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Qui a tué les supporters du Zamalek en Egypte, sinon la police ?

jeudi 12 février 2015 à 14:04
Distraught fans outside the Zeinhoum Morgue in Cairo after the tragedy. "This photograph is too painful," tweets @Hibajad_ who shares this photograph on Twitter

Des supporters désemparés devant la morgue de Zeinhoum, au Caire, peu après la tragédie. “Cette photo est trop douloureuse à regarder”, tweete @Hibajad_, qui a partagé la photo

Sauf mention contraire, les liens mentionnés dans cet article renvoient vers des pages en anglais.

Jusqu’à 40 personnes pourraient avoir été tuées par la police, qui essayait de disperser des spectateurs tentant de rentrer dans le stade de l’Armée de l'Air, à l'occasion d'un match de football.

Des photos prises par des internautes et partagées sur les réseaux sociaux montrent les forces de police tirant sur des spectateurs attroupés derrière des barrières métalliques. Dimanche dernier, selon des témoignages de première main, la police a utilisé des munitions à grenaille et des grenades lacrymogènes sur une foule prise au piège, déclenchant une bousculade – des accusations que le gouvernement égyptien rejette. Le nombre de morts fait également débat. Ce reportage d'Al Jazeera affirme qu'au moins 40 personnes auraient été tuées, quand Dail News Egypte évoque entre 22 et 28 victimes.

Sur les réseaux sociaux, le drame est décrit comme un “massacre”. On se lamente sur le “peu de valeur” qu'ont apparemment les vies égyptiennes, on se plaint que la police n'est jamais rendue responsable de ses “crimes”. 

Au dégoût des Egyptiens, la partie entre le Zamalek et Enppi a eu lieu alors même que des supporters se faisaient tuer autour du stade.

Selon le ministère de l’Intérieur égyptien, les affrontements entre la police et les supporters du Zamalek Club, connus sous le nom d'Ultras White Knights, ont eu lieu lorsque ces supporters ont essayé de rentrer dans le stade sans acheter de tickets.

Ehab partage la photo d'un supporter tué alors qu'il avait acheté un billet pour la rencontre.

Islam Imad, qu'il repose en paix. Bizarre qu'il ait un ticket.

Des officiels ont également nié que les supporters ont été tués par des membres des services du ministère de l’Intérieur. Cette photo, qui remet en question les affirmations du ministère, a été largement partagée et diffusée de manière virale.

Le Premier ministre égyptien Mahleb : “Nous réfutons l'accusation selon laquelle c'est le ministère de l’Intérieur qui a tué les supporters”. C'est bien vrai, d'ailleurs ça se voit sur cette photo.

Amr partage la même photographie, pour récuser l'argument du gouvernement selon lequel les supporters seraient morts “étouffés par la foule”.

Ahmed El Sayed demande, lui, à ses abonnés de s'imaginer à la place des supporters:

Imaginez-vous en train de courir dans cet endroit étroit et fermé, pendant qu'on tire sur vous des gaz lacrymogènes, ou des coups de fusil à pompe. Ils nous ont tués en créant une bousculade.

Quant au journaliste Borzou Daragahi, il partage avec ses 28 000 abonnés les “histoires glaçantes de bavures policières” constatées pendant la rencontre:

Salma Elwardany rapporte à ses 79 000 abonnés:

Dans aucun pays au monde 30 personnes sont tuées pendant un match où la police assure la sécurité, et où elle refuse de prendre ses responsabilités.

Galal Amr se demande:

Et Rasha Abdulla pose une question – puis y répond:

Cette vidéo partagée par Vid egy sur YouTube montre la police qui tire sur la foule:

Dans le même temps, Lobna Darwish refuse l'utilisation de mots comme “émeutes” ou “affrontements” pour décrire la tragédie. Elle tweete à ses 64 000 abonnés :

Le chagrin des personnes apprenant le décès de leur proches était largement relayé.

Louisa Loveluck a partagé avec ses 14 800 abonnés Twitter cette photographie. Elle représente les membres des familles des victimes, le matin suivant le match, qui attendent devant la morgue de Zeinhom des nouvelles de leurs proches:

Elle explique dans une série de tweets:

Tamara Alrifai diffuse cette photo d'un père qui vient d'identifier le corps de son fils à la morgue:

Mohannad est furieux que la vie semble suivre son cours comme si une telle tragédie n'était pas arrivée. Il implore ses 28 000 abonnés:

Le match aurait du être annulé des qu'on a appris ce qui se passait, et le championnat annulé, et les ministres des Sports et de l'Intérieur virés…Après, on aurait pu discuter.

