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Des centaines de milliers d'habitants de Hong Kong défient la Chine en demandant le droit d'élire leur président au suffrage universel

mardi 24 juin 2014 à 14:04
700 thousands Hong Kong citizens have voted for their right to nominate the Chief Executive by June 22. Image from OCLP's Facebook Page.

Au 22 juin 2014, 700000 habitants de Hong Kong avaient voté en faveur de l'élection de leur président au suffrage universel. Image de la page Facebook de Occupy Central with Love and Peace's.

[Sauf indication contraire, les liens dirigent vers des pages en anglais]

Près de 700 000 habitants de Hong Kong ont déjà voté en faveur d'une réforme électorale démocratique lors d'un référendum non officiel organisé par le mouvement Occupy Central with Love and Peace (OCLP), ce qui a provoqué la colère de la Chine communiste.

La Chine a promis à Hong Kong que le prochain président serait élu en 2017 au suffrage universel et non plus par un comité composé de représentants des différents secteurs économiques et de politiciens de Hong Kong favorables à Pékin. Cependant le gouvernement chinois maintient que les candidats devront être choisis par un comité de sélection, sous prétexte que c'est la seule procédure légale conformément à la Loi Fondamentale, constitution de l'ancienne colonie britannique.

Les habitants de Hong Kong, qui jouissent d'une grande autonomie grâce au principe “un pays, deux systèmes“, craignent que le comité de sélection soit une manière pour la Chine de s'assurer du choix de candidats fantoches. Pour Pékin, l'une des qualités requises pour un président c'est “d'aimer le pays et d'aimer Hong Kong”.

Le référendum, organisé en partenariat avec un programme d'enquêtes d'opinion publique de l'Université de Hong Kong, propose trois options différentes pour l'élection du prochain président de Hong Kong, et les trois options offrent la possibilité aux électeurs de choisir les candidats. Le référendum a débuté le 20 juin 2014 et se terminera le 29 juin.

Pour les seules deux premières journées, 700 000 personnes ont participé au vote, malgré les importantes attaques DDoS (attaques par déni de service) en cours qui visent le système de vote depuis le 14 juin, date du pré-enregistrement. L'ampleur des attaques laisse penser que le gouvernement chinois n'y est pas étranger. L'intox télévisuelle avance l'idée que le comité de sélection est nécessaire, et le Global Times, la voix du Parti Communiste Chinois, traite le référendum de “farce illégale” et “grotesque.”

Avant le lancement du référendum, Occupy Central s'attendait à 300 000 suffrages, mais ils estiment actuellement qu'un million de personnes pourraient participer. Le mouvement prévoit d'organiser des manifestations si le gouvernement ne réagit pas à la demande de suffrage universel.

"For those who are still sleeping, Wake up" Civic referendum poster by San Wong via the House News. Non commercial use.

“A ceux qui dorment encore, réveillez-vous.” Affiche du référendum civique par San Wong via House News. Utilisation non commerciale.

Lester Sum, secrétaire adjoint de la Fédération des Etudiants de Hong Kong, s'exprime sur la plateforme de médias citoyens inmediahk.net à propos des implications [chinois] du référendum civique:

港人堅持爭取民主普選已超過30年,不少民主路上的同路人由黑髮等到白髮,白髮的甚至有的都已撒手人寰,香港都還未有落實真普選的一天。香港人,我們還要再等嗎?我們還要被中共這滿口謊言的政權騙下去嗎?

更重要的是,這次的政制改革,很有可能會一錘定音、成為香港最終的政改方案。假若一個爛的、假的普選方案獲得通過,香港未來數十年的命運將繼續被中共、地產商、權貴牢牢操控着,政治權力也終將不會回歸人民手上,政府也永遠不會是為港人服務的政府。[...]

