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Guatemala : la Journée internationale des peuples indigènes

lundi 26 août 2013 à 09:44

Dans le cadre de la Journée internationale des peuples indigènes, des Amérindiens ont manifesté dans tout le Guatemala pour le respect de leurs droits.

Cultural Survival témoigne [lien en anglais, comme le suivant] de cette protestation pacifique du matin du 9 août 2013.

Dans leur ensemble, les manifestants se sont exprimés, comme le dit la représentante des indigènes Paulina Culum, “contre l'injustice, les inégalités et la corruption”. Les communautés indigènes du Guatemala sont opprimées depuis 50 ans et cela n'est toujours pas fini…

Parmi les propositions et exigences diverses qui ont émergé pendant les manifestations, on trouve le projet de Loi 4087 sur les radios communautaires, qui propose leur légalisation dans le pays.

 

L'affaire Chelsea Manning interroge transparence, sécurité, journalisme et sexualité

lundi 26 août 2013 à 00:04

Chelsea Manning, précédemment Bradley Manning,* est ce soldat de l'armée des Etats-Unis qui a divulgué plus de 700.000 documents classifiés mettant au jour les violations américaines des conventions de Genève, les tueries sans raison de civils commises par les militaires US en Irak et Afghanistan, et des centaines de télégrammes diplomatiques américains. Ce qui lui a valu une condamnation à 35 ans de prison, la plus longue peine jamais infligée à un auteur de fuites d'informations classifiées, et plus lourde que pour la plupart des terroristes reconnus tels. A noter que l'accusation réclamait une peine de 60 années, sans avoir pour autant pu démontrer que les informations que Manning a fait fuiter ont eu des conséquences nuisibles ; aucun agent de l'armée ou des renseignements américains n'a perdu la vie de ce fait. L'inculpation qui lui aurait fait encourir la peine de mort, “complicité avec l'ennemi,” a été rejetée par le juge présidant le procès. Manning a admis que ses actions étaient contraires à la loi et a plaidé coupable pour toutes les charges, sauf la complicité avec l'ennemi. Dans sa lettre [anglais, comme les liens suivants] de demande de grâce résidentielle elle écrit :

Je reconnais que mes actions ont violé la loi ; je regrette si elles ont blessé quiconque ou nui aux Etats-Unis. Il n'a jamais été dans mes intentions de blesser qui que ce soit. Je voulais seulement être utile. Quand j'ai décidé de révéler des informations, c'était par amour pour mon pays et sens du devoir envers autrui. Si vous refusez mon recours en grâce, je purgerai ma peine avec la conscience qu'il faut parfois payer le prix fort pour vivre dans une société libre. Je paierai volontiers le prix si cela signifie que nous pouvons avoir un pays véritablement conçu dans la liberté et dévoué à l'idée que tous les femmes et hommes sont créés égaux.

Si l'affaire Chelsea Manning est si importante, ce n'est pas seulement par le volume sans précédent d'informations qu'elle a révélées sur les méfaits du gouvernement [américain], mais aussi par les implications pour les journalistes, blogueurs, lanceurs d'alerte, auteurs de fuites et citoyens en général, de son traitement par le système judiciaire. Il s'agit là du degré le plus élevé d'incrimination depuis la répression par l'administration Obama des auteurs de fuites. Certes, celle-ci a inculpé plus d'auteurs de fuites qu'aucune autre pour révélation au public d'informations classifiées. Josh Stearns (@jcstearns), écrivant sur Boing Boing, voit dans l'affaire la manifestation la plus récente d'une tendance troublante à la restriction de la liberté d'information :

Il faut placer le verdict Manning dans le contexte d'une crise croissante de la liberté de la presse qui nous concerne tous. Comme l'a écrit Dan Gillmor dans le Guardian, “l'opinion doit prendre conscience de la menace pour ses libertés que représente la répression des fuites par Obama, et par extension, pour le journalisme et la liberté d'expression elle-même.” Nous vivons une époque où n'importe qui peut accomplir un acte de journalisme. Celui qui crée une page Facebook pour parler de l'ouragan frappant sa collectivité ; celui qui rapporte avec son smartphone comment des policiers tuent un adolescent désarmé sur un quai de gare ; celui qui blogue en temps réel un procès du début à la fin. Chacun d'eux contribue au journalisme de façons qu'il faut protéger et apprécier. [...] Si nous devons nous réjouir que ce tribunal militaire n'ait pas qualifié de trahison les actes de Manning, cette affaire n'en fait pas moins partie d'un débat beaucoup plus large, et dont l'opinion a été largement exclue. Voilà qui doit changer.

