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Israël, USA : le soutien mutuel des bâtisseurs de murs a des implications commerciales

dimanche 26 février 2017 à 11:44

Moment de recueillement pour des membres de la communauté érythréenne en Israël le 21 octobre 2015 au parc Levinsky, au sud de Tel Aviv, lors d'une cérémonie commémorative en mémoire d'Habtom Zarhum, demandeur d'asile érythréen abattu par un agent de sécurité israélien dans une gare routière de la ville méridionale de Beer-Sheba après avoir été pris pour un homme ayant attaqué et tué un soldat israélien. Zarhum, roué de coup par une foule en colère après avoir été abattu, ne sera pas officiellement reconnu comme victime de terrorisme.  Source: Oren Ziv/ActiveStills

Le 28 janvier 2017, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exprimé sur Twitter son soutien en faveur du président américain Donald Trump et son projet de construction d'un mur à la frontière mexicaine en déclarant :

Le président Trump a raison. J'ai construit un mur sur la frontière sud d'Israël. Plus aucune immigration clandestine depuis. Grand succès. Grande idée 🇮🇱🇺🇸

Netanyahu ne parlait pas ici du mur sur la frontière avec la Cisjordanie, en violation du droit international selon la Cour internationale de justice et par conséquent officieusement considéré comme le “Mur de l'Apartheid” en arabe (جدار الفصل العنصري) et par les opposants à la politique du gouvernement israélien. Il faisait référence à un autre “mur”: la clôture d'environ 245 kilomètres à la frontière égyptienne, dont le nom de code est “Sablier” ou Sha'on HaHol (שְׁעוֹן הַחוֹל) en hébreu, et dont la construction, débutée le 22 novembre 2010, s'est achevée le 18 janvier 2017.

Le but de ce “mur” dont se vantait Netanyahu ? Empêcher l'entrée des demandeurs d'asile africains.

Comme l'a déclaré le collectif d'actualités israélo-palestinien 972mag dans un article spécial intitulé “Les Demandeurs d'asile en Israël” :

There are tens of thousands of African asylum seekers in Israel, mostly from Eritrea and Sudan. Israel cannot deport nationals from those countries, but is pursuing a string of measures to stop new arrivals and encourage those already here to leave.

Il y a des dizaines de milliers de demandeurs d'asile africains en Israël, qui viennent principalement d'Érythrée et du Soudan. Israël ne peut pas déporter les ressortissants de ces pays mais tente de faire passer une série de mesures visant à mettre un terme aux nouvelles arrivées et encourager ceux qui sont déjà arrivés à repartir.

Israël refuse en effet catégoriquement de même étudier leurs demandes d'asile. Un demandeur d'asile soudanais, qui dit avoir été torturé par le régime soudanais avant de fuir vers Israël via l'Egypte, patiente depuis le 6 décembre 2005 :

I was 17 years old when my village, Smasm, in the South Kordofan province of Sudan’s Nuba Mountains, was attacked. Most members of my family were killed in that horrible attack, which was the beginning of the suffering I have endured until today. I was arrested.

J'avais 17 ans quand Smasm, mon village dans la province du Kordofan du Sud dans les Monts Nouba, a été attaqué. La plupart des membres de ma famille ont été tués lors de cette horrible attaque, qui a marqué le début des souffrances que j'endure toujours. J'ai été arrêté.

Le campement de la “Marche pour la liberté” à la frontière israélo-égyptienne le 29 juin 2014 dans le désert du Néguev en Israël. Des agents de police et de l'immigration arrêtent des demandeurs d'asile africains près de la frontière israélo-égyptienne et les obligent à retourner en prison. Ils avaient marché du centre de détention de Holot, où ils étaient emprisonnés, à la frontière israélo-egyptienne pour protester contre la politique d'immigration d'Israël. Ils en appelaient à l'intervention des Nations Unies et de la Croix Rouge et déclaraient qu'Israël n'étudiait pas leurs demandes d'asile et qu'ils cherchaient donc à quitter le pays. Le groupe a été stoppé par l'armée israélienne et a passé la nuit dans une forêt à quelques centaines de mètres de la frontière. Source: Oren Ziv/ActiveStills.

Le gouvernement israélien propose de l'argent à ces “migrants africains non-désirés” comme les a appelés CNN, et les envoie vers un pays tiers “sûr”, mais deux deux hommes qui ont récemment accepté l'offre ont déclaré à la BBC qu'une fois arrivés, il ont été “abandonnés dès la descente de l'avion. Les trafiquants d'esclaves ont immédiatement mis la main sur l'un deux, et l'autre a dû se débrouiller seul sans papiers.”

Netanyahu a exprimé sur Twitter son soutien en faveur du mur de Trump le lendemain de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l'Holocauste, et “l'immigration clandestine” à laquelle il a fait référence concernait en fait des demandeurs d'asile fuyant la violence, l'oppression et parfois le génocide. Comme l'a écrit Asher Schechter pour le quotidien israélien Haaretz :

[…] The sad historical irony that of all nations, the one bragging about his success in turning away survivors of genocides and brutal dictatorships one day after International Holocaust Day is none other than the Prime Minister of Israel. You know, that country that owes its very existence to the plight and suffering of the victims of the greatest genocide in modern history.

