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Pérou : visite de la Casa de Aliaga

lundi 9 février 2015 à 21:40
casa-de-aliaga-centro-historico

Image de Wenceslao Bottaro, utilisée avec autorisation.

Sur son blog Blucansendel, le journaliste argentin Wenceslao Bottaro explore le tourisme et de nouvelles alternatives de communication et de promotion des sites touristiques. Ainsi, il nous montre sous forme graphique ce que l'on peut trouver en face de la Plaza Mayor de la Cité des Rois (Ciudad de los Reyes), nom sous lequel la capitale péruvienne Lima fut fondée.

À la Casa de Aliaga, vous pourrez apprécier l'histoire et les tendances architecturales du XVIème siècle :

Apenas entrar, la primera impresión es deslumbrante. Hay mucho para ver y asombrarse: los muebles, las colecciones de objetos, las escaleras, las lámparas, el patio. Todo lo que es madera está trabajado obsesivamente en los detalles.

De las paredes cuelgan pinturas, en las vitrinas se exhiben piezas de vajilla, documentos genealógicos y de la época de la Independencia. Lámparas de todo tipo se combinan con la luz del sol generando una extraña atmósfera en las habitaciones.

Vous êtes éblouis dès l'entrée. Il y a beaucoup à voir et de quoi être étonné : les meubles, les collections d'objets, les escaliers, les lampes, la cour. Toutes les boiseries sont minutieusement travaillées dans les moindres détails. 

Des tableaux sont accrochés aux murs ; de la vaisselle, des documents généalogiques et des documents de la guerre d'indépendance sont exposés dans des vitrines. Différents types de lampes s'allient à la lumière du soleil pour imprégner les pièces d'une atmosphère étrange.

Bottaro a également écrit des articles sur d'autres sites du centre historique de Lima qui méritent d'être visités : “le changement de garde au palais présidentiel, le Musée de l'Inquisition, le bar historique Cordano et si vous voulez vous amuser avec des enfants, le Parc de l'eau ” (Circuito Mágico del Agua).

Plus d'articles de Wenceslao Bottaro sur les voyages, sur les réseaux sociaux : Twitter, Facebook et Instagram.

Ce post fait partie des 30ème #LunesDeBlogsGV (blogs du lundi sur GV), publié le 24 novembre  2014.

‘La haine ne devrait pas habiter les êtres humains’ a écrit en ligne Kenji Goto, le journaliste exécuté

dimanche 8 février 2015 à 20:14
Kenji Goto reporting outside Kobani, Syria, in 2014. Screenshot from SnapcastNews' YouTube account.

Kenji Goto en reportage à l'extérieur de Kobané, Syrie, en 2014. Capture d'écran du compte YouTube de SnapcastNews.

Le journaliste indépendant japonais Kenji Goto couvrait les guerres et conflits du Moyen-Orient et d'Afrique avant d'être exécuté en Syrie par le groupe Etat Islamique le 30 janvier 2015.

Avant d'être fait prisonnier et assassiné, Goto racontait, sur son site internet Independent Press, son expérience de journaliste à travers le monde. Il a écrit sur un voyage qu'il a effectué au Sinaï en juillet 2014, un article qui nous éclaire peut-être sur les raisons de son travail de journaliste :

[To be or not to be]
世界各地で、なぜ、こうも衝突が絶えないのだろう?
その一方で、全世界中にに漂うグローバル化の疲れや失望-「私たちには正直わからない」「私たちだけは安全なはず・・・」「自分の家族が一番大事」といったある種開き直った意識。
“What can I do?”

“Etre ou ne pas être…”

Pourquoi y a-t-il tant de conflits dans le monde, pourquoi ne peut-on pas les arrêter? D'un autre côté j'ai une nouvelle approche de la lassitude et des déceptions apportées par la mondialisation.

Par exemple, [quand ils sont confrontés à la dure réalité] beaucoup de gens sont sur la défensive et pensent “qu'il y a tellement de choses que l'on  ne sait pas” ou “que l'on est en sécurité chez nous quand on compare avec le reste du monde…”, ou “que notre famille est ce qu'il y a de plus important à nos yeux.”

