PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Les enfants apatrides du Bouthan

dimanche 6 mars 2016 à 15:22
A mother and her child in Bhutan. Photo: Steve Evans / Flickr. CC 2.0. Edited by Kevin Rothrock.

Une mère et sa fille au Bhoutan. Photo: Steve Evans / Flickr. CC 2.0. Editée par Kevin Rothrock.

La nation himalayenne du Bhoutan [fr], dont la population est d'environ 750000 personnes, est connue pour le concept de «bonheur national brut» – une formule créée en 1972 pour exprimer l'engagement du pays en faveur des valeurs spirituelles bouddhistes plutôt que du développement matériel de l'Occident. Ces derniers temps, les lois strictes sur la citoyenneté au Bhoutan ne vont cependant pas vraiment vers un accroissement du bonheur, alors que des milliers d'enfants bhoutanais abandonnés par leur père sont devenus apatrides en vertu des lois bhoutanaises.

La Constitution du pays stipule que:

A person, both of whose parents are citizens of Bhutan, shall be a natural born citizen of Bhutan.

Un individu dont les deux parents sont des citoyens bhoutanais accède de plein droit à la citoyenneté bhoutanaise.

Ce qui rend les choses particulièrement difficiles est que les enfants de père inconnu ou ceux dont l'un des parents n'a pas la citoyenneté du pays ne peuvent être inscrits dans le recensement national. Au Bhoutan, il est impossible de bénéficier des services publics, d'accéder à la propriété ou d'obtenir un passeport pour voyager à l'étranger sans document attestant de la citoyenneté.

Vishal Arora, journaliste, écrivain et réalisateur basé à New Delhi, a tourné un documentaire sur le sujet dans le cadre d'une campagne intitulée Media Project:

Abandoned by their fathers, these children are brought up by their mothers, who endure financial hardships to raise them and yet fail to ensure a good future for them.

For, Bhutan requires the legal identity of a child’s father before granting him or her citizenship rights.

These mothers and their fatherless children are paying the price for growing alcoholism and the misuse of the age-old tradition of nightly dating, called “Night Hunting,” the two key reasons behind the high incidence of unprotected premarital sex.

Abandonnés par leur père, ces enfants sont élevés par leur mère, qui traversent d'immenses difficultés financières pour les éduquer et ne peuvent néanmoins pas leur garantir un avenir favorable.

En effet, le Bhoutan réclame l'identité légale du père d'un enfant avant d'octroyer à celui-ci ou celle-ci les droits liés à la citoyenneté.

Ces mères et leurs enfants sans père payent le prix d'un alcoolisme grandissant et de l'usage abusif de la vieille tradition du rendez-vous nocturne, appelé «chasse de nuit», deux raisons clé qui expliquent la forte prévalence des rapports sexuels non protégés avant le mariage.

Le destin de ces enfants sans père est incertain en raison des reports de la procédure d'enregistrement au Bhoutan, lorsqu'une mère est incapable d'identifier le père de son enfant. L'avortement est illégal au Bhoutan, en-dehors des cas de viols, d'inceste, de risques pour la santé mentale ou de danger pour la vie de la mère. Par conséquent, de nombreuses femmes ont recours à l'avortement illégal ou traversent la frontière avec l'Inde pour mettre fin à leur grossesse.

Le blogueur Passu observe:

I find more compassion in abortion; killing a cell for the sake of a woman’s life, and liberating both the mother and the child from depth of mistake. Abortion is not an ice cream that everybody would enjoy if made free, it is but the only option left when everything seems wrong. No woman will go for abortion for pleasure.

Je trouve plus de compassion dans le fait d'avorter, tuer une cellule pour la vie d'une femme, et libérer à la fois la mère et l'enfant des affres de l'erreur. L'avortement n'est pas une crème glacée que tout le monde apprécierait si elle était gratuite, c'est l'unique option qui reste lorsque tout semble aller mal. Aucune femme n'avorte pour le plaisir.

Yeshey Dorji écrit sur son blog:

Centuries of societal indoctrination has numbed our mind into believing that a child born out of the wedlock is, without contest, fathered by the husband of the woman bearing the child. This belief is so deep rooted in our consciousness that to suggest otherwise is anathema. But if you were to contemplate this matter a little deeper, you will realize that this is a fallacy of gargantuan proportions. The truth is that no one, but a mother alone may testify to the veracity of the fact. For all you know, the child could have been secretly fathered by someone from Timbuktu.

