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Les Kurdes de Kobané se déclarent victorieux sur l'EI

dimanche 1 février 2015 à 14:47
Poster of Solidarity with the Kurdish Fighters of YPG/YPJ, shared widely online.

Affiche de solidarité avec les combattants kurdes de l'YPG/YPJ, largement diffusée en ligne.

[Les liens renvoient vers des pages en anglais] Après une bataille de 133 jours contre le groupe Etat Islamique, les Kurdes de Kobané, une ville frontière du Nord de la Syrie proche de la Turquie, ont poussé un soupir de soulagement cette semaine, avec le départ de leur territoire des combattants de l'EI.

Malgré les défis qui demeurent, comme la découverte et le démantèlement des engins non explosés et la menace de combattants d'EI encore dans les lieux, les Kurdes ont empli les rues (et Twitter) pour fêter ce qui pour beaucoup est une victoire héroïque contre une organisation insurrectionnelle brutale parvenue à occuper de vastes pans de territoire de Syrie et d'Irak.

Kobané – frontière avec la Turquie en ce moment même on célèbre la libération de Kobané.

Kobané et les environs de la ville dans un rayon d'1 km libérés. Photo : Habitants de Kobané en fête à Suruç (Turquie)

L'échec de la politique turque

Le rôle de la Turquie dans les souffrances des Kurdes de Kobané n'est pas resté inaperçu. De fait, la Turquie est largement accusée de soutien à l'EI, a déclaré sous couvert d'anonymat un responsable occidental à Al Monitor, en raison du conflit toujours en cours entre Ankara et ses propres Kurdes. Alors que les voix se multipliaient dans le monde en faveur d'un soutien international aux Kurdes, le président turc Recep Tayyip Erdogan aurait demandé à Obama de ne pas intervenir. Bien que disposant de la deuxième armée la plus importante de l'OTAN et d'un parc de tanks sur la frontière de Kobané, la Turquie s'est abstenue d'attaquer l'EI, allant jusqu'à interdire à ses propres Kurdes d'entrer à Kobané pour rejoindre les combats.

Nos ennemis (Turquie et EI) ont cru pouvoir détruire à Kobané la foi en l'indépendance. Mais les attaques nous ont rendus plus forts ! 

L'inaction de la Turquie a éveillé une intense suspicion. Un dessin de Kaniwar, partagé sur Twitter par Massimiliano Voza, accuse la Turquie d'avoir laissé les combattants d'EI entrer dans Kobané, dans le but d'affaiblir la résistance.

Erdogan : Nous ne permettrons pas aux Kurdes de gagner en statut en Syrie. #Kurdistan#EI#libérerKobanê#Kobanê

La réaction turque à la libération de Kobané n'était guère amicale non plus :

La Turquie déploie un immense drapeau à la frontière avec Kobané après la déclaration d'Erdogan qu'il ne permettra pas un Etat kurde libre

La militante kurde Joan Salihi a tweeté :

Nous n'oublierons pas le rôle de la Turquie pendant la résistance à Kobané. La Turquie est complice. #TurquieHorsDel'Otan

Une victoire à valeur de symbole

La bataille de Kobané a mis du temps à atteindre les activistes du reste du monde. Pendant que les médias internationaux avaient les yeux fixés sur les frappes de la coalition à direction américaine contre les positions d'EI, les Kurdes menaient sur le terrain une guerre largement peu couverte voire complètement ignorée.

David Graeber, professeur d'anthropologie à la London School of Economics, un anarchiste et figure de proue du Mouvement Occupy, a peut-être été la première voix étrangère à attirer l'attention du monde sur le combat de Kobané. Dans un article d'octobre 2014, intitulé “Pourquoi le monde ignore-t-il les révolutionnaires Kurdes de Syrie ?“, Graeber décrivait Kobané comme une “expérience démocratique” qui se développe selon les idéaux anarchistes, et comparait les révolutionnaires Kurde aux anarchistes qui ont combattu dans la guerre civile espagnole de 1936–39. 