Face à de telles situations, la seule question à se poser est: “Moi, que puis-je faire?”

Déjà avant que la Force Terrestre d'Auto-Défense Japonaise ne soit envoyée en Irak pour participer à la reconstruction de ce pays en janvier 2004, Goto écrivait des articles sur son site quand il était en Irak en novembre 2003.

Goto discutait de l'importance de travailler comme journaliste japonais en Irak.

自衛隊を送っているというのに、国民はイラクの実情を知る機会がなくなっていく。材料がなくて、どうやって延長の是非や撤退するか否かの議論を進めていくのか?
イラクは現在進行形だ。「ベルリンの壁崩壊」のような一言で記される史実ではなく、日本の戦後と同じように、戦争-占領-復興(新国家建設)というひとつのサイクルだ。歴史が今生まれていっているのに、それを映像で記録しておきたい、書き記しておきたいと思わないのだろうか。われわれは、過去の記録映像を見て人間の歴史を考察したり、歴史から学んだり、感嘆したり、するのではないか。それが、われわれが後の時代に生きる子どもたちに残してあげられるものではないか。

Après l'envoi de la Force Terrestre d'Auto-Défense Japonaise en Irak par le gouvernement, les Japonais n'ont plus eu la possibilité de savoir ce qu'il se passait ici.

Sans information comment peut-on apprécier si la Force Terrestre d'Auto-Défense Japonaise doit rester en Irak ou rentrer?

L'Irak change mais ce n'est pas aussi simple que la chute du mur de Berlin. Au contraire, l'Irak est entré dans un processus de reconstruction tout en étant occupé.

Quand l'histoire est en train de se faire, comment ne pas prendre des photos et décrire ce qu'il se passe ?

Quand on remonte l'histoire grâce à des photos d'époque, on en apprend beaucoup sur l'histoire et c'est très émouvant, non ? N'est-ce pas cela que l'on veut laisser aux générations futures ?

Dès le début de la guerre civile en Syrie en 2011, Goto a parcouru le pays et a interrogé les habitants de la zone en guerre. Goto écrit sur son site : quel avenir ?

街に残るスンニ派の住民と出会いました。
電気や水道を止められ、わき水をくみ、廃材やまきで火をおこし生活していました。
この男性は、妻や子どもを遠くの街に避難させ、家や家畜を守るために、ひとり街に残ったと言います。
「ヘリコプターがこない時に水をくむ。
畑仕事をしているだけなのに攻撃される。」
子供たちが国外に逃れ、家族がばらばらになってしまったと嘆く夫婦もいました。
「こんな生活、もう限界です。
皆追い出されて、息子たちは国外へ逃げました。」

J'ai rencontré des musulmans sunnites qui vivent dans la ville.

Il n'y a ni eau ni électricité. Pour vivre ici les habitants doivent pomper l'eau dans la nappe phréatique et ils utilisent du bois de récupération pour faire du feu.

Il y a un homme qui reste seul ici pour protéger la maison de sa famille et son bétail. Il a envoyé sa femme et ses enfants se réfugier dans une ville très loin d'ici.

Un autre couple dit que sa famille est brisée parce que ses enfants ont dû fuir à l'étranger.

“Quand il n'y a pas d'hélicoptères du gouvernement, nous pompons l'eau de la nappe phréatique. Ils nous ont attaqués alors que nous tavaillons à la ferme. Nous n'en pouvons plus de cette vie. Il vont tous nous chasser du pays. Nos enfants ont déjà fui à l'étranger.”

Goto décrit aussi comment les Syriens ont essayé de se protéger:

政府軍は、戦車中心の地上戦から戦闘機による空爆に戦いの方法を大きく転換。兵士たちの姿は街から消え、基地の中から迫撃砲で周辺の町や村を攻撃する。24時間、東西南北で砲撃音や空爆の音が続く。
「一枚ではない」と揶揄される自由シリア軍。町や村あるいは家族や親戚といった小さな単位でグループを構成し、血の結束の強さと信仰心にもとづくまとまりの良さは政府軍とは違った独特の結束強さがある。しかし、彼らの戦いは「進軍する」というものではない。任務は、あくまでも自分の町や村を「守る」ことなのだ。

Les forces gouvernementales ont changé de stratégie, ils sont passés des attaques au sol avec des chars à des frappes aériennes. En conséquence, les soldats qui étaient en ville ont disparu, mais les bases militaires attaquent les villages et les villes alentours au mortier.