This brings us to the realization that where the Bhutaneseness of a child is needed to be established, nothing can be as authoritative and genuine and genetically pure as that of the Bhutanese mother who bore the child. Since there is room for duplicity, I think it is erroneous to set the criteria that the father of the child ought to be a Bhutanese for the child to qualify as a Bhutanese.

Des siècles d'endoctrinement de la société ont engourdi nos esprits au point de croire que le père d'un enfant né hors mariage est indubitablement le mari de la femme qui a donné naissance à l'enfant. Cette croyance est si profondément enracinée dans nos consciences qu'émettre une autre hypothèse entraîne un anathème. Mais lorsque l'on se penche sur la question de manière un peu plus approfondie, on se rend compte qu'il s'agit d'une erreur aux proportions gargantuesques. La vérité est que personne à part la mère ne peut attester de la véracité des faits. Autant qu'on sache, l'enfant a pu être conçu avec un homme de Tombouctou.

Cela nous amène au constat que, en ce qui concerne la nécessité d'établir le «caractère» bhoutanais d'un enfant, rien ne peut faire autant autorité, n'est aussi authentique et génétiquement pur que celui de la mère bhoutanaise qui a mis l'enfant au monde. Etant donné la possibilité de supercherie, je pense qu'il est erroné d'établir comme critère le fait que le père de l'enfant soit bhoutanais pour que celui-ci remplisse les conditions requises pour l'être.

Sonam Ongmo souligne sur son blog:

Apart from having to deal with the cowardly men who have made them pregnant, and leave both woman and child in limbo, the least she should have to deal with is the government doing this too. Why should a woman have to prove who the father is in oder to avail citizenship for her child? What if the woman was raped? And even if she wasn't, what prevents her or her child from being a citizen? It is inhumane to put a woman through this!

It is the Nation's responsibility; the government's responsibility to ensure citizens, especially women, this right and to make it as easy as they can for them to avail this right.

Hormis le fait d'avoir à se confronter aux hommes lâches qui les ont rendu enceintes, et laissé à la fois femme et enfant dans la misère, la dernière chose à laquelle les femmes devraient faire face est que le gouvernement agisse également en ce sens. Pourquoi une femme devrait-elle prouver qui est le père pour permettre à son enfant d'accéder à la citoyenneté? Qu'en est-il si la femme a été violée? Et même si ce n'est pas le cas, qu'est-ce-qui l'empêche elle ou son enfant d'être citoyen-ne? Faire endurer cela à une femme est inhumain!

C'est la responsabilité de la Nation, la responsabilité du gouvernement d'assurer aux citoyens ce droit, et en particulier aux femmes, et de leur faciliter autant que possible l'accès à ce droit.

Yeshey Dorji conclut:

A benevolent law should not encourage gender bias and unequal treatment. We have always been a matriarchal society and thus, it is not in our character to treat our women as if they were second class citizens. Our laws should give them the same dignity, right and freedom as those that are accorded our men.

Une loi favorable ne devrait pas encourager les inégalités de genre et de traitement. Nous avons toujours été une société matriarcale et, par conséquent, ce n'est pas dans notre caractère de traiter nos femmes comme si elles étaient des citoyennes de seconde zone. Nos lois devraient leur donner la même dignité, les mêmes droits et libertés que ceux qui sont accordés aux hommes.

Reste à voir si le gouvernement bhoutanais réformera ses lois et ses régulations, ou si les femmes doivent s'attendre à continuer à faire face aux mêmes difficultés qu'aujourd'hui.

El Niño fait monter la température en Asie : canicule et pénuries d'eau au Myanmar

dimanche 6 mars 2016 à 10:17
Yangon residents have to adjust to the increased temperatures and water shortages brought by the El Niño weather pattern. Photo and caption by Hein Htet / The Irrawaddy

A Rangoun, il faut s'adapter aux températures et à des pénuries d'eau entrainées par la météo particulière du phénomène El Nino –  Photo et légende de Hein Htet / The Irrawaddy

Cet article a été publié sur The Irrawaddy, un site indépendant d'information sur le Myanmar. Il est republié sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenus. 

Les conséquences météorologiques du phénomène El Niño se ressentent aussi dans plusieurs pays d'Asie et du Pacifique. El Niño arrivant au pic de son cycle de 12 à 18 mois, de grandes parties du Myanmar sont affectées par des températures élevées et des pénuries d'eau.