Trevor Timm (@trevortimm), dans un billet pour la Fondation pour la Liberté de la Presse, s'inquiète aussi du zèle mis par l'administration Obama à poursuivre les auteurs de fuites. Il explique comment la Loi sur l'espionnage en vertu de laquelle est inculpé Manning vise à assimiler les auteurs de fuites à des traîtres :

La Loi sur l'espionnage, un code draconien rédigé en 1917 pour châtier les opposants pacifistes à la première guerre mondiale, a hélas été utilisée ces dernières années pour faire des auteurs de fuites et les lanceurs d'alerte, des espions et des traîtres. Le juge a facilité cette distorsion dans le procès Manning en statuant dès le départ que la défense n'était pas autorisée à produire de preuves de l'unique intention de Manning d'informer l'opinion américaine, ou qu'aucune des informations n'avait concrètement nui à la sécurité nationale.

Malgré la version officielle de l'administration Obama marquant Chelsea Manning de traîtrise, la solidarité lui est acquise de partout, comme le prouvent les propos sur le web en ce moment. Les soutiens de Chelsea Manning s'unissent pour sensibiliser à l'importance et la nécessité de ses révélations. Une pétition commune d’Amnesty International et du Réseau de solidarité avec Bradley Manning demandant au Président Obama d'accorder sa clémence à Manning fait en ce moment le tour de l'Internet. De nombreux soutiens se sont aussi fait jour sur Twitter :

Le fait que Bradley Manning ait fait fuiter la vérité gratuitement montre bien que ce n'est pas un traître/prêt à tout pour faire parler de lui

Manning a contribué à faire naître un nouveau mouvement de droits civils. Elle mérite le Nobel de la Paix d'Obama plus que le président lui-même.

J'ai participé cette semaine à tellement de belles discussions sur Bradley/Chelsea Manning. Un héros américain, rien de moins.

Dans cette vidéo, The Young Turks [Les Jeunes Turcs] analysent la lettre de Chelsea Manning demandant la grâce présidentielle. Les quatre hommes disent leur respect et la haute considération où ils la tiennent :

Le journaliste Norman Solomon (@normansolomon) exprime une profonde admiration pour les actes et l'intégrité de Chelsea Manning dans une lettre ouverte au président Obama, publiée par le magazine électronique indépendant Nation of Change :

Imaginez. Après plus de trois ans en prison, à subir des mauvais traitements systématiques puis l'épreuve d'un long procès militaire suivi par le prononcé d'une condamnation à 35 ans de prison, Bradley Manning a refait surface, sa ferme voix humaniste non seulement intacte, mais même plus forte que jamais !

Identité transsexuelle

Imgage of Chelsea Manning with a wig shared extensively on the web. Taken from Wikipedia

Photo de Chelsea Manning en perruque largement diffusée sur le web. Source : Wikipedia.

le 21 août, Manning a publiquement annoncé sa véritable identité de femme transsexuelle, en disant vouloir désormais être appelée Chelsea Manning et exprimant son désir de suivre dès que possible une thérapie hormonale. Les militants trans ont loué sa décision de faire son coming-out, pour la visibilité et légitimité donnée à la lutte des transsexuels pour les droits des LGBTT. Ceci crée toute une série de nouvelles questions pour Manning, qui sera incarcérée dans une prison pour hommes alors que l'armée américaine a déjà refusé de lui accorder d'autres soins que ceux d'un psychiatre. L'Union des Libertés civiles américaines a publié une déclaration affirmant que le refus de thérapie hormonale pour Manning soulève de préoccupants soucis constitutionnels :

Les déclarations publiques de cadres militaires selon lesquelles l'armée n'assure pas de thérapie hormonale pour traiter les troubles de l'identité sexuelle soulève des inquiétudes constitutionnelles graves. Les troubles de l'identité sexuelle sont un syndrome médical grave dans lequel l'identité de genre d'une personne ne correspond pas à son sexe assigné à la naissance, et la thérapie hormonale fait partie du protocole admis pour le traitement de cette maladie. En l'absence du traitement nécessaire, les troubles de l'identité sexuelle peuvent provoquer une détresse psychologique sévère, allant jusqu'à l'anxiété et au suicide. Quand l'autorité a des individus sous sa garde, elle doit leur fournir les soins médicaux nécessaires.

