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Gwen Rakotovao: “La danse et l’art, des vecteurs pour promouvoir le vivre ensemble”

lundi 8 février 2016 à 14:28
Gwen Rakotovao, NYC 2013 avec sa permission

Gwen Rakotovao, en représentation (avec son autorisation)

La température est agréable pour un soir de Février à Paris.

Le rendez-vous avec Gwen Rakotovao est donné dans un restaurant du 14 ème arrondissement  où le gérant est toujours de bonne humeur. Il nous salue avec allégresse et nous demande si on souhaite un apéritif. Des chansons malgaches remplissent la salle d'une musique douce mais enlevée. Gwen arrive à grand pas et avec un grand sourire. Elle s'excuse pour son léger retard et explique qu'elle vient juste de finir une répétition importante pour sa prochaine collaboration avec un chorégraphe d'origine Nigériane. Sa carrière de directrice artistique, de chef d'entreprise, de mannequin et d'auteur de livre pour enfants se déroule à 100 km/heure et l'on déjà emmenée à voyager sur les cinq continents.

Gwen a l'habitude de vivre à toute vitesse comme son parcours déjà riche en accomplissements l'atteste. Issue d'une famille malgache installée en Normandie, Gwen veut très tôt croquer la vie à pleine dents. Enfant, elle voulait devenir avocate puis le virus de la dance l'a emporté.

A 17 ans, avec son bac scientifique en poche, Gwen part rejoindre l’Institut de formation professionnelle Rick Odums à Paris pour faire de la dance son métier. Elle s'envole ensuite pour New-York où elle intègre la prestigieuse école “‘Alvin Ailey American Dance Theater”. Même si elle n'a pas vraiment le temps de se poser, Gwen a accepté de répondre aux questions de Global Voices sur sa vision de son rôle en temps qu'artiste dans un monde qui n'arrête pas de changer.

Gwen Rakotovao sur scène avec son autorisation

Gwen Rakotovao sur scène avec son autorisation

Global Voices GV:  Tu es une une danseuse, chorégraphe, mannequin et auteure. Tu as vécu 8 ans à New York où tu as créé ta propre compagnie compagnie de danse, la Gwen Rakotovao Company. Quand tu fais le bilan de tout ce que tu as déjà accomplie à ton jeune age, tu n'as pas un peu le tournis ? Qu'est ce qui te donne la motivation de toujours avancer aussi vite?

Gwen Rakotovao GR: Il est vrai que j'ai une belle carrière et que j'ai accompli beaucoup de choses mais je reviens rarement sur le passé. Le métier de danseuse et chorégraphe comporte des incertitudes et je préfère rester concentrée sur le présent et le futur proche. En tant qu’artiste, j’ai beaucoup de messages que j’aimerais faire passer et c’est ce qui me motive à me lever le matin, à continuer quand des obstacles surviennent.  Ceux sont les changements que je voudrais voir opérer dans le monde et l’envie de poser ma pierre à l’édifice qui me motive à créer, danser, écrire etc…

Gwen nous rappelle qu'elle vient d'une famille d'artiste. Le chanteur Bekoto du groupe malgache mythique Mahaleo est de sa famille. Voici une vidéo prise lors d’ un festival de danse à New York où la Gwen Rakotovao Company dansent sur un air composé et chanté par Bekoto, Lendrema:

GV:  Tu travailles en ce moment en collaboration avec un chorégraphe nigérian. Quel regard portes-tu sur l'évolution de la dance en Afrique et quels sont les points forts ou les particularités que les novices ignorent sur la dance africaine?

GR: L’Afrique est un continent qui comporte de nombreux pays, des cultures divers et donc des danses et des personnalités différentes qu’il est difficile d’en faire un résumé en quelques phrases.
Une chose est sûre c’est qu’en Afrique aujourd’hui,  il y a de nombreux jeunes artistes très talentueux qui veulent pousser et opérer un changement pour participer au rayonnement du continent. Et c'est toujours un plaisir de les rencontrer et d'échanger avec eux.

GV:  Le style de ta compagnie de danse est inspiré de différentes danses de toutes les cultures. Est ce que ce thème de la diversité est quelque chose que tu mets en avant par choix, une manière de faire l'éloge au multiculturalisme?

