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‘Ferguson, c'est également ici’ : Les Afro-Brésiliens aussi en butte aux violences policières mortelles

samedi 20 décembre 2014 à 22:37
Fergurson Brazil

“Ca n'a jamais pris fin, ça doit prendre fin. Nous voulons la fin de la police militaire,” scandaient les manifestants lors de la manifestation d'hier. Photo de Mídia Ninja CC BY 2.0.

Des centaines de manifestants ont battu le pavé à São Paulo ce jeudi 18 décembre pour protester contre le profilage racial et les violences policières à l'égard des noirs.

Au delà d'une simple marque de soutien vis-à-vis des rassemblements aux Etats-Unis qui ont fait suite aux événements de Ferguson, aux morts de Michael Brown dans le Missouri et Eric Garner à New York — deux hommes noirs non armés tués par des policiers blancs — les manifestants brésiliens ont voulu souligner la réalité de leur pays : les noirs sont systématiquement pris pour cible et abattus par la police brésilienne. 

Une étude menée par l'université de São Carlos a démontré que 61 % des personnes tuées par la police militaire de São Paulo étaient noires. Selon une autre étude, du Forum brésilien de sécurité publique, les policiers brésiliens sont les plus dangereux au monde, comptant six personnes tuées chaque jour au cours des 5 dernières années.

Pendant la manifestation, on pouvait apercevoir des slogans du type “Não conseguimos respirar” [Nous ne pouvons pas respirer], ainsi que les noms d’Eric Garner et Michael Brown, ou le hashtag #BlackLivesMatter [les vies des noirs comptent] sur les réseaux sociaux.

La manifestation de Ferguson se déroule ici devant le Secrétariat d'Etat à la sécurité, en attendant que le secrétaire rencontre une commission.  

Dans une lettre officielle remise en mains propres au gouvernement de l'Etat de São Paulo, plus de 50 organisations de défense des droits de l'homme et des mouvements noirs ont listé un nombre de revendications : que les meurtres de jeunes hommes noirs par la police fassent l'objet d'enquêtes, que le bureau du procureur de l'Etat renforce sa surveillance sur les activités policières, et entre autres, que les familles des personnes tuées reçoivent des indemnités : 

Vivenciamos em nossas comunidades o extermínio que se dá através de sistemáticos assassinatos, já traduzidos em números que se assemelham a até superam guerras. Isso somado às precárias condições de vida e à negação de direitos básicos tais como saúde, educação, segurança, moradia, transporte, acesso à universidades, à cultura e ao lazer – que atingem sobremaneira a população negra – configura na visão dos movimentos sociais e do movimento negro, um verdadeiro genocídio contra a juventude e o povo negro.

Nous sommes témoins dans nos communautés de pures exterminations, qui surviennent à travers des homicides systématiques similaires à ceux que l'on peut voir en période de guerre, voire plus. A cela, s'ajoutent les conditions de vie précaires et la négation de droits élémentaires tels que la santé, l'éducation, la sécurité, le logement, les transports, l'accès à l'université, à la culture et aux loisirs – touchant, surtout, la population noire – ce qui s'apparente pour les mouvements sociaux et les mouvements noirs, à un véritable génocide de la jeunesse brésilienne noire et de la population noire.

Pour le blogueur Douglas Belchior, les médias brésiliens grand public adoptent des attitudes différentes lorsqu'ils couvrent des affaires similaires aux Etats-Unis et au Brésil : 

A grande mídia, por sua vez, ao mesmo tempo em que noticia parcialmente o levante das massas negras nos EUA, em denúncia à violência policial daquele país, omite-se em repercutir as atrocidades promovidas pelas polícias brasileiras. Ao contrário, [...] naturalizam a morte onde, via de regra, o silêncio do morto configura a prova da inocência do assassino.

Les médias grand public, pendant qu'ils couvrent en partie les rassemblements de noirs dénonçant les violences policières aux Etats-Unis, négligent les atrocités commises par la police brésilienne. Au contraire, [...] les médias banalisent les décès, si bien que [l'actualité] se comporte comme si le silence des personnes décédées équivalait à l'innocence de leurs meurtriers.

