PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

La Journée du maté honore la boisson traditionnelle sud-américaine

vendredi 11 décembre 2015 à 11:18
Foto en Flickr del usuario Diego (CC BY-NC 2.0).

Foto del típico recipiente donde se sirve el mate. Imagen tomada de la cuenta en Flickr del usuario Diego (CC BY-NC 2.0).

Le 30 novembre est célébré la Journée du Maté. Cette infusion, bien qu’appartenant au patrimoine culturel de plusieurs pays d’Amérique du Sud, est omniprésente en Argentine et en Uruguay, où sa consommation est largement répandue.

Le maté est préparé avec les feuilles et les branches torréfiées puis moulues de la hierba mate, également appelée « thé des jésuites » ou « thé du Paraguay ». « Maté » est le nom donné à la petite calebasse servant traditionnellement de récipient à l’infusion.

Cette amusante vidéo de dessin animé raconte l'histoire de la yerba maté :

Actuellement, il serait impensable d’interdire sa consommation en Argentine. Pourtant, cela fut le cas au XVIIème siècle où boire du maté était en effet considéré comme une « coutume abominable abominable », une « dangereuse contagion chez les populations indigènes ».

Dans une lettre qu’il a adressée au roi, [le gouverneur de Buenos Aires, Diego Marín] Negrón voulait attirer son attention sur «le fait que boire plusieurs fois par jour de la yerba (maté) avec une grande quantité d’eau chaude est un vice abominable et sale».Boire du maté «rend les hommes paresseux, et conduira la terre à sa perte. Puisque ce vice s’est fortement répandu et qu’il est désormais bien ancré, je crains que nous ne puissions y mettre un terme si Dieu ne s’en charge pas lui-même», disait le fonctionnaire qui espérait que la Providence puisse accomplir ce dont il se sentait incapable. Plus tard, [le gouverneur de Buenos Aires, Hernando Arias de Saavedra, plus connu sous le nom de ] Hernandarias a interdit la yerba maté. « Que personne, à partir de maintenant, n'aille chercher de la yerba ni n’envoie les Indiens s’en procurer pour ensuite en rapporter. N’essayez surtout pas d’en acquérir sous peine de devoir vous la confisquer et dans ce cas, elle devra être brûlée sur la place publique ».

Non seulement Hernandarias ordonna de brûler l’herbe mais il imposa également des peines à quiconque « introduirait ou aurait l’intention d’introduire l’herbe dans la ville » : 100 pesos pour les Espagnols ou 100 coups de fouet pour les autochtones.

Selon une étude de l’Institut Nactonal de la Yerba Mate, les Argentins consomment jusqu’à 100 litres de maté chaque année :

Dans le pays, les chiffres sur la consommation du maté sont éloquents : une enquête de l’Institut National de Yerba Mate a montré que les consommateurs de l’infusion buvaient en moyenne 100 litres de maté par an. […] chaque année, les ventes de yerba mate s’élèvent à 240 000 tonnes, loin devant le café avec 33 400 tonnes et le thé avec 6 000 tonnes.
[…]
Le maté contient des nutriments bénéfiques pour la santé de ses consommateurs. En premier lieu, la matéine, son composant principal, a des vertus énergisantes qui stimulent le système nerveux central, procurent lucidité intellectuelle et améliorent la concentration.
De plus, la yerba mate a été reconnue comme un antioxydant plus puissant que l’acide ascorbique de la vitamine C.
[…]
Et pour couronner le tout, le maté apporte à l’organisme des vitamines A, B1, B2, B3, B5, B6, C, E et jusqu’à 15 acides aminés.

Comme on pouvait s’y attendre, les amoureux du maté se sont exprimés par le biais de Twitter :

Le maté est idéal pour partager des moments privilégiés entre amis, avec la famille… et est un excellent compagnon quand on se retrouve seul pour réviser ses examens.

Les 10 faits que vous ne connaissez probablement pas sur le maté (si vous n’êtes pas argentin ou uruguayen).

Si vous allez sur le hashtag #DiaNacionalDelMate (# Journée Nationale du Maté), vous pourrez lire que les argentins consomment 100 litres de maté par an.

