PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Récit : J'ai signalé une agression sexuelle à la police au Japon

dimanche 12 août 2018 à 21:55
chikan is a crime

“Le chikan (pelotage / agression sexuelle) est un crime. Il n'y a pas de tolérance pour le chikan.” – affiche dans une gare de Tokyo, au Japon. Source de l'image: compte Flickr Tokyo Times. Licence: CC BY-NC-ND 2.0.

L'expérience récente d'une femme canadienne en matière d'agression sexuelle dans un train de Tokyo, y compris la manière dont la police a réagi, a suscité des discussions sur Twitter au sujet du problème actuel du “chikan” (漢 ‘pelotage dans le métro’ en japonais). L’expérience documentée sur les agressions sexuelles ressemble à de récentes affaires très médiatisées au Japon impliquant la journaliste Shiori Ito, une blogueuse connue sous le nom de Hachu [fr] et l’actrice de théâtre Shimizu Meili.

En juillet 2018, une femme, du nom de “Jenna” sur Twitter, a commencé à partager une série de tweets qui décrivaient comment elle avait été suivie et tripotée par un homme dans un métro à Tokyo, puis ce qui s’est passé quand l'individu a été arrêté et qu’elle a déposé une plainte à la police.

Dans une série de tweets, Jenna raconte :

About 20-15 or so minutes from Omotesandō a large man approached me from my left side. He was staring at me in a very lecherous way. He came right up against me and whispered “kirei” which means “beautiful” in Japanese. I ignored him and looked around at the people in the seats, some noticed his strange behaviour…

À environ 15 à 20 minutes d’Omotesandō, un homme de haute taille s'est approché de moi du côté gauche. Il m'a regardée d'une manière libidineuse. Il est venu tout contre moi et a murmuré “kirei” qui signifie “belle” en japonais. Je l'ai ignoré et j'ai regardé les gens assis sur les sièges, certains ont remarqué son manège …

En général, les actes de “chikan” sont poursuivis par la police en vertu de l’article 176 du code pénal en tant qu'”indécence forcée” (強制 わ い せ つ). Selon le département métropolitain de police de Tokyo, 1 750 cas de pelotage ou d'agressions ont été signalés en 2017 . Selon le rapport, plus de 50% des affaires de pelotage se sont produites dans les trains, et 20% dans les gares. Toutefois, les victimes d’agressions sexuelles au Japon déplorent souvent que de tels cas soient difficiles à poursuivre.

Jenna continue à décrire son expérience personnelle du pelotage dans les trains à travers son fil Twitter :

…The Japanese man sat down when a seat opened up, and continued staring at me, mainly my face and my thighs (I was wearing a skirt). I felt quite uncomfortable, but honestly I've experienced similar things before, and was okay…

…He stood up again after a couple of minutes and came up to me again and asked me where I was going (in Japanese.) I said “huh?? What??” And he just stared at me…

… Le Japonais s'est assis quand un siège s'est libéré et a continué à me regarder, surtout mon visage et mes cuisses (je portais une jupe). J'étais très mal à l'aise, mais honnêtement, j'ai déjà vécu des choses similaires et ça allait …

… Il s'est relevé après quelques minutes et est revenu vers moi et m'a demandé où j'allais (en japonais). J'ai dit “hein ?? Quoi ??” Et il m'a juste regardée …

Dans le même fil Twitter, Jenna a déclaré qu’elle a envisagé de descendre plus tôt pour attendre le prochain train, mais elle avait peur que l’homme ne la suive. “Je n'ai pas vraiment vu de choix et je me sentais mal à l'aise”, a-t-elle expliqué dans un tweet.

À l’approche de son arrêt, Jenna se leva et se dirigea vers les portes de sortie de la voiture :

I noticed the Japanese man looking up and noticing me at the door, he suddenly shot upright and practically ran up behind me, standing behind me and slightly to my left. I was quite scared at this point, and panicking about what to do, he was clearly going to follow me off the train.

This all happened within a few seconds, and within 10 seconds of him placing himself behind me, I felt his right hand touch my left butt cheek and squeeze hard, twice.

… J'ai constaté que le Japonais avait levé les yeux et me voyant à la porte, il a bondi et m'a pratiquement couru après, pour s'arrêter derrière moi, légèrement à ma gauche. J'étais très effrayée à ce stade et paniquée ne sachant que faire, il allait clairement me suivre hors du train.

Tout cela s'est produit en quelques secondes et, 10 secondes après qu'il s'est placé derrière moi, j'ai senti sa main droite toucher ma fesse gauche et serrer fort, deux fois.

Jenna décrit une poussée d'adrénaline qui l'a amenée à se retourner et à frapper son agresseur, lequel a ensuite tenté de s'enfuir. Elle l'a poursuivi sur le quai, agrippant ses vêtements en criant en japonais qu'elle avait été agressée sexuellement. Le personnel de la station est intervenu et la police est arrivée peu après.

Signaler une agression sexuelle à la police au Japon

Selon son fil Twitter, Jenna a été conduite à un poste de police voisin pour ce qui allait devenir presque sept heures d'interrogatoire, mais son expérience frustrante avec la police a commencé dans la voiture :

The driver made some, in my opinion, condescending comments about how I couldn't possibly know he groped my butt because I don't have eyes in the back of my head.