On entend partout le bruit des mortiers et des attaques aériennes 24 heures sur 24.

Les gens plaisantent sur l'Armée de Libération Syrienne: “Difficile de traiter avec eux.” Dans les villes et villages, les membres d'une même famille se soutiennent.

Ces petits groupes sont très liés par les liens du sang et leurs croyances sont un avantage face aux forces gouvernementales. Cependant, ils ne se battent pas pour dominer mais pour protéger leur ville ou leur village.

Sur la zone de guerre, Goto a été confronté à la mort de ses amis locaux, et il fait part de sa tristesse:

なぜ、彼らは死ななくてはならなかったのか?希望の光射す未来と無限の才能を持っていたのに。これから好きな女性ができて、結婚して、子どもを産み、家族を持てる十分な機会があったはずなのに。戦いに疲れ果てた人たちは口々に言う。「死んだ者は幸いだ。もう苦しむ必要はなく、安らかに眠れる。生きている方がよっぽど悲惨で苦しい」と。皮肉だが、本音だ。[…]
そして、ハムザ。戦争孤児や貧しい家庭1,000世帯に、毎朝パンを届ける慈善団体を切り盛りする天才肌の若者だった。7月10日、空爆の犠牲になった。
彼らは、いつも笑顔でこちらの頼みを聞いてくれた。一緒にお茶を飲み、甘いお菓子を食べた。感謝のしるしに日本製の時計を、コンデジを、プレゼントした。戦時下では、プレゼントできること自体が嬉しいものだ。
世界各地の紛争地帯で、私の仕事を手伝ってくれた人たちが、もう何人亡くなっただろうか?
でも、私はまだ生きている。生きて自国に戻り、「伝える」仕事に集中することができる。
彼らが死ぬなどと真にイメージしたことは正直なかった。
鮮烈に蘇る(在腦帶中可以清楚回憶起)彼らの優しい笑顔。
ボー然としたところで、「なぜ?」と考えたところで、彼らはもう戻って来ない。
どうか、神様。彼らに安らかなる日々をお与えください。

Pourquoi ont-ils été tués? Ils avaient l'espoir et l'avenir devant eux. Ils auraient eu l'occasion de rencontrer une femme, de se marier, d'avoir des enfants et de fonder une famille.

Ceux qui souffrent de la guerre disent, “Ils ont de la chance ceux qui sont morts, ils ne souffrent plus. Ils reposent en paix maintenant. Vivre est horrible.” C'est ironique, mais c'est vraiment ce qu'ils pensent.

Et puis il y a eu Hamza, un jeune home sympathique et intelligent qui aidait les organisations humanitaires en distribuant du pain à près de 1000 orphelins de guerre et à des familles dans le besoin. Il a été tué par les frappes aériennes le 10 juillet. A chaque fois que je lui demandais de m'aider il avait toujours un large sourire. On buvait du thé et on mangeait des gâteaux ensemble. Pour le remercier je lui avais donné une montre japonaise, un petit appareil photo numérique, et d'autres petits cadeaux. En temps de guerre, c'est bien de pouvoir offrir un cadeau à quelqu'un.

Dans la zone de guerre, combien de personnes qui m'ont aidé ont été tuées?

Mais je suis vivant. Je survis pour retourner dans mon pays et raconter aux gens ce qui se passe ici.

Je n'avais jamais pensé qu'ils pourraient être tués.

Aujourd'hui je me rappelle parfaitement du sourire de Hamza.

Peu importe le temps que je passe à me demander “pourquoi”, ils ne reviendront jamais.

Mon Dieu, faites qu'ils reposent en paix.