L'été ne commence en général pas avant mars, mais les températures étaient déjà intenses en février. Les météorologues ont prédit que les pénuries d'eau relevées dans de nombreux lieux pourraient s'aggraver et tripler dans les mois qui viennent. A Rangoun, la capitale, la température a déjà grimpé jusqu'à 35 degrés, forçant les habitants à rechercher l'ombre.

A Dala, ville située de l'autre côté du fleuve de Rangoun, le manque d'eau est plus visible. Les photographes du Irrawaddy Hein Htet et Pyay Kyaw ont dernièrement fait un reportage sur la vie à Rangoun et Dala pendant cette vague de chaleur.

Water rationing in Yangon. Photo by Hein Htet / The Irrawaddy

Rangoun : l'eau est rationnée . Photo Hein Htet / The Irrawaddy

Dala residents coping with the waves of severe weather brought by the El Niño weather pattern. Photo by Pyay Kyaw / The Irrawaddy

Dala  : les habitants aux prises avec la canicule provoquée par El Niño. Photo Pyay Kyaw / The Irrawaddy

Community water pump in Dala. Photo by Pyay Kyaw / The Irrawaddy

L'eau à la pompe de quartier à  Dala. Photo Pyay Kyaw / The Irrawaddy

Transporting water buckets in Dala. Photo by Pyay Kyaw / The Irrawaddy

La corvée de l'eau à Dala. Photo  Pyay Kyaw / The Irrawaddy

Yangon residents carry umbrella as protection from the heat of the sun. Photo by Hein Htet / The Irrawaddy

Rangoun : les passants ont sorti les parapluies pour se protéger du soleil et de la chaleur. Photo Hein Htet / The Irrawaddy

Birds soak in water as temperature rises in Dala. Photo by Pyay Kyaw / The Irrawaddy

Les oiseaux cherchent la fraicheur tandis que la température monte à Dala. Photo by Pyay Kyaw / The Irrawaddy

Yangon residents find a shade to rest. Photo by Hein Htet / The Irrawaddy

Rangoun : on cherche l'ombre pour se reposer. Photo Hein Htet / The Irrawaddy

Quand les élections sont une blague, les gens racontent des blagues sur les élections

samedi 5 mars 2016 à 23:19
"Pecko" caricature by Darko Markovic for Citizens for European Macedonia. Used with permission.

Caricature de Darko Markovitch pour le groupe «Citoyens pour une Macédoine européenne». Reproduction autorisée.

Les blagues sur les élections et la falsification des votes sont très répandues dans le folklore moderne des Balkans et reflètent les préoccupations des citoyens de la région. Les mésaventures des urnes électorales sont très réelles dans les jeunes démocraties telles que le Monténégro, la Macédoine et la Serbie, et comme dit le proverbe : «Mieux vaut en rire qu'en pleurer».

Ces blagues acides se répandent avant tout sur les réseaux sociaux et entre amis. Les sites d'humour à base de «copié-collé» les reproduisent parfois dans des compilations plus ou moins importantes.

Voyons quelques-unes de ces blagues des Balkans.

«J'attends juste mon père qui va venir voter»

La blague suivante nous vient du Monténégro [lien en monténégrin] et fait référence à une pratique répandue qui consiste à ne pas rayer les citoyens décédés des listes électorales :

Došao Crnogorac na biračko mjesto kako bi glasao.
Nakon završenog glasanja, zatraži od ljudi iz komisije da mu daju stolicu da sjedne.
– Izvolite stolicu, je li Vam dobro, gospodine?
– Ma dobro mi je, samo ću da sačekam oca da dođe na glasanje.
– Pa doći će Vam otac kući poslije glasanja?
– On ne dolazi kući, evo ima već 10 godina jer je umro, ali redovno izlazi na izbore pa rekoh da ga vidim…

Un Monténégrin se rend au bureau de vote.
Après avoir voté, il demande à la commission électorale de lui prêter une chaise pour qu'il puisse s'asseoir un peu.
— Voilà une chaise, Monsieur. Vous ne vous sentez pas bien ?
— Si, ça va, je voudrais juste attendre mon père qui va venir voter.
— Mais votre père ne va pas rentrer à la maison après avoir voté ?
— Non, il ne va pas rentrer à la maison. Il est mort il y a plus de dix ans, mais il vote à chaque élection, alors je me suis dit que j'allais essayer de le croiser…

