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Elections en Tunisie : voter ou pas ?

samedi 5 juillet 2014 à 21:30
2014 elections logo, via the Facebook page of the independent election commission

Logo pour les élections de 2014, provenant de la page Facebook de la commission électorale indépendante

Alors que les élections législatives et présidentielles approchent en Tunisie, les internautes débattent de l'utilité de déposer leurs bulletins de vote dans les urnes.

Les élections parlementaires auront lieu le 26 octobre tandis que le premier tour du scrutin présidentiel se tiendra le 23 novembre.

Cependant, tout le monde n'est pas emballé par les scrutins à venir cette année. Ceux ne souhaitant pas voter évoquent souvent leur mécontentement à l'égard des résultats obtenus par la classe politique au cours des trois dernières années, arguant que les élections de 2011 ‘n'ont apporté aucun changement'.

En octobre 2011, les Tunisiens ont élu une assemblée nationale constituante (ANC) chargée d'élaborer une nouvelle constitution après le renversement du dictateur Zine el Abidin Ben Ali. Le parti islamiste Ennahdha avait obtenu 40% des voix.

Comme beaucoup d'autres, Nymeria s'interrogeait :

Que faire aux élections tunisiennes ? Je n'aime aucun des partis et les votes blancs ne comptent pas

Le 24 juin, l'utilisateur de Twitter Papillon, qui compte près de 13.000 abonnés, a posé la question suivante :

Le blogueur Saber Arabasta, qui a près de 12.000 abonnés, a répondu :

Et d'ajouter dans un autre tweet :

L'utilisateur Chikh Magon demandait :

Sur Facebook, le journaliste et blogueur Haythem El Mekki écrivait [fr] :

Bon les pro boycott et abstentionnistes : J'aurais bien aimé vous suivre et vous soutenir, mais il faudra me dire ce que vous avez prévu concrètement et de façon pragmatique… Quel résultat espérez-vous en prônant le boycott ? Enfin mis à part le fait de nous priver des voix de ceux qui souhaitent un changement plus que quiconque… Je suis aussi insatisfait et remonté contre la classe politique que vous, voire plus, mais je ne vois que du nihilisme dans votre approche que je trouve destructrice et infantile… Pourriez-vous me convaincre du contraire ?

Bechir Bizertino commentait :

قبل كل شي فسرلنا انت كيفاش بمشاركتك في الانتخابات لاختيار اي طرف من القذارة المفروضة علينا بش تغيير حاجة في البلاد … اما انا فمقاطع لانه صوتي لاي طرف حامج من الموجودين موش بش يصلح حتى شي وما عنده حتى قيمة بما انه الطبقة السياسية باكملها ما تسمع كان للسفراء الاجانب موش للشعب اللي وكلها لنيابته …. وبمقاطعتي فعلى الاقل رابح انه ما عطيتهمش اي شرعية ولم اوكلهم ولا يمكنهم ادعاء ذلك ….

Tout d'abord, expliquez-nous en quoi participer aux élections pour choisir l'un de ces sales partis qui nous sont imposés changera quoi que ce soit dans le pays. Pour ma part, je ne participerai pas parce que mon vote à n'importe lequel de ces sales partis existants est sans aucune utilité ni valeur puisque toute la classe politique n'écoute que les ambassadeurs étrangers et pas les gens qui les élisent [eux]… en boycottant, au moins, je ne leur accorde aucune légitimité ni en les remplaçant [sous entendu les remplacer par d'autres personnes similaires] donc ils ne peuvent prétendre [que je -l'un des électeurs- leur accorde cette légitimité]

Zenova Gamha Fehmi a publié ce commentaire :

A mon avis il faut aller voter, pour un parti ou un autre, dans cinq ans si on n'est toujours pas satisfaits on votera pour un autre et ainsi de suite, c le jeu.
Il faut aller voter, c un devoir envers ceux qui sont morts pour nous l'octroyer ce droit.
Ne vous attendez pas à un miracle suite aux élections, les tunisiens ont tendance à vouloir tout tout de suite ce qui relève de l'impossible!

Pendant ce temps, la Commission électorale indépendante lançait une campagne enjoignant les Tunisiens à s'inscrire avant le 22 juillet s'ils veulent voter. Ceux qui ne se seront pas inscrits ne le pourront pas.

La campagne cible quelque 4 millions d'électeurs potentiels non inscrits pour élire l'assemblée nationale constituante en octobre 2011.

Avec un taux d'abstention élevé estimé à 50% en 2011, la commission électorale et les groupes de la société civile s'inquiètent du fait que le taux de participation soit plus bas avec la déception croissante des gens à l'égard des partis politiques.

