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Une activiste tadjik des droits humains reçoit le Prix international Femme de Courage

mardi 11 mars 2014 à 09:57
Michelle Obama Embraces Oinikhol Bobonazarova. State Department photo, part of public domain.

Michelle Obama félicite Oinikhol Bobonazarova. Photo du Département d'Etat américain, domaine public.

[Tous les liens de cet article renvoient vers des contenus en anglais, sauf mention contraire]

Oinikhol Bobonazarova, une militante reconnue des droits humains, a remporté le Prix International Women of Courage. Nommée “Femme de courage”, elle a recontré le 4 mars la Première Dame des Etats-Unis Michelle Obama à Washington.

Dans la vidéo ci-dessus, Michelle Obama félicite Oinikhol Bobonazarova [à partir de 0:18], pendant que la Secrétaire d'Etat adjointe énumère ses réalisations :

Depuis la fin de la guerre civile au Tadjikistan en 1997, Oinikhol Bobonazarova n'a eu de cesse d'attirer l'attention sur les droits des femmes, la torture dans les centres de détention et les conditions de vie des travailleurs migrants tadjiks. En septembre 2013, Mme Bozonazarova est devenue la première femme candidate à la présidence du Tadjikistan après avoir été désignée par le seul parti politique islamique d'Asie centrale. Malgré son échec, sa nomination a brisé l'immense plafond de verre qui empêchait les femmes de participer à la politique et a créé un précédent décisif. Depuis, elle continue de faire entendre sa voix en dénonçant la torture, et a activement participé à la mise en place du premier programme indépendant de contrôle des prisons, qui sont interdites d'accès depuis 2004. Pour sa lutte courageuse pour les droits des femmes et des travailleurs migrants et son combat pour mettre un terme à la torture dans les centres de détention tadjiks, nous nommons Oinikhol Bobonazarova Femme de Courage.

Les réactions en ligne ne se sont pas fait attendre ; les internautes ont fêté la nomination de Bobonazarova :

Bobonazarova, activiste des droits [humains] au #Tadjikistan et candidate à la présidentielle fait partie des lauréates du Prix international Femmes de Courage http://t.co/UfpG7a7Uin

Wow : le Département d'Etat (@StateDept) a décerné le prix “Femme de Courage” à l'opposante politique tadjike Oinikhol Bobonazarova. http://t.co/RvQetthMAm

C'est vraiment mérité ! RT @Navbahor #Oinikhol Bobonazarova – la seule vraie candidate tadjike de l'opposition à la présidentielle nommée “Femme de courage” http://t.co/rOfkwDdWWE

Félicitations de tous à l'ambassade britannique @UKinTajikistan à Oinikhol Bobonazarova qui a remporté le prix américain de la Femme de courage 2014 #inspiration

Oynihol Bobonazarova, une activiste tadjike des droits humains, a remporté le Prix international Femme de Courage. Elle l'a entièrement mérité.

Fière des femmes tadjikes comme Oynihol Bobonazarova. J'espère voir plus de femmes tadjikes courageuses sur cette liste. http://t.co/uJXwTM9nfp

Elle mérite ce prix ! “Oinikhol Bobonazarova reçoit un prix du Département d'Etat américain decerné par Michelle Obama” http://t.co/RQTNMjoj3P [lien en russe]

La femme la plus courageuse du Tadjikistan Oynikhol Bobonazarova reçoit le prix international Femme de Courage http://t.co/XGrlJLLdwh

Mes sincères félicitations à Oinikhol Bobonazarova !

Connue principalement pour son activisme en faveur des droits humains, Bobonazarova est entrée sur la scène politique en septembre 2013, lorsqu'une coalition de partis de l'opposition l'a nommée pour les représenter à la présidentielle. Sur les médias sociaux tadjiks, les réactions à sa nomination furent mitigées [fr]. Malgré le soutien des deux principaux partis d'opposition du pays, Bobonazarova n'a pas réussi à réunir assez de signatures pour entrer officiellement dans la course à la présidence. Elle a accusé le gouvernement d'avoir mobilisé la “machine étatique toute entière” dans le but de l'empêcher de se présenter contre le président actuel du Tadjikistan, Emomali Rahmon.

