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Le feuilleton Snowden embarrasse les défenseurs russes des droits de l'homme

mardi 16 juillet 2013 à 21:36

Après trois semaines d'invisibilité dans la zone de transit international de l'aéroport de Moscou-Cheremetievo, l'ancien sous-traitant de la NSA Edward Snowden a rencontré des représentants d'organisation russes de défense des droits de l'homme et le député russe Viatcheslav Nikonov. Lors de cette apparition publique vendredi 12 juin 2013, Snowden a fait une brève déclaration [anglais], et répondu aux questions des journalistes venus (enregistrement audio intégral disponible ici [en anglais et russe]) à ce qui a été appelé une “réunion du G9.” Snowden s'en est pris aux tribunaux secrets du pouvoir américain, au système généralisé de surveillance, et à l'offensive diplomatique visant à l'empêcher d'obtenir l'asile politique. Il a aussi affirmé son intention d'accepter l'asile de tout pays qui garantirait sa sécurité, et remercié ceux d'entre eux qui lui ont proposé leur assistance :

Face même à cette agression historiquement disproportionnée, des pays à travers le monde ont offert soutien et asile. Ces pays, la Russie, le Venezuela, la Bolivie, le Nicaragua et l'Equateur ont ma gratitude et mon respect d'avoir été les premiers à se dresser contre les violations de droits humains commises par les puissants et non les faibles. Par leur refus de compromis sur leurs principes devant l'intimidation, ils ont gagné le respect du reste du monde.

 

A mob of journalists descended on Sheremetyevo airport Friday for the Snowden press conference. YouTube screenshot.

Une meute de journalistes a envahi vendredi l'aéroport de Cheremetievo pour la conférence de presse de Snowden. Capture d'écran de YouTube. 15 juillet 2013

Tandis que le gouvernement russe a manifesté son soutien tacite au droit d'asile de Snowden, les Russes sont quant à eux divisés [article GV] : authentique lanceur d'alerte ou traître hypocrite ? La conférence de presse de Snowden (clip vidéo ci-dessous) a rallumé le débat.

Dans un billet de blog [russe] pour la radio indépendante Ekho Moskvy, la journaliste et militante des droits de la personne Natalia Goulevskaya a fustigé les défenseurs russes des droits de l'homme qui avaient rencontré Snowden, les accusant d'être des hypocrites égocentriques à la solde du pouvoir :

Из собравшегося правозащитного бомонда штатных и внештатных агентов Кремля в транзитной зоне аэропорта Шереметьево никого особо не интересуют граждане России, которые погружаются в репрессии, судебные, административные и физические расправы.

Personne dans le beau monde des défenseurs des droits agents en titre ou non du Kremlin, réunis dans la zone de transit de l'aéroport Cheremetiovo, n'a le moindre intérêt pour les citoyens de Russie, plongés dans la répression, la violence judiciaire, administrative et physique.

La politologue et militante des droits Marina Litvinovitch a été encore plus mordante, écrivant sur son blog [russe] que la conférence de presse de Snowden n'était autre qu'une “opération ordinaire de services secrets” à laquelle “les gens honnêtes et les organisations honnêtes de défense des droits humains ont refusé de prendre part.”

Pavel Tchikov, directeur de l'ONG de défense juridique “Agora” [russe] et membre du Conseil présidentiel des droits de l'homme, se méfie lui aussi de l'enthousiasme tout neuf de Cheremetievo pour le soutien aux défenseurs des droits humains, et tweete [russe] :

Помнится, в декабре 2011 года аэропорт Шереметьево задерживал и незаконно (суд потом признал) изымал ноутбук у директора Ассоциации ГОЛОС

Rappel, en décembre 2011 [après les élections à la Douma] l'aéroport de Cheremetievo a retenu et confisqué illégalement (selon un jugement par la suite) l'ordinateur du directeur de l'association [de surveillance des élections] GOLOS [russe].

