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Parlez-vous “guinéen”? ou le top 10 des mots qui n'ont pas le même sens en Guinée qu'ailleurs

samedi 28 mai 2016 à 17:40

Le blogueur guinéen, Alimou Sow, lauréat, en 2013, du prix du public dans la catégorie Meilleur blog francophone, en 2013, pour son blog Ma Guinée plurielle, présente dans son dernier billet “Parlez-vous le « guinéen » ? top 10 des mots et expressions français aux couleurs locales, dont en voici quelques uns:

… comme partout ailleurs où le français, langue étrangère, s’est imposé comme langue officielle au détriment des dialectes locaux, les Guinéens, au fil des générations, ont acquis leurs « tics » de langage, leur façon de parler. Le résultat est éloquent. Des mots ordinaires ont fini par revêtir un sens qui peut soit dérouter, choquer ou faire sourire l’expatrié qui débarque pour la première fois à Conakry et qui engage la conversation.

S'ensuit une liste amusante des 10 mots du vocabulaire quotidien des guinéens, dont en voici certains:

 

Les Hazaras d'Afghanistan et du monde refusent l'injustice de trop

vendredi 27 mai 2016 à 22:36
A Hazara girl standing in front of a march in a TUTAP demonstration. Shared via Republic of Silence Facebook page.

Une jeune fille hazara devant un cortège de manifestants à propos du projet TUTAP. Source image : page Facebook de Republic of Silence.

La semaine dernière, des milliers de Hazaras ont manifesté dans diverses parties du monde pour protester contre une proposition de modifier le trajet prévu de la nouvelle ligne électrique à haute tension Turkménistan-Ouzbékistan-Tadjikistan-Afghanistan-Pakistan (TUTAP). Le changement de tracé suggéré par le gouvernement afghan ne fait qu'ajouter à la quantité d'injustices qui ont motivé cette minorité à se mobiliser ces derniers temps.

La ligne électrique devait initialement traverser la province de Bamiyan, dont la population est à dominante Hazara. Au lieu de quoi, le gouvernement central a décidé qu'elle passerait par la province de Salang. Le TUTAP est financé par la Banque Asiatique de Développement en vue de donner aux Afghans accès à l'électricité et de relier entre eux les dix autres réseaux électriques déjà existants dans ce pays.

La contestation du choix gouvernemental de déplacer le tracé de la ligne de Bamiyan à Salang enfle en longeant les frontières ethniques. Les manifestations contre la décision du pouvoir central se sont rapidement étendues de Bamiyan à Kaboul, jusqu'à Canberra, Londres, Washington D.C., Tokyo, BerlinQom et Istanbul, parmi d'autres grandes cités à travers le monde.

Les chefs hazaras traditionnels, y compris l'ancien vice-président Karim Khalili, ont été nombreux à soutenir les manifestants.

Afghan Hazaras massive demonstration in Kabul on May 16, 2016 protesting TUTAP's route change. Shared by the Republic of Silence via its official Facebook page

La manifestation de masse des Hazaras afghans à Kaboul le 16 mai 2016 contre le changement de tracé du TUTAP. Source image : page Facebook officielle de Republic of Silence.

Le rassemblement de Kaboul a été l'un des plus massifs de l'ère post-talibans, et la participation féminine aux manfestations, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Afghanistan, était sans précédent.

Keyhan Farahmand a souligné ce fait en tweetant une image de la manifestation du 17 mai à Canberra, en Australie.

La participation des femmes aux manifestations de Canberra sur le projet TUTAP. Non à la discrimination Distribution équitable

Sur les médias sociaux, le mouvement de contestation était animé par le mot-dièse #EnlighteningMovement (MouvementDesLumières) entre autres jeux de mots sur le thème de l'électricité.

Une des meilleures scènes de la manifestation d'aujourd'hui ; MouvementDesLumières Kaboul

Des femmes aux parapluies multicolores participent à la marche du SuperLundi ici dans la capitale Kaboul

Devant le mécontentement, le président afghan Ashraf Ghani a nommé une commission chargée de revoir les contrats du projet TUTAP, et en a gelé la réalisation.

De nombreux protestataires Hazara se disent convaincus que la corruption est la cause principale du nouveau tracé.

