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De la difficulté de débattre sur la précarité en Afrique

mardi 2 octobre 2012 à 18:22

Malgré des indices de croissance au beau fixe par rapport aux autres continents en 2012, la précarité reste un problème bien présent pour la majorité des personnes résidant en Afrique (47% des Africains vivent avec moins d’un euro par jour). Les inégalités se creusent certes mais la notion de précarité évolue aussi sur le continent. Il semble difficile de trouver une solution à la pauvreté sans y impliquer les principaux concernés.

Définir la pauvreté

La notion de pauvreté ou de précarité est par définition subjective et relative. Cependant, il est important de délimiter le périmètre des enjeux qu'englobe la précarité pour pouvoir évaluer les solutions possibles. Qui sont les pauvres et de quoi souffrent-ils ?

Nomades au Maroc sur Flickr par Antonioperezrio (CC-NC-2.0) publié initialement dans l'article sur les solutions à la pauvreté dans le monde

Rangot Tsasa de la république démocratique du Congo pose la question “Sommes-nous réellement pauvres ?“:

La pauvreté est l’insuffisance de ressources matérielles, comme la nourriture, l’accès à l’eau potable, les vêtements, le logement, et des conditions de vie en général, mais également de ressources intangibles comme l’accès à l’éducation, l’exercice d’une activité valorisante, le respect reçu des autres citoyens. [..] Des jeunes désoeuvrés qui tuent et volent au su et au vu des autorités en place. Devrions-nous interpeller les parents qui sont responsables de l’éducation de base ? Pas de boulots, rien a faire, on se retrouve dans les rues.

 

Au Sénégal, Seydina Oumar Touré  explique sur le site Bonne Gouvernance Afrique qu'il existe plusieurs dimensions à la pauvreté :

Lorsqu’on interroge la population sur ce que signifie « être pauvre », 90% invoquent avant tout la définition la plus classique de la pauvreté qui retient comme critère : un niveau de consommation inférieur à un seuil minimum de subsistance. Une large majorité des Dakarois (87%) définit parallèlement la pauvreté en soulignant l’incapacité à influer sur ses conditions. Enfin, 84% des individus l’associent à des conditions matérielles d’existence difficiles ou à la faiblesse du capital humain.
Mais il convient de souligner que plus les individus sont démunis du point de vue monétaire, plus ils mettent en avant les différentes dimensions de la pauvreté. En effet, ils sont relativement plus nombreux parmi le quartile des revenus les plus faibles (comparé aux quartiles plus riches) à caractériser la pauvreté par diverses formes telles l’incapacité à influer sur ses conditions ou la marginalisation/exclusion.

 

Cette lutte contre la marginalisation et l'exclusion est une thématique qui est maintenant très présente aussi sur le continent  européen due à une crise économique persistante. Une initiative pour l'application d'un revenu de base universel argumente ainsi que cette allocation minimum pourrait réduire ce sentiment d'exclusion.

Comment faire entendre les voix des plus démunis

Hélas ces voix s'exprimant sur les différentes dimensions de la pauvreté sont encore trop rarement entendues dans l'opinion publique. Les solutions proposées en termes de politiques publiques dans les pays concernées se basent sur des évaluations économétriques qui ne sont pas homogènes dans leurs définitions de la pauvreté.  Plusieurs propositions de solutions ont été proposées.

Ndoedje Michel au Cameroun pense qu'il ne peut y avoir de solutions durables sans avoir au préalable bien ciblé les causes antérieures:

au Cameroun par exemple le salaire minimum est de 28 000 FCFA et dans la plupart des cas moins que cette somme, une fille de chambre ou de ménage touche 15.000 FCFA. Alors que le ministre Secrétaire, le Général de la Présidence des pays l’Afrique Centrale, en plus de leurs salaires qu’ils reçoivent une prime de pétrole de plus 2 500 000 FCFA par jour [..] On serait tenté de se demander en quoi ceci est pertinent dans la discussion qui nous intéresse ? Eh bien, quand toute la richesse est concentrée aux mains de quelques uns, la monnaie ne circule pas dans toutes les couches de la société et même le plus entreprenant des citoyens ne trouve personne pour acheter ce qu’il produit. Pas de production pas d’emploi et même quand il y a des emplois, ce sont des emplois de 25 000 fcfa à 28.000 fcfa ! Le nombre de ceux qui ont des richesses pour acheter étant limité, ainsi que leurs besoins individuels, les basses couches de la société se contentent de survivre et non de vivre le temps qu’ils peuvent et de mourir silencieusement.

