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Wikimedia au Levant publie un livre en arabe sur l'histoire de Wikipédia

dimanche 16 avril 2017 à 21:04

Le livre sur l'histoire de Wikipédia sur Librebooks.org (Livres en arabe gratuits)

Wikipédia est une encyclopédie à but non lucratif traitant tous les domaines de la connaissance et disponible gratuitement sur Internet. Elle permet à quasiment tout le monde de réviser son contenu, puisque tous ses articles sont écrits par des volontaires. La maintenance technique du site est financée par des campagnes de collecte de fonds, lesquels sont récoltés par la Fondation Wikimedia, dont le siège est à San Francisco.

Wikimedia au Levant [arabe, comme les liens suivants sauf mention contraire] est une autre organisation à but non lucratif fondée en mars 2015 et est considérée comme le principal représentant des contributeurs à Wikipédia et à ses projets partenaires dans les quatre pays du Levant : la Syrie, le Liban, la Jordanie et la Palestine.

Wikimedia au Levant organise de nombreux projets et événements pour faire connaître la mission de Wikipédia, ses objectifs et les personnes qui y travaillent. Elle forme également les nouveaux volontaires en leur expliquant comment contribuer à Wikipédia et écrire des articles. L'organisation est constituée de collaborateurs de Wikipédia en arabe vivant dans les quatre pays du Levant, possède un statut officiel et reçoit un financement régulier de la fondation Wikimedia aux États-Unis.

Quelques faits récents :

Le livre “L'histoire de Wikipédia”

Sponsorisée par Wikimedia au Levant, cette publication est considérée comme le premier livre en langue arabe qui raconte l'histoire de Wikipédia et l'un des rares livres au monde [anglais] sur l'encyclopédie. Son auteur est Abbad Diraneyya, l'un des membres fondateurs de Wikimedia au Levant, mais aussi l'un des administrateurs, correcteurs et auteurs de Wikipédia en arabe. Son livre sera bientôt publié sur Librebooks.org, un site à but non lucratif publiant des œuvres en arabe sous une licence libre et gratuite. Le livre comprend onze chapitres sur divers sujets liés à Wikipédia.

Il traite ainsi des modalités de progression du travail dans Wikipédia, de la phase d'écriture des articles, de documentation des sources et de révision des contenus afin d'en assurer l'exactitude scientifique et académique. Il inclut également une étude de quelques questions controversées, comme la neutralité de Wikipédia et l'exactitude des informations dans les articles portant sur des sujets délicats. Un des chapitres est dédié à la politique de financement de la Fondation Wikimedia, et analyse la façon dont les donations considérables sont obtenues, distribuées et utilisées. Il aborde la création d'une copie de Wikipédia dans les dialectes arabes et la façon de la réaliser.

Enfin, le livre documente les organisations et les projets soutenus par Wikipédia et l'ensemble des efforts des collaborateurs de Wikipédia résidant dans les pays arabes. Il liste le forum, des conférences et des programmes de coopération auxquels ces collaborateurs ont contribué dans la région arabe ces dernières années.

Cet article fut rédigé sur la base d'un message envoyé par Wikimedia au Levant à Global Voices.

La Turquie vote aujourd'hui : quels sont les enjeux du référendum ?

dimanche 16 avril 2017 à 14:51

Erdogan. Image Image Pixabay. Domaine public.

La dernière fois qu'il y a eu un référendum en Turquie, c'était il y a sept ans, et tous les changements furent approuvés. Mais aujourd'hui, pour le septième référendum de son histoire, le pays est plus nettement divisé, et le butin incomparablement plus gros.

Le Président Recep Tayyip Erdogan, depuis une quinzaine d'années l'homme politique dominant du pays, a consolidé son pouvoir, s'est débarrassé des contrôles et rivaux dans les tribunaux et le gouvernement, et a lancé une répression sans précédent qui touche pratiquement toutes les sphères de la vie publique à la suite du coup d’État manqué de juillet 2016.

Pourtant, aux yeux des Turcs qui votent aujourd'hui ‘Oui’, Erdogan est l'homme qui a repoussé l'influence insidieuse de l'armée sur la politique intérieure, le protecteur des musulmans pieux et le visage de la marque ‘Nouvelle Turquie’ qu'il a proclamée en 2014.

Ses opposants quant à eux voient dans une victoire du ‘Oui’ au référendum d'aujourd'hui une sorte d'apocalypse.

Qu'est-ce qui changerait ?

Selon les 18 amendements proposés à la constitution, en cas de ‘Oui’, la Turquie cesserait d'être une république parlementaire et deviendrait un régime présidentiel. Le Président Erdogan pourrait être candidat à la présidence en 2019, et si élu, pourrait rester au pouvoir jusqu'en 2029.

Les modifications donneraient aussi au nouveau président le pouvoir de dissoudre le parlement, nommer les ministres et autres hauts-fonctionnaires –
sans aucun contrôle — ainsi que la moitié de tous les magistrats supérieurs.

Le président pourrait aussi lancer des référendums, déclarer l'état d'urgence et publier des décrets ayant force de loi. Les partisans de la réforme et son parti Justice et Développement (AKP) défendent que cela accélèrera le processus de prise de décision dans le pays. La fonction de Premier Ministre, actuellement dotée des pouvoirs prééminents selon la constitution, disparaîtrait.