L'article de Graeber a été largement partagé en ligne par les militants de gauche, et a suscité de multiples déclarations de soutien par des magazines et sites web gauchisants.

Pour mieux comprendre le rapprochement avec les anarchistes de la guerre civile espagnole, il faut saisir ce qu'ont dû endurer les habitants de Kobané (et de Rojava, en général). Graeber explique :

La région autonome de Rojava, comme elle existe aujourd'hui, est une des rares lueurs d'espoir – quoique très brillante – à émerger de la tragédie de la révolution syrienne. Après avoir expulsé les agents du régime Assad en 2011, et malgré l'hostilité de presque tous ses voisins, Rojava n'a pas seulement maintenu son indépendance, mais est une remarquable expérience démocratique. Des assemblées populaires ont été créées pour être les instances décisionnelles finales, les conseils sélectionnés avec un soigneux équilibre ethnique (dans chaque municipalité, par exemple, les trois plus hauts responsables doivent inclure un Kurde, un Arabe et en chrétien Assyrien ou Arménien, et au moins un des trois doit être une femme), il y a des conseils de femmes et de jeunes, et, insigne écho des Mujeres Libres armées (Femmes Libres) d'Espagne, une armée féministe, la milice “Etoile YJA” (l’ “Union des Femmes Libres”, l'étoile se référant ici à l'antique déesse mésopotamienne Ishtar), qui a mené une large portion des opérations de combat contre les forces de l'Etat Islamique.

Ce n'est pas la supériorité militaire qui a soutenu la résistance des Kurdes contre EI, pensent beaucoup, mais leur persévérance. Comme l'a affirmé la militante kurde Dilar Dirik sur le site The Kurdish Question [La Question kurde] : “Les gens de Kobané étaient largement inférieurs en puissance de feu. Mais leur volonté de se battre les a motivés pour continuer. Ils combattent pour un avenir fondamentalement différent”.

Espérons que l'avenir de la région reste enraciné dans les principes des valeurs démocratiques, écologiques et d'égalité de genre, que les révolutionnaires ont jusque là réussi à faire respecter étonnamment bien. Mais il faudra sans doute du temps pour surmonter les destructions infligées à cette petite enclave kurde.

Photos de Kobané. L'immensité de la destruction gardera les réfugiés en Turquie encore pour un certain temps.

La fièvre pour l'équipe nationale de Guinée à la CAN2015 s'invite sur les réseaux sociaux

dimanche 1 février 2015 à 10:52
Equipe nationale de Guinée qualifiée pour les 1/4 de finale de la CAN 2015

Equipe nationale de Guinée qualifiée pour les 1/4 de finale de la CAN 2015

Lorsqu'elle s'est qualifiée pour les quarts de finale, après un match qui n'a livré son résultats que le lendemain du sifflet final de l'arbitre et cela dans une chambre d'hotel, par un chanceux tirage au sort au détriment des maliens, les supporters sont descendus dans les rues poussiéreuses de tout le pays pour marquer leur joie. 

La Guinée est l'un des trois pays les plus touchés par l'épidémie de fièvre provoquée par le virus d'Ebola. Bien que le Maroc ait renoncé à l'organisation de ce la Coupe d'Afrique des nations de football à cause des risques que l'arrivée de nombreux supporters provenant de la région infectée, il a autorisé le Sily national, surnom de l'équipe guinéenne à élire domicile sur son territoire pour la phase de préparation.

Classée dans un groupe où au départ ses chances étaient jugées minimes pour la qualification aux quarts de finale, contre toute attente, elle a réussi à éliminer le Mali, après un match épique qui s'est terminé à égalité. Pour départager les deux équipes, il aura fallu procéder à un tirage au sort, un jour après la fin du match dans une chambre d'hotel. Pour un peuple qui a peu d'occasions de communier autant à cause des difficultés politiques et le fardeau du virus Ebola, tout le monde s'y est mis pour supporter l'équipe nationale. L'échange de messages sur les réseaux sociaux est devenu viral. C'est une fièvre qui a gagné tout un peuple, et qui va au-delà du domaine sportif.

