PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Pakistan : une enquête sur les logiciels espions de FinFisher

vendredi 5 septembre 2014 à 11:27
Screen capture of FinFisher homepage.

Capture d'écran de la page d'accueil FinFisher.

Tous les liens renvoient vers des sites en anglais. Article écrit par Sohail Abid, de la Digital Rights Foundation. La version originale a été publiée sur le site de la Digital Rights Foundation.

Au début du mois d’août, un expert en informatique anonyme a piraté les serveurs de FinFisher, le fameux développeur de logiciels de surveillance. Le(s) pirate(s) a copié toutes les données qu'il a pu trouver sur les serveurs pour les diffuser en ligne via un lien Torrent. Ce fichier de 40 Go contient l'ensemble des informations sur le portail de service-client FinFisher, y compris la correspondance entre les clients et le personnel de FinFisher. Il contient également tous les logiciels vendus par l'entreprise ainsi que la documentation et le matériel d'installation qui les accompagnent. L’année dernière, des chercheurs en sécurité informatique ont mis à jour des preuves de l'existence de deux serveurs de contrôle installés au Pakistan.

Qu'est-ce que FinFisher?

Une filiale de l'entreprise Gamma International, basée au Royaume-Uni, FinFisher vend un ensemble de logiciels de surveillance informatique aux organisations gouvernementales. Son logiciel principal, FinSpy, permet d’accéder et de contrôler à distance l'ordinateur ou le téléphone des individus espionnés. FinFisher propose plusieurs méthodes d'installation de FinSpy, de la simple clé USB pouvant infecter un ordinateur au document joint à des fichiers anodins, qui, une fois téléchargé, contamine l'ordinateur cible. La gamme d'outils FinFisher a été conçue pour fournir à ceux qui l’achètent l’accès aux e-mails, à l'historique de navigation et à toute autre activité réalisée par les “cibles”, terme utilisé pour désigner ceux qui sont espionnés.

 

Screen capture of FinFisher license page.

Capture d'écran d'une page présentant les licences FinFisher d'un client.

Le Pakistan est-il un client de FinFisher?

"For Their Eyes Only" cover image, Citizen Lab.

“For Their Eyes Only,” Citizen Lab.

Apparemment, oui. L'année dernière, le groupe de recherche Citizen Lab, à l'université de Toronto, a publié un rapport identifiant deux serveurs de contrôle FinFisher au sein des réseaux de la Pakistan Telecommunications Company (PTCL), le premier fournisseur d'accès Internet du Pakistan. Mais cette fuite récente nous donne un aperçu plus complet et concluant. Les données extraites sur le portail de service client nous indiquent qu'un client au Pakistan a en fait acheté à FinFisher trois licences logicielles en trois ans. Les systèmes identifiés par Citizen Lab étaient probablement les ordinateurs hébergeant le logiciel FinSpy et utilisaient tout simplement une connexion Internet PTCL. On peut penser que la PTCL n'était pas impliquée. Qui alors? Cela aurait pu être n'importe qui; mais FinFisher ne vend qu'aux gouvernements et aux agences de renseignement – par conséquent, il s'agit dans ce cas sûrement d'un des nombreux départements du gouvernement pakistanais dédié au renseignement.

Nous avons extrait des données du portail service client de FinFisher une requête envoyée à l'entreprise par un de ses clients (cité sous le nom de “Client 32”) au Pakistan, qui se plaint que ses demandes n'aient pas été prises en compte sur Skype. On voit ici que Skype était le principal moyen de communication de FinFisher pour le service client.

Screen capture of FinFisher licenses page.

Capture d’écran d'une requête client FinFisher.

Quels services ont-ils été achetés ?

A partir de ces informations, nous avons poursuivi plus avant la recherche dans l'historique d'achat du Client 32 et ses échanges avec le personnel de FinFisher et avons trouvé que le Client 32 disposait non pas d'une mais de trois licences du fournisseur de logiciels d'espionnage. Le logiciel principal, FinSpy, est utilisé pour cibler les personnes qui “changent de localisation, utilisent des moyens de communication cryptés et anonymes et résident à l’étranger”. Apres l’installation de FinSpy sur un ordinateur ou un téléphone portable, le logiciel peut être – selon la brochure – “contrôlé à distance et accessible dès la connexion à Internet ou à un réseau”.