Le chauffeur a fait des commentaires que j'ai trouvés condescendants sur le fait que je ne pouvais pas savoir qu'il avait tâté mon cul puisque je n'ai pas d'yeux derrière la tête.

Au poste de police, après qu'on lui a pris son téléphone portable, son passeport et une autre pièce d'identité, Jenna a déclaré qu'elle avait commencé à avoir peur :

I was scared being alone with a bunch of possibly power hungry men with no phone after what just happened to me.

J'avais peur d'être seule avec un groupe d'hommes potentiellement assoiffés de pouvoir, sans téléphone après ce qui venait de m'arriver.

Finalement, la police a installé une cloison pour assurer la confidentialité, mais, explique Jenna :

…Almost 10 male staff members decided to go around it and hang out in the doorway to my room listening to my story anyway.

A male translator was put on speaker phone, and during the time I was explaining the story to him, those nosy men were talking and laughing so sometimes I couldn't even hear or explain properly to the translator….

…Presque 10 agents de sexe masculin ont décidé de ne pas manquer ça et restaient dans la porte pour écouter mon histoire coûte que coûte.

On m'a mise en contact avec un interprète masculin au téléphone avec un haut-parleur, et pendant que je lui expliquais l'histoire, ces hommes curieux parlaient et riaient, donc parfois je ne pouvais même pas entendre l'interprète ou lui expliquer correctement.

Après avoir raconté son histoire, Jenna a déclaré que la police lui a recommandé de ne pas porter plainte parce que son agresseur présumé était apparemment encore mineur. Sans se décourager, Jenna a dit qu'elle voulait toujours porter plainte.

La police a mesuré et photographié le corps de Jenna dans un processus qui a duré plus de trois heures. Les pressions exercées impliquaient également de devoir effectuer une reconstitution, une exigence courante [fr] lors de la déclaration d'une agression sexuelle au Japon:

We go into the Hall and there's a mannequin with a brown wig, plaid skirt and white shirt. That's me. They have a staff member acting as the chikan. They have to set up/reenact and photograph every moment that happened on the train. And I have to be in the photos pointing at the situation to confirm I agree that's what happened I guess? Protocol they say.

Nous allons dans la salle où il y a un mannequin avec une perruque brune, une jupe à carreaux et un chemisier blanc. C'était moi. Un d'entre eux a agi comme le chikan. Ils devaient reconstituer et photographier chaque moment de ce qui s'est passé dans le train. Et je devais être sur les photos montrant la situation pour confirmer que je suis d'accord que c'est ce qui s'est passé, je suppose ? La procédure disent-ils.

Jenna a noté qu'aucun témoin potentiel n'avait été contacté et que la police prendrait la décision finale concernant les accusations de harcèlement ou non (au Japon, la police renvoie les affaires pénales à un procureur). Ils ont rapporté le téléphone portable de Jenna et ses autres possessions. Près de sept heures après avoir été agressée sexuellement dans le train, elle était libre de rentrer chez elle.

They ask if I want to get a drive to Omotesandō station or home. I pick home obviously, they groan, it's an hour drive. But damn if I don't at least get a drive home out of this, I don't want to pay $15 just to get groped and waste 6.5 hours in the police station.

Ils m'ont demandé si je voulais être accompagnée en voiture à la gare d’Omotesandō ou à la maison. Lorsque j'ai demandé évidemment à être accompagnée à la maison, ils ont grogné, c'est à une heure de route. Mais du diable si je ne me tire pas de ça au moins en étant ramenée chez moi, je ne veux pas payer 15 dollars juste pour être palpée et perdre 6 heures et demi au poste de police.

Après cette expérience exténuante au poste de police, Jenna a conclu :

If this happens again I will feel more powerless knowing there's probably nothing I can do, and nothing the police will do. #groping #chikan #japan #sexualharassment #police #痴漢

Si cela se reproduit, je me sentirai plus impuissante en sachant que je ne peux probablement rien faire et que la police ne voudra rien faire.

La twittosphère japonaise réagit à l'histoire de Jenna

Dans les jours qui ont suivi, les tweets de Jenna ont été partagés et discutés par de nombreuses personnes à travers le monde qui ont principalement manifesté leur soutien. Certaines utilisatrices japonaises de Twitter ont également partagé en solidarité leurs propres expériences en matière de harcèlement et d'agression sexuelle:

Bonjour, j'ai lu vos tweets. Je suis désolée que vous ayez dû vivre cela. J'aimerais pouvoir lui jeter une malédiction ! Absolument inacceptable 😡😡J'étais harcelée par des “Chikan” presque tous les jours lorsque j'étais enfant. Je suis en colère que les abus contre les femmes / enfants ne soient jamais pris au sérieux au Japon !

Un utilisateur a créé un moment de Twitter avec les tweets de Jenna :

[Titre : La honte secrète du Japon : la police protège le chikan au lieu de [sa victime]] Nous sommes avec toi

D'autres ont traduit ses tweets en japonais :

Lorsque j'ai tweeté sur votre expérience, certains Japonais ont répondu que c'était une histoire inventée. Donc, j'ai traduit en japonais tous vos tweets concernant le pelotage. Voici le lien de la traduction.

La police a demandé à la victime de supprimer ses tweets

À la fin du mois de juillet, l'agresseur de Jenna aurait avoué l'avoir importunée, mais la police n'a pris aucune autre mesure. Jenna a tweeté que la police avait finalement pris la décision de classer le dossier de l'agression et espérait que cela suffirait à le dissuader de peloter à l'avenir.