Dans un billet intitulé “Comment expliquer l’engouement derrière le Sily national de Guinée?”, le blogueur cireass analyse les causes de cette fièvre, sur son blog Rivières du sud: Un œil sur la Guinée, faisant partie du réseau mondoblog.org: 

Après une campagne de qualification délocalisée à l’extérieur du pays (au Maroc) pour cause d’Ebola qui frappe la Guinée depuis fin 2013, le Sily National de Guinée s’est qualifié non pas sans humiliation lors de ses déplacements dans des pays qui voyaient toute une nation porteuse du virus Ebola. De quoi ‘séduire’ plus d’un de ses supporteurs…

La dernière raison qui pourrait expliquer cet appui, ce sont les réseaux; précisément la tendance selfie. Oubliez la période où Internet représentait un luxe pour les Guinéens. De nos jours, en dépit du problème récurrent d’électricité, la plupart des personnes de la tranche d'âge 15-30 ans disposent d’un compte sur Facebook. Et la tendance du moment, c’est de poster un selfie avec un dérivé du Sily (maillot, bracelet, bonnet, etc.) sur Facebook, Instagram ou Twitter. Ces milliers de photos donnent l’image d’une équipe soutenue par tout un peuple.

L'Association des Blogueurs de Guinée challenge les données gouvernementales sur Ebola

dimanche 1 février 2015 à 10:38
Ebola workers in West Africa CC-BY-20

Les agents de santé contre Ebola en Afrique de l'Ouest  CC-BY-20

Ces jours-ci, ce sont les performances de l'équipe nationale de Guinée au Championnat africain de football, CAN2015, qui passionnent les guinéens, au point d'oublier les mesures d'hygiène préventive dans la joie collective, avec des embrassades multiples dans les rues.

Pourtant, il y aurait d'autres sujets de préoccupation. Malgré le fait que les données indiqueraient une tendance à une certaine stabilisation, l'épidémie d'Ébola a déjà enregistré 2921 cas suspectés dont 2 751 confirmés, causant la mort de 1911 morts dont 1591 confirmés, à la date du 29 janvier. Ces données, cependant, reflètent-elles la réalité? 

L'intensité de la maladie en Guinée par préfecture: Guinée, Liberia et Sierra Leone. Source: internationalsos.com/ebola

L'intensité de la maladie en Guinée par préfecture. Source: internationalsos.com/ebola

Par le passé, les membres de l’Association des blogueurs de Guinée (Ablogui) avaient ouvert le débat concernant la crédibilité des données officielles sur leur page Facebook et le comportement de certains membres du gouvernement. Le débat a commencé suite à une visite de Sally Bilaly Sow, un de ses membres dans le district de Kokouma, sous-préfecture de Dougountounni, préfecture de Mali. Ce membre a écrit, quant à quelles données se fier :

 
Je crois dans ce cas il faut forcément utiliser les données citoyennes qui sont sur le terrain. Mais il y a un hic que je n'arrive pas à bien cerner. Quand je me déplace avec les responsables sanitaires sur le terrain,ils disent envoyer des rapports de mission. Je ne sais où ceux rapports partent ou est-ce ceux rapports reflètent l'image de la situation sur le terrain ? S'agissant de la sale sortie médiatique d'un ministre de la République pour nier l'existence de la maladie je crois à ce niveau les juridictions doivent prendre leur responsabilité pour le punir avant que la justice son travail qu'il soit remercié du gouvernement parce qu'il ne pas à sa première bévue. De l'autre côté le premier ministre menace de sévir contre les populations qui vont s'adonner à la réticence. Pourquoi ne pas faire de même contre ce véreux et acabit ministre car a priori il est aussi citoyen.

