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Les groupes de sécurité alimentaire américains veulent un veto contre la “loi de protection de Monsanto”

lundi 15 avril 2013 à 16:01
Monsanto seed crop

Cultures issues de semences Monsanto. Photo by Paulito B on Flickr (CC BY-NC-ND 2.0)

[Les liens renvoient vers des pages en anglais]. La loi controversée et dite “de protection de Monsanto” a été approuvée par le Congrès américain le 14 Mars 2013. Elle est censée protéger les semences génétiquement modifiées de poursuites judiciaires quels que soient les effets sur la santé des consommateurs.

L’amendement appelé “Farmer Assurance Provision” (Clause d'Assurance des Agriculteurs), est un passager clandestin glissé dans la loi budgétaire HR 933. Il ne serait en vigueur que pour six mois, jusqu’à ce que la loi dans laquelle il s'inscrit expire le 30 septembre prochain, mais il inquiète les militants.

Le projet de loi a été accusé d'être approuvé à l'insu de la plupart des sénateurs. La personne responsable de son adoption, la Sénatrice Barbara Mikulski du Maryland, est actuellement la Presidente de la Commission Budgétaire du Sénat. Des militants de “Food Democracy Now” et du “Center for Food Safety” la mettent directement en cause pour son rôle dans l’approbation de cette loi sans la consultation préalable des comités agricoles ou judiciaires.

Le Directeur exécutif du Centre pour la Sécurité Alimentaire, Andrew Kimbrell, a publié cette déclaration:

“Avec cet accord caché réalisé en coulisses, la Sénatrice Mikulski tourne le dos aux consommateurs, ainsi qu’à la protection de l'environnement et des agriculteurs, à la faveur des intérêts commerciaux des sociétés de biotechnologie comme Monsanto.”

Des excuses ont été publiées plus tard sur son site officiel:

La Sénatrice Mikulski comprend la colère contre cette disposition. Elle n'a pas rédigé ce projet de loi et ne le soutient pas non plus. En tant que Présidente de la Commission Budgétaire, la première responsabilité de la Sénatrice Mikulski était d'empêcher un blocage du gouvernement. Cela signifie qu'elle a du faire des compromis sur plusieurs de ses propres priorités pour obtenir un projet de loi pouvant être approuvé par le Sénat et la Chambre des Représentants. Elle va continuer à se battre pour un processus budgétaire régulier et dans les délais ainsi que pour d’autres priorités importantes, y compris la sécurité alimentaire. “

Comme rapporté par le Washington Times, cette loi a été principalement considérée comme une victoire pour les sociétés comme Cargill, Monsanto, Syngenta Corp et autres affiliés aux Comités d’Action Politique qui ont donné plus de 7,5 millions de dollars aux membres du Congrès depuis 2009 et $372 000 aux membres du Sénat et du Comité d’Appropriation.

Les militants pour la sécurité alimentaire et les citoyens engagés sont révoltés. Plus de 250 000 personnes ont signé une pétition à l’attention du Président Barack Obama contre cette loi la semaine dernière, dont le texte est :

“Je vous demande de toute urgence d’opposer votre veto à l’article HR 933. Je suis scandalisé par le fait que la “clause d’assurance pour les agriculteurs”, section 735, actuellement incluse dans le texte HR 933, n’ait pas été retirée de la loi de reconduction budgétaire votée par le Congrès.”

“Food Democracy Now” a publié un communiqué officiel condamnant le texte.

“Le dénommé ”passager clandestin biotech” a été inclus dans la loi budgétaire approuvée par la Maison Blanche, prévenant le blocage du gouvernement fédéral le 27 mars, à l’expiration de l’accord de financement en vigueur. La clause a été insérée dans le texte de loi de manière anonyme et confère explicitement au Ministère de l’Agriculture l’autorité de supplanter une décision de justice visant à interrompre la culture d’une espèce génétiquement modifiée.

Si les décideurs de Washington peuvent trahir le public à l’abris des regards, il est temps que les Américains obtiennent le droit à la transparence sur ce qu’ils mangent et utilisent pour nourrir leur familles chaque jour.

Les agriculteurs de “Food Democracy Now” ont organisé un rassemblement devant la Maison Blanche.

