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Combattre la “dictature criminelle sans retenue” dans la région charbonnière de l'Ukraine

jeudi 17 janvier 2013 à 23:45

Le blogueur de Donetsk Stanislav Kmet (l'utilisateur de LJ frankensstein) s'est rendu à Severnyi, un village houiller délabré de l'est de l'Ukraine, sur la demande par courriel d'un groupe d'habitants pour qu'il les aide à attirer l'attention sur l'exploitation illégale du charbon qui menace de détruire leurs maisons. Les 10 et 11 janvier 2013, Kmet a publié sur son blog un photo-reportage de son expédition (en russe ; première et deuxième partie - environ 70 photos et deux vidéos), enrichissant une collection de matériaux déjà abondante sur l'histoire et les problèmes actuels du Donbass, la région qui concentre la plus grande partie de la production ukrainienne de charbon.

Comme l'écrit Kmet, sans la monnaie et le passeport ukrainiens toujours en usage à Severnyi, on pourrait se demander si le village fait partie de l'Ukraine ou si c'est une “enclave” - parmi beaucoup d'autres dans le Donbass - où “ni la constitution, ni les lois n'ont de pouvoir réel.”

Voici le tableau dépeint par Kmet :

[…] Sort habituel des villages miniers, Severnyi […] a commencé à mourir en même temps que la mine locale. Dès 2000, la mine de Severnaya fut déclarée non rentable, et bientôt l'extraction s'y arrêta de fait. Actuellement, l'exploitation ne se fait que dans de nombreux puits clandestins (appelés kopankas], dont les propriétaires possèdent tout pouvoir sur le village. La population y est sans droits, les représentants de la loi négligent leurs devoirs, les autorités locales se taisent et font comme s'il ne se passait rien. Les charbonniers accaparent les terrains riches en charbon, creusent les forêts avoisinantes, détruisent les habitations des gens. J'ai été dans beaucoup d'endroits du Donbass, mais je n'avais encore jamais vu nulle part un tel degré de franche dictature criminelle.

[…]

Situé entre les petites villes de Snejnoye et [Torez], le village de Severnyi n'est pas un endroit où il fait bon vivre : il n'y a pas pratiquement pas d'emplois, et se rendre dans les agglomérations voisines par la route défoncée est long et pénible. L'immobilier ne vaut presque rien, la population est passée de 17.000 (au début des années 1990) à 10.000 (en 2012). […]

Maisons inachevées, en ruine et désertes, routes boueuses impraticables : les photos et la description de Kmet rendent parfaitement le “climat sans espoir” de Severnyi. Il écrit :

[…] Même les maisons habitées de Severnyi portent le sceau du déclin et la mort. En parcourant les rues, tout ce qu'on voit est comme demi-vivant, de travers, à l'abandon. On dirait que ces maisons sont habitées non par des gens, mais par des momies ambulantes, aussi délabrées et sales que leurs demeures. […]

On dirait que tous ceux encore capables de faire quelque chose ont déjà fui ce village.

[…]

Je suis sûr que [le réalisateur Andreï Tarkovski, auteur du film Stalker en 1979,] aurait aimé cet endroit. […]

Les mines de charbon illégales sont partout, écrit Kmet :

[…] Tout se fait absolument au grand jour. Ni les autorités, ni les représentants de la loi ne réagissent. Le pillage des entrailles de la terre continue comme s'il n'existait pas d'Etat, et chacun extrait du charbon comme ça lui plaît.

On trouve de nombreux “trous” vidés de leur ressource, abandonnés. Quand une kopanka est vidée de ses ressources, ils s'en vont en creuser une autre. […]

Une partie de cette exploitation minière illégale se fait jusque sous les maisons, et c'est le problème qui a amené Kmet et ses compagnons à Severnyi.

Les habitants des rues concernées montrent à Kmet deux kopankas situées dangereusement près de leurs maisons, ainsi que la rue Kozlov, dont les résidents ont été contraints de déménager après les dégâts causés à leurs maison par le creusement des puits de mines illégaux :

[…] Ils savent qu'il y a du charbon juste sous leur cour. S'ils se mettent à l'extraire, leurs maisons s'effondreront à cause de l'affaissement du terrain. […]

Les tentatives de résistance des habitants restent vaines : les autorités continuent à ignorer les plaintes déposées dans les formes, et pire, il y a des indices de leur collaboration de fait avec les mineurs clandestins (par exemple, en leur fournissant des branchements électriques).