LuuBiagetti: #DiaNacionalDelMate. Le Maté nous accompagne en toutes circonstances, dans les bons moments comme dans les mauvais. Que Dieu bénisse cet « or vert », qui m’est si cher.

ArnaldoIrigoyen:#DiaNacionalDelMate . C’est un prétexte pour commencer une amitié, une relation amoureuse ou pour être de bonne compagnie dans les moments de joie et de tristesse.

Le Président de Gambie interdit les mutilations génitales féminines mais beaucoup reste à faire

mercredi 9 décembre 2015 à 22:45
President of the Gambia Yahya Jammeh addresses United Nations General Assembly on 24 September, 2013. UN photo by Erin Siegal. Used under Creative Commons license BY-NC-ND 2.0.

Le Preéident of de la Gambie Yahya Jammeh s'adresse à l'Assemblée Générale des Nations Unies le 24 septembre 2013. Photo ONU par Erin Siegal. Licence Creative Commons BY-NC-ND 2.0.

La Gambie s'est étonnée elle-même comme elle a étonné le monde le 23 novembre 2015 lorsqu'elle a annoncé l'interdiction par décret de la pratique des mutilations génitales féminines juste quelques jours avant la Jounée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes.

Les mutilations génitales féminines (excision, infibulation) impliquent un rituel d'ablation de partie ou de tout les organes génitaux externes pour des raisons non médicales. L'ablation est habituellement pratiquée en utilisant une lame de rasoir, avec ou sans anesthésie. Cette pratique n'a aucune incidence positive sur la santé et peut s'accompagner d'un grand nombre de complications douloureuses. Dix-neuf pays en Afrique les ont déclarées hors la loi.

L'Assemblée des Nations Unies a choisi la journée du 25 novembre chaque année pour ouvrir une période de 16 jours d'actions autour de la violence déterminée par le sexe.

Le Président de la Gambie, Yahya Jammeh, parlant lors d'un rassemblement politique dans son village natal de Kanilai, a présenté un décret à effet immédiat bannissant de cette pratique. Il a dit :

L'excision est interdite en Gambie de Kartong (un village côtier dans le sud-ouest de la Gambie à la frontière du Sénégal) jusqu'à Koina (un village sur les rives sud du fleuve Gambie) Pendant vingt ans, j'ai cherché dans le Coran et consulté des religieux afin de vérifier si cette pratique est mentionnée dans le Coran mais je ne l'y ai pas trouvée.

Les médias mondiaux ont fait écho à cette nouvelle d'une façon quelque peu jubilatoire, rendant hommage à des décennies de militance féministe et de défense des droits humains. En dépit de la décision présidentielle cependant, il n'existe aucune loi dans le pays qui interdise cette pratique et certains observateurs ont invité à la prudence avant de déclarer le combat déjà gagné.

“Une justification à la fois culturelle, religieuse et traditionnelle”

Selon un rapport de l'UNICEF, les religieux muslmans gambiens sont divisés sur les mutilations génitales féminines dans un pays où 90% de la population est musulmane. Certains prétendent que c'est une pratique optionnelle mais recommandable (sunnah), cependant l'excision est antérieure à l'Islam et des individus d'autres confessions à travers le pays la pratiquent, la liant à un élément de forte pratique culturelle.

Anti-FGM activists marching in the Gambia. Photo released under Creative Commons by Gamtrop

Défilé de miliantes anti-mutilations génitales féminines en Gambie. Photo sous licence Creative Commons de GAMCOTRAP

L'excision est invasive en Gambie, avec des données qui suggèrent que 70% des femmes la subissent sous une forme ou une autre. Depuis plus de deux décennies, les efforts du militantisme et les plaidoyers ont été de peu d'effet, spécialement au niveau politique. Les efforts pour introiduire une législation anti-excision dans ce minuscule pays d'Afrique de l'ouest ont jusqu'ici rencontré des résistances farouches avec des politiciens refusant même de rencontrer les groupes de la société civile à ce propos.

Ci-dessous, un documentaire, Couper la Féminité, sur les mutilations génitales féminines en Gambie :


Modou Joof, un journaliste et blogueur gambien qui a couvert les pratiques de MGF et d'autres questions de droits humains lui étant liées réagit à la nouvelle :

Ce pourrait être le début de la démonstration d'une volonté politique de bannir les MGF – qui a manqué aux campagnes.