Depuis que les manifestations de Ferguson ont commencé aux Etats-Unis, les Brésiliens ont fait le lien. En août, le journaliste Fernando Vianna a écrit un article pour le journal Folha de São Paulo portant le même titre que la manifestation d'hier, “Ferguson é aqui” (Ferguson c'est ici), dans lequel il indique :

Fergurson Brazil

Les manifestants à São Paulo ont écrit sur une banderole les noms des Américains et des Brésiliens tués par la police. Photo de l'utilisateur de Facebook Leh Aguiar.

Se para cada morte de um jovem negro pela polícia, no Brasil, segmentos da população saíssem às ruas tomados de revolta similar à ocorrida em Fergurson, nos EUA, viveríamos em convulsão diária.

Si après chaque décès de personnes noires tuées par la police au Brésil, une partie de la population marchait dans les rues avec révolte, comme à Ferguson, nous vivrions des convulsions quotidiennes.

Le sociologue Ignacio Cano de l'université fédérale de Rio de Janeiro a indiqué à Bloomberg au mois de novembre :

Notre police tue par centaines. Nous avons des affaires Ferguson tous les jours. [La différence tient au fait que] là-bas (aux Etats-Unis) tout le monde reconnaît l'égalité de tous devant la loi. Ici, il n'y a pas de consensus, et beaucoup pensent encore que les personnes venant de quartiers pauvres sont soit dangereux, soit des criminels, soit les deux. 

La police brésilienne : une tradition de violences

Paintings in front of the Candelária Church, in Rio de Janeiro, were made in memory of the 8 teens killed by police officers.

Des images peintes devant l'église de Candelária à Rio de Janeiro, pour se souvenir du massacre de huit adolescents sans-abri par des policiers. Photo de l'utilisateur de Flickr quentindelaroche CC BY 2.0

Un après-midi de l'année 1992, une discussion entre des détenus de la prison de São Paulo connue sous le nom de Carandiru, a dégénéré en mutinerie. Incapable de gérer la situation, la sécurité a appelé la police, qui a pris la prison d'assaut et tué 102 détenus. L'incident – dans lequel les assaillants se sont trouvés face à la justice seulement 20 ans après, en 2012 – est devenu célèbre sous le nom de “Massacre de Carandiru” et a été décrit dans le film “Carandiru” sorti en 2003, un succès à l'international. Néanmoins, le bain de sang de Carandiru, n'est qu'un massacre parmi d'autres perpétrés par un grand nombre de policiers brésiliens.

Un an plus tard en 1993, huit garçons sans-abri âgés de 11 à 19 ans ont été abattus pendant qu'ils dormaient devant l'église de Candelária dans le centre de Rio de Janeiro. Plus tard, trois policiers ont été poursuivis et envoyés en prison mais ont été relâchés depuis. Leur mobile reste flou, mais beaucoup supposent qu'ils les ont tués par vengeance pour les larcins commis par les jeunes dans le secteur. 

La vengeance est un motif courant justifiant les incursions de la police dans les favelas et les quartiers pauvres des villes brésiliennes. De nouveau la même année, à Rio de Janeiro, 50 policiers cagoulés ont abattu 21 personnes dans la favela de Vigário Geral, en représailles à la mort de quatre agents dans la même zone. Il a été prouvé plus tard qu'aucune des victimes n'avait de casier judiciaire. Huit des victimes appartenaient à la famille de Vera Lúcia dos Santos. Son père, sa mère et ses cinq frères, fervents chrétiens protestants, revenaient de l'église lorsqu'ils se sont retrouvés nez à nez avec la police et ont été abattus.

Vera se remémore cette nuit dans le documentaire “À Queima Roupa” (à bouts portants), qui était en tête d'affiche au Brésil en novembre. Au cours d'un témoignage horrifiant, elle explique comment elle a trouvé leur corps après le massacre : sa mère avec une bible dans les mains, son frère à genoux avec les papiers qu'il a tenté de montrer à la police avant d'être abattu :

La lune était brillante, le ciel était illuminé d'étoiles. Il dit ensuite : toute ta famille est décédée. 