GR: Plus qu’un choix, c’est l’affirmation de ce que je suis. Je suis née en France de parents malgache. De ce fait j’étais destinée à représenter le multiculturalisme. Mon côté New-Yorkais n’a fait qu’enrichir ce trait multiculturel qui est en moi. Ce n’est pas forcément évident d’assumer une triple culture dans ce monde où il est bon d’appartenir à un groupe de peur d’être rejeté par les autres. Et depuis très jeune, j’ai dû faire ce choix de respecter ce que je suis c'est-à-dire un être humain avec des cultures différentes. Et je prends plaisir à représenter cette idée même si ce n’est pas tous les jours une mince affaire.

GV:  “L'Amour, La Liberté” est le titre d'une de tes chorégraphies. Tu es aussi fondatrice d'un programme destiné aux enfants défavorisés et orphelins du centre Ketsa de Vontovorona. On peut dire que tu es une personne engagée. Quels sont les thèmes sociaux qui te passionnent et quel serait le rôle de la dance dans notre société actuelle?

GR: La danse, j’irai même jusqu’à dire l’art en général, sont des vecteurs culturels primordiaux pour opérer des changements et jouent un rôle important dans notre société. Je pense que chaque artiste a comme mission de faire passer des messages. Le mien est simplement de lancer des messages d’espoir pour un monde meilleur. J’espère qu’un jour enfin, malgré nos différences nous puissions vivre ensemble. C’est une utopie mais c’est ce que je défends et c’est pour cette cause que je m’engage.

GV:  Il y a-t-il une partie de Gwen que le grand public ne connaît pas et que tu aimerais partager ?

GR: Je pense que l’interview le résume bien mais Gwen est une grande rêveuse (elle sourit).

GV: Merci Gwen et bon courage pour tous tes projets !

Un grand merci à Patrick, aka Pitchboule, qui a facilité cette rencontre et cet entretien.

Les cinq lauréats de nos bourses pour la préservation des langues autochtones en Amérique latine 

lundi 8 février 2016 à 08:29
Atelier de formation au Language Digital Activism workshop à Cusco, Pérou

Atelier de formation  à Cusco, Pérou

Rising Voices est heureux d'annoncer que ses mini bourses de cette année ont été attribuées à cinq projets d'activisme numérique pour les langues autochtones d'Argentine, du Salvador, du Mexique et du Nicaragua.

Dans le cadre de notre soutien à des initiatives utilisant les médias numériques et l'Internet pour revitaliser et promouvoir les langues autochtones en ligne, nous avons lancé un appel à projets fin 2015, invitant les communautés à soumettre leurs idées de projets d'activisme numérique. Nous avons reçu 63 propositions de 12 pays à travers l'Amérique latine, chacune ayant l'unique but d'enseigner à leurs communautés locales comment tirer parti des outils numériques pour promouvoir leur langue maternelle, ainsi que pour répondre à un défi spécifique. Les candidats ont également été invités à partager leurs idées sur la façon dont elles allaient travailler pour atteindre un plus grand impact en utilisant des stratégies de plaidoyer en ligne et hors ligne.

On demandait aux communautés de partager leurs propositions à travers le site activismo Lenguas, où d'autres candidats et des membres du réseau ont pu laisser des commentaires, faire des remarques et les encourager. Un des objectifs de ce site est de faciliter l'interaction entre les communautés de la même zone géographique, parlant la même langue.

Cinq projets ont été choisis pour recevoir une mini bourse et un soutien au démarrage de leur projet au début de 2016. Ces bénéficiaires partageront leur travail sur le site Activismo Lenguas et sur Rising Voices à travers des mises à jour régulières. Un autre élément important de ce projet inclut les contacts entre les bénéficiaires eux-mêmes  qui seront facilités, mais aussi avec l'ensemble du réseau de mentorat ainsi que la traduction et diffusion de leur projet.

Les cinq projets primés sont les suivants:

Argentine : Müpüley taiñ mapudungun (notre Mapudungun) 

Divers collectifs et organisations telles que Kom Kim Mapudunguaiñ Warria Mew,Ceppas et Mapuexpress vont former les communautés mapuche à Buenos Aires sur comment créer des documentaires audio consacrés à la poésie et la musique pour revitaliser la langue Mapudungun dans des communautés urbaines de migrants.