L'Agenda des filles, une des organisations communautaires les plus importantes plaidant pour les droits des femmes et des filles, a posté ceci sur sa page Facebook :

Sur le terrain, notre approche cherchant à augmenter la conscience et à exiger des lois, des décrets et des pratiques qui renforcent et reconnaissent les droits des femmes et des filles continuera. Nous sommes engagées à voir disparaître toute forme de violence allant des mutilations, des mariages précoces et de la violence congugale à l'isolement politique en donnant aux filles les meilleurs outils de communication, de négociation et les compétences dans l'affirmation de soi dont elles ont besoin afin qu'elles rayonnent.

Dans un article long mais analytique, le blog Linguere a eu ceci à dire :

Une conscience plus aiguë du public sur les dangers des mutilations féminines et sur leurs effets sur les filles et les femmes est la voie la plus sûre pour changer les attitudes et obtenir l'abandon de cette pratique. Les MGF sont ancrées profondément dans la culture et leur pratique a prévalu avec des justifications culturelles, traditionnelles, ou religieuses. Comme pour de nombreuses autres pratiques culturelles ou traditionnelles, un changement doit s'opérer afin que leur abandon devienne une réalité.

“Jammeh a tendance à faire des déclarations excentriques et à l'emporte-pièce”

Cependant, le Centre Robert F Kennedy pour les droits humains engage à la prudence contre tout enthousiasme prématuré, disant que le Président Jammeh est connu pour ses déclarations farfelues :

La Gambie a été projetée sous les feux de la rampe après que son Président de longue date, Yahya Jammeh, a annoncé l'interdiction des mutilations génitales féminines. Cette déclaration en a surpris plus d'un, surtout après le rejet par l'Assemblée nationale d'une proposition similaire en mars, prétextant que les Gambiens “n'étaient pas prêts” … Oublié dans toutes ces congratulations, particulièrement sur les médias sociaux, est le fait que les MGF ne sont pas bannies en Gambie, du moins pas encore. Il n'existe pas de loi contraignante gravée dans le marbree. Et rappelez-vous que Jammeh est enclin à faire des déclarations bizarres, ponctuelles et décalées. La dernière fois qu'il a été à la hauteur d'une promesse fut quand il jura publiquement d'exécuter sommairement des prisonniers dans les couloirs de la mort, chose faite en août 2012

La Gambie est déjà un parti-Etat et signataire de nombreux instruments régionaux et internationaux de respect des droits humains qui ne sont pas en ligne avec des pratiques violentes traditionnelles comme les MGF. Le pays est signataire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, de la Convention sur l'élimination de toute forme de discrimination contre les femme, de la convention des droits de l'enfant, de la Charte africaine pour les droits humains et les droits des peuples, du Protocole de Maputo, entre autres. Il est nécessaire d'harmoniser les régulations régionales avec les standards internationaux.

La déclaration du 23 novembre pourrait être un début, pas une fin en soi. Mais maintenant, pendant que les féministes peuvent pousser un soupir de soulagement, les vrais gagnantes sont les centaines sinon les milliers de filles gambiennes qui risquent l'excision chaque année.

8 impacts du changement climatique qui affectent déjà l’Afrique

mercredi 9 décembre 2015 à 06:56

 

Oxfam International «Qu'ils mangent du carbone disait-on lors du sommet climatique de l'ONU à Durban, en Afrique du Sud, en 2011. Crédit: Ainhoa Goma / Oxfam. CC BY-NC-ND 2.0

Oxfam International :”Qu'ils mangent du carbone”, campagne de sensibilisation lors du sommet climatique de l'ONU à Durban, en Afrique du Sud, en 2011. Crédit: Ainhoa Goma / Oxfam. CC BY-NC-ND 2.0

Cet billet est tiré d'un article écrit par Bhavna Deonarain publié en anglais et en français par l'ONG 350.org, une organisation militant pour l'émergence d'un mouvement climatique mondial. Il est repris par Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

En ce moment même, les effets du changement climatique se font déjà sentir sur les populations d’Afrique. Les recherches effectuées montrent que le changement de température se répercute sur la santé, les moyens de subsistance, la production alimentaire, la disponibilité en eau et la sécurité globale des Africains.

