PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

La catastrophe du barrage de Brumadinho au Brésil inquiète dans l’État de São Paulo, qui compte plus de 7.000 retenues

mercredi 8 mai 2019 à 12:52

“Chacun a peur, tous les riverains de barrages sont inquiets”

Des habitants assistent à une session de l'Assemblée législative | Image: Guilherme Gandolfi/Utilisation autorisée

Cet article est publié dans le cadre d'un partenariat entre Global Voices et Agência Mural. Il a été écrit par Jéssica Moreira et Ira Romão.

Le 25 janvier 2019, un barrage s'est rompu à la Mina do Córrego do Feijão, exploitée par la compagnie minière Vale à proximité de la ville de Brumadinho, dans l’État de Minas Gerais. La tragédie a fait 235 morts et 35 disparus. Le Procureur public du Minas Gerais a parlé de crime environnemental et d’homicide volontaire.

Cette catastrophe est devenue un sujet de préoccupation très discuté dans l’État voisin de São Paulo, et plus particulièrement à Perus, un district de la capitale de l’État. Sur les 7.449 barrages de l’État de São Paulo, deux sont situés à Perus, mais la plupart des habitants n'en ont pas connaissance, même trente ans après leur construction.

Le 20 mars, les habitants et les membres de mouvements sociaux du district ont tenu une soirée “Sommes-nous en sécurité ?” pour parler de l'état des retenues et informer sur les mesures préventives prises par la compagnie minière et la Défense civile régionale.

La directrice d'une école locale, la professeure Franciele Busico Lima, a raconté qu'on lui posait quotidiennement des questions sur les barrages. L'enseignante de 49 ans a rejoint les membres d'autres mouvements sociaux du voisinage pour organiser des réunions et trouver des moyens d'informer les riverains sur les risques liés aux barrages.

“On a tous appris par les médias. On ne savait pas. On connaissait l'existence des carrières mais pas des barrages, ni des problèmes que ça génère. On veut savoir”, dit-elle.

Lorsque des membres du Mouvement des personnes affectées par les barrages (MAB), un groupe national de défense des droits, sont allés dans les bureaux de la Défense civile d’État pour recueillir le plan d'urgence des barrages, il leur a été répondu qu'il serait à leur disposition le 8 mars. Fin mars, ils n'en avaient toujours pas vu la couleur.

Franciele travaille à Cieja Perus, où les élèves ont interrogé sur les barrages | Image: Ira Romão/Agência Mural

Sollicitée par Agência Mural pour commenter, la Défense civile a déclaré que la version préliminaire a été distribuée. Cependant, “avant de le rendre public pour la collectivité, il y aura un examen institutionnel avec des ajustements et modifications subséquentes au Plan d'urgence”.

Mobiliser après Brumadinho

Les habitants de São Paulo se mobilisent depuis les premiers jours après les dommages causés à Brumadinho (une ville à 554 km de là).

En février, le MAB a organisé une audition publique de l'Assemblée législative (Alesp), à laquelle ont participé plus de 200 personnes concernées par les barrages à travers l'État, dont le quartier de Perus et les villes de Pedreira, Americana, Votorantim, Vale do Ribeira, Santos, Cubatão and Bertioga.

“C'est étonnant, le nombre de barrages présents dans l'État. Il y en a plus de sept mille – une sorte de “bombe” pouvant exploser à tout moment”, dit Liciane Andrioli, 38 ans, une membre de MAB.

La rencontre a servi de point de départ à l'activisme public autour de ces développements. “L'impression que ça nous donne est d'ouvrir une boîte noire dans l'État de São Paulo avec des incidents qui, à notre surprise, ont été invisibilisés”, explique Liciane. “Tant Vale que l'entreprise allemande de certification [TÜV-Süd, responsable du diagnostic qui a certifié la sécurité du barrage à Brumadinho] ont présenté l'information qu'il n'y avait aucun problème, et pourtant nous avons connu une des plus grosses tragédies sociale, de travail et environnementale de l'histoire du pays”.

“Nul ne sait ce qui se passe à l'intérieur des compagnies. On sait seulement leur volonté d'exploiter. Et la question de la sécurité est laissée à leur bon vouloir. Tout le monde a peur, chacun qui vit près d'une retenue est inquiet”, dit Cleiton Ferreira, 34 ans, un habitant de Perus et coordinateur de la communauté culturelle Quilombaque.