Le membre Alimou Sow qui travaille dans la représentation en Guinée d'une grande organisation internationale et qui est familier avec les rouages de l'administration a répondu:

Les rapports de l'OMS sont à prendre avec précaution. Ils prennent en compte plusieurs paramètres donnant parfois des résultats surprenants (augmentation/diminution du nombre de décès sans morts réels sur le terrain pendant une période donnée). C'est à dire que les données peuvent être rétroactives si l'on s'aperçoit que des décès communautaires non comptabilisés étaient dus à Ebola après coup (retard des tests, etc.). Pour la lutte contre la maladie il est clair que l'approche des autorités a été hasardeuse et la communication, dès le début, défaillante. Après plus d'un an, on se demande quel plan de lutte efficace faut il adopter à présent .

Effectivement, il peut y avoir des retards dans la transmission des données. Mais cela n'explique pas tout car dans chacune de ses feuilles de route que l'OMS publie, la semaine de la collecte des données est indiquée. 

Peut-etre s'agit-il d'un simple décalage dans la transmission des données? D'autre part, c'est étonnant que le gouvernement par les propos d'un ministre menace quiconque oserait faire de la résistance visant à créer des obstacles dans la lutte contre le fléau national et ne dise rien quand un autre de ses membres arrive à nier son existence.

Ce à quoi répond Sally Bilaly Sow:

Nous sommes aux heures des TIC on ne peut pas comprendre cela par le retard. Cela dénote au manque d'expérience qui a prévalu leur choix.

 
Kouyah Kouyate, le blogueur qui est à l'origine de la création de l'ablogui et qui a ouvert le blog :
 
Je pense que la contradiction sur les chiffres est due aux multiples raisons expliquées ci-haut. Il faut aussi souligner qu'il est très rare obtenir des données chiffrées et exactes chez nous. Incompétence ou volonté de biaiser..? 
En ce qui concerne les propos négateurs venant d'une personnalité de haut rang, cela ne me surprend guère. Depuis le début de l'épidémie, une telle idée satanique a germé, en premier lieu, dans la tête de certains “intellectuels” ignorants. Ce sont eux qui ont colporter ces fausses idées. Ils sont sans doute les instigateurs déguisés des violences qui ont coûté la vie aux soldats contre Ebola.
 
Thierno Diallo, créateur du blog Rivières du sudUn œil sur la Guinée, du réseau mondoblog ajoute:
 
Je crois que certains “grands” de ce pays sont responsables de cette situation. Tout d'abord, la question a été gérée avec une certaine volonté de voiler la réalité. On se souvient qu'au début de l'épidémie, les autorités sanitaires qualifiaient les décès d'Ebola des “morts naturels” alors que toutes les personnes qui touchaient ces cadavres ou malades développaient rapidement les syntômes de la maladie. Si aujourd'hui on entend de la bouche de l'un d'eux qu'Ebola n'existe pas, cela ne doit pas nous surprendre. Même si la logique aurait préféré qu'on le sanctionne rigoureusement, pour ne pas qu'il développe cette dangereuse idée dans la tête de ceux qui, jusqu'ici croient à son existence. 

La contradiction entre les chiffres fournis par l'OMS et ceux des citoyens sur le terrain ne sont que le reflet de la délicate question de chiffres en Guinée. On dit qu'en “Guinée, le premier menteur c'est celui qui prétend donner les chiffres exacts d'un sujet donné”. Ce n'est pas sur Ebola seulement, à l'état actuel de notre développement il est difficile voire impossible d'avoir des chiffres précis.

 
 

Parmi les autres sources d'information qui mettent en doute ces données il y a aussi le site internationalsos.com/ebola. Analysant le rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) couvrant la période du 21 au 28,  il tire une conclusion qui devrait donner à réfléchir:

In the last week (21 – 28 January) we have seen. . .