Lorsque l'une des femmes du village a affronté en personne les mineurs clandestins, elle a reçu en réponse une menace de mort. Kmet répète son récit (qu'il a aussi enregistré en vidéo [en russe]) :

[…] Au départ nous voulions juste arriver à un arrangement […]. Quand les gangsters sont arrivés, je suis allée vers eux et leur ai dit : “Les gars, vous n'aurez pas le droit de creuser ici.” Alors l'un d'eux m'a dit : “Madame, vous êtes vraiment fatiguée de la vie ? Parce que nous pouvons [lancer deux cocktails molotov] la nuit, et tout sera réglé !” Alors, évidemment, j'ai décidé de garder ma langue au chaud. […]

Kmet écrit que le seul espoir des résidents est d'alerter les média.

L'autre vidéo dans son photo-reportage est celle d'un homme qui travaille dans une de ces kopankas illégales. Kmet écrit que cette vidéo fera partie du documentaire sur Severnyi auquel il travaille et qu'il mettra bientôt en ligne :

Entretien avec Szabolcs Panyi, éditeur de Global Voices en hongrois

jeudi 17 janvier 2013 à 21:22

Szabolcs Panyi, 26 ans, est auteur et éditeur d'un blog hongrois célèbre, Véleményvezér (”Leader d'opinion”). Il a rejoint Global Voices en hongrois en septembre 2011, et depuis mars 2012, il est co-éditeur du site.

Global Voices: Le Prix Junior Prima [hongrois, hu] récompense le talent de jeunes Hongrois chaque année. Est-il possible qu'en 2012 vous ayez été le premier blogueur à le recevoir [hu] ?

Szabolcs Panyi: Oui, je suis le premier à le recevoir en tant que blogueur. C'est extraordinaire, bien sûr, mais il ne s'agit pas seulement de moi mais du blog [hu], et donc de ses autres auteurs aussi. D'autre part, avec ce prix, l'importance des blogs est également reconnue.

GV: Avant que tu ne rejoignes Global Voices, j'ai souvent cité ton blog Véleményvezér sur notre site Global Voices en anglais, parce que selon moi son nom reflète ce qu'il  fait : un blog d'opinion leader pour les lecteurs hongrois. Quelle a été la recette pour faire d'un blog traitant des affaires publiques un succès ?

SZP:

Szabolcs Panyi

Szabolcs Panyi, blogueur sur Véleményvezér

Je crois que c'est du au fait que la plupart du temps nous essayons d'écrire  dans un style anglo-saxon, concis et aussi pondéré que possible. Les blogs hongrois et les billets d'opinions sont en général assez passionnés, de parti pris et ironiques dans leur style. Nous voulions quelque chose de différent. Notre but n'est pas de parvenir à un consensus mais de faire réfléchir les gens. Nous avons évolué vers plus de critiques envers le gouvernement ces derniers temps, mais c'est parce que toute la politique hongroise a changé.

Le concept (du blog) est de mettre en valeur l’évènement le plus marquant de la journée précédente, nous aidons donc pour résumer ceux qui ne suivent pas l'actualité politique de très près à toujours être à jour des affaires importantes, sans avoir à lire une tonne de choses. De plus, nous collaborons avec Index [un site d'informations] et nous devons beaucoup à Index et Blog.hu [la plateforme de blogs d'Index], parce qu'ils publient nos articles sur leur page d'accueil, avec leurs propres contenus, et  nous envoie beaucoup de leurs lecteurs.

GV : Connaissez-vous vos lecteurs, savez-vous qui lit Véleményvezér ?