Sans accès aux plans d'urgence, difficile de savoir combien d'habitants pourraient être affectés dans la région. Un peu plus de 144.000 personnes vivent dans le district de Perus, et depuis la catastrophe de Brumadinho la population est dans l'inquiétude. Il y a eu beaucoup de discussions en ligne sur le sujet dans des groupes comme “Les Amis de Perus Officiel”, qui compte 77.000 membres et plus de 300 commentaires exprimant inquiétude et désarroi du fait du manque d'information.

Un sentiment de peur flotte également au-dessus des rues, écoles, dispensaires et autres lieux publics de la région. La grande question est : où se trouve le plan d'urgence et pourquoi n'a-t-il jamais été montré à la population ?

Les compagnies

Un des barrages de la région porte le nom de Pedreira Juruaçu. Son réservoir a une capacité de 3,1 millions de mètres cubes sur une superficie de 192.000 mètres carrés, et contient des résidus solides de la production de graviers, essentiellement du sable fin et de l'argile. Il appartient à la compagnie Embu S.A., créée en 1988.

Agência Mural a contacté Embu, et aux dires de l'ingénieur Marco Antônio Martins, le réservoir est déjà pratiquement plein. “La structure a été conçue, réalisée et opère en utilisant la méthode de remplissage vers l'aval, considérée par les ingénieurs comme la plus sûre pour ce type de retenue”, dit-il.

Il a ajouté que la compagnie a d'ores et déjà pris la décision de rechercher des procédés alternatifs de traitement des résidus, avant même la tragédie de Brumadinho. “La direction d'Embu S.A. et l'équipe technique n'ont pas de problème à affirmer la sécurité et la stabilité du barrage de Pedreira Juruaçu”, dit-il.

L'autre barrage comporte un réservoir d'eau et appartient à la compagnie Territorial São Paulo Mineração Ltd, créée en 2000.

Cette retenue a une hauteur de 25 mètres, une longueur approximative de 160 mètres, une capacité du réservoir d'approximativement 66 milliers de mètres cubes. Par le passé, le réservoir a servi à entreposer des matériaux pris à la roche pour la production de sable utilisé dans l'industrie du bâtiment.

Selon Patrícia Bueno Moreira, directrice des affaires juridiques de Territorial, ce barrage a également été construit selon la méthode du remplissage vers l'aval. Elle a aussi souligné le fait que le barrage est inactif depuis plus d'un an.

“Il ne reçoit plus de résidus du processus de lavage du sable. Toutes les études nécessaires de confirmation de stabilité sont continuellement réalisées et notre personnel technique affirme que la structure est sûre”, a-t-elle affirmé.

En 2017, le Procureur public de São Paulo a mené un audit des deux compagnies. Pour le barrage de Territorial, l'audit a relevé des insuffisances liées à la vidange, telles que l'impossibilité de localiser la sortie de la vidange interne du barrage. Selon le rapport, “l'obstruction de la sortie de la vidange interne d'une retenue peut contribuer aux processus causant une potentielle rupture”.

Le vote albanais sera déterminant dans l'élection présidentielle en Macédoine du Nord

lundi 6 mai 2019 à 12:32

Deux électeurs devant un bureau de vote en Macédoine du Nord. Photo by Meta.mk News Agency/Borche Popovski, CC BY.

Cet article est initialement paru sur Meta.mk News Agency, un projet de la Metamorphosis Foundation. Une version adaptée est publiée ci-dessous dans le cadre d'un accord de partage de contenus.

La Macédoine du Nord vote dimanche 5 mai pour le second tour de l'élection présidentielle. La participation et le résultat restent incertains.

Il s'agit de la première élection présidentielle depuis que le VMRO-DPNME a perdu la majorité parlementaire en 2016 après 12 années au pouvoir, et du premier grand test du soutien politique à la coalition de gouvernement conduite par le pro-occidental Parti social démocrate (SDSM).

Le candidat social-démocrate, Stevo Pendarovski, a tout juste franchi le 1er tour avec 42,81 % des voix : sa principale adversaire, Gordana Siljanovska Davkova du VMRO-DPMNE, a terminé avec 42,25 %, un écart de seulement 4.486 voix.