Salvador : revitalisation des langues Poton et Pisbi

Un projet de collaboration entre le Conseil de coordination national indigène salvadorien (CCNIS espagnol) et les leaders autochtones locaux enseignera aux jeunes Lenca [fr] et Kakawira comment développer du matériel pédagogique multimédia dans les langues Poton et Pisbi pour aider à sensibiliser sur l'état actuel de ces langues.

Nicaragua: Miskitus et Mayangnas sur Internet

Les élèves autochtones miskito et mayangna qui fréquentent un cours sur le leadership de l'Université des régions autonomes de la côte caraïbe du Nicaragua (URACCAN, dans ses initiales en espagnol) à Puerto Cabezas [fr] apprendront à créer des vidéos, des blogs et à travailler collectivement sur un dictionnaire en ligne, à élaborer une stratégie pour faire des étudiants de l'université une force motrice et encourager d'autres à apprendre ou à conserver leur langue maternelle.

Mexique: Natël t’an

Quatre femmes de l'état de Tabasco [fr] ont travaillé sans relâche à enseigner  la langue Yokot'an (Chontal [fr]. Maintenant, elles aimeraient transposer ce travail de sensibilisation dans le monde virtuel à travers des ateliers, pour créer une station de radio en ligne en langue Yokot'an, produire des podcasts audio avec des messages de santé et d'éducation pour la communauté.

Mexique : Tének et MAM

Les étudiants de tous les âges à San Luis Potosí [fr] seront invités à prendre part à ce projet de travail sur le Tének (langue huastèque) [fr] sur Internet. En associant les étudiants en technologie, il aura une meilleure chance de susciter leur intérêt à conserver leur langue. On montrera aux stagiaires comment créer de petits clips audio et faire des illustrations pour produire des reportages vidéos.

Nous publierons très bientôt les présentations détaillées de chacun des projets.

A Saint-Pétersbourg, l'hiver n'est plus synonyme de sel et de gadoue

dimanche 7 février 2016 à 17:27
St. Petersburg, winter 2016. Photo by Darina Gribova.

Saint-Pétersbourg, hiver 2016. Photo Darina Gribova.

Les armées d'invasion au cours de l'histoire vous le diront : il neige beaucoup en hiver sur les villes de Russie. Mais cette force qui a contribué à la défaite des légions françaises et des divisions allemandes est aussi un souci ordinaire dans la vie quotidienne des Russes. D'habitude, l'hiver russe ne leur donne guère matière à se réjouir. Cette fois pourtant, des milliers d'habitants de Saint-Pétersbourg sont ravis de leur hiver au point de vouloir épingler une médaille au revers du fonctionnaire municipal pionnier d'une nouvelle méthode de déneigement.

Les hivers précédents, Saint-Pétersbourg devait endurer des situations effroyables : des rues souillés de sel et de produits chimiques de fonte, inévitablement envahies par une gadoue qui abîmait les chaussures, esquintait les voitures et même blessait les pattes des animaux. Chaque année, les habitants se plaignaient et distribuaient aux fonctionnaires municipaux des taux de satisfaction lamentablement bas, et chaque année la ville recourait aux mêmes méthodes pour se débarrasser de la neige et de la glace.

Сказочно же Хорошего дня вам всем!

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On dirait un conte de fées ! Belle journée tout le monde !

Cette année, le Comité d'embellissement municipal a finalement changé sa tactique de déneigement, et du coup il baigne dans l'adulation publique.

Qu'est-ce que Saint-Pétersbourg fait différemment ? Les services ont abandonné les réactifs chimiques, baissé la quantité de sel utilisé de 5 à 10 %, et augmenté à la place le sablage des rues (pour prévenir les glissades). La ville concentre désormais ses efforts sur le déneigement actif des rues et trottoirs. Il est même possible de suivre en temps réel le travail des engins de déneigement sur une carte interactive.