Peuple de Turquie le pouvoir est à toi. [Evet = Oui, Hayir = Non]

“L'histoire de la Turquie dit au monde la fragilité de la démocratie devant la démagogie populiste” – L'écrivaine turque Elif Safak

Demain matin nous nous réveillerons dans une nouvelle Turquie quel que soit le résultat nous serons comme ça (les votants du oui et du non côte à côte).

Pour #UnePatrie #UnDrapeau #UneNation #UnEtat [je vote] #OUI Rien ne sera plus pareil !

Si c'est le ‘Non’ qui l'emporte, les amendements proposés seront rejetés indéfiniment.

Des conditions de vote toxiques

La critique du scrutin ne se centre pas que sur son résultat potentiel, mais aussi sur le fait que la Turquie n'est simplement pas en situation de tenir un référendum en ce moment.

La fermeture de quelque 200 plates-formes de médias, l'emprisonnement de plus de 150 journalistes, et l'intimidation de la société civile par les purges consécutives au coup d’État avorté ont dramatiquement rétréci l'espace politique pour l'opposition à Erdogan.

Environ 71.000 personnes ont été interrogées à la suite de la tentative de coup d’État attribué au rival d'Erdogan Fethullah Gulen en exil aux Etats-Unis, et 41.000 mises en accusation selon le récent article du New York Times sur le résultat des purges en Turquie. Les députés du parti pro-Kurde et pro-démocratie HDP ont été privés de leur immunité parlementaire et attendent leur procès.

Le seul individu qui jouit encore de la liberté de parole est Erdogan lui-même. Ces dernières semaines, les Turcs ont entendu leur président comparer les Allemands et les Néerlandais aux Nazis, traiter les Pays-Bas de république bananière et réclamer des sanctions contre ce pays après une querelle baroque et inquiétante sur le droit de son parti à mener campagne pour le ‘Oui’ dans les pays étrangers. Voter ‘Non’, a-t-il dit, équivaut à voter pour le terrorisme.

Nombreux sont les électeurs du ‘Non’ à craindre que quelle que soit la conclusion du scrutin, une nouvelle forme de terreur, dirigée par l'Etat, ne fasse que commencer.

Les Mexicains s'opposent à la militarisation du pays : “Nous sommes tués par les balles, pas par les drogues”

dimanche 16 avril 2017 à 13:50

Illustration publiée sous licence Creative Commons (CCO, de domaine public). Photo prise du site web “Pexels”.

Cynthia allait vers la plage de Matamoros, dans l’État de Tamaulipas, dans le nord du Mexique. Elle était accompagnée de ses deux enfants, ses frères et son mari. Sur le chemin, ils ont traversé un poste de contrôle militaire. Les militaires ne leur ont pas demandé de s'arrêter.

Cependant, quelques mètres plus loin, les militaires ont tiré sur l'arrière du véhicule dans lequel circulait la famille. Les deux enfants de Cynthia sont morts sur le coup. Celui de 10 ans a reçu une balle dans le dos. Le plus petit, 5 ans, est mort dans ses bras.

Stoppons la militarisation, formons nos policiers (Sécurité Sans Guerre – #SeguridadSinGuerra)

Le témoignage de Cynthia, qui est malheureusement un exemple parmi d'autres des nombreuses violations des droits de l'homme commises par les militaires dénoncées durant la “guerre contre les drogues”, fait partie de la campagne citoyenne Sécurité Sans Guerre, qui vise à bloquer un projet de loi qui donnerait plus de pouvoir d'action à l'armée au Mexique.

Contre la militarisation du pays

Des citoyens, des associations de la société civile, des universitaires, des journalistes, des activistes, des familles de disparus et de victimes de l'intervention militaire se sont unis pour appuyer la campagne dans le but de bloquer le plan du gouvernement de normaliser la présence militaire dans la sécurité publique.

Le site web Sinmilitarizacion.mx précise que, si la loi appelée Loi de Sécurité Intérieure était votée, l'intervention de l'armée dans la vie publique serait prédominante. L'armée aurait le droit d'intervenir dans les manifestations pacifiques, d'enquêter, de prendre des dépositions, de recevoir des plaintes et d'arrêter les prétendus délinquants – tâches qui doivent incomber à la police et aux ministères publics. A la place, la campagne propose qu'au lieu de voter la loi, les policiers soient mieux entraînés.

Sur le même site, les raisons pour les lesquelles les citoyens ont été amenés à manifester contre l'idée de normaliser la présence de l'armée dans chaque recoin du pays sont aussi énumérées. Parmi elles, il est à souligner celle que le Secrétaire à la Défense a lui-même présentée :

L'armée et la police ne sont pas interchangeables. Les forces militaires sont entraînées pour utiliser la force contre un ennemi armé et le vaincre. La police est conçue pour faire face aux menaces à la sécurité avec le minimum d'usage de la force et pour combattre les délits avec la coopération de la population. C'est aussi ce que dit la Constitution.

Le média mexicain indépendant Animal Político a également mis en garde que la loi donnerait aux militaires et à toute force de sécurité fédérale la possibilité de mettre en place des surveillances “en utilisant toutes les méthodes pour récolter l'information”.