Bien que cette version précise soit répertoriée comme monténégrine, on en trouve plusieurs variantes dans de nombreux autres pays. Dans un article de 1998 un auteur britannique en donne une version qui renvoie à une campagne de l'année 1948 aux USA.
On trouve des variantes de l'histoire qui va suivre sur les forums et réseaux sociaux de toute la région des Balkans. Celle-ci provient d'une sélection de blagues sur les élections faite par un site humoristique serbe:

Kandidat za gradonačelnika u nekom selu drži govor, pa kaže:
– Do vašeg sela ćemo napraviti asfaltirani put! Napravit ćemo i vodovod! Izgradit ćemo i školu!
Netko iz mase:
– Ali u selu nema dece!
– I decu ćemo vam napraviti!

Un candidat à la mairie se présente dans un petit village :
— Nous ferons goudronner la route de votre village ! Nous vous installerons des canalisations. Nous vous construirons une école !
Quelqu'un dans l'auditoire :
— Mais il n'y a pas d'enfants dans le village !
— Alors nous vous ferons aussi des enfants !

Crèches et prisons

Comme pour beaucoup d'autres blagues, le charme de celle-ci est universel, bien qu'elle soit issue d'un pays précis :

Dođe premijer Srbije u posetu vrtiću. Gleda malo decu kako se igraju i kaže svom ministru finansija:
– Daj piši ček na 5.000 eura za poboljšanje životnih standarda u vrtićima!
I ovaj napiše ček, i idu dalje te dođu u zatvor. I gleda malo zatvorenike kako robuju i kaže:
– Daj piši ček na 500.000 eura za poboljšanje životnih uslova u zatvoru!
– Pa kako za decu 5.000, a za ove zločince i razbojnike 500.000? – kaže ministar finansija.
A, premijer će njemu: – A šta ti, misliš da ćeš ići u vrtić posle sledećih izbora?

Le Premier ministre serbe visite une crèche. Après avoir regardé jouer les enfants, il dit au ministre des Finances :
— Prenez 5.000 sur le budget pour améliorer les conditions d'accueil dans les crèches !
Le ministre des Finances s'exécute. Tous deux visitent ensuite une prison. Après avoir observé les prisonniers, le Premier ministre dit :
— Prenez 50.000 euros sur le budget pour améliorer les conditions de vie dans les prisons !
— Pourquoi 5.000 pour les enfants et 50.0000 pour ces criminels et ces bandits ? — demande le ministre des Finances.
Réponse du Premier ministre:
— Tu crois qu'après les prochaines élections c'est à la crèche qu'on va nous envoyer ?

98% contre 2%

L'utilisation largement répandue de sondages aux résultats douteux pour faire de la propagande est le sujet de cette blague citée par un blogueur serbe.

Političar se obratio agenciji za ispitivanje javnog mišljenja:
– Imam osećaj da bi 98% građana ove zemlje glasalo za mene. Da li bi mogli to proveriti?
Dva meseca kasnije dobio je izveštaj:
– Gospodine, anketirali smo 10.000 ljudi i svi pripadaju onom malom postotku od 2% građana koji su protiv vas.

Un homme politique demande à un institut de sondage d'en réaliser un pour lui :
— Je sens que 98% des citoyens de ce pays sont prêts à voter pour moi. Ne pourriez-vous pas le vérifier ?
Deux mois plus tard, il reçoit la réponse:
— Monsieur, nous avons interrogé 10.000 personnes, et elles appartiennent toutes à ce petit pourcentage de 2% de citoyens qui sont contre vous.

«Mon petit, aide-moi s'il te plaît, j'ai oublié mes lunettes»

En 2001, l'édition annuelle de «Macédoine nouvelle» a demandé à des hommes politiques macédoniens de raconter leurs histoires drôles préférées. La députée de l'opposition Vesna Bendevska s'est souvenue de celle-ci:

Бабичка оди на гласање.
– Синко, помогни ми, те молам, ги заборавив очилата.
– Нема проблем, госпоѓо – вели еден новопечен административец и го заокружува лавчето на листот.
– Може ли да знам за кого гласав, синко?
– Не може, госпоѓо, изборите се тајни!

Une vieille dame va voter:
— Fils, aide-moi, s'il te plaît, j'ai oublié mes lunettes.
— Pas de problème, Madame, lui répond l'employé de la commission électorale fraîchement nommé, en entourant le nom du candidat au pouvoir sur le bulletin de vote.
— Est-ce que je pourrais savoir pour qui j'ai voté, fiston ?
— Je ne peux pas vous le dire, Madame, le vote est secret !