D’après l’indice de vulnérabilité au changement climatique de 2015, sept des dix pays les plus menacés par le changement climatique sont en Afrique.

Les précipitations ont diminué dans une grande partie du Sahel et de l’Afrique australe, et ont augmenté dans certaines régions d’Afrique centrale. Au cours des 25 dernières années, le nombre de catastrophes météorologiques telles que les inondations et les sécheresses a été multiplié par deux. Cela explique pourquoi l’Afrique connaît le taux de mortalité dû aux sécheresses le plus élevé du monde.

1. Impacts sur les régimes météorologiques

Un village envahi par le désert en Mauritanie. 01/01/1984. Mauritanie. Photo ONU / John Isaac. CC BY-NC-ND 2.0

Un village envahi par le désert en Mauritanie. 01/01/1984. Mauritanie. Photo ONU / John Isaac. CC BY-NC-ND 2.0

Inondations

L’inondation est la catastrophe la plus courante en Afrique du Nord, elle arrive en deuxième position en Afrique de l’Est, australe et centrale et en troisième position en Afrique de l’Ouest (AWDR, 2006).

En Afrique du Nord, les inondations catastrophiques qui ont frappé le nord de l’Algérie en 2001 ont fait 800 morts et provoqué une perte économique d’environ 400 millions de dollars. Au Mozambique, les inondations de 2000 (aggravées par deux cyclones) ont causé 800 morts, bouleversé la vie de près de 2 millions de personnes, dont environ 1 million manquait de nourriture, déplacé 329 000 habitants et détruit des terres agricoles (AWDR, 2006).

Sécheresses

Entre juillet 2011 et la mi-2012, une sécheresse intense considérée comme “la pire sécheresse depuis 60 ans” a touché l’ensemble de l’Afrique de l’Est.

2. Impacts sur l’approvisionnement en eau et la qualité de l’eau

Parmi les effets observables du changement climatique sur les ressources hydriques d’Afrique, on retrouve: inondations, sécheresses, modifications de la distribution des précipitations, assèchement des cours d’eau, fonte des glaciers et recul des masses d’eau. 

Afrique de l’Ouest

Des économies entières souffrent lorsque les niveaux d’eau des énormes fleuves africains diminuent. Le Ghana, par exemple, est devenu totalement dépendant de l’énergie hydroélectrique du barrage d’Akosombo sur le fleuve Volta. Le Mali dépend du fleuve Niger pour la nourriture, l’eau et le transport. De longs tronçons du fleuve sont cependant aujourd’hui menacés de dévastation environnementale à cause de la pollution. Au Nigéria, la moitié de la population est privée d’accès à l’eau propre.

L'ampleur estimée du glacier du Kilimandjaro en 1912, et l'étendue en 2002. Crédit: Delphine Digout, UNEP / GRID-Arendal.

L'ampleur estimée du glacier du Kilimandjaro en 1912, et  en 2002. Crédit: Delphine Digout, UNEP / GRID-Arendal.

 Glaciers du Kilimandjaro

La disparition progressive, mais spectaculaire, des glaciers du Kilimandjaro est le résultat du changement climatique (GIEC, 2001). Les glaciers jouent un rôle de château d’eau et plusieurs cours d’eau sont en train de s’assécher. On estime que 82 % de la glace qui couronnait la montagne lors des premiers relevés en 1912 a à présent disparu (IPCC, 2001).

3. Impacts sur l’agriculture et l’alimentation

Le paysage se transforme sur tout le continent. Les sécheresses, les vagues de chaleur et les inondations ont réduit le rendement des cultures et la productivité du bétail.

L’Afrique de l’Est fait face à la pire crise alimentaire du XXIème siècle. D’après Oxfam, 12 millions de personnes ont cruellement besoin de nourriture en Éthiopie, au Kenya et en Somalie. Les précipitations ont été inférieures à la moyenne, 2010/2011 étant l’année la plus sèche depuis 1950/1951. Cela pose un sérieux problème pour un continent dont l’agriculture dépend de la pluie.