Amnesty International est d'accord pour dire que la loi représente un danger :

Cette légitimation [pour les militaires] va fragiliser le système de protection des droits de l'homme dans le pays, sans rien ajouter à la protection de la population.
Les autorités mexicaines devraient reconnaître qu'après 10 ans de sécurité militaire, les violations des droits de l'homme comme la torture, les disparitions, les assassinats et l'impunité pour les responsables ont augmenté.

De son côté, le philosophe et ex-député Fernando Belaunzaran, dans un article pour le Mexican Times s'est aventuré à dévoiler les raisons que pourraient avoir le gouvernement pour défendre les forces armées comme garantes de la sécurité du pays :

(…) L'armée jouit d'une confiance de 42%, quatre fois plus que celle du gouvernement fédéral qui est de 10%. Ceci explique pourquoi le gouvernement a succombé à la tentation de se présenter comme un bélier de défense avec des réponses patriotiques au supposé honneur sali des forces armées, face à ceux qui s'interrogent sur les initiatives de la loi de sécurité intérieure en discussion au congrès.

Belaunzaran répond ainsi à la position de défense de l'armée prise par le président Enrique Peña Nieto et continue avec cette mise en garde en cas de maintien de cette politique :

Ce qui est grave n'est pas que le gouvernement se trompe en pensant que les militaires lui permettront de récupérer du prestige social en convertissant le cabinet et jusqu'au chef de l'exécutif en leurs apologistes, mais c'est que d'une part il évite le sujet de fond qui est d'insister à maintenir une stratégie désastreuse de combat contre le narcotrafic qui a atteint une violence sans possibilité de résoudre aucun problème, et par ailleurs cela dénature leur fonction en les jetant dans l'arène électorale, ce qui les rend plus vulnérables à l'effet d'usure pour le public.

Ce ne sont pas les drogues qui nous tuent, ce sont les balles

Pendant le gouvernement de Felipe Calderón (2006-2012), l'armée est sortie dans la rue sous le prétexte de se battre dans une supposée guerre contre le narcotrafic et les drogues. Depuis, la violence dans le pays s'est généralisée et a créé une crise des droits de l'homme. Selon la campagne, il a été dénombré plus de 30 000 disparus, 166 000 morts et une hausse du nombre de groupes criminels (de 8 à 200). De plus, Il a été observé que l'armée a un ratio de victimes inhabituel : elle fait 8 morts pour 1 blessé. C'est pour ces raisons que les organisations civiles considèrent cette loi comme une “menace pour la démocratie”.

Pedro Reyes, un artiste plasticien qui a travaillé sur le sujet de la violence dans le pays, fait partie de la campagne et assure que ce qui aujourd'hui tue les Mexicains ce ne sont pas les drogues mais la “guerre” contre elles :

Au Mexique, pour une personne qui meurt d'usage des drogues, douze meurent en raison de la guerre contre les drogues. Ce ne sont pas les drogues qui nous tuent, ce sont les balles.

Dans le cadre de la campagne, le public est invité à la rejoindre et à signer la déclaration qui sera envoyée aux députés en charge de rejeter ou approuver le projet de loi le 30 avril prochain, lequel a été considéré par certains citoyens comme une “loi putschiste“.

Sur Twitter, les personnes ont exprimé leur position sur le projet de loi:

Image : Sécurité Sans Guerre
– Avant le 30 avril, le Congrès veut approuver la loi de sécurité intérieure
– Les principales initiatives sont celles de César Camachoy et Gil Zuarth
– Par laquelle le président pourrait utiliser à discrétion l'armée contre le peuple et de façon unilatérale
– Cela ressemble à un régime militaire. C'est un chèque en blanc pour l'armée
– En 2006, l'armée est sortie dans la rue et le taux d'homicides a été multiplié par 3
– Et l'armée n'est pas prévue pour les tâches de sécurité publique
– Nous ne sommes pas formés pour poursuivre les délinquants
– La loi est ambiguë : “et toute action qui est nécessaire”
– De plus, l'initiative de Gil Zuarth permet des actes mortels contre les manifestations pacifiques
– Il convient de définir un cadre normatif correct
– Arrêtons la militarisation, formons la police
Information : seguridadsinguerra.org

Tweet : Magnifique illustration expliquant pourquoi nous ne voulons pas de la loi putschiste et en contrepartie, nous demandons Sécurité Sans Guerre (#SeguridadSinGuerra)

Image :
– Stoppons la militarisation, formons la police
– Visite maintenant sinmilitarizacion.mx et partage. Merci ! Utilise #SeguridadSinGuerra

Tweet : Activistes, universitaires, journalistes et organisations de la société civile exigeons #SeguridadSinGuerra, joins-toi à nous et arrêtons la militarisation

Image : Nous ne voulons pas de la loi de sécurité intérieure
Ni de l'armée dans les rues

Tweet : Stop à l'armée dans les rues. Non à l'Etat totalitaire.

Du vrai hors-piste : L'Afghan Ski Challenge

dimanche 16 avril 2017 à 13:19

Photo reproduite avec l'autorisation d'Afghan Ski Challenge.

Les hautes montagneuses déchiquetées de l'Afghanistan ont été à travers les siècles sa meilleure défense contre les invasions étrangères, mais ce n'est pas leur seule utilité pour le pays.