Lorsque Jenna a annoncé que la police lui avait suggéré de retirer ses tweets, son tweet a été partagé plus de 2 000 fois :

Mdr la police japonaise a suggéré que je supprime mes tweets au sujet de mon agression sexuelle. Vraiment sympa le Japon, essayer de cacher votre traitement de merde à mon égard.

Jenna a plus tard clarifié la demande :

Ok maintenant la police dit qu'ils voulaient que je les supprime pour “ma sécurité” et non parce qu'ils voulaient que je cache quoi que ce soit. Je ne sais pas si c'est vrai ou s'ils essaient juste d'ouvrir le parapluie, mais je peux me protéger moi-même, puisque eux ne le feront évidemment pas

Quel avenir pour la diversité en Afghanistan ? Le cas des Sikhs et des Hindous

dimanche 12 août 2018 à 18:56

Ce Sikh d'Afghanistan tient une épicerie à Kaboul. Source image : koldo hormaza de Madrid, Espagne. CC 2.0.

S'il y a eu une attaque qui a braqué les projecteurs de l'actualité sur l'insécurité montante en Afghanistan, c'est certainement l'attentat suicide de juillet dernier, qui a coûté la vie à 19 personnes et en a blessé 10 alors que des représentants sikhs et hindous étaient en route pour un rendez-vous avec le président afghan Ashraf Ghani.

Pour le groupe affilié à l'EI qui a revendiqué l'explosion ciblée de Jalalabad, l'attentat fut un coup de maître. Non seulement le groupe a réussi à monter une explosion meurtrière dans une zone qui aurait dû être sécurisée pour la venue du président Ashraf Ghani, mais ils ont aussi été capables de tuer un homme qui serait devenu le premier député sikh jamais élu à la chambre basse du parlement, élue au suffrage universel, Awtar Singh Khalsa. Un militant sikh de premier plan, Rawail Singh, fut aussi tué.

Source photo : Eliatroz.com utilisation autorisée.

Au total l'attentat a tué 17 Sikhs et Hindous. C'est pourquoi de nombreux utilisateurs des réseaux sociaux y ont vu une attaque contre la diversité qui leur est chère, et que l'EI a notoirement en horreur.

Les mots me manquent pour exprimer notre choc et notre tristesse de la perte de nos Afghans les plus patriotes de Jalalabad. Tout ce que je peux dire, c'est qu'il s'agit bien d'une attaque contre le patriotisme afghan, la liberté religieuse, la diversité, la démocratie, l'amitié indo-afghane et les valeurs communes !

Rawail Singh et Avtar Singh étaient la voix des Sikhs en Afghanistan. Leur assassinat aux côtés d'autres Sikhs à Jalalabad dans un attentat de l'EI a créé un vide. J'espère que la paix va revenir en Afghanistan.

La constitution afghane  stipule que le Président de l'Afghanistan doit être musulman. Mais la législation électorale soutient la participation politique des Sikhs, au nombre d'un millier en Afghanistan, et des Hindous, dont il ne reste que quelques douzaines.

Selon la réforme de la loi électorale en 2016, un siège sur le total de 249 à la chambre basse est réservé à un représentant des communautés sikh ou hindoue. La militante des droits humains Anarkali Honaryar siège à la chambre haute depuis 2010, en vertu d'un décret de l'ex-Président Hamid Karzai, et s'est révélée une voix influente pour les minorités.

Awtar Singh Khalsa aurait été le premier représentant des deux communautés à la chambre basse s'il n'avait pas été tué dans l'attentat. C'est son fils, Narinder Singh Khalsa qui prendra sa place à la demande de la communauté, en sachant qu'il a une cible dessinée sur le dos.

Marginalisation sociale

Alors que plus de 300 familles sikhes et hindoues vivent aujourd'hui en Afghanistan, le nombre de Sikhs et d'Hindous qui entrent dans l'enseignement supérieur est égal à zéro.

Rawail Singh et sa fille Komal. Page Facebook de Rawail Singh.

Les Sikhs et les Hindous quittent majoritairement l'enseignement pendant le collège, à cause des intimidations (tant de la part des professeurs que de celle des camarades) et des pressions économiques.

Le rapport 2009 de la Commission des États-Unis pour la liberté religieuse a montré que les Sikhs et les Hindous sont effectivement écartés de la plupart des postes de l'administration et subissent une discrimination sociale généralisée.

Beaucoup se sont retrouvés à Kaboul après avoir été déplacés des provinces de Kandahar et de Helmand par les guerres. La plupart tiennent des boutiques d'épicerie.

Des chiffres de 2016 font apparaître que 99 % des Sikhs et des Hindous d'Afghanistan ont quitté le pays dans les trois dernières décennies.

Dans les années 1980, quand ils étaient encore plus de 220.000, ils avaient pu trouver leur place dans la politique et tenir un rôle plus important dans la société. Les intellectuels de la communauté sikh et hindoue arguent que dans un pays ruiné par la guerre, de nombreux Afghans ont oublié ce rôle qu'elles ont pu jouer.

L'attentat du 2 juillet a été promptement suivi d'une manifestation de Sikhs à New Delhi, à laquelle s'est aussi joint l'ambassadeur d'Afghanistan en Inde Shaïda Abdali.