Le Prix International Women of Courage du Département d'Etat américain existe depuis 2007. Il récompense les “femmes du monde entier ayant fait preuve de courage et de leadership pour une meilleur promotion des droits humains, de l'égalité des sexes et du progrès social, souvent au prix de risques personnels importants”. Oinikhol Bobonazarova est la première femme tadjike à recevoir ce prix.

La vida Boheme, la bande-son non-officielle des manifestations au Venezuela

lundi 10 mars 2014 à 18:40
Vida

La Vida Boheme (via Discos Caracas)

Ce reportage vidéo, réalisé par April Peavey pour The World Originally, a été diffusé sur PRI.org le 4 mars 2014 et est rediffusé d’après un partenariat de partage de contenu.
Ce qui au départ avait commencé comme des manifestations d’étudiants au Venezuela s’est vite propagé et s’est transformé en de violents affrontements, ces dernières semaines. Dans tout le pays, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues pour protester contre une hausse du nombre d'homicides, une inflation destructive et la pénurie de bien essentiels. Au milieu de ce tumulte, la musique du groupe de rock vénézuélien La Vida Boheme connait une vague de popularité, devenant la bande-son non officielle des protestations.

Leur album Será, qui leur a valu un Grammy Award, est dans les bacs depuis près d’un an, quelques jours après le décès du président Hugo Chavez et bien avant la récente vague de manifestations. Néanmoins leur musique a séduit les vénézuéliens qui occupent actuellement les rues. Une chanson en particulier, “Aún” (“Même”), est devenue une sorte d'hymne au mouvement de protestation :

Ya cansadas mis piernas de tanto caminar

He dejado la sierra para no volver más

Las rodillas me tiemblan pero no puedo parar

Quiero que mis hijos tengan lo que a mí me quisieron quitar 

Mes jambes sont fatiguées à force de marcher

J’ai quitté les montagnes pour ne jamais y retourner

Mes genoux tremblent, mais je ne peux m’arrêter

Je veux pour mes enfants ce qui m’a été confisqué

 

“Parmi les thèmes saisis dans Será, il y a le désespoir que nous vivons ici, dans un pays qui a un nombre si élevé de décès”, dit l’auteur-compositeur et interprète du groupe, Henry D’Arthenay. Plus de 24000 morts violentes l’année dernière, ajoute-t-il.

“La plupart des gens qui sont touchés par l’album Será ressentent que quelque chose ne tourne vraiment pas rond dans notre pays. Et nous devons y remédier. Nous ne voulons pas vieillir dans un pays où nous serions constamment terrorisés à l’idée de sortir et d’être kidnappés.”

La Vida Boheme n’a pas échappé à la violence. Le manager du groupe ainsi que l’organisateur des tournées ont été kidnappés et leur agent de réservation a été assassiné. D’après D’Arthenay, quasiment toute personne au Venezuela a été victime de la violence. 

“La violence transcende les politiques partisanes,” dit-il. “Et la plupart des manifestants, outre leur colère envers le gouvernement, se tournent vers la boisson pour noyer cette angoisse exacerbée de vivre dans un environnement si hostile et dans lequel toutes les chances sont contre vous.”

Comme bien d’autres à Caracas, par mesure de sécurité, D’Arthenay passe le plus de son temps chez lui dans la mesure du possible. Il a exprimé son opposition au gouvernement pour avoir eu recours à la violence contre les manifestants sur Twitter et est à la quête d’une lueur d’espoir. “Je crois fermement que tout ceci aura une fin positive et pacifique. Nous nous devons de construire un pays dans lequel tout un chacun aura la chance de s’affirmer en tant qu’être vivant.”

De jeunes Vénézuéliens ont partagé les paroles de La Vida Boheme sur les réseaux sociaux. Lorsque des messages d’inégalité et d’injustice atteignent la masse par le biais de réseaux sociaux, dit D’Arthenay, “cela fait naître une sensation d’appartenance à la race humaine, bien plus que l’appartenance à un pays, à une nationalité.”