M. Ghani a aussi indiqué que ses services s'assureraient que Bamiyan recevrait de l'électricité du TUTAP même si la principale ligne de transport ne traverserait pas le province. Il a accusé l'administration de son prédécesseur Hamid Karzaï de la décision du changement de tracé du projet, ce qu'a catégoriquement nié un proche collaborateur de M. Karzaï.

Si l'épisode illustre les luttes intestines et chicaneries caractéristiques de la politique en Afghanistan, il témoigne aussi des capacités grandissantes de la société civile afghane à mobiliser dans le pays comme au-dehors et à faire entendre pacifiquement sa voix.

Kaboul : une #MarcheDuMillion aussi pacifique contre le déplacement du TUTAP consolide les valeurs démocratiques. Bravo !

Kaboul Les jeunes nettoient les rues après la manifestation de hier

Une colère ciblée 

Gênée par le retrait du gros des troupes américaines, ce qui a enhardi une insurrection militante multiple, le pouvoir d'Ashraf Ghani n'en a pas moins commis plusieurs erreurs qui lui ont aliéné l'opinion.

Alors qu'il prononçait un discours devant le Royal United Services Institute (RUSI) de Londres le 13 mai, M. Ghani a été interrompu par un contestataire hazara afghan qui l'a traité de menteur n'ayant pas tenu ses promesses quant au projet TUTAP. Le trublion escorté vers la sortie, c'est un autre qui s'est levé pour reprendre l'interlellation, avant d'être brutalement malmené et expulsé de la salle par les gardes du corps du président.

Les vidéos de l'incident ont été abondamment visionnées sur les réseaux sociaux afghans, suscitant encore plus de colère chez les Afghans, surtout les Hazaras.

Victimes de longue date

Les Hazaras, qui représentent peut-être entre 10 et 20 % de la population totale de l'Afghanistan (aucun recensement officiel n'a jamais été entrepris) ont subi plus que toute autre ethnie les persécution des talibans pendant le règne de ceux-ci de 1996 à 2001. Dans l'ère post-talibans, ils ont retrouvé une voix, tout en restant discriminés et marginalisés dans un écosystème politique interne dominé par les Pachtounes, en premier lieu, et les Tadjiks.

En novembre 2015, des milliers de personnes, principalement des Hazaras, ont marché sur Kaboul pour protester contre la décapitation de sept otages hazaras dans le sud de l'Afghanistan, commise par des rebelles apparemment inféodés à l'organisation extrémiste Etat Islamique.

Malheureusement, le gouvernement ne s'est guère activé pour traduire en justice les coupables, ce qui a encore plus nourri le sentiment d'injustice qui s'est à nouveau manifesté le 16 mai à Kaboul.

La réaction désespérée de l'administration Ghani aux toutes dernières manifestations est caractéristique d'une relation gouvernants-gouvernés au bord de la rupture depuis déjà un moment. Mais la montée de la colère populaire augmente le risque que de futures manifestations soient plus difficiles à contenir.

Le mur de Berlin d'Ashraf Ghani pour barrer les rues aux contestataires

Le blogueur et militant éthiopien Zelalem Workagegnehu condamné à cinq ans de prison

vendredi 27 mai 2016 à 21:58
Portrait robot de M. Zelalem Workagegnehu à partir d'une photo, par Melody Sundberg. Image utilisée avec la permission.

Portrait d'après photo de Zelalem Workagegnehu, par Melody Sundberg. Image utilisée avec permission.

Après un long procès dominé par les controverses, la Haute cour fédérale éthiopienne a condamné le jeune blogueur et militant Zelalem Workagegnehu à cinq ans et quatre mois de prison.

Zelalem est un défenseur des droits de l’ homme et chercheur qui contribuait régulièrement au site de la diaspora DeBirhan.

On s'attend à ce qu'il fasse appel de la décision. Actuellement, Zelalem est détenu à la prison Kilinto,  à Addis Abeba, la capitale. Cependant, sa famille et ses amis craignent qu'il soit transféré à la prison de Ziway, à quelque 160 kilomètres au sud de la capitale éthiopienne.

Zolaman

Le 15 avril, la Haute cour fédérale éthiopienne a acquitté deux des coaccusés de Zelalem, Yoantan Wolde et Bahiru Degu, qui ont passé plus de 600 jours en prison pour des accusations de terrorisme que les observateurs jugent politiquement motivées.