L'idée que le séjour de Snowden en Russie est géré de près par les services secrets russes imprègne le discours au point que Nikita Batalov, un journaliste de radio, après avoir découvert [russe] une porte dérobée dans un des terminaux de l'aéroport, a supposé sans sourciller que c'est là qu'était gardé Snowden :

И теперь главное! На одной из маленьких дверей в терминале Е бумажка со скотчем с надписью “СПЕЦОБЪЕКТ ФСБ РОССИИ, ВХОД ЗАПРЕЩЕН”

Et maintenant le principal ! Sur une des petites portes au terminal E [où Snowden a tenu sa conférence de presse] est scotché un papier avec l'inscription “SITE SENSIBLE DU FSB RUSSE, ENTRÉE INTERDITE”

La militante pro-Kremlin et blogueuse Kristina Potouptchik a vu la vraie hypocrisie du côté des mouvements de droits humains qui ont refusé de défendre Snowden. Dans un biIlet de blog titré “Edward Snowden, pourquoi l'opposition se tait” [russe], Potouptchick  manie le sarcasme :

Почему молчим? Почему не требуем от кровавого режима в срочном порядке без каких-либо условий предоставить убежище герою, рассказавшему миру правду о нарушении прав человека и подвергающемуся за это преследованиям на родине??? Это же ваша тема! А может быть, они молчат потому, что это СОЕДИНЕННЫЕ ШТАТЫ АМЕРИКИ? Или кто назовет иные причины?

Pourquoi [vous vous] taisez ? Pourquoi [vous] n'exigez pas du régime sanglant qu'il accorde d'urgence un asile immédiat et inconditionnel à ce héros, qui a dit au monde la vérité sur les violations des droits humains et est persécuté pour cela dans sa patrie ??? C'est bien votre sujet ! Ou peut-être se taisent-ils parce que ce sont les ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE ? Ou quelqu'un peut nommer d'autres raisons ?

Des blogueurs d'ordinaire critiques pour le pouvoir russe, se rangent aussi aux côtés de Snowden dans l'affaire. Par exemple, le satirique faux compte Twitter de l'ex-éminence grise de Russie Vladislav Sourkov a critiqué [russe] les tentatives d'intimidation supposées des Américains :

Интересно, как США отреагируют на потенциальное выдвижение Сноудена в кандидаты на Нобелевскую Премию Мира?… Разбомбят Швецию?

Je me demande comment les USA vont réagir à la possible présentation de la candidature de Snowden au prix Nobel de la Paix ?… En bombardant la Suède ?

L'écrivain et blogueur Boris Akounine est aussi d'avis [russe] que si les révélations de Snowden sont exactes, celui-ci mérite le soutien de l'opposition russe, indépendamment de toute “l'agitation lancée autour de lui par nos autorités.”

Nous avons coutume de penser que la société civile sans être apolitique, est par nature au-dessus des basses besognes partisanes. Certains des présents à la conférence de presse de Snowden ont des liens avec le pouvoir russe, mais d'autres, comme Tatiana Lokchina de Human Rights Watch, qui a écrit un compte-rendu [anglais] de la réunion, n'ont cessé par le passé de critiquer le gouvernement russe. Un large refus des défenseurs russes des droits humains de s'exprimer en faveur de Snowden peut les faire taxer d'hypocrisie, malgré leur répugnance à aider quelqu'un qui catégorise la Russie comme “la première à se dresser contre les violations des droits humains.” Le serrage constant de vis [article de GV] aux ONG de Russie pourrait contraindre les défenseurs des droits de l'homme à des choix : être cohérents sur une série de sujets, ou essayer d'empêcher le Kremlin d'engranger quelques points dans sa communication.

L'histoire de l'Inde retracée par ses photos de familles

lundi 15 juillet 2013 à 19:51

Le site Projet sur la Mémoire de l'Inde se définit comme “une histoire visuelle et orale du sous continent indien à travers ses archives familiales”. Débuté en 2010 par la photographe et graphiste Anusha Yadav, le projet réunit en ligne une série de photos choisies parmi les contributions du public. Les contributeurs racontent également l'histoire qui se cache derrière chaque photo.

Global Voices a interrogé Anusha Yadav sur ce qui lui a donné l'idée de ce site et sur son fonctionnement.

Global Voices (GV): quelle a été l'idée de départ de votre Projet sur la Mémoire de l'Inde?

Anusha Yadav (AY): J'ai toujours été attirée par les photos, que ce soit dans les musées, dans les livres ou chez les gens. J'ai été élevée à Jaipur, la capitale du Rajasthan, et pendant mon enfance j'étais entourée de vestiges et palais patrimoniaux bien entretenus et conservés. Mon école, la Maharani Gayatri Devi School, abritait un musée de photos et accessoires personnels de la reine. Quand j'allais chez mes amis j'observais attentivement les photos qui décoraient les meubles et les murs, photos des élites du royaume ou simples photos familiales.