«C'est Merkel qui téléphone à Gruevski…»

La blague suivante [en macédonien] se moque du soutien présumé que les partis de droite des Balkans reçoivent de leurs «partis frères» du Parti Populaire Européen. Montrer à l'électorat qu'on a le soutien d'«étrangers» peut souvent faire basculer des électeurs hésitants. Inversant les rôles, Nicolas Gruevski, le leader du parti macédonien au pouvoir VMRO-DPMNE vient en aide à Angela Merkel, la chancelière allemande et chef de l'Union Chrétienne-Démocrate (C.D.U.).

Le Mile de la blague, c'est Mile Anakievski, ancien ministre du gouvernement et bras droit de Gruevski, actuellement mis en examen comme principal suspect dans un dossier d'association de malfaiteurs en vue de la falsification des élections. [liens en anglais]

Му ѕвони Ангела Меркел на Груевски:
– Никола, пријателе, ми треба помош од тебе. Во Германија ќе има избори и многу ми е тешко.
– Ангела, ако помогнеш да влеземе во ЕУ, нема проблем. Што да направам за тебе?
– Никола, ако можеш, испрати ми некој искусен стратег да ми помага!
– Нема проблем, Ангела, ќе ти го испратам Миле.
Поминале изборите и Груевски и ѕвони н Меркел:
– Ангела, што бидна, победивте ли?
– Не, завршивме на второ место и ги изгубивме изборите.
– Како така, а кој победи тогаш?
– ВМРО…

Merkel téléphone à Gruevski:
— Nicolas, mon ami, j'ai besoin de ton aide. Il va y avoir des élections en Allemagne, et je vais avoir du mal à les gagner.
— Aucun problème, Angela, si tu nous aides à entrer dans l'UE. Qu'est-ce que je peux faire pour toi?
— Nicolas, si tu peux, envoie-moi un stratège très malin pour m'aider!
— Pas de souci, Angela, je vais t'envoyer Mile.
Après les élections, Gruevski téléphone à Merkel:
— Alors, Angela, tu as gagné ?
— Non, on est deuxièmes et on a perdu les élections.
— Comment ça, mais qui a gagné alors ?
— Le VMRO…

"Forward to Europe!" A "Pecko" caricature by Darko Markovic, made for Citizens for European Macedonia. Used with permission.

«En avant vers l'Europe!» Caricature de Darko Markovitch pour le groupe «Citoyens pour une Macédoine européenne». Reproduction autorisée.

São Paulo : des migrantes s'expriment en broderies et patchworks

samedi 5 mars 2016 à 18:16
do-retalho-a-trama-2

Une nouvelle exposition au Musée de l'immigration à Sao Paulo : des histoires contées au travers ” d'arpilleras” Photo: Musée de l'immigration.

Est-il possible d'aborder un thème aussi complexe que celui de  l'immigration au moyen de la couture ?

 “De la trame au portrait, recoudre la mémoire des migrants”, une exposition qui a été inaugurée en février au musée de l'immigration à São Paulo, montre que c'est faisable.

C'est le fruit du travail de femmes de la “Casa de Passagem” (maison de transition), de Terra Nova et du collectif  “Femme Latino, tu es une partie d'ici, ne restes pas à part”, composé de femmes venant de différents pays d'Amérique du Sud. Elle propose 17 œuvres groupées en quatre sections thématiques : les parcours, les savoirs, les liens et les lieux.

Les travaux sont réalisés selon la méthode de l’arpillera, une technique de couture et de broderie qui vient de la région de Isla Negra, au Chili. Elle utilise comme support un tissu rustique (qui peut être celui que l'on utilise pour les sacs de farine ou de pommes de terre) et des morceaux de tissu variés. C'est avec ces matériaux simples que, lorsqu'ils prennent forme par la grâce de la broderie et des mains qui les manipulent, sont racontées des histoires de vie et partagées les expériences de leurs créatrices.

La arpillera est devenue un art populaire dans les années 70 pendant la dictature militaire au Chili. Par son entremise, les femmes pouvaient révéler les violences, les persécutions et autres abus du régime. Mais cette technique a dépassé les frontières chilienne et a été utilisée en différents contextes en Amérique latine.

L'exposition sera visible au Musée de l'immigration jusqu'au 15 mai.