[…] quelle triste ironie de l'Histoire que, de tous les pays, celui qui se vante du succès avec lequel il a repoussé des survivants de génocides et de brutales dictatures le lendemain de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l'Holocauste soit le Premier ministre d'Israël. Vous savez, ce pays doit son existence même à la détresse et aux souffrances des victimes du plus grand génocide de l'Histoire moderne.

La rhétorique anti-africaine dans la politique israélienne

Cela nous amène à un aspect majeur mais rarement évoqué à propos de cette clôture, bien qu'assez évident : le fait qu'il ne s'agisse que d'une énième facette de la politique hautement raciale et sectaire d'Israël.

En effet, le but de cette frontière est, comme Asaf Calderon l'a récemment écrit pour 972mag, “simplement d'empêcher les noirs d'entrer clandestinement en Israël.”

Ceci ne devrait surprendre personne étant donnée la prévalence d'une rhétorique anti-africaine dans la politique israélienne. Pour ne citer que quelques exemples, en octobre le 2009, Eli Yishai, alors Ministre de l'intérieur, a dit à la chaîne israélienne Aroutz 2 que les demandeurs d'asile africains “amèneront avec eux quantité de maladies : hépatite, rougeole, tuberculose, le sida et des drogues.” En Mai 2012, Miri Regev, députée Likud à la Knesset et porte-parole de l'Armée de Défense d'Israël (ADF), a déclaré devant une foule de milliers d'Israéliens que les demandeurs d'asile africains “sont un cancer dans notre corps.

En 2013, le député Michael Ben Ari a déclaré devant une foule, un an après avoir aidé à provoquer une émeute dans le quartier d'Hatikva au sud de Tel Aviv :

For three years now women haven't been able to go to the market without getting their handbags stolen. Little girls can't play outside. Young men can't find work. Sudanese, go back to Sudan! Sudanese, go back to Sudan! Sudanese, go back to Sudan!

Depuis maintenant trois ans, les femmes ne peuvent plus aller au marché sans se faire voler leur sac. Les petites filles ne peuvent plus jouer dehors. Les jeunes hommes ne trouvent plus de travail. Soudanais, retournez au Soudan ! Soudanais, retournez au Soudan ! Soudanais, retournez au Soudan !

Un sondage publié par Israel Hayom (Israël Aujourd'hui) en janvier 2014 a révélé que “61,3 pour-cent de juifs israéliens considèrent que le meilleur moyen de s'occuper du récent phénomène d'immigration clandestine depuis l'Afrique est d'envoyer immédiatement les migrants clandestins vers un pays tiers”, et “18,4% supplémentaires pensent qu'ils devraient être renvoyés au camp-prison d'Holot et que ceux qui refusent soient arrêtés.” Le sondage ajoute que “11,6% pensent que l'on devrait donner aux migrants l'opportunité de vivre et travailler en Israël.”

Des demandeurs d'asile africains détenus au camp d'Holot protestent derrière la barrière de la prison pendant que d'autres demandeurs d'asile prennent part à une manifestation à l'extérieur du centre, au sud du désert Néguev en Israël le 17 février 2014. Les manifestants réclamaient la fermeture de la prison et la reconnaissance des droits de réfugiés des demandeurs d'asile africains vivant en Israël. Source: ActiveStills.

A contrario, Israël, en tant qu'unique “Etat juif” au monde, considère que tout fidèle de la foi juive où qu'il se trouve sur le globe mérite automatiquement la nationalité israélienne. Ceci est dû à la Loi du retour de 1950, votée tout juste deux ans après la création de l'Etat d'Israël et la Nakba palestinienne (“catastrophe” en arabe) durant laquelle environ 700 000 palestiniens ont été expulsés de leur maison sur le territoire qui deviendrait Israël.

Sur le site du Ministère des affaires étrangères israélien :

The Law of Return (1950) grants every Jew, wherever he may be, the right to come to Israel as an oleh (a Jew immigrating to Israel) and become an Israeli citizen. For the purposes of this Law, “Jew” means a person who was born of a Jewish mother, or has converted to Judaism and is not a member of another religion.

La Loi du retour (1950) garantit à tout juif, où qu'il soit, le droit de venir en Israël en tant qu’oleh (juif émigrant en Israël) et de devenir un citoyen israélien. Selon cette loi, est considérée comme “juive” toute personne née d'une mère juive ou s'étant convertie au judaïsme et n'étant membre d'aucune autre religion.

Les juifs mexicains à Netanyahu : “vous ne parlez pas en notre nom”

Sans surprise, le tweet de Netanyahu n'est pas très bien passé auprès de nombreux mexicains. Certains parmi les 50 000 membres de la communauté juive se sont montrés particulièrement critiques. Le Comité central des juifs mexicains a condamné la déclaration de Netanyahu dans une lettre ouverte :

La Comunidad Judía de México se deslinda del mensaje del Primer Ministro de Israel, Benjamín Netanyahu, sobre el muro fronterizo. No coincidimos con él en este punto de vista y rechazamos contundentemente su postura. […]

Nos solidarizamos con nuestros conciudadanos que viven, trabajan y aportan en el país vecino, cuyos derechos humanos tiene que ser respetados en todo momento y quienes deben recibir un trato digno.