Avant d'ajouter:

Quand ce genre d'incidents arrive, tout le gouvernement démissionne, pas seulement un ministre de l’Intérieur qui pense d'ailleurs tout diriger et ne bouge pas.

Mais Mohammed Alsaafin explique que les assassins sont toujours les mêmes.

Au fait, ceux qui on massacré le peuple à Rabaa, à Maspero, au stade de l'Armée de l'Air, à Tahrir, et [dans la rue] Mohammed Mahmoud, sont les mêmes.

Il s'agit du premier match où les supporters sont autorisés à entrer dans le stade après un drame semblable à Port Said en février 2012. Au total, 74 supporters du club d'Al Ahly avaient trouvé la mort dans des affrontements avec les supporters d'Al Masry, qui les avaient attaqués armés de couteaux, de bouteilles, de pierres et d'engins pyrotechniques. Pendant ce temps, la police avait scellé les portes de l'enceinte alors même que le massacre battait son plein à l’intérieur. Le championnat de football avait alors été suspendu : une mesure similaire a été appliquée après la tragédie de dimanche.

Au même moment, le procès du massacre de Port Said continue à la Cour d'assises de Port Saïd ou des auditions sont prévues du 7 au 10 mars.

Le photographe ougandais Edward Echwalu : ‘Le photo-blogging est ma raison de vivre’

jeudi 12 février 2015 à 12:18
Une des photos de Edward Echwalus montrant un garçon pousser une brouette chargée de bidons remplis d'eau en Ouganda occidental. Photo utilisée avec la permission.

Une des photos de Edward Echwalus montrant un garçon poussant une brouette chargée de bidons remplis d'eau en Ouganda occidental. Photo utilisée avec la permission.

 Le nom Edward Echwalu est en train de devenir rapidement synonyme de l'alliance de la photographie et du blogging en ​​Ouganda. Dans une interview exclusive, l'intéressant photo-blogueur a parlé à Global Voices de son amour pour cet exercice.

Prudence Nyamishana (PN): Quand est-ce que vous avez réalisé que la photographie était “votre truc” ?

Edward Echwalu (EE): J'étais comme beaucoup d'enfants ougandais, qui ne savent pas ce que leur carrière allait être, même quand j'étais en deuxième année à l'Université de Makerere. A l'instar de plusieurs étudiants en communication, j'ai assisté à tous les cours dans l'espoir d'y découvrir ma passion.

Un jour, un professeur invité des Etats-Unis est venu avec sa caméra et nous a encouragés à intégrer des photos dans nos publications. Ma vie a été complètement changée. J'ai immédiatement commencé à prendre des photos et les compliments sont venus. Ma passion a été alimentée par le fait que mon père avait dit qu'après mon dernier semestre à l'école, je n'aurais jamais plus vu son argent. Je savais que je devais gagner ma vie. Et j'étais heureux d'avoir découvert ma passion.

J'ai fait un pas audacieux dans ma scolarité, en allant en bus à Nairobi, au Kenya, pour acheter un appareil photo. On m'avait dit que les appareils y sont moins chers. Je ne connaissais personne mais cela ne m'a pas empêché d'aller acheter un appareil photo. J'étais très excité, j'ai pris des photos de tout ce que que je voyais. Lorsque j'ai réalisé que je devais faire connaître mes photos, j'ai créé un blog ; il n'y avait pas  beaucoup d'Ougandais sur les blogs. Une partie de mes cours portait sur le graphisme de sorte que j'ai conçu des cartes de visite. Et juste avant la clôture de la session, j'ai été invité par l'ambassade des États-Unis à une réunion. C'était une rencontre exclusive avec des rédacteurs de maisons d'édition de haut niveau. Je n'étais qu'un étudiant et le seul portfolio que j'avais était un lien vers mon blog. Donc, ce que j'ai fait sur le coup de l'excitation est devenu mon moment déterminant. Et par la suite, j'ai reçu beaucoup de courriels de gens qui voulaient que je travaille pour eux, y compris le Daily Monitor qui m'a pris comme photographe.