如果我們都同意香港必須改變,必須落實一個由人民當家作主的政治制度,就讓我們用行動、用選票,向中共政權、向梁振英此等腐敗政權,展示香港人爭取普選、爭取公民提名的決心。希望在於人民,改變始於抗爭。6月22,全民投票,全民共同撰寫歷史,自決我城命運。

Les habitants de Hong Kong luttent pour le suffrage universel depuis plus de 30 ans. Leurs cheveux sont devenus gris à suivre le chemin de la démocratie. Certains ont quitté ce monde. Et nous n'avons toujours pas une vraie démocratie. Faut-il encore attendre? Faut-il encore croire au mensonge du parti Communiste Chinois?

Mais surtout, la réforme politique à venir est sans doute notre dernière chance de faire bouger les choses. Si un semblant de proposition de suffrage universel passait, le destin de Hong Kong serait soumis au Parti Communiste Chinois, aux promoteurs immobiliers et à la classe privilégiée. Le pouvoir politique ne sera pas donné au peuple et le gouvernement ne sera pas au service du peuple. [...]

Si nous sommes d'accord pour que Hong Kong change et pour la mise en place d'un système politique qui donne le pouvoir au peuple, agissons, utilisons ce référendum pour montrer au pouvoir corrompu du parti Communiste Chinois et à Leung Chun-ying [l'actuel président de Hong Kong] notre détermination pour le suffrage universel et la sélection citoyenne des candidats . Le peuple est porteur d'espoir et le changement commence par la lutte. Avec le référendum civil du 22 juin c'est l'avenir de la ville qui s'écrit.

Au lieu de s'exprimer par des écrits, Eric Chow a dessiné une série d'affiches pour montrer que le référendum est un moyen de défendre la liberté d'expression, l'état de droit, les droits humains, la culture locale et la justice sociale.

Defend rule of law and justice with your vote in June 22. Image by Eric Chow.

“Défendez l'état de droit et la justice en votant le 22 juin.” Image d’ Eric Chow.

Cheung Yuen Man, une auteure locale, a choisi une approche plus personnelle en écrivant une lettre aux personnes âgées de sa famille [chinois] qui ont fuit la Chine vers Hong Kong et sont devenus apolitiques ou même conservateurs:

我沒有忘記你當年是游水來港的。[...]而是風高浪急的大海,每一個浪都淹過你的頭顱,那時香港海域還有鯊出沒。你蹤身下海的一剎,到底要多大勇氣﹖[...]你們當年是求安穩,如今我們求的也不過是這些。也許甚麼一人一票,普選,民主自由這些崇高的字眼你不熟悉而其實我也不太懂,那我們就來談談日常生活:我們希望不會無故被迫遷;努力讀書便能上大學不用使黑錢;希望可以在臉書上繼續吹水,希望吃菜不會吃著黑心菜,養的狗不會被當街生劏或打死。[...]其實我們也想當順民。只是這個政府沒有叫人當順民的能力。我們這一代,並沒有和你們相差太遠;唯一的分別,是那時你們還有一個叫「香港」的出路,而我們已無路可逃。

Je n'ai pas oublié que vous êtes arrivés à Hong Kong à la nage. [...] Les vagues étaient énormes et chaque vague vous passait par-dessus la tête. A cette époque il y avait des requins près de Hong Kong. J'imagine le courage que vous avez eu pour sauter dans l'eau. [...] Vous recherchiez alors la stabilité. Aujourd'hui nous recherchons la même stabilité. Vous ne connaissez peut-être pas bien la signification de “une personne, une voix”, “suffrage universel”, “démocratie” et “liberté”. Moi non plus. Mais pour parler de notre quotidien: nous espérons ne pas être mis à la porte de notre logement, nous espérons ne pas devoir donner un bakchich pour entrer à l'université, nous espérons pouvoir continuer à discuter librement sur Facebook, nous espérons que nos légumes ne sont pas empoisonnés et que nos chiens ne seront pas abattus dans la rue. [...] Nous voulons bien obéir. Mais le gouvernement a perdu sa capacité à demander aux gens d'obéir. Notre génération ressemble à la vôtre. La seule différence c'est que vous pouviez fuir vers “Hong Kong”, alors que nous n'avons nulle part où aller.

