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Affaires, politique et porte tambour dans l'Union Européenne

mercredi 20 novembre 2013 à 23:54

 

Image by European People's Party, used under Creative Commons 2.0 license.

Photo Parti Populaire Européen, publiée sous licence Creative Commons 2.0

Le système dit de la “porte tambour”, qui qualifie le passage de fonctionnaires du secteur public vers des postes dans le secteur privé et vice-versa, est devenu un problème récurrent de l'Union Européenne [anglais, comme les liens suivants sauf mention contraire]. Le principal inconvénient dans ce système est celui de l'émergence de conflits d'intérêts, ou, en d'autres termes, l'utilisation abusive par les fonctionnaires de leurs connaissances et des informations acquises dans le secteur public.

Bien que le système de la porte tambour prenne des formes différentes, ses effets sont significatifs dans l'industrie du lobbying, et les groupes anti-lobby demandent plus de transparence et même la suppression de ce genre de pratique. En ce qui concerne l'Union Européenne, les problèmes du système de la porte tambour commencent quand les lobbyistes ou les fonctionnaires de Bruxelles passent des institutions de l'Union Européenne à des entreprises privées au mépris des conflits d'intérêts. Comme le faisait remarquer récemment EUObserver.com :

Le système de la porte tambour concerne les fonctionnaires qui quittent les institutions pour occuper des postes dans des entreprises privées de lobbying, souvent dans le même secteur que celui qu'ils occupaient dans le secteur public, et vice-versa.

Ceci crée un risque réel de conflit d'intérêts, qui -s'il n'est pas maîtrisé- facilite l'accès privilégié et l'influence excessive des groupes privés qui faussent la prise de décision démocratique et d'intérêt public au sein de l'Union Européenne.

Bien que l'Union Européenne ait mis en place le Registre de Transparence depuis 2011, nombreux sont ceux qui pensent que cela n'est pas suffisant. Le Registre Européen de Transparence [fr], géré par la Commission Européenne et le Parlement Européen, a pour objet de fournir aux citoyens européens un point d'accès à l'information sur les différents processus de prise de décisions. Un article du Magazine du Parlement commente :

[...] un nombre “inquiétant” de fonctionnaires utilisent le système de la ‘porte tambour', ce qui signifie qu'ils laissent leur poste à l'Union Européenne pour aller travailler pour de “grosses” entreprises et des groupes de lobbying, souvent dans le même secteur.

On dit que les affaires y gagnent “une connaissance interne, des contacts essentiels, et surtout une puissante influence”.

Rachel Tansey, une militante de l'Observatoire de l'Europe Industrielle (CEO), dit “cela permet à Bruxelles d'être encore plus dominée par le monde des affaires et éloignée des intérêts publics.”

Une récente enquête auprès des citoyens de l'Union Européenne le prouve, dit-elle, qui fait apparaître que 73% des Européens sont préoccupés par le fait que le lobby des affaires a trop d'influence sur les décisions européennes.

Il est difficile de calculer combien d'anciens fonctionnaires ont jusqu'à présent emprunté la porte tambour, mais une étude d'ALTER-EU (Alliance for Lobbying Transparency and Ethics Regulation – Alliance pour une Réglementation de Transparence et d'Ethique en matière de Lobbying) [pdf] estime qu'au moins la moitié du personnel des plus grandes sociétés de lobbying a travaillé pour diverses institutions européennes. Un exemple bien connu est celui du cas du suédois Mårten Westrup. Pour commencer, Westrup occupait un poste à la Direction Générale Entreprise et Industrie de la Commission Européenne en tant que juriste puis comme fonctionnaire chargé des politiques. Il travaillait sur la politique industrielle et plus particulièrement sur la réglementation relative à l'émission de CO2 dans l'automobile. Grâce au système de la porte tambour il s'est trouvé un poste de consultant à BusinessEurope, l'une des plus influentes et importantes organisations de lobbying de Bruxelles. Dans son rapport ALTER-EU fait remarquer:

En 2010, Mårten Westrup a quitté la Direction Générale Entreprise pour BusinessEurope et a fait du lobbying auprès de ses anciens collègues sur les problèmes de changement climatique pour le compte de BusinessEurope. Selon la réglementation en vigueur, il n'a pas eu besoin d'une autorisation de la Commission pour changer de poste, grâce à une faille de la réglementation qui dispense d'autorisation  les personnels sous contrat. Westrup a de nouveau utilisé le système de la porte tambour et se retrouve actuellement à la Direction Générale Energie.