La Communauté juive mexicaine se désolidarise du message du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu concernant le mur à la frontière. Nous ne sommes pas d'accord avec lui et nous rejetons fermement son discours. […]

Nous sommes solidaires de nos concitoyens qui vivent, travaillent et apportent beaucoup à notre pays voisin ; leurs droits humains doivent être respectés à tout moment et ils doivent être traités avec dignité.

Salomón Chertorivski Woldenberg, actuel Ministre du développement économique de la ville de Mexico et lui-même d'origine juive, a répondu sur Twitter d'abord en espagnol puis avec une traduction anglaise :

@PresidentRuvi: en tant que chef de l'état d'Israël je vous demande, moi mexicain, de rectifier la position du PM @netanyahu à propos d'un mur sur notre frontière.

León Krauze, écrivain et professeur, a soutenu Chertorivski:

En tant que juif mexicain, j'ai honte de ce tweet.

Le chroniqueur Leo Zuckermann s'est montré plus direct en s'adressant directement au président israélien Reuven Rivlin :

@PresidentRuvi: en tant que chef de l'état d'Israël je vous demande, moi mexicain, de rectifier la position du PM @netanyahu à propos d'un mur sur notre frontière.

Et le journaliste Ezra Shabot a déclaré :

Le soutien de Netanyahu en faveur de Trump et du mur témoigne du degré de bassesse atteint par le premier ministre. Honteux.

Le lien entre le mur israélien et celui de Trump n'est pas fortuit. Certains pays, de l'Inde aux USA, ont envoyé des experts en Israël pour étudier la sécurité aux frontières et les nombreux outils technologiques utilisés par Israël pour empêcher l'entrée des demandeurs d'asile africains. En outre, Magal Security Systems, l'entreprise israélienne qui a érigé la frontière israélo-égyptienne, à laquelle le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fait référence dans son tweet tristement célèbre, espère construire le futur mur de Donald Trump entre les USA et le Mexique, selon l'agence de presse Bloomberg.

Les relations entre Israël et les experts en sécurité du monde entier n'ont rien de nouveau en soi. En 2002, cinq agents de la police new-yorkaise (NYPD) ont été envoyés en Israël pour être formés aux mesures antiterroristes et en 2012, le NYPD  a ouvert une section dans le Quartier Général de la police du quartier de Sharon à Kfar Saba.

Members of the Eritrean community in Israel mourn on October 21, 2015 in Levinsky park in south Tel Aviv during a memorial ceremony for Eritrean asylum seeker Habtom Zarhum, who was shot by an Israeli security guard at a bus station in the southern city of Beersheba after being mistaken for an assailant in an attack that killed an Israeli soldier. Zarhum, who was kicked by an angry mob after being shot, will not be recognised as an official victim of terrorism. Source: Oren Ziv/ActiveStills

 

Aller à l'université au Paraguay peut être une course vers la vie ou la mort (1ère partie)

vendredi 24 février 2017 à 13:48

Christian Quiñónez et Éver Pereira vont à l'université privée de Vallemi du lundi au vendredi. Pour y aller, ils doivent traverser un fleuve sur une petite barque. Photographie de Nicolás Sáenz prise sur le site de Kurtural avec autorisation.

Cet article publié en deux parties est le dernier de la série Vacas que vuelan, escuelas que caen de Patricia Benítez et publié à l'origine sur Kurtural

Du lundi au vendredi, entre sept heures du matin et treize heures, Christian Quiñónez travaille en tant que secrétaire à la cour de Puerto Casado [en], ville qui apparaît sur Google Maps comme La Victoria, et dont le nom vient de Carlos Casado del Alisal, un Espagnol devenu en 1889 propriétaire de cinq millions d'hectares de terrain public : un peu plus que les surfaces du Costa Rica, de la Slovaquie, de la Suisse ou de la Belgique.

Sur ces terres proches de la frontière brésilienne, Casado a créé la première société d'extraction de tanin d'Amérique, substance recherchée pour sa capacité à transformer les peaux d'animaux en cuir. La source de ce précieux astringent naturel se trouve dans l'écorce du quebracho, un arbre d'Amérique du Sud poussant alors sur une grosse partie du territoire que Carlos Casado avait subrogé avec les paraguayens et indigènes.

L'exploitation des bois de quebracho a fortement contribué à la croissance de Puerto Casado au début du XXème siècle. L'électricité y est même parvenue avant la capitale grâce à un système d’auto-alimentation. La sciure triturée du quebracho alimentait le feu qui portait l'eau à ébullition et fournissait l'énergie nécessaire au fonctionnement de l'usine. L'excédent d'énergie était redistribué aux logements des cadres, étrangers venant d'Argentine, Allemagne, Hongrie et d'autres pays.