Pour le Vietnam, la plateforme pétrolière chinoise violait le droit maritime international

vendredi 4 juillet 2014 à 15:16

Nguyen Thi Lan Anh de l'Académie diplomatique du Vietnam explique pourquoi selon lui la Chine a fait une erreur en transportant une plateforme pétrolière dans des eaux territoriales contestées, entre la Chine et le Vietnam.  

La décision de la Chine de mettre sa plateforme pétrolière dans une zone contestée, les iles Paracels, est plus un conflit de souverainetés. C'est aussi un conflit qui porte sur le droit maritime international. 

 Cet incident avait déclenché un fort sentiment anti-Chinois, et même des manifestations de rue au Vietnam. 

Vietnamese in Hong Kong gather to advocate peace and demand the removal of China oil rig from disputed waters in the South China Sea. Photo by Pete Walker, Copyright @Demotix (6/4/2014)

Des vietnamiens vivant à Hong Kong se sont rassemblés pour demander la paix durant le conflit Chine Vietnam déclenché par une plateforme pétrolière dans des eaux territoriales disputées . Photo de Pete Walker, Copyright @Demotix (6/4/2014)

Pétition au Pape François: “Excommuniez ces 5 dictateurs africains”

jeudi 3 juillet 2014 à 23:12

Abdoulaye Bah, collaborateur de Global Voices et auteur du blog Konakry Express a lancé une pétition [en français] sur Avaaz. Intitulée: “Sa Sainteté, Pape François, excommuniez cinq dictateurs africains”, elle s'adresse directement au plus haut représentant de l'Eglise Catholique. L'auteur, qui avait encore déclaré le 16 avril dernier son admiration pour les prises de position politiques, théologiques et sociales de l'ancien archevêque de Buenos Aires , dénonce le crédit accordé par la Papauté à cinq dirigeants africains lors de récentes réceptions officielles. La pétition demande leur excommunication, au même titre que les membres de la Mafia, exclus de la communauté catholique par le Pape François lors de sa visite en Calabre.

[...] En quelques jours, vous avez reçu les Présidents Eduardo dos Santos d’Angola, Obiang Nguéma de Guinée équatoriale, Paul Biya du Cameroun, Dénis Sassou N'Guesso du Congo et Robert Mugabe du Zimbabwe. Ces 5 présidents battent tous les records mondiaux de longévité au pouvoir. Pour cela, ils ont constitué des oligarchies qui pillent les ressources, tuent des innocents, torturent les opposants et les défenseurs des droits humains, corrompent les institutions, détournent la volonté populaire à l’occasion d’élections truquées, violent des femmes, divisent les populations en semant la haine et provoquent des révoltes ou des guerres civiles. [...] Nous vous prions d’excommunier ces dirigeants africains, comme vous venez de le faire avec les membres de la mafia.

En avril 2014, Abdoulaye Bah avait publié un article pour Global Voices sur les faits de corruption active de Jose Dos santos, le Président Angolais, et de sa famille. En janvier 2013, il avait dénoncé la mégalomanie du Président de la Guinée équatoriale Teodoro Odiang .

Coupe du monde : la FIFA peut-elle censurer les revendications dans les stades ?

jeudi 3 juillet 2014 à 22:49

A FIFA Banner that says “For the Game. For the World” via Thomas Couto on Flickr – CC License-NC-2.0

Le monde entier le sait : la coupe du monde (de la FIFA) 2014 au Brésil est fort controversée. Il en est de même pour les suivantes. Celle qui devrait avoir lieu au Qatar en 2022 notamment, mais aussi la coupe du monde 2018 en Russie n'a pas que des partisans. Mais rien est noir ou blanc, ni noir et blanc. En ce qui concerne le Qatar, tout un chacun peut citer au moins un argument contre le Qatar comme organisateur. Voici donc un article qui défend la candidature du Qatar pour que chacun puisse se former son opinion. Le président de la fédération de football du Qatar explique ainsi:

Notre candidature l'a emporté non pas parce qu'aucun compte n'a été tenu de ces grandes questions, mais parce que nous avons fourni des réponses convaincantes. Nous avons tiré parti de chaque défi. Nous avons gagné parce que notre dossier de candidature a été considéré comme étant le meilleur.

Mais, à présent, il s'agit du Brésil et de la question : la FIFA peut-elle censurer les revendications dans les stades? Le seul argument qui me vient pour répondre oui est celui que la FIFA ne serait pas une organisation à but social (c'est ce qu'elle a démontré à plus d'une reprise) et qu'elle voudrait se tenir en dehors de tout conflit politique ou social. Mais, d'un autre côté, elle s'engage elle-même contre le racisme.

