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#FindRaza: Lancement d'une campagne de médias sociaux pour la libération d'un activiste pakistanais des droits humains

jeudi 21 décembre 2017 à 12:43

Avis de recherche de Raza Mehmood Khan, militant pour la paix disparu. Utilisé avec permission

Le 2 décembre 2017, Raza Mehmood Khan, militant pakistanais des droits humains, a disparu, suscitant des craintes pour sa sécurité. Khan a été vu pour la dernière fois lors d'une réunion publique contre l'extrémisme dans la ville de Lahore, au Pakistan. Âgé de 40 ans, il était membre du groupe Aghaz-e-Dosti (début de l'amitié), qui travaille à la construction de la paix entre les peuples pakistanais et indien.

La famille de Khan affirme qu'il a été illégalement détenu par les services de sécurité parce qu'il les critiquait. Des allégations qu'ont démenties jusqu'à présent lesdits services.

Ayant effectué des recherches privées 24 heures après sa disparition, les amis et la famille de Khan ont déposé un premier rapport d'information (FIR) auprès de la police.

L'activiste des droits humains Raza Mehmood Khan. Utilisé avec permission.

Le militant des droits humains Raza Mehmood Khan. Utilisation autorisée.

Alors que sa famille attend son retour sain et sauf, les activistes ont lancé une campagne dans les médias sociaux pour faire pression sur les autorités afin qu'elles agissent. Le hashtag #FindRaza est utilisé pour réclamer son retour.

Awais Masood a tweeté :

Une société dotée d'une conscience nourrit et célèbre ses intellectuels organiques, elle ne les fait pas disparaître !

Ses collègues militants ont tenu des rassemblements pacifiques pour exiger sa libération. Marvi Sirmed, journaliste et défenseur des droits humains, a tweeté :

Merci de diffuser ce message. Raza Khan, un jeune activiste de Lahore a disparu le 2 décembre. Nous vous demandons de bien vouloir nous rejoindre pour le chercher et pour exiger de l’État qu'il le trouve.

Le journaliste Umer Ali a tweeté la photo d'une manifestation organisée à Lahore :

Lors de la manifestation de Lahore contre l'enlèvement d'un militant de la paix, Raza Khan, un avocat demande :
“Qui sera le prochain ? Vous, ou moi ?

Saeeda Diep, un activiste qui travaillait avec Khan, a lancé un appel vidéo au président et au premier ministre pakistanais pour la libération de Khan, et Naya Daur, une initiative pour un Pakistan progressiste, a tweeté:

Raza Mahmood Khan, activiste des droits de l'homme, a disparu de Lahore. Saeeda Diep, une célèbre activiste pour la paix indo-pakistanaise, a demandé au président et au premier ministre de retrouver Raza Khan. Nous sommes avec Raza Khan et Saeeda Diep.

À la suite de la campagne et de la déposition de sa famille, la Cour suprême du Pakistan a convoqué la police. Une dépêche de l'agence Reuters indique que :

La Haute Cour de Lahore s'est saisie l'affaire mercredi et le président du tribunal, Anwar ul Haq, a demandé que l'officier responsable du poste de police chargé de l'affaire comparaisse à la prochaine audience le 19 décembre.

Les cas d'activistes disparus au Pakistan

Le phénomène des disparitions forcées n'est pas nouveau au Pakistan. L'année 2017 a commencé avec la disparition forcée de cinq activistes des médias sociaux qui, tout comme Khan, critiquaient les institutions étatiques et militaires. Au bout de 21 jours, les blogueurs ont finalement été libérés.

Depuis leur retour, ils ont dit publiquement avoir été torturés par les agents publics. Leurs déclarations révèlent que des institutions militaires les ont pris en otage et les ont enfermés avec des centaines d'autres hommes dans le même centre de détention, les soumettant constamment à des abus et à des privations de sommeil ainsi qu'à d'autres formes de torture physique, sexuelle et psychologique.

On enregistre actuellement 1.498 cas de disparitions forcées. Une commission d'enquête a été mise en place par le gouvernement pour remédier à la situation, selon un rapport soumis à la Cour suprême du Pakistan.