Mais parmi les retombées des violences, de nombreux Sikhs restants voient leur avenir chez le grand voisin de l'Afghanistan, avec lequel ils ont de plus grandes affinités culturelles et religieuses. 25 familles sikh au total auraient demandé la nationalité indienne sitôt après l'attentat.

Beaucoup d'Afghans s'attristent de voir leurs compatriotes partir du pays :

Quelle tristesse ! Je n'arrive pas à m'imaginer leur chagrin et leur douleur en quittant le pays, surtout la famille d'Avtar Singh dont les plaies saignent encore ! Il faut rendre ce pays sûr pour chacun quel que soient ses croyances ou son groupe ethnique d'appartenance. Sinon il périra  en entier !

Pour les Sikhs et Hindous qui restent, le patriotisme et le sens de la communauté incarné par Rawail Singh et Awtar Singh Khalsa sont les principales motivations qui les gardent en Afghanistan.

M. le Président Ashraf Ghani, vous devez revoir votre méthode pour le processus de paix. Nous avons perdu un des Afghans les plus patriotes, RawailSingh. Je suis sûre que vous vous souvenez de la petite fille de ses photos, ses yeux gardent notre capitale de la corruption. Désormais ses yeux vont vous demander où est son papa

Traduire les logiciels libres en breton pour “aider sa langue à grandir”

samedi 11 août 2018 à 23:11

Tous les panneaux de signalisation, ainsi que de nombreux affichages de magasins et de restaurants de la région, sont à la fois en français et en breton. Photographie de Sheep”R”Us reproduite sous licence CC BY-NC-ND 2.0.

“Contributor Insights…” est une série d'entretiens visant à profiter de l'expérience des contributeurs de Localization Lab afin de fournir un meilleur aperçu des besoins, menaces et difficultés vécues par les utilisateurs vivant et travaillant dans différentes parties du monde. Rising Voices republie des articles de cette série dans le cadre d'une collaboration avec Localization Lab. L'article original peut être consulté sur leur page Medium.

Le breton est une langue celtique brittonique parlée en Bretagne. Bien que le nombre de ses locuteurs ait diminué de un million en 1950 à moins de deux cent mille aujourd'hui, les bretonnants se battent pour permettre à leur langue de grandir à nouveau. Les écoles bilingues Diwan offrent une éducation en immersion dans toute la Bretagne, et selon certaines estimations, le nombre d'enfants apprenant le breton augmente. Pourtant, comme toutes les langues minoritaires, le breton doit constamment lutter pour avoir voix au chapitre.

Localization Lab s'est entretenu avec un traducteur et localisateur breton qui œuvre à offrir des outils logiciels libres à sa communauté linguistique et, au passage, a conquérir davantage d'espace virtuel pour d'autres bretonnants.

Localization Lab (LL) : À votre avis, comment le public breton, et plus généralement les Français, considèrent-ils le breton ?

Breton language localizer (BLL): This is a very complicated issue. During France’s Third Republic, Breton was banned entirely from schools, and there are many stories of children who were beaten by their teachers for using the language. My own father was beaten when he spoke Breton at school. This oppressive policy against minority language speakers lead to many people feeling ashamed to speak Breton — for some, this feeling still exists. Before WWII, there were so many of us and now there are only about 200,000 speakers. That means our speaking population has been cut down from around 1.5 million at the beginning of the 1900’s to the numbers we have today. So even though the government is working to support Breton now, it often feels like it is not doing enough.

Traducteur et localisateur breton (TLB) : C'est une question très compliquée. Pendant la Troisième République, le breton a été complètement interdit à l'école et il y a de nombreuses histoires d'enfants battus par leurs instituteurs quand ils utilisaient cette langue. Mon propre père a été battu quand il parlait breton à l'école. Cette politique oppressive à l'encontre des langues minoritaires a amené de nombreux bretonnants à se sentir honteux [en] de leur langue. Pour certains, ce sentiment persiste. Avant la deuxième guerre mondiale, nous étions nombreux et maintenant, nous ne sommes plus qu'environ 200.000 locuteurs. Cela signifie que notre population de bretonnants a été réduite d'environ 1,5 millions au début du XXe siècle au chiffre actuel. Alors, même si le gouvernement fait des efforts pour soutenir le breton, on a souvent l'impression qu'il n'en fait pas assez.

LL : Comment choisissez-vous les outils sur lesquels vous travaillez ? Certains sont-ils particulièrement importants ?

BLL: I think it is important to work on tools that promote the Breton language for young people. Right now I am working on localizing video game software which targets teenagers. I want them to see the language in the games they play, so they can learn new words and expressions while having fun.

I am personally interested in projects like Tor and No Script because I think it is very important for everyone to protect themselves online. If Google Chrome were to offer me the opportunity to work on a project with them, I would turn it down. I prefer open source software.

TLB : Je pense qu'il est important de travailler sur des outils qui promeuvent le breton pour les jeunes. En ce moment, je localise un jeu vidéo destiné aux adolescents. Je veux qu'ils voient la langue dans les jeux auxquels ils jouent, de façon qu'ils puissent apprendre de nouveaux mots et expressions tout en s'amusant. Personnellement, je suis intéressé par des projets comme Tor et No Script, parce que je pense qu'il est très important que tout le monde se protège sur Internet. Si Google Chrome m'offrait une occasion de travailler sur un projet avec eux, je refuserais. Je préfère les logiciels libres.

