosse de toutes, que je suis anti-Islam. J'ai été choquée de voir mes propres amis qui m'ont connue la moitié de leur vie me dire cela tout juste parce que j'ai pris position pour la justice et l'égalité pour un être humain qui [est] aussi mon compatriote.

Rick Moran écrit sur le blog American Thinker :

Le gouvernement pakistanais pourrait-il en faire plus pour protéger les chrétiens, les chiites et autres minorités religieuses ? Bien sûr que oui. Ils sont parfaits pour rendre hommage à l'oecuménisme, mais quand le moment arrive de démontrer leur engagement pour la liberté religieuse, il n'y a plus personne. Comme l'Egypte sous les Frères Musulmans, les belles paroles sur la protection des chrétiens sont vidées de sens par les prêcheurs radicaux qui montent la population contre les coptes.

Le célèbre journaliste pakistanais Dr Shahid Masood (@Shahidmasooddr) a écrit dans un tweet :

Nous devons frapper les terroristes d'un poing de fer MAIS le dialogue doit être poursuivi avec ceux qui veulent la paix !

Sadanand Dhume (@dhume), éditorialiste du Wall Street Journal a plaisanté sur l'idéologie du père de la nation Muhammad Ali Jinnah. Le militant laïque et anti-taliban Tarek Fatah (@TarekFatah) a répliqué à sa critique :

Jinnah : “Vous êtes libres d'aller dans vos temples… ou tous autres lieux de culte.” [et les djihadistes sont libres de vous y exploser.]

Jinnah mentait et il savait qu'il mentait. Il est le premier responsable du nationalisme islamiste qui balaie le monde aujourd'hui

Patriote baloutche, l'éditorialiste au Daily Times Mir Muhammad Ali Talpur (@mmatalpur) a tweeté :

L'attentat de l'église de Peshawar prouve que dans cet Etat de garnison c'est l'humanité qui est perdante. Les exécutants et leurs apologistes sont également coupables.

Members of a Christian Community stage a protest against twin blasts at a Church in Provincial Capital Peshawar. Image by Sultan Dogar. Copyright Demotix (23/9/2013)

Les membres d'une communauté chrétienne manifestent contre le double attentat dans une église dans la capitale provinciale Peshawar. Photo de Sultan Dogar. Copyright Demotix (23/9/2013)

Journaliste à Express News Pakistan, Buhran Chaudhry (@burhan_fawad) a commenté :

Si les chrétiens sont tués parce que non musulmans, alors les musulmans devraient être tués parce que non chrétiens – justice pour tous

Fatima Aziz (@Fatie) a écrit sur Twitter :

Les chrétiens pakistanais traités comme des locataires indésirables, détestés, dans leur propre pays

Le militant de la Ligue musulmane du Pakistan (N) [fr ; qui gouverne actuellement le pays NdT] Arbaaz butt (@ItsBazi) a écrit qu'il ne pensait pas que les talibans ont attaqué dans l'église :

Je ne crois pas que ce sont les talibans qui ont commis l'attentat dans l'église, peut-être les agences du Pakistan qui l'ont fait, car elles n'aiment pas les négociations.

Anon Pak (@Anonpak) a écrit :

C'est drôle comment les islamistes peuvent tuer leurs propres compatriotes et appeler ça une vengeance contre les frappes de drones.

Moin Warraich (@moinwarraich) a écrit sur la page de Xia que l'armée pakistanaise est impuissante à combattre les talibans :

L'armée pakistanaise ne peut pas combattre les nationalistes baloutches comme ils combattent les islamistes. Alors si vous gagnez vous changez la mentalité

Etudiant à l'Université Iqra, Fahad Khan (@MrFahadKhan) a réclamé la protection des chrétiens dans de nombreuses villes de la province pakistanaise du Pendjab.

La communauté chrétienne a aussi manifesté à Bahawalpur, Gujranwala, Sahiwal, Mandi Bahuddin et Hafizabad.