L’Alliance for Lobbying Transparency and Ethics Regulation-Alliance pour une Réglementation de Transparence et d'Ethique en matière de Lobbying (ALTER-EU) a été créée fin 2005 pour faire pression et lutter contre le lobbying en Union Européenne. L'organisation déclare qu'à partir du moment où 50% de nos lois sont créées à Bruxelles, il est primordial que ces réglementations servent les populations et non les intérêts financiers.

Le principal argument d'ALTER-EU stipule que le Registre Européen de Transparence repose sur le volontariat et ne peut garantir un niveau acceptable de transparence. En conséquence, ils font campagne pour un registre complet et obligatoire. Dans le rapport mentionné ci-dessus, ALTER-EU suggère de créer une nouvelle réglementation et de combler le vide juridique existant pour régler le problème.

De fait le système de la porte tambour est maintenant devenu un sujet chaud sur les réseaux sociaux au cours des derniers mois, et de nombreux commentaires prouvent que l'influence des lobbyistes et des grandes entreprises sur la gouvernance européenne est devenue une évidence pour les Européens.

Tim LaPira, un politologue de Virginie, compare ce système à ce qui se passe aux Etats-Unis depuis des dizaines d'années :

La porte tambour à l'américaine le #lobbying n'a pas de frontières http://t.co/wuZupsA71z

Un lecteur de l’article de Spiegel Online sur la porte tambour et les fonctionnaires européens commente :

La Commission pourrait tout simplement établir une réglementation pour que tout ancien fonctionnaire qui travaille dans l'industrie et se trouve en conflit d'intérêt soit interdit de relations de travail avec les agents et principes de la commission jusqu'à la disparition du conflit.

Jürgen Wilfrd Linder a un tweet très direct sur le sujet :

L'Union Européenne doit interdire le lobbying en politique, sinon l'Europe restera la putain des puissantes entreprises qui nous ruinent.

Corporate Europe Observatory (CEO) (Observatoire de l'Europe Industrielle), est une organisation partenaire d'ALTER-EU, qui a lancé son programme RevolvingDoorWatch  (Surveillance de la porte tambour) en décembre 2011, afin de dénoncer ces problèmes ouvertement. Au lancement du programme, huit cas ont été dénoncés, il s'agit d'anciens membres de diverses institutions européennes qui ont intégré différents groupes de lobbyistes sans qu'aucune réserve ne leur soit signifiée.

Réglementation et critique de l'Union Européenne

Le fait que les huit cas dénoncés n'aient été soumis à aucun examen ni clause de réserve prouve qu'il y a en ce moment des failles importantes dans les réglementations de l'Union Européenne. Ces cas ont pu se produire parce que la réglementation actuelle de l'Union Européenne ne s'applique pas aux fonctionnaires sous contrats temporaires sauf aux personnes qui occupent un poste où ils sont susceptibles d'avoir accès à une information “sensible”. ALTER-EU répond que différencier les personnels sous contrats temporaires et sous contrats permanents ne peut pas durer. L'organisation fait pression sur l'Union Européenne pour mettre en place une procédure durable, commune et transparente.

Après la révélation des cas mis en lumière par l'Observatoire de l'Europe Industrielle en octobre 2012, l'organisation, ainsi que Greenpeace, Lobbycontrol et Spinwatch ont déposé une plainte contre la Commission Européenne auprès du Médiateur Européen.

Le 14 février 2013, le médiateur Européen a publié un communiqué de presse pour annoncer qu'une enquête était menée auprès de la Commission Européenne. Le communiqué précise que si pendant l'enquête le Médiateur trouvait des problèmes systémiques, une surveillance approfondie serait mise en place.

