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Donald Trump au Mexique : une visite au goût amer pour les Mexicains

samedi 3 septembre 2016 à 10:46

 

Captura de pantalla de la conferencia de prensa de Peña Nieto y Trump tras su reunión privada. Transmitida por YouTube.

Capture d'écran de la conférence de presse du Président Peña Nieto et Trump après leur entretien en privé. Transmise sur YouTube.

Le candidat du Parti républicain à la présidence des Etats-Unis d'Amérique, Donald John Trump, a effectué mercredi 31 août 2016 une visite-éclair dans la capitale mexicaine pour s'entretenir en privé avec le président du Mexique Enrique Peña.

Depuis la veille au soir la nouvelle circulait, selon laquelle le candidat américain à la Maison blanche avait accepté l'invitation du président Peña, qui avait aussi invité la candidate du Parti démocrate Hillary Clinton à s'entretenir avec lui. Toutefois, pour le moment, seul Donald Trump a accepté.

Voici comment est apparue l'information sur le compte Twitter officiel du président mexicain :

J'ai invité au Mexique les candidats à la présidentielle des Etats-Unis pour discuter de nos relations bilatérales. Demain, je reçois Donald Trump.  Enrique Peña Nieto (@EPN) 31 août 2016

L'événement a été massivement condamné sur les réseaux sociaux mexicains. Sur Twitter les usagers ont aussitôt manifesté leur mécontentement :

Mercredi, 11 heures.
Place de l'Ange de l'Indépendance  : “Dehors, EPN”, ” Trump, tu n'es pas le bienvenu”#FueraTrumpFueraEPN#TrumpNoEresBienvenidopic.twitter.com/YXrglcuNrB

— Berenice Rodríguez (@berenice_rj) 31 août 2016

Je me sens réellement offensée par cette invitation de @EPN a @realDonaldTrump #TrumpNoEresBienvenido #FueraTrumpFueraEpn https://t.co/QQPJttF5f8 — Joyce Mac Naught ♕ (@joycemacs) 31 août 2016

Ce pourrait être une bonne stratégie de faire venir #Trump à México pour le mettre en danger, mais on sait bien que #EPN n'est pas un fin stratège alors …. bon ! — Hannah Sotelo (@Hanniux) 31 août 2016

Pour le journaliste Gabriel Guerra (plus 75 000 suiveurs sur Twitter), l'invitation peut être interprétée selon deux points de vue :

Pour #Trump, ça fait partie de sa campagne, c'est un coup de pub. Pour #EPN, c'est le pari le plus risqué de son mandat. https://t.co/gilRVTqZgP — Gabriel Guerra C (@gabrielguerrac) 31 août 2016

Les commentaires méprisants que Trump a prononcé contre les Mexicains pendant sa campagne ont engendré l'animosité des citoyens mexicains et des mexicano-américains, tout comme sa promesse de construire un mur sur la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique pour mettre un terme à l'immigration.

Etant donné le caractère inattendu de la rencontre, les gens ont commencé à se demander quelle en était la raison. Elizabeth Rivera – rédactrice chez Global Voices Latinoamérica – a envoyé le message suivant :

Ah !!! Ca y est j'ai compris #EPN (Enrico Pena Nieto) et #Trump vont annoncer ensemble que c'est le Groupe de BTP Higa qui va construire le mur. — Eli (@elicitizen) 31 août 2016

[Note: Le Groupe Higa est un consortium quia été favorisé dans l'attribution de divers marchés publics de travaux quand Enrique Peña était gouverneur de l’Etat de Mexico. Qui plus est, c'est le même groupe qui a offert une luxueuse propriété à l'épouse de M. Peña, un scandale connu sous le nom de “Casa Blanca“]

JoseLo Herrera, tient des propos similaires :

Donald Trump vient au Mexique pour proposer un emploi à tous les mexicains. CONSTRUIRE LE MUR.  — JoseLo Herrera (@Paco_Rabane) 1° septembre 2016

La rencontre

L'avion privé du magnat américain (plus communément appelé Trump Force One) a atterri à l’aéroport international de Mexico vers 13h30 le 31 août – alors même que les atterrissages de vols privés sur cet aéroport sont bien évidemment interdits. Après quoi, il est monté à bord d'un hélicoptère officiel du gouvernement mexicain pour se rendre à Los Pinos (la résidence présidentielle) pour un entretien privé.

Pendant le séjour du “Don” (comme le surnomment certains de ses compatriotes) à Los Pinos, une trentaine de manifestants se sont réunis autour de l'emblématique statue de l’Ángel de la Independencia (l'Ange de l'Indépendance) pour protester contre la venue du millionnaire.

Protestas en México por la visita del candidato a la presidencia de Estados Unidos por el Partido Republicano. Imágenes del autor.

Manifestations à Mexico contre la visite du candidat du Parti républicain à la présidentielle des Etats-Unis. Photos de l'auteur.

Après leur réunion à Los Pinos, le président Peña et son invité ont donné une conférence de presse. Les médias traditionnels nationaux ont repris les propos du chef de l'exécutif qui a déclaré que “les Mexicains méritent le respect de tous”, alors que les médias étrangers se sont intéressés à la réponse donnée par le candidat américain au sujet du tristement célèbre mur frontalier : “Les Etats-Unis ont le droit de construire un mur pour freiner l'immigration, mais on n'a pas encore évoqué qui paiera”.