Il y a aussi des rumeurs très répandues selon lesquelles ils auraient été enlevés pour délit de blasphème [fr] un crime au sens de l'article 295-C du Code pénal pakistanais, qui prévoit la peine de mort pour le contrevenant. Pourtant, aucune preuve de ces allégations n'a été présentée, ni aucune institution n'a revendiqué la responsabilité de leur disparition, ce qui a amené des centaines de personnes à participer à des manifestations de rue pacifiques pour exiger leur retour sains et saufs.

Les lois sur la cybercriminalité au Pakistan: utilisées pour le meilleur ou pour le pire?

La loi sur la prévention des délits électroniques (PECA), communément appelée loi sur la cybercriminalité, a été adoptée en 2016 afin de contrôler les niveaux de cybercriminalité dans le pays. Mais, comme le craignaient les organisations de la société civile, elle est utilisée pour limiter la liberté de parole en restreignant la dissidence sur les plateformes en ligne.

Les Pakistanais laïcs affirment que la religion est devenue une arme pour faire taire la dissidence. Ils soutiennent que les lois – telles que la loi sur la cybercriminalité – sont utilisées pour empêcher les gens d'exprimer leurs points de vue sur les atrocités des agences étatiques de sécurité.

Ces sentiments remontent loin dans l'histoire: lorsque la domination coloniale britannique s'est terminée dans le sous-continent il y a 70 ans, deux nations indépendantes ont vu le jour: le Pakistan et l'Inde. Le code pénal qui a finalement été promulgué au Pakistan a été initialement rédigé par les dirigeants britanniques en 1860.

Bien que revue pour l'adapter aux principes islamiques, la législation est restée essentiellement la même et après plusieurs amendements, la version actuelle est le fruit de la jurisprudence islamique et des lois anglaises, renforçant l'esprit colonial britannique et la protection utilisée pour contrôler les citoyens.

Les amendements à la Constitution de 1985 en sont un exemple. Le tristement célèbre dictateur Zia-ul-Haq [fr], connu pour ses sentiments islamistes, appliquait ces lois. Celles-ci ont non seulement renforcé les groupes militants interdits, elles ont aussi porté atteinte au système démocratique du Pakistan. Ces lois, bien qu'adoptées et défendues périodiquement au nom de la sauvegarde des droits constitutionnels des citoyens, ont, dans la pratique, protègent jusqu'à ce jour les intérêts acquis des riches et des puissants dans la fonction publique.

Le Pakistan est depuis longtemps classé parmi les pays les plus dangereux pour les journalistes, et avec la “guerre contre le terrorisme” qui dure depuis des décennies, la mobilité et la liberté d'expression ont été encore plus réduites à l'imaginaire.

La seule manière pour les citoyens de manifester leurs préoccupations à un public plus large – et aux législateurs en particulier – a été de passer par des plateformes en ligne. Cependant, les récentes attaques contre la dissidence en ligne, au nom de la protection de la sécurité nationale ou pour la gloire de l'Islam, ont suscité la peur au sein de la société.

La répression de la dissidence et les disparitions forcées de militants des droits de l'homme ne prouvent que trop que l'adoption de lois draconiennes et leur mise en œuvre hors contexte effacent souvent ce qui reste de liberté d'expression pour le peuple pakistanais.

Au milieu des bouleversements politiques, de la colère contre l'injustice persistante et des tentatives de réduire au silence les rares et fragiles voix offrant des récits alternatifs au discours officiel largement conservateur, la dernière chose que les citoyens de tout pays pourraient vouloir, c'est craindre pour leur sécurité. Pourtant, au Pakistan, ils y sont contraints.

La société civile libanaise lance une ‘Coalition pour la gestion des déchets’

mercredi 20 décembre 2017 à 14:02

A la conférence de presse annonçant la création de la Coalition pour la gestion des déchets, le 14 décembre 2017. Photo de Bassam Khawaja, utilisation autorisée.

Deux ans après la mise à l'arrêt du pays par une crise des ordures devenue incontrôlable, la constitution d'une coalition de gestion des déchets a été annoncée au Liban. Son but : faire pression sur les autorités pour trouver des solutions durables au problème toujours en suspens des ordures. La coalition, appelée sans apprêt ‘Coalition pour la gestion des déchets’, se compose de multiples organisations environnementales et mouvements de la société civile, selon le quotidien francophone L'Orient-Le-Jour.

