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“Nos ancêtres les Gaulois” revu par les historiens et les Antilles

jeudi 22 septembre 2016 à 15:56
Astérix et Obélix , gaulois via Aimer Béthune - domaine public

Astérix et Obélix , Gaulois via Aimer Béthune – domaine public

Nicolas Sarkozy a commencé sa campagne présidentielle et il n'est pas avare de déclarations surprenantes.

A la chasse aux votes sur l'aile droite de son parti politique, sa dernière  déclaration qui pose questions affirme que “dès que l'on devient Français, nos ancêtres sont Gaulois“. La déclaration est assez saugrenue à la base car il semble assez difficile de modifier son arbre généalogique en cours de route. Mais au delà de cette lecture littérale de la déclaration du candidat LR aux élections 2017,  la phrase “Nos ancêtres les Gaulois” a un historique et une signification qui est voulue par l'ancien président dans un contexte qui est déjà prône au clivage inter-communautaires et renforce l'impression d'un pays à deux vitesses.

Alors d'où vient la phrase “Nos ancêtres les Gaulois” et comment la comprendre ?

La phrase a été intégré dans les livres d'histoire de la Troisième République (peu après 1870) sous l'impulsion d'Ernest Lavisse qui explique le choix ainsi:

Il y a dans le passé le plus lointain une poésie qu'il faut verser dans les jeunes âmes pour y fortifier le sentiment patriotique. Faisons-leur aimer nos ancêtres les Gaulois et les forêts des druides, Charles Martel à Poitiers, Roland à Roncevaux, Godefroi de Bouillon à Jérusalem, Jeanne d'Arc, Bayard, tous nos héros du passé, même enveloppés de légendes car c'est un malheur que nos légendes s'oublient

Le problème cependant, c'est que cette affirmation distillée dans les livres d'histoires jusqu’ aux années 80 est inexacte comme l’explique Suzanne Citron auteure du livre, Le Mythe national. L'histoire de France revisitée: 

Cette lecture du passé français à travers la grille d’une Gaule qui préfigurerait la ‘nation’ est obsolète et non sans effets pervers. D’une part elle conditionne spatialement le passé autour du seul Hexagone, excluant de ce passé tout ce qui géographiquement lui est extérieur, comme les Antilles ou même la Corse.

Elle confère à la durée de la présence sur le sol hexagonal présumé ‘gaulois’ une vertu quasi-magique au nom d’une antériorité généalogique qui serait synonyme de supériorité. D’autre part, et c’est le plus grave, l’idée d’une souche gauloise ethnicise fantasmatiquement la ‘véritable’ nation et nie la diversité raciale et culturelle qui a constamment accompagné la création historique de la France.

La Gaule celtique via contreculture - domaine public

La Gaule celtique via contreculture – domaine public

Mathilde Larrere, historienne des révolutions et de la citoyenneté, met en avant l'obsolescence de la phrase (déjà) durant la période coloniale:

Sarkozy se défend de la controverse grandissante en argumentant que :

Ça veut dire qu'il y a un roman national, que ce roman national ce n'est pas forcément la vérité historique dans son détail mais c'est un roman national peuplé de héros qui ont fait la France, et quand on est fils d'un hongrois ou fils d'un algérien et que vous arrivez en France, on ne vous apprend pas l'histoire de la Hongrie ou de l'Algérie, on vous apprend l'histoire de France. Le nivellement de la pensée unique sur le droit à la différence ça suffit.

Sarkozy place donc l'acceptation de cette histoire Gauloise pour tous comme une étape nécessaire à l'assimilation à la nation française. Alors justement, comment cette phrase de Nicolas Sarkozy est perçue par les français qui n'ont aucun doute sur le fait que leurs ancêtres ne sont pas Gaulois ?

Dessin sur les ancêtres gaulois via Aimer Béthune - Domaine public

Dessin sur les ancêtres gaulois via Aimer Béthune – Domaine public

Thomas Snégaroff, professeur d'histoire,  cite le poète Martiniquais Aimé Césaire sur le sujet des “nos ancêtres les Gaulois”:

Quand vous lisez à 6 ans que vos ancêtres étaient des Gaulois, qu'ils étaient blonds aux yeux bleus…Et l'instituteur et nous mêmes nous rigolions. Nous étions avant tout des nègres et créolophones.