Le débat sur l'aide ou le commerce comme solutions à la précarité fait souvent référence au fait que la dignité des êtres exige qu'une solution durable implique l'épanouissement individuel et la possibilité de vivre sans avoir recours à une aide extérieure. Cette notion met aussi l'accent sur le fait que nombreux ne s'estiment pas faisant partie de la population fragilisée et ne ressentent pas le besoin d'exprimer une situation sociale précaire.

Ainsi les besoins des populations en situation précaire se font souvent entendre par l'intermédiaire des NGO ou autres médias associés.  L'organisation Panos a ainsi choisi d'interviewer directement les paysans du sud de Madagascar [en anglais] sur leurs situations et de retranscrire leurs points de vue avec un filtre éditorial réduit au minimum. Voici la vidéo de ses entretiens menés de par le monde:

Les activistes passionnés de l’Afrique comme “continent sur la pente ascendante” estiment qu' il est important que le continent soit perçu comme une terre d'opportunité et non plus comme d'une terre à problèmes. Dés lors que le postulat de départ de la solution se pose en termes de croissance économique et qu'un nombre limité seulement de personnes indigentes peuvent participer à la conversation sur la lutte contre la pauvreté, est-il alors encore souhaitable de débattre de la précarité en Afrique ? En d'autres termes, la conversation a-t-elle encore un sens si les personnes les plus touchées par ce fléau ne peuvent avoir leurs mots à dire et que le débat se limite à un échange d'idées entre technocrates ?

Seydina Oumar Touré note que chez les populations les plus démunies de Dakar, la perception du niveau de vie propre et de l'efficacité des programmes de lutte contre la pauvreté diffèrent à plusieurs niveaux:

87% des ménages du quartile des plus démunis ont des niveaux des revenus en deçà de ce qu’ils estiment comme le minimum requis pour une vie décente [..] Pour la capitale sénégalaise, il s’avère que 12% seulement des individus estiment faire partie du quintile des plus pauvres. Ils ne sont que 30% à être réellement convaincus de l’efficacité des politiques. Les plus pauvres – censés être les principaux bénéficiaires des politiques – doutent autant que le reste de la population sur les résultats de la stratégie mise en oeuvre.

Isabelle, originaire de la république centrafricaine, tient à ne pas s'isoler du reste de la société, malgré sa situation financière précaire :

Pour ne pas tomber dans la dépression, Isabelle continue de s’engager dans diverses actions : active dans une démarche de partenariat entre femmes françaises et centrafricaines (qui échangent sur les difficultés rencontrées dans les deux pays), elle accueille aussi en tant que bénévole les migrants

Nouvelle Calédonie : Tension politique autour des mines de nickel

mardi 2 octobre 2012 à 10:48

Claudine WERY écrit (en français) que la tension politique monte entre les partis indépendantistes et opposés à l'indépendance en Nouvelle-Calédonie sur la question de l'exploitation des mines de nickel. Les non- indépendantistes accusent leurs opposants de conclure un marché avec la Chine et la Corée du Sud, sans en avoir eu l’autorisation. Un référendum sur l’indépendance vis-à-vis de la France est prévu entre 2014 et 2018.

Mines de nickel de Nakéty par Fab Virge sur Flickr CC-License-2.0

 

Langues: Une vidéothèque pour la nouvelle génération Pipil

mardi 2 octobre 2012 à 10:38

[liens en anglais] Par rapport à son voisin de l'ouest, le Guatemala, dont environ 40% de la population est d'origine indigène, la population autochtone du Salvador est moins nombreuse. Les données officielles du gouvernement donnent la population indigène à environ 1%. Cependant, comme le recensement de 2007 ne prenait pas correctement en compte l'appartenance ethnique, d'autres études ont été menées, montrant (pdf) que le chiffre réel se trouve entre 2,5% et 10%. D'aucuns citeront peut-être pour raison partielle du déclin de la population indigène du Salvador les événements de 1932 au cours desquels environ 25 000 paysans et personnes indigènes ont été pris pour cible et massacrés par le gouvernement salvadorien, ce qui contribuerait à expliquer ces divergences. A cause de cette violence, les membres des communautés indigènes choisissent souvent de dissimuler tout signe visible de leur culture et de leur langue dans un souci de survie.