LL : Comment votre communauté linguistique est-elle parvenue à un consensus sur les termes technologiques qui n'existaient pas en breton ? Quelles sont les difficultés rencontrées dans la création d'une nouvelle terminologie ?

BLL: The Breton language has a public office which updates new terminology in a dictionary they have created. However, there is another “purist” dictionary by an organization called Preder which prefers to stay away from modern terms and instead looks to Old Breton and Middle Breton (sometimes even Old and Middle Welsh and Cornish) in order to have the most “celtic” source of words for their dictionary.

There is an interesting debate between both schools of thought which can be quite challenging to navigate. The public office allows for international loan words and others that have been “Bretonized” in their dictionary, whereas the Preder group feels that permitting those types of words promotes so-called “bad” Breton.

An example of this is the word “sandwich”. For the public office dictionary, the word “sandwich” is acceptable while the Preder dictionary prefers the term “bara pok ha pok” (literally translated as bread kiss and kiss).

There is a lot of conflict between these two approaches to Breton. Some people feel that incorporating loan words from other languages is not real Breton while others feel that purists, like Preder, are making things more complicated. An expression that people use when referring to this is, “Brezhoneg chimik eo” (it’s chemical Breton) which is a derogatory way for people to refer to purists, implying that they use a type of “chemistry” to invent complicated words.

TLB : Le breton possède son Office public, lequel met à jour la terminologie dans un dictionnaire de sa création. Mais il existe un autre dictionnaire, “puriste” celui-ci, créé par une organisation appelée Preder, qui préfère se tenir loin des termes modernes et se tourner à la place vers le vieux et le moyen bretons (et parfois même vers les vieux et moyens gallois et corniques) pour chercher les sources les plus “celtiques” possibles.

Le débat entre ces deux écoles de pensée est intéressant mais peut être assez difficile à naviguer. L'Office public permet les emprunts aux langues étrangères, et d'autres mots ont été “bretonifiés” dans leur dictionnaire. À l'inverse, le groupe Preder pense que permettre ce type de mot favorise un soi-disant “mauvais” breton.

Le mot “sandwich” en est un exemple. Dans le dictionnaire de l'Office public, “sandwich” est acceptable, alors que Preder préfère l'expression “bara pok ha pok” : littéralement “pain bise et bise”.

Ces deux approches du breton sont très conflictuelles. Certains pensent qu'inclure des mots empruntés à d'autres langues n'est pas du véritable breton, alors que d'autres pensent que les puristes comme Preder rendent les choses compliquées. Les gens utilisent une expression pour ça : “Brezhoneg chimik eo” (c'est du breton chimique). C'est une façon péjorative de parler des puristes, comme quoi ils utilisent une certaine recette “chimique” pour inventer des mots compliqués.

LL : Quand vous traduisez, utilisez-vous une approche “puriste” ou bien flexible ?

BLL: I personally prefer the more flexible approach because the words are more understandable for everyone. I have participated in translations, like the translation of Firefox, that used a more purist approach but the meaning of some of the words was not always clear to me — and I am a translator! I think that if it’s difficult for me, regular people who use the tools will also be confused.

This is a big problem because if people become confused by the translation, they will probably switch to using the tool in French and that would defeat the purpose of translating it in the first place.

TLB : Personnellement, je préfère l'approche flexible parce que les mots sont plus compréhensibles pour tout le monde. J'ai participé à des traductions, comme celle de Firefox, qui utilisaient une approche puriste, mais la signification de certains termes n'était pas toujours claire pour moi. Et je suis traducteur ! Je pense que si c'est difficile pour moi, les utilisateurs réguliers de ces outils seront désorientés.

C'est un gros problème, parce que si une traduction rend les gens perplexes, ils changeront probablement la langue de l'outil et l'utiliseront en français, ce qui va à l'encontre de l'objectif de la traduction.

LL : Plus spécifiquement, sur la localisation de la technologie : quelles difficultés principales rencontrez-vous en localisant en breton ?

BLL: All Breton speakers can speak French because the Breton community was forced to learn French; however, not all Breton speakers can read in Breton. This poses a big problem when localizing software because a lot of Breton speakers are illiterate in their own language. For this reason, many people don’t want to use software in their own language. It’s difficult to say who is at fault whether it be the government, households, schools etc…

TLB : Tous les Bretons savent parler français parce que la Bretagne a été obligée d'apprendre le français. Cependant, ils ne peuvent pas tous lire le breton. Cela pose un gros problème quand on localise un logiciel parce que beaucoup de Bretons sont illettrés dans leur propre langue. C'est la raison pour laquelle peu de gens veulent utiliser des logiciels dans leur propre langue. Il est difficile de dire à qui en revient la faute, si c'est celle du gouvernement, des foyers, des écoles, etc…

LL : Quel conseil donneriez-vous aux locuteurs d'une langue minoritaire qui voudraient construire une communauté linguistique et rendre plus de contenu accessible dans leur langue ?