Nul doute que les événements de ces derniers jours auront des répercussions durables et étendues pour les futurs lanceurs d'alerte et le journalisme en général, sans oublier la communauté transgenre. Cela va-t-il aboutir à une société plus ouverte avec davantage de transparence et de responsabilité pour les gouvernants, ou au contraire plus secrète sans reconnaissance des droits des citoyens à l'information ? Les paris sont ouverts. *Dans ce billet, nous utilisons le féminin pour parler de Manning, selon sa demande expresse et publique.

PHOTO : Madagascar vue de l'espace

dimanche 25 août 2013 à 23:12

L'astronaute italien Luca Parmitano , actuellement dans la station spatiale internationale, télécharge dans un album Flickr, “Volare mission” [anglais], ses photos de la terre vue de l'espace, assorties de commentaires souvent émerveillés. Parmi celles-ci, deux photos de Madagascar : une rivière qui, de cette altitude, n'est plus qu'une “incroyable toile de couleurs” et un segment de la côte malgache qui “semble fondre dans l'océan”.

Rivière à Madagascar, vue de l'espace

Rivière à Madagascar, vue de l'espace. Photo Mission Volare sur Flickr, sous licence CC-By

En Chine, la chasse aux constructions illégales sur les toits est ouverte sur le Web

dimanche 25 août 2013 à 14:18

Les internautes chinois sont de plus en plus nombreux à télécharger sur les réseaux sociaux des photos de constructions illégales sur les toits des immeubles dans tout le pays, pour forcer les autorités à les démolir et à faire respecter la loi.

L'une des premières constructions à attirer l'attention a été une villa construite sur un toit de Pékin, transformé en un verdoyant sommet de montagne. La villa sur le toit de Pékin a été construite voici cinq ans par un médecin chinois, le Docteur Chang Biqing. La villa n'a jamais obtenu de permis de construire de la mairie et a provoqué de graves infiltrations chez les autres résidents de l'immeuble.

Et pourtant, les services de la mairie n'ont jamais ordonné sa démolition, jusqu'à ce que l'affaire soit médiatisée par un journal chinois et reprise sur les médias sociaux . Ci-dessous, une vidéo de l'incroyable villa :

Juncaixinchi (俊采興馳) sur Tianya, un forum en ligne populaire en Chine,, souligne [chinois,zh] l'inégalité des citoyens devant les règlements municipaux :

百姓的权益得不到维护已经有5年之久,而此霸道的空中楼阁也已经霸道的存在于京城空中5年之久,这样的情况,应该没有人不知道,实际上,辖区城管的违章建筑拆除通知已经下达了5年,却未能清除。城管执法被人病垢已久的直接、简单、粗暴,在此时却显得如此的宽容和耐心 […]

ça fait cinq ans que les résidents de l'immeuble ont déposé plainte à la mairie, mais ce toit bizarre a continué à exister à Pékin, depuis cinq ans. ce n'est pas un secret. En fait, l'ordre de démolition a été publié par la ville il y a cinq ans, mais il n'a jamais été exécuté. La brutalité et la rapidité avec laquelle les autorités municipales [sanctionnent les vendeurs de rue] est unanimement critiquée, mais dans ce cas, elles sont extrêmement patientes et tolérantes […]

Il poursuit en explicant comment les médias, et la participation des internautes, ont fait changer les choses :

[...]只是半路杀出个“程咬金”,把这件事报道了出来,放到了网上,引发围观。
第三方的介入,打破了原来二者的平衡和默契,释放和扩大原来被压制的小区业主利益诉求的能量,面对这种突如其来的冲击力,作为管理方的政府和业主方的张必清都在急切的寻找“再平衡”,因而,我们看到,5年都未能拆除的违章建筑以迅雷不及掩耳之势开始拆除了

[…] C'est alors que des tierces parties sont entrées sur la scène. L'histoire a fait l'objet d'un article et a été lue en ligne, où elle a attiré l'attention de tous.
L'intervention de tierces personnes a cassé le pacte entre le propriétaire de la villa et les autorités, déchaîné la colère d'autres habitants qui ont eu affaire à des sanctions. Devant un tel tollé, le gouvernement, et le propriétaire de la villa, Chang Biqing, ont du trouver une solution. C'est pour cette raison qu'ils ont aussitôt commencé à démolir la villa sans permis de construire.