Huit décennies plus tard, l'une des ces communautés indigènes, les Pipils [fr], a connu une diminution du nombre de locuteurs natifs de la langue Pipil (ou Nahuat/Nawat), porté à 200 personnes (pdf, en espagnol). L'UNESCO a classifié cette langue comme étant en danger [fr], n'excluant pas la possibilité de son extinction, chose qui s'est déjà produite dans les pays voisins tels que le Guatemala, le Honduras et le Panama.

Cette statue située au parc Atecozol, à Izalco au Salvador, met à l'honneur le guerrier Pipil Atonatl  qui blessa le conquérant espagnol Pedro de Alvarado en 1524 pendant une bataille. Photo sous licence CC BY 2.0.

Cependant, dans la communauté de Santo Domingo de Guzmán située dans le DDépartement de Sonsonate à l'ouest du Salvador, des efforts sont mis en oeuvre pour former une nouvelle génération de jeunes locuteurs destinée à devenir à terme la “génération des successeurs”, établissant un pont avec les groupes de locuteurs vieillissants.

En tête de proue de ces efforts, l'activiste Carlos Enrique Cortez s'est impliqué durant l'ensemble du processus de développement des initiatives de formation à l'enseignement en coopération avec l'Université Don Bosco. En sus du développement de ces ressources pédagogiques bilingues, il a participé à la traduction en Pipil de textes importants tels que la Déclaration des droits des peuples autochtones. Grâce à ces efforts populaires, environ 3 000 enfants apprennent le Pipil à l'heure actuelle.

A présent, Cortez prévoit d'amplifier son action en tirant profit des médias citoyens pour ajouter un élément multimédia aux travaux de documentation et de revitalisation.

En collaboration avec le projet One Day on Earth, Rising Voices a reçu plusieurs mini caméras vidéo à distribuer à des initiatives cherchant à utiliser des outils digitaux pour favoriser la création de contenu web par des communautés sous-représentées. Grâce à un récent partenariat avec le Living Tongues Institute, Rising Voices a pu identifier des activistes dans le domaine des langues ainsi que les communautés qui pourraient bénéficier pleinement de l'accès à une caméra vidéo. L'un de ces activistes sélectionnés par Living Tongues est M. Cortez, qui a reçu l'une de ces mini caméras pour mettre en place son projet portant sur l'expansion des médias citoyens.

Dans le cadre de ce projet, M. Cortez va travailler avec quatre élèves apprennant actuellement le Pipil et utiliser la caméra vidéo pour débuter la création d'une vidéothèque. Les vidéos produites seront axées sur la culture Pipil, avec des thèmes comme les remèdes naturels, les traditions, les jeux traditionnels, les pratiques agricoles, et les comptines pour enfants. Ce contenu sera accessible à tous ceux qui désirent apprendre la langue ou documenter ces éléments importants de la culture Pipil.

Vietnam : Trois blogueurs ‘dissidents’ condamnés à des peines de prison

lundi 1 octobre 2012 à 23:05

[Liens en anglais] Les blogueurs vietnamiens Dieu Cay, AnhBaSG et Ta Phong Tan ont été reconnus coupables par un tribunal de Ho Chi Minh Ville de violation de l'article 88 du code pénal vietnamien, qui punit le fait de “répandre des informations fabriquées à fins de fomenter le trouble dans la population” et de “calomnier l'administration populaire.” Outre l'exécution d'une peine de prison, ils seront aussi soumis tous trois à une assignation à résidence.