Le journaliste Jorge Ramos fait ainsi le bilan de cette rencontre :

Trump s'en va sans faire d'excuses, sans témoigner aucun respect envers les Mexicains et sans changer en quoi que ce soit son programme anti-immigration. — JORGE RAMOS (@jorgeramosnews) 31 août 2016

Ricardo Anaya, leader d'un mouvement politique d'opposition à Enrique Peña, s'est exprimé de la manière suivante :

Au lieu d'exiger qu'il fasse des excuses, le gouvernement a laissé @realDonaldTrump humilier les Mexicains. C'est inacceptable. — RicardoAnayaC (@RicardoAnayaC) 31 août 2016

Et Robert Valencia, collaborateur de Global Voices, commente ainsi le rôle du dirigeant mexicain :

.@EPN a raté l'occasion de mettre Trump au pied du mur, confortant ainsi son image de leader sans force de caractère. — Robert Valencia (@rvalentwit) 1° septembre 2016

Outre la polémique soulevée par l'invitation du magnat américain, Peña s'est retrouvé sous le feu d'innombrables critiques après la publication d'une enquête journalistique dont il ressort qu'il a plagié sa thèse professionnelle. Trump, quant à lui, s'est retrouvé confronté à une chute dans les sondages sur les intentions de vote lors des élections de novembre prochain.

Solidarité et polémiques sur les réseaux sociaux italiens après le séisme

samedi 3 septembre 2016 à 09:14

Vidéo : Source ANSA publiée sous Licence YouTube standard

Les funérailles nationales des victimes du séisme se sont déroulées à Ascoli Piceno et ailleurs, alors que la terre continuait de trembler et de causer de nouveaux dommages. Les Italiens, et de nombreux amis de l'Italie dans le monde, se sont fortement mobilisés pour faire face à l’urgence. Dans tout le pays, les Italiens ont participé à l’élan de solidarité, qui pour donner du sang, qui pour être volontaire, qui pour envoyer de l'argent par SMS, qui offrant hospitalité, vêtements et nourriture pour les personnes évacuées.

Une campagne conduite par les médias pour inviter à donner la somme de 2 euros via SMS au 45500 a dépassé le total de 10 millions d'euros [it, comme les liens suivants]. En outre, TIM, un des principaux opérateurs de téléphonie et d’Internet, la chaîne de télévision La7 et le journal Il Corriere della Sera ont lancé, en partenariat avec une start-up, une campagne de crowdfunding qui, moins de 24 heures après son lancement, avait recueilli la somme de 150 000 € et le chiffre continue d'augmenter. Mardi, il dépassait les 350 000 euros, avec plus de 6 000 donateurs.

Les médias sociaux se sont mobilisés dès les premières heures après la publication des nouvelles sur l'ampleur des dégâts causés par le séisme. Matteo Tempestini de Prato, un utilisateur très suivi, a transformé sa page Facebook en une source d'informations. Dans une de ses publications, il écritle jour même du tremblement de terre :

Qui ci sono più di 450 persone che oggi si sono parlate sul tema del #terremoto scambiandosi informazioni utili su come donare sangue, vestiti, alimenti e fornendo informazioni su alloggi, mettendo a disposizione alberghi e case. Stiamo cercando di veicolare quello che si sa in modo utile a tutti e di farlo senza disperdere forze. Se ci fosse all'ascolto qualcuno che vuole dare una mano anche solo per comunicare qualcosa può farlo. Grazie a tutti.https://www.facebook.com/groups/1758670357733881/

Ici se trouvent plus de 450 personnes qui, aujourd’hui, ont communiqué sur le #terremoto, échangeant des informations sur comment donner du sang, des vêtements, de la nourriture, et fournissant des informations sur l'hébergement, sur des hôtels et des maisons de particuliers offrant des chambres. Nous essayons de transmettre ce que nous savons de manière utile à tous et de le faire sans disperser les forces. S'il quelqu’un qui écoute veut aussi aider, ne serait-ce que pour communiquer quelque chose, il peut le faire. Merci à tous. https://www.facebook.com/groups/1758670357733881/

Le site terremotocentroitalia.info présente les différentes activités de la communauté italienne de cartographie OpenStreetMap qui a développé un réseau pour la centralisation et la diffusion des informations et pour aider des services de secours dans les zones touchées par le séisme :

Il coordinamento dei volontari avviene tramite la piattaforma OSM Tasking Manager, nella quale fin’ora sono stati creati per questo evento 3 progetti collaborativi:

Quest’ultimo in questo momento è quello probabilmente più attuale, in quanto i dati pubblicati da Copernicus EMS sul terremoto (EMRS177 Earthquake in Central Italy) sono separati per mappa di rilevazione e quindi fortemente frammentati.I dati sono stati uniti in un unico shapefile ed è stato creato un servizio WMS da usare come riferimento. La legenda è questa.

La coordination des bénévoles se fait à travers la plate-forme OSM Tasking Manager où, jusqu'à présent, 3 projets collaboratifs ont été créés pour cet événement :

Ce dernier est probablement en ce moment le plus à jour, puisque les données publiées par Copernic EMS sur le tremblement de terre (EMRS177 Earthquake in Central Italy) sont séparées par carte de relevés et donc sont fortement fragmentées. Les données ont été fusionnées en un unique fichier cartographique, un service WMS à utiliser comme référence a été créé. La légende est la suivante.

Le site osmit-tm.wmflabs.org fournit des informations sur la cartographie de la zone du tremblement de terre et les demandes d’informations de la part de quelques localités :

Mappiamo il mappabile, vediamo se riusciamo ad ottenere foto aeree aggiornate della zona, rimanete aggiornati sulla Mailing list italiana o su Twitter. Le zone dove è necessario avere più informazioni sono: Amatrice, Accumoli, Sommati, Cittareale, San Benedetto, Colle Magrone, Norcia (con 1 Km di Buffer dove dovrebbero stazionare molte funzioni di soccorso), Popoli, Villanova, Poggio Casoli, San Giovanni.