Tout le village, ou au moins une grande partie de celui-ci, travaillait à l'usine. Les cadres juniors etaient paraguayens, et sans avoir des postes de direction, effectuaient des tâches administratives et comptables. Les catégories inférieures incluaient des ouvriers et la main d'oeuvre aborigène venant de différentes ethnies, d'autres zones du Chaco assignées à Casado. C'est ainsi que le présente Valentina Bonifacio, une anthropologue italienne, suite à des recherches historiques de plusieurs années.

Aujourd'hui la population de Puerto Casao compte un peu moins de sept mille habitants, dont une majorité de descendants des employés de l'ancienne usine. La maison faite de murs blancs avec un grand jardin que Christian Quiñónez quittait chaque jour à quinze heures se maintient grâce à une structure volumineuse de colonnes et de troncs d'arbres dont le bois était si dur qu'il résistait aux haches, d'où son nom : quebracho [résistant].

Il vivait sous le même toit que sa famille grâce à son père et à l'héritage abondant des grands propriétaires agricoles. Mais contrairement à son père, l'ancien forgeron de la vieille usine, Christian n'a pas connu le succès du tanin, ni même les chemins de fer construits par l'entreprise en 1927 transportant les bois ronds à l'usine.

Le passage à l'université

Aujourd'hui, il n'y a plus d'université publique ni privée à Puerto Casado. C'est la raison pour laquelle, Christian Quiñónez, fonctionnaire à la cour de la Paz et étudiant en troisième année de droit, espère obtenir son diplôme universitaire de l'autre côté du fleuve, à Vallemi, dans le département de Concepción. Jusqu'ici, il le traversait du lundi au jeudi avec son vieil ami Éver Pereira avec lequel il était déjà dans la même classe au lycée. Tous deux ont assisté à la fermeture de l'université María Serrana, un établissement privé créé en 2009. Mais leur formation ne se base pas sur l'accréditation de l'AERES paraguayenne (Aneaes), garante de la qualité.

S'il avait pu choisir, Quiñónez serait plutôt allé dans une université publique. « Le rêve de ceux qui veulent faire carrière est d'aller à l'université nationale d’Asunción », affirme-t-il. Mais d'après son expérience, vouloir n'est pas pouvoir. L'université publique la plus proche est celle d’Asunción, mais elle est située au nord de la ville, à quelques 200 kilomètres de son village.

L'offre de l'éducation supérieure publique au Paraguay est limitée. Le pays compte sept universités publiques avec quelques facultés réparties dans d'autres villes – alors qu'il y en a quarante-sept privées avec de nombreuses filiales sur tout le territoire. Généralement la majorité de la population ne peut pas étudier dans les universités publiques pour différentes raisons. Le coût de l'inscription est élevée, les horaires de certains cours sont contraignants et ne permettent pas de travailler en parallèle, une obligation pour ceux qui n'ont pas les moyens de financer leurs études.

Le déplacement dans son propre bateau coûte à Christian Quiñónez 1 dollar. Sinon, il pourrait prendre le radeau d'une entreprise privée qui lui coûterait 15 fois plus cher que les transports en commun d’Asunción. Photographie de Nicolás Sáenz prise sur le site de Kurtural avec autorisation.

Les problèmes sont apparus en une journée radieuse, sans nuages ni vent. Le voyage à Vallemí dure au moins une heure et demie. Malgré le climat favorable, l'immense confluence du fleuve Paraguay, de l'Apa et des collines magnifiques qui jalonnent le trajet, ce n'est pas toujours une balade paisible. Le bruit assourdissant du moteur du bateau plongeait les voyageurs dans leur solitude en contemplant l'environnement naturel – si fascinant pour ceux qui le voient pour la première fois, mais qui devient lassant quand il est routine. « Nous nous asseyons et tovasy (airs sérieux), jagua canóaisha (comme des chiens sur un canoë), nous nous aventurons jusqu'à Vallemí », plaisante Christian en guarani.

Éver Pereira, qui prépare une licence en comptabilité, a toujours aimé les mathématiques. Il est père de deux jeunes enfants et travaille aussi dans la forêt en coupant des arbres qu'il transforme en papier. C'est un travail exténuant qu'il effectue en plein milieu de la forêt. C'est dans ce bureau à ciel ouvert qu'il adore qu'un jour de 2015 il a décidé de reprendre ses études.

Le naufrage

Jusqu'au dernier mercredi 8 juin, Christian Quiñónez et Éver Pereira n'avaient jamais naufragé. Ce jour-là, le vent ne soufflait ni du nord ni du sud, mais il faisait très froid. Comme ils le faisaient d'habitude depuis mars, Quiñónez, Pereira et son petit frère de 19 ans, Luis, qui étudiait aussi avec eux, ont traversé le fleuve en direction de l'université. Cette fois, ils étaient accompagnés par Ramón Paredes et son fils Blásido, des voisins qui avaient besoin d'un passage jusqu'à Vallemí afin d'acheter des pièces de rechange pour moto. Ça n'était pas la première fois que le mécanicien Paredes voyageait avec eux. Personne n'aurait imaginé ce qui allait se passer.