Depuis, les prémices d'une meilleure réglementation sont en cours. Au cours de l'été, le Parlement Européen a adopté une nouvelle réglementation pour les personnels qui prendra effet au début de 2014. Comparées aux anciennes réglementations, les nouvelles prévoient un système très explicite de suivi et de contrôle des fonctionnaires en ce qui concerne d'éventuels conflits d'intérêts et comporte une interdiction de 12 mois en tant que lobbyiste de leur ancienne institution.

Il est évident que la solution des problèmes de réglementation liés au système de la porte tambour est en progrès. Cependant, certaines des organisations dont on a parlé plus haut ne sont pas pleinement satisfaites et disent qu'il y a encore des améliorations à apporter. Elles démontrent que les nouvelles dispositions ont encore des failles qui affaiblissent l'ensemble du dispositif.

PHOTOS : Cinq histoires de réfugiés syriens parmi d'autres

mercredi 20 novembre 2013 à 12:06

Ce billet fait partie du dossier spécial de Global Voices Survivre en Syrie

[Liens en anglais] Tandis que le président syrien Bachar Al Assad continue à tuer son peuple dans le soulagement général [fr], à travers le monde les médias, la presse, les blogs, les réseaux sociaux, les photographes amateurs comme professionnels injectent dans le cyber-espace les histoires et le malheur des deux millions (estimation d'octobre 2013) de réfugiés syriens. Ce billet pourrait s'appeler “Survivre hors de Syrie” mais nous l'intégrons à notre dossier spécial Survivre en Syrie pour mettre en lumière la contribution des médias sociaux à la guerre en Syrie.

Plusieurs photos ont été choisies ici, mettant en avant des Syriens dans les pays voisins, pour illustrer la réalité noire et impitoyable qu'affrontent les femmes et les enfants syriens loin de chez eux et de leurs familles. Le mauvais sort a poursuivi certains réfugiés syriens dans les pays qui les hébergent. En Turquie, les réfugiés syriens ont été pris pour cible après l'attentat de Reyhanlı [fr], sans parler du calvaire des jeunes filles réfugiées syriennes.

Histoire N° 1 : Fotojournalismus sur Tubmlr a publié des photos des réfugiés syriens qui ont fui les presque trois ans déjà de conflit vers le Liban qui en accueille désormais le plus grand nombre. Le Liban doit gérer un afflux massif de réfugiés syriens [fr], qui représentent aujourd'hui 20 à 25 % de la population libanaise totale. L'auteur commente :

En l'absence de chiffres officiels sur le nombre d'enfants et d'adultes qui travaillent dans la rue au Liban, on les estime entre 50.000 et 70.000. Dans les quartiers nantis de Beyrouth, on voit à presque coin de rue des enfants et des adultes mendier, fouiller les poubelles ou proposer de cirer les chaussures.

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Une fillette syrienne vend des briquets dans un quartier huppé de Beyrouth. Source : fotojournalismus sur Tumblr Licence CC BY 2.0

Histoire N° 2 : Sous le titre “Epouses de la révolution syrienne“, Tanya Habjouqa décrit rapidement une de ses 10 photos :

Oum Souleiman, 26 ans, est venue à pied seule avec ses quatre enfants (dont un en bas âge) de Syrie en Irak et finalement en Jordanie. Sans rien à manger pendant le périple. Son mari est resté pour combattre.

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Source : 5cents a Pound sur Tumblr. Licence CC BY 2.0

Avant de préciser :

Loin des lignes de front, ces femmes — à présent réfugiées en Jordanie — se débattent pour nourrir leurs familles malgré de maigres ressources. Les appels téléphoniques de leurs maris sont la seule chose à rompre la grisaille du quotidien et les rêves de réunion sont nourris par des textos sensuels qui ont réinsufflé de l'amour dans ces mariages.

Histoire N° 3 : Michael David Friberg a mis sur son Tumblr une photo d'enfants syriens jouant au football dans l'immense camp de réfugiés de Zaatari [fr] qui hébergeait (jusqu'au 4 juillet 2013) une population estimée à 144.000 personnes, soit la quatrième plus grande ville de Jordanie.

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Des Syriens jouent au football à la périphérie du camp de réfugiés de Zaatari (Jordanie) en juillet 2013. Source : Michael David Friberg sur Tumblr. Licence CC BY 2.0

Histoire N° 4 : Donner une chance à la paix sur Tumblr a aussi partagé cette photo d'un ouvrier syrien, Tareq, qui a fui en Grèce. 