Russie: Les ONG régionales sous inspection du procureur

dimanche 14 avril 2013 à 22:30

Dans la ville de Voronej, à 500 km au sud de Moscou, des militants associatifs ont rapporté sur le blog de l'association DemVybor [russe] que les ONG locales font actuellement l'objet d'une inspection de la part du bureau du procureur régional. Les quatre organisations visées sont des membres actifs de la Maison des Droits de l'Homme de Voronej [russe] : le Mouvement des Jeunes pour les Droits de l'Homme, le Groupe Interrégional pour les Droits de l'Homme, le Fonds ECOSOCIS et le Centre pour le Développement des Initiatives Publiques. Article20.org [russe], un réseau qui recueille des informations et actualités sur les droits humains a publié une copie en PDF du document [russe] de la demande d'informations adressée à ECOSOCIS. Le document indique :

Прокуратурой области по заданию Генеральной прокуратуры Российской Федерации проводится проверка исполнения законодательства о некоммерческих организациях и противодействии экстремистской деятельности.

Le bureau du procureur régional, sur demande du Procureur Général de la Fédération de Russie, conduit actuellement, conformément à la législation, un contrôle des organisations non commerciales et de l'activité d'opposition extrémiste.

Intestazione della lettera del procuratore di Voronezh. 7 aprile 2013.

En-tête de la lettre du procureur de Voronej. 7 avril 2013.”

Les informations demandées sont essentiellement de type financier et administratif, y compris, bien entendu, sur les fonds reçus d'organisations étrangères. La nouvelle législation a été élaborée ostensiblement à fins de rendre ces financements étrangers plus transparents. Certains disent, cependant, qu'elle vise à stopper l'apport de financement étranger à toutes les ONG russes.

Plus intéressant, le procureur formule une demande d'informations spécifiques quant aux activités publiques des organisations, une demande à première vue générique qui semble se référer à la section anti extrémiste de la loi, mais qui ressemble aux directives à un bénéficiaire qui subit un examen de sa performance par celui qui le subventionne :

15) информацию об организованных и произведенных организацией массовых публичных мероприятиях (митинги, демонстрации, шествия, пикетирования, собрания), а также о массовых мероприятиях, в которых организацией принято участие. Дайте краткий анализ массовых мероприятий, цели и результаты их проведения.

15) Informations concernant des événements publics de masse (meeting, manifestations, marches, grèves, rassemblements) organisés et dirigés par l'organisation, y compris les événements de masse auxquels l'organisation a pris part. Fournir une brève analyse desdits événements, objectifs et résultats de leur déroulement.

Le bureau du procureur de Voronej souhaite peut-être simplement offrir aux ONG la possibilité de contrôler leur conformité avec l'objet fixé dans leurs statuts, et sans doute les ONG en question, après avoir soumis tous les documents demandés, auront une meilleure idée de leur efficience. A condition qu'elles ne soient pas fermées avant.

La Chine retire des écrans ‘Django Unchained’

dimanche 14 avril 2013 à 15:13

Les cinémas chinois ont annulé toutes les projections du dernier film de Quentin Tarantino “Django Unchained” à la dernière minute le 11 avril à cause de ”raisons techniques”. Des internautes pensent que le thème de la liberté est la principale raison de cette annulation. Le journaliste Wu Yonggang a écrit [chinois] sur Sina Weibo ce qui peut se traduire par :

Le problème technique est un léger problème, le plus gros problème est le thème principal de lutte pour la liberté. [Les autorités] ont peur de son influence.

Sri Lanka: Les radicaux désavoués par les Bouddhistes

dimanche 14 avril 2013 à 15:11

Sauf indication contraire les liens dirigent vers des sites en anglais.

De nombreux bouddhistes cinghalais se sont élevés contre les récentes violences à l'encontre des musulmans et d'autres religions, et les discours haineux du Bodu Bala Sena (Force Bouddhiste), une organisation bouddhiste radicale basée à Colombo (Sri Lanka).

Avant qu'elle ne puisse commencer, une veillée aux chandelles contre la haine et l'intolérance s'est heurtée à des contre-manifestants, policiers et membres du Bodu Bala Sena, sur la rue Havelock à Colombo le 12 avril 2013 dans la soirée. Un bataillon de policiers et un escadron de la police anti-émeute sont arrivés sur les lieux. Les membres du Bodu Bala Sena ont commencé à accuser les organisateurs de la veillée de dénaturer l'hymne national et ont demandé leur arrestation, en montrant une feuille de chants qui devaient être récités à la veillée. La police a arrêté cinq participants à la veillée et a dispersé la foule qui s'était à nouveau rassemblée près de la rue Gower. Les personnes arrêtées ont été relâchées un peu plus tard.