De l'émotion palpable dans chaque broderie

Pendant le travail de couture, les femmes dialoguent , partagent leurs vies et leurs expériences, se rapprochent et apprennent les unes des autres.

“Je ne savais pas que c'était quelque chose d'aussi profond et combien ces morceaux de tissu pouvaient toucher l'âme de celui qui les regardait. Plus encore,je ne savais pas combien ils pouvaient être chargés des émotions de celles qui les confectionnèrent. Le fait de partager ce moment avec des femmes d'autres cultures a été pour moi une expérience très gratifiante”. Tel est l'avis d'une Chilienne, Yolanda Jeanette Cortes, une des participantes du collectif de femmes qui a réalisé une partie des arpilleras qui sont exposées.

Yolanda est accompagnée de sa fille, analyste de systèmes, Jeannette Cortes, qui partage les mêmes sentiments que sa mère : “J'ai remarqué qu'au travers de ce travail, on est amené à réfléchir au pourquoi de notre existence, à se remémorer, à redécouvrir des sentiments que, bien souvent, nous n'arrivons pas à exprimer pour des raisons personnelles, culturels, sociaux économiques. Nous avons toutes le même  angoisses et les mêmes joies.” Jeannette est arrivée à l'atelier de arpilleras par l'intermédiaire de l'ONG. Presença de América Latina, dans laquelle fonctionne ce collectif de femmes latines.

Gioconda Elgueta, chilienne également, s'enthousiasme sur cette expérience qui lui a permis d'aider à créer ces œuvres exposées. “C'est une expérience qui laisse la saveur douce de l'amitié et de la solidarité. Travailler en groupe avec des femmes d'âges et d'origine différents c'est enrichir sur notre chemin des rencontres merveilleuses”.

Le Brésilien Dalvaci Porto, qui a migré de  Bahia vers São Paulo en 2013, explique que lui aussi a découvert dans la arpillera un moyen d'exprimer ses sentiments et de partager des expériences avec d'autres personnes. “C'est par le biais des arpilleras que j'ai trouvé un chemin pour reconstruire mon histoire, surmonter la nostalgie et la peur de celui qui doit recommencer sa vie en terre inconnue et rassembler ses forces pour se faire une place dans la société. J'ai cherché à présenter la richesse d'une diversité culturelle résultant de l'interaction entre immigrants et Paulistes. Une intrication incroyable entre les domaines musicaux, culinaires, littéraires, les us et coutumes particulières…J'ai été très heureux d'avoir eu l'opportunité d'y participer”.

L'idée actuelle est d'amplifier ce projet en rassemblant plus de personnes de différentes origines et de différentes générations. “Notre objectif principal est de progresser dans le cadre de ce projet de développement personnel et social. Nous avons prouvé que le collectif a le pouvoir d'ouvrir la mémoire, d'amplifier les possibilités d'analyse de son histoire, de son origine, de comprendre qu'il puisse exister diverses formes d'être qui pourtant nous unissent et constituent un “nous”. C'est ce qu'explique la militante chilienne Oriana Jara, de l'ONG  Presença da América Latina.

Exposição Do Retrato à trama: costurando memórias migrantes ( De la trame au portrait, recoudre la mémoire des migrants)
Ouverture: du 13 février à 11h jusqu'au 15 mai 2016
Lieu: Musée de l'immigration – Rua Visconde de Parnaíba, 1316 – Mooca, São Paulo (SP)
Entrée gratuite

Assassinat au Honduras de Berta Cáceres, écologiste et défenseur des droits des peuples indigènes

samedi 5 mars 2016 à 13:40
Photo: Berta Caceres in interview with the media Venas Abiertas. Screenshot taken from the video, available on Youtube.

Berta Cáceres interviewée par Venas Abiertas. Photo: Youtube.

Après des années de militantisme et de défense des droits des communautés aborigènes et de l'environnement, la célèbre dirigeante indigène écologiste Berta Cáceres a été assassinée au Honduras le 3 mars. D'après SOAWatch:

At approximately midnight last night, the General Coordinator of COPINH, Berta Caceres was assassinated in her hometown of La Esperanza, Intibuca. At least two individuals broke down the door of the house where Berta was staying for the evening in the Residencial La Líbano, shot and killed her.