Tareq, 46 ans, un peintre syrien sans emploi, reflété par un miroir, dans le hangar d'une usine abandonnée où il vit à Athènes, en Grèce. 

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Source : Donner une chance à la paix. Licence CC BY 2.0

Histoire N° 5:

L'espoir du retour ! Cette photo raconte l'histoire de trois garçons syriens attendant les bus qui ramènent en Syrie les réfugiés du camp de Zaatari (Jordanie).

4 bus partent journellement et les gens rentrent pour toutes sortes de raisons. La plupart préfèrent prendre des risques en Syrie que de vivre à Zaatari. La situation au jour le jour est inimaginablement explosive, car il y a plus de personnes voulant partir que de places dans les bus. La police anti-émeutes surveille la situation pendant que les gens grimpent les uns par-dessus les autres et hissent les personnes à travers les fenêtres ouvertes.

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Source: Michael David Friberg on Tumblr. Used under CC BY 2.0

Pour circuler à Damas, prenez le vélo !

mercredi 20 novembre 2013 à 00:39

Ce billet a été initialement publié sur Syria Untold.

Si vous marchiez dans les rues de Damas ces jours-ci, vous ne manqueriez pas de croiser un jeune homme ou une femme à bicyclette, dépassant joyeusement une voiture coincée à l'un des innombrables barrages routiers qui empoisonnent la ville. La promotion du vélo à Damas fait partie d'une campagne appelée Elle veut un vélo maintenant [arabe] organisée par des étudiants, pour la plupart de la Faculté d'Ingénierie.

Young participants of the She Wants a Bike campaign. Source: Syria Untold

Jeunes participants à la campagne Elle veut un Vélo. Source: Syria Untold

En Syrie, la bicyclette est traditionnellement considérée comme un moyen de transport de basse catégorie, réservé à ceux qui ne peuvent s'offrir un véhicule motorisé. Elle est aussi associée à des utilisateurs masculins. Pour rompre avec ces deux clichés et apporter une solution aux bouchons créés par les barrages routiers, un groupe de jeunes hommes et femmes a décidé d'enfourcher des bicyclettes pour se déplacer dans la ville, et d'en encourager d'autres à faire de même.

Leur but, comme les organisateurs l'ont déclaré à Syria Untold, est “de changer les habitudes collectives et de promouvoir l'usage de moyens de transport alternatifs.” Ils voient dans le cyclisme une bonne méthode d'amélioration de la société par les économies de carburant et la réduction de la pollution.

“C'est aussi un moyen pour les Syriens de briser la peur de la tradition, qui en a empêché beaucoup de faire du vélo. Pendant des années, la crainte du qu'en dira-t-on a retenu les femmes, surtout celles portant le hijab, de monter à bicyclette.”

Girl riding a bike in Damascus. Source: She Wants a Bike´s campaign´s facebook page

Une jeune femme à vélo à Damas. Source : page Facebook de la campagne Elle veut un Vélo

 

A cette fin, les organisateurs ont invité tou(te)s ceux (celles) désirant se joindre à la campagne à garer leurs bicyclettes à côté de leurs universités, tout un symbole puisque les vélos ne sont traditionnellement pas autorisés sur les campus syriens.

L'opération a été couronnée de succès, et on a vu des centaines de bicyclettes sur les campus le 4 octobre, dont les photos ont été partagées par la suite sur Facebook. De nombreuses jeunes filles ont été du nombre, qui ont joint aux photos leurs récits personnels. L'une d'elles relate :

Je porte le hijab, et un “manteau” (longue tunique des femmes musulmanes de milieux conservateurs), et c'était la première fois que je roulais à bicyclette. Je suis partie de chez moi à Mashru Dummar à 7 heures du matin, avec mon frère qui m'a encouragée à cela. J'ai descendu Rabwe, et continué vers la rue Mazzeh, où j'ai quitté mon frère qui devait prendre un autre chemin. “Tu peux le faire seule”, m'a-t-il dit, “brise ta crainte et ne la laisse pas te perturber.” C'était le début de mon aventure. J'ai continué et rencontré beaucoup de barrages en chemin, mais je dois dire que tout le monde a été gentil avec moi, certains ont même souri et m'ont bénie en me voyant. C'était une expérience formidable et libératrice et j'encourage toutes les filles à faire de même. C'est un peu compliqué au début mais on s'habitue très vite.