4. Impacts sur la santé humaine

Des médicaments contre le paludisme. Nigeria. Photo: Arne Hoel / Banque mondiale. CC BY-NC-ND 2.0

Des médicaments contre le paludisme. Nigeria. Photo: Arne Hoel / Banque mondiale. CC BY-NC-ND 2.0

Les pathologies liées au climat et les impacts sur la santé peuvent être importants dans les pays pauvres disposant de peu de moyens pour traiter et prévenir les maladies. Les impacts climatiques sur la santé comprennent, entre autres : 

5. Impacts sur le logement

Les graves inondations et les sécheresses intenses ont détruit de nombreux logements, abris et villages sur le continent africain. Ces impacts sont exacerbés par les conflits liés au contrôle des ressources, conflits qui contribuent également aux migrations continues au sein et entre les pays africains.

Les phénomènes extrêmes déplacent un grand nombre de personnes, en particulier celles qui ne sont pas en mesure de faire face aux catastrophes et de rebâtir leur logement par manque de ressources.

“Les réfugiés du Soudan du Sud hébergés dans un camp de l’ONU vivent dans des eaux de crue contaminées par les égouts leur arrivant jusqu'aux genoux ce qui force certains parents à dormir debout pour pouvoir maintenir leurs enfants hors de l’eau”, selon un reportage de la chaine de TV Al Jazeera d'aout 2014.

6. Impacts sur les populations vulnérables

En Afrique, les femmes, les enfants et les personnes âgées sont plus vulnérables aux impacts du changement climatique. De part leur rôle dans les réponses sociétales face au changement climatique comme après des événements météorologiques extrêmes (p. ex., migration des hommes), les femmes, en plus d’être mère, assument souvent des tâches en plus de leur travail.

La pénurie d’eau impose un fardeau additionnel aux femmes africaines, qui marchent pendant des heures et parfois des jours pour se procurer le précieux liquide (IPCC, 2014).

Les enfants et les personnes âgées sont plus exposés en raison d’une sensibilité supérieure aux maladies infectieuses, comme le paludisme, d’une mobilité limitée et d’une alimentation réduite. Les sécheresses, les vagues de chaleur et les incendies de forêt exposent les personnes âgées à un danger physique, voire au décès. La famine, la malnutrition, les maladies diarrhéiques et les inondations font de nombreuses victimes parmi les enfants. (IPCC, 2014).

Une éthiopienne portant un baril d'eau. Crédit photo: 2006 Badadha Kule / IFPRI. CC BY-NC-ND 2.0

Une Ethiopienne portant un baril d'eau. Crédit photo: 2006 Badadha Kule / IFPRI. CC BY-NC-ND 2.0

7. Impacts sur la sécurité nationale

Les impacts du changement climatique peuvent exacerber les problèmes de sécurité nationale et augmenter le nombre de conflits internationaux. Les conflits ont souvent pour origine l’utilisation de ressources naturelles, de terres fertiles et d’eau dont les quantités sont déjà limitées. Un accès en continu à des sources d’eau revêt une importance cruciale dans de nombreuses régions d’Afrique. La modification des périodes et de l’intensité des précipitations menace toutefois la disponibilité en eau, une ressource limitée aujourd’hui à l’origine de conflits (GIEC, 2014).

Selon un rapport des Nations Unies, l’accès à l’eau pourrait constituer la principale cause de conflits et de guerres en Afrique au cours des 25 prochaines années.

La modification des précipitations et de la température se répercute déjà sur le rendement des cultures en Afrique subsaharienne. Cela a entraîné des pénuries alimentaires qui ont déclenché une migration transfrontalière et des conflits intrarégionaux [lien inexistant] eux-mêmes à l’origine de l’instabilité politique au Nigéria, par exemple.