L'affaire de Pékin a servi d'exemple à d'autres. De plus en plus de résidents d'immeubles affectés par une construction illégale sur leur toit ont publié des photos et des vidéos sur les médias sociaux.

L'indignation générale en ligne a provoqué une réprobation contre les propriétaires de ces structures. Par exemple, à Heng Yang, le promoteur de 25 villas construites sur le toit d'une galerie commerciale de meubles, a finalement cédé et démoli les villas le 21 août. Quand l'affaire a été révélée pour la première fois au début du mois d’août par le Morning Herald de Xiaoxian [zh], le promoteur avait refusé d'agir, en prétendant que les villas étaient des dortoirs pour les employés de la galerie commerciale.

Screen capture from Zhuzhengnan's video on the Suzhou rooftop villa.

Capture d’écran d'une vidéo de Zhuzhengnan sur des villas construites sur un toit à Suzhou.

Ces deux dernières semaines, les internautes ont révélé d'autres cas. @shoujipaike sur Sina Weibo a posté une vidéo tournée avec un téléphone portable par Zhuzhengnan d'une villa construite sur un toit à Suzhou :

【苏州楼顶园林式别墅被举报6年 传业主是官员】近日网民爆料称,苏州市区某大厦楼顶有疑似违章的园林式建筑,影响楼内业主生活,但市民6年来举报多次无果,堪称“苏州最牛违建”。有居民透露,“空中花园”的业主“是个当官的,权力很大”。实拍视频由网友@朱征南 提供http://t.cn/zQu6Wk2

Récemment, des internautes ont signalé que la villa sur le toit d'un immeuble à Suzhou causait des problèmes aux résidents.  Ils se sont plaint auprès des autorités pendant six ans, mais rien n'a été fait. C'est la plus étrange des constructions illégales à Suzhou. Selon certains résidents, le propriétaire est un fonctionnaire haut placé du gouvernement

@”Sister Anber” (@Anber姐姐蔚) a déniché un autre cas à  Xian :

【西安现违章加盖“空中仿古庭院” 官方展开调查】8月21日消息,北京的“最牛违建”正在拆除,西安市一小区内的高层楼顶又被曝出加盖了“空中仿古庭院”。21日,西安市规划局莲湖分局介入调查,并责令该业主立即停止违法建设行为。

Nouvelles du 21 août. A Pékin, des constructions très bizarres et illégales ont été détruites, et à Xian City, c'est un “patio chinois de style historique” qu'on a découvert sur le toit d'une tour. La division Lianhu du bureau de planification de Xian a lancé une enquête. Le propriétaire a reçu une mise en demeure.

Photo uploaded by Changweibao

Photo téléchargée par Changweibao

Un dernier cas, révélé par @changweibo qui a envoyé la photo à des journaux de  Shenzhen. Il s'agit d'un temple :

#深圳也有最牛屋顶违建#报料开始:南山区华侨城沙河街道的美加广场(益田假日广场后面,世界之窗对面)E栋屋顶有违建,从外观看非常明显,呈庙宇状。据说加建的2103号房户主在市里有背景,一直无法查处,媒体也不敢报道。很好奇这位牛户主是什么人,求转发人肉之。@晶报 @南方都市报 @深圳微博发布厅

#Shenzhen a aussi des constructions illégales totalement folles. Ici commence la dénonciation : l'appartement E de la place Meijia à Huaqiao dans le district de Nanshan (derrière le centre commercial Yitian holiday et en face du parc d'attraction World's Window) a une construction illégale sur son toit. On dirait de toute évidence un temple. On dit que le propriétaire a de l'entre gens et que les services d'inspection n'ose pas trop y toucher, et les médias non plus. Je me demande qui est le propriétaire, s'il vous plait, essayez de trouver. @Jingpao @Nanfang Metro Daily @Shenzhen Centre de presse de Weibo.