Parmi les obstacles à un usage répandu de la bicyclette dans le pays, il y a leur coût généralement très élevé pour les Syriens ordinaires : leur prix n'a pas baissé malgré la dramatique situation actuelle ; et le fait que les femmes à vélo sont encore mal vues dans les milieux conservateurs.

Les organisateurs de la campagne ont entrepris de surmonter ces obstacles en apportant des solutions pour améliorer le pays de l'intérieur, et sont prêts à pédaler pour cela.

Ce billet a été initialement publié sur Syria Untold.

 

Elections tant attendues de Madagascar : bientôt le deuxième tour

mardi 19 novembre 2013 à 21:54

Madagascar s'achemine vers le deuxième tour de l'élection présidentielle. Les résultats arrivent au compte-goutte depuis le premier tour, le 25 octobre 2013 -premier scrutin depuis le coup d'Etat soutenu par l'armée, en 2009 – mais le score final est de 21,1 % des voix pour le candidat Jean-Louis Robinson et 15,0 % pour Hery Rajaonarimampianina. 

Le deuxième tour est fixé au 20 décembre. Les deux candidats sont considérés comme des simples mandataires de l'ex-président Marc Ravalomanana, chassé en 2009, et d'Andry Rajoelina, l'actuel président de transition. Ravalomanana comme Rajoelina étaient interdits de participation à la course présidentielle.

L'élection était extrêmement attendue, et si le vote a été “largement pacifique” et que les observateurs internationaux ont été prompts à qualifier les opérations de “libres et honnêtes”, de nombreux électeurs potentiels ont été empêchés de glisser leur bulletin dans l'urne pour des problèmes de listes électorales, comme rapporté par allAfrica.com.

The two candidates remaining in the run off JL Robinson (left) and H  Rajaonarimampianina. Photo via Ta Ramses on Facebook (with permission)

Les deux candidats qui seront présents au deuxième tour de l'élection : Jean-Louis Robinson (à gauche) et Hery Rajaonarimampianina. Photo via Ta Ramses sur Facebook (utilisée avec permission)

Les blogueurs ont réagi à ces résultats. Lalatiana Pitchboule écrit sur son blog :

Au cœur d’un bureau populaire lors de la soirée électorale, je peux témoigner de l’enthousiasme de nos citoyens vis-à-vis du processus. Et de leur respect des résultats. Magnifique illustration de démocratie populaire ou chaque bulletin annoncé faisait l’objet d’une joyeuse approbation.

Une vidéo de Tossoa Bacca illustrait l'ambiance à un bureau de vote [malgache] :

D'autres ont voulu extrapoler les résultats du second tour à partir de ceux du premier :

Des voix pessimistes prédisent déjà une nouvelle crise, comme relate Radio France Internationale :

tous les ingrédients d’une nouvelle crise sont d’ores et déjà présents : des institutions peu fiables, une élection organisée à la va-vite sans le préalable d’un contexte apaisé… D’ailleurs, plusieurs candidats ont demandé l’annulation du premier tour. L’un de ses propres alliés a accusé le candidat d’Etat, Monsieur Hery Rajaornarimampianina, d’avoir enfreint les règles et a exigé sa disqualification ! Les exemples de contestation de la sincérité du vote sont légion. Dans ce contexte, si le candidat d’Etat devait remporter au deuxième tour, il n’aurait jamais la légitimité nécessaire pour asseoir son autorité présidentielle.