Ceci est la marge la plus étroite entre deux candidats arrivés au second tour des cinq dernières élections présidentielles de Macédoine du Nord.

Autre source d'inquiétude : est-ce que le second tour atteindra le quorum pour que les résultats soient valides. La loi macédonienne impose pour cela qu'au moins 40 % du corps électoral, soit 1,8 millions d'inscrits, ait voté. Au premier tour, le 21 avril, la participation a été de 41,67 %, à peine au-dessus du seuil.

Votes albanais

Le troisième candidat, Blerim Reka, qui est d'ethnie albanaise, a obtenu 10,6 % des voix au premier tour. La communauté d'ethnie albanaise représente environ un quart de la population de la Macédoine du Nord, et il est généralement admis que la plupart des voix de Reka provenaient des citoyens partageant son ethnicité.

Panneau publicitaire du candidat d'ethnie albanaise à la présidence Blerim Reka dans le centre de Skopje, Macédoine du Nord. Photo Global Voices, CC-BY.

Ce sont probablement les électeurs de Reka qui décideront du résultat final. De nombreux analystes conviennent que ces voix iront très probablement à Pendarovski, puisque la plateforme du VMRO-DPMNE est largement axée sur la promotion du nationalisme ethnique macédonien.

Le journaliste local Furkan Saliu a tweeté en deux langues, albanais et macédonien, sur le fait que le criminel de guerre reconnu coupable Johan Tarchulovski, un député VMRO-DPMNE, a participé à la campagne de Siljanovska.

En un sens, il ne semble pas juste d'être soutenu par un criminel condamné pour crimes de guerre contre les Albanais, tout en sollicitant les voix des Albanais.

Message au gouvernement

Si on additionne les voix de Siljanovska et de Reka, plus les bulletins non valides, 432.000 personnes au total n'ont pas voté pour l'actuel gouvernement Social-démocrate.

Le premier ministre Zoran Zaev a déclaré que le parti avait entendu le message populaire. Zaev a dit que les résultats du premier tour de l'élection traduisaient le mécontentement contre la médiocre performance des échelons inférieurs de son administration, et a annoncé un “grand ménage” des fonctionnaires corrompus ou incompétents.

Stevo Pendarovski et Gordana Siljanovska Davkova, les candidats au second tour de l'élection présidentielle en Macédoine du Nord, le 5 mai. Photo Meta.mk News Agency, CC BY.

Pour preuve de soutien, l'acteur Dragan Spasov, connu sous le nom de scène Dac, a fait cadeau à Zaev d'un balai lors d'un rassemblement public. En janvier 2018, Dac avait démissionné de la direction du Théâtre national, après qu'il eut causé un accident de la circulation dans lequel une jeune femme avait été renversée, sans blessure grave. Depuis, il va répétant que cet exemple de responsabilité politique devrait être suivi par tous les fonctionnaires.

La perception du gouvernement est qu'il existe une certaine déception après les récents scandales de népotisme, quand des députés et des ministres ont placé des membres de leurs familles à des postes d'entreprises d’État. Le 25 avril, Zaev a ordonné à ce genre d'individus de démissionner.

Par ailleurs, des responsables du VMRO-DPMNE dans l'opposition ont une interprétation supplémentaire : ils ont expliqué que les résultats de l'élection reflétaient également le mécontentement de l'opinion contre l'Accord de Prespa, qui a changé le nom du pays en Macédoine du Nord et mis fin à 27 ans de querelle avec la Grèce, et quel le VMRO-DPMNE rejette avec acharnement.

L'accord a conduit ses signataires, le Premier ministre macédonien Zoran Zaev et son homologue grec Alexis Tsipiras, à être proposés pour le prix Nobel de la Paix. Siljanovska a déclaré à de multiples reprises que si elle est élue, son gouvernement n'utilisera jamais le nom de Macédoine du Nord.

Pour sa part, Pendarovski a affirmé que voter VMRO-DPMNE, c'est vouloir revenir au pouvoir de l'ex-Premier ministre Nikola Gruevski, condamné en 2018 à deux ans de prison pour faits de corruption, actuellement en fuite en Hongrie.