 Josette Borel-Lincertin, présidente du Conseil départemental de la Guadeloupe, dénonce de son côté une « vision étriquée de la France »:

La République que nous défendons c'est précisément celle qui parvient à célébrer l'unité dans la diversité et certainement pas celle qui imposerait une vision étriquée de la France, de son identité et de son histoire. Je regrette cette escalade verbale de candidats qui, dans leur course effrénée derrière les électeurs du Front national, arrivent à en adopter les thèses plus éculées, les plus rétrogrades et les plus ineptes du point de vue historique.

Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, évoque aussi les Français issus des anciennes colonies:

 dont les parents et les grands-parents se sont battus pour que nous soyons aujourd'hui un pays libre.  C’est une fiction scientifique, le peuple gaulois n’existait pas. C’est la composition de plein de peuples. La définition du citoyen français c’est de partager les valeurs de la France de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité.

Enfin, Myriam Cottias, responsable du premier Centre international français de recherche sur les esclavages explique pourquoi cette phrase est si lourde de sens caché aux Antilles lors d'une conférence sur l'esclavage:

(..) a choisi pour cette conférence le titre Nos ancêtres les Gaulois… La France et l’esclavage aujourd’hui. Pour les Antillais, cela fait sens. Je ne sais si tel est le cas au-delà des Antilles, mais la formule soulève une question très importante : la possibilité de resituer, dans un parcours historique, la relation des Antilles avec l’Hexagone pour essayer de penser une relation qui ne serait pas prise dans la relation coloniale. La traduction concrète [de nos ancêtres les Gaulois] est la suivante : les anciens esclaves deviennent des Français à part entière.  Voilà pourquoi « nos ancêtres les Gaulois », le mythe fondateur français, sera enseigné dans les colonies. Les Antilles sont devenues françaises et se sont structurées localement sur la base de l’oubli de l’esclavage. Il ne peut être qu’un mot d’ordre politique car c’est un oubli impossible, surtout lorsque les structures de travail demeurent les mêmes, que la hiérarchie raciale héritée de l’esclavage demeure la même. Ce qui n’avait pas été prévu, à mon sens, c’est que le discours universaliste, égalitariste de la République allait produire un tel oubli.

 

Iron Maiden et la musique folk turque, inspiration de ce musicien crétois

jeudi 22 septembre 2016 à 15:02
Stelios Petrakis backstage during stop in New York earlier this year Credit: Marco Werman

Stelios Petrakis en coulisse pendant son passage à New York cette année Crédit : Marco Werman

Cet article d’April Peavey originellement paru sur PRI.org le 6 septembre 2016 est republié ici dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

La Crète, île grecque entre l'Italie et la Turquie, est une sorte de carrefour- un endroit que beaucoup de migrants en route pour l'Europe ont traversé, et plus récemment, le site de vastes camps de réfugiés.

C'est aussi là que le musicien-compositeur Stelios Petrakis puise son inspiration. Il explique : ” ma musique est profonde et émotionelle. Mes chansons parlent surtout d'amour, certaines du respect de l'environnement. De la gentillesse des gens et de la beauté de la Crete.

Dans une interview précédente, Petrakis nous disait qu'il est impossible de ne pas être touché par le sort des réfugiés qui résident sur son île natale. Il ajoutait ” nous sommes tous sensibles, les artistes particulièrement. J'essaie de ne pas me laisser submerger par mes émotions.”

Listen to this story on PRI.org »

Petrakis joue de la lyre et du luth- instruments parmi les plus anciens joués de facon continue dans le monde. Il les fabrique aussi.

Petrakis a fait des études de droit bien qu'il soit aujourd'hui un musicien professionel.

A un moment critique de sa vie, il a dû faire un choix : le droit ou la musique. Il nous confie : “J'avais un concert le même jour que mes examens. J'ai preferé aller au concert plutôt qu'aux examens”.

Aujourd'hui donc, Petrakis est un musicien traditionnel se frayant un chemin dans le monde moderne- et trouvant son inspiration un peu partout.