Pour apprécier pleinement l'effet de cette réforme sur la vie à Saint-Pétersbourg, il suffit de regarder un sondage en ligné lancé début janvier sur une importante communauté Vkontakte dédiée aux questions de circulation et de sécurité routière locales. Au moment où ce billet était écrit, sur plus de 30.185 votes, seuls 2.464 se plaignaient de rues glissantes, tandis qu'une écrasante majorité de 17.770 automobilistes et 9.952 piétons exprimaient une totale satisfaction de la nouvelle politique de déneigement de la ville. Mieux, les messages de remerciement ne cessaient d'affluer pour le Comité d'embellissement municipal. 

Красивый мой. ♡♡♡

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Ma belle [ville].

Le RuNet est certes devenu un terrain de jeu pour trolls, bots et hackers, mais ce déversement d'approbation et de gratitude paraît réel, et même sincère.

Sur Facebook, Anna Zubakina a écrit :

Большое спасибо за отказ от применения реагентов, душа радуется как чисто и красиво вокруг!! Машина чистая, обувь тоже, собака больше не обжигает лапы – одно удовольствие! Пожалуйста, продолжайте и дальше также!

Merci beaucoup pour le refus d'utiliser les réactifs ! L'âme se réjouit de la propreté et de la beauté alentour ! La voiture est propre, les chaussures aussi, et  les pattes du chiens ne brûlent plus – un pur plaisir ! S'il vous plaît, continuez ainsi !

Lesha Zenin a écrit :

Никак не мог понять, откуда это ощущение зимы как в детстве. Теперь все понятно, спасибо за работу.

Je n'arrivais pas à comprendre d'où vient cette sensation d'hiver comme ceux de mon enfance. Maintenant je sais, merci pour votre travail.

Tatyana Pogost a dit :

Спасибо за чистый город без ужасной слякоти и соли, которая разъедает обувь, автомобили и дыхательные пути. Эта зима в Питере чудесна! Я за то, чтобы и в будущем отказаться от реагентов на дорогах.

Merci pour la ville propre sans les affreux sel et gadoue qui rongent les chaussures, les voitures et les voies respiratoires. Cet hiver à Saint-Pétersbourg est merveilleux ! Je suis pour qu'on renonce aux réactifs sur les routes aussi dans l'avenir.

Non sans un peu de malice, le journaliste Sergueï Dorenko a même rêvé de pousser le conte de fées un peu plus loin :

Санкт-Петербург: 1. Перестали сыпать соль на дороги; 2. Ввод финского вторым языком в школах; 3. Заработная плата в Евро

Saint-Pétersbourg : 1. On a cessé d'épandre du sel sur les rues ; 2. le finnois devient la seconde langue à l'école ; 3. les salaires sont versés en euros.

Fière de son soutien dans l'opinion, la municipalité a étalé tout cet amour sur son site web, citant les éloges d'administrés tant sur les médias sociaux que par courriers. La plupart ont mentionné particulièrement le président du Comité, Vladimir Roublevski, fer de lance de l'opération de réduction du salage. L'artiste pétersbourgeois Karim Ragimov a même lancé une pétition sur Change.org demandant à ce que la ville honore Roublevski d'une décoration. (Plus de 2.000 signatures à l'écriture du présent billet.)

Просим отметить правительственной наградой деятельность Владимира Рублевского, главу комитета по благоустройству Смольного, прекратившего вопиющее ежегодное изнасилование города солью и реагентами в зимний период. За многие годы впервые мы переживаем настоящую красивую снежную зиму в Санкт-Петербурге. Выражаем отдельную благодарность от имени владельцев автомобилей, домашних животных и обуви.

Nous demandons que soit récompensée l'action de Vladimir Roublevski, président du Comité pour l'embellissement de Smolny, qui a fait cesser la révoltante agression annuelle de la ville par le sel et les réactifs pendant la période hivernale. Pour la première fois depuis de longues années nous connaissons un véritable bel hiver enneigé à Saint-Pétersbourg. Nous exprimons notre particulière gratitude au nom des propriétaires d'automobiles, d'animaux domestiques et de chaussures.

Pendant ce temps, dans les environs de Moscou, c'était plutôt le mécontentement quant à la gestion du déneigement par les responsables locaux. Des gens ont même entassé un monticule de neige devant un service municipal, barricadant la porte des employés municipaux censés déblayer la neige sur la voirie. Sur Vkontakte, plus de 2.500 ont applaudi l'acte.