Par cette après-midi froide de fin d'automne, l'aller se déroula sans problème. En revanche, le retour, peut-être à cause du poids supplémentaire des pièces détachées, fût terrible. Vingt minutes après l'embarquement, l'équipage fut pris de panique. Il était environ 22 heures lorsque le petit navire commença à couler à 6 km du port de Vallemí. Avec une seule lampe de poche, les cinq équipiers essayèrent de vider le bateau qui ne cessait de s’inonder, sans succès. La tentative d'amarrage, suggérée par quelqu'un dont Christian ne se souvient plus, une des voix qui hurlait désespérément, ne fonctionna pas non plus. A cause du moteur complètement submergé, la seule issue fut de passer par dessus bord en pleine obscurité. Aucun d'entre eux n'avait de bouée de sauvetage.

« J'ai sauté sans rien voir. J'ai essayé de nager, je me suis accroché à une jacinthe d'eau et j'ai commencé à émerger », se souvient tristement Quiñónez. Il n'avait pas encore atteint la terre ferme de Vallemí ni celle de Puerto Casado. Il se trouvait sur une petite île entre les deux. Les frères Pereira, fils de pêcheurs et excellents nageurs y parvinrent aussi. Mais il n'y avait aucun signe de Ramón et de Blásido Paredes.

Quiñónez et les frères Pereira les appelèrent en criant pendant quelques minutes, mais personne ne répondit. Trempés et au bord de l'hypothermie, ils se frayèrent un chemin dans l'île à la recherche d'aide et seulement après rencontrèrent un groupe de pêcheur qui vint à leur secours pour retrouver leurs amis. Le corps inanimé de Blásido Paredes fut retrouvé quelques heures après. Celui de son père apparût trois jours plus tard après des recherches effectuées par l'armée.

« Nous étions conscients que ça pourrait arriver, mais pas que ça pouvait être aussi grave. Malgré ce risque, nous montions à bord tous les jours. Etre dans l'eau est déjà risqué, mais la vie elle-même l'est ; l'eau l'est encore un plus, c'est tout », relate Quiñónez en pensant à l'accident qui a emporté ses deux amis. Mais ce n'était pas la première fois que les études menèrent à une tragédie.

La deuxième partie de cette enquête examinera de plus près les difficultés rencontrées et les risques encourus par Quiñónez et d'autres candidats à la poursuite d'études supérieures. 

Pour ce juge syrien, la bigamie est la solution idéale pour réduire le nombre de “vieilles filles”

jeudi 23 février 2017 à 23:38

Un mariage de groupe organisé pour les membres de l'armée d'Assad, “l'Armée arabe syrienne” (SAA). Source : Al Baath Media.

Les Syriens ont exprimé leur indignation sur les réseaux sociaux après une déclaration de Mahmoud Maarawi qui, en tant que premier juge du tribunal de la charia de Damas, dirige le tribunal religieux qui supervise les problèmes personnels des musulmans syriens sunnites, en majorité dans le pays. M. Maarawi a suggéré que les Syriens prennent une seconde épouse pour résoudre le “problème” des “vieilles filles”.

Dans un entretien avec le journal d'état Tishreen le 5 février 2017, Maarawi a proposé cette “solution” au fait que la population féminine syrienne surpasse la population masculine dans les régions tenues par le régime. D'après certaines estimations invérifiables, les femmes comprendraient jusqu'à 65 % de la population.

À Damas, par exemple, l'absence masculine relative a été remarquée par de nombreux visiteurs, et le nombres de mariages a diminué. Un militant de Homs a expliqué au Syrian Observer en may 2016 que :

People believe the rise in spinsterhood is related to the decreasing number of young men, including those who flee abroad or who join the military forces fighting in the country, in addition to the large number who have been killed. This exacerbates the problem and negatively affects young women and families, given the social norms that stigmatize unmarried women, divorcees, or even widows.

Les gens croient que l'augmentation du nombre de vieilles filles est liée à la diminution du nombre de jeunes hommes, dont ceux qui ont fui à l'étranger ou qui ont joint les forces armées, en plus du grand nombre qui a été tué. Cela exacerbe le problème et a des répercussions défavorables sur les jeunes femmes et les familles, compte tenu des normes sociales qui stigmatisent les femmes célibataires, les divorcées et même les veuves.

L'histoire fut immédiatement reprise par les sites Internet d'opposition tel que Enab Baladi :

Le premier juge du tribunal de la charia de Damas suggère de prendre une seconde épouse pour s'attaquer au problème du célibat.

La déclaration fut aussi moquée par des supporteurs du régime d'Assad :

Je suis d'accord avec le premier juge du tribunal de la charia de Damas, mais je veux une maison à Mazza [quartier aisé], un magasin dans le centre commercial Sham et un tank T-90.

Si un homme ne meurt pas à la guerre, sa seconde épouse le tuera sans doute, grâce à la fatwa du juge.