BLL: Behind all of the translations we are doing is a Facebook group that is dedicated to discussions around localization and translation. It is almost 100% in Breton and it aims to help the Breton-speaking community produce high-quality localizations for software. When someone has difficulty translating something into Breton, they can ask the community for advice. The group is very interesting because it is made up of people who prefer the purist approach and others who have a more flexible philosophy about the language. Some of our members even belong to the public office. There are some other groups out there that have these conversations without an element of respect. For us, respecting one another is key.

TLB : Derrière toutes les traductions que nous faisons, il y a un groupe Facebook dédié aux discussions autour de la localisation et de la traduction. Il est presque à 100 % en breton et il aide les locuteurs de breton à produire des localisations de grande qualité pour les logiciels. Quand quelqu'un a des difficultés à traduire quelque chose en breton, il peut demander l'avis du groupe. C'est un groupe très intéressant parce qu'il est composé de gens qui préfèrent l'approche puriste et d'autres qui ont une philosophie plus flexible quant à la langue. Certains de nos membres appartiennent même à l'Office public. Il y a d'autres groupes dans lesquels ces conversations se tiennent sans respect. Pour nous, se respecter les uns les autres est essentiel.

LL : Si vous deviez expliquer au public pourquoi il est important de localiser des outils en breton, que diriez-vous ?

BLL: For me, it is really important to make an effort to translate software into a lot of different minority languages. If we don’t work on these projects, we won’t challenge ourselves to grow as a language. We won’t challenge ourselves to build new vocabulary. By taking on these localization projects, it’s also a way to reappropriate the software for our own communities.

Some people ask me, “Why are you translating into Breton?”. Maybe they wouldn’t ask me this if I was a French translator because they would probably see the value immediately. But if Breton is still spoken now, it’s because a lot of people decided to create language associations to promote its use. They saw that the French government wasn’t doing enough to support minority languages, so they decided to interview the older generation of Breton speakers, to create and translate literature, like Jean de la Fontaine. The Breton language is surviving because a lot of speakers worked hard to preserve it and, nowadays, it is important for us to translate software if we want our language to survive.

TLB : Pour moi, il est vraiment important de faire l'effort de traduire un logiciel dans de nombreuses langues minoritaires. Si nous ne travaillons pas sur ces projets, nous n'aidons pas notre langue à grandir, nous ne nous lançons pas le défi de construire un nouveau vocabulaire. Participer à ces projets de localisation, c'est aussi une façon de nous réapproprier le logiciel pour notre propre communauté.

Certains me demandent : “Pourquoi est-ce que vous traduisez en breton ?” Ils ne me demanderaient peut-être pas ça si j'etais un traducteur en francais, parce qu'ils en verraient la valeur immédiatement.  Mais si le breton est encore parlé aujourd'hui, c'est parce que beaucoup de gens ont décidé de créer des associations linguistiques pour en promouvoir l'usage. Ils ont vu que le gouvernement français n'en faisait pas assez pour soutenir les langues minoritaires, alors ils ont décidé d'interviewer la vieille génération de locuteurs bretons, de créer et de traduire de la littérature comme Jean de La Fontaine. La langue bretonne survit parce que de nombreux locuteurs ont travaillé dur pour la préserver et aujourd'hui, c'est important pour nous de traduire ces logiciels si nous voulons que notre langue continue de survivre.

Quatre femmes icônes de la révolution syrienne

vendredi 10 août 2018 à 19:06

Quatre femmes révolutionnaires disparues ou mortes dans la lutte pour la justice en Syrie. En haut : à gauche, Fadwa Souleimane ; à droite, Razan Zeitouneh. En bas, à gauche : May Scaf ; à droite, Lama Albasha.

En 2011, les Syriens sont descendus dans les rues manifester pour la justice. Sept ans et plus de 500.000 tués plus tard, l'attention des médias pour la Syrie a faibli. Voici l'histoire de quatre Syriennes dont les destins nous mettent au défi de ne pas oublier la révolution et ce qu'elle représente.

Fadwa Souleimane

Fadwa Souleimane. Photo de Rami Jarrah, utilisation autorisée.

Fadwa Souleimane était actrice. Originaire d'Alep, elle a été pendant des années l'un des visages les plus reconnaissables de la Syrie. En 2011, quand les manifestations ont éclaté dans la ville de Homs, elle est devenue une icône révolutionnaire. Entourée par les protestataires, l'image de Fadwa avec ses cheveux courts et son keffieh palestinien présentait un puissant contraste avec son look de star à peine quelques mois auparavant. Même sa voix, dont les douces inflexions avaient séduit toute une génération de Syriens, sonnait différemment quand elle l'élevait, rauque de passion, pour galvaniser les citoyens de Homs, en leur demandant de poursuivre le mouvement de désobéissance civile qui inspirait la résistance à ce que beaucoup considéraient comme une dictature en train de se durcir. Son appartenance, comme le président syrien Bachar Al-Assad, à la secte alaouite contredisait le discours officiel visant à discréditer la contestation. Fadwa a fini par fuir en France quand les autorités ont annoncé leur intention de la retrouver et de la capturer morte ou vive.

May Scaff

May Scaff. Photo partagée sur sa page Facebook.