Zelalem Workagenehu, cependant, a été reconnu coupable de «soutien au terrorisme» pour un prétendu lien avec le mouvement Ginbot 7, un parti politique luttant pour la démocratie, fondé par le professeur Berhanu Nega et étiqueté comme une «organisation terroriste» par le gouvernement éthiopien en 2010.

Il a été accusé de complot en vue de renverser le gouvernement (il a contribué à faciliter un cours sur la sécurité numérique) et de diffusion de fausses informations (il écrit régulièrement pour les sites web de la diaspora, qui restent l'une des véritables sources d'informations fiables concernant l'Ethiopie).

Le juge aurait dit qu'il était coupable de recruter des membres pour déclencher une révolution  en Ethiopie semblable à celles des printemps arabes et de coopérer à un cours de sécurité numérique que le procureur de la République ainterprété comme étant “un cours pour terroriser l'Ethiopie.”

Zelalem ainsi que neuf autres personnes ont été accusés en vertu de la loi contre le terrorisme, adoptée en juillet 2009. L'administration défendent la loi en disant qu'elle est calquée sur la législation en vigueur dans des pays tels que le Royaume-Uni.

Zelalem a été initialement accusé en octobre 2014, ensemble avec un groupe de neuf autres personnes qui comprenaient des utilisateurs d'Internet, des politiciens de l'opposition et des militants. Jusqu'à présent, sept de ces personnes ont été acquittées après avoir passé plus d'un an en prison.

Zelalem et ses co-accusés ont déclaré au tribunal qu'ils avaient subi des tortures prolongées lors de leur détention. Pendant sa détention, Zelalem a été contraint de signer des aveux. Suite aux coups et aux tortures, Zelalem dit qu'il souffre maintenant d'une douleur oculaire grave.

Sahara occidental : dénoncer les violations des droits de l’homme, en vidéo

jeudi 26 mai 2016 à 13:17
WITNESS video advocacy workshop in the Tindouf camps in February, 2016. Photo by Madeleine Bair.

Formation en vidéo plaidoyer par WITNESS dans les camps de Tindouf, février 2016. Photographie de Madeleine Bair.

Par Habibulah Mohamed Lamin

Note de l’éditeur de Witness : lors d’une visite récente des camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, en Algérie, Witness a rencontré le journaliste local Habibulah Mohamed Lamin. Cet article de Lamin fait partie de l’initiative «Watching Western Sahara (Suivre le Sahara Occidental)», du WITNESS Media Lab. Ce dernier traite, expose et contextualise les vidéos sur les droits de l'homme filmées par les militants sahraouis. Ce billet a été précédemment publié sur le blog de Witness.

Les camps de réfugiés sahraouis s’étendent dans le vaste désert du Sahara, à l’ouest de l’Algérie. Ils sont principalement constitués de tentes éparpillées et de maisons en terree. Ces camps furent créés en 1975, au moment où le Maroc annexa le Sahara occidental. Les quelques cent mille habitants de la région dépendent de l’aide humanitaire pour leurs besoins essentiels comme la nourriture, l’eau et les vêtements.

En 1976, le peuple sahraoui fonda la République arabe sahraouie démocratique, ou RASD. Celle-ci opère en exil dans les camps et dans la partie du Sahara occidental contrôlée par le Front Polisario. Suite à un cessez-le-feu négocié par les Nations-Unies en 1991, les Sahraouis se sont tournés vers des moyens pacifiques pour réclamer leur autodétermination. Le traité de paix leur promettait un référendum pour décider de leur indépendance, chose qui ne s’est pas encore produite.

Brahim Dahani

Brahim Dahani

Brahim Dihani a 31 ans. Il a grandi dans la capitale Laâyoune, sous occupation marocaine. Dihani a une maîtrise en journalisme et est un militant des droits de l'homme. Il travaille pour l’Association sahraouie des victimes de violations graves des droits de l’homme commises par l’État du Maroc (ASVDH) : il documente les cas d’abus dans la région et organise des manifestations pacifiques.

Dihani a visité les camps pour y suivre une formation organisée par l’Union des étudiants sahraouis (UESARIO). Les 16 étudiants, rassemblés dans une grande pièce, étaient tous désireux d’apprendre. Aussitôt que le professeur leur a demandé d’identifier les plans de tournage, ils se sont exclamés: «plan large», «non, plan d'ensemble», dans une ambiance enthousiaste.