Le film, qui a été partiellement financé par crowdfunding, a remporté le prix du Meilleur documentaire au festival de cinéma de Rio en 2014. Dans sa chronique consacrée au film dans le journal O Estado de S. Paulo, le grand reporter spécialisé en droits de l'homme et en sécurité publique, Bruno Paes Manso, indique que le Brésil tolère le meurtre des pauvres, à plus forte raison s'ils sont noirs. Il a lancé un appel à ses lecteurs :

Peço ao leitor, com todo o respeito, um esforço de abstração. Imagine uma vingança com tal crueldade praticada pela polícia contra moradores de Pinheiros, em São Paulo, do Leblon, no Rio, ou Stella Maris, em Salvador. Pais formados em universidades públicas, com seus filhos em colégios privados, todos brancos, sete corpos estendidos na sala de jantar para saciar a vingança e o ódio dos policiais marginais. Não sejamos hipócritas. Isso seria inconcebível. É inimaginável. O Estado não toleraria as consequências.

Je demande au lecteur, avec tout le respect qui lui est dû, un effort d'abstraction. Imaginez des représailles aussi cruelles, perpétuées par la police contre les habitants de Pinheiros à São Paulo, de Leblon à Rio de Janeiro, ou de Stella Maris à Salvador [tous des quartiers huppés]. Des parents titulaires de diplômes universitaires, leurs enfants scolarisés dans des écoles privées, tous blancs, sept corps gisant dans la salle à manger pour étancher la soif de vengeance et de haine de la police. Ne soyons pas hypocrites. C'est inconcevable. C'est inimaginable. L'Etat n'en accepterait jamais les conséquences.

Ce type de comportement ne s'est pas arrêté aux années 90. En juillet, une vidéo de la police, filmée en caméra cachée, diffusée par TV Globo a confirmé que deux policiers ont tué un jeune de 14 ans et blessé son ami, âgé de 15 ans à Rio. Après avoir arrêté les deux jeunes adolescents noirs dans le centre de la ville, où apparemment ils commettaient régulièrement de menus larcins, ils ont été amenés à Morro do Sumaré dans la forêt de Tijuca pour être exécutés. Dans l'extrait, on entend les agents dire “arrête de pleurer, on ne t'a même pas encore touché” et rire lorsqu'ils ont redescendu la colline pour retourner en ville — sans les adolescents dans la voiture.

Ils ne s'attendaient pas que le gamin de 15 ans survive et raconte l'histoire. Celui-ci a indiqué avoir fait semblant d'être mort pour sauver sa vie et que son témoignage était crucial pour que les policiers soient poursuivis en justice. 

Malgré le fait que le Brésil ait aboli la peine de mort au 19ème siècle, beaucoup de Brésiliens s'accordent à dire qu'”un bon criminel est un criminel mort” — 43 %, en réalité, selon un sondage.

Les chiffres des inégalités raciales au Brésil

Inequality

Près de 70 % des Brésiliens les plus pauvres sont des noirs. Photo de l'utilisateur de Flickr Cassimano CC BY 2.0

Le Brésil était l'un des plus grands importateurs d'esclaves africains dans le monde occidental. Entre le 16ème et le 19ème siècle, près de 4 millions de personnes en provenance des colonies européennes en Afrique ont été débarquées au Brésil – contre moins d'un million aux Etats-Unis, selon la base de données sur la traite transatlantique d'esclaves.

Les afro-descendants représentent 51 % de la population totale au Brésil, selon le recensement de l'IBGE pour l'année 2010 (L'Institut brésilien de géographie et de statistiques). Mais ils comptent pour 63 % des Brésiliens pauvres, et 70 % de ceux qui vivent sous le seuil de pauvreté.

En 2012, 56.000 personnes ont été tuées au Brésil, parmi lesquelles 77 % noires, et 53 % âgées de 15 à 29 ans, selon la Mapa da Violência 2014 (Cartographie de la violence pour l'année 2014), une étude menée par l'institut Sangari.

Selon le même institut, entre 2004 et 2007 plus de personnes ont été tuées au Brésil que dans les 12 principaux conflits armés qui ont eu lieu à la même période, y compris les conflits en Afghanistan, Israël et les territoires palestiniens, et au Soudan entre autres. 

Des chiffres aussi alarmants ont déclenché la campagne d'Amnesty International Jovem Negro Vivo (Jeune, noir, en vie).