La légitimité du Bodu Bala Sena (BBS)

Le mouvement Bodu Bala Sena, créé par des moines extrémistes, Kirama Wimalajothi et Galagoda Aththe Gnanasara, a fait l'objet de nombreuses critiques depuis son lancement le 7 mai 2012. La plupart de leurs actions sont des provocations envers les autres religions.

Lors d'un meeting à Maharagama, Colombo, le 17 février 2013, Galagoda Aththe Gnanasara, le secrétaire général du BBS, a affirmé que “Nous avons un gouvernement créé par des bouddhistes cinghalais, qui doit rester bouddhiste cinghalais. C'est un pays cinghalais, avec un gouvernement cinghalais. Les valeurs démocratiques et pluralistes tuent la race cinghalaise”. Il a ajouté à destination de la foule présente à ce rassemblement qu’ “ils doivent devenir une force de police civile secrète pour lutter contre l'extrémisme musulman. Les prétendus démocrates sont en train de détruire la race cinghalaise”.

En février 2013, le responsable du BBS Kirama Wimalajothi a appelé à interdire la burqa dans le pays. L'organisation a tenu de grands rassemblements dans tout le pays en février 2013 pour appeler à l'abolition du système musulman halal en demandant aux religieux musulmans d'abandonner l'étiquetage des produits halal (voir l’article de Global Voices).

La veillée aux chandelles

Un groupe Facebook  appelé ‘Les bouddhistes remettent en question le Bodu Bala Sena’ a récemment annoncé une veillée aux chandelles réunissant toutes les races et tendances religieuses pour rappeler pacifiquement aux moines bouddhistes les paroles de Bouddha qui prêche la ‘non violence'.

L’annonce est ainsi libellée :

VEILLEE POUR LA SAUVEGARDE DU DHAMMA: 19h, vendredi 12 avril. En face de Sri Sambuddhathwa Jayanthi Mandiraya Thummulla Junction au No. 32, Havelock Road Colombo 05. Répondez ‘j'aime’ si vous pensez venir. Apportez des bougies à partager. Nous réciterons des prières pour une parole juste.

Invitation to the candlelight vigil. Image courtesy Buddhists Questioning Bodu Bala Sena Facebook Page

“Mieux vaut porter une bougie que maudire l'obscurité croissante” Invitation à la veillée aux chandelles. Photo publiée avec l'autorisation le la page Facebook les ‘Bouddhistes remettent en question le Bodu Bala Sena’

Ci-après des questions-réponses sur le but de la veillée, publiée sur la page Facebook.

Le blogueur Abdul Halik sur Going Globa parle des participants:

Une grande diversité parmi les participants : des professeurs, des artistes, des acteurs, des professionnels des médias, la société civile, des entreprises, des intellectuels et tout simplement des jeunes concernés par les événements.

Le blogueur demande:

Comment allez-vous mobiliser ‘les autres’ ? comment allez-vous transformer l'événement en un ‘mouvement populaire’ ?

La journaliste et blogueuse Meg s'interroge sur l'action de la police qui n'est pas intervenue quand les membres du BBS ont interrompu la veillée. Elle explique pourquoi:

En fait, les imprimés que les participants à la veillée tenaient n'étaient pas les paroles d'un nouvel hymne national mais une prière bouddhiste qu'ils avaient l'intention de lire à la veillée.

Elle poste des photos de l'événement.

La journaliste Malinda Seneviratne fait un premier compte-rendu de la veillée. Voici un entretien audio de Jake Orlof, qui participait à la veillée aux chandelles:

Ramishka Dasanayaka (@ramishkad), blogueuse de Kandy tweete:

@ramishkad (Ramishka Dasanayaka): le Bodu Bala Sena a donc empêché une manifestation contre la haine. Maintenant je commence à me demander s'il y a une différence entre les Tigres Tamouls, les Talibans et BBS

D.B.S. Jeyaraj, un journaliste chevronné (@dbsjeyaraj) tweete:

@dbsjeyaraj (D.B.S.JEYARAJ): Un témoignage de visu sur la manière dont la police a empêché une veillée aux chandelles pacifique devant le quartier général de Bodu Bala Sena http://t.co/0YexuQzmMG

La blogueuse Kath Noble garde espoir:

Les moines du Bodu Bala Sena ont rendu service au Sri Lanka sans le vouloir. Leurs discours sont si rustres et leurs actions si grossières qu'ils ont provoqué une réaction négative – les médias ne cessent de critiquer leur campagne contre les musulmans, la plupart des critiques venant des bouddhistes cinghalais eux-mêmes.

