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Abus, bas salaires et peu de liberté: La vie des domestiques étrangères de Hong Kong

mardi 1 octobre 2013 à 23:42

Un procès [anglais] récent concernant l'agression physique et la torture d'une employée de maison indonésienne, Kartika Puspitasari, par ses employeurs a à nouveau dévoilé la condition vulnérable des domestiques étrangères à Hong Kong.

Actuellement, on compte plus de 310.000 domestiques étrangères [anglais] travaillant à Hong Kong, un nombre qui constitue 3% de la population de la ville internationale. Mais Hong Kong est davantage connu pour sa politique relative aux travailleuses domestiques étrangères (FDWs) [anglais]. En plus de l'ordonnance sur l'immigration qui empêche les travailleuses domestiques étrangères de faire une demande de résidence permanente à Hong Kong après avoir travaillé dans la ville pendant sept ans, la “Règle de la Quinzaine” qui leur impose de trouver un nouvel employeur dans les deux semaines suivant la fin du contrat rend très difficile le changement et le choix de leurs employeurs.

En outre, elles ne sont pas protégées par la politique du salaire minimum de la ville, et sont exploitées par des agences intermédiaires et forcées de travailler de longues heures en vivant avec leurs employeurs dans des conditions de logement très précaires.

Indonesian Maids Rally in Support of Abused Domestic Helper on September 15, 2013. Photo from Hong Wrong.

Rassemblement des domestiques indonésiennes à l'appui des aides domestiques abusées le 15 septembre 2013. Photo prise par Tom Grundy.

Quand l'histoire de Kartika a été révélée pour la première fois, beaucoup ont eu du mal à la croire parce que le marché du travail est supposé être “libre”. De toute évidence, un tel “bon sens” ne s'applique pas aux domestiques étrangères qui sont moins protégées par la loi que les citoyens locaux. Lisez la brève description [anglais] de l'affair epar le blogueur Tom Grundy de Hong Wrong :

Entre octobre 2010 et octobre 2012, Kartika Puspitasari aurait été battue avec une chaîne et une chaussure, brûlée avec un fer à repasser chaud, attachée à une chaise, aurait eu les cheveux coupés et aurait été forcée de porter une couche et des vêtements pour enfants par ses employés.

Les employeurs ont été finalement condamnés [anglais] respectivement à trois ans et trois mois et cinq ans et demi le 18 septembre 2013. Le juge a fondé sa décision sur les preuves concrètes, en particulier les 45 blessures constatées sur le corps de la domestique, mais il a estimé que certains des témoignages étaient exagérés et ne pouvait pas comprendre pourquoi Kartika ne s'est pas adressée à la police.

Rosa de left21 qui a suivi le procès en détail a expliqué [chinois] pourquoi l'histoire semblait si “incroyable” pour la population locale en examinant la relation de pouvoir inégale entre les employeurs et les domestiques à Hong Kong :

僱主跟僱傭在法律案件前根本站在不同的起步點,法官在勞資審裁處公開道明「你要留下便得付錢」-意指由於根據條例僱傭不可在等待審訊期間繼續合法在港工作,政府亦不會在此等待期間支付她們生活費或簽證費,她們必須自己支付(或靠慈善機構的幫忙)進行訴訟的費用以贏得正義。在語言不通的重壓及失去工作的恐懼下,如此「你要留下便得付錢」的制度令外傭寧願保持沈默忍受虐待,也不願向僱主提出訴訟。

L'employeur et l'employé ne sont pas égaux dans les procédures judiciaires. Le juge du Tribunal du travail a dit ouvertement que “Si vous voulez rester, il vous faudra payer” – selon la loi, les domestiques ne peuvent pas travailler pendant la procédure judiciaire et le gouvernement ne paiera pas pour leurs frais de subsistance et de visa. Elles devront payer (ou demander de l'aide auprès des organisations caritatives) pour les frais juridiques et pour obtenir justice. Face à la barrière des langues et la pression d'être au chômage, le système juridique “si vous voulez rester, il vous faudra payer” fait taire les domestiques, et elles choisissent de souffrir en silence plutôt que d'affronter leurs employeurs devant les tribunaux.