May Scaff aussi était actrice. Je me souviens du regard fasciné que lui a dardé mon compagnon pendant l'été 2008 à la Cave de Baal, le bar damascène que nous fréquentions. “C'est May Scaff, je l'aime,” m'a-t-il dit, éveillant en moi un pincement de jalousie pour cette femme si belle qui riait et dansait, entourée de ses amis. Je le lui ai raconté quand nous avons fini par faire connaissance en 2013 à Amman, à une rencontre de défenseurs des droits humains installés en Jordanie, et je me rappelle qu'elle a ri de bon cœur. Autour d'une table, nous avions de longues conversations sur le présent et l'avenir du pays, à l'époque ou nous espérions encore en la justice. Sur les dernières photos d'elle, presque sept ans après le début de ces manifestations auxquelles elle avait activement participé, son visage s'était durci et ses cheveux avaient blanchi. On avait du mal à reconnaître la beauté détendue d'une autre époque.

Razan Zeitouneh

Razan Zeitouneh. Photo utilisée avec autorisation.

Razan Zeitouneh symbolise pratiquement la Justice avec un J majuscule pour les Syriens abandonnés à leur sort. Avocate reconnue, spécialiste des violations des droits humains, elle faisait partie de l'équipe de défenseurs des prisonniers politiques. Fondatrice de l‘Association syrienne des droits de l'homme, elle a été coordinatrice des Comités de coordination locale. Son travail a fait d'elle une cible autant du régime Assad que des groupes extrémistes qui ont voulu détourner à leur profit le soulèvement populaire. Quand les Syriens fantasmaient un futur ministre syrien de la Justice, c'était le nom de Razan qui revenait le plus souvent.

Lama Albasha

L'étudiante Lama Albasha. Photo partagée par ses amis sur Twitter.

Lama Albasha est née en 1992 et étudiait à l'Université de Damas. Sur les images qu'elle partageait sur les réseaux sociaux, elle pose vêtue d'un chemisier et d'un pantalon blancs sous une jupe rose chewing-gum assortie à ses chaussons à pois, main sur la hanche. Ses lunettes de soleil sont perchées comme un diadème au sommet de son hidjab, un style populaire chez les femmes syriennes. Sur une autre photo, elle est au premier plan, vêtue de couleurs sombres, un keffieh palestinien autour du cou. Elle regarde l'appareil, souriante. J'ai lu qu'elle a été arrêtée en novembre 2014 à Tal, le quartier où elle siégeait dans un de ces conseils locaux institués dans les débuts du soulèvement populaire en 2011. Elle avait répondu à l'appel téléphonique d'une femme se disant intéressée par des leçons particulières d'anglais. C'était un guet-apens. Les hommes qui se sont jetés sur elle l'ont livrée à la police politique.

Trois mortes, une disparue

L'actrice Fadwa Souleimane est morte à Paris en août 2017 après un long combat contre la maladie. Dans son dernier entretien, elle disait : “Même s'ils effacent tout, nous ne devons pas les laisser effacer notre rêve. S'il ne reste qu'une seule personne syrienne, je suis sûre qu'il ou elle construira la Syrie que nous aimons. La Syrie n'est pas un pays, n'est pas une entité géographique, c'est une idée. La noble révolution de l'esprit et de l'âme, qui perdurera dans le temps et l'espace.”

L'étudiante Lama Albasha est l'un des milliers de noms sur les infâmes ‘listes de la mort’, les noms des personnes exécutées ou mortes sous la torture dans les geôles gouvernementales. Des prisons comme celle de Sednaya, qu'Amnesty International a appelée ‘abattoir humain’. La famille de Lama a appris, en accédant au registre général de la sécurité le 31 juillet 2018, qu'elle était morte en prison depuis des années, d'une “crise cardiaque”.

L'avocate Razan Zeitouneh est portée disparue depuis décembre 2013. “Les experts en certification de la mort comme nous, nous ne pleurons pas”, a-t-elle écrit, avant d'être enlevée par un groupe d'individus masqués à Douma dans la banlieue de Damas. A peine quelques jours plus tard, les Nations Unies annonçaient qu'elles abandonnaient le décompte des victimes de la guerre en Syrie, se disant dans l'incapacité de suivre.

L'actrice May Scaff a été trouvée morte le 27 juin 2018, dans l'appartement qu'elle partageait à Paris, la ville où elle s'était réfugiée dans ses dernières années. “Je ne perdrai pas l'espoir, et je vous demande de ne jamais le perdre”, ont été ses dernières paroles en public sur les médias sociaux. “Notre pays s'appelle la Grande Syrie, non la Syrie d'Assad”.

Cet article est paru initialement en espagnol sur El Diario. Ceci est une version en français de la traduction en anglais établie et contextualisée par Joey Ayoub

Pourquoi nous formons un Conseil de la communauté

vendredi 10 août 2018 à 13:42

Des éditeurs débattent des stratégies de la rédaction au Sommet de 2017.

La rumeur court ! Global Voices crée un Conseil de la Communauté pour consulter sur notre avenir.

Pourquoi le faisons-nous ? En quoi cela consiste ? Comment cela va fonctionner ?

Ces dernières années, l'équipe de direction se réunissait en week-ends de séminaire pour discuter de “vision globale” sur l'avenir de GV—de questions telles que notre stratégie de financement, notre modèle de gouvernance et notre méthode de narration. Si nous avons trouvé certaines réponses, nous nous sommes rendu compte que nous ne pouvions pas déterminer l'avenir de GV à nous seuls, pas plus que notre conseil d'administration.

Ceci parce que GV est, avant tout, une communauté. C'est quand nous arrivons à discuter collectivement de ces questions que nous faisons les meilleurs choix.