Depuis 2011, l'annuel Afghan Ski Challenge a lieu de février jusqu'à fin mars dans les montagnes de Koh-i-Baba, non loin de l'endroit où de triste mémoire les talibans ont explosé les Bouddhas géants taillés dans le rocher, dans la province de Bamiyan au centre du pays.

Là se tiennent des compétitions pour les professionnels comme pour les amateurs, dans lesquelles des skieurs pour la plupart afghans se mesurent les uns aux autres et à une poignée d'adversaires internationaux.

L'événement est organisé par le Ski Club de Bamiyan, une organisation à but non lucratif basée à Zurich et créée il y a six ans avec pour objet la promotion du ski et du tourisme à Bamiyan.

Photo reproduite avec l'autorisation d'Afghan Ski Challenge.

Vraiment hors-pistes

Enneigé pendant six mois de l'année, le massif de Baba s'offre comme le choix d'un coin reculé pour des étrangers aventureux à la recherche de leur prochaine lubie de ski hors-pistes. Pour ajouter à leur curiosité, l'Afghanistan est régulièrement représenté dans les médias internationaux comme dévasté et infesté d'insurgés.

En revanche, la province de Bamiyan, toute pauvre et négligée par le gouvernement qu'elle soit, est à l'abri des dangers des talibans et de l'EI, et ouverte au tourisme tant local qu'international.

Depuis 2011, plus d'une trentaine de skieurs en moyenne de pays comme l'Australie, la Nouvelle Zélande, le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne, la Suisse, la Norvège, la Slovénie et les États-Unis se rendent chaque année à Bamiyan, un ruisseau que les organisateurs de l'Afghan Ski Challenge espèrent voir grossir avec le temps.

Photo reproduite avec l'autorisation d'Afghan Ski Challenge.

Beaucoup viennent simplement pour l'aventure. Le ski hors-piste —  par contraste avec le ski alpin — né en Amérique du Nord comme une activité artisanale, s'est mué en mouvement qui a atteint certains des pays les moins fréquentés par les touristes. Il prospère sur la neige vierge et l'inexistence générale de l'infrastructure trouvée dans les stations de ski, télésièges et autres remontées mécaniques.

En février 2012, la première école de ski a été ouverte à Bamiyan par l'Agence de voyages Rah-e Abrishom, et a donné des leçons de ski à pas moins de 60 jeunes Bamiyanis dans sa première session d'un mois, conduite par deux moniteurs étrangers.

Bamiyan compte aujourd'hui cinq clubs locaux de ski, avec plus de 200 membres au total. Entre temps, la Fédération de Ski d'Afghanistan, fondée en 2015, a été affiliée à la Fédération internationale de Ski en 2016.

Photo reproduite avec l'autorisation d'Afghan Ski Challenge.

Rares sont les passionnés locaux de ski à posséder l'équipement nécessaire (skis, chaussures de ski, après-skis et casques) qui ensemble peuvent coûter plus de 1.000 dollars. Les équipements utilisés par les skieurs pour l'Afghan Ski Challenge sont fournis par la Suisse, la Fondation Aga Khan, le Ski Club de Bamiyan et l'Association de Tourisme de Bamiyan.

Mais certains se fient à l'ingéniosité et à tout ce qu'ils peuvent avoir sous la main.

Comme l'a décrit un étranger interrogé par the Guardian, “Ils ont décidé de nous copier, en fabriquant leurs skis à l'aide de planches de bois et en les fixant à leurs chaussures avec du tissu et une corde. Skier avec eux fait partie du plaisir d'être ici”.

Photo reproduite avec l'autorisation d'Afghan Ski Challenge.

Les femmes skient aussi

Les filles font partie depuis le début de l'Afghan Ski Challenge, et leur nombre croît d'année en année. Aujourd'hui, le Ski Club de Bamiyan compte dans ses rangs plus de 30 membres féminins, dont certaines ont remporté des courses du Challenge.

Avec sa population majoritairement d'ethnie Hazara, Bamiyan s'enorgueillit d'un des meilleurs taux d'éducation féminine d'Afghanistan. C'est aussi la première province gouvernée par une femme après la chute des talibans.

Photo reproduite avec l'autorisation d'Afghan Ski Challenge.

La réintégration des femmes dans la vie publique de l'Afghanistan post-talibans est dans l'ensemble une tâche ardue. A Bamiyan, si des obstacles persistent, l'environnement social est plus clément.

Photo reproduite avec l'autorisation d'Afghan Ski Challenge.

Sport et politique

En Afghanistan le sport est politique. Comme la majorité des joueurs de cricket afghans sont d'ethnie Pachtoune, par exemple, d'autres groupes ethniques détestent ce sport. Ce qui n'a pas empêché le gouvernement d'investir massivement en subsides et capital politique dans le cricket.

Le Président Ashraf Ghania récemment reçu les joueurs de cricket dans sa résidence à leur retour de l'Inde, et son chef de l'exécutif Abdullah Abdullah a assisté avec les supporters de l'équipe à la Coupe du monde T20 en Inde.