Alors, pourquoi a-t-elle censuré l'image du jeune Guarani qui a soulevé une banderole avant le match d'ouverture de la coupe du monde ? Ce jeune, Daniel Cohn-Bendit l'a rencontré lors de son voyage à travers le Brésil. Les Guarani, un peuple autochtone brésilien, souffrent de répressions. Et c'est la FIFA qui avait invité elle-même le village guarani à participer à la cérémonie. La FIFA veut donc se montrer tolérante. Elle prétend unifier les populations en faisant monter sur le terrain trois jeunes. Un blanc, un noir et un indigène. Mais seul les spectateurs présents dans le stade ont pu voir la banderole déployée par l'un de ces jeunes. La FIFA veut donc se montrer sociale tout en interdisant à ce peuple de s'exprimer. Elle lutte contre le racisme et pour l'égalité et l'union à travers le football, mais censure cette revendication des Guarani après leur avoir donné une scène. Elle permet que des populations soient délogées, chassées de leur lieu de vie et elle a octroyé l'organisation de la prochaine coupe du monde à un État déjà fort controversé (et selon moi de justesse) lors des derniers JO d'hiver.

La FIFA est donc socialement engagée et restreint en même temps le droit d'expression, voire tolère ou même encourage des comportements antisociaux. Mais pourquoi peut-elle continuer ainsi ? Et bien parce qu'on associe étroitement football et FIFA. Au Brésil, de nombreux manifestants qui dénoncent la “coupe du monde de la FIFA” aiment le football. Ils regardent publiquement les matchs en direct. Moi-même, en ayant appris comment s'est déroulé la préparation de la coupe du monde, je m'étais engagé à ne regarder que les matchs les plus intéressants (éventuellement) et ceux de la Belgique (car lorsque nous participons pour la première fois depuis douze ans, il m'est impossible de ne pas regarder comment évolue notre équipe nationale). Mais, amateur du foot que je suis, je n'ai finalement pas pu m'empêcher de regarder de nombreux matchs. Un boycott de la coupe du monde est donc difficilement imaginable. Ainsi, ni les joueurs qui rêvent de pouvoir disputer une coupe du monde, voire de la remporter dans le meilleur des cas, ni les spectateurs ne boycotteront jamais cette coupe du monde. Et d'ailleurs, les manifestants au Brésil ne sont pas contre la coupe du monde dans leur pays, mais contre les conditions dans lesquelles celle-ci se déroule, contre les mesures imposées par la FIFA et contre les prix qui empêchent la majorité de la population brésilienne d'assister aux matchs dans les stades.

Avec toutes ces idées, j'ai complètement oublié de parler de joueurs comme Afonsinho ou Sócrates. Des joueurs à l'engagement politique. Le lien entre la politique et le football, ou même le sport en général, me paraît très intéressant. Ce qui me semble évident, c'est que, si la FIFA veut vraiment jouer un rôle social, elle doit rester fidèle à cet objectif. Par son comportement actuel, elle perd toute crédibilité. Elle a le pouvoir de faire changer beaucoup, mais elle n'ose pas encore. Ou peut-être est-elle vraiment si corrompue que certains le prétendent et ses membres ont pour seul objectif leur enrichissement personnel ? Si tel était le cas, il serait temps d'agir !

L'ouverture d'un Jurassic Park déclenche la colère d'une ville sans eau courante au Pérou

jeudi 3 juillet 2014 à 11:33
JP

Forêt du Jurassique. Image de Sangudo, utilisateur Flickr. CC BY-NC-ND 2.0.

Pour une ville sans bitume, sans eau courante ni système d'assainissement, les Tricératops et T-Rex en fibre de verre ne constituent pas une priorité.

Le gouvernement de la région d’Arequipa au Pérou voit les choses autrement. Il a récemment approuvé la construction d'un parc à thème sur les dinosaures d'une valeur de 4 millions de soles (1,4 million de dollars) dans le district aride de Yura, à environ 1000 km au sud-est de Lima. La construction du parc « Los C'coritos II » est considérée comme un gaspillage d'argent public, qui serait bien mieux utilisé à enrayer le fort taux de mortalité de cette ville dû aux diarrhées et maladies rénales.