Castro et Obama ouvrent un nouveau chapitre dans les relations entre les États-Unis et Cuba

samedi 20 décembre 2014 à 22:15
Cartoon by Carlos Latuff via Deviant Art.

Dessin de Carlos Latuff via Deviant Art.

Cuba et les Etats-Unis veulent rétablir les relations diplomatiques, réinstaurer les relations commerciales et rouvrir les lignes de communication gelées depuis plus de cinquante ans : une nouvelle presque irréelle, de l'ordre du rêve. C'est pourtant ce qu'on a appris mercredi, des chefs d'Etat des deux pays.

Dans un discours télévisé en direct de la Maison Blanche, Barack Obama a relaté comment les deux gouvernements ont travaillé ensemble depuis 18 mois à la négociation des changements annoncés ce jour. A la télévision d'Etat cubaine, dans une allocution qui a été transcrite et publiée par Cubadebate, Raul Castro a remercié le Vatican et le gouvernement du Canada pour leur appui à ce processus plein d'embûches.

Dans les prochains mois, les gouvernements ouvriront des ambassades mutuelles. Le Secrétaire d'Etat John Kerry, qui plaide depuis longtemps pour la normalisation des relations entre les USA et Cuba, va réviser la désignation de Cuba comme Etat soutenant terrorisme. Le président Obama a indiqué que cette étiquette, contestée par de nombreux spécialistes, n'est plus d'actualité dans le contexte mondial d'aujourd'hui.

Certes, Barack Obama ne peut pas démanteler à lui seul tous les dispositifs étatsuniens restreignant les contacts et les échanges avec Cuba. Comme l'ont souligné les deux chefs d'Etat, l'embargo est codifié dans une législation que seul le Congrès des Etats-Unis peut modifier. Avec une majorité républicaine dans les deux Chambres du Congrès, et un électorat encore puissant de pro-embargo irréductibles, partisans de législateurs cubano-américains à des postes-clé comme Marco Rubio et Ileana Ros-Lehtinen, ce sera un exploit.

A Havana billboard depicting the faces of the five jailed Cubans reads, "Freedom Now!" Photo by Giorgiopilato via Wikimedia Commons. Released to public domain.

Sur un grand panneau à La Havane, les visages des cinq Cubains emprisonnés, avec l'inscription “Liberté maintenant !” Photo de Giorgiopilato via Wikimedia Commons. Domaine public.

Les prisonniers politiques rentrent chez eux

Les deux gouvernements ont déjà fait de grands pas dans cette nouvelle direction. Les deux présidents ont confirmé la remise en liberté mercredi des trois agents cubains emprisonnés aux Etats-Unis depuis 2001, et celle par Cuba de deux agents états-uniens, dont l'un était incarcéré sur l'île depuis plus de vingt ans. L'autre prisonnier, le contractuel du gouvernement U.S. Alan Gross, a été emprisonné en 2009 pour avoir introduit sans licence de grandes quantités d'équipements technologiques dans le pays. De multiples sources dans les médias généraux rapportent également les intentions du gouvernement cubain de libérer 53 prisonniers d'opinion dans les prochaines semaines.

Contrastant avec le ton plutôt placide de Barack Obama pour annoncer la remise en liberté de Gross et de l'agent de renseignement non encore nommé, celui de Raul Castro était lyrique.

Comme Fidel l'a promis en juin 2001, quand il a dit : “Ils reviendront !” Gerardo, Ramon et Antonio sont arrivés aujourd'hui dans notre patrie.

L'immense joie de leurs familles et de tout notre peuple, qui ont combattu sans relâche dans ce but, est partagée par des centaines de comités et mouvements de solidarité, gouvernements, parlements, organisations, institutions et personnalités, qui depuis seize ans faisaient des efforts inlassables pour réclamer leur libération. A tous nous transmettons notre profonde gratitude et notre engagement. La décision du président Obama mérite le respect et les remerciements de notre peuple.