Nous cartographions le cartographiable, voyons si nous réussissons à obtenir des photos aériennes actualisées de la région, restez informés via la liste de diffusion en italien ou sur Twitter. Les zones où le besoin d’informations est le plus grand sont : Amatrice, Accumoli, Sommati, Cittareale, San Benedetto, Colle Magrone, Norcia (avec 1 km Buffer où ils devraient être stationnés plusieurs services de secours), Popoli, Villanova, Poggio Casoli, San Giovanni.

Screenshot (47)

Capture d'écran de la vidéo de l’ANSA “Le film du tremblement de terre qui a dévasté Amatrice”.

Le YouTubeur eppela.com, qui a lancé une campagne de collecte de fonds en collaboration avec la Croix-Rouge italienne – Comité Lucca,, écrit :

Come sempre nei momenti di crisi la rete non rimane a guardare. Facebook ha attivato il servizio Safety Check che permettere agli utenti di far sapere ai propri cari d’essere incolumi.

Mentre su Twitter si susseguono gli hashtag, con numeri che dimostrano quanto il paese sia unito in caso di bisogno. Secondo l'analista Vincenzo Cosenza questi gli Hashtag più in voga;

#terremoto usato 171.000 volte da 47.500 utenti, #amatrice 24.000 volte, #rieti 10.000 volte #accumoli 6.000 volte. E saliranno.

I “cinguettii” più virali che seguono le ore da incubo sono quelli della Croce Rossa e di Palazzo Chigi con i numeri attivi della Protezione civile. I primissimi tweet risultano invece degli utenti svegliati dalla prima scossa a Roma e Firenze.

Comme toujours en période de crise, la Toile ne reste pas à regarder sans rien faire. Facebook a activé le service de vérification de sécurité qui permet aux utilisateurs de savoir si leurs proches sont sains et saufs.

Alors que sur Twitter se succèdent les hashtags, avec des chiffres qui démontrent combien le pays est uni en cas de besoin. Selon l'analyste Vincenzo Cosenza, les hashtags les plus populaires sont :

#terremoto utilisé 171 000 fois par 47 500 utilisateurs, #amatrice (nom du village épicentre du séisme) 24 000 fois, #rieti 10 000 fois, #accumoli 6 000 fois. Et ils vont augmenter.

Les “tweets” les plus viraux après les heures de cauchemar sont ceux de la Croix-Rouge et du Palais présidentiel Chigi avec les numéros mis en place par la Protection Civile. Les tout premiers tweet ont été publiés par contre par des utilisateurs réveillés en sursaut par la première secousse à Rome et à Florence.

Plusieurs petits gestes démontrent une grande solidarité :

#coloritocaserta contribue avec un petit geste à une grande cause #Amatrice #solidarity pic.twitter.com/vD6pTzesOG
- Colorito (@ColoritoCaserta) 29 août 2016

Parmi les initiatives à l'étranger, il faut souligner celle de Italy-America Chamber of Commerce West de Los Angeles qui a lancé plusieurs initiatives aussi sur ses pages Facebook et Twitter, par exemple cet appel :

Visitez les restaurants @ilfornaionline, commandez une #amatriciana et soutenez les victimes du tremblement de terre ! #Amatrice #solidarity #helpnow pic.twitter.com/3DraSBavyr

— IACCW (@Iaccw_La) 26 août 2016

Sur le site Lettera43.it, , journaliste et écrivain, spécialiste de la littérature française du XIXe siècle, exprime sa surprise qu’on ne puisse pas transférer tout l'argent d’une journée en publicités en faveur des victimes, pour des raisons bureaucratiques :

L’amministratore delegato di Rai Pubblicità, Fabrizio Piscopo, mi ha risposto dopo pochi minuti con questo sms: «Ampiamente pensato, ma impedimenti legislativi non ci hanno permesso di farlo. Sarebbero 850 mila euro». E sarebbero sufficienti, se ben gestiti, a ridare una fisionomia ai monumenti di Accattoli e Amatrice che la funzionaria addetta al patrimonio storico artistico del Reatino, Alia Englen, intervistata ieri dalla Stampa, riteneva salvabili per la maggior parte

Le directeur général de la chaine publique Rai Pubblicità, Fabrizio Piscopo, m’a répondu après quelques minutes avec ce sms : « Nous y avons beaucoup réfléchi, mais des obstacles législatifs ne nous permettent pas de le faire. Cela représenterait 850 000 €. » Et ils seraient suffisants, s’ils étaient bien gérés, pour redonner un visage aux monuments d’Accattoli et d’Amatrice, que la fonctionnaire chargée du patrimoine historique artistique du Reatino, Alia Englen, interviewée hier par la presse, estimait sauvables pour la plupart.

Internet n'a pas été seulement un lieu de solidarité et de deuil. Comme lors de catastrophes précédentes, des théories du complot se sont rapidement propagées, parmi lesquelles celle selon laquelle le gouvernement italien aurait réduit la portée du tremblement de terre à 6,0 sur l'échelle de Richter au lieu de 6,2 pour éviter de payer des dommages et intérêts aux victimes. Malgré son manque de fondements, cette théorie s’est rapidement répandue.

Paolo Businaro répond à ces controverses en partageant son expérience acquise après le tremblement de terre en Émilie en 2012 :

Paolo Businaro Io parlo per esperienza: sono di Mirandola, ho vissuto il sisma del 2012, sono stato fuori casa più di un anno in affitto in un paese vicino. L'affitto è stato pagato dal comune di Mirandola finché la casa dove abitavo non è stata messa in sicurezza e quindi agibile e tutti i lavori di ristrutturazione e miglioramento antisismico sono stati pagati dallo stato, con tempistiche che rispecchiano l'elevato tasso di burocrazia presente in Italia, ovviamente, ma alla fine io di soldi non ne ho tirato fuori. Solo per dare a Cesare quello che è di Cesare è inutile buttare merda a caso.