Sur Facebook, Ghassan Makdsi argumente que les ecclésiastiques s'impliquent dans la vie quotidienne de la population de la majeure partie du Moyen-Orient :

مشكلة الوطن العنوسة والحلّ هو النكاح !!؟؟
المشكلة أنه مازل هناك رجال دين تتدخل في الحياة العامة للمواطن بل بالحياة المنزلية لابل بالحياة الشخصية ..
المشكلة أنه لا يزال هناك رجال دين في السلطة تفكر كما يفكر رجال الدين لدى داعش ..
المشكلة أننا نعتبر من يتولى إدارة زمام الدولة هم من الطبقة المثقفة العلمانية المدنية ..
المشكلة الأكبر للأن لم يخرج أحد للإعلام السوري ويقول له ,,سكر تمك,, فأشكالك هم من دمروا الوطن ..
المشكلة إن فتواه ليست لسد رمق المواطن السوري ولا لسد جشع التجار ولا لكبح جماح العفيشة والسارقيين ولا لمن يخطف لقاء مال .. ولا للأولاد التي تنام في شوارع البرد والموت ولا للمهجريين الذين يموتون في العراء
فتواه فقط لأجل النكاح .. القاضي لا يشغل باله إلا بالنكاح ..

Le problème du pays serait les vieilles filles et votre solution, du sexe !!??
Le problème, c'est qu'il y a encore des clercs qui s'immiscent dans la vie quotidienne des citoyens, dans leurs maisons et même dans leurs vies personnelles.
Le problème, c'est qu'il y a des religieux au pouvoir qui pensent comme ceux de l'EI.
Le problème, c'est qu'on considère que ceux qui contrôlent l'administration de l'État font partie de la classe laïque éduquée.
Le plus gros problème, c'est qu'aucun média syrien n'a osé dire “tais-toi” à ceux dont les mentalités ont détruit notre pays.
Le problème, c'est que sa fatwa ne cherche pas à nourrir le citoyen syrien,  à arrêter les commerçants rapaces, ou à réduire le nombre de voleurs. Ni à aider les enfants qui dorment dans des rues froides et mortelles, ou les réfugiés qui sont en train de mourir dehors.
Sa fatwa ne porte que sur le sexe… C'est tout ce qui préoccupe ce juge.

Loin des “solutions” religieuses pour les Syriennes, le principal opérateur de téléphonie mobile syrien Syriatel (appartenant à Rami Makhlouf, un cousin de Bashar Al Assad et l'homme le plus riche du pays) a conduit son quatrième mariage de groupe le 30 janvier 2017, célébrant l'union de trente couples à Damas.

À Damas, le quatrième mariage de groupe organisé par Syriatel pour les membres de l'Armée arabe syrienne. Source : Facebook.

Kenya : “guerriers du clavier” et citoyens manifestent contre la corruption

jeudi 23 février 2017 à 10:01
A screenshot of a YouTube video of Kenyans taking part in #TakeBackKenya protest in Nairobi singing with raised fists.

Copie d'écran d'une vidéo YouTube de Kényans levant le poing lors de la manifestation #TakeBackKenya à Nairobi, Kenya.

Le 12 décembre 2016, le Kenya célébrait son cinquante-troisième anniversaire d'indépendance du Royaume-Uni. Les célébrations du Jamhuri (“république” en kiswahili) auraient dû se faire traditionnellement à Nairobi en maintenant le quartier d'affaire sous contrôle avec le drapeau étendu sur différents bâtiment et des Kényans profitant de ce jour de fête.

En fait, ce jour-même, le mouvement composé de Kényans ordinaires (surtout des jeunes), appelés Kényans sur Twitter (KOT pour son nom en anglais), avait prévu une démonstration pacifiste dans les rues de la capitale. L’événement du #TakeBackKenya [Récupérons le Kenya, NdT] avait été planifié des mois à l'avance, lancé en ligne et avait obtenu les autorisations nécessaires de la police kényane pour mener à bien la manifestation.

Cependant, ce qui avait commencé comme une marche pacifique dénonçant la corruption et le manque de gouvernance est devenu un affrontement entre manifestants et la police utilisant des gaz lacrymogènes pour disperser la foule qui venait de la rue Tom Mboya et se dirigeait vers les jardins de Jeevanjee en criant “Lipa Kama Tender” (“Payez comme vous payez la soumission”), “Récupérons le Kenya” et en scandant des hymnes patriotiques.

Sur Internet, les citoyens ont souligné l'ironie du lancement de ces gaz lacrymogènes le jour de l'indépendance du pays et beaucoup critiquaient le parti Jubilee pour la restriction des libertés pour lesquelles ils s'étaient battus il y a cinquante-trois ans.

La corruption endémique du Kenya apparaît dans le rapport Transparency International Global Corruption Perception Index (CPI), montrant qu'elle n'a pas diminué avec un score de 25 sur 100 (zéro étant le plus corrompu et 100 le moins).

Le Kenya était classé en troisième position par le baromètre 2016 de Pricewaterhouse Coopers sur la criminalité économique. Le président kenyan Uhuru Kenyatta a fait sa renommée en déclarant que son gouvernement ne peut vaincre la corruption. Il déclarait sur une vidéo “Sasa mnataka nifanye” (“Que voulez-vous que j'y fasse ? “), en réponse aux allégations sur la corruption massive de son gouvernement.

Le mouvement #TakeBackKenya provient de la classe moyenne kényane amatrice de l'internet et souvent appelée “Les guerriers du clavier”. Ce groupe est accusé d'avoir participé virtuellement au mouvement demandant au gouvernement de rendre compte de sa gestion.