Ci-dessous “The Soundtrack to Venezuela's Student Protests“ ( Bande-son des manifestations des étudiants au Venezuela) diffusé sur Studio 360, le programme hebdomadaire de PRI sur la pop culture, le design et les arts. 

Liens

Brésil : Qui sont ceux qui crient ‘Non à la Coupe du monde’ ?

lundi 10 mars 2014 à 12:40
Foto de protesto no Brasil a 25 de janeiro de 2014, de Mídia Ninja, republicada pela Agência Pública.

Photo d'une manifestation au Brésil le 25 janvier 2014, de Mídia Ninja, partagée par l'Agência Pública.

[Le reportage "Qui sont ceux qui crient 'Non à la coupe du monde'? '" de Ciro Barros a d'abord été publié par l'Agência Pública le17 février 2014 sur son site et sera republié en deux parties par Global Voices.]

Tous les liens mènent à des pages en portugais (Pt)

Le reporter de notre partenaire, l'Agência Pública, est parti à la recherche des organisateurs de la première manifestation de l'année contre la Coupe du monde de foot. Il a découvert un groupe hétérogène et déterminé à prendre le Mondial en otage par le biais de manifestations mais sans “actes de violence”.  

Ça se passe au foyer des étudiants d'une université des quartiers ouest de São Paulo, en début de soirée d'une fin janvier étonnement sèche. Assises en rond, une vingtaine de personnes. En attendant le début de la réunion, les participants discutent à voix basse, critiquant la police et la Coupe du monde, et le gouvernement fédéral de l'état de São Paulo. Le groupe est hétérogène : des hommes d'âge mûr, des adolescents des deux sexes, des femmes, des travailleurs, des étudiants. Ils ont en commun leur participation à des mouvements sociaux, des plus traditionnels, avec une certaine expérience en manifestations de rues, aux plus novices, qui ont gagné en notoriété depuis la vague de manifestations en juin de l'année dernière.

Ils étaient là pour organiser la prochaine manifestation de l'année, le deuxième acte, celui du 22 février, avec pour slogan polémique : “Sans droits, pas de coupe du monde”. Le premier acte avait eu lieu le 25 janvier. 

Sur les réseaux sociaux, les quatre derniers mots du slogan ont provoqué une vague de fureur en ce début d'année, bien que le slogan “Pas de coupe du monde” ait fait irruption dans les rues, en juin, pendant certaines manifestations. C'est d'ailleurs le moment qu'ont choisi le PT (NdT: Parti des Travailleurs, le parti au pouvoir) ainsi que le gouvernement fédéral pour réagir sur les réseaux sociaux. Ils étaient préoccupés de l'éventualité que les manifestations ne ternissent l'éclat de la Coupe du monde au Brésil en pleine année électorale et qu'elles aient le même effet dévastateur sur la popularité de la présidente Dilma Rousseff (et de tous les membres du gouvernement) que celui qu'elles avaient eu en juin dernier. 

Dimanche 12 janvier et à 13 jours des premières manifestations prévues par le collectif, la réaction du Parti des travailleurs est arrivée dans un billet sur la page Facebook officielle du parti: “Ok d'accord. Bonne semaine à tous ceux qui soutiennent le Brésil”. Pour accompagner le message, une photo avec le mot-clic #Oui à la coupe du monde. Sur la page officielle de la présidente Dilma, la même musique : “TENU POUR ACQUIS. Bonne semaine à tous ceux qui soutiennent le Brésil” et la même photo avec le même mot-clic. Aujourd'hui, le mot-clic utilisé par le gouvernement et le PT est #CoupedesCoupes, la devise officielle. 

Sur les blogs et les réseaux sociaux, certains ont traité le mouvement contestaire de “terroriste” et “criminel”. Des critiques plus modérées font valoir que les manifestations prévues pendant la Coupe du monde, ouvriraient un boulevard aux partis de droite durant l'élection présidentielle, s'ils avaient le même effet sur la popularité de la présidente que les précédentes.

Mais au bout du compte, qu'est donc ce nouveau mouvement ? Qu'est-ce qu'il souhaite ? Comment répondrait-il aux critiques dont il est la cible ? Telles sont les questions qui m'ont amené jusqu'à cette réunion. 

Foto partilhada por Agência Pública.