Paolo Businaro en parle par expérience : je suis de Mirandola, j'ai vécu le tremblement de terre de 2012, j’ai vécu hors de chez moi pendant plus d'un an en location dans un village voisin. Le loyer a été payé par la ville de Mirandola tant que la maison où je vivais n’a pas été sécurisée et donc accessible. Tous les travaux de restructuration et les améliorations antisismiques ont été payés par l'État, avec des délais qui reflètent le niveau élevé de bureaucratie en Italie, bien sûr, mais à la fin je n’ai pas sorti d'argent de ma poche. Juste pour rendre à César ce qui appartient à César, il est inutile d'accabler n'importe qui.

Enrico Mentana, directeur de TG LA7, a attaqué ceux qu'il appelle « empoisonneurs du web ». Il cite à titre d'exemple :

Un testo base che è più o meno questo: “Mi sono accorto di una cosa. Mentre facevo zapping sono finito sul canale 141 , c'è la rete Allnews francese e nel serpentone c'è scritto terremoto 6.2. Li per lì non ci ho fatto caso, ma guardando una rassegna delle TV straniere e stampa, tutti scrivono 6.2 . Mentre le TV italiane e istituto di geofisica scrivono e parlano di magnitudo 6.0. Ho guardato il sito della geofisica europea e lì scrivono 6.2. A pensar male si fa peccato ecc, ma sono andato a guardare anche la legge voluta da Monti per il terremoto dell'Emilia. Se un terremoto supera il 6.1 i danni li paga lo stato se non li supera li pagano gli enti locali…….. A voi le conclusioni!”.

Ecco, le conclusioni le traggo io: nelle prime ore di una tragedia che ha cancellato centinaia di vite umane c'è gente che invece di prendere a cuore la sorte di un pezzo del paese pensa bene di avvelenare i pozzi, confezionando bufale che creano sconcerto, diffidenza, avversione, sfiducia e odio sociale, nel momento che dovrebbe essere della solidarietà.

Un texte de base qui dit plus ou moins ceci : « J’ai réalisé quelque chose. tandis que je zappais, j’ai atterri sur le canal 141, il y a le réseau Allnews français et dans la bande défilante il est écrit ‘terremoto 6.2’. Au début, je n’ai pas fait attention, mais en regardant une synthèse des télévisions étrangères et de la presse, j’ai remarqué que tous écrivent 6,2. Alors que la télévision et l’institut italien de géophysique écrivent et parlent d’une magnitude de 6,0. J’ai regardé le site de la géophysique européenne et là, ils écrivent 6,2. Penser à mal est un péché etc., mais je suis aussi allé regarder la loi voulue par Monti pour le tremblement de terre en Émilie. Si un tremblement de terre dépasse 6,1, l'État paie les dommages, dans le cas contraire ce sont les autorités locales qui paient…….. Je vous laisse à vos conclusions ».

Voilà, je tire moi-même les conclusions : dans les premières heures d'une tragédie qui a détruit des centaines de vies humaines il y a des personnes qui, au lieu de prendre à cœur le sort d'une partie du pays, pensent plutôt à empoisonner les puits, fabriquant des canulars qui créent la confusion, la suspicion, l'aversion, la méfiance et la haine sociale, alors qu’il devrait y avoir de la solidarité.

Arianna Ciccone, cependant, directrice du Festival International du Journalisme, souligne que même la presse traditionnelle a des responsabilités si les fausses informations se diffusent si rapidement :

Io penso che mettere alla berlina chi è inciampato in un errore non porti a nessun beneficio. Piuttosto, bisognerebbe interpretare questi inciampi come piccoli, sistematici campanelli d'allarme di cui le istituzioni e i media dovrebbero farsi carico, anche perché gli utenti della Rete sono anche gli spettatori dei telegiornali, gli acquirenti dei quotidiani, sono le persone a cui ci rivolgiamo chiedendo attenzione, clic, soldi in alcuni casi.

Je pense que dénoncer ceux qui sont tombés dans une erreur n’apporte rien de bien à personne. Au contraire, nous devrions interpréter ces achoppements comme de petites cloches d'alarme systématiques dont les institutions et les médias devraient assumer la responsabilité, également parce que les internautes sont aussi les téléspectateurs des journaux télévisés, les acheteurs de journaux, ce sont les gens auxquels nous demandons une attention, des clics, de l'argent dans certains cas.

Brésil : en route pour le Pico da Neblina, avec les Yanomami

samedi 3 septembre 2016 à 08:48
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Une expédition inédite vers le point culminant du Brésil pour préparer les sentiers de l'écotourisme. Photo: Guilherme Gnipper/Funai, publiée avec son autorisation.

Ce post a été initialement publié par Marcos Wesley sur le compte Medium de Instituto Socioambiental (Institut Socio environnemental, ISA), associé à Global Voices par un partenariat.

Si l'ascension du Pico da Neblina (le Pic du brouillard) est déjà en soi une expérience excitante, imaginez l'émotion que l'on ressent à faire cette randonnée guidé par un pajé (sorte de chaman) Yanomami qui a passé son enfance et son adolescence tout près de cette montagne, bien avant l'arrivée des blancs !

“Ici, c'était chez nous, cet endroit s'appelait Irokae (le cri du singe guariba)”, nous raconte le pajé Carlos Yanomami dans sa langue, en montrant la forêt qui semble intacte, mais qui abritait, il y a 60 ans, la maison collective où se célébraient les fêtes et les rites de sa famille.