  • Increase in new cases in Guinea for the first time in 2015. Eight districts saw new ‘probable’ or confirmed cases. There were 30 new confirmed cases for the week, with some in Conakry but most of them in Forecariah.
  • Two areas reported cases for the first time in 21 days: Kissidougou and Macenta. Mali prefecture had its first-ever Ebola case. Mali is a district in northern Guinea, bordering Senegal. The patient there is a traveller from Liberia, which highlights the ease with which Ebola virus can cross international borders.
  • A point of concern is only about 30% of the nation's new cases occurred in “registered” contacts of known cases. This shows that there are undetected chains of transmission. Of the 16 confirmed deaths, almost 20% occurred in the community, rather than in Ebola treatment units.
  • Currently, there are now 330 beds in five operational ETCs (in Conakry, Guéckédou, Macenta and N’zérékoré). The number of treatment centre beds required by the WHO is 490. In a week 80 new treatment beds have become operational.

Dans la dernière semaine (21 – 28 Janvier) nous avons vu. . .

  •  Pour la première fois en 2015, une augmentation des nouveaux cas en Guinée. Huit districts ont vu des cas “nouveaux” ou “probables”. Il y a eu 30 nouveaux cas confirmés au cours de cette semaine, quelques uns à Conakry mais la plupart à Forécariah.
  • Deux zones ont signalé des cas pour la première fois en 21 jours: Kissidougou et Macenta. La préfecture de Mali a eu son premier cas d'Ebola. Mali est une ville du nord de la Guinée, limitrophe du Sénégal. Le patient est un voyageur venu du Libéria; ce qui met en évidence la facilité avec laquelle le virus Ebola peut franchir les frontières internationales.
  • Un point de préoccupation est qu'environ 30% des nouveaux cas au niveau national se sont vérifiés sans contacts “enregistrés” avec des cas connus. Cela montre qu'il y a des chaînes de transmission non détectées. Sur les 16 décès confirmés, près de 20% ont eu lieu dans la communauté, plutôt que dans des unités de traitement d'Ebola.
 
Sans une transparence dans la lutte contre cette épidémie en Guinée et dans les autres pays concernés, le combat risque d'être long et les dommages encore plus dévastateurs. Ne serait-il pas mieux de suivre l'exemple de la Sierra Leone, le pays qui a montré le plus de transparence. Elle a mis en quarantaine toute la population du pays  ou de certaines régions, avec interdiction de sortir des habitations pendant plusieurs jours pour permettre aux équipes médicales de faire un screening total pour détecter de nouveaux cas et expliquer les mesures d'hygiène. Elle avait enregistré le plus grand nombre de malades, mais elle voit aujourd'hui une forte diminution de nouveaux cas depuis le pic atteint en décembre. 

Les Indonésiens demandent un chef de la police au casier judiciaire vierge

dimanche 1 février 2015 à 07:16
Militants indonésiens lors d'un rassemblement demandant un nouveau chef de la police nationale "propre", à Jakarta. Photo de Nugroho Budianggoro, CopyrightDemotix (18/01/2015)

Militants indonésiens lors d'un rassemblement demandant un nouveau chef de la police nationale “propre”, à Jakarta. Photo de Nugroho Budianggoro, CopyrightDemotix (18/01/2015)

Le seul candidat pour l'important poste de chef de la police de l'Indonésie a été cité par l'agence anti-corruption du pays comme étant le seul suspect dans une affaire de corruption ; ce qui incite de nombreux indonésiens à demander au Président Joko Widodo (Jokowi) [fr] d'annuler cette nomination et de nommer un chef de la police avec un casier judiciaire vierge.

Selon le Comité pour l'éradication de la corruption (KPK), le Commissaire Général Budi Gunawan avait effectuées plusieurs transactions bancaires discutables quand il était en poste au Quartier général de la police nationale indonésienne. Cela a été corroboré par la Commission indonésienne de lutte contre la corruption ICV) et le Centre indonésien des déclarations et d'analyse des opérations financières (PPATK).

Un rapport a été soumis au président, mais la nomination de M. Gunawan n'a pas été retirée au parlement.