PN: Quel a été votre meilleur moment en tant que photo-blogueur?

EE: Il y a un bon nombre de grands moments, mais mon meilleur moment est quand j’ ai reçu un appel de Londres :  j'avais été nominé pour le concours du CNN African Journalism Awards. Je ne savais pas comment réagir. L'appel est arrivé quand j'étais dans une voiture avec des amis pour aller faire la fête. Quand je le leur ai dit, la fête a commencé immédiatement. Pour la première fois, je me suis senti comme quelqu'un d'apprécié pour mon travail.

La pêche de nuit avec lampe à pétrole est répandue en Ouganda. Photo utilise avec permission.

La pêche de nuit à la lampe à pétrole en Ouganda. Photo utilisée avec permission

PN: Quels sont les défis auxquels vous faites face en tant que photoblogueur?

EE: En Ouganda, les gens n'apprécient pas le talent. Je m'efforce à toujours mieux faire. À l'université, je n'ai pas appris grand-chose ;  la plupart de ce que je sais, je l'ai tiré de YouTube.

L'équipement est très cher et peu disponible en Ouganda. En outre, la photographie ici est peu visible, à moins que votre travail ne soit exceptionnel. Dans le journalisme, les photojournalistes sont toujours sur la ligne de front, en Ouganda aussi ; ils ne sont pas assurés. La police m'a battu dans l'exercice de mon travail, j'ai tenté une action en justice, mais ça n'a pas fait long chemin. En 2009, pendant les émeutes du Buganda [fr], il y avait des tensions partout et chaque endroit était une ligne de front ; toute la ville était en feu mais je voulait autant de photos exclusives que possible.

L'armée était chargée du maintien de l'ordre, de sorte qu'on a commencé à tirer sur les gens, j'ai été arrêté et battu. J'ai été emmené dans une caserne de police où j'ai été fouetté. Mais il n'y avait personne pour voir lorsqu'on me battait. Heureusement, j'ai trouvé du réseau, ce qui a été suffisant pour envoyer un texto à mon rédacteur qui à son tour a envoyé un message pour propager l'information auprès de plusieurs stations de radio à Kampala. Les militaires ont commencé à se demander qui j'étais et m'ont libéré immédiatement. Puis, en 2011 lors des “marches de protestation pour aller travailler“, j'étais au centre-ville pour prendre des photos des manifestants. L'armée procédait à des tirs de sommation en l'air ; avant que puisse réaliser, un soldat a ouvert le feu sur la foule et j'ai vu un jeune homme  plein de vie qui criait devant moi tomber, mort. J'étais traumatisé et en colère. J'ai pris plus de photos, malgré les coups. Tout ce que je pouvais faire était de raconter l'histoire du jeune homme.

PN: Qu'est-ce que ça fait d'être un photoblogueur ougandais?

EE: Le photo-blogging m'a ouvert de nombreuses portes. J'ai du pouvoir avec l'appareil photo. Je choisis les idées qui concernent tout mon public. J'utilise les blogs pour sensibiliser la société sur certains sujets. Par exemple, l'histoire du syndrome du hochements de tête [fr] que j'ai couvert dans le nord de l'Ouganda. La maladie m'intriguait ; personne ne semblait lui trouver des explications ; j'ai donc décidé de me rendre au nord de l'Ouganda et ce que j'y ai trouvé était choquant. J'ai documenté comment un enfant vivait avec cette maladie. La réaction a été stupéfiante, les gens sont venus avec des idées sur la façon de s'impliquer et, par conséquent, il y a eu des campagnes pour collecter des fonds pour le syndrome du hochement de tête. La couverture médiatique a augmenté au niveau international et local. Le photo-blogging m'a aidé à raconter des histoires humanitaires qui n'auraient normalement jamais été présentées dans les médias traditionnels. Ce faisant, j'ai trouvé mon créneau que j'exploite maintenant, la photographie pour le développement. Donc, j'utilise plus d'images et moins de mots.

PN: J'ai vu beaucoup de vos superbes photos qui racontent une histoire, même sans lire la légende. Comment réussissez-vous à capturer ces moments?