Tout en écoutant les histoires du pajé Carlos, les 32 membres de l'expédition suivent le sentier qui mène au sommet du Yaripo, à 2995 mètres d'altitude – le plus haut sommet du Brésil. Le voyage dure 10 jours et donne toute sa dimension au projet éco-touristique Yaripo développé par les Yanomani et dont l'ISA est un des principaux partenaires.

Le Pico da Neblina est l'un des lieux les plus prisés au monde par les amoureux du tourisme d'aventure. Son accès est interdit depuis 2003 sur recommandation du Ministère public fédéral et sur décision de l'Ibama (l'Institut brésilien de l'environnement et des ressources naturelles). Si cette décision a déçu les alpinistes, elle a empêché, en contrepartie, la dégradation de l'environnement et les violations des droits des Yanomani.

La réouverture du sentier pour accéder au sommet, actuellement géré par les Yanomami, n'est prévue qu'en 2018. Les randonneurs du monde entier pourront rencontrer les Yanomami et découvrir leur magnifique milieu naturel. Les touristes, en nombre limité et soumis à un contrôle d'accès,  pourront apprendre un peu de la culture des indigènes, profiter de leur hospitalité et participer à l'alliance pour la protection des droits indigènes et de la forêt amazonienne.

En plus de “Monsieur” Carlos, il y a 18 Yanomami dans l'équipe dont 16 garçons et deux femmes, Maria et Floriza. Ils suivent une formation pour assurer la surveillance du sentier et pour devenir guides, porteurs et cuisiniers mais aussi pour apprendre à gérer les activités éco-touristiques qu'ils comptent développer sur leur territoire.

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A 2995 metros au dessus du niveau de la mer, le Pico da Neblina est le sommet le plus haut du Brésil. Photo : Guilherme Gnipper/Funai, publiée avec son autorisation

Des représentants de l'institut Chico Mendes de conservation de la biodiversité (ICMBio), de la Fondation nationale de l'indien (FUNAI) et du Ministère public fédéral font aussi partie du voyage.

Armés de GPS, de caméras vidéo, d'appareils photos et de leur soif d'apprendre, les membres de l'expédition enregistrent les récits de Monsieur Carlos tout au long du périple de 36 kilomètres qui a débuté à Igarapé Tucano, un territoire Yanomami situé sur la municipalité de São Gabriel da Cachoeira, dans l'état d'Amazonas.

Tout en affrontant des distances et un terrain assez difficiles, les indiens notent les endroits où des animaux, ou leurs traces, sont observés, où il y a de l'eau, les points du sentier à améliorer et les endroits les plus indiqués pour la construction d'abris pour passer la nuit. Ils identifient aussi les zones les plus sensibles à la dégradation environnementale.

Maria Yanomami, âgée de 52 ans, entre dans l'histoire en étant la première femme Yanomami à atteindre le sommet du Yaripo —  jusqu'alors, seuls des hommes avaient réalisé une telle prouesse

Sa coéquipière  Floriza Yanomami n'a pas pu poursuivre jusqu'au sommet par respect et par crainte des traditions. Elle a eu ses règles la veille de l'arrivée au sommet et, malgré sa grande tristesse, elle pense que son état pourrait déplaire aux esprits qui vivent sur le Pico. Et que si elle continuait, elle allait mettre en péril non seulement sa propre existence, mais aussi celle de tous les membres de l'expédition.

L'éco-tourisme au Yaripo va générer des revenus pour les communautés yanomani qui manquent de ressources pour acheter des produits manufacturés aujourd'hui indispensables : des outils pour cultiver leurs champs, des ustensiles de cuisine, de la literie, des vêtements et des véhicules.

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Jeune Yanomami qui participe au projet d'éco-tourisme du Pico da Neblina. Photo: Guilherme Gnipper/Funai

Avec la mise en place du projet d'éco-tourisme sur une base communautaire, on a estimé que 80 Yanomami pourraient percevoir un revenu en assurant les prestations régulièrement, ce qui aurait des retombées indirectes sur au moins 800 personnes supplémentaires en comptant les parents et les personnes à charge.

L'accroissement du travail des guides Yanomami et de l'usage régulier du sentier doit aussi générer des ressources communautaires comme l'indiquent les décisions de l'assemblée générale de l'Association Yanomami du Rio Carburais et de ses affluents (AYRCA), à laquelle appartiennent les Yanomami de la région.

Quand le Yaripo sera enfin ouvert aux touristes, les histoires de “Monsieur” Carlos Yanomami seront encore bien présentes à l'esprit de ces jeunes qui reçoivent aujourd'hui les savoirs du vieux pajé  — et qui pourront alors les transmettre et enchanter les visiteurs.

 

Pour le développement du projet Ecoturismo Yaripo, l'association Yanomami (AYRCA) et l'ISA recherchent des sympathisants. Si vous êtes intéressé ou si vous souhaitez plus d'informations, écrivez à marcos@socioambiental.org

Burundi : Le journaliste Jean Bigirimana toujours porté disparu et la crise politique demeure

vendredi 2 septembre 2016 à 05:32
OU EST JEAN BIGIRIMANA IWACU FRONT PAGE

La première page du journal Iwacu (n°385, 29/07/2016) : « Où est Jean ? »

Jean Bigirimana, journaliste burundais au journal Iwacu, est porté disparu depuis le 22 Juillet 2016. D’après ses investigations, Iwacu croit qu’il a été détenu par des agents de sécurité, ce qui est nié par les autorités.

Iwacu, une lueur d’espoir dans une situation très difficile pour les médias burundais, a mis son site web en noir et blanc toute la semaine dernière pour rendre hommage à son collaborateur disparu.