Hier soir, aux alentours de minuit, la coordinatrice générale de la COPINH, Berta Cáceres, a été assassinée dans son village natal La Esperanza dans l'Intibuca.  Deux individus au moins ont forcé la porte de la maison où elle se trouvait pour la nuit dans la Residencial Líbano et l'ont abattue.

Mondialement connue pour son militantisme, Berta Cáceres avait reçu l'année dernière le prix Goldman pour son action en faveur de l'environnement, notamment pour avoir contribué à empêcher la construction d'une centrale hydroélectrique sur le río Gualcarque. Les honneurs ont été accompagnés de toute une série de menaces de mort comme le souligne le communiqué de presse publié à l'occasion de la remise de prix :

What [hasn’t] stopped are death threats to Cáceres. Her murder would not surprise her colleagues, who keep a eulogy—but hope to never have to use it. Despite these risks, she maintains a public presence in order to continue her work. In a country with some of the highest murder rates in the world, Cáceres hopes the victory in Agua Zarca will bring hope to activists fighting irresponsible development in Honduras and throughout Latin America.

Les menaces de mort contre Cáceres n'ont pas cessé. Son assassinat ne prendrait pas ses collègues au dépourvu. Ils ont un discours tout prêt (même s'ils espèrent ne pas avoir à l'utiliser). Malgré les risques, elle continue de se montrer en public pour poursuivre son oeuvre. Dans ce pays, où le nombre de meurtres est le plus élevé au monde, Berta Cáceres espère que la victoire de Agua Zarca apporte de l'espoir à ceux qui luttent contre le développement irresponsable au Honduras et dans toute l'Amérique Latine.

L'organisation “Witness for Peace” a résumé les forces auxquelles Cáceres s'est trouvée confrontée, en s'opposant à la construction du barrage :

Following the US-backed coup in Honduras in 2009, the floodgates for selling off Honduran land and natural resources to transnational and national corporations blew open. For example, the coup government granted 47 hydroelectric dam concessions with a single law, without consulting the communities that would be directly impacted and thereby violated international conventions including the International Labor Organization’s (ILO) convention 169 that requires the Honduran state to defend indigenous land and natural resources and prevent their forced displacement.

Après le coup d'état de 2009 au Honduras, soutenu par les Etats-Unis, les vannes des ventes de terres et de ressources naturelles du pays, se sont ouvertes en grand pour les sociétés nationales et multinationales. Par exemple, le gouvernement a accordé de fait, en une seule loi, 47 concessions de centrales hydroélectriques, sans consulter les communautés qui pourraient en être directement affectées, violant ainsi des traités internationaux notamment la Convention 169 de l'OIT ratifiée par le Honduras, qui l'oblige à défendre les ressources naturelles et les territoires des peuples indigènes et interdit leur déplacement forcé.

Depuis plusieurs jours, l'organisation dirigée par Cáceres, COPINHHONDURAS, dénonçait la répression subie par les communautés indigènes et apportait des preuves des spoliations dont souffre la communauté Lenca :

La Rapporteuse Spéciale sur les droits des peuples indigènes à l'ONU a, elle aussi, souligné les abus subis par la communauté Lenca et son combat pour un environnement meilleur. Lors de sa récente visite au Honduras, elle a déclaré:

In the course of the visit and my examination of the situation of indigenous peoples, I observed the critical situation faced by them regarding their rights on their lands and natural resources, violence, impunity and corruption, access to justice and lack of adequate social services including in education and health.

Durant ma visite pour examiner la situation des peuples indigènes, j'ai constaté la situation critique dans laquelle ils se trouvent concernant leurs droits sur la terre et sur les ressources naturelles, la violence, l'impunité et la corruption, l'absence d'accès à la justice et aux services sociaux appropriés, notamment l'éducation et la santé.

Le Honduras, où la corruption est endémique, détient le terrible record du plus grand nombre d'assassinats de militants écologistes et de femmes. Des organisations du monde entier ont prié instamment le gouvernement de prendre des mesures immédiates pour régler les problèmes auxquels Berta Cáceres a consacré sa vie. Les militants en appellent aussi aux autres pays pour qu'ils fassent pression sur les représentants du Honduras qui viennent de créer la Commission du Honduras contre l'impunité.

On pourrait espérer que cette commission devienne une opportunité pour le gouvernement de démontrer sa volonté politique. Actuellement, après l'assassinat de Cáceres, ce qui est clair, c'est que le pays doit mettre en place au plus vite un mécanisme qui mette fin à la violence, la corruption et l'impunité.