Le Président Ghani et le chef de l'exécutif Abdullah ont chanté en chœur les louanges de l'équipe de cricket sur leurs comptes Twitter :

Quelle victoire fabuleuse et quel coup de batte fantastique de G. Naib ! J'ai vraiment pris beaucoup de plaisir. Je veux aussi féliciter les supporters. Continuez comme ça, nos héros !

Félicitations à l'Afghanistan pour sa victoire historique contre l'Irlande dans la Coupe Intercontinentale et sur l'Inde dans la Coupe d'Asie des équipes émergentes.

C'est plus souvent le taekwondo qu'on associe aux Hazaras. Le double médaillé olympique de cette discipline, Rohullah Nikpah, est un Hazara, qui a démissionné pour protester contre la corruption alléguée au Comité olympique national afghan. La corruption dans le Comité olympique national afghan ainsi qu'à la Fédération sportive afghane est un sujet régulièrement abordé par les médias locaux.

Pour en revenir au ski, il ne s'est pas diffusé loin de Bamiyan, et reste largement ignoré par les pouvoirs publics, en dépit des ambitions de la Fédération afghane de ski d’envoyer deux skieurs afghans entraînés aux Olympiades d'hiver de 2018.

Agha Mohammad Kargar, le président de la fédération, a déploré dans une interview téléphonique avec Global Voices que “le gouvernement se désintéresse totalement de ce sport”.

“Le budget de la fédération est nul, nous dépendons des dons pour couvrir nos frais”, a-t-il dit à Global Voices.

Langues locales, réseau mondial : les technologies numériques au secours des langues minoritaires

samedi 15 avril 2017 à 21:42

Photo prise par  Derek Lackaff dans le comté rural de Galway, en Irlandei, en janvier 2016.

La version originale de ce post [en anglais comme les liens successifs, sauf indication contraire] a été publiée par r12n sur Medium.

L'été dernier une femme irlandaise du nom de Caoimhe Ní Chathail a envoyé un tweet à son opérateur de téléphonie mobile pour lui faire savoir qu'elle avait des difficultés à utiliser leur site internet. Depuis des mois ce site refusait son nom, le déclarant invalide parce qu'il contenait une lettre irlandaise accentuée (í). La réponse de l'opérateur a été de demander à Caoimhe de simplement utiliser la graphie anglaise de son nom. Cet échange très médiatisé a causé un petit scandale sur Twitter irlandais : un opérateur irlandais semblait contester l'acceptabilité de l'usage de la langue irlandaise sur Internet en Irlande. En peu de semaines, l'opérateur a mis à jour son site de manière à ne plus refuser des noms irlandais, mais ce micro-incident illustre le type de problématique que les locuteurs irlandais doivent affronter dans leurs interactions avec les médias numériques.

La langue irlandaise ([fr] Gaeilge, le gaélique) est la première langue officielle de l'Irlande, reconnue aussi comme langue minoritaire en Irlande du Nord et une langue officielle de l'Union Européenne. L'enseignement en langue irlandaise est obligatoire dans les écoles  primaires et secondaires en Irlande. L'irlandais a un riche patrimoine littéraire, il est utilisé à la radio, à la télévision et sur Internet. Ceux qui étudient l'irlandais comme seconde langue hors de l'Irlande peuvent trouver très opportun de le faire de façon officielle grâce à des universités comme Notre Dame ou University of Sydney, ou de façon informelle sur Meethttps://www.meetup.com/fr-FR/topics/irish/Up [fr] ou en utilisant des applications gratuites comme Duolingo [fr]. Nonobstant ces manifestations de soutien et d'intérêt, l'irlandais est considéré “en voie d'extinction certaine [fr]”.  Des estimations actuelles suggèrent qu'Il n'y a approximativement que 40-70.000 locuteurs habituels dans toute la population irlandaise qui s'élève à 4,6 millions d'habitants. En réalité l'irlandais est une langue communautaire que l'on ne parle en dehors des milieux scolaires que dans très peu de zones, le plus souvent dans les régions rurales englobées sous le nom de Gaeltachtai [ge]. L'Irlandais est donc une langue minoritaire en Irlande où la majeure partie de la population utilise dans la vie quotidienne la langue dominante : l'anglais.

Pourcentage de personne qui parlent habituellement l'irlandais en dehors du système éducatif. Recensement de 2011

Un rapport récent suggère que l'irlandais pourrait effectivement s'éteindre comme langue communautaire dans une ou deux décennies. L'irlandais rejoint ainsi les milliers d'autres langues humaines qui pourraient disparaître dans les prochaines années ou décennies faute d'une intervention active. Bien que les classifications techniques des langues et de leur niveau d'extinction soient quelque peu contestées, au niveau mondial la tendance est à une moins grande diversité linguistique à partir du moment où l'anglais l'espagnol ou le chinois se substituent progressivement aux langues locales ou indigènes. Même si les langues ont connu des oscillations tout au long de l'histoire de l'humanité, pendant les dernières décennies, le colonialisme,  les programmes d'assimilation et la mondialisation ont exercé une pression énorme sur les langues comptant peu de locuteurs. Aux États-Unis, plus de 150 langues indigènes ont encore des locuteurs vivants, mais des dizaines d'années de répression culturelle ont laissé ces langues dans une position très précaire. Par exemple, Il existe encore 2.000 locuteurs de la langue Lakota, mais la plus grande partie de ses utilisateurs natifs ont aujourd'hui 60 ou 70 ans. La transmission d'une génération à l'autre de la langue, faite par les grands-parents et les parents est le facteur principal de survivance de celle-ci, c'est pourquoi la préservation et la revitalisation d'une langue sont souvent une course contre la montre.