C'est le premier mouvement dirigé par des citoyens à partir des réseaux sociaux et de l'espace réel, qui n'avait pas de liens avec une organisation de la société civile mais qui a pris en compte ses aspirations, frustrations et demandes pour améliorer la gouvernance et sa gestion des fonds publics.

#TakeBackKenya a été lancé au niveau national à l'occasion du Jamhuri Day et est devenu un véritable mouvement permettant aux kényans de se remettre en question – surtout suite à la grève des médecins hospitaliers : les médecins revendiquent de meilleurs salaires dans un contexte de détournement de fonds par le Ministère de la santé qui les emploie.

Avec le mot-dièse LipaKamaTender, le mouvement des médecins et populaire demandait au gouvernement de verser des salaires équivalents à ceux des emplois fictifs aux professionnels de santé.

Bien que les organisateurs de #TakeBackKenya se soient déclarés publiquement comme une initiative citoyenne conduite par le public, les médias nationaux quant à eux considèrent les participants comme des militants.

En participant au mouvement en ligne, Louis Mulema a posté sa demande au “régime de pillage” kényan :

Ma demande pour le régime de pillage actuel. Kényans #TakeBackKenya

D'autres tweets ont tourné en dérision certaines parties de la déclaration du président Kenyatta lors du Jamhuri Day. Fundi Ndegz ironisait :

Vous vouliez plutôt dire équiper les @TakeKenyaBack #TakeBackKenya de gaz lacrymogènes.

Martin Ndambuki se demandait :

A part “Mes frères Kényans” , quelle
autre partie de la déclaration du président Kenyatta
était vraie ? #JamhuriDay2016 #UCLdraw #TakeBackKenya

En répondant à la déclaration du président Kenyatta sur les demandes de changement de régime dans le pays au Nouvel An, Gatwiri avance que :

Non, Uhuru n'a pas un régime, ce qu'il a est une tragédie qui doit cesser en 2017. Mon dieu, c'est un mandat si dramatique #TakeBackKenya

Les Kényans voteront en août 2017 avec la persistance des mécontentements et du statu quo.

Loise Kinuthia a tweeté :

#TakeBackKenya, un jour le banditisme volera en éclats quand ils détourneront les fonds de leurs propres banques en pensant qu'il s'agit d'argent public

Alors que Waiguru ironisait sur la EACC [Commission d'éthique et anti-corruption] :

Le travail de l'EACC n'est pas de combattre la corruption mais plutôt de l'être !

Kate Mbuto parlait quant à elle de sa participation à la manifestation :

#TakeBackKenya a été ma première manifestation. J'étais vraiment effrayée que j'y suis allée le ventre vide. Mais j'ai appris à résister face au pouvoir.

Comme le mot-dièse #TakeBackKenya poursuit son élan en ligne, beaucoup de Kényans partagent les messages demandant la participation d'autres citoyens pour arrêter la corruption. Est-ce le Printemps arabe kényan ?

Rapport Netizen : le Kenya et le Mexique soupçonnés de manipulation sur Twitter

mercredi 22 février 2017 à 23:59

Nuée d'oiseaux. Photo de Christoffer A. Rasmussen, via Wikimedia. Domaine public.

Le Rapport Netizen de Global Voices Advocacy donne un aperçu des défis, des victoires et nouvelles tendances en matière de libertés numériques dans le monde.

Un bras de fer s'est engagé sur les médias sociaux en réponse à la grève nationale des médecins kényans qui protestent contre le non-respect de leur convention collective par le gouvernement. La grève paralyse le système public de santé et alimente la méfiance des citoyens à l'égard du gouvernement d’Uhuru Kenyatta, notamment suite aux allégations selon lesquelles des millions de dollars auraient disparu des coffres du Ministère de la Santé.

Bien que les médecins aient rallié l'appui d'une grande partie du public à leur cause, une série de messages calomnieux à leur égard a cependant circulé sur les médias sociaux. Des blogueurs locaux ont établi une étroite corrélation entre les comptes Twitter qui ont relayé des mots-dièse comme #GreedyDoctors, #MyBadDoctorExperience, et #DaktariRudiKazi [Docteurs, retournez au travail] et ceux qui font la promotion d'autres messages pro-gouvernementaux. Des experts des médias sociaux croient que les messages n'ont pas été diffusés par des citoyens ordinaires, mais plutôt par des « influenceurs » payés par le gouvernement. Certains ont laissé entendre qu'il pourrait y avoir des liens entre ces comptes et un groupe de 36 blogueurs très influents, prétendument engagés par l'Unité de communication stratégique présidentielle pour lutter contre les critiques du gouvernement en ligne.

Ces derniers jours, le mot-dièse #implementCBA, relayé par les usagers de Twitter partisans de la convention collective, a supplanté les mots-dièse tels que #GreedyDoctors.

Ce phénomène n'est pas propre au Kenya. En effet, avec ses récentes campagnes pro-gouvernementales en ligne, le Mexique semble avoir rejoint les rangs de pays comme la Chine et le Venezuela, qui ont l'habitude de promouvoir les intérêts de l'État sur les médias sociaux.