Cette crise a commencé lorsque le Président Pierre Nkurunziza a brigué un troisième mandat l’année dernière, suscitant des manifestations et des campagnes citoyennesDes témoins, des victimes ainsi que des militants locaux et des organisations des  droits de l'homme ont tous fourni des cas documentés de détention arbitraire, de torture systématique et de meurtres d’opposants, malgré les dénégations des représentants du gouvernement.

Le paysage médiatique du pays, autrefois dynamique, a subi un coup dur avec la réaction militarisée à l'opposition au troisième mandat du président, en particulier en dehors de Bujumbura. Les journalistes burundais et internationaux ont été accusés de parti-pris contre le gouvernement ou d'incitations à l'insurrection, ce qui en a fait des cibles des violences. Le directeur d’Iwacu, Antoine Kaburahe, est actuellement en exil en Belgique.

Avant son rôle au sein d’Iwacu, Jean, 37 ans, a travaillé avec Rema FM. Iwacu rapporte lorsqu’il était au Rwanda il avait écrit sur les vies des journalistes burundais en exil. Le Rwanda et le Burundi ont une histoire des tensions politiques, récemment exacerbées par la crise.

Le 22 juillet 2016, Jean est sorti de chez lui à la suite d’un appel venant d’une source dans le Service National de Renseignement (SNR). Il est porté disparu depuis ce jour-là. Son épouse, Godeberthe, a lancé un appel émouvant à sa libération, et certains médias ont essayé d'enquêter et d’attirer l’attention publique sur ce cas, en partageant largement des images en ligne.

Iwacu se dit déterminé à continuer ses recherches pour Jean. Ses journalistes ont commencé leur propre enquête, publiée en ligne, et espèrent porter plainte au tribunal. Pourtant, ceci pourrait s’avérer difficile au vu de la crise et des nombreux autres cas de mort et disparition qui restent sans enquête. L’organisation burundaise des droits humains, l'APRODH, a récemment rapporté que des sources policières et militaires, opposées à la situation actuelle, ont identifié 14 fosses communes, où se trouvent probablement certains des disparus.

Pendant leur enquête, deux corps torturés ont été trouvés, et finalement récupérés par la police. Après qu’elle a vu les deux corps, l’épouse de Jean a dit que son mari n’y était pas. Pourtant, ils ont été par la suite enterrés sans identification.

Choc rude pour les efforts de @iwacuinfo pour trouver Jean : nos rivières sont jonchées de corps de disparus

Le porte-parole de la police, Pierre Nkurikiye, a déclaré que Jean n’était pas parmi les corps :

Cette nouvelle a suscité des inquiétudes, pas seulement pour Jean, mais aussi pour les autres corps inconnus possibles. Un internaute, Thierry Uwamahoro, a posé la question :

Si l’équipe de recherche de Jean ne s'était pas lancée sur sa piste, nous n’aurions rien su de ces 2 corps. Alors, combien d’autres corps y a-t-il ? #Burundi

Onze jours après la disparition du journaliste, Iwacu a critiqué le « silence assourdissant » de la police nationale et le manque apparent d’enquête. Iwacu a tenté de suivre la piste d’Abel Ahishakiye, avec qui Jean avait parlé par téléphone avant sa disparition, mais lui aussi, apparemment, a disparu.

Au début d’août, les collègues de Jean ont reçu des informations qu’il avait été détenu en secret dans la province de Muramvya. Le porte-parole de la police, Pierre Nkurikiye, l’a nié, et la Commission Nationale Indépendante des Droits de l'Homme a dit, le 6 août, qu’elle n’a trouvé aucune trace du journaliste dans la résidence du chef du SNR.

D’autres reporters ont été ciblés de façon similaire. Julien Barinzigo, journaliste au sein d’Oximity, a été arrêté le 17 juin et puis mis en liberté provisoire le 5 août. Gisa Steve Irakoze de Radio Buja FM a été arrêté par le SNR au début d’août, avant d’être libéré le 25 août.

Quelques-uns ne sont jamais revenus. La militante Marie-Claudette Kwizerae, de l’organisation des droits humains Ligue Iteka, n’a pas été vue depuis décembre 2015, quand elle a été apparemment arrêtée par des agents de sécurité. Le président de l’APRODH, Pierre-Claver Mbonimpa, est en exil après avoir survécu à un attentat l’année dernière ; de plus, des membres de sa famille ont depuis été assassinés.

Le risque d’attaque a même suivi les reporters jusqu’en exil. Boaz Ntaconayigize, journaliste de Bonesha en exil à Kampala, a été poignardé le 31 juillet. Selon lui, des agents de sécurité étaient venus de Bujumbura pour infiltrer la communauté de refugiés et suivre les journalistes et militants. Boaz a aussi été interrogé par la police ougandaise.

Puisque beaucoup ont été portés disparus ou trouvés morts après leur arrestation, le déni officiel que Jean est en détention inquiète ses proches et collègues qui craignent que les autorités puissent cacher des informations sur sa localisation ou son décès. Le 25 août, la rédaction d’Iwacu a publié une “Lettre à Jean” qui exprime l’espoir de lui trouver mais leur peur du pire.

Cher Jean nous sommes tellement impuissants face à ceux qui ont fait de la mort leur spécialité.
(…)
Aujourd’hui nous n’avons que des mots.
Mais les mots sont plus forts que la mort.
Jean, ils ne gagneront pas !

Le wisiratu ou l'art d'apaiser les souffrances dans la médecine warao

jeudi 1 septembre 2016 à 17:01
Wisiratu invocando los espíritus ancestrales a través del humo del tabaco: Foto de Álvaro Laiz, publicada con permiso.

Un wisiratu invoque les esprits des ancêtres à travers la fumée du tabac : photo de Álvaro Laiz, publication autorisée.