«Je suis venu pour acquérir des connaissances de tournage pour ensuite les utiliser chez moi», dit Dihani. Selon lui, il est très difficile de manifester dans le Sahara occidental, car le Maroc empêche tout rassemblement de protestataires.

La répression des manifestations par le Maroc est un enjeu qui a été longuement documenté par les groupes internationaux de défense des droits de l'homme et par des responsables de l’ONU. Le mois dernier, la Commission Tom Lantos des droits de l’homme a convoqué une audience du Congrès [américain] sur le Sahara occidental. Durant celle-ci, Eric Goldstein de Human Rights Watch a énuméré les préoccupations de l’organisation, incluant «la violation du droit à la libre expression, à la libre association, aux rassemblements et à un procès équitable, des cas de torture durant les interrogatoires et la violence des policiers envers les manifestants».

«Vous risquez votre vie », me dit Dihani, «dès que vous quittez l’aéroport de Laâyoune.» Tel qu’il l’a expliqué, la répression des médias à laquelle il est confronté est le résultat d’un contrôle très serré par les autorités marocaines. « Sur le chemin du retour», ajoute-t-il, « je m’attendais à toutes sortes de contrôles contraires à l'éthique, comme les fouilles à nu etc.»

mZafr

Mariem Zafri

Mariem Zafri a 33 ans et vit dans la ville de Smara, occupée par le Maroc. Elle a récemment terminé un cours de formation aux vidéos plaidoyers pour les droits de la personne, organisé par FiSahara et WITNESS.

Lorsqu’elle est rentrée chez elle dans le Sahara occidental après sa visite des camps, sa brochure pour les défenseurs des droits de l'homme fut confisquée. «J’ai été placée dans une salle d’interrogatoire séparée et j'y ai été soumise à des traitements basés sur ma race ». Elle compare l’activisme médiatique dans le territoire à un miroir qui reflète «la situation grave dans laquelle se trouvent les droits de l'homme dans la région». À titre d’exemple, Zafri mentionne le procès militaire des détenus de Gdeim Izik, en 2013, où neuf civils sahraouis ont été condamnés à la perpétuité. Récemment, les prisonniers politiques se sont mis en grève de la faim pendant 36 jours. Lorsqu'on a interdit à leurs familles de les voir, celles-ci ont manifesté à Rabat, scandant que «la cour militaire n’a pas de légitimité».

Comme beaucoup de Sahraouis et d’organisations internationales, Zafri souhaiterait faire ajouter la surveillance des droits de l'homme au mandat de la MINURSO, la mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental. Selon Zafri, une telle surveillance «permettrait aux Sahraouis de descendre dans la rue pour réclamer leurs droits». Pour l’instant, les droits de l'homme au Sahara occidental bénéficient très rarement d’une couverture médiatique par les journalistes internationaux ou les défenseurs. Plus tôt ce mois-ci, un groupe d’Européens s’est fait expulser de Rabat par les autorités marocaines pour avoir tenté de visiter les prisonniers de Gdeim Izik. Human Rights Watch a aussi été banni du territoire.

Cependant, lorsque le Conseil de Sécurité de l’ONU a voté la prolongation de la mission de la MINURSO, cela n’a provoqué aucun changement.

Vidéo de la manifestation des familles des prisonniers de Gdeim Izik à Rabat, Maroc.

Ceux qui sont laissés à eux-mêmes pour documenter les cas d’abus au Sahara occidental sont les militants des médias locaux comme Zafri et Dihani. Comme Zafri m’a dit, il existe beaucoup de risques liés à son travail. «Je suis toujours en danger, même lorsque je ne filme pas».

Habibulah Mohamed Lamin est un journaliste basé dans les camps de réfugiés du Sahara occidental. Il a travaillé comme interprète et traducteur pour les visiteurs des camps, dont Witness. Il est aussi directeur de la branche d'Equipe Media à Tindouf, un groupe de journalistes militants actif dans le Sahara occidental.

Le texto qui a fait suspendre un projet d'exploration pétrolière en Colombie

mercredi 25 mai 2016 à 13:53
Caño Cristales, el río de los cinco colores, sector El Tapete. Fotografía de Mario Carvajal para Caño Cristales usada bajo licencia CC 3.0

Caño Cristales, “Rivière des cinq couleurs”, El Tapete. Photo Mario Carvajal du site Caño Cristales, CC 3.0

Aprés un débat intense qui a mobilisé tout le pays, le gouvernement de Colombie a décidé de retirer le permis délivré à une société pétrolière pour explorer une zone adjacente à la réserve naturelle La Macarena située à 281 kilomètres de Bogotá et considérée comme une des plus grandes réserves de faune du monde.