Plus récemment, dans la foulée des manifestations en ligne et sur les grandes routes déclenchées par la hausse du prix de l'essence en janvier, une série de comptes Twitter a tenté d'influencer les conversations et de délégitimer les manifestations en invitant les protestataires à participer à des activités illégales comme le pillage et le vol. De façon générale, le mot-dièse #SaqueaUnWalmart [« Pillez un Walmart »] a été inséré dans les conversations contenant le mot-dièse #gasolinazo, largement utilisé par les protestataires. Ces comptes ont également diffusé des images d'émeutes, qui se sont avérées mensongères puisque les photos représentaient en réalité des émeutes dans les rues d'Égypte en 2011.

En analysant les données de plus de quinze mille messages associés aux manifestations, les scientifiques de l'Université jésuite de Guadalajara ont remarqué que le mot-dièse #SaqueaUnWalmart a interrompu le flux des conversations, cherchant à attribuer des intentions malveillantes au mot dièse #Gasolinazo. Certains des comptes impliqués dans ces campagnes ont été identifiés comme étant des comptes automatisés ou des trolls ayant déjà été utilisés pour harceler et menacer des journalistes et des activistes sociaux.

Ces observations, qui s'ajoutent aux récentes allégations selon lesquelles des logiciels espions auraient été envoyés à des chercheurs et des fonctionnaires partisans d'une taxe sur le soda (signalées par le New York Times et analysées par le Citizen Lab), donnent à penser que les Mexicains qui défendent et expriment leurs opinions sur des sujets d'intérêt public sont de plus en plus menacés.

Le Venezuela bloque d'autres sites Web d'informations, y compris celui de CNN

Le 15 février, la version espagnole de la chaîne d'informations américaine CNN et son site Web ont été bloqués au Venezuela après avoir rapporté des allégations de fraudes de passeport.

CNN n'est pas seule dans cette situation : la chaîne mexicaine TV Azteca a également été retirée des ondes le 16 février. Le site Web de nouvelles et d'opinion publique Maduradas est, quant à lui, inaccessible sur les réseaux de la plupart des fournisseurs de service Internet (FSI) (y compris le fournisseur de l'État CANTV) dans sept provinces du Venezuela, et ce, depuis le 7 février. Ce site est reconnu notamment pour résumer les questions d'intérêt public qui sont débattues en ligne. Dans une déclaration publique, le président vénézuélien Nicolas Maduro a qualifié CNN d’ « instrument de guerre ».

Attaques d'hameçonnage au Qatar : les défenseurs des droits des migrants visés

Des chercheurs d'Amnesty International ont mis à jour une série d’attaques d'hameçonnage très sophistiquées visant à espionner les activités de journalistes, d'organisations syndicales et de militants des droits des travailleurs migrants au Qatar. Une proportion importante de ces migrants est originaire du Népal. La campagne semble avoir été orchestrée par un acteur affilié à l'État, bien qu'il n'y ait pour le moment aucune preuve qui permette d'identifier avec certitude le responsable. Les personnes ciblées étaient invitées à ouvrir des hyperliens qui semblaient provenir de fichiers partagés avec Google Drive et Google Hangouts, mais qui installaient en réalité des logiciels espions.

En Thaïlande, un avant-projet de loi permettrait au gouvernement de contrôler les médias

Les médias de Thaïlande préviennent qu'un avant-projet de loi pourrait accorder au gouvernement un contrôle absolu sur la presse. L'avant-projet de loi, curieusement intitulé « Protection des droits et de la liberté des médias : déontologie et normes professionnelles », exigerait que les journalistes obtiennent un permis pour l'exercice de leur travail. Il prévoit également la mise sur pied d'un Conseil national des médias professionnels où siégeraient principalement des représentants du gouvernement. Selon Chakkrit Permpool, ancien président du Conseil national de la presse de Thaïlande, « Ce genre de législation n'existe que sous les dictatures. Cela va à l'encontre de la nouvelle constitution, qui garantit la liberté de presse et la liberté d'expression. » Plus de trente médias ont signé une déclaration rejetant ce projet de loi.

Facebook entend lutter contre les fausses nouvelles en France

Facebook a annoncé une série de mesures pour contrer la propagation de fausses nouvelles en vue de l'élection présidentielle française qui aura lieu en avril et mai prochains. Un partenariat a été conclu avec huit médias qui auront pour mandat de vérifier les faits et filtrer les nouvelles qui seront signalées par les utilisateurs. Néanmoins, certains s'inquiètent de la pérennité de ces mesures, sachant qu'elles dépendent des ressources déjà limitées des salles de presse.

Des militants du secteur des technologies planifient une grève générale

Le 23 février, les entreprises et les organisations du secteur des technologies feront face à une grève générale, un Distributed Denial of Women [Déni distribué des femmes], visant à souligner l'importance des femmes et des transgenres dans le secteur des technologies. Pour appuyer cette mesure, l'Association pour le progrès des communications lance sa campagne « Réapproprie-toi la technologie », qui recueille les témoignages des gens du milieu ayant été victimes de discrimination basée sur le genre. Pour plus de détail, visitez cette page.

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