Kartika對僱主的其中兩項指控被判不成立,因法官認為此印傭的某些證供不可信。他認為僱主不可能在離家旅行時把僱傭綁在家裡五天;他認為女僱主不可能逼僱傭穿著過小的衣服或透明膠袋在男僱主面前打掃;他也認為僱傭不可能沒有機會逃脫,而相信她曾有很多機會逃走卻沒有這樣做。
令人好奇的是,法官在確認了案件的壓倒性證據、清晰兩個僱主不人道的殘酷及漠視僱傭尊嚴的行為後,依然以「正常」僱主應有的「常識」推斷兩個被告曾作的行為,而否決受害人所提出的其他可能性。法官只專注於「硬體」的實物證據,其他軟性的無形力量,如威脅、心理壓力、虐待和飢餓/飢渴造成的弱勢、隔離等,則完全被忽略;這些無形的力量正是令僱傭極難逃走的障礙。

Deux des allégations ont été jugées invalides car le juge a estimé que le témoignage était peu fiable. Il a estimé qu'il était impossible pour les employeurs de ligoter la servante pendant cinq jours alors qu'ils étaient en voyage. Il a également estimé qu'il était impossible que l'employeur ait forcé la domestique à enfiler des vêtements trop petits ou un sac en plastique transparent et de nettoyer devant l'homme de la maison. Il ne pouvait pas croire que la servante n'ait pas eu l'occasion de s'échapper et pense qu'elle a choisi de ne pas le faire.

Curieusement, le juge a cru aux éléments attestant que les actes des employeurs étaient cruels, inhumains et insultants, mais a tout de même conçu son jugement selon le “bon sens” des relations de travail “normales”, et a ainsi refusé le témoignage de la victime. Le juge s'est concentré sur les “preuves concrètes”, tout en ignorant le pouvoir invisible généré par les menaces, le stress psychologique, la torture, la faim, l'isolement, etc. Ces forces invisibles empêchent la servante de s'enfuir.

HK-based Irish photographer Gráinne Quinlan's photo project on "Why do you do what you do?". The team asked several foreign domestic workers to write down why they left their home country to work in another city. Photo via Tom Grundy.

Projet de photo du photographe irlandais basé à Hong Kong, Gráinne Quinlan, sur “Pourquoi faites-vous ce que vous faites?”. L'équipe a demandé à plusieurs travailleurs domestiques étrangers d'écrire pourquoi ils ont quitté leur pays d'origine pour aller travailler dans une autre ville. Ici : “Pour mes gosses” Photo via Tom Grundy.

Cependant, au lieu de changer la relation de pouvoir extrêmement inégale entre les employeurs et les domestiques, le Ministère de l'immigration de Hong Kong rend plus difficile pour la servante de changer d'employeur, tel que rapporté [anglais] par Tom Grundy au début du mois de septembre:

Dans un effort pour lutter contre le ‘non problème’ des ‘achats d'emploi’, le gouvernement a renforcé les règles pour piéger davantage les aides domestiques de la ville qui souffrent depuis longtemps. La semaine dernière, le Ministère de l'immigration a répondu aux supposées ‘préoccupations du public‘, en annonçant qu'il est maintenant plus difficile pour les travailleurs domestiques de cesser leurs contrats.

De nombreux employeurs à Hong Kong ne comprennent pas que les travailleuses domestiques étrangères devraient avoir leurs propres temps de loisir et espace privé. Dans une interview accordée à une plateforme de médias citoyens, inmediahk.net, une domestique indonésienne Ada a parlé [chinois] des difficultés rencontrées par ses amies lorsqu'elles ont essayé de s'inscrire à des études à temps partiel à Hong Kong :

「我相當幸運,家人非常支持我讀書」。而僱主給予她相當大的自由度,沒有反對,亦不干預她學習,只要不影響工作便可,所以她才能這樣享受學習,無顧慮地進修;相反,她身邊的朋友的處境卻是截然不同,因為不少僱主擔心外傭因學業而影響工作表現--有朋友的僱主得悉她進修一事便反對,亦有朋友因害怕僱主反對進修,於是偷偷躲起來溫習,或趁僱主入睡時才敢翻開課本,也有些朋友需每數月被逼暫停學業一次。

“Je suis très chanceuse puisque ma famille finance mes études”. Les employeurs lui donne également une certaine marge de liberté. Ils lui permettent d'étudier  à condition que cela n'affecte pas son travail. C'est pourquoi elle pouvait s'inscrire à des études à temps partiel sans charges. Les expériences de ses amies sont très différentes. Beaucoup d'employeurs craignent qu'une fois qu'elles commencent à étudier, elles ne pourront pas accomplir leur travail. Certains des employeurs de ses amies se sont ouvertement opposés à leur demande d'autorisation d'étudier. Certaines de ses amies ont trop peur de demander et doivent étudier en secret après que leurs employeurs sont allés se coucher. Quelques amies doivent suspendre leurs études plusieurs fois par an.