Il y a bien des raisons qui devraient pousser le locuteur à utiliser sa propre langue et à protéger ainsi la diversité linguistique. Une langue est une connexion continue avec une culturelle et une vision du monde particulières, elle encode une information unique sur les hommes et le monde. L'accès au patrimoine linguistique offre de gros avantages aux personnes qui luttent cotre le colonialisme et s'en remettent. Récemment, avec mon collègue William J. Moner, nous avons mis en route un projet de recherche qui analyse l'usage d'une langue minoritaire : l'irlandais, dans les médias. Nous croyons que la leçon apprise dans le cas de l'irlandais pourrait être appliqué à des milliers de langues humaines en danger d'extinction et que les projets interactifs jouent un rôle important dans le processus de renouvellement d'une langue.

Numérisation des langues minoritaires

Les technologies de communication et plus spécifiquement les médias sociaux présentent des opportunités et des défis en ce qui concerne les efforts pour la préservation et la revitalisation des langues minoritaires. Les avantages incluent la possibilité de diffuser au niveau mondial des informations culturelles, l'outil matériel pour l'apprentissage, l'opportunité d'augmenter le prestige d'une langue et d'en faire la promotion au sein des nouvelles générations. Ce dernier point devient de plus en plus important dès lors que les cultures jeunes mondialisées vont vers des environnements connectés en permanence, à l'exemple des plate-formes de messagerie instantanée comme Snapchat, Facebook Messenger, ou WhatsApp.

Les plate-formes de communication numérique permettent potentiellement aux membres d'une communauté linguistique de demeurer en contact qu'ils soient proches ou distants. Toutefois, à mesure que l'ordinateur personnel cède la place aux appareils mobiles de communication, les interactions et les données se sont reportées sur des procédés avancés comme la reconnaissance vocale et l'écriture manuelle plus que sur le clavier traditionnel. Alors que l'acceptabilité de données textuelles basiques provenant d'un clavier est un banal exercice informatique, offrir des fonctionnalités avancées comme la reconnaissance vocale ou la correction orthographique est plus dispendieux en terme de temps et de ressources. Certains observateurs ont commencé à sonner l'alarme à ce sujet, par exemple celle du musicien poète Sjón à propos de sa langue native l'islandais (330.000 locuteurs):

The broader and more serious implications are for the language as it is used in daily life. Technology is moving towards AI and speech-controlled applications, and the companies developing it do not see preserving languages spoken by few as their responsibility. When the day comes that we have to speak to our refrigerators in English (which I believe is not far in the future), Icelandic will retreat very fast.

Les implications plus larges et plus graves concernent la langue utilisée dans la vie quotidienne. Les technologies s'orientent vers le développement de l'intelligence artificielle et des dispositifs de reconnaissance vocale, et les sociétés qui les développent ne se sentent pas concernées par la protection des langues utilisées par peu de personnes. Le jour où nous devrons parler en anglais à notre réfrigérateur (ce qui arrivera, selon moi dans un avenir proche) l'islandais disparaîtra très vite.

Et  pourtant, techniquement, l'islandais n'est pas en risque d'extinction.

La numérisation des langues minoritaires offre de nouvelles et nombreuses opportunités pour la préservation et la revitalisation de ces langues. Ces opportunités incluent une documentation plus facile et moins intrusive sur la langue, par exemple en utilisant l’application Aikuma. Il se développe également de nouvelles opportunités pour la pédagogie et l'apprentissage, alors que les nouveaux outils texte, audio et d'étude assistée par ordinateur deviennent plus aisés à produire et à diffuser. Parmi mes préféré, il y a le jeu Never Alone (jamais seul), développé en étroite collaboration avec des conteurs natifs de l'Alaska.

Un autre exemple amusant est la version doublée en Lakota des Berenstain Bears (les Coquinours) maintenant disponible sur Youtube. Enfin, la localisation ou traduction de logiciels, en particulier de logiciels “open source”, est un champ particulièrement prometteur pour les langues minoritaires. Kevin Scannell, un scientifique spécialisé dans l'informatique de l'université de Saint Louis, a comptabilisé beaucoup d'applications logicielles— y compris les suites bureautiques comme Mozilla Firefox et LibreOffice, et les applications Web comme Gmail et Twitter —  désormais disponibles en irlandais grâce à sa contribution et celle de quelques autres.

Le mobile a conquis le monde

Il y a un glissement mondial vers le mobile et c'est une évidence que les appareils modèlent l'usage de la langue d'une façon qui diffère de celle de l'ordinateur personnel. La première génération de plate-formes pour messages texte sur mobiles était principalement destinée à des téléphones portables avec un petit  écran et un clavier numérique. Étant donné que le clavier numérique standard avait seulement 12 touches, la majeure partie des caractères était obtenue en appuyant plusieurs fois sur les touches pour avoir les options disponibles. Par exemple il fallait appuyer sur la touche étiquetée “2” six fois pour obtenir le caractère  Á, passant auparavant au travers des caractères A, B, C, 1, 2, et Ä. le texte prédictif est un apport de la technologie pour améliorer quelques-uns de ces problèmes, permettant au logiciel de prévoir quel mot les utilisateurs souhaitent écrive sur la base d'un nombre réduit de touches pressées. Le texte prédictif augmente la vélocité de la création du texte d'environ 30 %, il est largement utilisé pour les langues mondiales, mais manque d'intérêt commercial pour les langues minoritaires au marché plus réduit.