Jan Costa s'est rendu pour la première fois dans le delta de l’Orénoque le 14 avril 2014, précisément le mois où il fêtait ses 24 ans. Il étudiait la médecine à l'Ecole José María Vargas de l'université centrale du Venezuela et il allait réaliser son stage de deux mois à San Francisco de Guayo, dans l'Etat Delta Amacuro dans l'est du pays. Constatant l'état de santé précaire des habitants du delta, Jan a décidé de revenir et de faire son stage en milieu rural pendant un an. Il est arrivé de cette manière à Nabasanuka où il a travaillé avec l'ethnie warao [fr], à environ une heure de navigation de San Francisco de Guayo.

C'est au cours de ce second séjour que le jeune médecin a mieux appris la langue et a découvert le personnage du wisiratu, ou « maître de la douleur ». D'après lui, les Warao croient profondément en cette figure malgré le degré de transculturation d'une bonne partie de la population.

La médecine et la santé dans la culture warao

En terre warao, les maladies sont traitées par trois types de chamans : les bajanarotu, les joarotu et les wisiratu, qui font office d'intermédiaire entre êtres mystiques et humains. Le wisiratu est le chaman qui fait le lien entre son peuple et les mauvais esprits (jebu).

Le wisiratu possède le pouvoir des dieux du nord, de l'est et du sud ; et, sitôt qu'il est initié, il porte en lui six enfants de ces déités cardinales qui représentent ses êtres tutélaires.

Sa vie entière durant, le wisiratu se voit rappeler la promesse faite lors de la cérémonie initiatique de procéder régulièrement à des offrandes aux dieux à travers la fumée de tabac et le sagú de moriche. En contrepartie, ceux-ci font baisser la mortalité infantile et confèrent au chaman le pouvoir de soigner les maladies.

Hormis son rôle de guérisseur, le wisiratu livre également des conseils sur le plan psychologique et il renforce les normes morales au sein du groupe. Celui qui occupe le plus haut rang est connu sous le nom de gardien de la pierre sacrée, une manifestation de la déité tutélaire pour ses fidèles tout comme sa principale source de protection.

Les wisiratu et la médecine occidentale

Jan raconte que l'idée d'associer le wisiratu à l'hôpital de Nabasanuka a surgi avec les cas de Warao qui s'y rendaient après avoir été mordus par le Fer de lance commun. Les patients, affligés de constater que les symptômes ne faisaient qu'empirer, sollicitaient auprès du médecin l'intervention du wisiratu :

Me decían ꞌdoctor me quiero ir al wisiratu’. Yo me preguntaba ¿cómo controlo esto para que no empeoren los síntomas, para que no les dé una hemorragia, si se van del hospital? Entonces se me ocurrió que si tenía a los wisiratu en la comunidad podía meterlos en el hospital, así el paciente no se va, tiene su wisiratu; es feliz y yo soy feliz.

Ils me disaient « docteur je veux aller voir le wisiratu ». Je me demandais, comment je gère ça pour que les symptômes n'empirent pas, pour ne pas provoquer une hémorragie chez eux, s'ils quittent l'hôpital ? Il m'est alors apparu que, si j'avais les wisiratu dans la communauté, je pouvais leur faire intégrer l'hôpital, ainsi le patient ne part pas, il a son wisiratu ; il est heureux et je suis heureux.

Pastora, une wisiratu, s'est employée à aider le médecin avec les enfants atteints de pneumonie ou de diarrhée ainsi bien sûr que les victimes du Fer de lance commun. Elle fait partie des chamans qui chantent et font des massages. A travers ces pratiques, elle extrait les esprits : celui du serpent, de la diarrhée et de la pneumonie.

Un día [cuenta Jan] por curiosidad le pregunté a Pastora cómo era el canto de la serpiente. Ellos consideran eso secreto, pero básicamente lo que expresa el canto es una petición al veneno de la serpiente para que dejara de causar dolor y para que se saliera.

Un jour [décrit Jan] j'ai demandé par curiosité à Pastora comment était le chant du serpent. C'est considéré comme un secret, mais en gros, ce qu'exprime le chant est une supplique adressée au venin du serpent pour qu'il cesse de provoquer des douleurs et qu'il sorte [du corps].

On peut entendre dans cette archive de Soundcloud l'un de ces chants qui guérissent. La traduction en espagnol a été réalisée par le Centre national du disque :

Joa warayaja (espíritu sanador de dolores)

Iaeee emm, soy espíritu enviado para curar. ¿Quién quiere hacerle daño a esta persona?, ¿cuál es su mal? Aquí están los que sacan el daño en lo profundo de su ser, aquí están también los que chupan los malos espíritus. Yo mismo soy el [que curará] a este nieto pequeño. Revisaré su cabeza, su estómago. Vine a curar su dolor. Colocaré y limpiaré su espíritu. Si está mal o débil, si está dañado con sangre mala o tiene un mal espíritu de muertos, devolveré su espíritu a su cuerpo, yo curaré su cuerpo dañado.
[…] Yo soy el que sacará el espíritu de muerto que ha poseído este cuerpo, curaré su mal […] Yo soy el que cura el cuerpo dañado […]. Yo sí limpiaré este cuerpo enfermo y dañado por malos espíritus y enfermedades extrañas, soy el que te curará […]
Yo sí, este cuerpo poseído por algún espíritu de muerto [mi poder] cesará su dolor […]. Ahora sí nieto, te sentirás mejor. Tu cabeza, yo así tocando y echando todo mal te curaré […] conmigo también están mis hijos que te cuidarán, sanarás, […].