Sri Lankan Muslims hold a placards during a protest after Friday prayers outside a mosque in Colombo, Sri Lanka, Image by Colombo Wire. Copyright Demotix. Friday, March 22, 2013

Des musulmans sri lankais avec des pancartes lors d'une manifestation après la prière du vendredi, à la sortie d'une mosquée de Colombo, Sri Lanka. Photo de Colombo Wire. Copyright Demotix. vendredi 22 mars 2013

Subha Wijesiriwardena, danseuse et blogueuse écrit:

Le Bodu Bala Sena, le Ravaya Cinghalais et d'autres groupes similaires ont apparemment un programme clair – on a perdu avec les Tamouls, alors faisons des Musulmans notre nouvel ennemi. Cela convient tout à fait au programme de notre gouvernement, qui après en avoir fini avec une guerre civile se demandait comment fasciner, hypnotiser les masses – la peur d'un ennemi commun naturellement c'est tout à fait ce qu'il souhaiterait.

Elle demande:

Les lignes de bataille se dessinent. Les fondamentalistes sont toujours rapides à se positionner. Et vous, où êtes-vous ?

Dernièrement le Sunday Leader a rapporté que le gouvernement avait l'intention d'interdire un certain nombre de mouvements extrémistes dont le Bodu Bala Sena.

Alexeï Navalny, internaute N°1 de Russie, devant ses juges

dimanche 14 avril 2013 à 14:58

Les Pussy Riot, dépassées ? Plus que quelques jours avant que s'ouvre, mercredi 17 avril 2013, le procès du blogueur le plus polarisant de Russie, Alexeï Navalny (souvent décrit comme le meilleur espoir de percée électorale pour l'opposition, s'il devait jamais y en avoir une), qui répondra de détournement d'un demi-million de dollars aux dépens d'une entreprise forestière publique de la ville de Kirov, laquelle compte autant d'habitants que de dollars supposés volés par Navalny. Dans une Russie où pullulent les procédures judiciaires politisées, les poursuites contre l'internaute le plus en vue du pays promettent de faire du bruit.

La Russie est familière des scandales dans les salles d'audiences. Si en août dernier, les Pussy Riot ont peut-être établi un nouveau record d'indignation mondiale, les procès des anciens oligarques Mikhaïl Khodorkovski et Platon Lebedev en 2004 et 2010, tout comme le “meurtre judiciaire” en 2009 de Sergueï Magnitski, le collaborateur du banquier d'affaires William Browder, noircissent depuis près d'une décennie l'image de la Russie à l'intérieur comme à l'étranger. Sans parler des procès en vue de plus d'une vingtaine de suspects dans “l'affaire Bolotnoe” (supposés impliqués dans l'instigation d'actes de violences contre la police anti-émeutes à une manifestation de masse le 6 mai dernier). Plus de la moitié de ces personnes pourrissent depuis des mois un détention provisoire. Les autres ont échappé à l'incarcération, mais attendent eux aussi leur convocation devant le tribunal. Le spécialiste de musculation Maxime Louzianine a déjà été condamné [russe] à plus de quatre ans de prison.

Alexey Navalny at a Moscow protest, 26 May 2012, photo by MItya Aleshkovskiy, CC 3.0.

Alexeï Navalny à une manifestation à Moscou, 26 mai 2012, photo MItya Aleshkovskiy, CC 3.0.

Les activistes ont créé un site web, 6may.org, pour sensibiliser à l'enquête toujours en cours, qui publie régulièrement des bulletins de soutien aux suspects individuels et invite le public à faire des dons [russe] pour leurs frais d'avocats et leur campagne publicitaire. L'initiative “prisonniers politiques” de Navalny, rosuznik.org, collecte elle aussi des fonds ‘crowdsourcés’ pour les accusés de l'affaire Bolotnoe, entre autres causes.

Sur quel autre soutien de cyber-citoyens Navalny pourra-t-il compter, en-dehors des rejetons de son site RosPil, si à l'issue de son procès à Kirov il se retrouve à son tour derrière les barreaux ?

Au moment de l'écriture de ce billet, ni plus ni moins de cinq cents utilisateurs de Facebook ont promis d'assister à une manifestation [russe] à côté de la Place Novopouchkinski à Moscou, planifiée le jour où s'ouvrira le procès de Navalny à Kirov. Le rassemblement, qui attend encore l'autorisation des autorités municipales, est organisé par la “Fédération citoyenne,” un mouvement lié [russe] à l'oligarque quasi-opposant Mikhaïl Prokhorov et à des militants des droits humains comme Lev Ponomarev.