Reste qu'avant toute chose, une participation minimale de 40 % doit être atteinte. A défaut, le processus électorat devra repartir de zéro, et une nouvelle crise politique pourrait s'ensuivre.

[Mise à jour du 6 mai 2019 à 00:03 : Résultats officiels : M. Pendarovski a été élu avec 51,75% des suffrages, contre 44.65 % pour sa rivale nationaliste Siljanovska. Le taux de participation a été de 46%]

@DigiAfricanLang : Mama A. Nii Owo et l'enseignement bilingue en Afrique, du 1er au 7 mai 2019

dimanche 5 mai 2019 à 19:45

Photographie fournie par Mama A. Nii Owo.

En 2019, dans le cadre d'une campagne de célébration de la diversité linguistique sur les réseaux sociaux, nous avons décidé d'inviter des militants linguistiques africains à piloter le compte Twitter @DigiAfricanLang et à partager leur expérience sur la revitalisation et la promotion des langues africaines. Mama A. Nii Owo (@AdobeaO) nous explique ce qu'elle a l'intention de discuter pendant sa semaine.

Rising Voices (RV) : Pouvez-vous nous parler de vous ?

My name is Mama A. Nii Owoo. I also write under a pseudonym Naa Oyoo Owoo which is my ethnic and ancestral name. My ethnic language is Gã. Gã is the indigenous language of natives from Accra, Ghana. In addition to GãDangme, I speak a number of languages: Akan (Ghanaian language, English, Spanish and French.

I am curious about the kind of implementational spaces that educators can open or closed for indigenous languages to thrive. I love teaching and have worked with students of all age levels in Ghana, Cuba, the USA, Spain and Canada. I have also worked as a Translator in Spain at the Universidad de Sevilla International Center in Spain. Currently, I am studying for a Ph.D. in Language & Literacies Education at the Ontario Institute for Studies in Education.

My research interests lie in language policy and how educators’ language experiences inform the way they implement mother-tongue based bilingual education policy for students.

Je m'appelle Mama A. Nii Owoo. J'écris aussi sous le nom de Naa Oyoo Owoo, qui est mon nom ethnique et ancestral. Ma langue est le ga [fr]. Le ga est la langue autochtone des habitants d'Accra, au Ghana. Je parle plusieurs autres langues en plus du GaDangme : l'akan (une langue ghanéenne), l'anglais, l'espagnol et le français.

Je m'intéresse au type d'espace de mise en œuvre que les éducateurs peuvent ouvrir ou fermer pour que les langues autochtones prospèrent. J'adore enseigner et j'ai travaillé avec des étudiants de tous âges au Ghana, à Cuba, aux États-Unis, en Espagne et au Canada. J'ai aussi travaillé en tant que traductrice au Centre international de l'université de Séville, en Espagne. En ce moment je travaille sur ma thèse de doctorat sur l'alphabétisation et l'enseignement de la langue à l'Institut des études de l'éducation de l'Ontario.

Mes sujets de recherche couvrent les politiques linguistiques et les expériences linguistiques des éducateurs qui façonnent leur implémentation de politiques linguistiques bilingues basées sur la langue maternelle des étudiants.

RV : Quel est l'état actuel de votre langue sur et en dehors d'Internet ?

Gã, my native language is going through a process of revitalization and modernization. Apart from local television and radio programs in Ghana, older and younger generations of Gã speakers in Ghana and in the diaspora are creating awareness around the preservation of the language by setting up virtual language havens on social media platforms such as Facebook, Twitter, Blog sites, websites, etc.

Looking at popular culture, artists are creating resources such as music and theatrical skits and shorts in Gã that can be useful in the educational sphere. You can also find resources such as religious literature, bibles, dictionaries and historical treatises of the how the Gadangme came to settle in present-day Ghana after a series of migrations which has been linked to the biblical exodus from Egypt.

Ma langue maternelle, le ga, est en train de traverser une période de revitalisation et de modernisation. En plus des programmes locaux de télévision et de radio, les vieilles et jeunes générations de locuteurs de ga au Ghana et dans la diaspora sensibilisent les gens à la préservation de la langue en créant des havres linguistiques virtuels sur les plates-formes des médias sociaux, comme Facebook, Twitter, des blogs, des sites internet etc.