Mais collaborer en tant que collectivité n'est plus aussi facile que cela l'a été—nous sommes devenus une communauté beaucoup trop étendue pour que des discussions à l'échelle de tous par courriel ou sur des plate-formes de messagerie puissent aboutir.

Lors de notre plus récent séminaire à Mexico en mars dernier, nous avons décidé de constituer un Conseil—un groupe de membres qui s'engageraient à réfléchir et débattre, de manière prévenante et structurée, des questions-clé que nous devons affronter pour élaborer nos plans d'avenir.

Comment le Conseil sera formé, et comment chacun travaillera avec les autres ?

Notre espoir est que les membres de la communauté Global Voices —d'une large variété de lieux, opinions et rôles dans la collectivité —vont participer. Le Conseil une fois formé, nous utiliserons un groupe Google dédié pour la communication et les annonces générales.

Nous consacrerons deux semaines à la discussion de chacun des quatre thèmes (détaillés ci-dessous). Pour chaque thème, l'équipe de direction préparera et mettra à disposition une série de documents de travail que les membres du Conseil auront pour tâche de lire. Nous utiliserons une liste de diffusion et la plate-forme vidéo Zoom pour des discussions et débats programmés.

A la fin de chaque période de deux semaines, nous exprimerons nos préférences sur le sujet en cours en utilisant la plate-forme de vote D21. D21 offre des outils dynamiques de vote (entre autres, des options de vote préférentiel, positif ou négatif) et une visualisation instantanée des résultats. Nous réitérerons alors le processus, avec le prochain thème de la liste.

Notre procédure est conçue pour faire place à de nombreuses voix et être aussi inclusive que possible. Que le Conseil compte 50, 150 ou 1000 personnes, l'apport de chacun.e sera important, parce que nous contribuerons tous de la même manière, en lisant, discutant et reflétant nos opinions dans les votes. Nous estimons que chaque membre du Conseil aura besoin de consacrer 1 à 2 heures au processus.

Qu'entendons-nous par ‘consultatif’ ?

Le rôle du Conseil sera de mettre en commun et de discuter, de façon ouverte, les questions qui sont essentielles pour Global Voices. Le Conseil de la Communauté ne sera pas une instance de décision, mais une entité qui délibérera sur quatre questions imbriquées : la gouvernance, la ligne éditoriale, la nature de la participation, et le financement, mobilisant les valeurs de GV. Les résultats de ces délibérations façonnera les décisions que nous prendrons quant à notre avenir.

Le Conseil délibérera sur quatre thèmes :

  1. Pour les décisions à l'échelle de l'organisation (par contraste avec celles n'affectant qu'une seule équipe régionale ou de langue), le pouvoir décisionnaire appartient à l'équipe de direction de Global Voices. Faut-il décentraliser la prise de décision et la gouvernance, ou centraliser davantage ?
  2. Nous couvrons un large éventail de domaines dans nos articles. Ceci permet aux bénévoles d'écrire sur une grande variété de sujets, mais crée aussi des exigences plus grandes pour les éditeurs (nos responsables de rédaction, par aire géographique ou linguistique). Faut-il garder cette étendue de couverture ? Ou faut-il chercher à rétrécir notre regard et traiter certains sujets plus en profondeur ?
  3. Nous sommes une communauté hautement intégratrice. Ce qui signifie que nous formons et accompagnons des auteurs relativement inexpérimentés qui partagent nos valeurs et souhaitent participer. Ce qui nous permet de maintenir une communauté d'une extrême diversité, mais limite aussi notre temps et notre capacité pour produire des articles et des campagnes de plaidoyer de haute qualité. Faut-il maintenir ce niveau d'intégration ? Ou faut-il donner la priorité à des contributeurs et contributrices aux compétences et expériences spécialisées dans nos domaines d'intérêt ?
  4. Global Voices est soutenu essentiellement par des institutions non-gouvernementales versant des subventions. Par principe, nous n'avons jamais accepté de soutien direct d'institutions étatiques, et écarté très tôt la possibilité de revenus publicitaires. Dépendre principalement du financement par des fondations privées devient un modèle de plus en plus difficile à faire durer, étant donnés les fréquents déplacements de priorités stratégiques des fondations qui nous soutiennent. Faut-il changer notre méthode de levée de fonds pour pouvoir soutenir notre travail au maximum possible ?

Le processus décisionnaire final sera entrepris par l'équipe de direction et le conseil d'administration, en utilisant la production du Conseil comme feuille de route pour décider de ce qui pourra le mieux refléter les valeurs et répondre aux besoins de notre communauté.

Nous sommes confiants que ce processus nous sera plus utile que les discussions informelles, les débats par courriel et les enquêtes du passé, car il nous offre une structure dynamique dans laquelle tous ceux et celles prêt.e.s à donner du temps et de l'énergie pourront contribuer. Nous savons aussi que ce ne sera pas parfait ! Mais nous espérons que ce Conseil de la communauté nous aidera à atteindre des conclusions fortes et à construire une feuille de route pour notre avenir.

Vous êtes intéressé.e ? Vous voulez donner un peu de temps et d'énergie pour l'avenir de GV ? Si ce n'est déjà fait, complétez votre candidature au Conseil de la communauté avant le 30 août, et restez à l'écoute pour l'article suivant la semaine prochaine.