Si leur sort a peu intéressé les médias aux Etats-Unis, on trouve à tous les coins de rue de la Havane les affiches réclamant la libération de “Los Cinco Heroes”, comme on les connaît dans le discours cubain. Les cinq hommes, qui opéraient tous comme agents du contre-terrorisme pour le gouvernement cubain, cherchaient à infiltrer les groupes anti-castristes aux USA et ont été arrêtés à Miami en 1998. Ils ont par la suite été condamnés entre autres pour conspiration en vue d'espionnage et d'activité d'agents d'un gouvernement étranger. Les verdicts initiaux de peines de prison allant de 15 ans à la perpétuité ont depuis, par le jeu de procédures d'appel approfondies, conduit à des réductions de peines pour trois d'entre eux, et à la remise en liberté, en 2011 pour l'un et en février 2014 pour un autre. Aujourd'hui, ils sont tous libres.

Si on ne sait pas grand chose de l'agent de renseignement étatsunien libéré mercredi, l'histoire du contractuel du gouvernement US Alan Gross a fait l'objet de nombreux articles depuis son arrestation en 2009 pour l'introduction d'équipement technologique sur l'île. Gross a fait cinq voyages à Cuba pour le compte de Development Alternatives International, un sous-traitant d'USAID, avec la mission de monter de petits réseaux WiFi dans le pays. Gross a été reconnu coupable d'entrée illégale dans le pays et d'actes violant “l'intégrité de l'Etat cubain” et condamné à quinze ans de prison. Il était considéré comme un atout dans les relations notoirement tendues entre les deux gouvernements.

Au moment de la condamnation de Gross, le blogueur cubain Iván García avait ironisé :

[Le véritable ennemi des Castro n'est pas Gross. L'Américain n'est rien de plus qu'une monnaie d'échange. Ça peut servir pour négocier avec les Yankees. Ou pour un spectacle politique. Guère plus.

 

Dégel compliqué

Malgré la forte réactivité des médias et des commentaires en ligne sur ce retournement historique, il n'en faudra pas moins de nombreux mois aux proches du dossier pour interpréter et placer dans son contexte politique les événements de ce jour. Quelle incidence sur l'avenir de Cuba ? Quels effets sur la révolution cubaine, qui à en croire les agents publics et la majorité de la population cubaine, suit toujours son cours ?

Le discours de Raul Castro a anticipé ces interrogations et laissé entendre que la transition pourrait en fait conforter le système que son parti a préservé au prix de tant d'efforts depuis sa prise du pouvoir en 1959.

L'héroïque peuple cubain, au milieu des graves périls, agressions, adversités et sacrifices, s'est montré fidèle et le restera à nos idéaux d'indépendance et de justice sociale. Solidement unis au long de ces 56 années de Révolution, nous avons gardé notre indéfectible loyauté à tous ceux qui sont morts pour défendre nos principes depuis le commencement de nos guerres d'indépendance en 1868.

Aujourd'hui, malgré les difficultés, nous avons entrepris la tâche de rénover notre modèle économique afin de bâtir un socialisme prospère et soutenable.

Si le président Obama a plaidé pour que que les dirigeants de part et d'autre "dépassent le legs du colonialisme comme du communisme", on ignore encore comment cela se déroulera dans la pratique, étant donné que le gouvernement cubain n'a manifesté aucune intention d'abandonner le second. Le président américain a aussi dit clairement que le souci des droits humains restait une haute priorité de la politique des Etats-Unis envers Cuba. "Les Etats-Unis croient qu'aucun Cubain ne doit encourir le harcèlement, l'arrestation ou le tabassage pour le simple fait d'exercer le droit universel à faire entendre sa voix", a-t-il dit.

Barack Obama a aussi souligné les intentions du gouvernement américain de continuer son "soutien à la société civile" à Cuba, référence tacite peut-être aux programmes du gouvernement de "promotion de la démocratie" comme celui pour lequel Alan Gross avait été engagé.

Des semaines ou même des mois pourraient s'écouler avant que les Cubains eux-même puissent apercevoir clairement en quoi ces changements vont affecter leur vie quotidienne et la trajectoire plus large de leur pays et société. J'ai eu beau solliciter les réactions et citations de nos collègues cubain(e)s à Global Voices, la plupart ont juste dit être bouche bée, submergés d'émotion et de surprise. Nous nous réjouissons de mettre en lumière davantage de points de vue de Cubains de part et d'autre du détroit de Floride dans les jours et semaines à venir.