Les participant à la coalition sont Beirut Madinati, la campagne de bénévoles pour l'élection d'un conseil municipal d'individus sans allégeances politiques en mai 2016, ainsi que plusieurs ONG et associations de la société civiles telles que : Cedar Environmental, Green AreaGreenpeace, AUB Nature Conservation CenterRecycle LebanonTERRE Liban, Badna Nhaseb (‘Nous voulons une reddition de comptes’), Choueifat Madinati, Sohet Wladna Khatt Ahmar (La santé de nos enfants est une ligne rouge) et Muntada Insan.

Logo de la Coalition pour la gestion des déchets. Source: Site web.

Parmi les membres de la coalition on trouve aussi ‘Vous Puez’, un mouvement de protestation informel qui a démarré en 2015 en réaction à l'incapacité du gouvernement à remplacer la décharge de Naameh qui collectait les ordures de Beyrouth et de la région du Mont Liban (un espace où vit à peu près la moitié de la population libanaise).

L'annonce a été faite lors d'une conférence de presse dans les bureaux de Greenpeace à Beyrouth au moment même où le gouvernement discutait et reportait la décision d'étendre les deux décharges côtières dans les zones de Costa Brava et Borj Hammoud, incluses dans son plan d'urgence à court terme de mars 2016 pour gérer la crise.

La nouvelle de la coalition n'a suivi que de quelques jours la publication du rapport et de la vidéo de Human Rights Watch (HRW) dénonçant les conséquences pour la santé publique de la crise des ordures.

Ce rapport, rendu public le 1er décembre, était consacré aux effets sur la santé des feux dans les décharges sauvages qui prolifèrent depuis la crise des déchets. Des incidences graves sur la santé humaine, allant des pathologies cardiaques et des cancers aux maladies de peau, à l'asthme et autres maladies respiratoires, sont attribuées à ce genre de combustion à ciel ouvert.

L'objectif principal de la coalition est de faire pression sur les administrations en charge de la gestion des déchets solides au Liban pour qu’elles produisent et appliquent une stratégie durable de gestion intégrée. Elle exige que les autorités mettent en œuvre une réduction à la source de la production de déchets, la réutilisation et le recyclage des déchets et leur élimination finale en utilisant les technologies appropriées conformes aux réglementations environnementales nationales et internationales.

Conférence de presse à Berytech : @BeirutMadinati lance avec d'autres groupes une Coalition pour la gestion des déchets afin de promouvoir des solutions viables. C'est formidable que les citoyens soient si compétents, et pas leurs gouvernants !

Soulaïma Chamat, professeure à la Faculté de médecine de l'Université Libanaise (publique), a promis pendant la conférence de presse que la coalition allait utiliser tous les moyens disponibles pour faire pression sur le gouvernement et les administrations concernées afin de leur faire adopter une gestion efficace des déchets, mettant l'accent sur les effets négatifs de cette crise sur la santé publique et sur la place centrale de la sensibilisation dans le futur travail de la coalition.

Malgré les multiples avertissements, le gouvernement libanais reste dans le déni quant à la possibilité d'une nouvelle crise des ordures. Le Ministère de l'Environnement a récemment démenti l'existence d'une telle situation, déclarant qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter, les ordures n'allaient pas revenir dans les rues.

Le groupe militant ‘Megaphone’ a publié une image de la citation du ministre en anglais et arabe, avec le commentaire suivant :

La déclaration du Ministre de l'Environnement ignore qu'en 2018 les décharges provisoires (prévues à l'origine pour 2020) seront pleines

“Nous ne vivons pas une crise des ordures. Il n'y a aucune crainte que les ordures reviennent dans les rues. Il ne faut pas alarmer les gens et les placer devant un problème qui n'existe pas”. La citation du Ministre reproduite par ‘Megaphone’ sur sa page Facebook le 10 décembre 2017. Utilisation autorisée.