8. Impacts sur les écosystèmes

Bébé tortue de mer à Zanzibar. Photo par l'utilisateur Flickr Missy. CC BY 2.0

Bébé tortue de mer à Zanzibar. Photo par l'utilisateur Flickr Missy. CC BY 2.0

Le changement climatique a déjà altéré les écosystèmes marins et d’eau douce en Afrique de l’Est et australe et les écosystèmes terrestres en Afrique australe et de l’Ouest. Les phénomènes météorologiques extrêmes ont mis en évidence la vulnérabilité de certains écosystèmes d’Afrique australe. Les habitudes migratoires, l’aire de répartition géographique et l’activité saisonnière de nombreuses espèces terrestres et marines ont muté en réponse au changement climatique. L’abondance des espèces et leurs interactions se sont également modifiées (GIEC, 2014).

Le continent africain, bien qu’il soit moins responsable que d’autres des facteurs anthropiques à l’origine du changement climatique, est pourtant celui qui en souffre le plus.

Les médias russes gonflent-ils leur audience en utilisant des bots sur Twitter ?

mardi 8 décembre 2015 à 22:19
Why are suspicious Twitter accounts mass-retweeting stories from top Russian news agencies? Images mixed by Tetyana Lokot.

Pourquoi des comptes Twitter suspects retweetent-ils les communiqués des grandes agences de news russes ? Collage : Tatiana Lokot’.

Des centaines de comptes Twitter ayant l'apparence de bots gonflent le compteur de retweets et de mentions «favori» apparaissant sous les messages contenant des liens vers les dépêches des principales agences de news russes. Lawrence Alexander nous explique que ces mêmes faux comptes — une partie d'un immense réseau de milliers de bots — avaient précédemment diffusé en masse des liens vers des contenus de blogueurs pro-Kremlin.

Mon étude a commencé quand j'ai découvert que le fil Twitter de nombreux usagers parmi ceux qui retweetent et mettent en favori des messages de RT, RIA Novosti et Lifenews n'était constitué que de retweets.

Comptes suspects

Comme exemples types de ces comptes dédiés au retweet, on peut citer les comptes suivants : @MarishaSergeeva, @MilenaRuineva, @KlaraUkralaKolu, @olga04p, @laraz1377, et @babichevaSonya [архив: 1, 2, 3, 4, 5, 6].

L'analyse des métadonnées montre que tous possèdent des caractéristiques de faux comptes : les infos données par leur bio sont soit très succinctes, sous forme de slogans, soit carrément absentes; comme avatars, ils reprennent une photo de mannequin ou un personnage de dessin animé.

RT retweets

Les retweets répétés des messages du compte de Russia Today en anglais sont un trait distinctif de nombreux faux comptes.

Leur comportement diffère de celui des bots décrits dans (lien en anglais) mon premier article pour «L'Echo de RuNet», qui se «followaient» les uns les autres, mais ne retweetaient pas de messages et ne mettaient pas de «favori». Une analyse de ma nouvelle série de comptes à l'aide de NodeXL n'a pas montré de quelconque relation entre eux.

Si une partie de ces comptes est entièrement dédiée aux retweets, d'autres (tels @SlavinaOksi) se chargent de poster des liens vers les nouvelles publications.

slavinaoksi kievsmi

Ce compte postait des messages en russe et en ukrainien avec des liens vers les articles récents.

La majeure partie des liens d'«Оksana» allait vers des publications de kievsmi.net — l'un des sites d'«actualités» pro-Kremlin (auquel a été donnée l'apparence d'un média ukrainien), menant vers le réseau (lien en anglais) dont j'ai parlé dans mon précédent article.

Arrivé à ce stade, on voit clairement que certains médias en langue russe boostent leur popularité sur Twitter à l'aide de comptes qui ont l'apparence et le fonctionnement de bots. Mais à quelle échelle ? Ce phénomène est-il particulier à la toile russe ou reflète-t-il une tendance globale d'internet?

Etude comparée des tendances

Pour obtenir une réponse plus précise, j'ai créé un programme Python basique afin de rechercher les comptes qui retweetent les messages de comptes donnés sur Twitter et déterminer ceux qui, durant les derniers 30 jours, ont publié exclusivement des retweets (en les dénommant «suspects»). Il va de soi que selon cette hypothèse, on pourrait classer comme «suspects» des usagers réels du réseau social qui aiment tout simplement retweeter les messages des autres. Néanmoins, les résultats que j'ai obtenus se sont avérés surprenants et intéressants.