Un certain nombre d'organisations non gouvernementales à Hong Kong travaillent ensemble pour faire pression sur le gouvernement afin qu'il abolisse la règle obligatoire de logement sur place [anglais] adoptée en 2003. Vera So, conseiller de rédaction de inmediahk.net, a rapporté [chinois] la conférence de presse de la société civile :

關注外勞權益的移民工牧民中心代表Cynthia Ca Abdon-Tellez稱,難以接受刑事化外傭在外留宿的自由。她又指,強制留宿除令外傭被逼居於極狹小的空間如廚、雜物房、廁所等,更增加她們遭受家庭暴力的風險。
牧民中心於今年4月進行調查,訪問了3004名留宿外傭,發現約三成受訪外傭沒有自己的睡房,要睡在走廊或客廳;另外八成外傭表示曾經歷不同方面及程度的暴力:接近六成遭受言語暴力,而身體暴力及性暴力則分別佔18%及6%,情況嚴重。Cynthia指政策推出10年,絕對需要檢討。

Cynthia Ca Abdon-Tellez de Mission For Migrant Worker (MMW) a déclaré qu'il est inacceptable que la liberté de ne pas loger sur place soit criminalisée. La règle obligatoire de logement sur place oblige la domestique à vivre dans des espaces comme la cuisine, les toilettes et les débarras et accroît le risque de violence domestique.

Dans une enquête menée par MMW, parmi les 3.004 travailleuses domestiques étrangéres qu'ils avaient interrogées, environ 30% n'ont pas leur propre chambre et doivent dormir dans les couloirs ou le salon. 80% ont subi différents degrés de violence – 60%, des violences verbales; 18%, des violences physiques et 6%, des violences sexuelles. La situation est très grave. Cynthia a dit que la règle du logement sur place a été mise en place depuis dix ans et qu'il était temps de la réviser

Revitalisation de la langue Powhatan

mardi 1 octobre 2013 à 22:47

Voir Ashland, VA 23005 sur une carte plus grande

Dans le film sorti en 2005 ”Le Nouveau Monde,” qui évoquait la fondation au 17e siècle de la colonie de Jamestown dans l'État américain de Virginie, les réalisateurs ont été confrontés au problème de trouver des locuteurs de la langue américaine autochtone parlée à cette époque. Il s'est avéré que le Powhatan ou langue Algonquine de Virginie s'est éteint il y a plus de deux siècles. Se basant sur de récents travaux universitaires et une liste de mots existants, des linguistes ont tenté de recomposer la langue afin de s'approcher autant que possible de la langue réelle pour les besoins du film. 

L'une des principales raisons pour lesquelles cette langue est morte est que pendant de nombreuses années elle fut interdite par la loi, mais plus tard il y a eu une résurgence et un grand intérêt pour la revitaliser. Le travail réalisé pour le film de Hollywood n'est qu'un petit pas dans ce processus. Intervient Ian Custalow, un membre de la Tribu Mattaponi, qui a travaillé avec l'ambitieux objectif de faire passer cette langue de l'extinction à un statut de langue menacée. Il a réalisé les fondements du travail de documentation, et doit être l'un des plus actifs locuteurs de cette langue. Pour aider à révéler plus de locuteurs, il offre des cours de langue aux étudiants de tous âges, dans les tribus membres de la Confédération Powhatan par des visites régulières et dans diverses communautés à travers l'État.

Maintenant il souhaite voir comment les médias citoyens et autres technologies peuvent aider à compléter ces cours, comme moyen d'atteindre l'objectif de la communauté qui est de revitaliser cette langue. En plus de créer des dictionnaires électroniques et des claviers pour smartphones et ordinateurs, il pense que les médias citoyens et autres outils de réseaux sociaux peuvent être un motivateur important et une façon de connecter les nouveaux apprenants de cette langue au sein des diverses tribus, telles que Mattaponi, Pamunkey, Upper Mattaponi, Patawomeck, Rappahannock, Chickahominy, Eastern Chickahominy et Nansemond. L'espoir est, selon Custalow, que “le projet permette à la langue d'une communauté américaine autochtone étouffée et sous-représentée de revivre”.