Si on considère la culture populaire, des artistes créent des ressources comme de la musique, des sketches et de courtes pièces de théâtre en ga qui peuvent être utiles dans la sphère éducative. Vous pouvez aussi trouver du contenu tel que de la littérature religieuse, des bibles, des dictionnaires et des traités historiques, sur la façon dont le gadangme s'est établi dans le Ghana moderne après une série de migrations rattachées à l'exode biblique depuis l’Égypte.

RV : Sur quels sujets allez-vous communiquer sur le compte @DigiAfricanLang ?

I will focus on the accessibility and availability of educational resources for learning indigenous Ghanaian languages online. I will focus more on Gã as it is my native language.

Je vais me concentrer sur l'accessibilité et la disponibilité des ressources éducatives pour apprendre les langues autochtones ghanéennes en ligne. Je me concentrerai davantage sur le ga puisque c'est ma langue maternelle.

RV : Qu'est-ce qui motive votre militantisme linguistique pour le ga ?

I used to be a Spanish teacher and I loved my job. However, I became involved in indigenous language revitalization because I realized that the absence of educational resources in indigenous languages is a huge contributor to Ghana’s child literacy crisis. Having proficiency in your mother tongue is critical to your educational development and to understanding other languages and cultures.

Additionally, I was studying a language my community did not need. There is a need for Africans to tailor their education to meaningfully address the developmental issues their communities face. Mother-tongue based instruction is a cornerstone of literacy development and vital to developing academic skills in English. Unfortunately, this task has been neglected in schooling Africans.

I founded the Afroliteracies Foundation (AF), @afroliteracies, a think tank and action-research based network for revitalizing indigenous African languages in education based in Ghana. The Afroliteracies Foundation brings together teachers and community language experts to develop culturally relevant bilingual teaching and lesson materials for free use in Ghana and other contexts.

J'étais professeure d'espagnol et j'adorais mon travail. Pourtant, je me suis retrouvée impliquée dans la revitalisation des langues autochtones parce que j'ai réalisé que l'absence de ressources éducatives dans ces langues est un énorme facteur dans la crise d'alphabétisation des enfants au Ghana. La compétence dans sa langue maternelle est critique au développement éducatif et à la compréhension d'autres langues et d'autres cultures.

En plus de cela, j'étudiais une langue dont ma communauté n'avait pas besoin. Les Africains ont besoin d'adapter leur éducation pour aborder de façon significative les problèmes de développement auxquels leurs communautés font face. L'instruction dans la langue maternelle est une pierre angulaire de l'alphabétisation et est vitale pour développer des compétences académiques en anglais. Malheureusement, cette tache a été négligée dans l'éducation des Africains.

J'ai créé la Fondation afroliteracies, un groupe de réflexion et un réseau de recherche et d'action pour la revitalisation des langues autochtones africaines dans l'éducation au Ghana. La fondation rassemble des enseignants et des experts linguistiques communautaires afin de créer des ressources éducatives bilingues culturellement pertinentes et des leçons à usage gratuit au Ghana et dans d'autres contextes.

RV : Qu'espérez-vous pour votre langue ?

In one of my wildest dreams, Gã is a language at par with English in terms of the intellectual vibrancy and socio-economic status English enjoys. But that is a limited vision because I tend to see English as an imperial language fighting against the linguistic diversity that is woven into the fabric of human cultures. So, I hope that intellectualizing Gã to the zenith that meets our community’s immediate and long-term needs can set off a trend for other lesser known indigenous African languages in the areas of educational and technological innovation, scientific research, literary and artistic reproduction, etc.

Dans l'un de mes rêves les plus fous, le ga est sur un pied d'égalité avec l'anglais, en termes de vitalité intellectuelle et de statut socio-économique. Mais c'est une vision limitée, parce que j'ai tendance à considérer l'anglais comme une langue impérialiste en guerre contre la diversité linguistique tissée dans la trame des cultures humaines. Donc j'espère qu'intellectualiser le ga à son zénith pour répondre aux besoins de notre communauté, immédiats comme à long terme, peut déclencher une tendance pour d'autres langues autochtones africaines peu connues, dans les domaines de l'innovation pédagogique et technologique, de la recherche scientifique, la reproduction littéraire et artistique etc.