Photo téléchargée par  Changweibao: http://weibo.com/2932237812/A4YwRce4A?mod=weibotime

http://weibo.com/3279260215/A5TKhc2OA

Quand la télévision publique italienne essaie de concilier télé réalité et action humanitaire

samedi 24 août 2013 à 19:53

La Rai 1 – chaîne de télévision phare du service audiovisuel public national et la chaîne la plus regardée d’Italie – a en projet une émission d’aide humanitaire sous forme de télé-réalité. Le premier épisode devrait être diffusé le 4 décembre prochain.

« The Mission » qui est présentée comme une expérience sociale ou un documentaire de fiction mettra en scène pendant deux semaines huit célébrités – au service de l’ONG italienne Intersos – dans des camps de réfugiés au Soudan du Sud, en RDC et au Mali. Tout ceci sous la supervision du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Sur le blog African Voices Carlo Cattaneo dans “Mission” by RAI1. A time bomb? explique :

The goal of RAI would be to propose, through this social experiment, as a means of advertising the cause of the most excluded and the engagement of humanitarian workers in order to create greater awareness in the audience. From the rumors collected production will not be focused on the suffering and desperation of refugees but rather on the positive and concrete commitment of humanitarian workers on the stories of refugees and the reasons for fleeing from their native countries. Each episode of The Mission will be introduced by an accurate explanation of the social, historical, political and cultural development of each country visited in order to offer the public with adequate information and to avoid the spectacularization of refugees. Laura Lucci, head of UNHCR Italy ensures that they are focusing on a program of information. The presence of UNHCR will ensure that they are only collected the stories of refugees volunteers standing up supervisor of the right of privacy and personal freedom of each individual. The increase of awareness and private story telling by refugees will help, according intentions of the promoters, to make public opinion more open and sensible on issues such as illegal immigration and the reasons that lead to the desperate search of a better life through the Mediterranean.

L'objectif de la RAI serait de promouvoir, à travers cette expérience sociale, la cause des damnés de la terre et l'engagement des travailleurs humanitaires afin de susciter une prise de conscience plus importante du public. D'après ce que l’on sait la production ne se focalisera pas uniquement sur la souffrance et le désespoir des réfugiés, mais plutôt sur l'engagement positif et concret des travailleurs humanitaires,  sur l’histoire des réfugiés et les raisons pour lesquelles ils ont fui leur pays d'origine. En introduction de chaque épisode, il y aura une explication précise de l'évolution sociale, historique, politique et culturelle du pays dans lequel se déroule l’émission afin de donner au public une information adéquate et  éviter ainsi de donner les réfugiés en spectacle. Laura Lucci, chef du HCR en Italie assure qu'ils se concentrent sur un programme d’information. La présence du HCR doit assurer que ne seront filmés que des réfugiés qui le désirent et que le droit à la vie privée et la liberté personnelle de chaque individu seront respectés. Selon les promoteurs, la sensibilisation accrue et les histoires intimes des réfugiés permettront une meilleure tolérance et compréhension des questions liées à l'immigration illégale et aux raisons qui conduisent à rechercher désespérément une vie meilleure de l’autre côté de la Méditerranée.

Carlo Cattaneo produit également une autorisation officielle de la RDC pour le tournage de ce programme :

ministry-of-culture_authorization-for-filming_09-07-20132

 

Beaucoup d'Italiens – humanitaires ou pas – critiquent déjà le programme plusieurs mois avant sa diffusion. Le débat fait rage sur le Web. Une pétition en ligne demande que ce programme ne soit pas diffusé. Signée par plus de 91 000 personnes, elle soutient que l’émission donne en pâture la vie des réfugiés et banalise les conséquences de conflits.

Le site Afriqinfos écrit que le monde des Reality shows est sur le point de passer un nouveau cap, celui de la télé-réalité dans un camp de réfugiés en Afrique. Un projet extrêmement controversé … :

Change.org et Activism.org ont lancé chacun une pétition visant à annuler la mise en place de The Mission : « ça vous dirait de voir votre mère, qui a survécu à des violences inimaginables, être tournée en ridicule comme comparse d’un reality show ? » argumente la première organisation.