Durant deux semaines, j'ai analysé les messages d'agences d'information russes, ukrainiennes, britanniques et américaines, en faisant la moyenne des retweets venus de comptes suspects.

Pour équilibrer ma comparaison, j'ai utilisé un échantillon de 45 comptes en langue russe choisis au hasard, et autant en anglais. Ils ont été triés au moyen d'une recherche des utilisateurs dont les messages contenaient la conjonction «et» dans leur langue originelle.

Pour la liste de médias anglophones (retweets de comptes définis comme «suspects»), le taux moyen obtenu était de 18,6%, un peu plus pour RuNet — 20,3% en moyenne. Les médias russophones ont par la suite montré une plus grande quantité de retweets de comptes analogues à des bots que les médias anglophones.

Le diagramme ci-dessous reflète le pourcentage moyen de retweets pour chaque contenu sur une période de deux semaines:

<script src="https://public.tableau.com/javascripts/api/viz_v1.js" type="text/javascript">

Les plus forts pourcentages ont été obtenus par les comptes @emaidan_ua, @novostikiev and @kievsmi, dont chacun est lié à un réseau de sites pro-Kremlin. Les comptes des grandes agences russes proches du pouvoir montrent elles aussi de forts taux de retweets «de type bot», alors que pour les grandes sources d'information occidentales (CNN, Fox News, MSNBC et BBC), on trouve une quantité minime de retweets de ce type. Les pourcentages des médias ukrainiens (Kyiv Post et UA Today TV), tout comme les comptes anglophones d'agences russes (RT, «Sputnik») se trouvent dans la zone moyenne-basse, ce qui contraste fortement avec le taux de 42% obtenu pour le compte russophone de RT, soit 22% de plus que la moyenne. Que cache un tel écart ? Une étude plus poussée des métadonnées des comptes entrant dans la catégorie «usines à retweets» [par analogie avec l'expression «usine à trolls» — Ndlt] a attiré mon attention sur une particularité. Dans le champ où s'indique le logiciel utilisé pour la publication des tweets (généralement il s'agit d'Android pour Twitter ou Tweetdeck), apparaissaient toujours les mêmes mots: «bronislav», «iziaslav», «meceslav», «slovoslav» et «rostislav». Une analyse a montré que presque la moitié des bots utilisaient ces logiciels. Comme les résultats d'une recherche sur Google permettent de le supposer, ces logiciels n'ont rien à voir avec ceux qui sont commercialisés pour Twitter, et sont visiblement des applications non reconnues. Ce qui est curieux, c'est que chacun de ces mots est un prénom slave masculin dérivé de la racine «Slava» («gloire»), et qui a à peu près le sens de «celui qui se bat pour la gloire et l'obtient». En utilisant ces prénoms comme filtre de recherche, j'ai fait des modifications dans mon programme, de façon à sélectionner les comptes utilisant ces applications non reconnues. Le résultat s'est avéré plus précis que celui obtenu à partir du comportement consistant à retweeter des messages. Avec mon nouveau script affiné, j'ai découvert 411 faux comptes. Ce qui est intéressant, c'est que le comportement de ces bots a évolué avec le temps. Bien que la majeure partie se cantonne désormais à retweeter les messages d'autres comptes, l'analyse de leur fil montre qu'ils ont auparavant employé les hashtags #AnarchyinUA [anarchie en Ukraine], #PutinPeaceMaker [Poutine pacificateur] et #MaterialEvidence [Preuves matérielles], et publié des informations analogues au contenu de sites liés à des «usines à trolls» démasquées par «l'Agence des enquêtes internet». Bot AnarchyinUA

Bot Material Evidence

Tweets sur une exposition à New York avec hashtag et lien vers l'information correspondante.

L'analyse des fils montre des périodes d'«accalmie» où les bots continuaient à fonctionner un peu en mode «veille», et postaient sur Twitter des citations «inspirantes» ou d'autres informations venues de la toile.

Voici une série de tweets de phrases sans rapport entre elles et de citations sans liens ou retweets.