Le retournement de situation ne se serait pas produit sans ce texto. Le fait que “des puits de pétrole soient creusés dans La Macarena” a d'abord attiré l’ attention de Paloma Valencia, une sénatrice du parti du Pôle Démocratique durant un groupe de discussion. Elle prit alors la décision de convoquer au Congrés le maire de la municipalité, Ismael Medellin Duenas, pour rendre compte de ces graves allégations devant ses collégues.

Paloma Valencia a rapporté au journal indépendant en ligne Debate Periódico ce qui s'était passé :

Con los amigos del Centro Democrático pudimos entrar en contacto con el recién elegido alcalde del Municipio y otras autoridades locales que de tiempo atrás han venido defendiendo el territorio de la explotación petrolera. Logramos que el Alcalde se dirigiera a la plenaria [del Congreso], y la reacción fue inmediata, se conformó una comisión para redactar una proposición del Senado en pleno para pedir la revocatoria de la licencia.

Grâce au soutien des amis du Centre Démocratique, nous avons pu contacter le maire nouvellement élu de la municipalité et d'autres autorités locales qui défendaient le territoire de l'exploitation pétrolière depuis longtemps. Nous avons réussi à convaincre le maire de prendre la parole devant la plénière [du Congrés], et la réaction a été immédiate : une commission a été mise sur pied pour élaborer en séance une proposition au Sénat appelant à l'annulation du permis.

Cette situation a contraint le directeur de l'organisme chargé de délivrer les permis environnementaux, l'Agence Nationale des Permis Environnementaux (Agencia Nacional de Licencias Ambientales, ou ANLA), de tenir un point de presse. Durant celui-ci, il confirma avoir autorisé le 18 Mars  2016 l'entreprise américaine Hupecol de procéder au forage de 150 sites sur un territoire couvrant environ 30000 hectares, à proximité de la source de trois principaux fleuves traversant la région.

Le maire de La Macarena, Ismael Medellín Dueñas, interviewé par le journal quotidien El Espectador expliqua:

Yo quiero denunciar la entrega de esta licencia 0286 para la explotación de 150 pozos, nosotros somos un municipio ecológico y turístico, llevamos más de 15 años preparándonos para esto y ahora resulta que el Gobierno da vía libre para acabar con todo nuestro ecosistema. Hoy recibimos más de 14 mil turistas al año por la belleza de nuestros recursos y ahora nos pretenden convertir en una zona de explotación de hidrocarburos.

Je condamne la délivrance du permis 0286 pour l'exploitation de 150 puits, nous sommes une municipalité écologique et touristique, nous nous préparions à cela depuis plus de 15 ans, et maintenant il s'avère que le gouvernement donne le feu vert à la destruction de la totalité de notre écosystème. Aujourd'hui nous recevons plus de 14000 touristes par an, attirés par nos belles ressources [naturelles] et maintenant le gouvernement cherche à transformer cela en une zone d'exploitation d'hydrocarbures.

Après la confirmation officielle, la nouvelle fit la une des journaux à travers le pays et devint un sujet d'intérêt croissant sur les réseaux sociaux le jour suivant, le 14 avril.

Le scandale fut relayé par la presse internationale car la zone abrite la fameuse “Rivière aux Cinq Couleurs” , Caño Cristales, visitée par des milliers de touristes chaque année et emblème de la chaîne de montagnes Serranía de La Macarena.

Plusieurs hashtags sur Twitter, y compris #YoDefiendoLaMacarena (#JeDefendsLaMacarena) et #LaMacarenaNoSeToca (#LaMacarenanesetouchepas) exprimaient les inquiétudes de ceux qui s'opposaient au projet pétrolier. Hector Lorenzana, par exemple, a partagé une vidéo sur le Caño Cristales :

Je t'aime, Cristales ⎯ Rivière aux Cinq Couleurs

ANLA, Permis dégoutants de l'Agence Nationale des Permis Environnmentaux.

Alicia GT exprime son indignation après l'explication fournie par le directeur de l'ANLA, pour qui “l'exploration pétrolière autorisée n'affectait pas le Caño Cristales”:

Prenez-vous les gens pour des idiots ?