Zarmina (@ZarminaF) a commenté :

Le blanc du drapeau pakistanais rougit de jour en jour. Tellement perturbée par l'#AttentatEglise Peshawar, quelle sorte d'animaux élevons-nous ?

Aves à Peshawar (@ZamanKheil) a écrit :

Je condamne fermement l'acte honteux commis hier par les terroristes à Peshawar. Des Pakistanais sont morts et nous devons être en deuil des disparus !

Le Secrétaire Général de l'ONU Ban Ki-moon, le président afghan Hamid Karzai et la Commission américaine de la liberté religieuse dans le monde ont condamné l'attentat.

Des sites Internet interdits en Chine mais autorisés à Shanghai

mercredi 25 septembre 2013 à 20:49

South China Morning Post a rapporté [en anglais] que la Chine va lever l'interdiction sur les accès Internet dans la Shanghai Free-trade Zone [zone de libre-échange de Shanghai] pour les sites actuellement interdits en Chine, y compris Facebook, Twitter and The New York Times. En réponse à cette nouvelle, les internautes chinois ont posté en ligne des commentaires sarcastiques, mais la plupart ont rapidement été censurés. Offbeat China a traduit [en anglais] certains de ces commentaires.

Brésil : “Masse Critique Fortaleza” aura sa piste cyclable

mercredi 25 septembre 2013 à 17:02

[Tous les liens mènent à des pages en portugais, sauf mention contraire.]

Les cyclistes de Fortaleza auront bientôt un espace réservé pour leur moyen de transport. Dès le 16 septembre 2013, l'Autorité municipales pour le transport, les services publics et la citoyenneté, en portugais AMC, entamera la réalisation d'une piste cyclable sur la rue Ana Bilhar, à quelques pâtés de maisons de la plage dans le district de Meireles. La réalisation de la piste cyclable est considérée comme une victoire résultant de la mobilisation de cyclistes, en particulier le groupe Massa Crítica Fortaleza (Masse Critique Fortaleza).

Le 4 août, des membres du moLesuvement ont pris les choses en mains et créé une piste cyclable dans cette même rue. Le groupe audiovisuel Verso de Pé Quebrado – Narrativas (Verset en Pied Brisé – Narrations) a enregistré leurs actions en vidéo et l'a partagée sur des sites sociaux le jour même, générant commentaires et éloges. Il faut noter l'ingénieux équipement conçu par les membres pour peindre la ligne, utilisant un caddie et des tubes pour répandre la peinture sur l'asphalte. http://www.youtube.com/watch?v=Roq26AWROZk

L'AMC a cependant effacé la piste cyclable ”citoyenne” dans la nuit du 5 août, alléguant le manque de dialogue aves les autorités responsables des voies publiques.

Le groupe a ensuite programmé un rassemblement aves des travailleurs de l'AMC pour faire pression sur eux afin qu'ils séparent une partie de la route avec de la peinture pour en faire une piste cyclable. L'AMC a décidé, finalement, de rétablir la piste cyclable, cette fois officiellement.

Respect pour les cyclistes et sécurité à vélo

Quelques jours avant l'action piste cyclable, un cycliste avait été écrasé et tué, choquant les enthousiastes des deux-roues. Le 25 juillet, Francisco Severiano Filho, 61 ans, roulait à vélo sur l'Avenue de l'Université après la sortie du travail quand il fut écrasé par un bus et tué instantanément. Suivant la tradition internationale d'honorer les cycliste tués dans de tels accidents avec un vélo peint en blanc, des membres de Massa Crítica et leurs supporters ont érigé un vélo blanc lors d'une opération qu'ils ont appelée Bicicleta Fantasma (Vélo Fantôme).

Bicicleta Fantasma em homenagem ao ciclista Francisco Severiano, morto por atropelamento. Foto do perfil Massa Crítica Fortaleza no Facebook.

Vélo Fantôme en l'honneur du cycliste Francisco Severiano, mort écrasé. Photo extraite du profil de Massa Crítica Fortaleza sur Facebook, utilisée avec permission.