Il n’y a aucune chance que le candidat de l’opposition gagne les élections car ceux qui tiennent l’Etat aujourd’hui feront tout pour garder le pouvoir. Le « ni-ni » (ni candidature de Rajoelina ni celle de Ravalomanana) a été une énorme erreur, comme les résultats du premier tour le montrent. Les électeurs ont remis en selle les deux camps qui étaient responsables de la crise de 2009 et ont éliminé tous ceux qui se revendiquaient de la troisième voie

En attendant, malgré les lois électorales interdisant au président de la transition de prendre position explicitement en faveur d'un candidat, Andry Rajoelina a publiquement confirmé son soutien à M. Rajaonarimampianina, son ex-ministre des Finances. Radio France Internationale rapporte :

Jean-Eric Rakotoarisoa, professeur de droit à l'Université d'Antananarivo, le confirme : « Ce soutien d'Andry Rajoelina peut amener à la disqualification d'Hery Rajaonarimampianina. Pour ça, il faudrait que la Cour électorale spéciale [CES, ndlr] soit saisie d'une requête, et quelle détermine si, dans les faits, Hery Rajaonarimampianina a bénéficié, ou bénéficie, du soutien d'Andry Rajoelina. »

Le journaliste Sébastien Hervieu a rapporté la réaction du candidat d'opposition à ce soutien ouvert mais inattendu :

Susanne [anglais] a comparé la saison électorale à Madagascar au carnaval :

A Madagascar voter n'est pas évident. Il n'y a pas de partis politiques. Pas de programmes électoraux. Pas d'idéologie, pas de gauche, de droite ou de centre, pas de Républicains ou Démocrates [sic]. Il est difficile de faire un choix éclairé si on ne peut pas comparer les programmes. Alors comment pour un candidat capter l'intérêt de l'électeur ? avec des T-shirts. Beaucoup de t-shirts. Et des chansons. Un candidat s'appelle Sylvain. Son slogan est “Sylvain sur vingt” (très drôle). Sa chanson est bien trouvée : Bye Bye chômage, bye bye famine, bye bye maladies. A mes oreilles, la moitié des chansons sortent tout droit de l'église, les autres sonnent comme des tubes de carnaval antillais. Certains candidats vont jusqu'à s'habiller comme des chanteurs de calypso.

La suspension pour dopage de Viktor Troicki va-t-elle trop loin ?

mardi 19 novembre 2013 à 21:15
Viktor Troicki signing autographs at PTT Thailand Open 2009; photo courtesy of Government of Thailand, used under Creative Commons 2.0 License.

Viktor Toricki signant des autographes au PTT Thailand Open en 2009 ; photo du Gouvernement de Thaïlande, Creative Commons 2.0 License.

Un joueur de tennis serbe de classe mondiale a été suspendu par la Fédération Internationale de Tennis (ITF) pour avoir manqué un contrôle antidopage au cours de cette année. Il n'a ainsi pas eu l'autorisation de soutenir ses coéquipiers lors de la finale de la Coupe Davis, à Belgrade, une initiative qui a amené les fans à s'interroger sur l'équité du système antidopage du sport.

Dans un premier temps, Viktor Troicki a été condamné à 18 mois de suspension, mais a réfuté les charges pesant contre lui, arguant qu'il avait déjà donné un échantillon d'urine qui s'était révélé négatif. Sa peine fut finalement réduite à 12 mois début novembre, et le Tribunal Arbitral du Sport a déclaré qu'il n'y avait aucun signe que Troicki “ait tenté d'éviter la détection d'une substance dopante dans son organisme”.

Le jeune joueur de tennis ne pouvait pas non plus assister aux matches, dont les demi-finales de Coupe Davis auxquelles prenait part la Serbie en septembre, tant que son appel était en cours d'examen.

Un article du New York Times résumait les événements et ajoutait quelques anecdotes intéressantes :

Initialement suspendu pour 18 mois par la Fédération Internationale de Tennis, Troicki a vu sa peine réduite en appel à un an par le Tribunal Arbitral du Sport la semaine dernière. Mais ce qui apparaît comme une victoire ressemble davantage à une défaite. Son cas a généré diverses opinions de la part des meilleurs joueurs mondiaux, du soutien d'Andy Murray et Roger Federer au système antidopage à l'amertume de Novak Djokovic, coéquipier et ami proche de Troicki.