“Je suis un grand fan du groupe britannique Iron Maiden. J'écoute beaucoup de musique flamenco d'Espagne et de musique de Turquie, de la musique folk et de la musique classique ottomane”.

Iron Maiden ? Ben oui, il nous répond que c'est “une question de puissance”.

L'histoire d'une traductrice autodidacte qui créa un chef d'œuvre littéraire, un mot à la fois

jeudi 22 septembre 2016 à 13:23
Screenshot from ARIRANG NEWS video on YouTube.

Deborah Smith. Capture d'écran de la vidéo de ARIRANG NEWS sur YouTube.

Cet article, initialement paru sur PRI.org le 18 mai 2016, est reproduit ici dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Le Man Booker International Prize for Fiction, un prestigieux prix littéraire britannique, a été décerné cette semaine. L'auteure sud-coréenne Han Kang a été récompensée pour son roman La Végétarienne.

Le livre raconte l'histoire d'une femme qui souhaite devenir un arbre. Les critiques ont qualifié le récit de « lyrique et déchirant ».  C’est aussi assez érotique.

Mais ce dont tout le monde parle n'est pas le livre en lui-même, mais la traductrice.

Listen to this story on PRI.org »

Deborah Smith, cette Britannique de 28 ans qui a brillamment traduit le roman en anglais, a débuté son apprentissage du coréen il y a à peine six ans. Comment a-t-elle donc réussi à interpréter le livre avec une telle précision ?

« Si vous me demandez quel est mon secret, j'ai bien peur d'être aussi ignorante que vous », répond Deborah. « Quand j'y repense, j'ai l'impression d'avoir dû chercher presque un mot sur deux dans le dictionnaire. J'exagère probablement, mais c'était mon impression quand j'ai traduit le roman. C'était un peu comme gravir une montagne. »

Selon elle, le fait de n'avoir commencé à apprendre le coréen que récemment est un réel atout.  « Je savais que je devais tout vérifier et être particulièrement prudente », nous confie-t-elle.  « J'ai aussi dû mettre en question les traductions de certains termes trouvées dans le dictionnaire. »

Qui plus est, le mot à mot n'est pas toujours la meilleure solution en traduction littéraire. « Même si un mot est un équivalant littéral, ce n'est pas nécessairement le bon mot à utiliser si l'objectif est de produire un effet littéraire », dit-elle.

Une amie coréenne lui est également venue en aide. Deborah Smith admet qu'elle a bombardé cette amie, également inscrite à un programme de doctorat, de nombreuses questions agaçantes. (Deborah relisait tous les travaux de son amie en échange de l'aide pour les traductions).

Deborah Smith and Han Kang. Screenshot from ARIRANG NEWS video on YouTube.

Deborah Smith et Han Kang. Capture d'écran de la vidéo de ARIRANG NEWS sur YouTube.

La qualité de la prose anglaise est indéniable, mais le roman a réussi un autre test, plus difficile celui-là : selon la traductrice, les lecteurs parlant couramment le coréen et l'anglais ne remarquent pas que la traduction a été faite par quelqu'un dont le coréen n'est pas la langue maternelle. « Je n'ai reçu aucun commentaire sur le sujet de la part des lecteurs », déclare-t-elle. « On en parle certainement après avoir entendu mon histoire via d'autres canaux. Mais la force et la réussite d'une traduction littéraire réside dans la maîtrise parfaite d'une langue cible, non pas dans la connaissance d'une langue source. »

Selon Deborah Smith, la clé était la connaissance parfaite de l'anglais et savoir l'utiliser pour recréer le style et la voix du roman coréen. Pour cela, elle a plus que les compétences requises. Elle lit environ 200 livres par an. « Et j'en ai lu autant pour aussi longtemps que je m'en souvienne », dit-elle. « Donc sur ce point, j'étais sûre de moi. »

La Végétarienne ne ressemblait en rien aux autres livres que Deborah a lus, et c'est en 2013 qu'elle proposa à une maison d'édition de se charger de la traduction. « C'est un livre qui vous emmène dans un recoin excitant de la littérature contemporaine coréenne. C'est assez différent de la littérature de beaucoup d'autres pays », dit-elle.