Fortaleza fournit des pistes cyclables séparées par une barrière sur quelques avenues, mais il n'y a qu'une piste cyclable simplement délimitée par de la peinture, située rue Benjamin Brasil dans le district de Maraponga. La piste cyclable rue Ana Bilhar, qui mesurera deux kilomètres de long, sera la seconde dans la ville à être séparée par de la peinture. L'utilisateur Facebook Felipe Alves a partagé avec joie la nouvelle et a profité de l'opportunité pour provoquer les sceptiques :

Alguém ainda vai dizer que reivindicar não funciona? E essa é só o começo… Parabéns Massa Crítica Fortaleza e Associação dos Ciclistas Urbanos de Fortaleza – CICLOVIDA!

Y a-t-il encore quelqu'un pour dire que revendiquer ne sert à rien ? Et ce n'est que le début. Félicitations à Massa Crítica et à l'Association des Cyclistes Urbains de Fortaleza-CICLOVIDA !

La décision des Autorités Municipales a été rendue publique le 13 septembre, quelques jours seulement avant le début de la Semana da Mobilidade (Semaine de la Mobilité), un événement organisé par l'Association des Cyclistes Urbains de Fortaleza-CICLOVIDA (Associação dos Ciclistas Urbanos de Fortaleza – CICLOVIDA) et par Massa Crítica destiné à faire réfléchir les gens sur le vélo en tant qu'alternative viable de mobilité urbaine. Le programme inclut des discussions, des sorties, et des activités destinées à sensibiliser les automobilistes, avec un point culminant lors de la Journée Mondiale Sans Voiture le 22 septembre.

Pérou: Le riche patrimoine archéologique du Pérou saccagé par la spéculation

mercredi 25 septembre 2013 à 16:49

Ce billet, écrit par Jessica Mota, a été publié à l'origine [pt] le 21 août 2013, par l'agence journalistique d'investigation brésilienne Agência Pública dans le cadre de la série sur PatrimônioAmeaçado (patrimoine menacé, en portugais).

Il était quatre heures de l'après-midi le samedi 29 Juin, quand Estequilla Rosales, une Péruvienne de 51 ans, a entendu un bruit venant de l'autre côté du site archéologique qu'elle connaissait très bien. En tant que vice-présidente de l'association Kapaq Sumaq Ayllu [SP] depuis 14 ans, elle a été chargée d'aider à protéger un patrimoine culturel national du Pérou, le complexe archéologique de El Paraíso de 45 hectares, un des plus grands et des plus anciens au Pérou. C'est à cet endroit qu'elle passe ses journées. Et c'est à proximité, sur la colline de Santa Josefina, qu'elle a construit sa maison.

Le bruit provenait de quelque chose à laquelle Estequilla ne serait jamais attendue, pas même dans ses cauchemars. Un groupe d'hommes faisant usage d'équipement lourd détruisait l'un des onze monticules archéologiques inscrits sur le site. Sous ce petit monticule, il y avait une pyramide pré-inca, de quatre à six mètres de haut et 2,5 kilomètres carrés, qui date de l'antiquité.

L'endroit où une des onze pyramides de El Paraiso a été détruite comme on le voit d'après les traces sur le Photo: Jessica Mota / Agência Pública

L'endroit où une des onze pyramides de El Paraiso a été détruite comme on le voit d'après les traces sur le sable. Photo: Jessica Mota / Agência Pública

“J'étais désespérée, ne sachant pas quoi faire, parce qu'il n'y a pas de couverture téléphonique ici. Alors, je suis  montée sur la colline et j'ai dit au gardien d'appeler la police”, se souvient Estequilla:

Agora estou MAIS calma. Mas quando Aconteceu realmente senti uma dor imensa, Como uma pessoa soi fosse, euh ser muito para mim Querido. Porque é parte de meu país, estavam assassinando minha identidade, minha cultura. E isso é, Côme se pode dizer, uma Traição à pátria. Eu Sinto Que um peruano seja tão ignorante par destruir assim.