 Photo partagée par l'Agência Pública.

Manifeste et développement de l'organisation
Le 10 décembre dernier, Journée Internationale des Droits de l'Homme, le manifeste du mouvement a été lancé sous le titre, “Sans droits civiques, pas de coupe du monde”. Extrait :

(…) Junho de 2013 foi só o começo! As pessoas, os movimentos e os coletivos indignados que querem transformar a realidade afirmam através das diversas lutas que sem a consolidação dos direitos sociais (saúde, educação, moradia, transporte e tantos outros) não há possibilidade do povo brasileiro admitir megaeventos como a Copa do Mundo ou as Olimpíadas. Isso significa que as palavras de ordem no combate a esses governos que só servem às empresas e ao lucro devem ser: ‘Se não tiver direitos, não vai ter Copa!’

(…) Juin 2013 n'était que le début ! Les gens, les mouvements et les collectifs indignés qui veulent changer la réalité affirment par leurs différentes luttes que sans la consolidation des droits sociaux (santé, éducation, habitation, transport et autres) il n'y a aucune possibilité pour que le peuple brésilien admette de mega-évènements comme la Coupe du monde ou les Jeux olympiques. Cela signifie que les mots d'ordre dans le combat contre ces gouvernements qui ne servent que les entreprises et les bénéfices doivent être : ‘Sans droits civiques, pas de Coupe du monde !’

Et le manifeste poursuit :

Nossa proposta é barrar a Copa! Mostrar nacionalmente e internacionalmente que o poder popular não quer a Copa!

Notre souhait est d'empêcher la coupe du monde! Montrer nationalement et internationalement que le pouvoir populaire ne veut pas de la Coupe du monde !

Ensuite, le manifeste fait référence aux manifestations contre l'augmentation du prix des transports urbains qui avait mis le feu aux poudres en juin : 

Os dirigentes políticos disseram que era impossível atender a pauta das manifestações pela revogação do aumento, entretanto o poder popular nas ruas nos mostrou que realidades impossíveis podem ser transformadas, reivindicadas e conquistadas pelo povo. E mesmo assim dirão: ‘mas isso é impossível!’ Então nós diremos: ‘o impossível acontece!’

Les dirigeants politiques avaient dit qu'il était impossible de satisfaire les demandes d'annulation de l'augmentation venant des manifestants, pourtant, le pouvoir populaire a montré dans les rues que certaines réalités impossibles pouvaient être changées, revendiquées et conquises par le peuple. Mais même comme ça ils diront encore  ‘mais c'est impossible !’ Alors nous leur répondrons : ‘l'impossible peut se produire !’

Cinq mouvements ont signé le manifeste. Le plus célèbre d'entre eux est sans doute le Mouvement Passe Livre (MPL, qui milite pour la gratuité des transports publics) que l'on a appris à connaitre lors des manifestations de juin. Les autres sont le Forum Populaire de la Santé de l'Etat de São Paulo, une coordination qui rassemble divers collectifs de soutien à la santé publique ; le Collectif Autonome des Travailleurs Sociaux, qui réunit principalement des assistants(es) sociales qui travaillent à São Paulo ; le groupe Périphérie Active, fondé par des communautés des quartiers sud et de la région métropolitaine de la capitale pauliste ; et le Comité Contre le Génocide de la Population Noire, Pauvre et Banlieusarde, qui combat la violence de la police et des milices d'extermination qui lui sont liés et qui sévissent dans les banlieues. 

“Je ne suis affilié à rien”

On le voit, les motivations des organisations sont différentes, mais ce qui les unit, c'est la lutte pour les droits de cette population qui est exclue et qui se sent encore plus menacée par la réalisation de cette coupe du monde. Sérgio Lima, du Fórum Populaire de la Santé, présente ainsi les participants du mouvement : 

É um pessoal que já participou de muita luta, pessoal de movimento social mesmo, que tá cansado de gabinete e tudo mais. Eu sou um caso que postulei muito tempo luta de gabinete. Mas hoje não sou filiado a nada.