VIDEO: En Indonésie, la culture intensive de palmiers à huile relève du désastre environnemental

samedi 20 décembre 2014 à 20:28

L'équipe de Coconuts TV s'est rendue dans le sud de Sumatra en Indonésie pour documenter l'impact du brûlage des tourbières et des forêts laissant place à l'expansion des plantations d'huile de palme. Le brûlage des forêts à Sumatra cause le déplacement d'espèces menacées dans l'île ; cela crée également une fumée mortelle qui touche l'Indonésie, la Malaisie et Singapour.

Le père d'une adolescente assassinée soutient la proposition de “loi Tijana” sur les réseaux sociaux

vendredi 19 décembre 2014 à 11:33
Une des images largement diffusés sur Internet dans la campagne impromptue des médias sociaux pour l'adoption de la proposition de loi Tijana, avec la question que chacun se pose: «Pourquoi la proposition de loi Tijana été encore adoptée?". Dessin d'un artiste inconnu.

Une des images largement diffusés sur Internet dans la campagne spontanée des médias sociaux pour l'adoption de la proposition de loi Tijana, avec la question que chacun se pose: «Pourquoi la proposition de loi Tijana n'a pas encore été adoptée?” Dessin d'un artiste inconnu.

L'atroce assassinat de Tijana Jurić, âgée de 15 ans, au début du mois d'août 2014 a secoué la société serbe si profondément que certaines personnes ont demandé que la peine de mort soit rétablie. Le père de la jeune victime, Igor Jurić, cependant, a trouvé ce que beaucoup pensent être une meilleure solution, avec l'aide d'experts juridiques de l'Université de Novi Sad. Quelques semaines après la mort tragique de sa fille, M. Jurić a présenté au gouvernement de la Serbie une proposition de loi qui aurait pu sauver la vie de son enfant.

La nouvelle proposition de loi a été surnommée “loi Tijana” et a été présentée à la fin du mois d'août 2014, mais n'a pas encore été adoptée par le gouvernement serbe, elle n'a pas été discutée au Parlement. Près de quatre mois plus tard, les réseaux sociaux ont été inondés avec le hashtag, # podrži (#Soutiens) et d'images publiées par les utilisateurs qui se posent la même question : «Pourquoi la loi Tijana n'a pas encore été adoptée?” 

Combien d'enfants doivent mourir pour que vous adoptiez la loi Tijana? Ou bien la bonne question est de savoir c'est l'enfant de qui ? 

La nouvelle loi proposée exige simplement que les recherches de la police pour les mineurs commencent dès qu'un mineur est porté disparu par ses parents ou tuteurs et que l'unité technologique de la criminalité de la Serbie soit impliquée immédiatement. Cette dernière mesure permettrait à la police de localiser les téléphones portables des mineurs disparus ainsi que l'activité de téléphones mobiles dans le voisinage pouvant être liée à ces affaires.

Dans le cas de Tijana Jurić, son ravisseur et meurtrier présumé, qui a avoué le crime odieux devant le tribunal, a finalement été localisé parce que la police a pu effectuer le traçage de son téléphone portable, mais quelques jours après sa mort. Tijana avait son téléphone portable avec elle le soir de son enlèvement et il est possible qu'on aurait pu le localiser dans le laps de temps entre son enlèvement et son assassinat. Théoriquement au moins, s'il y avait eu un texte permettant à la police de réagir immédiatement et à l'unité de police de de haute technologie de la criminalité de localiser son téléphone à temps, la vie de Tijana aurait pu être sauvée. Ce genre de réaction immédiate des autorités est exactement ce que propose la loi de Tijana. 

M. Jurić a publiquement demandé de l'aider à faire pression pour que la loi puisse être examinée par le Parlement de la Serbie, indiquant qu'il juge que c'était la mission de sa vie après la mort de sa fille.

M. Igor Jurić, le père de Tijana, tient une pancarte disant, "Aidez-moi à faire adopter la loi TIJANA." C'était une des premières images de la campagne en ligne soutenant le projet de loi et elle a été largement diffusée sur les réseaux sociaux.