Maintenant, je me sens plus calme. Mais quand c'est arrivé, j'ai senti vraiment une douleur profonde, comme s'il s'agissait d'une personne, quelqu'un que j'avais beaucoup aimé. Parce que cela fait partie de mon pays, ils avaient assassiné mon identité, ma culture. Et c'est, pourrait-on dire, une trahison de la patrie. Je suis profondément désolée qu'un péruvien puisse être assez ignorant pour détruire ainsi.

Localisation du complexe archéologique de El Paraíso dans la région de Lima, Pérou. Photo: Bruno Fonseca pour Agência Pública

Localisation du complexe archéologique de El Paraíso dans la région de l'état de Lima, Pérou. Photo: Bruno Fonseca pour Agência Pública

Le Complexe archéologique de El Paraiso, à une heure de Lima, dans le comté de San Martin de Porres, est situé dans une zone où il y a une spéculation immobilière croissante. Découvert dans les années 1950, le site est resté inactif jusqu'en décembre 2012, quand le ministère de la Culture a commencé à réaliser le projet. Au fil des années, la zone entourant le site a été progressivement reprise comme propriété privée. Aujourd'hui, la ligne de démarcation du site archéologique est exactement là où les parcelles privées et les cultures commencent.

Il y avait 12 pyramides inscrites sur le site. La principale a été presque entièrement restaurée par l'archéologue suisse Fredéric Engel entre 1965 et 1966. En janvier 2013, le service responsable des fouilles au ministère péruvien de la Culture a découvert des preuves suggérant que El Paraiso est aussi ancien que les pyramides d'Egypte ou la civilisation mésopotamienne. Datant d'il y a de 4.500 à 4.800 ans, il serait l'un des berceaux de la civilisation du continent latino-américain. C'est la preuve que, bien avant les Espagnols, l'Église et le Christ, Lima était déjà une grande capitale.

Marco Guillén, l'archéologue en chef du projet élaboré par le ministère de la Culture à El Paraíso, explique:

É uma das poucas cidades no mundo que tem uma continuidade cultural ao longo do tempo. E isso é uma grande vantagem. (…) Lima, a capital, tem a waka [sic] (monumento antigo e sagrado) mais antiga do Peru. É como a civilização surge aqui. A destruição da pirâmide significa arrancar a folha de um livro da história do Peru. Não se pode saber o que aconteceu.

Elle est l'une des rares villes au monde qui présente une continuité culturelle au fil du temps. Et c'est un grand avantage. (…) Lima, la capitale, possède la plus ancienne huaca [sic] (monument antique et sacré) au Pérou. C'est la façon dont la civilisation apparaît ici. La destruction de la pyramide équivaut à la déchirure d'une page d'un livre de l'histoire du Pérou. Il n'y a pas moyen de savoir ce qui s'est passé.

Au milieu de la route, il y avait une pyramide

Quand on quitte Lima pour se rendre à El Paraíso, on prend un minibus – une sorte de camionnette dont le nombre dépasse celui des autres moyens de transport public à Lima – jusqu'à la ville voisine de Pro. C'est un voyage de 40 minutes à travers la circulation chaotique de la capitale péruvienne. De là, il y a deux minibus pour atteindre une voiture, près de la gare, conduite par l'un des membres de l'Association Kapaq Sumaq Ayllu. Le paysage est nu, parsemé de modestes maisons. Quand on arrive à la voie étroite qui mène au complexe, on voit des ordures abandonnées à l'air libre, des vautours et des enfants qui cherchent des jouets au milieu de la saleté.

J'observe un mur qui longe le bord de la route sur tout le chemin. “C'est une muraille”, explique Miguel Castillo, responsable du projet d'El Paraíso, assis à l'arrière de la voiture. Plus tard, je saurai que la muraille a 30 kilomètres de long et entoure les collines de la région. Au fil du temps, il a fait place tout le long du chemin à des bâtiments et à des terrains privés.