Pour sa part, le Commissaire de la police nationale (Kompolnas) a accusé le KPK et le PPATK d'avoir présenté tardivement le dossier concernant M. Gunawan. Mais le chef du PPATK, M. Muhammad Yusuf, a déclaré que son agence avait déposé sa recommandation officielle en octobre passé.

M. Gunawan a été officier adjoint à l'ancienne Présidente Mme Megawati Sukarnoputri [fr] chef du Parti démocratique indonésien de lutte (PDIP) [fr] qui a soutenu la candidature de M. Jokowi. Mais de nombreux Indonésiens ont rappelé à M. Jokowi qu'il devrait être responsable devant le peuple et non devant les politiciens qui l'ont désigné:

Ingat selalu Pak @jokowi_do2 Bpk tdk berhutang budi kpd Megawati atau PDIP, Bpk berhutang budi kpd RAKYAT. #TarikBudi

— Sari Widuri (@sarinafa) January 18, 2015

Rappelez-vous toujours, M. Joko Widodo, vous ne devez rien à Megawati ou PDIP, vous le devez au peuple.

Une pétition exhortant M. Jokowi à retirer la candidature de M. Gunawan a déjà été signée par plus de 27 000 personnes:

Nous sommes arrivés à 27000 [ 32.909 à la date du 28 janvier]! Soutenez la pétition. 

De nombreux intervenants ont également exprimé leur soutien aux efforts du KPK pour combattre la corruption dans toutes les institutions gouvernementales:

Nous adhérons au KPK pour soutenir le KPK. Une police (des institutions) propre est un must.

Le choix de M. Gunawan pour le poste de chef de la police est encore plus surprenant étant donné que Jokowi, ancien gouverneur de Jakarta, la capitale du pays, est devenu célèbre [fr] pour son image de réformateur et son style de leadership non traditionnel. Après sa victoire à la présidentielle, il a introduit le concept de “Nawa Cita” ou les neuf principales réformes de l'administration, dont celle du système et l'éradication de la corruption dans tous les organismes d'application de la loi. Après la nouvelle du bilan entaché de M. Gunawan, beaucoup d'internautes se sont demandés si M. Jokowi était déjà entrain d'abandonner l'idée de “Nawa Cita”:

 Ne violez pas la Nawa Cita, dites non à Budi Gunawan. #cleanpolice #withdrawlbudi #policechiefnominee.

Le blogueur Ferizal Rami a livré son point de vue sur les contours obscurs de la nomination de M. Gunawan :

PDIP itu tidak sepenuhnya di bawah Jokowi. PDIP itu di bawah Mega. [...] Birokrasi juga „enggan“ dekat dengan Jokowi karena banyak kebijakan Jokowi mengganggu „zona nyaman“ para pejabat birokrat. Di titik ini secara realitas jika Jokowi BERANI menentang maunya Mega dengan menolak BG maka ini „harakiri“ politik! [...] kita semua tahu bahwa Mega itu punya jejak rekam buruk tentang BLBI yang saat ini sedang dikotak-katik KPK. Sangat mungkin Mega benar-benar butuh BENTENG yang melindunginya yaitu Kapolri yang siap sikat habis pihak-pihak yang berani otak-atik BLBI. Di titik ini bagi saya, Jokowi cukup cerdas untuk berkelit dalam situasi sulit dengan pilihan-pilihan sulit.

M. Jokowi ne contrôle pas le PDIP, c'est M. Mega qui le contrôle. La bureaucratie est réticente à être proche de M. Jokowi parce que beaucoup de ses politiques attaquent le confort des bureaucrates. À ce stade, [nous pouvons le constater] si M. Jokowi défie M. Mega en rejetant la candidature de BG, il va commettre un hara-kiri politique. Nous savons tous que M. Mega est impliqué dans le scandale BLBI, une des enquêtes en cours du KPK. Très probablement M. Mega a besoin d'une forteresse pour se protéger, dans ce cas un chef de la police nationale, qui pourra sévir contre tous ceux qui oseront s'intéresser de trop près au cas de BLBI. À ce stade, je pense que M. Jokowi est assez sage pour esquiver cette situation impossible en prenant des décisions impopulaires.