Après avoir été témoin de ces nombreuses tristes histoires, Goto écrit dans un tweet en décembre 2010 que la seule chose qu'il puisse faire c'est poursuivre son travail de journaliste:

Il ne faut pas pleurer quand on travaille. Il faut seulement que je rapporte clairement ce que je vois: la bêtise et la laideur des êtres humains, l'injustice, la tristesse, les conditions dangereuses. Mais cependant, la douleur reste la douleur, et elle tourmente mon âme. Si je ne me parle pas, je ne peux pas continuer ce travail.

Après la mort de Goto, l'un de ses tweets a été retwitté près de 40.000 fois en souvenir de son travail au Moyen-Orient et de sa foi dans la paix:

Ferme les yeux. Supporte. Si on se met en colère et si l'on crie, on est condamné. C'est comme une prière. La haine ne devrait pas habiter les êtres humains. Le jugement appartient à Dieu. Voilà ce que m'ont appris mes frères arabes.

Le Yémen toujours dans le flou politique avec la déclaration “non-constitutionnelle” de Mohammed Al-Houthi

dimanche 8 février 2015 à 13:55
A cartoon by Samer Al Shameri summing up the negotiations in Yemen

Les négociations au Yémen – dessin de Samer Al Shameri

Après des semaines d’incertitude politique au Yémen, les paramilitaires houthistes qui ont pris le contrôle de la capitale Sana'a et contraint à la démission le mois dernier le Président Abdu Rabu Mansour Hadi et son gouvernement, ont annoncé hier la dissolution du Parlement, et placé leur bras sécuritaire et de renseignement, appelé le “Comité Révolutionnaire Suprême (SRC)”, à la tête de l'Etat.

Le Yémen n'a plus de direction formelle depuis le 22 janvier. Les chefs houthistes ont tenu une conférence nationale de trois jours, qui s'est clôturée dimanche 1er février par un ultimatum de trois jours aux factions politiques du Yémen pour parvenir à un accord comblant le vide politique, faute de quoi [les houthistes] prendraient le pouvoir.

Le journaliste yéménite Mohammed Al Qadi a tweeté :

Un gouvernement otage, un président otage, un pays otage. #Yémen

Aucun accord n'ayant été atteint, l'ultimatum a été prolongé de trois jours, et a expiré hier à 16h, heure locale, avec l'annonce de la soi-disant “Déclaration Constitutionnelle”. Les houthistes ont dissous le parlement, qu'ils ont remplacé par un Conseil National de Transition de 551 membres, un Conseil Présidentiel de 5 membres à élire par le CNT et soumis à l'approbation du SRC, pour une période transitoire de deux ans. La déclaration intégrale a été télévisée depuis le palais de la République, et traduite en anglais par Haykal Bafana, voir
ici.

Voici les premières réactions.

Hisham Al-Omeisy a tweeté sa consternation :

Pas d'élections, pas de procédure, rien du tout… seulement qu'un comité rév[olutionnaire] est maintenant en charge constitutionnellement et décide de Tout ! #Yémen

Nadwa Dawsary éclaire qui est sans ambigüité aux manettes :

#Yémen : Un comité révolutionnaire suprême dirigé par Mohammed Al-Houthis a pris le contrôle. Le reste n'est que détails. #Houthistes

Sama Al-Hamdani pointe l'appui militaire dont semblent jouir les Houthistes :

Une chose ressort de l'auditoire du discours des houthistes au palais républicain, l'armée yéménite est entre leurs mains.

Le journaliste Hakim Almasmari a tweeté qu'il l'avait prédit :

[Les houthistes préparent quelque chose d'ENORME. La prise de Sanaa ne sera rien à côté de ce qui se mijote.]
Vous vous rappelez ce tweet que j'ai envoyé il y a plus de trois mois. Voilà, “je vous l'avais bien dit” !