L'Angola annule un appel d'offres après une suspicion de fraude

dimanche 5 mai 2019 à 16:18

La une du Jornal de Angola concernant l'appel d'offres remporté par Telstar. Capture d'écran de Dércio Tsandzana, 19 avril 2019, utilisée avec autorisation

[Tous les liens sont en portugais, sauf mention contraire]

Le 18 avril dernier, le président angolais João Lourenço a annulé l’appel d’offres concernant le quatrième opérateur de téléphonie mobile du pays, au motif que Telstar, l’entreprise gagnante, ne respectait pas certaines exigences. Une décision qui met en lumière d’éventuelles divisions au sein du gouvernement angolais.

La création de Telstar remonte à janvier 2018, avec un capital de 550 euros, et ayant pour actionnaires le général Manuel João Carneiro (90%) et l’homme d’affaires António Cardoso Mateus (10%), selon le journal Português Observador. Le grade de général de Manuel João Carneiro lui fut accordé par l’ancien président José Eduardo dos Santos, à en croire le site d’informations angolais Club Net.

Selon l’Observador, 27 entreprises ont répondu à l’appel d’offres lancé par le Ministère des Télécommunications et des Technologies de l’Information, et supervisé par José Carvalho da Rocha.

Toutefois, le 25 avril, João Lourenço signa un arrêté établissant de nouvelles règles pour l’ouverture d’un appel d’offres, selon le Jornal de Angola.

Suite à la publication des résultats de l’appel d’offres, les Angolais s’interrogeaient déjà sur l’intégrité du processus, notant par exemple l’absence de site Internet de Telstar. C’est ainsi ce que pointe du doigt Skit Van Darken, éditeur et organisateur d’événements, sur sa page Facebook :

A Telstar – Telecomunicações, Lda, constituída a 26 de Janeiro de 2018, com capital de 200.000 Kwanzas…de acordo com o Diário da República, cujos accionistas são o general Manuel João Carneiro (90% do capital), na reforma, e António Cardoso Mateus (10%).

O accionista maioritário tem ligações à empresa Mundo Startel, uma sociedade de capitais anónimos, registada na INACOM, o regulador das telecomunicações, com licença de telefonia fixa, entretanto expirada. Uma empresa que nem se quer website tem!

EU NÃO ACREDITO SE QUER QUE EXISTIRAM OUTROS CONCORRENTES

ESSE PAÍS É UMA DESGRAÇA

Telstar – Télécommunications, créée le 26 janvier 2018, avec un capital de 200 000 Kwanzas… selon le Diário da República, dont les actionnaires sont le général Manuel João Carneiro (90% du capital) et António Cardoso Mateus (10%).

L’actionnaire majoritaire entretient des liens avec Mundo Startel, une société de capitaux anonymes, enregistrée auprès de l’INACOM, l’autorité de réglementation des télécommunications, avec une licence de téléphonie fixe, qui a depuis expiré. Une entreprise qui ne possède même pas de site web !

JE NE CROIS PAS QU’IL Y AVAIT D’AUTRES CONCURRENTS

CE PAYS EST UNE HONTE

Parallèlement, Joaquim Lunda, journaliste et utilisateur assidu des réseaux sociaux, a salué le geste du Président de la République, et estime que le ministre actuel devrait subir les conséquences de ses fautes :

Agradeço e é de louvar a decisão tomada pelo Presidente da República, João Lourenço em anular o concurso público que atribuiu à empresa angolana Telstar a licença para a quarta operadora de telecomunicações em Angola. Havia muitas reticências e muitos pontos por esclarecer no assunto. Não se reconhece idoneidade numa empresa que foi criada em 2018 c/ capital social de 200 mil kwanzas em ser lhe atribuído a tal empreitada.

Tenho a plena certeza que os dias do Ministro das Telecomunicações e das Tecnologias de Informação, José Carvalho de Rocha, estão contados. Após o desaire que foi o ANGOSAT 1, agora mais este que testemunhamos hoje, duvido se o “Dread” vai resistir.
Apreciemos os Cenários…Nas Calmas!!”