Avant leur arrestation, les trois blogueurs avaient exposé avec constance les divers maux sociaux du Vietnam, et en particulier la corruption dans l'élite et l'inégalité dans les campagnes. Les défenseurs des droits humains ont aussitôt condamné l'incrimination. Rupert Abbott, chercheur d'Amnesty International sur le Vietnam, croit que la sévérité des peines de prison – qui vont de quatre à douze ans – est destinée à semer la peur dans la communauté locale des internautes :

Les blogueurs accusés Dieu Cay, AnhBaSG et Ta Phong Tan. Photo de Dan Lam Bao

 

Ces choquantes condamnations à l'emprisonnement confirment nos pires craintes : que les autorités ont décidé de faire un exemple avec ces blogueurs, pour essayer de faire taire les autres. Ces condamnations reflètent la situation terrible et qui ne fait qu'empirer de la liberté d'expression au Vietnam

Amnesty International va faire une campagne vigoureuse pour la remise en liberté des blogueurs - que nous considérons comme des prisonniers de conscience - et nous appelons les autorités vietnamiennes à garantir la sécurité des familles et amis de ces blogueurs.

Plaidant la remise en liberté de la militante blogueuse catholique Maria Ta Phong Tan, le blog hermeneutic of continuity fustige aussi l'abus de pouvoir au Vietnam :

Quelle honte a fait descendre sur les Vietnamiens de bonne volonté l'abus de pouvoir et la lâche peur de la liberté de parole ! Les hommes politiques devraient êtres capables de répondre avec la raison s'ils pensent qu'on a déformé leurs paroles ; ils devraient être capables de supporter l'opposition. Baissez la tête de honte et permettez aux bons citoyens du Vietnam de dire la vérité en toute liberté ! Libérez Maria Ta Phong Tan !

Affiche réclamant la liberté pour les blogueurs emprisonnés. Photo sur Facebook de Me Nam

La répression semble s'être intensifiée contre les blogueurs d'opposition au Vietnam. Auparavant, le bureau du Premier Ministre Nguyen Tan Dung a publié une déclaration critiquant trois blogs pour leur position anti-gouvernement. Mais NamViet estime que les blogs controversés méritent de rester en ligne pour ce qu'ils exposent la corruption dans l'administration et soutiennent la souveraineté du Vietnam sur les îles revendiquées par la Chine :

Le blog Dan Lam Bao parlait de tout ce que le gouvernement, autrement dit le Parti Communiste du Vietnam (PCV) interdit, càd la corruption et la dissidence.

Le blog Quan Lam Bao qui a démarré (en juillet 2012) bien qu'apparemment champion de l'anti-corruption, ne rapporte que les cas de corruption en rapport avec Nguyen Tan Dung, son  fils Nguyen Thanh Nghi, sa fille Nguyen Thanh Phuong et le mari de celle-ci (qui a étudié à Harvard) Nguyen Bao Hoang.

Le blog Bien Dong ne traite que des litiges de Mer de Chine du Sud, entre la Chine et le Vietnam, les Philippines. Les photos et vidéos montrant les manifestants vietnamiens ou philippins contre la Chine sont strictement interdites par le PCV.

Malgré la persécution subie par les blogueurs et les tentatives de censurer les contenus en ligne, Chris Brummitt écrit que le gouvernement vietnamien rencontre en pratique des difficultés à contrôler efficacement le comportement des internautes :

Facebook et les autres sites de réseaux sociaux sont bloqués ici, mais le pare-feu public est tellement peu solide que même les écoliers savent trafiquer les paramètres des ordinateurs pour le contourner. Le gouvernement a annoncé des interdictions de sites web rien que pour voir leur trafic atteindre des sommets. Trois blogueurs ont été condamnés à la prison cette semaine, dont un à 12 ans, mais de nombreux autres continuent à poursuivre leurs causes.

Amazonie: Améliorer la perception de la forêt

lundi 1 octobre 2012 à 20:54

InfoAmazonia est une plateforme qui réunit des organisations et des journalistes originaires des neuf pays situés dans l'une des zones les plus riches en biodiversité au monde. Le but est de fournir gratuitement des informations et des rapports concernant la région amazonienne actuellement menacée. Le site internet recense les déforestations, les incendies ainsi que les opérations pétrolières et minières et invite les internautes à participer en soumettant des données ou des articles.