“Quand nous sommes arrivés, il y avait des panneaux placés sur chaque colline. Ils pensent que ce domaine leur appartient”, dit l'un des archéologues du projet. La pancarte dit “propriété privée reconnue. Loi du 8 août 1984″, suivie de la description de la zone et son numéro d'immatriculation. Photo: Jessica Mota / Agência Públic

“Quand nous sommes arrivés, il y avait des panneaux placés sur chaque colline. Ils pensent que ce domaine leur appartient”, dit l'un des archéologues du projet. La pancarte dit “propriété privée reconnue. Loi du 8 août 1984″, suivie de la description de la zone et son numéro d'immatriculation. Photo: Jessica Mota / Agência Públic

Castillo explique :

O Estado é ineficiente. Tem recursos para delimitar e proteger as wakas [sic], mas não o fazem. É igual no Brasil, na Argentina… O que se tem é a iniciativa pessoal de algumas pessoas, de arqueólogos. Mas não é suficiente.

Le gouvernement est inefficace. Il a les moyens de définir et de protéger les huacas [sic], mais il ne fait rien. Il en est de même au Brésil, en Argentine … Ce que nous avons est dû à l'initiative personnelle de quelques personnes, des archéologues. Mais ce n'est pas suffisant.

Les membres de l'Association Kapag, ainsi que leurs agents de sécurité, ont été victimes d'une agression une semaine auparavant. Pour des raisons de sécurité, un vigile a accompagné notre groupe – avec toute l'équipe d'archéologues – marchant dans la zone où la pyramide avait été détruite.

Les ouvriers autochtones qui étaient embauchés auparavant pour l'excavation, sont maintenant assis sur le sommet des collines, et surveillent. Après la destruction de la pyramide, la sécurité a été redoublée. Il y a maintenant quatre policiers qui protègent le lieu, jour et nuit, ainsi que deux gardiens d'une entreprise privée embauchés par le ministère de la Culture, et ils font tous un gros effort pour superviser l'ensemble des 45 hectares de terrain.

Attaque de Westgate à Nairobi : le récit sur les médias sociaux

mercredi 25 septembre 2013 à 15:01

Shurufu est un journaliste tanzanien basé à Dar es Salaam. Il twitte sur @shurufu. Voir aussi son billet Global Voices Author Remembers Friends Slain in Nairobi Mall Attack.

[Liens en anglais] En un instant tout a basculé. Le 21 septembre 2013, un commando de rebelles armés a pris d'assaut un centre commercial huppé de Nairobi, la capitale du Kenya, et a ouvert le feu, tuant selon le dernier bilan 69 personnes et en blessant des centaines d'autres.

Twitter a rendu en temps réel la confusion de l'attaque alors que les usagers ont d'abord rapporté ce qu'ils croyaient être une explosion. Peu après midi, l'information a commencé à filtrer sur le réseau social que quelque chose d'horrible se passait au Westgate Mall, un des endroits de Nairobi où aimaient à se retrouver les expatriés et les Kenyans de la classe moyenne.

Ma Bradley (@NyamburaMumbi) a twitté :

explosion à westgate… c'est grave ?

Dans les quelques minutes qui ont immédiatement suivi l'information, on ignorait encore ce qui se passait au juste. Une incertitude qu'exprime Naporneon Pornaparte (@aCreole) dans son tweet :

Explosion ou fusillade ? “@NyamburaMumbi: explosion à westgate… c'est grave ?

Pour certains, le lieu même de l'incident était discuté. Ramsy Ama Ramah (@ramjanja) suggérait que les récits initiaux indiquant une explosion à Westgate étaient erronés :

yoh l'explosion est à Mathare pas à Westgate

Mais il n'a pas tardé à s'avérer que quelque chose de grave se déroulait au centre commercial. Confirmation en est venue lorsque le Ministère de l'Intérieur a twitté cette instruction :

Nous demandons instamment aux Kenyans de se tenir éloignés du centre commercial Westgate à westlands jusqu'à nouvel ordre

Ce qui se faisait jour sur la twittosphère, c'est que des individus en armes avaient investi Westgate, informait la journaliste Smriti Vidyarthi (@SmritiVidyarthi) :

RESTEZ LOIN du centre commercial Westgate – des individus lourdement armés font feu dans le centre commercial. Informez famille et amis d'éviter la zone.