Chez moi, nous passions nos vacances à projeter inlassablement les photos prises par mon défunt père, photos de notre vie à Londres (Royaume-Uni) et à Portland (Etats Unis). J'aimais revivre ce que je considérais être mes plus beaux souvenirs, et j'insistais pour que ma mère me répète les aventures vécues dans ces lieux. Les peintures ne m'inspiraient pas autant que les photos. Les peintures étaient imaginées, ou même inventées, mais les photos étaient vraies et me plaisaient plus car plus proches de la vérité. Chaque photo qui a retenu mon attention m'a fait voyager dans le temps, m'interroger sur les personnages, leurs vies et leurs expériences.

Image contributed to the Indian Memory Project by Laxmi Murthy, Bangalore: "My great-grandparents (right) with the Chennagiri family, Tumkur, Mysore State (now in Karnataka), circa 1901."

Photo prêtée au Projet sur la Mémoire de l'Inde par Laxmi Murthy, Bangalore: “Mes grands-parents (à droite) avec la famille Chennagiri, à Tumkur, Etat de Mysore(maintenant Karnataka), vers 1901.” Utilisation autorisée.

De 1992 à 2006, j'étais élève à l’Institut National d'Arts graphiques d'Ahmedabad, j'ai travaillé pour plusieurs entreprises graphiques et de publicité, j'ai voyagé et vécu dans différentes régions du monde et de l'Inde. C'est là que la photographie et les images sont devenues essentielles pour moi. J'avais l'impression de mieux comprendre le monde grâce aux photographies.

En 2006, j'ai étudié à l'Université de Brighton pour présenter un master en photographie, mais faute de moyens financiers j'ai dû abandonner au bout d'un semestre et rentrer en Inde. En 2007, j'ai continué à travailler comme photographe et graphiste d'édition et j'ai commencé à donner des idées de beaux livres de photos grand format aux éditeurs. Une de mes idées m'est venue d'une observation que j'avais faite de nombreuses années auparavant, que pratiquement tout le monde possède au moins une photo personnelle. En Inde, les photos de famille les plus répandues sont les photos de mariage, un évènement toujours photographié. Quand les gens ne peuvent se le permettent pendant la noce, les nouveaux mariés sont toujours photographiés juste après le mariage. Ces deux types de photos sont une preuve du mariage. L'inventaire et l'illustration de la culture et de l'identité indienne d'une telle diversité grâce à ces photos très personnelles de mariages, de costumes, de traditions et de cérémonies oubliées m'a semblé être une formidable idée de livre.

Comme par magie, Facebook venait de lancer une nouvelle plateforme de partage de photos, qui a marqué le début du crowdsourcing des photos et des histoires. J'ai mis en place un groupe pour recueillir des photos de ma famille, de mes amis et du public en leur demandant d'expliquer les images. La réaction des contributeurs est allée au-delà de mes attentes et ils ne se sont pas contentés d'histoires de mariages. Ils m'ont parlé d'évènements qui rapidement dans mon esprit pouvaient être catégorisés: la partition de l'Inde, du Pakistan et du Bangladesh, l'Empire britannique, l'immigration, l'amour, le mariage et les amis, les batailles et les guerres mondiales, le travail et les affaires, et les vies de familles ordinaires et extraordinaires. Chaque photo était accompagnée d'une anecdote fascinante sur la vie, la famille, les rancoeurs et les réalisations, et il en est résulté l'histoire collective d'une nation et d'un sous continent. L'idée du Projet sur la Mémoire de l'Inde avait trouvé sa place.

Image contributed to the Indian Memory Project by Sawant Singh, Mumbai: "My grandmother Kanwarani Danesh Kumari, Patiala, Punjab. Circa 1933." (Copyright Sawant Singh)

Photo prêtée au Projet sur la Mémoire de l'Inde par Sawant Singh, Mumbai: “Ma grand-mère Kanwarani Danesh Kumari, Patiala, Punjab, vers 1933.” Utilisation autorisée.

GV: y-a-il des limites aux matériaux que vous retenez?

AY: Toutes les photos et les histoires doivent dater d'avant 1991. C'est la date où les photos -à cause des tirages photos en une heure, puis du digital- ont commencé à devenir moins pensées. Cela ne veut pas dire que les photos du XXIème siècle ne devraient pas être répertoriées, mais nous avons deux siècles à couvrir avant. Je suis aussi plus intéressée par des photos plus posées, qui forment un support mieux approprié aux histoires.

GV: Recevez-vous des contributions extérieures à l'Inde ?

AY: Oui, j'en reçois. A ce jour, j'ai reçu 20 photos et images de l'étranger (d'Afrique du Sud, d'Australie, du Royaume-Uni, du Pakistan, du Bangladesh et des Etats Unis). Le projet accepte toutes les photos et histoires qui se déroulent dans un contexte indien.