Saisie assistée sur un téléphone numérique.

Les dispositifs à écran tactile comme ceux de l'iPhone et l'iPad d'Apple caractérisent la seconde génération de plate-formes mobiles. De tels dispositifs utilisent généralement un “clavier virtuel” apparaissant sur l'écran quand l'insertion d'un texte est nécessaire. Pour les langues minoritaires possédant une écriture similaire à celle de la langue dominante, l'insertion d'un texte ne pose probablement pas de problème. L'Irlandais moderne, par exemple utilise la majeure partie des lettres de l'alphabet latin avec cinq voyelles accentuées (síneadh fada) qui sont accessibles sur un clavier anglais avec un tapotement supplémentaire. Néanmoins la majeure partie des utilisateurs de ces écrans n'insèrent pas les caractères un par un. Pour les utilisateurs de la langue dominante le clavier offre également des fonctionnalités avancées comme l'écriture par geste, le contrôle orthographique et la correction automatique. Ce type de technologie au niveau des interfaces augmente énormément la commodité, la précision et la vélocité de l'ientrée d'un texte sur le dispositif mobile, il peut ainsi induire une préférence pour la langue dominante, même chez les utilisateurs le plus fervents d'une langue minoritaire.

Comment rendre l'irlandais mobile ?

Pour mieux comprendre de quelle façon les utilisateurs de langues minoritaires interagissent avec la technologie des mobiles, nous avons développé et réalisé un sondage en ligne orienté vers les jeunes parlant l'irlandais et les étudiants en cette langue dans ce pays. Ce sondage a été inspiré par un autre précédemment utilisé pour une étude chez des jeunes parlant le frison, une langue minoritaire parlée aux Pays-Bas. Comme on pouvait s'y attendre, les participants étaient plutôt des utilisateurs très assidus des réseaux sociaux, en particulier des applications de média sociaux. Et Ils ont fait preuve de niveaux de compétence linguistique variés : la compréhension de l'irlandais était assez bonne, la compétence orale un peu plus faible et encore plus faible la compétence écrite..

Les utilisateurs ont eu beaucoup à dire de leur expérience dans l'usage de l'irlandais sur les médias sociaux et les mobiles, ainsi que sur les divers obstacles qu'ils ont dû affronter. En fin de compte trois thématiques générales ont émergé de leur réponse aux questions :

Le premier thème était que le public irlandais était beaucoup plus réduit que le public anglais, la majeure partie des participants ont beaucoup d'amis qui parlent irlandais, mais beaucoup hésitaient à utiliser l'irlandais sur les médias sociaux. En réalité beaucoup affirment qu'il leur aurait paru insolite ou étrange de voir de l'irlandais dans leurs flux. Aucun utilisateur n'a déclaré segmenter son propre public sur la base de la langue, par exemple en utilisant une liste Facebook.

La seconde thématique recueillie était que les utilisateurs sont conscients du fait que leur réseau est plurilingue et s'inquiètent qu'en écrivant des posts en irlandais ils risquent d'exclure et de mécontenter ceux qui ne parlent pas cette langue. Cette constatation est paradoxale dans un certain sens car les participants perçoivent également que la langue est une partie importante de leur culture et de leur identité personnelle.

La troisième thématique était que le contexte des médias mobile présente de défis techniques spécifiques. Même les utilisateurs avertis ont dû affronter des difficultés pour écrire en irlandais sur leur téléphone mobile. Plutôt que d'utiliser une écriture par geste avec le correcteur automatique, ils étaient obligés de saisir laborieusement leur texte lettre par lettre. Dans bien des cas le clavier travaille activement contre eux, le correcteur automatique anglais signalant comme mal orthographiés tous les mots irlandais ou corrigeant leurs mots irlandais en y substituant de l'anglais. La difficulté de produire un irlandais correct sur un clavier mobile est exacerbée pour les utilisateurs potentiels de l'irlandais qui ne sont pas totalement à l'aise. Beaucoup ont mentionné avoir été publiquement critiqués ou repris par des “snobs de la grammaire” pour avoir écrit un irlandais “incorrect” sur Internet.

Ces  résultats font apparaître des problèmes spécifiques que les concepteurs de ces outils d'interactions devraient prendre en compte lorsqu'il élaborent des produits destinés aux langues minoritaires.