En plus de FinSpy, le Client 32 a également acheté une autre licence pour FinIntrusionKit qui permet de pirater les réseaux Wi-Fi d’hôtels, d’aéroports ou autres pour s'introduire dans “les équipements WLAN situés à proximité et y capturer les données de trafic et les mots de passe, ou encore d'extraire “les noms d'utilisateurs et les mots de passe (même pour les sessions cryptées en TLS/SSL)” et de “capturer les données cryptées en SSL comme le webmail, les portails vidéo, les information bancaires et plus encore”. Le troisième logiciel a été conçu pour infecter les appareils disposant de ports USB, afin que tout utilisateur de ces appareils puisse devenir une cible de la surveillance électronique.

 

Screen capture of FinFisher support request response.

Capture d’écran d'une requête client FinFisher.

Comment le Pakistan “FinFishe”-t-il ?

D’après les requêtes reçues par FinFisher de la part du Client 32, on apprend également que ce client, qui qu'il soit, a utilisé les logiciels FinFisher pour infecter des documents MS Office. Ces fichiers ont ensuite été envoyés aux personnes qui devaient être espionnées. Quand les cibles ouvraient, sans méfiance aucune, ces fichiers infectés, leurs ordinateurs étaient automatiquement mis sous surveillance permanente, avec le détail de leurs e-mails, discussions, et autres activités envoyé au Client 32.

 

Le Client 32 a également utilisé FinFisher pour voler des fichiers des ordinateurs ciblés en toute discrétion. Tous les fichiers appartenant aux personnes ciblées étaient disponibles mais le Client 32 souhaitait plus que cela, comme indiqué par une autre requête au service client FinFisher: “L'agent doit être capable de sélectionner quels fichiers il veut télécharger même lorsque la cible est déconnectée et au moment où la cible se connecte, ces fichiers doivent pouvoir être téléchargés sans intervention nécessaire de l'agent.”.

Il a bien été établi que FinFisher avait été déployé au Pakistan mais beaucoup de questions restent sans réponse. En tant que citoyens d'un Etat démocratique, il est de notre droit de savoir qui utilise des logiciels de surveillance au Pakistan, combien d'argent public à servi à l'achat des licences, et de quelle lois ou règlements dépendent le déploiement de ces logiciels.

Sohail Abid est chercheur sur les problématiques de sécurité, de surveillance et de censure pour la Digital Rights Foundation. Avant de rejoindre la DRF, il était responsable technique chez Jumpshare, une start up de partage de fichiers fondée au Pakistan.

Le système éducatif aux Caraïbes : un handicap pour les enfants ?

vendredi 5 septembre 2014 à 10:33

Alors que l'année scolaire commence dans bon nombre de territoires aux Caraïbes, Guyana-Gyal, une blogueuse s'exprimant en patois local, s'interroge sur la nouvelle orientation du système éducatif dans cette région du monde. Elle remet en question l'idée que solliciter davantage les enfants les rende plus intelligents, en s'appuyant sur des pratiques telles que : faire porter aux enfants des sacs à dos lourds plutôt que de leur demander d'apporter uniquement les livres dont ils auront besoin, la tendance populaire à leur donner des « cours du soir » et la plus grande quantité de devoirs à la maison.

Why aren't children allowed to play during school-term while they're studying? Why can they play only during the holidays? What kinda ignorant parents they breeding now [...] They never hear that play is one of the most important ways to discover? To learn? To think? [...]

And! Passing so many exams gon prove what? That they can sweat the books really well…and…what else? It gon make them more articulate, wiser, more creative, inventive, more thinking, more analytic? Really?

Pourquoi ne pas laisser les enfants jouer pendant l'année scolaire ? Pourquoi ne les laisser jouer que pendant les vacances ? Quelle sorte de parents font-ils maintenant [...] Ne savent-ils pas que le jeu est essentiel pour la découverte ? l'apprentissage ? la réflexion ? [...]  