 

Activité des bots sur le segment RuNet

Ayant obtenu une sélection de bots «pure», j'ai décidé de rechercher avec une attention accrue les agences d'information qui les utilisaient. J'ai alors créé un autre programme pour trouver les 30 comptes suivants, dont les messages étaient retweetés par chacun des bots et, sur la base des données obtenues, j'ai réalisé un graphique.<script src="https://public.tableau.com/javascripts/api/viz_v1.js" type="text/javascript">

Les principales agences de news gouvernementales et les sites d'information — RIA Novosti, RT, LifeNews et TASS — apparaissent en haut de la liste. On y trouve aussi, d'ailleurs, les comptes de médias indépendants – «Medusa» et «Dojd'». De plus, les bots ont retweeté les messages du compte de RIA FAN (le site de l'«usine à trolls» de Saint-Pétersbourg qui fait partie du réseau déjà cité, (lien en anglais) au côté des messages de @champ_football (l'un des comptes Twitter du site de sport championat.com). Cette combinaison provient-elle d'une erreur de code dans le programme de ces bots, ou d'une tentative de dissimulation délibérée ? En tout cas, rien n'est venu confirmer que l'une quelconque des sociétés citées ait ordonné ou orchestré des retweets de ses messages.

La sélection basée sur l'analyse des logiciels Twitter montre que l'activité des bots utilisant des applications non standard se focalise presque exclusivement autour des sites russophones (cf. diagramme).

<script src="https://public.tableau.com/javascripts/api/viz_v1.js" type="text/javascript">

Il ne fait pas de doute que cette activité des bots a une influence significative sur le segment russophone de Twitter et l'audience des sites d'information, montrant avec une clarté évidente comment il est possible de booster artificiellement sa popularité sur les réseaux sociaux. Les spécialistes des médias sociaux qui basent leurs travaux sur de telles données doivent impérativement en tenir compte.

Pour autant, les retweets et les hashtags ne représentent qu'une part de l'activité des bots. Dans mon prochain article, j'analyserai les blogs sur la plateforme Livejournal, qui développent massivement leur audience à l'aide de bots, et j'essaierai de répondre à cette question : cela prouve-t-il des tentatives de répandre sur internet une information favorable aux autorités russes ?

Les tweets de “Charlie Hebdo” interdits sur tout le territoire russe

mardi 8 décembre 2015 à 11:06
Charlie Hebdo on trial. Image edited by Kevin Rothrock.

“Charlie Hebdo” au tribunal. Illustration : Kevin Rothrock.

Un tribunal municipal tchétchène a bloqué le compte de l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo sur le réseau social Twitter. Cette décision a été rendue le 23 novembre 2015. Conformément à la législation de la Fédération de Russie, l'interdiction s'applique sur tout le territoire russe.

Dans son allocution au tribunal, le procureur général de Tchétchénie Charpouddi Abdoul-Kadyrov a expliqué que la police avait découvert un contenu offensant sur le compte Twitter du journal, le 11 novembre 2015. Il s'agit du traitement satirique de la catastrophe aérienne du 31 octobre qui a coûté la vie à 224 personnes. (Il est maintenant admis que le crash a fait suite à l'explosion d'une bombe). Abdoul-Kadyrov a déclaré que les caricatures du journal à ce sujet étaient une incitation à la haine religieuse et ethnique, ce qui en Russie est considéré comme un discours prohibé.

Si Twitter se refuse à bloquer son compte en Russie, le service fédéral des communications, des technologies informatiques et des médias (le Roskomnadzor) prendra la responsabilité d'ajouter le compte Twitter de Charlie Hebdo à la liste des sites interdits, que les fournisseurs d'accès internet sont tenus de mettre à jour et de télécharger deux fois par jour.

On ne sait pas encore exactement quel est le compte Twitter visé par l'interdiction des fonctionnaires russes. Le compte officiel de Charlie Hebdo sur Twitter n'a rien publié depuis le 7 janvier 2015. Il ne peut donc pas être le compte bloqué par la police tchétchène pour avoir publié des caricatures sur le crash en Egypte qui a eu lieu presque onze mois plus tard. Le Roskomnadzor n'a pas encore ajouté de comptes sur sa liste noire internet, pas plus qu'il n'a rapporté avoir communiqué à Twitter une demande d'interdiction.