 Le Président Jokowi a réagi au tollé populaire par le report de la nomination de M. Gunawan jusqu'à ce que la KPK termine son enquête.

Les visages de Global Voices : Davi Bonela, co-éditeur de Global Voices au Brésil.

dimanche 1 février 2015 à 04:12

Davi Bonela  collabore avec Global Voices depuis 2011 et avec l'édition de Global Voices en portugais depuis 2012.  Intéressé  par les questions sociales, il s'occupe également de la logistique du journal de rue de l'Organisation Civile de l'Action Sociale (OCAS) à Rio de Janeiro.  En plus de cela, il pratique …la menuiserie comme hobby. Pour lui c'est une façon agréable de se “vider la tête”,  un excellent passe-temps pour occuper son  temps quand sa compagne voyage autour du monde. Pour moi, Davi est une personne équilibrée qui vit et s'exprime en accord avec son coeur. Que cette interview vous permette de mieux le connaître !

Global Voices (GV): quelle est votre implication dans la revue OCAS?

Davi Bonela: Cette revue est le projet principal de OCAS. Elle a été créée pour être commercialisée par des personnes en vulnérabilité sociale.  Elle s'inspire de The Big Issue  (Le grand problème)  et d'autres publications associées au Réseau international des journaux de rue (INSP). Cette revue circule à São Paulo et Rio de Janeiro. Les vendeurs sont des adultes sans emploi, des SDF, à la santé physique et mentale fragilisée, parfois sortant de prison….enfin,  des personnes qui n'ont pas accès aux biens et ressources disponibles dans la société.

GV:  Comment avez-vous commencé à vous impliquer dans cette revue?

DB: J'étais déjà lecteur de OCAS et un vendeur m'a dit une fois que cette revue avait de gros problèmes, il lui manquait un siège à Rio de Janeiro, il pensait qu'ils allaient arrêter de travailler dans cette ville. Je lui ai demandé de me présenter aux autres vendeurs.  Ils comptaient beaucoup sur les bénéfices que la revue pouvait leur procurer. Comment pourrais-je oublier cette vendeuse me disant que grâce au journal, elle ne se sentait plus invisible ! Ou cet autre me racontant comment il arrivait à concilier ce travail avec une formation professionnelle. Ou ce jeune couple dont le fils a pu naître dans une maison et non dans la rue grâce au travail procuré par cette revue. J'ai alors commencé à m'occuper des vendeurs de Rio. En pratique, je reçois les revues chez moi et je la leur distribue. Nous lisons et nous commentons les articles ensemble et avec  des auxiliaires sociaux

Davi

GV:  En faisait une recherche sur votre nom sur Google,  j'ai lu que vous faite partie d'un groupe d'étude sur la dictature militaire brésilienne (1964-1985).  Qu'avez-vous découvert?

DB:  J'ai fait des recherches sur la dictature lorsque je travaillais avec ce groupe d'étude et pendant la préparation du documentaire “Portraits pour identification“, réalisé à partir des archives des organismes officiels de la répression. Cela n'a pas été facile parce que les documents parlaient de prison, d'enquêtes, de jugements et de persécutions alors que les témoignages, eux, parlaient de tortures de violences et d'assassinats. Autrement dit, je travaillais sur le pire des visages de la politique. J'ai pu ainsi comprendre un peu mieux les traces que cela peut laisser dans la vie des personnes, et de familles entières.

Extraits du film : ” portraits pour identification” pour lequel Davi a effectué des recherches:

GV:  Racontez-moi votre parcours à Global Voices. Quand vous avez entendu parler du site, qu'est-ce qui vous a attiré ?