EE: Je cherche des émotions, alors que beaucoup de photobloggeurs sont à la recherche d'activité. Lorsque je capture de l'émotion, je quitte les lieux, satisfait. Il n'est jamais facile de capturer l'émotion, il faut de la patience, du temps et des compétences. En tant que photographe, vous devez être suffisamment humain pour raconter l'histoire. Vous devez ressentir ce que ces gens sentent, avec le syndrome du hochement de tête, j'étais en colère, j'estimais que les enfants méritaient mieux.

 PN: Qu'est-ce qui vous aide à aller de l'avant quand les choses vont mal ?

EE: Le photo-blogging est ma raison de vivre. Je n'ai pas un bureau physique, j'ai encouragé les photojournalistes à poursuivre le photo-blogging car ce que je gagne sur un projet représente 98% de mon chiffre d'affaires annuel. J'ai décidé que les nombreuses heures que je donnais à mon employeur, j'allais les investir dans mon travail personnel. Je sens que je dois encore trouver la meilleure histoire de ma vie car je ne me sens pas comme si j'avais déjà fait ma meilleure photo. Et pendant longtemps, j'avais l'habitude de ne jamais accepter de compliments. Parfois, quand je me compare à d'autres photographes à travers le monde, je sens que je n'y suis pas encore, donc je dois insister pour atteindre la limite.

Oui, les temps ont été difficiles lorsque j'ai perdu mon moral pour tout travail. Mon travail ne m'attirait plus. J'ai parlé à mon mentor, qui m'a dit de prendre du recul et pour la première fois de ma carrière, pendant un mois entier, je n'ai pas touché à une caméra, je n'ai pas pris de photos et ne portais pas un appareil photo ou un smartphone. J'ai traversé une période de repos. Les envies sont venues chemin faisant ; mais j'ai utilisé cette période pour faire démarrer ma vie et après un mois, j'étais fin prêt pour un nouveau départ. Ensuite, il y a eu un moment où mon équipement a été volé ; tous mes appareils photo, ainsi que les disques durs de sauvegarde ; tout  ce qui était ma vie. Je me suis senti amputé. Il a fallu beaucoup d'encouragements pour que je m'y remette. Des amis ont organisé une collecte de fonds et ont recueilli environ 2000 dollars de contributions venant du monde entier : Brésil, Ghana, Éthiopie, États-Unis et de nombreux autres pays. C'était un autre moment déterminant, parce que j'avais des encouragements de partout pour continuer.

PN: Que pouvez-vous dire à un blogueur qui est sur ​​le point d'abandonner ou a déjà renoncé à son blog?

EE: Renoncer à un blog c'est comme renoncer à la vie. Quel que soit les raisons qui vous ont poussé à ouvrir un blog, efforcez-vous de continuer. De nombreux blogueurs abandonnent parce qu'ils ne reçoivent pas suffisamment de commentaires, mais vous n'avez aucune idée de ce que votre blog a pu faire pour changer une vie quelque part ; même s'il s'agissait d'une seule personne, ça compte. Parfois, nous sommes découragés par des choses sans importance. Ne déposez pas vos outils ; il y a des gens qui se nourrissent de vos pensées. Continuez.

Le travail d'Edward peut être vu ici.

Les Népalais arrivent à sourire de la pénurie de gaz en bouteilles

mercredi 11 février 2015 à 20:06
Image by Flickr user Simonsimages.

Un yak transporte des bouteilles de GPL à Namche Bazar dans l'est du Népal. Photo sur Flickr de Simonsimages. CC BY 2.0

Une pénurie a soudainement transformé les bouteilles teintes en rouge de gaz de pétrole liquéfié (GPL), utilisées au Népal pour cuisiner, en objets du désir dans la capitale Katmandou et les autres villes principales.

Les précieuses bouteilles ont commencé à manquer en décembre 2014 et la pénurie s'est aggravée en janvier 2015. En dépit des dispositions prises par la compagnie d'Etat Nepal Oil Corporation (NOC) pour stimuler l'approvisionnement en GPL, les consommateurs ne parviennent toujours pas à se procurer facilement le gaz de cuisine et les prix s'envolent sur le marché noir. 

Le bois de chauffage est la source d'énergie prédominante dans les foyers népalais, avec plus de 70 % de la consommation, suivi par le GPL qui gagne en popularité. A part la cuisine, le GPL sert aussi à se chauffer et est moins cher que l'électricité. 