Les habitants des banlieues de Moscou ont enfoui sous la neige les locaux des ouvriers communaux qui n'ont pas dégagé les cours.

La visite du Pape François au Mexique divise l'opinion

dimanche 7 février 2016 à 09:44
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Image du Pape François lors de sa récente visite à New York. Empruntée au compte Flickr de Marcela sous licence Creative Commons.

La prochaine visite du pape François, prévue pour la deuxième semaine de février 2016, provoque des sentiments et des réactions mitigés parmi les Mexicains. Alors que beaucoup l'attendent avec impatience, d'autres ne sont pas d'accord avec son programme et avec les grands préparatifs en vue de son arrivée.

Il y a un an à peine, en février 2015, une tension est née entre le gouvernement mexicain et le Saint-Siège après des déclarations polémiques faites par le souverain pontife. Dans une conversation rendue publique, il exhortait son Argentine natale à éviter la “mexicanisation”, faisant clairement référence au conflit armé engendré par la guerre contre la délinquance organisée au Mexique.

Certains médias argentins ont diffusé l'explication donnée par le Vatican au sujet de cet incident :

“La expresión ‘evitar la mexicanización’ fue usada por el Papa en un correo electrónico estrictamente privado e informal, en respuesta a un amigo argentino [el legislador porteño Gustavo Vera] que está muy involucrado en la lucha contra las drogas y quien había usado esta frase”, sostuvo el Vaticano.

El correo electrónico, publicado por la ONG La Alameda, mostró al Papa haciendo una aparente referencia al peligro de que el narcotráfico al estilo mexicano se instale en el país.

“L'expression ‘éviter la mexicanisation’ a été utilisée par le Pape dans un courrier électronique strictement privé et informel, en réponse à un ami argentin [le député de Buenos Aires Gustavo Vera] qui est très impliqué dans la lutte contre la drogue et qui avait utilisé cette expression”, a affirmé le Vatican.

Dans ce courrier électronique, publié par l'ONG La Alameda, le Pape faisait apparemment référence au danger que représenterait le trafic de drogue “à la mexicaine” dans le pays.

Toutefois, les brouilles diplomatiques semblent être du passé puisque le gouvernement mexicain consacre d'importants moyens à l’optimisation des espaces en vue de l'arrivée du pontife tant à Ecatepec −  en périphérie de Mexico − qu'à Ciudad Juárez, à la frontière avec les États-Unis.

Protesta por la visita de Jorge Mario Bergoglio a México. Foto de TRC.

Manifestation à l'occasion de la visite de Jorge Mario Bergoglio à Mexico. Photo de TRC.

Selon les chiffres officiels, 89% de la population au Mexique est catholique. Ce chiffre a cependant été contesté par certains experts comme l'anthropologue Elio Masferrer Kan qui a dénoncé des “manipulations politiques” pour faire croire que le pays compte plus de catholiques que ce n'est vraiment le cas.

D'autres personnes ont exprimé leur mécontentement au sujet de la visite du chef de l'église : ce sont les familles des étudiants d'Ayotzinapa, enlevés en septembre 2014, ainsi que de nombreux sympathisants à leur cause. En décembre 2015, les familles des disparus ont présenté des pétitions aux autorités catholiques du pays pour que le pape François leur consacre une partie de son temps durant sa visite en terre mexicaine, mais il semblerait qu'il ne s'entretiendra pas avec eux, du moins pas officiellement.

Les familles des étudiants ont essayé d'attirer l'attention du souverain pontife lors de son voyage dans le pays voisin du nord, aux Etats-Unis, en vain, selon le site SDP noticias :

Al cumplirse un mes más sin saber del paradero de sus hijos, los padres demandaron respaldo de la iglesia católica, al mismo tiempo se dijeron decepcionados por la indiferencia del Papa Francisco ante el dolor de los padres.

“Yo fui a Estados Unidos a ver al Papa Francisco y no nos quiso recibir, le gritamos, estuvimos alzándole la voz y no nos hizo caso, ahí el Papa me decepcionó porque él sabe que estamos viviendo un problema terrible y él ni siquiera se para a decir aquí están las madres, vamos a exigir justicia, yo esperaba otra cosa y no nos respondió” señaló la madre de uno de los jóvenes ante el sacerdote jesuita.