SZP: Selon les statistiques de notre page Facebook, la plupart ont entre  25 et 45 ans, des hommes, qui vivent à Budapest [la capitale]. Je rencontre souvent des gens qui me disent qu'ils nous lisent, et c'est toujours agréable d'entendre ça. Récemment, des citoyens ordinaires, des électeurs de droite déçus et désillusionnés qui critiquent de longue date le parti au gouvernement ont commencé à nous lire.  Mais ceux que nous aimerions assez toucher sont un peu comme nous, des moins de 45 ans, [des gens qui ont] entre 20 et 30 ans, qui veulent voir la Hongrie adopter des normes européennes et maintenir des bonnes relations avec ses partenaires occidentaux, et non avec des régimes autoritaires, puisque nous faisons partie de l'Occident. Et, naturellement [ceux qui veulent que] le gouvernement adopte une politique économique raisonnable, pragmatique, qui renforce le pays. C'est à dire, des modérés de droite classique qui observent les évènements de la vie politique hongroise avec une mine défaite depuis quelques temps déjà.

Nous nous appelons Véleményvezér [“Leader d'opinion”] parce que le but n'est pas seulement d'être lu par beaucoup de lecteurs, mais de toucher des personnes importantes qui sont influentes et occupent des postes à responsabilités. En capitalisant sur cela, nous tentons d'attirer l'attention sur des questions que nous trouvons importantes, c'est pour cela que nous approfondissons plus certains sujets que le grand public ne l'estime nécessaire : par exemple, le passé des services secrets communistes du pays.

GV: A un moment donné, vous avez invité des personnalités, des journalistes et des experts à commenter vos posts. Quelle procédure avez-vous suivie ? 

SZP: Nous avons désactivé la fonction commentaires pour tous. Tout le monde peut commenter nos articles sur Facebook [hu] en utilisant sa véritable identité, chaque article y reçoit habituellement entre 50 et 200 commentaires. Sur le blog, 20-30 commentateurs invités peuvent commenter, ce sont principalement des économistes, des journalistes, des commentateurs politiques, des professeurs d'université, des experts venant d'horizons différents, qui ont tous de moins de 45 et ont produit des choses intéressantes dans leur domaine. Ce sont nos lecteurs idéaux, et ce sont eux que nous aimerions présenter à nos lecteurs comme des protagonistes plus dignes d'attention que les vieux chroniqueurs qui ont grandi sous le socialisme et rabâchent toujours les mêmes choses depuis.

GV : Une autre raison a motivé votre redirection des commentateurs vers Facebook ?

SZP: Le niveau de culture du commentaire est assez bas en Hongrie et nous voulions des commentaires de qualité sur notre site, développer une culture du débat de qualité sur ce support. Nous avons reçu beaucoup de commentaires sur nos articles, disons plus d'un millier, et pour trouver quelque chose de cohérent, il fallait dérouler tout le fil des commentaires, c'était donc des contenus totalement sans intérêt, ou plutôt, le commentaire intéressant était noyé dans les commentaires ineptes. En instaurant cette procédure, nous avons été en mesure de nous assurer que les commentaires était une valeur ajoutée dans tous les cas.

Le dernier exemple en date est un commentaire de Lászó Varró de l'Agence internationale de l'énergie (chef de la division Gaz, Charbon et Electricité). Quand (notre partenaire) Index a mis ce commentaire en valeur sur sa page d'accueil, cela nous a apporté 20 000 lecteurs supplémentaires. Grâce à la visibilité de ce seul commentaire.

GV: Dans votre article [hu] publié à l'occasion du Blog Action Day, vous écrivez que les blogueurs hongrois sont libres, qu'ils peuvent tout publier. Etes-vous encore de cet avis ?

SZP : Oui, ils peuvent publier pratiquement n'importe quoi. Bien sûr, il y a des blogueurs sympathisants de partis politiques, dont les blogs sont financés par des partis d'une manière ou d'une autre, ou bien qui travaillent eux-mêmes dans les cercles politique. De toute évidence, ils n'écrivent pas sur certaines choses et ne frappent pas si fort quand il s'agit de leur propre bord, et ils appuient certains thèmes populaires dans leur tendance politique.

GV: Si les blogueurs sont libres d'écrire ce qu'ils veulent, pouvons-nous dire qu'ils ont pris la place des journalistes dans une certaine mesure ?