La NOC commercialise les bouteilles par des distributeurs, mais pour remédier au marché noir, elle a même commencé à en vendre directement à prix fixes dans des points de vente dédiés dans la vallée de Katmandou. Ce qui n'empêche pas la pénurie de ne laisser aucun répit aux consommateurs. Les revendeurs et sociétés d'embouteillage invoquent comme raison principale de la pénurie le manque de citernes (les réservoirs cylindriques sous pression) utilisées pour importer le combustible depuis l'Inde.

Les autorités assurent que les importations GPL depuis l'Inde sont suffisantes. Mais les consommateurs n'en peuvent plus après deux mois d’insuffisance de GPL. Les caricaturistes et twittos népalais protestent en partageant en ligne photos et dessins satiriques.

Kamal Kumar, producteur du programme Sajha Sawal, a tweeté :

Regardez. Il se prépare à couper le ruban pour distribuer le gaz au peuple. Le nom du ministre s'écrira en lettres d'or dans l'Histoire.

Allusion aux interminables files d'attente pour se procurer le gaz de cuisine, le quotidien népalais Annapurna Post a tweeté un dessin de Basu Kshitiz.

L'homme dit “Envoie-moi aussi un rasoir, apparemment ce ne sera pas [mon] tour avant 3-4 jours”.

Devant cet état de fait, des formes créatives de protestation ont émergé pour mettre la pression sur les autorités.

Shanti Nepal a mis en ligne une vidéo sur YouTube montrant la queue pour le gaz et les manifestations réclamant la normalisation de l'approvisionnement.

Les députés ont accusé le gouvernement de se voiler la face devant le marché noir de gaz de cuisine, selon eux responsable de la pénurie actuelle et non la Indian Oil Corporation (la compagnie pétrolière nationale indienne).

Sur la mise en cause du marché noir, le dessinateur Rabindra Manandhar a tweeté :

Les trafiquants du marché noir ont accaparé tout le gaz disponible. Résultat : leurs pets ont balayé les consommateurs.

Résultat de la pénurie, circuler dans la rue avec une bouteille de gaz donne désormais fière allure.

Sanam Chitrakar, un entrepreneur, tweete :

y a-t-il chevauchée plus romantique ?

La rareté de la bouteille de GPL en fait un objet très convoité dans chaque cuisine. Le caricaturiste Rajesh KC l'exprime par ce dessin sarcastique :

“Au voleur ! Au voleur ! Cet individu s'est introduit dans ma cuisine et y a fait cuire son repas !”

Auparavant, personne n'aurait touché à une bouteille de gaz abandonnée dans la rue, mais avec la rareté, tout le monde a peur d'en laisser une sans surveillance.

Aakar Anil Ghimire, un technicien du marketing à The Cloud Factory, tweete :

Le comble de la témérité ? Garer son scooter, chargé d'une bouteille de gaz de cuisine, à Katmandou. ;)

Malgré les difficultés, les Népalais endurent la pénurie avec courage et patience. La bonne nouvelle : l'Inde réfléchit à la pose d'un gazoduc vers le Népal pour une fourniture en continu du précieux gaz de cuisine.

Le Mozambique a un nouveau président, Filipe Nyusi

mercredi 11 février 2015 à 15:17
Investidura de Filipe Nyusi. Foto Facebook. Reprodução autorizada

Investiture de Filipe Nyusi. Photo Facebook.  Reproduction autorisée

L'arrivée au pouvoir de Filipe Jacinto Nyusi, vainqueur du parti Frelimo pour la quatrième élection présidentielle de l'histoire du Mozambique, a été obscurcie par deux tragédies qui ont marqué l'actualité du pays. D'une part, deux grandes inondations ont touché la province de Zambézia, faisant plus de 19 000 réfugiés. D'autre part, la mort de 73 personnes dans la ville de Chitima dans la province de Tete, après consommation d'une boisson locale connue sous le nom de “pombe”  et que l'on suppose avoir été empoisonnée.

Nyusi a remporté les élections du 15 octobre 2014  avec 57,06 %  des suffrages contre 36,6 % au principal leader de l'opposition Afonso Dhlakama et 6,4% contre Daviz Simango du Mouvement démocratique du Mozambique. Considéré comme les élections les plus controversées de l'histoire du Mozambique, l'investiture de Filipe Nyusi  a provoqué beaucoup d'agitation. Afonso Dhlakama, a rejeté les résultats de ces élections et par la suite a menacé de former un gouvernement autonome dans les provinces où  il a été majoritaire.