Après un mois de plus passé sans savoir où se trouvent leurs enfants, les parents ont demandé le soutien de l'église catholique et en même temps, ils se disent déçus par l'indifférence du Pape François face à leur douleur.

“Je suis allée aux États-Unis pour voir le Pape François et il n'a pas voulu nous recevoir, nous avons essayé de l'interpeller, de nous faire remarquer et il nous a ignorés. Là, le Pape m'a déçue parce qu'il sait que nous vivons une situation terrible et il ne s'arrête même pas pour saluer les mères et nous aider à ce que justice soit faite, j'attendais autre chose et il ne nous a pas répondu” a souligné la mère de l'un des jeunes disparus devant le prêtre jésuite.

Un autre mécontent de la future visite a été l'entraîneur sportif Ricardo Antonio La Volpe, qui s'est plaint que la date et l'heure du dernier match de son équipe de football n'ait pas été modifié à l'occasion de l'arrivée imminente du pape. Au lieu d'être reporté ou avancé, l'événement sportif a été déplacé dans un autre stade.

Depuis le Chiapas –dans le sud-est mexicain− où devait se jouer le match en question, Víctor López, auteur du texte “¡Bienvenido a México entre miseria y riqueza!” [Bienvenue au Mexique entre la misère et la richesse!], souligne :

Nuevamente Chiapas volverá a ser sitio de visita de “un representante de Dios en la tierra” […] A pocos días de la llegada de su Santidad Francisco a las ciudades de Tuxtla Gutiérrez y San Cristóbal de las Casas, y a 26 años de la visita de Juan Pablo II, no hay nada de qué presumir en esta parte de México, donde el dolor humano es una forma de vida para la inmensa mayoría en el día a día, tolerada e incluso promovida por la ruindad de las autoridades en turno a nivel federal, estatal y municipal.

De nouveau, “un représentant de Dieu sur terre” viendra au Chiapas […] Quelques jours avant l'arrivée de Sa Sainteté François dans les villes de Tuxtla Gutiérrez et San Cristóbal de las Casas, et 26 ans après la visite de Jean Paul II, il n'y a pas de quoi être fier dans cette partie du Mexique, où la souffrance humaine est une manière de vivre au quotidien pour l'immense majorité, elle est tolérée et même encouragée par le mépris des autorités tant au niveau fédéral, qu'à celui de l'état ou de la municipalité.

Une autre raison de mécontentement diffusée sur les réseaux sociaux comme Twitter, porte sur l'abattage des chiens errants, afin d'améliorer l'apparence des rues pendant la visite du souverain pontife, particulièrement dans la zone d'Ecatepec :

Dans le même ordre d'idée, l'utilisateur Darko Abbadie s'est exprimé :

Avec le hashtag #NoVengas [Ne Viens Pas], d'autres habitants d'Ecatepec se sont exprimés au sujet des conséquences des événements publics auxquels François participera :

De son côté, le journaliste et écrivain Andrés Oppenheimer a suggéré que le pape doit aborder le thème des migrants entre le Mexique et les États Unis, ainsi que les attaques constantes de la part de l'aspirant à la candidature présidentielle pour les républicains américains, Donald Trump :

Ces témoignages nous permettent d'avoir une vision plus précise des sentiments des Mexicains sur un thème que les médias grand public présentent comme un bonheur unanime pour la population.

Des Australiens se préparent à la désobéissance civile contre la détention offshore d'enfants réfugiés

samedi 6 février 2016 à 18:57
Let Them Stay - OHCHR Facebook

#LaissezLesRester – photo avec l'aimable autorisation de la page Facebook du Haut Commissariat aux Droits de l'Homme des Nations Unies (OHCHR)

Une décision de la Haute Cour confirmant le système australien de détention extra-territoriale des réfugiés provoque des appels à la désobéissance civile. Ce qui scandalise particulièrement et largement, c'est que 80 enfants, dont 37 bébés, sur 267 personnes au total sont en ce moment en instance d'expulsion. Parmi eux, un garçonnet de cinq ans qui aurait été violé à Nauru.

Une campagne centrée sur les enfants, avec le mot d'ordre #LetThemStay (laissez-les rester) n'a pas attendu le jugement.