Informations :

L'humeur olympique de Sotchi douchée par des inondations

mardi 1 octobre 2013 à 22:37
A YouTube user films himself amidst Sochi city officials' post-rainfall cleanup efforts, 26 September 2013, screen capture.

Un utilisateur de YouTube s'est filmé lors de l'opération de nettoyage de Sotchi après les fortes pluies du 26 septembre 2013, capture d'écran.

Sotchi, le site des Jeux Olympiques d'hiver 2014, a été recouvert par les eaux la semaine dernière, juste au moment où le Comité Olympique International bouclait sa visite d'inspection finale. Du côté virtuel des choses, vidéos et photos des dégâts de l'orage n'ont pas tardé à inonder l'internet russe, où les blogueurs ont soulevé une nouvelle vague de plaintes contre dommages causés par les futurs J.O. tant à l'environnement de la région qu'au budget de la nation.

Le populaire uilisateur de LiveJournal Andrei Malgin a publié sur son blog [russe] quelques photos de l'inondation, avec un court résumé de l'article du site d'information en ligne Lenta.ru, ce qui lui a valu une centaine de commentaires.

Un des lecteurs de Malgin a observé [russe] :

Пожарные машины откачивают воду с центральных улиц.

и куда откачивают, интересно?

Les camions des pompiers ont pompé l'eau des rues centrales.

Et pour l'envoyer où, je me demande ?

Un autre lecteur lui répond plaisamment [russe] :

На центральные площади

Sur la place centrale.

L'utilisateur de LiveJournal antirobot_idiot ironise sur l'incompétence des autorités locales et écrit [russe] :

утрамбовывают ее в дома жителей

Ils l'ont balancée dans les maisons des habitants.

Se disant habitante de longue date de Sotchi, frauava se lamente [russe] sur LJ :

Все, что могли, нарушили. Я давно живу в Сочи – ТАКОГО не было никогда. ТАКИХ смерчей никто здесь не припомнит. НГарод горько шутит, что теперь они сгоняют тучи, чтобы на Красной Поляне смог выпасть снег к ОИ.

Ils [les autorités] ont cassé tout ce qu'ils ont pu. J'habite Sotchi depuis longtemps, et jamais ça n'a été comme ÇA. Personne ici ne se rappelle de TELLES trombes. Les gens plaisantent amèrement qu'ils chassent les nuages d'orage vers Krasnaya Polyana [la station alpine des J.O.] pour y faire neiger pour les Jeux Olympiques.

Egor Grys, un autre blogueur se disant de Sotchi, a confirmé que la ville voit rarement autant de précipitations en septembre. Il suppose que des constructions pour les Jeux sont au moins partiellement à blâmer pour l'inondation :

на самом деле город расположен вдоль узкой полоски берега, и вода с гор, по рекам должна быстро беспрепятственно стекать в море. возможно, массированная застройка этой полосы привела к ухудшению условий поверхностного стока воды.

En fait, la ville est située sur une étroite bande côtière, et l'eau des montagnes doit pouvoir s'écouler rapidement et librement dans la mer. Il est possible que la construction massive sur cette bande a fait empirer les conditions d'écoulement superficiel des eaux.

Dans un entretien au journal en anglais The Moscow Times, le dirigeant de l'opposition Boris Nemtsov a affirmé [anglais] que “les inondations ont pu être déclenchées par un changement radical du climat récemment, à son tour provoqué par les dégâts environnementaux causés par toute cette construction.”

Sur son mur Facebook (avec une note qui a attiré 281 “j'aime” et 47 “partages”), le journaliste Yevgeny Levkovich a suggéré ironiquement [russe] que l'inondation était une punition divine pour les péchés du gouvernement Poutine, pour le vol à grande échelle, la destruction écologique causée par le chantier olympique, le génocide circassien, et le récent divorce de Poutine. 

Le blogueur Igor Nemov imagine [russe] que les fonctionnaires locaux et les entrepreneurs fêtent l'inondation à cause de l'opportunité que représentent les dégâts en travaux de réparations et nouveaux marchés publics.

Эх, сейчас в честь наводнения в Сочи, наверняка местные чиновники и строители откупорили бутылочки элитного коньяка и шампанского. Это просто праздник какой-то для них.

Hélas, en l'honneur de l'inondation à Sotchi, les fonctionnaires locaux et les bâtisseurs ont sans faute fait sauter les bouchons de cognacs de qualité et de champagne. Pour eux c'est juste la fête.