Igor Jurić, le père de Tijana, tient une pancarte disant, “Aidez-moi à faire adopter la loi TIJANA.” C'était une des premières images de la campagne en ligne soutenant le projet de loi et elle a été largement diffusée sur les réseaux sociaux.

Alors que certains disent qu'en Serbie les lois existantes sont suffisantes pour de tels cas, beaucoup semblent insatisfaits de celles-ci ou de leur application. La campagne # podrži est abondamment présente à la fois sur Twitter et Facebook. Une page Facebook a été créée le 14 décembre pour recueillir les images et soutenir la campagne en ligne pour la loi Tijana et elle a, en une seule journée, déjà recueilli près de 5000 fans. La page a également recueilli des images de dizaines d'utilisateurs qui soutiennent le projet de loi et de nouvelles images continuent d'y être publiées à toute heure.

Asie du Sud-Est: Les maux du transport public en photos

vendredi 19 décembre 2014 à 11:03
Despite Thai laws requiring mandatory wearing of crash helmets, both rider and passenger appears to flout the law. Photo by Matthew Richards, Copyright @Demotix (10/6/2012)

Le conducteur et le passager semblent faire fi de la loi thaïlandaise rendant obligatoire le port du casque. Photo par Matthew Richards, Copyright @Demotix (10/6/2012)

Au début de ce mois, Global Voices a publié une photo virale d'une femme vietnamienne qui conduisait un scooter sans casque tout en portant un enfant. Un des commentaires au sujet de la photo disait qu'elle reflétait la situation réelle dans les rues du Vietnam. En effet, il est fréquent de voir des motards sans casque pas seulement à Hanoi, mais dans d'autres villes vietnamiennes.

Mais ce spectacle ne se limite pas au Vietnam. Si nous voyageons dans d'autres villes du sud-est de l'Asie, nous pourrons trouver des exemples similaires d'infractions au code de la route.

La photo au-dessus de cet article montre un autre motard sans casque, mais cette fois, c'est en Thaïlande.

L'application stricte des règlements sur la circulation est nécessaire pour protéger la sécurité du public. Mais nous voyons souvent des gens, y compris des enfants, à bord de véhicules qui présentent des risques pour leur vie. Ils sont des rappels concrets des systèmes de transport inadéquats et insuffisants dans de nombreux pays de l'Asie du sud-est. Photos ci-dessous :

Thai schoolchildren pictured as they ride home on the roof of a crowded truck. Photo by Matthew Richards, Copyright @Demotix (7/18/2013)

Écoliers thaïlandais photographiés alors qu'ils rentraient à la maison sur le toit d'un camion bondé. Photo par Matthew Richards, Copyright @Demotix (7/18/2013)

Voyager au Cambodge peut être vraiment difficile, en particulier dans le nord-est :

Photo from @billherod

Photo de @billherod

Les trains de l'Indonésie peuvent être très surpeuplés aux heures de pointe :

Train passengers in Jakarta sit on the roof carriage, side windows and between carriages. Photo by wisnu agung prasetyo, Copyright @Demotix, (9/29/2010)

Les passagers des trains à Jakarta s'assoient sur le toit des wagons, sur les fenêtres latérales et entre les wagons. Photo par Wisnu Agung Prasetyo, Copyright @Demotix, (9/29/2010)

Les jeepneys transportent des passagers et des marchandises aux Philippines, même s'ils sont souvent surchargés :

Le jeepney ici en province peut ressembler à…

Au Myanmar (Birmanie), le rédacteur Jason Szep a étudié le système de transport archaïque du pays:

Most vehicles, for instance, are right-hand drive, a throwback to British colonialism. Yet the roads are right-hand traffic, similar to the American system, reducing visibility and keeping drivers on perpetual alert.

La plupart des véhicules, par exemple, ont le volant à droite, un legs du colonialisme britannique. Pourtant, les routes sont conçues pour la circulation à droite, semblable au système américain, réduisant la visibilité et maintenant les conducteurs en alerte perpétuelle.

Puisque les pays de l'Asie du sud-est se préparent pour l’intégration de leurs économies en 2015, ils doivent également revoir leurs services de transport pour stimuler la croissance locale, la productivité, et surtout, pour protéger la sécurité de leurs citoyens.