Sur HouseNews, “Timar man”, éditorialiste politique, qualifie les 700 000 suffrages atteints à ce jour de révolution de l'opinion publique:

即使再動員更多職業紅衞兵組織,同洶湧嘅投票市民一比,即刻變成鬧劇,數以十萬計市民表態,猶如洗太平地,沖走呢類牛鬼蛇神。[...] 過去幾日,我們所經歷的是一場民意革命,香港走出了一個全民投票新模式,其影響也不限於2017真普選,也不限於佔中運動。小小香港一個全民投票,觸發國家級網絡戰,可見在某些人眼中,需要將全民投票消滅於萌芽狀態,正因為他們也知道,這個Pandora box打開後,將會釋放出新的本土政治能量。

Peu importe le nombre de gardes rouges mobilisés [par le clan des pro-Pékin], face à la participation au référendum civil ce ne sont que des clowns. La voix de centaines de milliers de gens a exorcisé tous les fantômes et les esprits.  [...] Ces derniers jours on assiste à une révolution de l'opinion publique. Son impact est aussi important que le suffrage universel de 2017 et la campagne Occupy Central. Un petit référendum civil à Hong Kong a provoqué une cyber-guerre nationale. Il est évident que quelqu'un est en train d'essayer de tuer le mouvement dans l'oeuf. Ils savent que cette boîte de Pandore va libérer une énergie politique à Hong Kong.

Le gouvernement de Hong Kong doit prochainement présenter une réforme pour les élections législatives de 2016 et présidentielles de 2017. Il vient de terminer la phase de consultation publique, et les résultats de cette consultation seront connus dans quelques mois. A première vue, la réforme semble prometteuse. Mais le gouvernement insiste pour que la réforme se fasse dans le respect de la Loi Fondamentale, et l'interprétation de cette loi s'appuie en majorité sur Pékin. L'action de la société civile à Hong Kong est d'autant plus importante.

Un nouveau référendum non officiel est prévu, pour opposer la propositon citoyenne à celle du gouvernement quand elle sera publiée, et si la proposition citoyenne gagne, Occupy Central prévoir d'occuper pacifiquement le quartier central de la ville.

Non, une église de Lyon n'a pas été brûlée par des supporters algériens après la victoire en Coupe du Monde

lundi 23 juin 2014 à 22:46

Le 22 juin, à la Coupe du Monde 2014 au Brésil, l'Algérie a battu la Corée du Sud 4 buts à 2 et peut donc espérer se qualifier pour les huitièmes de finale. Les scènes de liesse se sont multipliées en Algérie mais aussi en France où réside une dynamique communauté algérienne. Mais la joie a été tempérée par des rumeurs qu'une église de Lyon, en France, a été incendiée pendant les réjouissances. Rumeur qui s'est avérée un mensonge grossier répandu par des groupuscules d'extrême-droite à l'aide de photos erronées. Adrien Sénécat explique comment il a vérifié les faits :    

Peu après le coup de sifflet final dimanche, des tweets ont indiqué qu'une église aurait brûlé dans le quartier de la Duchère, à Lyon. Message notamment relayé par le Bloc Identitaire et des sites proches de l'extrême-droite. Sauf que l'église en question n'a pas brûlé, comme l'ont signalé plusieurs internautes sur les réseaux sociaux. Une église a en revanche bien été incendiée à la Duchère… mais en 2006 (et sans aucun rapport avec un match de l'Algérie).  

VIDEO : Une fusion de musiques urbaine et traditionnelle rurale du Pakistan gratuitement en ligne

lundi 23 juin 2014 à 15:15

[Les liens de ce billet renvoient à des pages en anglais]

De plus en plus de musiciens, populaires ou indés, dans le monde optent pour une première diffusion de leurs chansons sur les médias sociaux pour toucher leurs fans et générer des revenus de façon innovante et sans pareille.

Mais au Pakistan, où YouTube est inaccessible depuis presque deux ans, et où la page Facebook d'un groupe musical à succès a été récemment bloquée, il est particulièrement intéressant qu'une nouvelle maison de production ait voulu diffuser sa toute première vidéo musicale gratuitement sur les médias sociaux.