L'ex-ministre de l'Information, Nadia Al-Sakkaf  a tweeté :

L'Arabie Saoudite travaille à un nouvel accord impliquant à la fois l'Islah [parti islamiste yéménite] et le Congrès Général du Peuple [le parti jusque là au pouvoir] pour contrer les houthistes, ça ne vous rappelle rien ? L'histoire se répète #Yémen

Haykal Bafanaa a tweeté des conseils de Realpolitik :

Voici quelques conseils pour le prochain diplomate de l'ONU qui voudra essayer de régler les problèmes des Yéménites : [Au Yémen, la violence paye : les rebelles houthistes ont pris la capitale, et seule l'ONU s'en étonne]

Tandis que Hussain Al-Bukhaiti tweetait :

Au lieu de négociations au Mövenpick ça sera maintenant au palais de la république, les portes sont ouvertes à un partenariat dans le conseil présidentiel, le gouvernement et le congrès national

Et d'ajouter :

Pas de communiqué du GPC [le parti jusque là au pouvoir Congrès National du Peuple], en l'attente de la position du G10, du Conseil de coopération du Golfe et de l'ONU, ça montre comme ils dépendent de l'extérieur et non des gens du Yémen

Pendant ce temps des feux d'artifice célébraient la déclaration, comme le tweetait Yemen Updates :

Feux d'artifice et tirs à Sanaa et Saada pour fêter leur Déclaration houthiste.

Nasser Maweri a tweeté l'existence de manifestations contraires ailleurs :

Autre photo des manifestations à Taïz en ce moment contre la déclaration des houthistes

Le journaliste Peter Salisbary ironise :

L'annonce houthiste a l'air de bien passer… Avec l'opposition de seulement 2/3 du pays pour le moment…

Les Yéménites s'attendent à une confrontation à un moment ou un autre entre le président déchu Ali Abdullah Saleh et les houthistes, qui semblent actuellement élaborer un partenariat.
Yemen Updates a tweeté :

Le communiqué dit “Partenaires du coup d'Etat ; futurs ennemis” Saleh a facilité la prise de Sanaa par les houthistes.

Jamal Badr a tweeté le diagramme de l'épreuve de force finale anticipée par certains :

Le prochain Clásico : Saleh – Houthie

En dépit du chaos la vie continue pour les Yéménites, comme le décrit cet article du New York Times :

Difficile, ainsi va la vie au Yémen, aujourd'hui, demain et chaque jour. Aucune importance que le président et son gouvernement aient démissionné, que l'administration ne fonctionne plus depuis des semaines, ou que les bandits armés qui contrôlent les rues disent vouloir instaurer un nouveau régime à leur convenance.
Les familles doivent toujour lutter au jour le jour dans un pays dont le gouvernement est depuis longtemps incapable de fournir les services essentiels.

Ce que cela signifie d'être un citoyen japonais, après l'exécution des otages japonais par ISIS

samedi 7 février 2015 à 17:00
Images mixed by Izumi MIHASHI

Photomontage de  Izumi MIHASHI

En 1945, l'avancée des troupes américaines, et les exhortations de l'armée japonaise, ont conduit   des milliers de civils d”Okinawa à se donner la mort pour ne pas être capturés. La réaction des internautes japonais à l'exécution des civils japonais Kenji Goto et Haruna Yukawa par l'état islamiste (ISIS) évoque des circonstances extrêmes, comme celles de la tragédie d'Okinawa, il y a si longtemps. 

Dewi Sukarno,  une personnalité de la télévision japonaise, par ailleurs veuve de feu le premier président indonésien Sukarno, a déclaré qu'elle aurait préféré que les otages se donnent la mort eux mêmes :

私は 1970年6月、3才3ヶ月になった娘のカリナを連れて、パリからスカルノ大統領の 死の床に殺される事を覚悟で馳せ参じました。その時、只ひとつのことを神に祈りました。「もし私が銃弾に倒れることがあったら、どうか数秒でもいい、 カリナの命を我が手で絶つ力を与えて下さい」と願ったのです。カリナが敵の手におちることなど考えられなかったからです。不謹慎ではありますが、後藤さんに話すことが出来たらいっそ自決してほしいと言いたい。私が彼の母親だったらそう言います。我が子を英雄にする為にも ・・・

En Juin 1970, j'ai amené ma fille de 3 ans et trois mois, Carina, sur le lit de mort du Président Sukarno. J'était totalement prête à être assassinée. J'ai demandé à Dieu une seule chose :“Si je dois être exécutée, s'il vous plait, accordez-moi quelques secondes pour tuer Carina de mes propres mains”. Je ne pouvais pas imaginer Carina tombant aux mains des ennemis. Je sais que cela peut sembler impudent. Si je pouvais parler à M. Goto, je l'aurais pressé de faire harakiri. Si j'étais sa mère, c'est absolument ce que je ferais. Je voudrais que mon fils soit un héros.  