Et réussir tous ces examens, cela va prouver quoi ? Que les enfants peuvent s'acharner à étudier …et après? Cela va les rendre plus éloquents, plus sages, plus créatifs, plus inventifs, plus réfléchis, plus aptes à l'analyse ? Vous croyez ?

 

Mali : Contribuez au projet culturel ‘Quand le village se reveille’

jeudi 4 septembre 2014 à 16:51
Fileuse, Mali. Photo de Boukary Konaté avec sa permission

Fileuse, Mali. Photo de Boukary Konaté avec sa permission

Quand le village se réveille‘, un projet de préservation et de partage de la culture des villages maliens grâce aux TIC, mené par un membre de Global Voices, Boukary Konaté, à Bamako, a réuni et même dépassé son objectif de 1 500 euros sur une plateforme de financement collectif. Il s'agit à notre connaissance du premier projet malien, animé par un Malien et financé par ce biais. Prochaines étapes : l'équipement informatique et la formation de référents pour chaque village partenaire dans différentes régions. Tous les Maliens et connaisseurs du Mali sont invités à partager photos, vidéos, ou leurs connaissances sur la culture rurale du Mali (traditions, dictons, contes, méthodes de travail, techniques artisanales, etc.) via la page Facebook du projet. 

Une nouvelle espèce d'araignées nommée d'après un écologiste disparu

jeudi 4 septembre 2014 à 16:37
Aposphragisma brunomanseri goblin spider. Photo from the Natural History Museum of Berne

Araignée Aposphragisma brunomanseri. Photo Natural History Museum, Berne

Des araignées d'une espèce inconnue, à Borneo, ont été découvertes par des chercheurs suisses et nommées d'après Bruno Manser, un écologiste  qui a disparu dans l'etat de Sarawak en Malaisie en 2000. Bruno Manser faisait campagne pour la protection de nomades, les Penan, et contre la destruction de la forêt primaire du Sarawak quand il a disparu. 

8 variantes du ‘Ice Bucket challenge', contre la faim, la guerre, l'inertie politique

jeudi 4 septembre 2014 à 15:58
The various Icebucket spin offs in Lebanon, Côte d'Ivoire, USA, Gaza and Venezuela

Différentes versions du Ice Bucket challenge au Liban, en Côte d'Ivoire, aux Etats Unis, à Gaza et au Venezuela

Le #IceBucket Challenge a donné l'occasion à beaucoup de personnes autour de la terre d'être filmées arrosées par un seau d'eau, mais pour une bonne cause. 

La campagne virale en ligne pour une maladie neurodégénérative, la sclérose amyotrophique latérale (acronyme anglais, ALS) était destinée à la sensibilisation et à lever des fonds pour la recherche. Les participants se sont retrouvés en train de se verser sur la tête un seau d'eau glacé, à charge pour eux de nommer trois autres personnes pour les encourager à faire de même dans un temps donné, ou bien de faire un don à une association caritative. 

Du Nepal au Venezuela, des activistes ont créé des variantes de la campagne pour attirer l'attention sur d'autres problèmes. En voici huit 

Afghanistan 

L'Afghanistan se trouve dans une impasse politique depuis le 7 juillet. Quelques citoyens ont défié les politiciens par cette vidéo en style Ice Bucket Challenge, pour parvenir a un consensus et sortir le pays de cette impasse. La légende de la vidéo sur Facebook explique leur idée :

Nous sommes fatigués de l'incertitude politique actuelle dans notre pays. Nous demandons à nos dirigeants d'accepter le résultat du second tour, et de garder leur calme. Nous offrons ce challenge à tous les Afghans et les encourageons à faire de même !