Facteurs technologiques

La majeure partie des personnes contactées trouvent que les interfaces des mobiles actuels inhibent l'usage de l'irlandais. Qu'il s'agisse de l'insertion d'un caractère accentué ou d'une bataille contre le correcteur automatique d'une autre langue, l'interface elle-même peut pousser l'utilisateur vers une langue dominante. Pour certaines communautés linguistiques plus petites, les locuteurs n'ont pas eu de problème pour changer le paramétrage du clavier, désactiver technologies d'assistance comme l'écriture par geste ou le correcteur automatique, taper les mots lettre par lettre. Toutefois dans le contexte des langues minoritaires comme par exemple l'irlandais, les utilisateurs supposent à juste raison que chacun dans leur réseau se débrouille bien en anglais et choisissent de suivre la ente de la moindre résistance linguistique et technique. Beaucoup d'utilisateurs courants de l'irlandais contactés lors de notre sondage envoient des messages en anglais à leurs amis et parents, même si de vive voix ou au téléphone, ils parlent Irlandais.

Nous avons également découvert que les instruments de mesure de la popularité sur les médias poussent les locuteurs irlandais à utiliser la langue majoritaire. Ces mesures sont plutôt une simplificatrices mais sont dominantes dans tous les posts ou statuts : voir les “j'aime”, les nombres de “commentaires” ou de “retweets”. Dans une économie de l'attention où les utilisateurs des médias sociaux sont encouragés à la performance, tout ce qui peut limiter le nombre de vues – comme l'usage d'une langue minoritaire – sera évité.

Contextes culturels

En second lieu, tous les utilisateurs de langues minoritaires vivent et communiquent dans un contexte culturel complexe. L'irlandais possède un ensemble complexe d'associations pour les Irlandais, allant d'un sens et orgueil de leurs à une crainte du conflit politique ou des souvenirs douloureux d'apprentissage scolaire de l'anglais. En outre, les utilisateurs irlandais peuvent supposer sans se tromper que l'anglais sera compris par l'ensemble de leur réseau local, alors que l'irlandais ne le sera que par quelques personnes de leur réseau irlandais et aucune de leur réseau international. Ceci complique l'usage soutenu de l'irlandais, en particulier pour les jeunes générations. Si l'objectif est d'encourager un usage créatif et informel de la langue, il pourrait être utile de promouvoir de nouvelles normes linguistiques, par exemple exemple par le biais de plate-forme unilingues qui supprimeraient l'ambiguïté sociale générée par le bilinguisme. D'autres langues minoritaires auront  des rapports différents avec la langue dominante et nécessiteront d'autres types de formule.

Besoins linguistiques

Finalement les langues ont des besoins spécifiques et uniques liés à leur orthographe, leur morphologie et aux ressources des ordinateurs. L'irlandais a queque chose d'unique parmi les langues minoritaires en ce qu'il est comparativement bien doté en ressources. Ainsi, diverses technologies fonctionnelles peu chères ou gratuites de saisie clavier sont déjà disponibles pour les appareils mobiles, mais leur adoption semble faible parmi la base d'utilisateurs que nous avons étudiée.. Aucun de nos participants ne nous a signalé utiliser Adaptxt keyboard, un clavier gratuit pour iOS et Android qui offre une une fonction prédictive et une correction automatique en irlandais de haute qualité, et une facilité de passage d'une langue à l'autre. Quelques utilisateurs ont signalé utiliser le clavier Swype, à télécharger séparément mais pleinement compatible avec l'irlandais. Il existe des centres de recherche actifs en linguistique informatique de l'irlandais, tel que le  Centre ADAPT en collaboration avec Dublin. Kevin Scannell suggère que pour l'irlandais la difficulté n'est pas une pénurie de ressources ou de capacités techniques, mais la mise en relation réelle des utilisateurs avec ces ressources : faire une publicité efficace du logiciel et des interfaces en langue irlandaise vers les utilisateurs potentiels, et convaincre les développeurs de systèmes d'exploitation et les fabricants de terminaux d'intégrer les technologies en irlandais dans leurs produits. Il y a des signes que cela pourrait être en cours pour certaines langues — la dernière version de l'application de clavier GBoard de Google pour iOS et Android comporte l'irlandais et permet la correction automatique et l'écriture prédictive en de multiple langues simultanément.

Teresa Lynn, une chercheuse auprès de l'ADAPT Centre, donne une conférence TEDx sur l'irlandais et les médias sociaux.

La vitalité d'une langue requiert sa pratique dans un espace où les personnes sont en échange actif et réciproque  permettant une communication. Étant donné que les géants de la technologie mondiale comme, par exemple, Facebook et Google, se positionnent de manière agressive dans les régions en voie de développement du monde, les questions concernant l'a liberté de choix et la résistance à une colonisation linguistique deviennent de plus en plus importantes. Encourager l'usage quotidien des langues en danger d'extinction, en- et hors-ligne, c'est pousser au partenariat et à l'engagement des militants, concepteurs et développeurs en langues minoritaires.

Alors que les technologies de communication s'avancent sur des terrains toujours plus personnels et plus largement culturels, et que les plate-formes de médias sociaux facilitent la communication dans ce type de contexte, les tensions entre langues locales et technologies continueront à compliquer la vie tant aux communautés locales qu'aux concepteurs d'interactions. Même si l'irlandais est une langue minoritaire unique en son genre, son analyse aide à comprendre comment pratiques globales et locales se concilient à travers les interfaces de mobiles.

Pour plus d'information vous pouvez consulter l'article : Lackaff, D. & Moner, W. J. (2016). Local languages, global networks: Mobile design for minority language users. Actes de la 34e Conférence Internationale sur le design et la communication (SIGDOC ’16). doi: 10.1145/2987592.2987612