Le post de Mme Sukarno a reçu plus de 50 commentaires applaudissant sa prise de position, qui reflèterait celle des lecteurs (il est cependant bon de savoir que Mme Sukarno filtre et modère les commentaires sur son blog). Un commentaire anonyme :  

ジャーナリストの中には行ったことを擁護する発言をしている人もいましたが、その結果がどうでしょうか?取材の自由も大切かもしれませんが、日本国民全体を敵視される結果になった責任はどう考えるのでしょうか?

Certains journalistes défendent son droit d'aller là bas, mais ce qui en ressort est ceci : la liberté de la presse est peut-être importante, mais quid de la responsabilité qu'il y a à leur faire considérer toute la nation japonaise comme leur ennemie ?

L'ambassade du Japon est aussi largement critiquée en ligne pour abandonner à eux-mêmes ses citoyens à leur sort dans des pays dangereux. Asa Nonami, auteur de polars et de romans d'horreur, écrit :

大手新聞社で記者をしていた知人は、かれこれ20年以上前から海外で何らかのトラブルに見舞われたとき、日本大使館が動いてくれたことは唯の一度もなかったと言っていた。いつだって、見るに見かねた他国の大使館が手を差し伸べてくれたそうだ。この国は、そういう国だという覚悟が必要らしい。

Un de mes amis était reporter pour un grand groupe de médias. Il a souvent dit que l'ambassade japonaise ne l'a pas aidé une seule fois quand il a eu des problèmes dans un pays étranger. Les ambassades d'autres pays l'aidaient toujours, parce qu'elles ne supportaient plus de regarder en observateur,  sans rien faire. Il semble qu'il nous faille admettre le fait d'appartenir à un tel Etat. 

Rieko Saibara, auteure de mangas, se souvient que son mari, photographe de guerre, avait pour habitude de dire :

生前の鴨ちゃんが言ってた。ミャンマーで後ろから銃撃されて日本大使館に逃げ込もうとしたら日本人だと確認した上でドアを閉められた。命からがら師匠の橋田さんに報告したら「バカヤロー常識を知らんのか!迷わずアメリカ大使館に逃げるんだよ!あそこはとりあえず助ける!」

De son vivant, Kamo m'a raconté qu'il avait été touché par une balle au Myanmar, qu'il avait essayé de se réfugier dans l'ambassade japonaise. Quand l'ambassade japonaise a eu confirmation qu'il était bien un ressortissant japonais, ils ont fermé les portes. Il ne s'en est tiré que de justesse, et il a raconté plus tard ce qui s'était passé à son professeur. Ce dernier s'est écrié  :  “Espèce d'idiot ! Mais comment peut-on être aussi stupide que toi ! Tu demandes asile à l'ambassade des Etats-Unis sans hésitation ! Ils t'auraient aidé, qui que tu sois !”

Masahiko Komura, vice-président du Parti libéral démocrate japonais, n'a pas même dissimulé son peu de compassion pour les otages.

日本政府の警告にもかかわらず、テロリストの支配地域に入ったことは、どんなに使命感が高くても、真の勇気ではなく蛮勇と言わざるを得ない

Pénétrer sur le territoire des terroristes en dépit des avertissements du gouvernement japonais n'était pas courageux. C'était de la pure imbécilité, aussi intense qu'ait été leur conviction d'avoir une mission. 

Tous les Japonais ne sont pas aussi prompts à accuser les dernières victimes en date de ISIS. Keigo Takeda, ex-rédacteur en chef de l'édition en japonais de Newsweek, a expliqué comment il concevait le soutien qu'un état doit à ses citoyens :

違うね。セクハラでDVで保険料未納で反日的で興味本位で行って取っ捕まっても国民である限り救出努力義務を負うのが国家。 RT @ararano 個人が危険地帯に行く。それを止める意見も聞かず、自ら勝手にもたらした災い。それに無限責任を政府は追わないのが、道理。なにをトチ狂っているの

Non. Même si un harceleur sexuel, anti-Japon, qui n'a pas payé ses cotisations retraite, y va, par pure curiosité, et est enlevé, un Etat est contraint d'essayer de lui porter secours, tant qu'il s'agit de l'un de ses ressortissants.  