Le maire défend le projet de parc, soulignant qu'il met à l'honneur l'héritage préhistorique local, celui des dinosaures d'Arequipa. Il considère “injustifiée” l'enquête sur cet investissement, démarrée cette semaine par des fonctionnaires anti-corruption. « Les dinosaures font partie de l'histoire » indique le maire Alfredo Zegarra, qui fait déjà l'objet d'une enquête judiciaire pour « abus d'autorité ». « Les enfants doivent savoir ce qui s'est passé, comment ces animaux en sont venus à peupler la planète, comment ils ont disparu. »

Le sol d'Arequipa renferme des empreintes préhistoriques de dinosaures. En juillet dernier, des ouvriers ont découvert ce qui semblait être un foetus fossile de Velociraptor. Il a été identifié plus tard comme étant un mammifère moderne.

La colère publique est d'autant plus forte que la construction d'un hôpital était prévue à l'emplacement du parc, un terrain de 3 hectares à 2700 mètres d'altitude sur le plateau. L'indécision des autorités locales a laissé ce projet au point mort, ce qui a permis à M. Zegarra d'accorder une assistance financière au maire d'Yura, l'une des villes les plus pauvres de la région, pour la construction du parc. Ce sera le second parc de dinosaures à rejoindre le  premier« Los C'coritos »,  dans la banlieue de la ville d'Arequipa, à environ 25 km.

« C'est un travail qui offre une certaine qualité de vie aux gens, » dit Mario Melo, un membre du gouvernement régional, au journal La República. « Ils ont aussi droit à cette infrastructure. Les critiques sont politiques » a ajouté M. Melo, faisant référence à l'opposition des aménageurs que M. Zegarra accuse d'alimenter les inquiétudes.

Un reportage télévisé souligne que les locaux, privés d'eau pendant deux semaines dans certains cas, s'inquiètent de l'impact que va avoir ce parc de dinosaures sur leurs besoins fondamentaux. « Beaucoup d'enfants ici souffrent de diarrhées et de problèmes rénaux » dit Gladys Curo, une femme interviewée dans le reportage. « Nous soignons sur place ce que nous pouvons, mais se rendre dans la ville la plus proche prend beaucoup de temps. »

M. Zegarra indique qu'un réservoir a été construit pour résoudre le problème et que « l'eau sera accessible » à ceux qui en ont besoin.

Les groupes de riverains sont divisés sur la construction du parc. « Ce n'est pas que le parc ne serve à rien, c'est juste qu'un hôpital serait mieux, » dit Timoteo Calachahui, un membre de l'association de riverains Camineros y Empleados, au journal La República.

L'ancien président de cette même association de 563 membres indique que le gouvernement de région a réussi à sauver des projets par le passé, alors que les terres auraient été abandonnées ou à la merci de gangs ou d'aménageurs.

« Le parc ne sera pas un éléphant blanc, » dit Socrates Chiara. « Nous avons un accord de 10 ans avec la municipalité. A la fin de cette période, si les gens ne veulent plus du parc, il sera démoli au profit de leur hôpital. »

Mr Chiara ajoute que le gouvernement prend des mesures pour mettre en place des systèmes d'assainissement prêts à fonctionner ainsi qu'un projet d'école.

M. Zegarra indique qu'un terrain a été réservé pour un hôpital un petit kilomètre plus loin, dans la communauté de Cerro Colorado, à 23 km dans la banlieue d'Arequipa, la deuxième ville du Pérou.

L'utilisation inappropriée des fonds publics n'est pas chose rare dans la région d'Arequipa. En novembre dernier, un stade public et un hôtel de ville ont été construits grâce aux recettes fiscales de compagnies minières. Comme Yura, la ville de Yarabamba n'a pas accès à l'eau courante et ces bâtiments sont considérés comme extravagants.

La corruption est une constante des gouvernements de régions au Pérou. Les trois quarts des 26 présidents de région font actuellement l'objet d'une enquête par les autorités. Cet épisode ne va pas aider à casser l'idée que les élus sont en décalage avec ceux qu'ils représentent.

Pourtant, s'il y a bien une chose que M. Zegarra a apprise, c'est comment transformer une crise en opportunité. Il dit avec ironie que la publicité faite  par les médias à cette affaire pourrait bien attirer des investisseurs pour trouver les fonds manquants.

Ci-dessous, des tweets en rapport avec le projet de parc :

Alfredo Zegarra est-il obsédé par les dinosaures? D'abord il les met au parc de Los Ccoritos et maintenant à Yura?

Yura pourrait s'appeler Yura…sic Park (et les gens n'ont pas d'eau)

Gestion scandaleuse à Yura. Que faut-il faire pour la contrer? On devrait se débarrasser de cette gestion une bonne fois pour toutes. Le Pérou ne mérite pas cette administration.

Les maires d'Arequipa et de Yura ont des fossiles pour cerveau.