Je salue la décision prise par le Président de la République, João Lourenço, d’annuler l’appel d’offres qui attribuait la licence du quatrième réseau mobile d’Angola à l’entreprise Telstar. Il y avait de nombreuses réticences et beaucoup de points à clarifier. Aucun crédit ne pouvait être accordé à une entreprise créée seulement en 2018 avec un capital de 200 000 kwanzas, et qui obtient un tel contrat.

Je suis sûr que les jours du ministre des Télécommunications et des technologies de l’information, José Carvalho de Rocha, sont comptés. Après l’échec d’ANGOSAT 1, et ce que nous voyons aujourd’hui, je doute que le « Dread » résiste encore.

Réjouissons-nous de ce qui se passe… dans le calme !! »

La décision du Président de la République intervient plusieurs mois après que ce même ministre a piloté le projet de satellite Angosat 1, resté dans les mémoires pour ses nombreux fiascos [en français].

Pour Adriano Sapiñala, député du principal parti d’opposition en Angola, cette situation illustre l’absence de coordination au sein du gouvernement :

JLo tem de andar a combinar bem com os seus auxiliares porque ontem o Ministro de tutela dizia que o tempo das reclamações tinha terminado e por isso a Telstar teria avançado com os passos subsequentes sendo ela vencedora do concurso fraudulento e hoje JLo vem e anula o concurso!! Vocês comunicam assim tão mal?

Agora ou o Ministro coloca o seu cargo à disposição (demitindo-de) ou então JLo tem de o exonerar porque se anulou o concurso é porque não correu bem e para não beliscar ninguém inocente, que se apurem responsabilidades!!

JLo devrait mieux échanger avec ses collaborateurs car hier, le Ministre a déclaré que le temps des réclamations était terminé ; pendant ce temps, Telstar avance ses pions jusqu’à remporter l’appel d’offres frauduleux, et aujourd’hui, JLo annule l’attribution de la licence ! Communiquez-vous si mal entre vous ?

Désormais, soit le Ministre met son poste à disposition (en démissionnant), soit JLo le met hors de cause. L’appel d’offres a été annulé, tout ne s’est pas passé comme prévu, et comme on n’accuse pas un innocent, il faut déterminer les responsabilités !

Le Kirghizistan va-t-il dire stop à l'extraction d'uranium ?

dimanche 5 mai 2019 à 11:40

Les sites miniers datant de l'ère soviétique gardent leur dangerosité.

Une marche contre l'extraction d'uranium à Bichkek, au Kirghizistan. On peut lire sur une affiche en langue russe : “Nous exigeons une loi qui bannisse l'extraction et la transformation de l'uranium dans notre pays.” Photo de Aisha Jabbarova.

En tant que citoyens d'un ancien État soviétique qui continue de porter la trace du programme nucléaire offensif de Moscou, de nombreux Kirghizes souhaitent que les mines d'uranium appartiennent définitivement au passé.

Il n'est donc pas surprenant que la perspective d'une nouvelle mine dans la province qui borde le précieux lac Issyk-Kul dans ce pays d'Asie centrale ait mis ses habitants dans une colère noire.

Le 26 avril, date anniversaire de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, 200 personnes environ se sont réunies pour une manifestation haute en couleur dans la capitale du pays Bichkek afin de défendre une interdiction de l'extraction d'uranium.

Marche à Bichkek (Kirghizistan) contre l'extraction d'uranium. Photo de Aisha Jabbarova.

La manifestation fait suite à des mois de tollé public autour du projet d'exploitation du gisement d'uranium de Kara Balta dans la province d'Issyk-Kul, un lieu de tourisme prisé. Une deuxième manifestation a eu lieu le 30 avril.

Près de 30.000 personnes ont signé une pétition pour empêcher l'ouverture de la mine à Issyk-Kul où plusieurs protestations se sont déroulées dans le courant du mois d'avril.

Le gouvernement a déclaré qu'il avait retiré son permis à l'entreprise “UrAsia in Kyrgyzstan” qui prévoyait d'exploiter le gisement.

Décision finale ou pas ? Cela reste à démontrer.

Le 25 avril, lors d'un meeting avec les habitants d'Issyk-Kul, le vice-Premier ministre Kubatbek Boronov a indiqué que le permis avait été “révoqué”.