Ce sont des gens qui ont déjà participé à plein de luttes, des gens qui viennent de vrais mouvements sociaux, qui sont fatigués des cabinets et de toutes ces choses-là. Je suis quelqu'un qui a beaucoup fréquenté les cabinets. Mais aujourd'hui je ne suis plus affilié à rien.

Et il explique les objectifs du groupe :

Ao meu ver, é dizer que a gente não precisava da Copa nesse momento, diante de tantas mazelas em transporte, educação, saúde. Acredito que é nesse sentido.

Selon moi, c'est dire que nous n'avions pas besoin de la Coupe du monde en ce moment précis, pas avec tous ces problèmes dans les transports, l'éducation, la santé. Je crois que c'est dans ce sens qu'il faut aller.

Lorsque je lui rappelle les critiques qui fusent sur les réseaux sociaux, (que le mouvement “Non à la Coupe du monde” sert les partis de droite), il éclate de rire. Il avoue aussi, qu'il avait adhéré au PT (le Parti des Travailleurs, le parti au pouvoir). “Ils disent toujours ça”, lâche-t-il avec dédain.

Je lui demande alors s'ils souhaitent réellement empêcher la Coupe du monde d'avoir lieu, et de quelle manière. 

É um objetivo sim. De enfrentamento mesmo, a gente sabe que é uma luta desleal e cruel, mas a gente tem isso como pauta, sim. Queremos ganhar a massa, ganhar corpo e fazer o enfrentamento com os protestos nas ruas. Não queremos nenhum ato violento, nem se cogita isso. Queremos barrar com os protestos mesmo.

Oui, c'est un objectif. Une vraie épreuve de force, on sait qu'il s'agit d'une lutte déloyale et cruelle, mais c'est bien notre objectif, oui. On veut gagner la masse à notre cause, prendre corps et aller à la confrontation par les manifestations dans les rues. On ne veut rien de violent, on n'y pense même pas. On veut juste empêcher la Coupe du monde avec les manifestations elles-mêmes.

Anti capitalistes

En plus des organisations déjà citées, le mouvement a aussi attiré des activistes qui militaient dans des partis politiques situés à la gauche du PT, comme le PSTU (Parti Socialiste des Travailleurs Unis) et le PSOL (Parti Socialisme et Liberté). Le mouvement Ensemble!, par exemple, qui est apparu début 2011 et qui rassemble la jeunesse du PSOL, fait aussi partie de la base de soutien. L'un de ses membres,  Maurício Costa Carvalho, affirme :

A gente entende a Copa do Mundo como parte de um aspecto crítico do crescimento capitalista. Com o crescimento, ao invés de termos investimentos nos setores públicos, em saúde, educação, transporte, moradia, o que temos é um processo de subserviência ao projeto tradicional de acumulação, que é esse megaevento comandado por uma entidade absolutamente corrupta como a Fifa. O único objetivo da Copa é enriquecer os parceiros comerciais da Fifa e as grandes empresas no Brasil. E isso tem sido feito com a produção de cidades de exceção.

On conçoit la coupe du monde comme une partie de l'aspect critiquable de la croissance capitaliste. Avec la croissance, au lieu de bénéficier d'investissements dans les secteurs publics, dans la santé, l'éducation, les transports ou le logement, ce que l'on voit c'est un processus d'asservissement au projet traditionnel d'accumulation qu'est ce méga-évènement, dirigé par une entité totalement corrompue qu'est la Fifa. L'unique objectif de la Coupe du monde est d'enrichir ses partenaires commerciaux et les grandes entreprises brésiliennes. Et tout cela a pu être réalisé grâce à la production de villes placées sous un régime d'état d'urgence.

Pour Maurício, les manifestations d'aujourd'hui font partie intégrante d'une séquence de manifestations qui ont eu lieu à travers le monde ces dernières années – des Indignés en Espagne, au mouvement Occupy Wall Street aux Etats-Unis. Ce sont ces manifestations-là, dit-il, qui ont motivé la création d'Ensemble ! :

Todos os governantes tiveram a sua popularidade bastante desgastada depois das jornadas de junho. Isso mostra que não é um problema de um partido ou de outro, só. É um problema da estrutura da velha política partidária no país. As manifestações mostraram que é necessário ter mudanças estruturais. E essas mudanças passam por ter uma política que é completamente distinta dessa política que vem sendo feita. É necessário que se ouça a voz das ruas e que a política não se resuma a passar um cheque em branco a um candidato a cada dois anos.