Pendant ce temps, la visite du Comité Olympique International à Sotchi a été déclarée un succès [anglais] par Jean-Claude Killy, chef de la délégation et ancien champion de ski. “Notre impression est unanime, tout est très impressionnant,” a-t-il dit.

Un guide religieux saoudien apporte la ‘preuve scientifique’ que les femmes ne devraient pas conduire

mardi 1 octobre 2013 à 19:57
"God did not say I can't drive," reads this sign posted on the We The Woman N7nu flickr account

Sur cette affiche publiée sur le compte Flickr de N7nu We The Woman, on peut lire “Dieu n'a jamais dit que je ne devais pas conduire”

En Arabie Saoudite, les femmes n'ont pas le droit de conduire. Alors que onze mille d'entre elles ont décidé de braver cet interdit par le biais d'une pétition, un homme d'une grande sagesse a enfin pu expliquer, preuves scientifiques à l'appui, pourquoi il était préférable que les femmes ne conduisent pas. Dans une interview donnée à la version en ligne du journal Sabq, le Cheikh Saleh al-Lehaydan, consultant judiciaire et psychologue pour le compte de l'Association psychologique du Golfe, a fait part de nouvelles révélations dans le domaine médical de la reproduction humaine [en arabe]:

وتابع: “إلى جانب أن المرأة إذا قادت السيارة لغير الضرورة – كما تقدم – قد يؤثر ذلك عكسياً على الناحية الفسيولوجية؛ فإن علم الطب الوظيفي الفسيولوجي قد درس هذه الناحية بأنه يؤثر تلقائياً على المبايض، ويؤثر على دفع الحوض إلى أعلى؛ لذلك نجد غالب اللاتي يقدن السيارات بشكل مستمر يأتي أطفالهن مصابين بنوع من الخلل الإكلينيكي المتفاوت لدرجات عدة”.

Il ajoute : “De plus, si la femme devait conduire sans que ce soit utile, cela pourrait l'affecter d'un point de vue physiologique; le cas a été étudié dans le domaine de la physiologie fonctionnelle et il s'avère que les ovaires sont automatiquement affectés, que la poussée du bassin est contrariée, et c'est ce qui explique que la plupart des femmes qui conduisent régulièrement des voitures donnent naissance à des enfants qui présentent des problèmes de santé d'ordre varié.”

Le Cheikh Lehaydan a tenu ces propos alors que des activistes saoudiennes militent pour que le 26 octobre devienne un moment où les femmes pourront conduire. Son appel à conjurer les femmes à “bien réfléchir aux conséquences négatives” d'une telle activité a trouvé écho chez d'autres citoyens saoudiens au sens civique poussé [en arabe]:

Ceux qui appellent à une manifestation pour autoriser les femmes à conduire le 26 octobre ont été nourris au sein de l'Occident, et ce lait les a rendus grands et gros. Cette tribu imite maintenant l'Occident et tente d'américaniser notre société.

Seulement ‘les mains étrangères,’ un refrain qui revient souvent au Moyen Orient quand il s'agit de dénoncer les atteintes faites aux droits de l'homme, ne sont pas les seules coupables à s'opposer à une interdiction qui existe depuis longtemps :

Que Dieu me soit témoin, les laïcs et les chiites travaillent main dans la main pour que les femmes puissent être autorisées à conduire. Voilà qui prouve que ce sont les pays de l'ouest qui ont amené et soutiennent ce débat.

Eman al-Nafjan a publié sur sur son compte Tweeter une image de l'apocalypse à venir:

Quelque Saoudien misogyne a crée cette affiche pour expliquer que si les femmes se mettent à conduire, cela mènera au communisme, à la drogue, au libéralisme, …

(Le slogan de l'affiche dit : “Ils veulent qu'elles conduisent pour qu'elle soit conduite”.)

La fabuleuse découverte scientifique faite par le Cheikh al-Lehaydan ne pouvait pas rester longtemps dans l'ombre. Sur Twitter, le hashtag, #قيادة_المرأة_تؤثر_على_المبايض_والحوض, qui signifie que “les femmes qui conduisent se créent des problèmes aux ovaires et au bassin”, a connu un vif succès et les commentaires liés aux connaissances scientifiques d'Al-Lehaydan ont été nombreux :

Quelle mentalité nous avons :/ L'homme est allé dans l'espace et vous interdisez toujours aux femmes de conduire? Idiots

Quand la bêtise épouse le dogmatisme dans la chapelle des traditions médiévales, voici le fruit de leur union.