Répondant à Global Voices, le chercheur libanais Bassam Khawaja, de Human Rights Watch, a déclaré que “le gouvernement doit écouter ce que disent cette coalition et les Libanais”, ajoutant :

Ce qu'ils veulent, c'est une solution viable sur le long terme de gestion des déchets, et qui respecte le droit des gens à la santé et à un environnement sûr—et non de nouveaux plans d'urgence à courte vue qui laissent la plupart du Liban souillé de monceaux d'ordures en feu.

Hanadi Nasser, activiste du mouvement ‘Vous Puez’, a expliqué à Global Voices pourquoi les incinérateurs prévus ne sont pas une solution :

Les incinérateurs [prévus] mettront les vies en danger avec leurs cendres toxiques dont on ignore ce qui en sera fait et où il est prévu de s'en débarrasser. Vous Puez veut faire partie de la coalition pour mettre la pression au gouvernement et aux municipalités afin qu'ils travaillent sur nos revendications et créent des solutions environnementales durables fondées sur le recyclage et la réduction des déchets.

Quant à Greenpeace, voici sa déclaration à Global Voices :

Greenpeace Monde Arabe et tous les autres membres de WMC espèrent qu'en mobilisant assez de pouvoir populaire et en utilisant tous les outils disponibles tels qu'actions en justice, manifestations pacifiques, campagnes de sensibilisation et initiatives de terrain, la pression mise sur les autorités suffira pour ne leur laisser d'autre choix que de reculer dans leurs activités actuelles ou futures (décharges côtières, incinérateurs…) qui ne sont rien moins qu'un écocide.

Selon son site web, les objectifs de la coalition se rangent en quatre catégories principales.

Premièrement, au plan technique, la coalition veut combattre la proposition d'incinérateurs et le brûlage actuel, en poussant le gouvernement à y substituer une stratégie de réduction des déchets à la source.

Deuxièmement, au plan législatif, le but est de faire pression sur le gouvernement pour qu'il respecte et applique les conventions environnementales internationales auxquelles il est partie et punisse toutes les infractions.

Troisièmement, au plan de la gestion, la coalition veut le retour du dossier de la gestion des déchets au Ministère de l'Environnement, ce qui permettra l'exhaustivité de la vision, des dispositifs, des projets et de la planification à moyen et long terme dans tous les domaines relatifs à l'environnement, y compris une proposition d'étapes de mise en œuvre et un plan de surveillance de l'exécution basée sur une méthode participative.

Et enfin, au plan du développement social, elle veut poursuivre les campagnes de sensibilisation pour promouvoir les principes basiques de la réduction, de la réutilisation et du recyclage.

Trouver une solution au problème libanais des ordures redevient une urgence car les deux décharges temporaires de Bourj Hammoud et Costa Brava seront pleines au courant de 2018, et l'ajout de pression de la Coalition pour la Gestion des déchets est susceptible de mettre les choses en mouvement.

Organisations et particuliers intéressés peuvent adhérer à la coalition en passant par son site internet.

Des initiatives pour l'activisme environnemental prennent leur envol à Cuba

mercredi 20 décembre 2017 à 12:38

Le Centre pour l'éducation et la promotion du développement durable (CEPRODESO) est une coalition environnementale avec une tradition d'engagement dans l'influence politique (Photo: Ramón Crespo. Utilisation autorisée)

* Cet article a été publié à l'origine dans Barrio Journalism (Periodismo de Barrio). Pour lire la version originale cliquer ici et pour d'autres articles de Ramón Crespo Hernández ici.

Le Centre pour l'éducation et la promotion du développement durable (CEPRODESO) a commencé ses activités au début des années 2000 au sein des communautés des zones protégées autour de Vueltabajo, une région productrice de tabac dans la province cubaine de Pinar del Rio. À cette époque, on demandait aux habitants de cesser l'exploitation forestière et la chasse, mais on ne leur proposait pas de solutions de rechange viables en harmonie avec leurs coutumes. Juan Francisco Santos Estévez, coordinateur de l'organisation, explique :

Ces personnes ont accumulé toute une vie de connaissances par la coexistence avec la nature, et notre travail consistait à (re) construire une mémoire collective plus large. Notre objectif était de démanteler les comportements nuisibles, alors nous avons commencé par leur demander quels changements ils voulaient réellement et à construire un plan pour leur avenir.