Outre les critiques récurrentes – notamment sur les cachets des artistes – que l’on lit, entend chaque fois que des célébrités ou des émissions populaires s’emparent d’une cause humanitaire, d’une catastrophe ou un conflit un des arguments contre est que les célébrités choisies sont des célébrités de seconde catégorie, sans légitimité ou sur le retour.

Ainsi zaccunu09 écrit sous l’article Sfiga Africa: ci mancava Al Bano [Pauvre Afrique: Il ne manquait plus qu’Al Bano] du magazine l'Espresso :

Che bella idea questa di Leone,figlio dell'ex Presidente della Repubblica,ed è superfluo dire perché oggi si trova a quel posto !, forte di un'autorità che non sappiamo bene da dove venga ,ha organizzato questa ridicola messinscena con personaggi che hanno un seguito da ridere se non fosse per la Rai che continua a farli apparire sulla scena televisiva,il più delle volte a sproposito. Albano, ci basta la presunzione e l'atteggiamento malandrino;il rampollo ruspante di casa Savoia,che non si sa a che titolo calca la scena Rai e con quali meriti se non una eredità che più scalcinata ed inquietante non poteva essere; Barale, ma esiste veramente? ,Cocuzza per più cocuzza non poteva essere,forse ho dimenticato qualcuno ma sicuramente sarà all'altezza degli altri. VIVA LA RAI ………

Quelle bonne idée de Leone – fils de l'ancien Président de la République [Giovanni Leone] – et c'est inutile de demander, comment il se trouve aujourd'hui à ce poste [directeur de Rai 1] ! Fort d'une autorité qui lui vient d’on ne sait où, il a organisé cette mascarade ridicule avec des personnages qui n’existeraient plus si la RAI n’entretenait pas leur vie médiatique en s'évertuant à les exhiber le plus souvent de manière inappropriée. Nous en avons assez de la complaisance et de l'espièglerie d’Al Bano ; quant au descendant direct de la Maison de Savoie, dont nous ne savons ni à quel titre ni à quel mérite il foule la scène de la Rai si ce n’est un héritage qui ne pourrait être plus minable et dérangeant. Barale, mais existe-t-elle vraiment ? Cocuzza [le nom d'un personnage de la RAI synonyme d’écervelé] plus cocuzza c’est impossible, j'ai peut-être oublié quelqu'un, mais sans doute est-il à la hauteur des autres. VIVE LA RAI ………

Sur Articolotre.com, on peut lire ce qu’Al Bano dit de ces critiques :

Io difendo questo programma, e non capisco davvero cosa ci vediate di male: ce l'avete con me? Non capisco perché si parli di reality quando si tratta di realtà. Non sarebbe stato uno spettacolo, ma un'indagine, un'occasione per accendere i riflettori sulla gente che soffre. A me piaceva proprio l'idea di andare in un luogo in cui le persone sono abbandonate. Io voglio accendere qual faro, far vedere cosa succede. Continuano a morire dappertutto, ma se non proviamo ad accendere le luci che succederà?

Je défends ce programme, et je ne comprends pas vraiment ce que vous y voyez de négatif : vous avez quelque chose contre moi? Je ne comprends pas pourquoi on parle de télé-réalité alors qu’il s'agit de la réalité. Ce ne sera pas un spectacle, mais une enquête, l'occasion de braquer les projecteurs sur des gens qui souffrent. A moi, l'idée me plaisait vraiment d'aller à un  endroit où les gens sont abandonnés. Je veux allumer ce phare, pour voir ce qui se passe. On continue à mourir partout, mais si nous ne cherchons pas à y braquer les projecteurs que se passera-t-il ?

Alors que pour le Stop Kony, les commentaires d’Africains étaient très majoritairement négatifs cette fois-ci ils sembleraient plus nuancés notamment sur Facebook :

Aragone Diger : Sortir les réfugiés de l'ombre, c'est aussi montrer les tares de la guerre et ainsi conscientiser les populations de pays impliqués dans les guerres surtout en Afrique.

Renaud-Désiré Essoh Lath Moi j'aime ça montre que dans la vie y'a pas que Kardashians et y'a des problèmes plus sérieux !!

Suite aux rumeurs de suppression la RAI a publié un démenti officiel. Grâce à cette polémique la « Mission » bénéficie d’une opération publicitaire hors pair.

Abdoulaye Bah et Antonella Sinopoli ont contribué à cet article