Tous les gouvernants ont vu leur popularité très entamée suite aux journées de juin. Cela montre bien qu'il ne s'agit pas seulement d'un parti ou d'un autre. C'est un problème de structure de l'ancienne politique partisane de notre pays. Les manifestations ont démontré la nécessité de changements structurels. Et ces changements sont censés proposer une politique complètement différente de celle qui est en cours actuellement. Il faut que l'on entende la voix de la rue et que la politique ne se résume plus à donner un chèque en blanc tous les deux ans à un candidat.

Je demande alors si le lien entre Ensemble ! et le PSOL, qui va lancer cette année la candidature du Sénateur de l'Amapa Randolfe Rodrigues, à la présidence de la République, compromet l'indépendance du groupe par rapport aux partis, ce à quoi il répond: 

O Juntos! é um grupo que têm militantes do PSOL, mas que tem muitos militantes que não são do PSOL, tem seus fóruns próprios, seus próprios grupos de discussão. Existem militantes do PSOL que participam de vários grupos diferentes. Então não tem nada ligado à estrutura do PSOL.

Ensemble! est un groupe qui comprend des militants du PSOL, mais aussi beaucoup d'autres qui n'en font pas partie, qui ont leur propres réunions, leurs propres groupes de discussions. Il y a des militants du PSOL qui participent à beaucoup d'autres groupes différents. Il n'y a donc rien qui nous relie à la structure du PSOL.

Lisez la deuxième partie de ce reportage, bientôt en ligne.

Le blog Copa Pública est une expérience de journalisme citoyen qui montre comment la population brésilienne a été affectée par les préparatifs de la coupe du monde 2014 – et de quelle manière elle est en train de s'organiser pour ne pas rester en dehors du coup. 

Réduire l'écart entre les riches et les pauvres en Afrique

lundi 10 mars 2014 à 11:33

Des milliers de personnes qui manifestent dans les rues pour protester contre la faiblesse des salaires, la cherté de la vie, les pertes d’emploi et l’insuffisance des avantages sociaux. Les suites des mesures en Grèce, l'après printemps arabe? Non, ceux sont les manifestants pour plus d'égalité en Afrique subsaharienne, le plus récemment au Burkina Faso. En effet, le fossé grandissant entre les riches et les pauvres est aussi inquiétant en Afrique que dans le reste du monde. De nombreux Africains estiment en effet que les inégalités s’accentuent, une infime minorité s’enrichissant alors que les rangs des pauvres ne cessent d’augmenter. Le contraste est d'autant plus frappant en Afrique que le taux de pauvreté est constamment à un niveau élevé depuis des décennies malgré une croissance non négligeable du PIB moyen du continent.

Le 2ème yacht le plus coûteux au monde appartient au fils d'Obiang, président de la Guinée Equitoriale – domaine public

Un éditorialiste de L’Observateur Paalga au Burkina Faso explique le ras le bol général :

Les uns prennent l’avion pour aller soigner un rhume des foins pendant que les autres bouffent les pissenlits par la racine parce qu’ils n’ont pas l’argent pour aller traiter un simple palu.

Et pourtant le potentiel croissance en Afrique est attendu comme le nouvel eldorado de l'économie mondiale.  La Banque Mondiale dresse un portrait optimiste du potentiel africain mais met en garde contre les inégalités toujours importantes :

La croissance économique en Afrique subsaharienne demeure solide et devrait atteindre 4,9 % pour 2013, selon les prévisions. Près d’un tiers des pays de la région affichent une croissance de 6 % ou plus et il est désormais courant de voir des pays africains figurer parmi les pays dont la croissance est la plus rapide au monde [..] (cependant le rapport) note que la pauvreté et les inégalités y demeurent « à un niveau inacceptable, tout comme l’est la lenteur des progrès accomplis en vue de leur réduction ». Près d’un Africain sur deux vit dans la pauvreté extrême aujourd’hui.