Et c'est pourquoi elle a choisi de traduire un livre d'une langue qu'elle ne maîtrisait pas parfaitement. « Je pense que c'est là l'essence-même de la traduction : rendre disponible dans une langue ou une culture un texte qui est nouveau et qui n'existait pas avant. »

Lisez un extrait de La Végétarienne ici:

Une infirmière australienne parle de son engagement pour les réfugiés en Grèce

jeudi 22 septembre 2016 à 13:11
Helen Zahos with lifejackets on Lesbos

Helen Zahos au milieu des gilets de sauvetage sur Lesbos. Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Aussie Volunteers Helping Refugees in Greece (page Facebook)

Améliorer la vie des autres, c'est possible au niveau de chacun : pour preuve, le travail humanitaire d'Helen Zahos de bénévole au service des réfugiés. Infirmière aux urgences et ambulancière, elle est née en 1977 à Darwin, la capitale du Territoire du Nord australien. Elle a grandi sur Groote Eylandt dans le golfe de Carpentaria, où ses parents, des migrants grecs, travaillaient pour la compagnie minière de cette île.

C'est à Darwin qu'elle a fait ses éudes secondaires, obtenu son baccalauréat en sciences infirmières et fait ses études paramédicales. Helen est infirmière diplômée depuis 1999 et ambulancière depuis 2000. Elle se passionne pour la santé indigène et a travaillé dans les communautés aborigènes isolées du territoire des A.P.Y. [Anangu Pitjantjatjara Yankunytjatjara, en Australie-Méridionale] de 2006 à 2009.

Helen a une vaste expérience de volontaire. En novembre 2013 elle a été envoyée aux Philippines dans le cadre de la réponse-post catastrophe après le typhon Haiyan. L'année 2014 a vu les priorités d'Helen se déplacer vers la santé et la défense des réfugiés lors de son travail sur l’île Christmas au centre de détention australien des demandeurs d'asile. Helen a ensuite mis à profit ses vacances pour être bénévole en Grèce avec Médecins du Monde durant la crise financière, donnant des soins médicaux aux retraités et aux personnes démunies. Elle a également travaillé au centre de détention de demandeurs d'asile de Nauru.

En avril 2015 Helen a contribué à l'intervention après le tremblement de terre au Népal avec la Non-Nepalese Residence Association, accédant aux zones isolées de Ghorka et Ahrket. En août 2015 quand les images de réfugiés inondaient les médias sociaux, Helen a fait campagne pour lever des fonds finançant du matériel médical, avant de s'envoler en septembre pour du volontariat avec Médecins du Monde Grèce sur l'île de Lesbos. Là, elle a vu les milliers de réfugiés fuyant la Syrie et les pays à l'entour, et a contribué au travail médical. Le magazine australien Neos Kosmos a publié en octobre 2015 un reportage sur les activités d'Helen :

L'infirmière bénévole grecque-australienne Helen Zahos témoigne sur la crise des migrants à Lesbos

Puis Helen a déplacé son activité sur la frontière entre la Macédoine (FYROM) et la Grèce, et a assisté à la première fermeture de frontière et aux scènes d'émeutes qui lui ont rapidement succédé.

Depuis son retour en Australie, Helen a levé des fonds pour expédier des équipements d'urgence à Lesbos, donnés par l'organisation Ambulance Victoria. Actuellement, elle travaille comme infirmière aux urgences dans un hôpital de Gold Coast au Queensland.

Après une longue et extensive conversation sur vidéo, Helen a bien voulu répondre à quelques questions écrites sur ses expériences.

Kevin Rennie (KR): Racontez-nous votre enfance dans le Territoire du Nord. En quoi vos années de formation, notamment celles sur Groote Island, vous ont-elles préparée à votre travail de volontaire humanitaire ?