Filipe Nyusi à esquerda e Armando Guebuza à Direita

Filipe Nyusi à gauche avec Armando Guebuza à droite. Photo Facebook.  Reproduction autorisée

 Il y a seulement un an, Nyusi  était une personnalité inconnue. En mars 2014 il a remporté les  élections internes pour la sélection du candidat à la présidence de la république par le parti Frelimo et, en octobre, il remportait les élections présidentielles. Il succède à Armando Emílio Guebuza, qui ne peut plus légalement briguer un nouveau mandat. Le gouvernement de Nyusi est considéré dans certains milieux comme en continuité avec celui de Armando Guebuza qui, bien qu'ayant abandonné la direction du pays, demeure président du parti Frelimo.

 Leny, sur Twitter, estime que Guebuza restera en fait aux commandes du pays.

Guebuza continue encore à être président……. Ainsi Nyusi n'est qu'une couverture!”

— leny (@lenninecasimiro) 15 janvier 2015

 
Ilídio Mavie fait le commentaire suivant sur sa page facebook:
 
  1. Vous pensiez que Guebuza s'était retiré, en fait comme il est toujours président de Frelimo, il peut faire et défaire ce qu'il veut dans ce pays.
  2. Guebuza n'est pas un âne, mes amis. 
 

Lors de son discours d'investiture, Nyusi  a répondu de la façon suivante à ceux qui l'assocaient à l'ex président de la république Armando Guebuza:

Le peuple est mon seul patron.

  Les tragédies du pays n'ont pas été oubliées au jour de l'investiture de Nyusi:

Une belle journée,  l'investiture de ce Nyusi:  un banquet pour fustiger les calamités et tout un pays en deuil à chitima,  pensez-y…

— messa zucula (@MessaZucula) 15 janvier 2015

 Filipe Nyusi a fait cette déclaration en tant que président de la république du Mozambique. 

Alors que le Mozambique pleure ses morts par empoisonnement à Chitima dans le Tete, une autre tragédie nous accable : les crues du fleuve Licungo dans le Zambézia

— Sandra Gaveta (@sandragaveta) 12 janvier 2015

Japon : la nouvelle loi sur le secret d'état peut mettre sous tutelle pour la liberté d'expression

mardi 10 février 2015 à 21:24
Screenshot per gentile concessione di Shingetsu News

 Capture d'écran du Shingetsu News

 Le controversé projet de loi sur le secret d'état [en anglais comme les liens suivants sauf indication contraire]  est devenu une loi au Japon le 10 décembre dernier. Cette loi augmente de fait les sanctions pour tous ceux qui décideraient de trahir les informations couvertes par le “secret d'état”.

 Pour la nouvelle loi,  tout fonctionnaire qui divulguerait des informations de ce type risquerait jusqu'à 10 années de prison, dont cinq pour complicité éventuelle.  L'opposition craint que les pouvoirs politiques l'utilisent comme une arme contre les journalistes et divers groupes de pression, pour les dissuader de continuer leur activité. L'année dernière à Tokyo, des journalistes et des associations civiles se sont rassemblés pour protester en masse contre cette loi.

Le Professeur Lawrence Repeta de l’Université Meiji,  a fait une déclaration au cours d'une entrevue avec l'agence de presse SNA Japan, dans laquelle il soulignait les implications que cette nouvelle loi aurait sur le respect des droits de l'homme:


Cette nouvelle loi prévoit des sanctions sévères en particulier pour les fonctionnaires du gouvernement mais aussi pour tous ceux qui divulgueraient des informations couvertes par le secret d'état.

Le professeur en déduit qu'à l'avenir un fonctionnaire du gouvernement y pensera à deux fois avant de parler de politique ou de l'activité du gouvernement.

 Il continue en disant qu'aucune exception n'a été prévue.  En d'autres termes, si un fonctionnaire prend la décision de dévoiler une activité illicite ou un abus de pouvoir d'un membre du gouvernement, dans l'intention de protéger l'intérêt public, il ne bénéficiera d'aucune protection particulière.

Lawrence Repeta  est un éminent juriste. Il a beaucoup écrit sur le système juridique japonais en matière d'accès à l'information, de secret d'État et de liberté d'expression.  Vous pouvez trouver ici [anglais] son analyse de la proposition de loi sur le secret d'état.