Et d'ajouter :

Nous définissons l'éducation environnementale comme un processus qui permet aux personnes d'élever leur niveau de compétence afin d'établir des formes d'interaction durable avec la nature.

L'organisation perçoit la nature comme une relation entre égaux et affirme que c'est le moyen idéal de construire une société qui aime et respecte toutes les formes de vie et qui, à son tour, se respecte.

“L'écologie politique”, explique Santos, c'est “considérer la nature comme sujet de droit au même titre que les êtres humains, un concept difficile parce qu'il remet en question la vision anthropocentrique [fr] à laquelle nous sommes habitués”.

Santos soutient que la culture occidentale voit l'environnement comme une source de biens mis à la disposition de l'humanité. Par conséquent, les gens ont tendance à parler de ressources naturelles en utilisant une terminologie économique, alors qu'en réalité ils font référence à des organismes vivants et à des écosystèmes, et non à des objets de consommation.

Pour changer cette mentalité, le CEPRODESO fonde sa philosophie éducative sur les principes du pédagogue brésilien Paulo Freire [fr].

Avec des activités plus développées qu'à ses débuts, le CEPRODESO propose des ateliers pour les enfants, accompagne les délégués des conseils populaires et promeut la recherche académique ainsi qu'un programme de communication alternatif, le tout dans sa quête de la mobilisation de la responsabilité sociale.

Créé en 1999, le CEPRODESO comprend toujours six spécialistes qui partagent un engagement envers la gestion environnementale participative et l'écologie politique. Dépendant du Centre pour les services environnementaux, le groupe a participé à des dizaines d'activités, de mouvements et d'organisations à travers Cuba et les Amériques au cours des 18 dernières années.

Leurs “grands frères” bien connus sont le TECMA (Théâtre de rue environnemental) et le CREA (Comment puis-je construire l'éducation environnementale), des collectifs formés à la méthodologie de l'éducation environnementale populaire qui travaillent au sein du plus grand réseau national d'éducateurs du Martin Luther King, Jr. Centre aux États-Unis.

Santos explique :

Ce que nous faisons exige un effort multiple de la part des organisations, des entités et de la société civile.

En plus de ces activités, le CEPRODESO organise la Conférence semestrielle d'expériences latino-américaines en éducation environnementale populaire pour discuter des questions liées aux intérêts cubains.

La septième conférence a réuni plus d'une centaine de personnes provenant des Caraïbes et d'Amérique latine. Des représentants d'organisations telles que le Mouvement des travailleurs ruraux sans terre, la Marche mondiale des femmes, le réseau Saddlebag et les Amis de la Terre International se sont entretenus avec leurs homologues cubains.

Malgré la faible participation des médias à cause de sa tenue à Pinar del Rio, à l'ouest, loin de La Havane la capitale, la conférence a abordé certains des problèmes environnementaux les plus urgents de la région tels que la marchandisation de la nature, la salinisation, la perte de biodiversité, les politiques publiques environnementales et l'anti-extractivisme des minéraux et autres ressources.

Ces citoyens italiens réduits au silence se dressent contre le gazoduc européen

mardi 19 décembre 2017 à 11:32

Arrêt sur image d'une vidéo d'une manifestation contre le gazoduc trans-Adriatique. Photographie : Paolo Zuccotti / 350.org, reproduit avec autorisation.

Cet article se base sur une publication originale de 350.org et est republié dans le cadre d'un partenariat avec Global Voices.

Dans le sud de l'Italie, des instituteurs, des mères de famille, des grands-parents, du personnel soignant et des exploitants de plantations d'oliviers mènent une résistance pacifique pour protéger leurs terres et leurs communes d'un énorme projet de gazoduc.

Depuis le 13 novembre, la police interdit l'accès à toute une “zone rouge” autour du chantier du gazoduc trans-Adriatique (Trans Adriatic Pipeline, TAP) aux journalistes, citoyens et fonctionnaires locaux.

Malgré cette interdiction, la violence de la police et des amendes montant jusqu’à dix mille euros, la commune de Melendugno est déterminée à poursuivre sa résistance.