SZP: Nous les blogueurs pouvons réagir plus rapidement et pouvons travailler sur nos articles pratiquement sans contraintes, alors que les pauvres journalistes sont vissés dans leur salle de rédaction et doivent produire des dépêches toute la journée, ils sont privés de toute créativité et n'ont pas le temps d'écrire des articles d'opinion. C'est en matière d' éditoriaux d'opinion que les blogueurs ont, dans une large mesure, pris la place des journalistes. Il n'y a plus beaucoup d'éditorialistes traditionnels, connus et respectés en Hongrie, ceux qui sont là sont dépassés, ils publient dans les quotidiens, donc, les lecteurs auxquels nous nous adressons ne les lisent pas vraiment.

De gauche à droite : Emőke Kilin, Szabolcs Panyi, Tamás Novák, Kata Molnár, Nóra Netoleczky, Andrea Buzás, Andrea Höll, Diána Dobsinszki –  les traducteurs de Global Voices en hongrois.

GV: Pourquoi était-ce important pour vous de contribuer à Global Voices ?

SZP: Je suis très intéressé par la situation au Moyen-Orient, en Asie centrale et dans les semi-dictatures et les dictatures du Tiers-Monde. Au cours du printemps 2011, lors d'un voyage de blogueurs en Allemagne, j'ai rencontré des blogueurs de Tunisie, d'Indonésie, de Mongolie et d'autres pays, et j'ai été très ému de voir que nous avions la même occupation, nous étions de la même génération, mais à quel point les conséquences du blogging sont différentes en Hongrie et dans ces pays. Je suis à la recherche d'occasions de soutenir leurs causes dans mon pays, ou du moins d'attirer l'attention sur eux. Global Voices est un très bon support pour le faire.

GV: Quels sont les plus grands défis que Global Voices en hongrois doit affronter ?

SZP: L'aspect le plus problématique est que les sujets d'actualité étrangère, qui se passent en dehors de nos frontières et qui se ne sont pas directement liés à la Hongrie, intéressent moins les lecteurs hongrois, à l'exception des tabloïds. Par exemple, la vidéo d'une agression sexuelle en Inde [fr] a été l'un de nos posts les plus lus et a été republié par d'autres sites, mais comme actu sensationnelle. Mais beaucoup ont aussi lu le post sur la mort du blogueur iranien Sattar Beheshti [fr], ce qui m'a un peu surpris mais j'étais content que les lecteurs hongrois aient au moins entendu parler de cette horrible histoire. Malheureusement, il est difficile de trouver des lecteurs intéressés par les questions de libertés et par la liberté d'expression en ligne.

GV: Quel a été le post ou le sujet le plus lu dans les articles traduits par  Global Voices en hongrois ?

SZP: A part ceux mentionnés plus haut, la plus lue de nos traductions à été celle sur l'affaire Safarov [fr] parce qu'elle concernait la Hongrie, puisque c'était le gouvernement hongrois qui, par intérêt économique, a libéré l’Azerbaïdjanais Ramil Safarov qui avait assassiné un étudiant arménien à Budapest. Le meurtrier à la hache a été amnistié par les Azerbaïdjanais aussitôt après avoir été libéré et il a été salué comme un héros. Même la photo de couverture de la page Facebook non officielle du président de l’Azerbaïdjan a été changée pour y mettre celle de Safarov. La traduction relatait cette affaire et elle a été reprise par les médias en ligne hongrois.

Les Malaisiens se rassemblent pour un “soulèvement citoyen”

jeudi 17 janvier 2013 à 20:04

Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées pour le ‘Himpunan Kebangkitan Rakyat’ (traduit littéralement par Rassemblement du soulèvement des citoyens) dans la capitale malaisienne, Kuala Lumpur, le 12 janvier 2013. Organisée par la coalition d'opposition Pakatan Rakyat, cette manifestation correspond à une mobilisation accrue à l'approche des élections présidentielles prévues dans le courant de l'année, à une date encore inconnue.

Le rassemblement mettait l'accent sur les revendications du mouvement Bersih (pour des élections libres), la campagne pour l'éducation gratuite et la protection de l'environnement. Le Malaysian Insider cite les chiffres du Conseil du barreau malaisien qui estime le nombre de manifestants présents entre 70 000 et 100 000.