Joa warayaja (esprit qui guérit la douleur)

Iaeee emm, je suis l'esprit envoyé pour soigner. Qui veut s'en prendre à cette personne ? Quel est son mal ? Ceux qui extraient le mal du plus profond de son être sont là, tout comme ceux qui aspirent les mauvais esprits. Je soignerai moi-même ce petit-fils. J'examinerai sa tête, son estomac. Je suis venu guérir sa douleur. Je placerai et laverai son esprit. S'il est mal ou faible, s'il est entaché de mauvais sang ou occupé par un mauvais esprit de mort, je rendrai son esprit à son corps, je soignerai son corps abîmé. […] Je suis celui qui fera sortir l'esprit de mort qui a pris possession de ce corps, je soignerai son mal […] Je suis celui qui soigne le corps abîmé […] Moi oui je nettoierai ce corps malade et abîmé par les mauvais esprits et les maladies inconnues, je suis celui qui te guérira […] Oui moi, [mon pouvoir] mettra fin aux souffrances de ce corps possédé par quelque esprit de mort […] A présent, oui petit-fils, tu vas te sentir mieux. Ta tête, moi qui atteins ainsi et expulse tout mal, je te guérirai […] mes enfants qui sont également avec moi prendront soin de toi, tu guériras, […].

La présence de Pastora contribuait à faire demeurer les Warao à l'hôpital. Selon Jan :

[Los warao se sentían más tranquilos] porque tenían como dos medicinas: la del hombre blanco y la del warao. Disminuyó el índice de indígenas que se iban del hospital. Aunque igual, siempre te presionan para irse rápido, así tengan al wisiratu, e incluso con este tampoco es que se queden mucho tiempo […] Ellos piensan que el hospital está lleno de espíritus, duendes y fantasmas de los que murieron en el hospital. Especialmente cuando no hay luz, ellos dicen que comienzan a escuchar cosas, monstruos, escuchan sonidos de niños llorando.

[Les Warao se sentaient plus rassurés] car ils avaient deux médecines : celle de l'homme blanc et celle du Warao. La proportion d'autochtones qui quittaient l'hôpital a diminué. Leur état a beau être stationnaire, ils te mettent la pression pour s'en aller rapidement, donc qu'ils aient le wisiratu, et même avec lui ils ne restent pas longtemps non plus […] Ils pensent que l'hôpital est rempli d'esprits, de farfadets et des fantômes des personnes qui sont mortes à l'hôpital. En particulier quand il n'y a pas de lumière, ils disent commencer à entendre des choses, des monstres, ils entendent des enfants qui pleurent.

Médecins et guérisseurs dans un système de santé défaillant

Les problèmes de l'hôpital sont pour l'essentiel le manque de matériel, d'ambulances fluviales et d'électricité. Nabasanuka possède deux sites, celui de l'hôpital et celui de la communauté. Le gazole qui alimente les deux générateurs électriques est acheminé par des gabares [NdT petite embarcation destinée au transport de marchandises] qui, en théorie, doivent passer une fois par mois et remettre plus de dix barils à l'hôpital et plus de trente à la communauté, mais cela n'est pas respecté :

Dejan cinco o cuatro tambores al hospital y quince o dieciséis a la comunidad. Eso no dura ni un mes y siempre quedamos con un déficit de siete días sin luz. El peor de los casos fue dieciséis días sin luz. Esto ocurrió en octubre.

Quatre ou cinq barils sont déposés à l'hôpital contre quinze ou seize à la communauté. Ça ne fait pas le mois et nous finissons toujours avec un déficit de sept jours sans électricité. Nous avons eu jusqu'à seize jours sans électricité dans le pire des cas. Cela s'est produit en octobre.

Jan est sûr et certain que c'était ce mois-ci car il faisait le compte des jours. Il a fallu procéder à des accouchements de nuit avec des lampes de poche, ce à quoi s'ajoutait le problème de l'absence d'ambulances et autres moyens d'évacuation pour les patients de Nabasanuka :

Había veces [en que] yo tenía que ver cómo se morían varios pacientes [por no haber] ambulancia fluvial, y si se conseguía era pidiéndole favores a la comunidad: Con uno conseguía el motor, otro warao me prestaba la embarcación, otro me daba el aceite, otro me daba la gasolina…

J'ai pu certaines fois constater que plusieurs patients agonisaient [en raison de l'absence] d'ambulance fluviale, et lorsque j'en obtenais une, j'allais demander service à la communauté : l'un me procurait le moteur, un autre Warao me prêtait l'embarcation, un troisième me fournissait l'huile, un autre me donnait l'essence …

L'un des cas les plus éprouvants dont se souvient ce jeune médecin est celui d'une Warao enceinte arrivée à l'hôpital car sa grossesse arrivée à terme présentait de graves complications. Les Warao des communautés éloignées préfèrent accoucher chez elles, car elles n'ont pas de moyen de se rendre à Nabasanuka. Elles ne vont à l'hôpital que lorsque l'accouchement devient délicat. Cette femme avait essayé de mettre au monde son enfant dans sa communauté ; quand elle est arrivée à l'hôpital, elle se trouvait dans cet état depuis déjà deux jours et l'enfant qu'elle portait était mort.

Le temps que Jan se démène pour réunir embarcation, moteur, pétrole et huile, trente minutes s'étaient écoulées. Ils sont arrivés à Puerto Volcán à dix-neuf heures. A cet endroit, ils ont appelé l'ambulance. Elle n'avait pu être avertie plus tôt car il n'y avait pas d'électricité à Nabasanuka. L'ambulance est arrivée au bout de vingt minutes, mais la mère est décédée au bloc opératoire ce jour-là au milieu de la nuit. Jan a dû ensuite s'occuper de son hébergement et, le jour suivant, de son retour à Nabasanuka.

La Direction régionale de la santé ne lui a apporté aucun soutien.

Cet article est une version éditée du texte original publié par Minerva Vitti dans la revue SIC du centre Gumilla.