Côte d'Ivoire

La  campagne “Mousser contre Ebola” invite les Ivoiriens à se verser de l'eau savonneuse sur la tête pour faire de la prévention sur la transmission du virus Ebola, qui a infecté plus de  3000 personnes et en a tué plus de 1 500 en Sierra Leone, en Guinée, au Liberia, au Nigeria et pour un cas, au Sénégal. Le hashtag pour trouver des vidéos en ligne est  #MoussercontrerEbola. Voici la vidéo réalisée par Edith Brou, à Abidjan, en Côte d'Ivoire :

Gaza

Toutes les vidéos ne sont pas consacrées à des questions de santé. A Gaza, le ‘Challenge du seau de gravats’ est une variante du seau d'eau glacé pour attirer l'attention sur les souffrances des enfants  entrainées  par l'invasion de la bande de Gaza par l'armée israélienne. Dans la vidéo suivante, le participant explique :

Nous avons cherché de l'eau, mais l'eau est trop rare ici pour nous la verser sur la tête [..] Nous ne demandons pas de l'aide matérielle, nous demandons une déclaration de solidarité. 

Inde

A Hyderabad, en Inde, une journaliste de 38 ans, Manju Latha, a donné au challenge une touche indienne. Il n'y est plus question de glaçons, mais de riz. Cependant, avec ce challenge du seau de riz pour combattre le problème de la faim dans le pays, pas question de se verser du riz sur la tête.  Vous prenez simplement un bol de riz pour le tendre à quelqu'un qui en a besoin. Les participants doivent poster des photos sur leur page Facebook avec le mot-clic #ricebucketchallenge. Voici une vidéo du challenge Rice Bucket. 

Liban

Motivés par le manque d'eau dans cette région du monde, un groupe de Libanais a réalisé une vidéo plus légère. Ils se montrent en train de ‘verser’ sur leurs têtes l'eau qu'ils n'ont pas.

Népal

Ailleurs, l'eau n'est pas la seule ressource qui manque.  Auteur pour Global Voices, Sanjib Chaudhary fait part d'une initiative qui décolle au Népal,  #FillTheBucket (Remplis le seau). Il explique : 

La personne qui participe au challenge doit acheter un seau avec un couvercle et le remplir avec des produits essentiels, comme du riz, des médicaments et des serviettes hygiéniques. Le seau va aux victimes des récentes innovations et glissements de terrain. 

Cette vidéo de Aakar Anil explique comment se déroule le challenge :

Etats Unis 

Ce mois d'août, les Etat- Unis ont été secoués par des émeutes après l'assassinat d'un garçon de 18 ans, Michael Brown, à Ferguson, dans le Missouri, et d'autres exemples de brutalités de la police envers les hommes noirs. Pour demander que cesse la violence par les armes à feu, l'acteur Orlando Jones s'est versé un seau de douilles de balles sur la tête. Son commentaire : 

L'association ALS est une organisation admirable et totalement nécessaire. Ils ont levé des millions de dollars, ce qui est assez incroyable  [...] Je voulais faire ce que l'ASL a fait, coopter un truc viral et en faire un pour moi. Mes parents sont  du genre ‘C'est à nouveau les années 60′.  Ces douilles de balles dans ma vidéo représentent les gens qui ont payé le prix ultime pour les libertés dont nous jouissons aujourd'hui. Je n'ai pas pu trouver assez de  douilles de balles à me verser dessus pour représenter tous les gens qui ont donné leur vie pour un idéal très important.

L'acteur Matt Damon a aussi adapté ce challenge : il utilise de l'eau des WC pour parler d'un problème très répandu dans le monde : l'accès à l'eau potable et à l'hygiène.

Venezuela

Vous gâchez de l'eau : c'est la critique la plus fréquente envers le Ice Bucket Challenge. Au Vénézula, Laura Vidal, auteure vénézuelienne de Global Voices, signale que  ”quelqu'un de Maracaibo (une ville à l'ouest du Venezuela) a fait une vidéo pour dénoncer la pénurie d'eau dans cette région. La vidéo a été vue plus de 38 000 fois.” La voici : 

Il existe certainement d'autres variantes dans d'autres pays et pour d'autres causes qu'il serait utile de mentionner. N'hésitez pas à nous les signaler via l'espace commentaires.