Les inégalités de revenus dans les villes africaines via la documentation française - domaine public

Les inégalités de revenus dans les villes africaines via la documentation française – domaine public

Denis Cogneau, chargé de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), explique que ces inégalités en Afrique ont une origine historique bien définie :

Les États postcoloniaux ont hérité d’institutions économiques et sociales extractives, caractérisées par un dualisme extrêmement marqué entre un secteur formel de taille réduite, et un vaste secteur informel incluant la paysannerie. De même, beaucoup de pays se caractérisent par un dualisme scolaire et sanitaire, caractérisé par la coexistence d’institutions d’élite publiques et privées coûteuses situées dans la capitale, et d’un secteur de base (écoles primaires et dispensaires) faiblement doté en personnel, médiocrement approvisionné et inégalement réparti sur le territoire. Dans ce contexte, l’école a joué un rôle très dangereux, car elle a été (et est toujours) l’une des clefs d’accès, «non seulement aux emplois dans le secteur moderne, mais aussi aux positions dans l’appareil d’État et au pouvoir politique, suivant en cela les évolutions des sociétés européennes». L’inégalité des chances dans l’accès implique, par conséquent, une reproduction plus accentuée des élites politiques.

Quelles mesures peuvent être prises pour réduire ces inégalités ?

La connaissance précise au niveau local du contexte qui mène aux inégalités croissantes est souvent méconnue. Pour affiner les causes des inégalités, de nombreuses organisations ont mis en place des outils de suivi du niveau de vie des populations fragilisées.
A Madagascar, le CIRAD propose la création d'un observatoire pour faire le monitoring et améliorer le niveau de vie dans les zones rurales :

Le Réseau des observatoires ruraux (ROR) constitue un dispositif de suivi et d’analyse des conditions de vie des ménages ruraux. Un des objectifs principaux est d’appréhender l’évolution de la situation des ménages ruraux et l’impact des mesures publiques et des chocs externes sur ces ménages. Chaque observatoire comporte un panel de 500 ménages sur des sites choisis de manière raisonnée avec le bailleur. Le questionnaire couvre les principaux aspects des la vie des ménages sur une période de 12 mois. Les résultats permettent une comparaison des situations dans le temps (par année) et dans l’espace (entre les observatoires).

Au Burkina Faso, les inégalités hommes-femmes ont été identifié comme un frein important au développement car les études ont montré que la participation des femmes à la vie active du pays a un impact considérable sur son développement. Bougnan NAON explique les activités de l'Association Dakupa dans la province du Boulgou sur ce thème :

L'enjeu du projet est de permettre la création d'un réseau fonctionnel avec des membres compétents pour influencer les attitudes/pratiques traditionnelles, ainsi que les politiques et stratégies locales de lutte contre les inégalités de genre [..] (L'objectif est de): former 50 acteurs-clefs locaux aux stratégies de prise en compte du genre dans la mise en œuvre des projets et programmes par an, d'organiser des suivis-supervisions pour faciliter l'application effective de l'approche (maîtrise des outils et de l'identification d'actions genre pertinentes) par les ONG au profit de leurs cibles.

Guinée : un lexique de termes électoraux en langue des signes

lundi 10 mars 2014 à 11:26

Le blog collectif visionguinee.info présente une initiative pour les sourds : 

 Les signes qui représentent les termes liés au processus démocratique et électoral sont très faiblement utilisés dans l’enseignement civique par les enseignants des trois écoles pour personnes malentendantes de la Guinée. Il était donc nécessaire de remédier à cette carence. Malgré les efforts consentis par notre implication dans le projet de formation des agents des bureaux de vote, beaucoup reste à faire. Plusieurs mots utilisés dans le domaine électoral n’ont pas encore de signes en Guinée, ce qui ne facilite pas une bonne compréhension du processus électoral et n’encourage pas la participation.

Les personnes handicapées, qui sont une couche à part entière de la population, sont souvent laissées pour compte et restent marginalisées. Elles sont confrontées à la difficulté d’exercer leur plein droit à la citoyenneté et ce, en dépit de l’existence de la Charte internationale consacrée aux Droits Humains promulguée par les Nations Unies et ratifiée pour la République de Guinée.