Et c'est précisément ce qu'on fait les auteurs de la vidéo ci-dessus.

La collaboration entre Mai Dhai, une chanteuse traditionnelle de la campagne du Sindh, dans le sud du Pakistan, avec de jeunes et talentueux musiciens urbains du nord-est du pays a été mise en ligne la semaine dernière sur Facebook et Vimeo. A ce jour elle a été visionnée plus de 1.600 fois sur Facebook, autant de fois sur Vimeo et écoutée plus de 3.000 fois sur SoundCloud. Les commentaires se comptent par centaines. Meher Faruki a écrit sur Facebook :

Quelle superbe création ! Tellement de sons magnifiques ! Et pour la réalisation de la vidéo…. le ton blagueur me plait.

Mustufa Pervez Khan a écrit :

Je ne comprends pas un mot mais ça sonne vraiment trop génial

Adrian David Emmanuel écrit :

Superbe interprétation et fusion jazz avec le dialecte local et la musique Fier d'avoir de tels musiciens ici au Pakistan Excellent, tout le monde

La société productrice, Piphany Productions, est une start-up et “Sarak Sarak” est leur premier morceau totalement maîtrisé avec une vidéo pour l'Internet. Danish Khawaja, co-fondateur de Piphany et un des guitaristes de la vidéo, a pris l'avion à Lahore pour le Sindh afin de convaincre Mai Dhai, la chanteuse traditionnelle, de s'envoler pour Lahore et faire cette collaboration. L'Institut pakistanais pour la Préservation des Arts et de la Culture (IPAC) décrit ainsi Mai Dhai sur Facebook :

Mai Dhai est une chanteuse traditionnelle Manganiyar et joueuse de dhol de la région du désert de Thar. Les Manganiyars sont une caste de musiciens musulmans qui se produisaient traditionnellement devant les rois du Rajasthan sur le sous-continent. Au cours du temps, leur clientèle est passée des rois à quiconque peut leur offrir un repas. Leur répertoire va des ballades sur les rois aux chants soufis écrits par divers mystiques. Ils chantent aussi pour des occasions variées, comme les naissances, mariages, pluies, banquets.

La pureté de la tradition et le raffinement du classique font toute la particularité de leur musique.

La chanson est en marwari, connue comme la langue du désert dans le sous-continent. Les paroles et leur traduction en anglais peuvent être lues ici.

Si la collaboration musicale est-ouest est aussi vieille que le Pakistan lui-même, elle a atteint le grand public en 2008 lorsque Coke Studio, une série-télé pakistanaise qui enregistre et diffuse des collaborations en studio pour les auditoires de la télévision et sur internet, est devenue follement populaire. Le blogueur pakistanais Taha Kehar a appelé la série une “bénédiction déguisée” qui a rendu vie à l'industrie musicale pakistanaise tout en préservant la tradition du folklore.

Global Voices s'est entretenu avec Tabish Habib, directeur de la création à Piphany Productions et producteur de la vidéo, à propos de cette musique et de la décision de la publier gratuitement sur Internet.

Global Voices (GV) : Parlez-nous de cette collaboration. Comment une artiste rurale du Sindh s'est-elle retrouvée à travailler avec deux musiciens urbains d'avant-garde ?

Tabish Habib (TH) : La collaboration est née l'été dernier, en juillet ou août je crois. Danish s'était rendu avec son beau-frère Mohammed Ali (aussi producteur dans ce projet), natif du village, à Tando Jam dans le Sindh, avec l'intention d'y passer l'été. C'est là que Danish a eu vent d'une chanteuse traditionnelle du nom de Mai Dhai dans un village appelé Umerkot. Il s'est mis à sa recherche pour faire un boeuf avec elle. Danish a été épaté par sa voix et l'a persuadée de prendre l'avion pour Lahore et y enregistrer un morceau avec lui dans un environnement approprié de studio. Je crois que nous avons passé 24 heures au total en studio mais nous avons réussi à enregistrer deux morceaux, dont nous espérons sortir bientôt le second.