Helen Zahos (HZ): Groote Eylandt était, à la fin des années 70 et dans les années 80, un endroit formidable pour vivre son enfance. C'était une petite communauté avec un esprit collectif chaleureux, et j'ai grandi en faisant partie intégrante de cette ambiance de collectivité. Des organisations comme le Lions club et les Guides Jeunes Filles étaient très actives sur l'île, et il y avait toujours des collectes d'une sorte ou d'une autre auxquelles je participais. La compagnie minière de Groote Eylandt était le principal employeur de l'île, et attirait une nombreuse main d'oeuvre de divers horizons, depuis les habitants originels de l'île jusqu'aux migrants du monde entier. Mes camarades de classe à l'école locale d'Alyangula étaient tous de différentes origines et cultures.

KR: Dans une de vos interviews vidéo, vous dites que “les réfugiés sont des êtres humains… comme vous et moi”. Racontez-nous quelques-unes de vos rencontres qui illustrent cela.

HZ: J'ai fait tellement de rencontres dont j'ai pensé que cela aurait pu être moi, ou ma mère ou mon père.

J'ai parlé à des professeurs qui avaient fui sous la menace d'une arme, et qui espéraient se réinstaller en Allemagne et enseigner à nouveau un jour la gymnastique. Il y a eu ce professeur d'université qui m'a aidée un jour dans la tente-hôpital où nous avons examiné des centaines de gens. Comme notre interprète était malade ce jour-là, il l'a remplacé et était honteux et gêné de porter les mêmes habits et de ne pas avoir changé de chaussettes depuis trois semaines.

J'ai parlé avec une maman qui était enseignante, son mari avocat, elle était enceinte et accompagnée d'un garçonnet de 4 ans. Elle avait laissé son mari derrière elle.

J'ai aidé une dame qui avait emporté sa propre chimiothérapie, après avoir vu son père subir des chimiothérapies jusqu'à sa mort. Je n'arrivais pas à croire que nous la mettions en oeuvre dans une tente sale et poussiéreuse, sans machinerie ou équipement de monitoring, sans couvertures ou tasses de thé pour rendre plus confortable la thérapie de cette femme. Quelle cruauté… chacun avait son histoire et chacun touchait une corde sensible.

KR: Vous parlez du sentiment de trahison de certains Grecs qui voient dans votre travail avec les réfugiés une menace. Quels seraient les moyens de combler ce fossé ?

HZ: Il y a beaucoup de raisons qui font que des Grecs sur place voient les réfugiés comme une menace et je pense que c'est la peur qui en est le plus grand catalyseur. J'ai entendu beaucoup de propos du genre ‘pourquoi elle les aide (les réfugiés) au lieu des Grecs qui souffrent de la crise financière ?’ Souvent ceux qui disent cela oublient que j'ai été bénévole en particulier pour les Grecs de là-bas dans une policlinique où les retraités et les défavorisés pouvaient accéder aux soins et aux médicaments. J'ai envoyé du matériel et aidé des dispensaires locaux qui sont au service des Grecs.

Je crois que la situation en ce moment est catastrophique en ce que les réfugiés piégés en Grèce par les fermetures de frontières ne veulent pas être en Grèce. Leur but était d'aller dans d'autres pays d'Europe avec de meilleures perspectives de travail et d'enseignements que ce que peut offrir la Grèce et de retrouver des membres de leur famille. De nombreux Grecs dans le pays ne veulent pas des réfugiés parce qu'ils craignent les pertes d'emploi, l'accroissement de la criminalité et des dépenses publiques pour loger, nourrir et soigner, dans un pays qui croule déjà sous ses propres difficultés financières.

Tant qu'il n'y aura pas de réponses plus définitives sur ce qui va se passer pour les plus de 80.000 réfugiés coincés en Grèce, les opinions des gens du cru ne changeront pas. Beaucoup de Grecs se rappellent la guerre, quand c'étaient les Grecs qui arrivaient en bateaux par milliers, c'est pour cette raison que beaucoup de Grecs plus âgés sont tolérants et compréhensifs, et montrent de l'empathie pour les réfugiés syriens.

KR: De quelles façons le temps que vous avez passé dans les centres de détention de demandeurs d'asile de l'île Christmas et de Nauru influe-t-il sue votre décision de volontariat ?