C'est dans ces moments-là que je comprends que certaines personnes se suicident.

S'il vous plaît, un peu de respect, si vous ne voulez pas nous voir conduire, tâchez au moins de trouver une raison vraiment valable

Les femmes ne sont pas les seules à critiquer et faire preuve de sarcasme avisé :

Après de longues études cliniques et psychologiques, les scientifiques ont enfin découvert pourquoi les femmes ne savent pas faire un créneau : à cause de leurs ovaires

Qu'est-ce que c'est ? J'en ai parlé à mon médecin et elle m'a dit “Comment peut-on être aussi ingnorant? Ces théories n'ont rien à voir, ni de près ni de loin, avec la médecine !”

Les religieux saoudiens ne racontent vraiment que des conneries

Richard Dawkins, scientifique (masculin) de renom et fervent critique de la religion, fait cette observation:

Pourquoi les femmes saoudiennes ne doivent-elles pas conduire ? Parce que cela endommage leurs ovaires et leur bassin. http://t.co/r1BnHWrLDC Oh JE VOIS, ce n'est pas la religion qui le dit mais la science !

A quoi @Seeektrooof a répondu:

Voilà comment ils l'ont découvert.

Sarcasme mis à part, l'opposition à cette interdiction pour les femmes de conduire en Arabie Saoudite est une bataille menée depuis longtemps. En effet, le premier mouvement d'opposition à cette interdiction a eu lieu en novembre 1990 (anglais) quand 47 femmes ont pris le volant pour traverser Riyad, la capitale. Elles ne furent pas seulement arrêtées mais nombre d'entre elles furent également interdites de voyage et suspendues de leur occupation professionnelle. Mai 2011 fut un moment marquant de ce mouvement de protestation après que l'activiste saoudienne pour le droit des femmes Manal al-Sharif fut arrêtée pour avoir diffusé une vidéo sur YouTube dans laquelle on la voit conduire. Elle resta en prison plus d'une semaine, devenant ainsi un modèle pour de nombreuses femmes en Arabie Saoudite et dans tout le Moyen Orient. En juin 2011, de nombreuses Saoudiennes à travers le royaume ont suivi l'exemple de Manal al-Sharif en participant à la campagne “Women2Drive”; elles ont défié l'interdiction qui leur était faite en conduisant dans les rues de leurs villes.

D'ailleurs en Arabie Saoudite, il n'est écrit dans aucun texte de loi que les femmes n'auraient pas le droit de conduire. Le responsable de la police religieuse saoudienne lui-même a également dit que “la charia ne dit nulle part que les femmes ne doivent pas conduire”, insistant sur le fait que, depuis qu'il était à la tête du Comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice, la police religieuse n'avait poursuivi ou arrêté aucune femme qui conduisait. Cet interdit tient donc bien ses racines dans les traditions conservatrices du pays.

Depuis, la mobilisation pour mettre un terme à cette prohibition oppressive ne cesse de grandir et les actes de désobéissance citoyenne se sont multipliés. En plus des courageuses prises de position des principaux médias en Arabie Saoudite, la campagne du 26 octobre a également reçu l'immense soutien de nombreuses personnalités publiques du pays. Madeha Al-Ajroush, la courageuse activiste qui a pris le volant en 1990 et en juin 2011, a déclaré:

Oui, je conduirai à nouveau le 26 octobre.

Sur Twitter, par le biais du mot-dièse #أنا_رجل_مؤيد (“Je suis un homme et je soutiens”), des hommes ont également montré publiquement leur soutien :

[mot-dièse] Je suis un supporter homme [des] [mot-dièse] femmes conduisant le 26 octobre. [Mot-dièse] Tweetez avec une photo.

Commentaire en anglais : Les hommes saoudiens pour les femmes au volant #October 26

L'affiche tenue par l'homme dit [arabe] :

“J'en ai marre de travailler comme chauffeur pour mes six soeurs.”

Alors qu'elle recevait une récompense pour « contestation créative » au Forum d'Oslo pour la liberté , Manal al-Sharif a expliqué que : “La pluie commence toujours avec une simple goutte”. Il semblerait que le ciel de l'Arabie Saoudite se soit bien assombri.

Leila Nachawati a contribué à cet article.