Ils ont été des milliers à se rassembler pour le défilé #kl112. Photo de @fitri34

Nombreux sont les blogueurs malaisiens qui, comme Secret Garden, semblent soutenir cette cause :

Même si je ne peux pas être présente en personne, je suis toujours avec ceux qui se battent pour un gouvernement plus propre et plus juste, aussi bien mentalement que spirituellement.

Le succès sans précédent du rassemblement KL112 montre que notre peuple (dont je fais partie) a enfin pris conscience de la corruption et des manquements du gouvernement.

Grâce aux technologies sophistiquées et à un réseau Internet libre, nous ne sommes plus aveuglés par les médias traditionnels et le gouvernement. C'est pourquoi ce rassemblement a été nommé le “soulèvement du peuple”.

Ipohgal nous livre un résumé des événements de son point de vue :

Beaucoup étaient venus avec du sel, de l'eau minérale et une serviette, prêts à affronter à nouveau le gaz lacrymogène et les canons à eau. Etonnamment, la présence policière était minime et il régnait une atmosphère carnavalesque. Les marchands faisaient de bonnes affaires en vendant des T-shirts, des souvenirs, des snacks et des boissons autour du stade Merdeka.

Entre 50 000 et 60 000 personnes ont réussi à se tasser dans le stade pour passer cette après-midi dans la chaleur à écouter les discours enflammés des représentants des ONG et des partis politiques. Malais, Chinois, Indiens, Eurasiens, Ibans, Dayaks et Orang Asal étaient tous là. Jeunes et vieux, hommes et femmes, ils étaient venus en masse.

C'est réconfortant de voir des inconnus s'asseoir ou se lever ensemble dans la solidarité. Nous étions unis, un peuple et une âme. Nous étions vraiment et fièrement les Anak-anak Bangsa Malaysia (les enfants de la Malaisie). Nous avons applaudi, chanté et acclamé les orateurs d'une seule voix. Tout le monde aidait à faire circuler des bouteilles d'eau minérale et nous avons aussi fait des dons monétaires pour amortir le coût de la location du stade. Oui, nous avons payé les organisateurs pour participer, au lieu d'être payés par eux pour venir.

Vue du Stade Merdeka. Photo de @Fred9Fareed

Certains étaient plus sceptiques, affirmant que l'opposition essayait juste de fomenter une révolution en Malaisie. Aeshah Adlina Karim a par exemple publié des images qui semblent indiquer que certains Malaisiens sont favorables à la révolution suggérée par l'opposition, qui impliquerait un changement de drapeau pour le pays, le soutien de Chin Peng (un ancien leader du Parti Communiste de Malaya, actuellement en exil et qui a demandé sans succès à entrer en Malaisie) et la “légalisation des LGBT”.

Dave Avran, a au contraire pris une position plutôt neutre et légère sur le rassemblement :

Les rassemblements comme celui d'aujourd'hui sont une bonne chose pour la nation. Il y a plein de gens qui s'ennuient et ne savent pas quoi faire le weekend, et qui ont besoin d'une raison pour sortir du centre commercial.

Les manifestants se sont aussi rassemblés à l'extérieur du stade. Photo de @imokman

La manifestation a été très suivie sur Twitter, où les organisateurs avaient fortement mis en avant les mots-clé #KL112 et #HKR112.

@ShakirAmeer: Les policiers étaient très gentils et aimables. Contrôler une foule, ce n'est marrant pour personne. Tirons-leur notre chapeau! #kl112 http://instagr.am/p/UYZzLBKsDI/

@NatAsasi: On est venus, on s'est rassemblés, on est rentrés chez nous :) Bien joué tout le monde! dont @PDRMsia @najibrazak. Vous voyez comme les choses peuvent se passer calmement, pacifiquement? :) #KL112

@wongkahwoh: Rakyat a prouvé que l'on pouvait faire un rassemblement #KL112 pacifique. Le gouv. devrait s'excuser de l'erreur antidémocratique commise pendant #709 #428.