GV : Le retour que vous avez reçu en ligne vous a-t-il surpris ? Ou est-ce précisément le genre de collaboration dont la jeunesse pakistanaise férue du net est friande?

TH : Je pense que la vitesse à laquelle la vidéo a circulé était étonnante, mais nous nous attendions à un bon accueil. Lorsque des gens talentueux de différents horizons font de la musique ensemble, l'accueil ne peut être que bon.

GV : Mai Dhai sait-elle seulement ce qu'est l'Internet ? Lui a-t-on dit qu'elle y est devenue célèbre ?

TH : Mai vit à Umerkot avec son fils et je doute qu'elle ait la moindre idée de ce qu'est l'Internet. Ils ont chez eux un seul téléphone portable, dépourvu d'usage Internet.

GV : Parlez-nous de la chanson qu'elle chante. Quel en est le message ?

TH : La chanson est un conte populaire sur un dialogue entre une petite fille et son Mamo (oncle). En fait, elle lui demande son aide et attention à la fois financière et affective. Elle veut qu'il lui répare son soulier cassé et achète ses bijoux. C'est un genre d'histoire très innocente et mignonne. Je ne sais pas s'il y a un message derrière, mais on peut lire les paroles et leur traduction dans la description sous le lien Vimeo.

GV : Et les musiciens du groupe :  depuis combien de temps jouent-ils ?

TH : Les musiciens du groupe jouent des sessions pour divers artistes qui réussissent commercialement, je ne les dirais donc pas particulièrelment d'avant-garde. Mais ils ont tous leurs propres passions musicales peu connues des médias et réussissent à développer leur propre public de niche. Danish Khawaja joue pour Poor Rich Boy, actuellement en tournée aux USA avec le Département d'Etat. Zain Ali est bassiste pour Zeb & Haniya et a son propre groupe de jazz moderne, Red Blood Cat. Kami Paul joue en sessions avec pratiquement tout le monde dans l'industrie musicale pakistanaise, de Noori au Mekaal Hasan band, il est une célébrité. Sameer Ahmed est un autre vétéran et joue la basse pour coVEN et Jimmy Khan & the big Ears. Ils sont tous bourrés de talent. Le joueur de tabla dans la vidéo est Moharram et n'est autre que le fils de Mai. Il a aussi servi d'interprète pendant tout l'enregistrement car Mai ne parle pas un mot d'ourdou. Le joueur d'harmonium, Jamal, fait aussi partie du numéro traditionnel de Mai. Un grand merci à Mekaal Hasan pour nous avoir laissé enregistrer au Digital Fidelity Studio. Rien de ceci n'aurait été possible sans lui. 

GV : Pourquoi avoir choisi de publier la chanson gratuitement en ligne au lieu de sortir un CD qui aurait pu être acheté sur le marché ?

TH : Nous avons demandé à quelques personnes autour de nous de financer l'idée mais nous n'avons rencontré aucun intérêt. L'industrie de la musique commerciale au Pakistan n'aime pas prendre de risques. Personne ne veut tenter quelque chose de neuf ou de créatif et c'est la raison pour laquelle nous avons décidé de sortir [cette production] en ligne sur les médias sociaux, nous avions une intuition très forte qu'elle serait bien reçue dès l'élaboration du morceau. Nous avons donc résolu d'autofinancer la totalité du projet. Nous sommes rétrospectivement très heureux de l'avoir fait.

GV : Qu'en est-il de la scène musicale d'avant-garde au Pakistan ? Comment ces musiciens se font-ils connaître du grand public ?

TH : Facebook, SoundCloud, Vimeo, les médias sociaux sont vraiment la meilleure carte. Les musiciens au Pakistan doivent être leurs propres agents et managers. Une bande d'artistes indies et musiciens de Karachi a créé Lussun TV pour se promouvoir eux-mêmes par des webisodes en ligne, et à Lahore il y a le label indépendant True Brew Records qui fournit une plate-forme aux artistes d'avant-garde et un lieu de concerts, mais à part cela la scène est des plus mornes. Espérons que le succès du morceau encouragera les gens à mettre en avant des projets musicaux d'une plus grande diversité créatrice.