Voici quelques-uns des participants au blocus citoyen :

Valentina : Je suis artisan. Je suis ici parce que j'aime ma terre et que [..] je suis fatiguée de voir que tant d'argent public est dépensé pour des gains privés, dans l’intérêt de quelques-uns plutôt que pour la population.

[…] Tous les médias, journaux, chaînes de télévision locales nous ont complètement censurés. Vous ne pouvez pas parler de NoTAP. Il y a tellement d'argent en jeu que c'est tentant, pour eux, de faire ça plutôt que de protéger notre territoire, l'environnement, le futur des gens et notre santé.

[…] Nous avons déjà dénombré 16.000 pots-de-vin utilisés pour acheter le consentement et le silence.

Anna Maria : Je suis une mamie NoTAP, je me bats pour la terre, mais surtout parce que ma famille a été touchée par un problème sérieux. Un de mes neveux a une maladie rare, très rare […]. Le diagnostic de l’hôpital de Trieste est “facteurs relatifs à l'environnement”. C'est pour ça que j'ai cette force pour me battre.

[…] Ils coupent les oliviers, ou plutôt, ils les détruisent. […] Il y a une force en moi qui me pousse à me battre, contre la mafia, contre la corruption, contre l'injustice.

Simone : Je suis juriste et membre du conseil municipal de Melendugno […] Nous (la commune de Melendugno) sommes du côté des citoyens et nous y serons toujours, parce que ce n'est pas un autre cas de NIMBY [Not In My Backyard, pas dans mon arrière-cour, NdT], mais une opposition consciente.

Nous considérons que ce projet est inutile car nous n'avons pas besoin de plus de gaz […] dans une région à vocation touristique, […] parce que nous pensons que la stratégie énergétique de l'Italie est obsolète. […] La région des Pouilles est le plus important producteur d'énergie renouvelable d'Italie.

Francesco : On les [les ouvriers de TAP] a attendus [sur le site des travaux]. Pour imposer l'ordre, la police a utilisé […] les matraques à notre encontre […]. Nous sommes peu nombreux, mais nous sommes déterminés.

[…] Près d'ici, il y a une zone protégée très importante. Il y a un marécage. Nous sommes à 300 m de la mer, la côte est protégée, et ils veulent faire arriver leur gazoduc juste ici. […] Nous voulons seulement que cet endroit soit respecté.

Aurora : Nous nous battons contre un projet imposé dont la région ne veut pas. [..] Nous nous sentons vraiment démunis. Nous allons continuer à résister avec toute la force que notre terre et notre mer nous donnent. […] Quand autant de forces de l'ordre se trouvent en face de vous, policiers et gendarmes, vous vous rendez compte que l’État est esclave.

[…] Certains se battent contre ce gazoduc, contre TAP, depuis six ans maintenant. […] Depuis six ans, ingénieurs et chercheurs ont compris que ce gazoduc est problématique […] pour la terre, pour notre santé, pour le tourisme.

Sabina : Je me bats contre tout ce qui peut changer une façon positive de vivre du tourisme. Nous n'utilisons que 40% de l'énergie à notre disposition donc non, ce [projet] n'est pas nécessaire du tout. Pour nous c'est un problème européen. Ce n'est pas le problème de Salento, de Melendugno, de San Foca, c'est un problème pour l'Europe. Nous devons […] nous unir dans cette bataille, parce que ce n'est pas seulement la nôtre. […] Ce n'est pas juste, pas nécessaire, et c'est dangereux.

Le soutien à la population locale s'intensifie alors que les banques sont soumises à une pression internationale pour rejeter les demandes de prêts dont le projet a besoin pour se poursuivre. Par exemple, de plus en plus de citoyens en appellent à la Banque européenne d'investissement à promettre de ne pas financer les 1,5 milliards d'euros de TAP.

TAP fait partie du projet énergétique phare de la Commission européenne, le Corridor gazier sud-européen. L'Union européenne pousse à développer massivement une nouvelle infrastructure gazière bien que celle qui existe déjà opère au-dessous de sa capacité et malgré le fait que le développement du marché gazier soit incompatible avec l'Accord de Paris sur le climat.