Témoigner ensemble : Le site “je connais un violeur” pour les victimes d'agressions sexuelles

mardi 1 octobre 2013 à 19:20

Je Connais un Violeur est un site web créé par Pauline Arrighi, 27 ans, diplômée de Sciences Po Paris et  militante à Osez le Féminisme. Blog communautaire, le projet lutte contre la stigmatisation des victimes du viol et a pour vocation d'être une plateforme pour partager des témoignages de manière anonyme. Le projet met en avant le fait que de nombreuses victimes connaissaient leurs agresseurs et le blog leur donne un forum pour s'exprimer et trouver du support.   Rising Voices a interviewé Pauline sur son projet, ses succès et son impact.

Pauline Arrighi, creator of the "I know a Rapist" Project

Pauline Arrighi, créatrice du projet

Quand et comment avez vous eu l'idée de commencer ce projet ? Combien de témoignages avez vous reçu à ce jour ?  :

De nombreuses victimes de viol ne sont pas crues par leur entourage. Ainsi elles n’osent pas dénoncer leur agresseur et souffrent d’un manque de reconnaissance de ce qui leur est arrivé. Pire, elles sont parfois accusées de mentir – et ce avant que la moindre enquête soit entamée pour avérer les faits.

Dans d’autres cas, les victimes sont traumatisées sans se rendre compte elles-mêmes qu’elles ont été violées. Elle trouvent de bonnes raisons à leur agresseur et se mentent à elles-mêmes.  L’une des raisons de cette incrédulité voire de cette hostilité vient d’une fausse croyance sur le viol. De nombreux mythes entourent le viol, et c’est l’un d’entre eux que j’ai voulu dénoncer : les violeurs ne sont pas tous des psychopathes marginaux qui sautent sur leurs victimes dans des ruelles sombres, la nuit.

Il n’y a pas de profil de violeur type, la majorité d’entre eux est intégrée socialement, et surtout, dans 80% des cas, la victime connaissait sont agresseur. On lit des témoignages de victimes, c’est une excellente chose.  Et les violeurs, qui sont-ils ? Fous, frustrés sexuellement, pauvres, drogués ? Ou simplement des hommes comme les autres ?

Pour savoir qui sont les violeurs, quoi de mieux que de poser la question à leurs victimes? Qu’elles aient porté plainte ou non, que le violeur ait été condamné ou non, laissons-les nous dresser un portrait de cette personne, anonymement et sans qu’on puisse l’identifier bien sûr (je suis très attentive à ce qu’aucun portrait ne soit suffisamment précis et que personne ne puisse être identifié)

Street art taken in Paris - with permission of the author

Photo de graffiti contre les agressions sexuelles

  J'ai lancé le site le 30 août au soir, tout d’abord avec des témoignages glanés dans mon entourage. J’ai posté le lien dans les réseaux sociaux. 48h plus tard, j’avais reçu 150 témoignages.  Au même moment, un groupe de féministes dont je fais partie envoyait à la presse et au Procureur un signalement pour incitation au viol à un site de conseils en séduction. De ces conseils échangés par de jeunes hommes sur internet, au viol dans le couple, dans des groupes d’amis ou en soirée, il n’y a qu’un pas. « Je connais un violeur » s’est répandu extrêmement rapidement grâce à Twitter et Facebook. J’ai reçu 500 témoignages la première semaine, et 1 200 abonnés. Aujourd’hui, un mois plus tard, j’en ai reçu 1000 environ et le timblr a reçu 900 000 visites.

 Depuis la création du site, comment le projet est-il perçu par les lecteurs ? Avez-vous eu des retours des contributeurs suite à leurs témoignages ?

J’ai reçu un nombre infime de retours sceptiques : 3 ou 4, sur 1000 témoignages reçus. En revanche j’ai reçu de nombreux remerciements. Certaines personnes se sont rendues compte de ce qu’elles avaient vécu, elles ont pu poser un mot et un sens sur leur mal-être, d’autres voient qu’elles ne sont pas seules, d’autres encore trouvent une reconnaissance en tant que victime dans le fait de voir leur témoignage publié.

Certaines personnes, qui n’ont pas été victimes, expliquent que le tumblr leur a ouvert les yeux sur une réalité qu’elles ignoraient.

Pour toutes ces raisons, le tumblr a été au-delà de mes objectifs initiaux et j’en suis heureuse.

 Est ce que les témoignages après le traumatisme servent aussi peut-être de catharsis pour certaines victimes ?  Est-ce que le fait de témoigner fait parfois partie du processus de guérison ?  

Sans aucun doute, et j’ai reçu de nombreux retours dans ce sens, mais je ne suis pas à même de développer le sujet, n’étant pas une professionnelle de la question, psychologue par exemple.