Anushe Noor Fahim a contribué à ce billet.

Archives de la Coupe du Monde : Comment le Brésil a trompé le monde en 2010 avec le mème Cala Boca Galvão

lundi 23 juin 2014 à 14:29
A imagem mais disseminada do trote. Autor anônimo.

La photo la plus vue du canular. Auteur anonyme.

Sauf mention contraire, tous les liens mènent à des pages en portugais

Vous rappelez-vous du phénomène “Cala Boca Galvão”, ce mème d'Internet [Fr] qui est devenu un canular mondial quand des millions d'utilisateurs de  Twitter ont commencé à intimer au fameux commentateur sportif brésilien Galvão Bueno de fermer sa g…….., pendant la cérémonie d'ouverture de la Coupe du Monde de 2010?

Presque instantanément, il s'est retrouvé en tête du classement mondial des mots-clés les plus populaire sur Twitter, les internautes aux quatre coins du monde voulant comprendre de quoi il s'agissait et ce qui était en train de se passer. 

Armés du meilleur sens de l'humour brésilien, des personnes ont alors lancé un appel urgent – et totalement faux – pour sauver ce qui était supposé être un oiseau menacé d'extinction – le “galvão”. Il était ainsi possible de sauver cette espèce en retweetant le mot-clé “Cala Boca Galvão” le plus possible. Cette vidéo en anglais, réalisée en juin 2010 sur cet oiseau fictif qui devait être sauvé, a été vue plus 2,2 millions de fois.

De grands médias ont contribué à propager le canular, qui a ensuite été éventé par le blog The Lede [en] et décrit [en] par le New York Times comme “l'un des cyber-canulars les plus réussis de l'histoire”.

A relire, l'article de Raphael Tsavkko Garcia dans nos archives: Brasil: O fenômeno “CALA BOCA GALVÃO”, non encore traduit en français.

Cuba : “Nous n'avons pas de leaders”

lundi 23 juin 2014 à 14:21
Jóvenes cubanos (Foto: El Microwave)

Jeunes cubains ( photos El Microwave)

Dans un post émouvant (en espagnol) Rafael González, auteur du blog El Microwave, se demande : “Y a-t-il parmi nous quelqu'un qui soit disposé à sacrifier son temps, sa réputation, son argent et sa stabilité émotionnelle contre un improbable changement de l'état des choses à Cuba?”

L'auteur fait allusion aux multiples problèmes que la société cubaine actuelle ne réussit pas encore à résoudre.

 Les ramasseurs d'ordures ramassent quand il veulent et où ils veulent, les médecins ont instaurés consciemment ou non la culture du cadeau comme moyen de survie, l'avocat ne cherche qu'à récupérer le plus d'argent possible de ses clients, les commerçants ne se contentent pas de s'enrichir un niveau irrationnel mais en plus, réussissent à te voler sur la marchandise, les enseignants ont confondu dans le meilleur des cas l'instruction avec la culture.’

‘Quoi faire, dans un tel panorama ?’  se demande l'auteur :

Que le  journalisme – par le bais des journalistes – assume de nouveau sa responsabilité sociale en tant que bien public, et que la société en général retrouve cette aptitude à l'éthique qui, selon certains, traverse notre histoire et surgit de temps en temps.

L'auteur se demande enfin :”Pourquoi rien ne change alors que les insatisfactions et leurs causes sont tellement nombreuses et perceptibles?

Nous n'avons pas de leaders (…) Le fait de ne pas en avoir est fatal pour n'importe quel processus de transformation sociale quelle que soit l'importance des inquiétudes des citoyens.

Dans les commentaires, Disamis Arcia ajoute

Je ne peux pas m'empêcher de te demander s'il doit d'abord exister un leader pour que les gens bougent, où si l'indifférence dont nous souffrons in extensus n'a pas des causes plus franchement préoccupantes que l'absence de leadership.