Une sénatrice du Parti Vert, Claudia Lopez, affirme que son parti respecterait l'environnement:

Le Parti Vert va défendre Serrania de La Macarena contre cette absurde tentative de destruction de cette exploitation pétrolière!

D'autres, comme Marcoteto, ont utilisé des mèmes pour exprimer leur colère :

Tweet: #IDefendLaMacarena

Légende  : Ici, vous avez omis ceci.

Entre-temps, Andrés Correa a rappelé le rang élevé de la Colombie au classement des pays comptant le plus de conflits environnementaux :

La Colombie se classe au top des conflits environnementaux dans le monde et nous voulons en rajouter ? #IDefendLaMacarena

César Jerez a fourni une carte montrant les lieux de forage des 150 puits :

Ceci est la Zone de Serrania où 150 puits de pétrole doivent être forés dans la Macarena

Et Alberto Castilla fait le décompte des manifestations contre le projet dans la capitale régionale, Villavicencio :

Six mille personnes à Villavicencio ont exprimé avec enthousiasme leur soutien à La Macarena

Cependant, malgré l'indignation croissante, le président de l'entreprise d'Etat pétrolière(Ecopetrol) s'est fait menaçant : “soit le pays produit plus de pétrole, soit il augmente ses impôts ou dépense moins dans l'amélioration des infrastructures routières. De ce fait, vous devez protéger les ressources de gaz et pétrole qui assure la stabilité financière de ce pays.”

Le scandale s'est amplifié lorsqu'il fut révélé que ANLA avait déjà été averti des risques d'une approbation du permis par La Corporation Autonome de La Macarena (Cormacarena), première autorité environnementale à consulter avant de délivrer tout permis environnemental. Le 29 Juillet 2015, la corporation avait statué que le projet minier approuvé n'était pas viable.

Tout ceci amena le Président Juan Manuel Santos à  à ordonner la suspension du permis, tandis que le Ministère de l'environnement niait l'existence même de tout permis dans un tweet contradictoire :

Tweet: Ce n'est pas vrai qu'un permis d'exploration a été délivré à Caño #ThereIsNoLicenseInCañoCristales

Image: #ThereIsNoLicenseInCañoCristales

Au même moment, le Ministère du Commerce chercha à intensifier la polémique avec cette affirmation :

Tweet: l'Agence des Parcs Nationaux de Colombie favorise les projets préservant l'environnement et le tourisme #ThereIsNoLicenseInCañoCristales

Image:Les seuls projets que nous soutenons, nous, dans les parcs nationaux, sont ceux qui préservent l'environnement et le tourisme. #ThereIsNoLicenseInCañoCristales

Tout cela se reflète dans cette affirmation énergique du président:

Notre engagement est de protéger et de conserver les parcs nationaux . #IDefendLaMacarena #ThereIsNoLicenseInCañoCristales

Trois jours plus tard, suite aux déclarations du président et du ministère de l'environnement contre la décision de l'ANLA, le directeur de l'ANLA annonça officiellement en conférence de presse comme l'on s'y attendait que le permis était révoqué, en prétendant qu'il n'avait pas été informé de la décision de la Corporation Autonome .

En réponse, la compagnie Hupecol, par son représentant légal, n'écarta pas la possibilité d'intenter un procès contre le gouvernement ou de solliciter un tribunal d'arbitrage. Entre-temps, le secteur pétrolier exprimait sa préoccupation quand à la fiabilité des institutions du pays.

Cependant, ce permis n'est pas le seul, comme l'a signalé le journaliste Victor Solano:

Ainsi, bien que beaucoup de Colombiens disent #DoNotTouchLaMacarena,  l'Agence Nationale des Hydrocarbures et ANLA persistent à faire le contraire

Entre temps, Manuel Rodriguez, souligna qu'il y avait plus de travail à accomplir:

#MacarenaIsCelebrating: 12 permis additionnels [à explorer pour le pétrole et le gaz] doivent encore être annulés  #DoNotTouchLaMacarena

Le 25 Avril, le directeur de la ANLA a présenté sa démission, un jour avant d'être appelé au Sénat pour s'expliquer sur la délivrance du permis litigieux. Le même jour, lors d'un remaniement ministériel, le président a nommé un nouveau ministre de l'environnement.