HZ: Ma période de travail à l'île Christmas et à Nauru m'a pemis de parler avec les réfugiés et les demandeurs d'asile, d'entendre leurs histoires et d'acquérir une notion de ce qu'ils ont fui. Sans ce temps passé dans les centres de détention, je ne pense pas que j'aurais pleinement saisi les effets de ce qui se passait. J'ai eu une vision et une connaissance des ressources et procédures en action sur l'île Christmas surtout quand un petit esquif est arrivé avec des demandeurs d'asile. A voir les images des milliers arrivant sur les îles grecques en un exode de masse, j'ai su qu'une aide en personnels était une nécessité urgente.

KR: Comment avez-vous trouvé l'ONG française Médecins du Monde et pourquoi avez-vous choisi de travailler avec eux ? Quelles sont les particularités de leur communauté ?

HZ: Quand je travaillais sur l'ile Christmas en 2014 et que je m'apprêtais à des vacances en Grèce, j'ai ressenti le besoin d'utiliser mes compétences car Ies articles faisaient état des souffrances des Grecs (et surtout des retraités) dans la crise financière grecque. Ma conscience était mal à l'aise de passer des vacances en Grèce quand les gens y souffraient. Aussi ai-je simplement cherché les organisations de bénévoles à la recherche d'infirmières. Je les ai contactés par e-mail, c'était aussi simple que ça. Je suis passée par leur procédure détaillée de candidature.

KR: Que vous ont appris sur vous-même et les autres ces challenges ?

HZ: J'ai appris que tout le monde n'est pas aussi attentionné ; que le mot ‘réfugié’ est une étiquette salissante qui dépouille les personnes de leur identité. J'ai appris que lorsqu'une catastrophe naturelle se produit le monde entier débarque pour aider à plein régime, comme après le tremblement de terre au Népal ou le typhon Hyan, mais quand la catastrophe résulte de la guerre, il n'y a personne à part les volontaires civils et les organisations non gouvernementales.

J'ai appris sur les bénévoles spontanés et Ieur impact négatif sur l'action des équipes sur le terrain, quand ils étaient pleins de bonne volonté mais pas coordonnés.

J'ai appris que la crise des réfugiés est politique et que l'opinion australienne est extrêment éloignée de la situation. J'ai appris que l'Australie est un pays tellement grand, et pourtant incapable d'accueiliir un millier de réfugiés bloqués dans des centres de détention offshore, un pays qui utilise ces gens comme des pions politiques dans un jeu sur lequel ces innocents n'ont aucune prise.

Je me suis brusquement transformée en défenseur. On nous a appris, en tant qu'infirmiers à être des défenseurs des patients, et d'un seul coup je me suis trouvée dans une situation où ces gens avaient besoin de soutien et où il fallait faire prendre conscience au public de ce qui se passait.

J'ai appris à regarder en face de moi la personne dont je m'occupe comme un individu, au lieu des cinq ou dix mille, car on serait impuissant. J'ai aussi appris que des tas de gens choisissent de ne pas se sentir concernés et de ne rien voir.

Je repense maintenant à ce moment où, couchée sur mon lit, je regardais ces images sur les médias sociaux et je me disais ‘je peux faire quelque chose, je peux y aller et être bénévole’. Maintenant que je suis rentrée je m'aperçois de l'impact de la situation sur moi, et que l'on peut trouver une idée et aller au bout, et avoir un impact positif sur les gens. Qu'on n'a pas besoin pour cela d'être extraordinaire ou qualifié. Il suffit d'être passionné et attentif et les choses se mettent en place d'elles-même, et en avant, accrochez-vous !

KR: Quel est votre conseil à ceux qui veulent changer la façon dont le monde traite les réfugiés en quête de sécurité et de vie meilleure ?

HZ: A tous ceux qui soutiennent les réfugiés et veulent les aider à avoir la vie meilleure qu'ils méritent, je dis, restez forts et restez fidèles à vous-mêmes. Il y a tellement d'histoires de haine et de politiciens qui distillent les peurs. C'est facile d'être blessé par des mots prononcés, ou d'avoir envie de baisser les bras, mais alors vous croiserez une histoire ou une personne avec une formidable histoire de courage et cela vous rappelera pourquoi vous voulez aussi passionnément aider les réfugiés.