En revanche je peux citer l’excellente psychiatre Muriel Salmona, spécialisée en traumatologie et auteure du Livre noir des violences sexuelles : 

Pour le docteur Muriel Salmona, s’intéresser aux violeurs permet aux victimes de «remettre du sens». «Les victimes se disent toujours «je n’aurais pas dû faire ou dire ça. Elles se remettent en cause. En parler, échanger leur expérience et analyser la démarche de leur agresseur permet de remettre leur monde à l’endroit, de réaliser, enfin, que ce sont elles les victimes. C’est le premier pas vers la réparation.

 Comment faites vous la sélection des contributions ? Combien de témoignages ne sont pas publiés et pourquoi ?

D’une façon générale, je ne publie que les témoignages qui montrent un portrait de l’agresseur, comme l’indique l’objet du tumblr, et lorsqu’il s’agit d’un viol (je fais l’impasse sur les attouchements et tentatives). Cela dit, certains témoignages n’entrent pas dans ce cadre et sont publiés car ils sont touchants ou apportent un élément précieux à la reflexion sur le viol et sa perception sociale.  

Etant l'administratrice du site, comment gérez-vous la colère/la tristesse à la lecture de tous ces témoignages ?

Mal (elle sourit).

Plus sérieusement, la lecture de ces multiples témoignages est évidemment difficile, et je suis dans une relative impuissance, la portée du tumblr étant limitée pour les victimes. Je ne peux pas remplacer le travail d’une ligne d’écoute et encore moins d’un-e psychologue.

Heureusement je suis parfois aidée, et je fais partie d’un réseau féministe dans lequel ces problèmes sont connus. J’ai la chance d’être comprise dans ma démarche et épargnée concernant les « rape jokes » et autres écarts. 

Il y a-t-il autre chose que la société peut faire pour aider/protéger les victimes ?

Le viol n’est que l’une des manifestations de la perception et du statut des femmes dans la société. Lorsqu’on arrêtera de présenter dans les publicités, la fiction et autres, les femmes comme disponibles et soumises sexuellement, passives, sans cesse assimilées à des objets, et lorsqu’on arrêtera de présenter les hommes comme dominateurs, actifs, avec des « besoins sexuels » irrépressibles (ce qui est parfaitement faux), le nombre de viol diminuera sensiblement.

Il y a des mesures concrètes à prendre : être intransigeant envers les incitations au viol et à la haine sexiste. Ou développer l’éducation à la vie affective et sexuelle dans les écoles et collèges. On ne peut pas laisser les films porno être la seule source d’apprentissage à la sexualité.

 Avec votre vision globale de tous ces témoignages, quelle analyse faites vous de l'évolution du tabou sur le viol et de l'impact d'un site comme le votre ? Est ce qu'une tendance ressort de ces témoignages et qui ne serait pas forcément visible aux lecteurs de passage?

La tendance qui ressort le plus fortement est le sentiment de culpabilité et de honte que ressentent les victimes. Pourtant, rappelons-le, une victime de viol n’est jamais responsable de ce qui lui arrive. Si la victime se sent coupable, dans une logique perverse d’inversion des rôles, la raison en incombe aux discours qui entourent le viol et que la victime aura entendu avant de le subir elle-même. Si vous entendez durant toute votre jeunesse que les victimes de viol l’ont peu ou prou mérité.. comment ne pas se haïr lorsque cela vous arrive ?

Ce sentiment de culpabilité et de déni vient aussi de l’expérience du viol lui-même. Dans de nombreux témoignages, on lit que non seulement l’intégrité physique est niée, mais encore l’agresseur nie la volonté de l’autre, en lui faisant croire que la victime est consentante. « Je sais que tu aimes ça », « Je sais que tu en as envie ».. le viol passe par le corps mais aussi par l’esprit, dans une négation totale de l’autre. 

Que voudriez-vous voir changer d'un point de vue politique publique sur l'approche de ce problème ?  

… En luttant contre les stéréotypes sexistes à l'école, avec une éducation à la sexualité qui prenne en compte les notions de respect de l'intégrité de l'autre et de désir, en luttant contre l'image dégradée des femmes dans la publicité, les films porno, internet et la société en général.. 

Le viol n'est qu'une manifestation des représentations des femmes et des hommes dans la société, il n'a rien de naturel, c'est un fait de culture contre lequel on peut lutter. Il existe des sociétés sans viol. Pourquoi pas la nôtre ?