Image contributed to the Indian Memory Project by Nate Rabe, Melbourne, Australia: “My friends, Jeff Rumph, Martyn Nicholls, and I (centre), an unknown boy and my father, Rudolph Rabe (right), Dehradun, Uttar Pradesh (now Uttaranchal), June 1975.” (Copyright Nate Rabe)

Photo prêtée au Projet sur la Mémoire de l'Inde par Nate Rabe, Melbourne, Australie: “Mes amis, Jeff Rumph, Martyn Nicholls, et moi (au centre), un garçon inconnu et mon père, Rudolph Rabe (à droite), à Dehradun, Uttar Pradesh (maintenant Uttaranchal), Juin 1975.” Utilisation autorisée.

GV: Quelle sont votre photo et histoire préférées déjà sur le site ?

AY: Le dernier post est habituellement mon préféré avant qu'un autre ne vienne le remplacer! Chaque post est un préféré car c'est un nouvel élément pour retracer l'histoire de l'Inde.

La facilité avec laquelle les gens dévoilent leurs secrets de familles ou des récits jamais racontés ou supprimés est également très significative à mes yeux. Tout ce que les gens sont prêts à raconter reflète l'évolution de notre société.

Cette vidéo explique le Projet sur la Mémoire de l'Inde:

Iran : La clé du nouveau président ouvrira-t-elle des portes ?

lundi 15 juillet 2013 à 14:36
A key, the symbol for Rouhani's campaign

La clé, symbole de la campagne électorale de Rouhani Photo via Mashreghnews

 

Le symbole de la campagne électorale du nouveau président élu de l'Iran, Hassan Rouhani était une clé. Actuellement les internautes iraniens se demandent si Rouhani sera effectivement capable d'ouvrir des verrous. Le candidat Rouhani a promis un gouvernement de “espoir et prudence”. Des milliers d'Iraniens ont celebré sa victoire avec l'espoir d'un futur meilleur

Sur le blog de Omid Dana, on peut  lire:

Quel verrou la clé de Rouhani va-t-elle ouvrir ? Mostafa Tajzadeh [un réformateur actuellement en prison] dit que libérer les prisonniers politiques n'est pas dans les mains de Rouhani. Khatami ne dit-il pas que nous devrions modérer nos attentes ? Les gens disent souvent, et avec de bonnes raisons, que la clé des négociations sur le nucléaire, des relations avec les USA, et de la crise en Syrie, sont dans les mains du Leader suprême Après tout ceci, les seules clés dont dispose Rouhani sont celles de sa maison ou de son bureau.

Jaleboon écrit :

Certains, comme Omid Dana, demande quels verrous Rouhani peut ouvrir. La réponse est qu'il a déjà fait sauter le verrou des élections, qui étaient devenues illégitimes depuis la crise de 2009.

Plusieurs internautes mentionnent des problèmes que la clé de Rouhani pourrait résoudre.

Mahsa a tweeté:

 Je ne veux pas la liberté de porter le voile ou non, je veux le jour à venir lorsque l'inflation et le chômage  baisseront, et quand les gens marginalisés n'auront plus à vendre de la drogue.

Negar Mortazavi a tweeté:

 ”Des sources proches de #Rouhani disent qu'il a l'intention de mandater un envoyé spécial dans certains pays pour réparer les liens et ouvrir un nouveau chapitre avec Téhéran.

Plusieurs campagnes demandent à Rouhani de régler le problème d'Internet et de son filtrage. L'une d'elle, sur Facebook, demande à Rouhani de suspendre le filtrage de Facebook. Un groupe de blogueurs et de cyberactivistes ont écrit a une lettre au président, lui demandant d'augmenter la vitesse de connexion à Internet. Ils se plaignent aussi de la censure par filtrage d'Internet et rappelle à Rouhani que lui-même a utilisé Internet pour faire campagne.

Chine : Identité rurale, cœur urbain

lundi 15 juillet 2013 à 10:05

Le site Off Beat China a traduit en anglais un reportage photo sur Sina, qui propose un instantané de la vie actuelle de quelques “ immigrés de l'intérieur” arrivés à Pékin dans les années 90.

Les opinions des étudiants indiens sollicitées sur Facebook au Gujarat

lundi 15 juillet 2013 à 10:03

Narendra Modi, premier ministre de l'état indien du Gujarat, a lancé sur sa page Facebook un appel aux étudiants pour rassembler leurs opinions. Il a publié un message invitant les étudiants et les jeunes de tout le pays à s'exprimer sur les raisons pour lesquelles selon eux la nation souffre d'un “déficit de confiance', relate le blog Offstumped [en anglais].