Vous pouvez en savoir plus sur le travail bénévole d'Helen grâce à un grand nombre de vidéos. Antony Shows a publié l'entretien ci-dessous en avril 2016, ainsi qu'un clip en grec.

La web-télé Meraki TV a aussi interviewé Helen en août 2016. L'entretien démarre à 16'45.

Helen a rencontré dernièrement des propriétaires d'un café de Darwin qui avaient collecté des fonds et l'ont aidée quand elle est partie en Grèce. Ils voulaient refaire une collecte afin qu'elle y retourne dépenser l'argent recueilli dans les camps qui en ont besoin.

Elle a aussi ouvert une page Facebook à l'intention de ceux désirant aider : Aussie Volunteers helping Refugees in Greece [Volontaires australiens à l'aide des réfugiés en Grèce].

Merci à Asteris Masouras de Global Voices, depuis Thessalonique en Grèce, pour nous avoir mis en contact.

L’Art du « Système D » des panneaux de basket-ball philippins

mardi 20 septembre 2016 à 23:19
Photo by Richard Daniels, used with permission

Photo Richard Daniels, utilisation autorisée

Curieux d'en savoir plus sur la popularité du basket-ball aux Philippines, Richard Daniels a passé ces cinq dernières année à photographier des paniers de basket-ball dans les zones rurales du pays.

Le basket-ball est le sport le plus populaire des Philippines. Malgré le manque d'installations sportives dans leur pays, les Philippins ont trouvé des moyens ingénieux de fabriquer des paniers de basket dans des endroits divers et variés, que ce soit les rues ou les propriétés abandonnées.

Interrogé par Global Voices sur ce qui lui a donné l'idée de démarrer ce projet documentaire, Daniels a répondu qu'il était intrigué par la popularité du basket-ball aux Philippines, notamment dans les campagnes :

Comme Anglais et fan de football, je n'arrivais pas très bien à comprendre pourquoi le basket-ball était si populaire ici en contraste avec le football, qui domine le reste du monde. Mon reportage photo a commencé comme une recherche sur l'amour des Philippins pour le basket-ball, en tirant littéralement des paniers. Et j'étais plus attiré par les aspects esthétiques et culturels des terrains et panneaux improvisés dans les villages les plus pauvres que par les terrains normalisés de gymnases dans les zones de banlieues.

Photo by Richard Daniels, used with permission

Photo Richard Daniels, utilisation autorisée

Daniels raconte sa surprise de voir que presque tout le monde joue au basket dans les communautés rurales :

J’espère que mon projet communiquera au public l’engouement du pays pour le basket et à quel point ce sport est ancré dans la culture locale. J’ai vu beaucoup de panneaux de basket au cours du projet mais ça me fascine toujours de voir ces terrains de basket improvisés partout et n’importe où et de voir des gens de tous âges jouer – parfois même en tongs.

La photo préférée de Daniels a été prise pendant que des agriculteurs défrichaient des champs pour les cultiver :

Ma photo préférée est celle d’un terrain de basket qui semble tout droit sorti d’un des films de Mad Max. On dirait que la structure du panneau est construite en os ! De plus, quand j’ai pris cette photo les champs autour brûlaient car des agriculteurs étaient en train de défricher le terrain. Je crois que ça s’appelle de l’agriculture sur brûlis. C’était une scène incroyable.

Photo by Richard Daniels, used with permission

Photo Richard Daniels, utilisation autorisée

Daniels espère dénicher des clichés de paniers de basket intéressants dans d’autres régions du pays. En attendant, vous trouverez ci-dessous un échantillon des photos de Daniels témoignant de la ténacité et de la créativité des amateurs de basket philippins.

Photo by Richard Daniels, used with permission

Photo Richard Daniels, utilisation autorisée

Photo by Richard Daniels, used with permission

Photo Richard Daniels, utilisation autorisée

Photo by Richard Daniels, used with permission

Photo Richard Daniels, utilisation autorisée

Photo by Richard Daniels, used with permission

Photo Richard Daniels, utilisation autorisée

Photo by Richard Daniels, used with permission

Photo Richard Daniels, utilisation autorisée

Photo by Richard Daniels, used with permission

Photo Richard Daniels, utilisation autorisée