DB:  J‘ai découvert Global Voices en cherchant des portails d'information qui ne fassent pas partie de la presse officielle sur Google. J'ai d'abord découvert le concept de média citoyen puis Global Voices. Je me souviens même que le premier sujet que j'y ai lu traitait du remplacement des réservoirs d'eau en béton par des réservoirs en plastique dans le Sertão. Le Sertão, dans le Nord-est du Brésil, était un sujet qui semblait intéresser tout le monde. le texte a été traduit dans de nombreuses langues. Cette approche, comme d'autres concernant les atteintes aux droits de l'homme ou le liberté d'expression en dehors du Brésil m'a littéralement fasciné. La perspective de Global Voices, estimant qu'aucun lieu ni aucune personne n'est périphérique, mais que le monde dans sa diversité et sa complexité est un énorme centre m'a enthousiasmé et jusqu'à aujourd'hui!

GV:  Qu'est-ce que vous aimez le plus ou le moins dans GV ?

DB: Pour moi, Global Voices est le calendrier du monde. C'est à travers lui que je découvre les répercussions des événements dans la vie des personnes et les autres version des histoires. Par lui également, je sais ce qui arrive dans des lieux ou pour des personnes auxquelles on aurait jamais accès par les agences de presse traditionnelles. Il est très enrichissant d'être au contact des langues et des points de vue de personnes de différents pays, tout cela élargit votre horizon.  Un exemple immédiat:  je suis en train d'éditer un article sur l'Inde qui a été traduit par un habitant du Mozambique,  et pour cela je compte sur l'aide d'une angolaise, d'une brésilienne qui habite en Allemagne, et d'une autre brésilienne qui demeure en Angleterre. Tout cela pour un lecteur qui va peut-être passer dans ma rue ou n'importe où dans le monde,  ce n'est pas fantastique? 

 

GV:  Vous êtes un enfant de Rio. Vous êtes né et vous avez grandi grandi dans cette capitale,  avez-vous fait du chemin dans d'autres lieux ?

DB:  Malheureusement, je n'ai pas encore fait les voyages que je souhaiterais. GV me donne envie de connaître tellement d'endroits… Mais, si on regarde bien, Rio est un centre de convergence entre des histoires et des cultures différentes, ce qui d'une  certaine façon amène continuellement de nouvelles découvertes. Par chance, par hasard ou par nostalgie, je partage ma vie, depuis quatre ans avec une femme qui voyage pas mal dans le monde. Elle revient à la maison les bras chargés de livres, d'objets, de tissus, d'épices…qui nous mettent souvent dans la situation des personnages de Cités invisibles, . Ce que je ne peux pas voir, je l'imagine à  partir de ce qu'elle me montre… et me raconte.

GV:  Vous avez montré que vous étiez très intéressé par le problème de la pauvreté. Vous trouvez qu'il y a beaucoup de banalités et peu d'actions dans les rencontres internationales du type: “Sommet des peuples” (RIO+20). Ou bien est-ce un problème plus compliqué  ?

DB:  le “Sommet des peuples” a été un événement parallèle à Rio+20, organisé par des associations de la société civile et des mouvements de plusieurs pays engagés dans une lutte contre la marchandisation de la vie. Ce sommet était une alternative populaire au débat des politiques dans le cadre de Rio+20  que l'on savait déjà très protocolaire et peu applicables. Il n'y a pas de conversation sur des banalités quand nous réunissons le “mouvement des travailleurs sans terre”, la Via Campesina,la Marche Mondiale des Femmes, Quilombolas, les Sans-Toit, des syndicats et plein de personnes motivées par un changement social. Oui, la pauvreté est un problème complexe et la communication fait partie de ce problème. Mais cette communication peut-être également une partie de la solution.

GV:  Quand vous ne lisez pas, n'écrivez pas ou n'éditez pas,  que faites-vous?  Vous profitez de la plage ?

DB:  J'aime la plage évidemment et comme j'ai grandi sur une île plus ou moins intégrée à la dynamique urbaine de la cité,  je m'y connais un peu en marées et en bateau. J'ai également mes outils de menuisier qui me remplissent les mains de cals et m'épargnent le recours à d'autres thérapie!