Cependant, bien que la suspension ait été réduite et que l'enquête contre lui soit officiellement terminée, Troicki a de nouveau été interdit de présence lors de la finale de Coupe Davis, qui avait lieu dans la Kombank Arena de Belgrade, le 15 novembre. La Fédération Serbe de Tennis (TSS) va ainsi dans le même sens que l'ITF en empêchant Troicki d'entrer dans un stade, même en tant que simple spectateur ayant payé son ticket, ce que le joueur avait prévu de faire afin de soutenir ses coéquipiers. Certains médias affirment même que la TSS aurait distribué des photos de Troicki au service de sécurité de la Kombank Arena afin de s'assurer que le joueur serait reconnu et ne pourrait pénétrer dans l'enceinte, avec ou sans ticket.

Indépendamment de la suspension et des allégations de dopage, ou des opinions personnelles des collègues de Troicki, les fans s'interrogent désormais sur le droit des Fédérations Serbe et Internationale à limiter les déplacements d'un joueur. Nombreux sont ceux qui, sur les réseaux sociaux, les forums de discussion et dans les commentaires sur des articles en ligne ayant trait à cette affaire, ont accusé l'ITF et la TSS de bafouer les droits civiques en interdisant la présence de Troicki dans les gradins en tant que spectateur, assis parmi les fans.

Dejan Nikolić, un journaliste et fondateur du site satirique serbe Njuz.net, a posté un commentaire public sur son profil Facebook :

Fascinantna mi je ova situacija, ako je tacno, gde Troickom biva ograniceno kretanje kao gradjaninu zato sto ga je neka sportska organizacija suspendovala. Mislim da je to pitanje za ustavni sud, Strazbur i jos pokoju instituciju za ljudska i gradjanska prava.

Jedna je stvar ne dozvoliti da ucestvuje na turnirima, sasvim druga ogranicavati slobodu kretanja.

Si cela est vrai, le fait que la liberté de mouvement de Troicki soit limitée à cause d'une suspension émise par une organisation sportive est un cas fascinant. Cette affaire devrait être portée devant la Cour de Strasbourg, et d'autres institutions de défense des droits de l'homme.

C'est une chose de lui interdire la participation à des tournois, c'en est une autre de restreindre sa liberté de mouvement.

Parmi les 52 commentaires affichés sous l'article de Nikolić, certains appuyaient les règles de l'ITF, qui stipulent que les joueurs pénalisés par l'organisation sont également bannis de tous les tournois et événements connexes. La plupart des internautes ont cependant remis en question l'autorité dont dispose l'ITF ou toute autre organisation sportive d'interdire à tout personne d'acheter une place et d'assister à des événements sportifs.

Des commentaires similaires ont également été postés sous d'autres articles en ligne étrangers, où des fans, pas seulement serbes, faisaient les mêmes reproches. En réponse à un court article sur le portail du site italien LiveTennis.it, qui se faisait l'écho de la mésaventure de Troicki à la Kombank Arena de Belgrade, un internaute, Francis, a posté ceci :

allora ne dico un’altra di scemenza ribattendoti che quanto dici mi pare molto strano… nel senso che l’atp o l’itf o la federazione serba possono non considerare valido il pass da addetto ai lavori e vietare l’accesso ai settori a loro destinati; vietare l’ingresso con regolare biglietto pagato vorrebbe dire una palese limitazione della libertà individuale.

Maintenant, ils disent encore plus d'inepties qu'avant – soit que l'ATP, l'ITF ou la Fédération Serbe pourraient invalider un ticket et prohiber l'accès aux zones correspondantes, ce qui signifie une restriction flagrante des liberté individuelles.

Un autre lecteur du même article, Andy86, ajoute :

Francamente mi pare una cosa veramente che non sta ne in cielo ne in terra… lui è squalificato piu o meno giustamente (non sta a me dirlo) per quello che riguarda la sua attività agonistica, ma che ora non lo facciano entrare allo stadio, mi pare veramente fuori dal mondo..

Honnêtement, la seule chose qui me perturbe n'est pas qu'il ait été disqualifié plus ou moins à juste titre (ce n'est pas à moi de le dire) pour des faits ayant trait à ses activités sportives. Ce qui me met hors de moi, c'est l'interdiction qui lui est faite de pénétrer dans un stade.

Ni l'ITF ni la Fédération Serbe n'ont répondu aux interrogations émises par le public, ni fait de déclaration justifiant leur pouvoir d'interdire à n'importe quel joueur d'acheter une place pour un événement tennistique, ni même d'y assister en tant que simple spectateur.