Le dessin de First Dog on the Moon [“Premier chien sur la lune] pour le Guardian Australia dit la répulsion largement partagée :

“Je ne crois pas que je pourrai faire ça encore une fois” dessin de firstdogonmoon sur les enfants et bébés qui doivent être renvoyés à Nauru :( [NdT suivez le lien, le dessin est une B.D. de 7 cases dans la section ‘Comment is free’ du Guardian]

Contexte

La politique actuelle de ‘protection des frontières’ vise les arrivées de réfugiés par bateaux et suit deux voies principales :

1. La détention offshore soit sur Nauru soit sur l'île de Manus en Papouasie Nouvelle Guinée, en attente de relocalisation dans des pays de la région pour ceux dont la demande d'asile aboutit. Concrètement, n'importe où sauf en Australie. La plupart restent en centres de détention à cause du manque de pays acceptables de relocalisation.

2. Le refoulement des bateaux de réfugiés se dirigeant vers l'Australie.

Les objectifs officiels sont la lutte contre le trafic d'êtres humains et la fin des morts en mer.

La BBC a sondé les éléments de la question dans un article de novembre 2015, L'Australie et l'asile : Pourquoi c'est compliqué. L'opinion publique est divisée :

L'asile n'est pas une question brûlante en politique intérieure. Les sondages montrent qu'un nombre important d'Australiens approuvent un durcissement

La Commission australienne des Droits de l'Homme a également un guide en ligne pour quiconque souhaite une information plus détaillée.

Des médecins bravent la loi

La loi interdit au personnel qui travaille ou a travaillé dans les centres de détention des îles d'évoquer ce qu'ils voient. Ce qui n'a pas empêché bon nombre d’élever la voix. Cette vidéo présenté les opinions du pédiatre de Sydney Hasantha Gunasekera :

Ces médecins bénéficient d'un ferme soutien, comme l'indique le fondateur du Centre de ressources des demandeurs d'asile :

Tout le temps
Partout
Je représenterai gratuitement tout courageux médecin australien poursuivi pour avoir exposé le mauvais traitement institutionnel des enfants réfugiés à Nauru

Des ecclésiastiques risquent la prison pour avoir offert asile

A la suite de la décision de la Cour, plusieurs églises ont été proposées pour refuge. Le doyen anglican de Brisbane a pris la tête du mouvement, encourant une possible peine de dix ans d'emprisonnement :

#LaissezLesRester : Le doyen anglican de Brisbane se dit prêt à être inculpé pour #asile

Incitation à la désobéissance civile

Michael Short, éditorialiste au quotidien de Melbourne The Age, a été l'un de ceux, nombreux, qui ont appelé à agir :

La désobéissance civique est nécessaire quand les lois sont imbéciles

Il n'a pas été le seul :

Le gouvernement nous a déçus. Ça dépend de nous à présent. Le temps est venu d'une désobéissance civile de masse.

La désobéissance civile devient un devoir sacré quand l'Etat tombe dans l'illégalité ou la corruption.

Apprenez à agir. Vous avez vu que j'ai mis en place une formation à la désobéissance civile pour les réfugiés

Agrir, vite

Les mouvements pour les réfugiés ont promptement organisé des rassemblements et des manifestations dans tout le pays :

Rassemblement jeudi suite à la décision de la Haute-Cour de renvoyer les demandeurs d'asile à Nauru [Sur la petite affiche : “Nous aimerions vivre en paix comme les autres enfants”]

Belle participation au rassemblement de Brisbane [Sur l'affiche : “Où est notre humanité ? Nous sommes meilleurs que ça]

Le Haut Commissariat aux Droits de l'Homme de l'ONU n'a pas tardé à émettre ses critiques :

#LaissezLesRester : Nauru n'est pas un environnement sûr ni approprié pour l'envoi de personnes vulnérables, surtout des enfants

Et sa page Facebook a exhorté “l'Australie à ne pas transférer tous les individus concernés à Nauru”.

Dernier épisode connu, le premier ministre de l'Etat de Victoria, Daniel Andrews, a offert d'accueillir les 276 personnes :

J'ai écrit une lettre au Premier Ministre [fédéral] aujourd'hui.