Films réalisés par Paolo Zuccotti et Jan Hajdelak pour 350.org. Musique : Am-Trans par Podington Bear (Licence international Attribution-NonCommercial 3.0 – www.soundofpicture.com)

Campagne d'outre-tombe : Sur le réseau social russe Vkontakte, des messages pro-Poutine d'utilisateurs décédés

lundi 18 décembre 2017 à 22:16

Des centaines de messages pro-Poutine identiques ont été postés sur le réseau social russe Vkontakte. De nombreux utilisateurs dont les comptes ont publié ces messages sont décédés. Collage de l'auteur Alexey Kovalev

Vendredi 15 décembre, au lendemain de la conférence de presse annuelle de Vladimir Poutine, lors de laquelle il a finalement annoncé qu'il se présenterait à la présidentielle de 2018, Vkontakte, le grand réseau social russe, était submergé de messages à la gloire du président. Des citations de la conférence de presse ont été postées par des centaines d'usagers de Vkontakte sous le hashtag #ПутинКрут (#PoutineEstSuper).

Le hic : beaucoup de ces usagers sont morts depuis longtemps. Ceux qui connaissaient de leur vivant les propriétaires de ces comptes Vkontakte ressuscitées ont été choqués de les pages de leurs parents et amis reprendre du service des mois ou années après leurs ultimes messages. 

Une femme dont le compte Vkontakte arborait un récent message pro-Poutine n'avait rien publié depuis des années. Il y a quelques jours pourtant, son profil a soudain repris vie, avec une citation de Poutine dotée du hashtag #ПутинКрут sur plusieurs pages de communautés Vkontakte. Quelqu'un, probablement de sa famille ayant toujours accès à son compte, a posté un message informant ses abonnés que Liudmila est décédée en 2013.

La plupart de ces comptes Vkontakte appartenant à des Russes trépassés et qui s'étaient mis à poster des messages pro-Poutine ont été promptement suspendus. Sollicitée par des journalistes pour commentaire, la direction de Vkontakte a répondu que ces comptes avaient été piratés par des inconnus.

On ne s'étonnera pas que beaucoup d'internautes russes restent blasés face à cette tactique électorale contestable :

Cette histoire de publications en masse avec le mot-dièse #ПутинКрут sur Vkontakte par des comptes de personnes décédées est tellement sale que je ne peux même pas imaginer ce qu'ils vont inventer quand la campagne commencera officiellement. De toute façon, on a déjà touché le fond depuis longtemps.

“On a trouvé sur le réseau social russe des messages avec le hashtag #ПутинКрут émanant de gens morts depuis longtemps”.
C'est ça le véritable soutien populaire : même les morts sont pour le tsar.

Beaucoup d'images avec les citations de Poutine postées par les comptes d'usagers décédés portaient le logo de Molodaïa Gvardiya (La Jeune Garde de Russie Unie), la branche jeunesse du parti au pouvoir. Dans sa réponse aux questions des journalistes sur l'incident, la porte-parole de l'organisation Anna Rogatcheva a nié toute implication et attribué les messages “zombies” à des ‘provocateurs anonymes’. 

Le passé de Jeune Garde comme mouvement de jeunesse pro-Poutine est entaché de controverse. En 2010, deux militants, dont l'un devint par la suite député au parlement russe, ont été découverts allumant un bosquet et faisant semblant de l'éteindre tout en tweetant frénétiquement— ceci pendant une série nationale d'incendies de forêts.

Un des chefs du mouvement, qui exerce aujourd'hui une fonction de premier plan dans le parti au pouvoir, est soupçonné d'avoir ordonné une agression violente contre un célèbre journaliste.

Se remémorant la réputation loin d'être sans tache de Molodaïa Gvardia, peu se sont laissé convaincre par l'explication de la porte-parole Rogatcheva :

\La Jeune Garde de Russie Unie a déclaré n'avoir aucune part à la diffusion des messages de profils de personnes décédées\
Qui en douterait. Ben voyons, les morts ont ressuscité avec leurs faux, juste pour exprimer sur les réseaux leur amour du chef. Ça rappelle exactement “Les Âmes mortes [le célèbre roman de Gogol]. Une farce 😬