L'Inspecteur Général de la Police David Kimaiyo a confirmé via son compte twitter (

Veuillez ne pas aller au centre commercial Westgate à Westlands. La police a bouclé la zone.

Malgré cette information des autorités, la nature de ce qui était traité restait mystérieuse, même pour elles, du moins à en croire ce qu'elles disaient publiquement, comme l'ont révélé les déclarations du Secrétaire permanent au Ministère de la Sécurité intérieure aux journalistes :

PS #Mutea : Nous avons envoyé la surveillance aérienne. Nous confirmons la présence de criminels armés mais n'avons pas établi qui ils sont, laissez la police kenyane faire son travail

Mais d'autres sources à l'intérieur de la police kenyane commençaient à se rendre compte qu'il s'agissait d'autre chose que d'un vol à main armée. Voici Robert Alai (@RobertAlai), l'un des premiers à rapporter que quelque chose de plus sinistre était en cours :

De nombreux étrangers et locaux abattus dans l'attaque de Westgate. Ce n'est pas un hold-up. Source policière.

Quand des images comme celles-ci ont commencé à circuler, il devenait évident qu'un acte de terrorisme était perpétré à Westgate :

Ne regardez pas si vous ne voulez pas

Qui est derrière l'attaque de Westgate ?

Vers 23 heures, le Président Uhuru Kenyatta s'est adressé au pays et a confirmé que les événements de Westgate étaient bien un attentat terroriste. Sur KTN :

M. Kenyatta, d'un ton grave, a informé son peuple de l'énormité de ce que vivait le Kenya :

Ce matin, un commando de terroristes armés a pénétré par la force dans le centre commercial Westgate dans la zone de Parklands à Nairobi et déchaîné une violence insensée sur les clients et les employés. Ils ont tué au moins 39 personnes innocentes et en ont blessé plus de 150 autres. Avec la nation toute entière, je me tiens aux côtés des familles de ceux qui ont perdu la vie et adresse à tous les Kenyans les plus profondes condoléances.

On apprendrait par la suite que lui aussi avait perdu des proches :

D'après les compte-rendus, le neveu du président, Mbugua et sa fiancée Wahito, ont été tués pendant l'attaque, et selon le récit d'un témoin, Mbugua s'était échappé sain et sauf du bâtiment lorsqu'il s'est aperçu que sa fiancée y était toujours piégée. Il s'est précipité pour la sortir de là, et a été tué avec sa fiancée dans la fusillade.

S'il se confirmait que l'attaque de Westgate était un acte terroriste, on ignorait encore qui l'avait perpétré.

Dans son adresse à la nation, le Président Kenyatta n'avait pas assigné la responsabilité à un mouvement particulier. Mais bientôt, un compte Twitter que l'on pense contrôlé par Al-Chabab, un mouvement islamiste somalien, revendiquait l'attaque. Le compte a été suspendu depuis, mais leur revendication a été captée dans cette collection Storify par Canoe News. Robert Alai a aussi réussi à enregistrer une image de la page Twitter supposée d'Al-Shabaab avant sa fermeture :

#AlShabaab dit maintenant qu'ils vont bientôt poster la vidéo de l'attaque de Westgate

Et de fait, quelques heures plus tard, un clip YouTube supposé être de Al-Chabab a été mis en ligne. D'un ton religieux grandiloquent, le message était glaçant :

Peu après, un groupe d'érudits musulmans a réagi avec colère aux affirmations des membres supposés d'Al-Chabab que leur opération a été commise au nom de l'Islam. La populaire plate-forme nigériane en ligne Nairaland a cité un certain Sheikh Abu Eesa Niamatullah, dénonçant leur transformation du sang de civils en marchandise bon marché. Et de poursuivre :

Il n'y a rien que vous touchiez sans le détruire, il n'y a pas de cause légitime que vous adoptiez sans la corrompre, vous n'avez jamais croisé le sacré de la vie humaine sans le violer, et vous n'avez jamais agi au nom de l'Islam sans le polluer.