[Tweet en réponse à] @ararano:  Goto n'a pas écouté ceux qui ont essayé de l'arrêter, et il est allé dans la zone de danger seul. Il a provoqué le malheur qui lui est arrivé. Par ailleurs, la responsabilité d'un gouvernement  [envers ses citoyens] n'est pas illimitée par défaut.

Le gouvernement philippin reconnait avoir hébergé des familles sans logis dans des villages de vacances pendant la visite du Pape François

vendredi 6 février 2015 à 19:48
An illustration by the anonymous art collective Pixel Offensive shows Secretary Dinky Soliman, donning the yellow color of the ruling Liberal Party, whitewashing the walls to hide street children from the Pope.

Une illustration par Pixel Offensive, un collectif d'art anonyme, qui montre Dinky Soliman, secrétaire d'Etat chargé de la Protection Sociale, portant la couleur jaune du Parti Libéral au pouvoir et blanchissant les murs pour cacher au Pape les enfants des rues.

Tous les liens associés à ce billet renvoient à des pages en anglais, sauf mention particulière.

Après avoir nié à de nombreuses reprises que les personnes sans logis et pauvres avaient été déplacées des rues de Manille en préparation de la visite du Pape François dans le pays, le secrétaire d'Etat chargé de la Protection Sociale du gouvernement philippin a admis avoir envoyé quelques 100 familles pauvres dans un centre de vacances (bénéficiant de l'air conditionné) pour la période de la visite du Pape. 

Dinky Soliman, secrétaire d'Etat chargé du Département de la Protection Sociale et du Développement (DPSD), a déclaré les larmes aux yeux lors d'une réunion d'enquête du Sénat que son agence les avait transportés dans un centre de vacances bénéficiant de l'air conditionné à Batangas pour dégager le Roxas Boulevard, qui faisait partie de la route empruntée par le cortège automobile du Pape à Manille. 

La station de vacances Chateau Royale à Nasugbu, Batangas, est située à 90 kilomètres au sud de la capitale de ce pays à majorité catholique. L'agence a ainsi dépensé 97 600 dollars pour les six jours de “camps de familles”, passés en activités anti-pauvreté du gouvernement Aquino. D'après l'agence, il s'agissait d'une formation ayant pour but de fournir aux participants les compétences nécessaires pour les aider à trouver un emploi ou des moyens d'existence.

Il est intéressant de souligner que le Pape François, qui est populaire pour son soutien aux pauvres, a visité le pays pour voir de ses yeux les conditions de vie des Philippins indigents vivant dans la misère, notamment les victimes du typhon Haiyan. Les internautes philippins ont ridiculisé le secrétaire d'Etat chargé du DPSD et l'administration du Président Noynoy Aquino:

Cher Dinky Soliman, si seulement tu avais caché ton visage du @Pontifex et non les personnes sans logis, tu aurais pu satisfaire plus de personnes.

Et vous avez été béni par le Pape François, Dinky Soliman ! Quelle honte pour vous!

Secrétaire Dinky Soliman, pourquoi avez-vous caché les enfants des rues alors qu'ils étaient précisément ceux que le Pape recherchait? Quelle embarras devant la communauté internationale !

Another Pixel Offensive meme shared on Facebook.

Un autre mème de Pixel Offensive, partagé sur Facebook.’ Luttez contre la pauvreté : cachez-les pendant une semaine dans une lointaine villégiature, et mettez les autres en prison’

Le Secrétaire d'Etat Soliman avait d'abord nié un communiqué disant que son Département avait réuni et caché [fr] les pauvres pendant la visite du Pape. Il avait insisté sur le fait que la formation menée par son agence avait simplement coïncidé avec la visite du Pape.

Après la confession de Soliman sur la “sortie” des ces familles sans logis, les législateurs Philippins ont lancé une enquête sur cet incident.

Après le départ du Pape, les familles pauvres ont été ramenées à Manille.