K. Boronov a également supplié les habitants de ne pas organiser de manifestations après le début de la saison touristique le 29 avril.

Mais 24.kg, un média indépendant, a fait savoir le 29 avril qu'un communiqué du gouvernement dont il avait reçu une copie se contentait d'informer l'entreprise que son permis avait été suspendu, plutôt que révoqué.

Ce document n'a été signé que le 27 avril, soit deux jours après que K. Boronov s'est adressé aux habitants.

La levée de boucliers de la population contre le projet minier a placé le gouvernement dans une position si délicate qu'il est difficile d'imaginer que le projet UrAsia voie le jour maintenant.

En réponse au tollé suscité, des législateurs indépendants au Parlement ont proposé deux lois qui limiteraient l'extraction de l'uranium dans le pays.

La plus sévère demande une interdiction nationale jusqu'en 2070 tandis que l'autre appelle à une interdiction de 20 ans dans la région d'Issyk-Kul.

Ces deux mesures sont loin de répondre aux exigences des contestataires de Bichkek, qui exigeaient une interdiction nationale illimitée et irréversible ainsi qu'une enquête sur les responsabilités engagées dans le cadre de l'octroi du permis à l'entreprise.

Un héritage sensible

En tant que république soviétique, le Kirghizistan produisait et transformait de l'uranium pour la course au nucléaire de Moscou.

Mais les sites miniers n'ont pas été correctement décontaminés suite à leur fermeture au milieu des années 1990. Cela signifie qu'ils présentent maintenant un risque radioactif pour les fleuves transfrontaliers dans la région d'Asie centrale active sur le plan sismique, ainsi que des risques de santé pour les populations riveraines.

Marche à Bichkek (Kirghizistan) contre l'extraction d'uranium. Photo de Aisha Jabbarova.

En 2017, le président kirghize d'alors Almazbek Atambaev a prononcé un discours lors de l'Assemblée générale des Nations unies à New York sur les dangers des résidus d'uranium au Kirghizistan pour l'Asie centrale dans son ensemble, et a sollicité une aide financière pour décontaminer les anciens sites miniers.

A présent dans l'opposition, le parti d'Atambaev a soutenu les appels à l'interdiction de l'extraction de l'uranium.

Mais l'entreprise UrAsia in Kyrgyzstan a obtenu son permis d'exploration qui a été confirmé en 2010 lors des six ans de présidence d'Atambaev.

La compagnie s'est dite elle-même investie en faveur d'une exploitation minière sans risque et s'est refusée à commenter la polémique autour de son permis d'exploration.

Revenus pour l’État contre écologie pour le peuple ?

L'extraction de l'uranium n'est pas la seule forme d'exploitation minière à avoir suscité un tollé de la part de la population ces derniers temps. L'exploitation aurifère est tout aussi sujette à controverse et est une composante bien plus essentielle de l'économie fragile du Kirghizistan.

La mine d'or de Kumtor – également située dans la région d'Issyk-Kul – contribue à hauteur de 10% au produit intérieur brut.

Mais la mine gérée par Gold Centerra, dont le siège est à Toronto, est à l'origine de tensions sociales et politiques depuis 1998, lorsque l'un de ses camions a déversé du cyanure dans une rivière au cours de la première année d'exploitation de Kumtor.

Marche à Bichkek (Kirghizistan) contre l'extraction d'uranium. Photo de Aisha Jabbarova.

Les responsables politiques, et en particulier dans le camp de l'opposition, ont rapidement mis à profit à des fins opportunistes les inquiétudes concernant l'exploitation minière. Les compagnies minières ont également accusé les dirigeants des communautés locales d'avoir tenté de se livrer à du chantage par le passé.

Lors de la manifestation du 26 avril, des opposants se sont fait fort d'empêcher les responsables politiques d'affaiblir la portée du message environnemental.

Un manifestant a même rudoyé la figure d'opposition de longue date Ravshan Jeenbekov pour l'empêcher de s'adresser à la foule.

R. Jeenbekov a par la suite qualifié l'homme de “provocateur” tout en reconnaissant qu'il y avait des gens au meeting qui “ne voulaient pas laisser un homme politique célèbre s'exprimer.”

Article mis à jour pour corriger l'orthographe de l'entreprise UrAsia in Kyrgyzstan.