Al-Chabab, pourquoi maintenant ?

L'audace de cette attaque à conduit certains à y discerner le signe d'une nouvelle phase chez les islamistes somaliens.

En août de cette année, l'analyste Abdihakim Ainte (@Abdikhakim) écrivant sur le site web Al-Monitor a émis l'hypothèse que les revers infligés en Somalie au mouvement par les troupes ougandaises et kenyanes l'ont contraint à adopter une tactique plus asymétrique de guérilla. Pour preuve :

Dans un récent message audio, Ahmed Godane, le cerveau opérationnel d'al-Chabab, a fait savoir qu'il est déterminé à inverser l'activité en chute libre de l'organisation. Cela comporte, selon ses mots, des plans pour mettre en place toute une nouvelle génération pouvant collaborer avec une tactique djihadiste extrêmement mobile. A la différence de al-Chabab 1.0, al-Chabab nouvelle version aura probablement de nouveaux recruteurs, pour la plupart des jeunes sous la trentaine, à l'aise en Occident et parlant couramment les langues étrangères, pour séduire les nouvelles générations. Cela ressort à l'évidence des nouvelles images publiées par al-Chabab montrant trois jeunes Américains-Somaliens morts en combattant. La vidéo “Le chemin du paradis : des cités jumelles au pays de la migration” fait partie des messages de propagande approuvés par al-Qaida pour attirer la nouvelle génération.

Pendant ce temps, Ken Menkhaus sur Think Progress convient qu'Al-Chabab est certes affaibli. Menkhaus déduit que ce dernier pari du mouvement est une tentative pour redessiner les termes du conflit somalien :

L'attaque de Westgate est le dernier en date des signes de faiblesse du mouvement. Il s'agit d'un pari désespéré et à haut risque des Chabab pour renverser leurs perspectives. Si l'attaque mortifère parvient à susciter des violences d'auto-défense de la part des Kenyans ordinaires ou des réactions sévères des autorités contre les résidents somaliens, les Chabab auront une opportunité de se reconvertir en milice d'avant-garde protégeant les Somaliens contre les ennemis extérieurs. Ils ont désespérément besoin de recadrer le conflit en Somalie en opposition Somaliens contre étrangers, au lieu des Somaliens en quête de paix et de retour à la normale contre un mouvement djihadiste toxique.

Sur Twitter, Charles Onyango Obbo (@coboo3) n'est pas de cet avis, et dit que l'attaque montre qu'Al-Chabab est en train de métastaser :

Intéressant, mais mon analyse est que Al-Chabab se métamorphose en mouvement terroriste régional, loin de décliner.

Une version partagée par l'analyse du site web Somalia Newsroom, qui explique que l'attaque de Westgate attack était l'inévitable contre-coup de l'intervention incessante du Kenya en Somalie. Soulignant au passage que le défaut de stratégie à long terme au Kenya pour lutter contre le terrorisme peut expliquer la force persistante d'Al-Chabab :

Le  gouvernement pourrait progresser davantage en combattant l'influence d'al-Chabab et de ses sympathisants par la construction de ponts entre communautés au lieu de chercher des boucs émissaires, l'offre aux communautés sous-équipées de plus de ressources pour servir les jeunes et les familles, et la mise en chantier de sérieuses réformes et de responsabilité dans l'action des forces de sécurité envers les civils.

Si l'approche kenyane d'al-Chabab a quelques succès à son actif, elle a créé de la tension en Somalie et laissé sans solutions les faiblesses chez soi. Plutôt que de répliquer avec une rage aveugle à l'attaque de Westgate, le Kenya devrait faire son examen de conscience et répondre calmement aux vraies questions qu'il affronte pour accroître la stabilité à l'intérieur et à l'extérieur.

Nul doute qu'avec le temps, d'autres réflexions et analyses suivront sur les épouvantables événements du 21 septembre.

Lire aussi : Global Voices Author Remembers Friends Slain in Nairobi Mall Attack.