On retrouve dans la partie commentaires de cet événement Facebook event l'habituel mélange de soutiens sérieux et de trolls cyniques. Sergei Valuev, par exemple, écrit :

Я не поддерживаю Навального, потому что ему не верю

Je ne soutiens pas Navalny parce que je le crois pas.

Ilya Barsukov déclare :

Наваленный такой же вор как и правящая псевдо элита! Стране нужен настоящий лидер- оппозиционер, но я такого пока не вижу. И видимо не увижу, т. К. Путин в своем деле профессионал

Navalny est la même sorte de voleur que la pseudo élite au pouvoir ! Il faut au pays un vrai leader d'opposition, mais je n'en vois encore aucun. Et apparemment je n'en verrai pas, car Poutine semble être un professionnel [pour écarter les concurrents].

Tandis que le fondateur du groupe, Igor Bakirov, essaie de se concentrer sur son message :

Друзья, реально нужно чтобы на митинг пришло много много людей, приглашайте своих друзей и друзей своих друзей

Les amis, il faut vraiment que beaucoup beaucoup de monde vienne au rassemblement, invitez vos amis et les amis de vos amis !

Ailleurs sur Facebook, la journaliste Alexandra Astakhova a lancé un groupe [russe] intitulé “Le procès contre Navalny est un procès contre nous tous !” Le profil du groupe commence par cette proclamation combative :

Эта группа объединяет тех, кто понимает: уголовные дела, сфабрикованные против Алексея Навального, направлены против всех нас. Шаг за шагом преступный режим, опьяненный безнаказанностью, делает жизнь в нашей стране невыносимой, шаг за шагом подбирается к нам, к нашим друзьям.

Ce groupe unit ceux qui comprennent ceci : les affaires criminelles fabriquées contre Alexeï Navalny sont dirigées contre nous tous. Pas à pas, le régime criminel, enivré par l'impunité, rend insupportable la vie dans notre pays. Pas à pas, il se referme sur nous, sur nos amis.

Le groupe d'Astakhova (ouvert au public) s'enorgueillit déjà de plus de 1.660 membres [russe], dont beaucoup sont éminents, russes comme étrangers, dans le milieu de la presse moscovite (ainsi que de nombreux activistes), tels que : Miriam Elder du Guardian, Tikhon Dzyadko d'Ekho Moskvy, l'activiste Ilia Iachine, l'humoriste Viktor Chenderovitch, Ilia Barabanov du New York Times, l'activiste Olga Romanova, Tonia Samsonova de Slon.ru, Simon Kruse du Berlingske, Evguenia Albats du New Times, Alexandre Rykline de EJ.ru, et Xénia Larina d'Ekho Moskvy, parmi bien d'autres.

Screen capture from Oleg Kalman's LiveJournal instructions for "becoming Navalny's secret agent," 13 April 2013.

Capture d'écran des instructions d'Oleg Kalman sur LiveJournal pour “devenir l'agent secret de Navalny”, 13 avril 2013.

En une opération photographique partiellement inspirée du site web anti-homophobie loveislegal.ru (une affinité qui n'est probablement pas pour plaire à Navalny et consorts), les soutiens de Navalny se sont mis à publier des photographies [en russe] d'eux-mêmes tenant des placards “L'affaire contre Navalny est une affaire contre moi !” Oleg Kalman, collègue d'Astakhova au journal Vedomosti, a de même  encouragé [russe] les Russes à s'impliquer en “devenant les agents secrets de Navalny” en bombant au pochoir le nom de celui-ci sur l'asphalte chaque fois que possible. (Kalman précise que c'est permis, aussi longtemps que l'on se contente de peindre sur le sol, tout en conseillant de le faire la nuit, quand personne ne regarde.) “Ce n'est pas du vandalisme, vous ne détruisez pas la propriété d'autrui, et l'inscription s'effacera en deux mois,” assure-t-il à ses lecteurs.

Les internautes de Russie—du moins les Moscovites les plus motivés—semblent prêts à la lutte. Leurs protestations ne seront-elles qu'une complainte ou déclencheront-elles une nouvelle vague d'agitation sociale ? Les Russes sont-ils prêts à endosser la cause de Navalny ? Ou bien le pays souffre-t-il d'une paralysante “fatigue du prisonnier politique” ? L'inviolabilité du pavé moscovite et le sort de plusieurs êtres humains sont dans la balance.