@Bengbros: Je ne suis pas quelqu'un de politisé mais je pense que #KL112, Bersih et toutes ces foutaises, c'est de la blague.

@itsfrankiehere: “Je sais que vous avez le droit de vous réunir pacifiquement. J'ai aussi le droit de ne pas vous soutenir.” #kl112 @abby_abadi112

@tristupe: Si le gouvernement organise un rassemblement, c'est une “rencontre avec le peuple”. Si c'est l'opposition, c'est une “manifestation” et c'est “antidémocratique”. #kl112

@niha_rika94: Il y a de multiples façons de faire remonter nos opinions et nos frustrations auprès du gouvernement actuel sans avoir à défiler dans les rues. #KL112 #HKR

@fahmi_fadzil: Tant de gens, tant d'origines différentes. C'est un tableau extraordinaire et impressionnant. Nous nous approchons de Central Market, la foule devient énorme. #kl112

@julia_ti: Je ne crois pas que le rassemblement / les émeutes #kl112 #hkr112 soient représentatifs du mouvement pour les droits civils.

Plus tôt dans la journée, la chaine Al Jazeera avait montré le clip vidéo suivant. Il s'agit d'une “bande annonce” dramatique utilisant un montage d'extraits de vidéos prises lors des manifestations précédentes:

Contre le chaos, l’imagination radicale

jeudi 17 janvier 2013 à 18:12

Le développement des communications numériques porte toujours plus loin les clameurs des voix populaires, libérant dans le même temps mots, images, idées et actions jusqu’alors restreints à des sphères déterminées. Le monde virtuel est hyper-connecté  foisonne d’idées originales et grouille de volontés entreprenantes à visées novatrices. Dans une même frénésie, sur le terrain, les voix populaires grondent, s’organisent et clament des valeurs dissidentes. Et c’est tout un imaginaire radical qui se met en place face à des systèmes de pensées encore figés.

A propos des voix contestataires d’Occupy Wall Street s’élevant des décombres de la crise financière de ces dernières années, David Graeber (anthropologue américain) écrivait en septembre 2011 sur le site Internet  du Guardian [en anglais] :

Is it really surprising they would like to have a word with the financial magnates who stole their future?

Just as in Europe, we are seeing the results of colossal social failure. The occupiers are the very sort of people, brimming with ideas, whose energies a healthy society would be marshaling to improve life for everyone. Instead, they are using it to envision ways to bring the whole system down.

But the ultimate failure here is of imagination. What we are witnessing can also be seen as a demand to finally have a conversation we were all supposed to have back in 2008. There was a moment, after the near-collapse of the world's financial architecture, when anything seemed possible.

Est-ce vraiment surprenant qu’ils aient envie de s’expliquer avec les magnats financiers qui leur ont volé leur avenir ?

Tout comme en Europe, nous observons ici le résultat d’un colossal échec social. Ces occupants sont exactement le genre de gens débordant d’idées, dont l’énergie devrait être favorisée par une société en bonne santé, afin d’améliorer la vie de chacun. Au lieu de quoi, ils la consacrent à imaginer le moyen de mettre à bas l’ensemble du système.

Mais l’échec définitif ici, est celui de l’imagination. Ce à quoi nous assistons peut également être considéré comme la revendication d’ouvrir enfin le débat que nous étions tous censés mener après 2008. Après le quasi-effondrement du système financier mondial, il y eut un moment où tout semblait possible.

 

Radical imagination

Radical imagination sur Wikia. License CC-BY-SA

L’imagination, un grand mot que l’on semble aujourd’hui redécouvrir, désigne la faculté humaine à se représenter des choses ou des évènements perçus par les sens. Lien entre le monde et l’individu, l’image mentale construite par cette faculté voyage d’esprit en esprit par le biais de différents modes de transmission (récit écrit, oral ou visuel diffusé sous forme de livres, de discours ou de films, par exemple).

Le domaine économique et social n’est pas le seul à souffrir de cet échec de l’imagination. Un rapide coup d’œil aux productions occidentales cinématographique, musicale ou littéraire de masse voit sans cesse répéter les éternelles rengaines old school, vintage ou rétro (pour ne pas dire ringardes) : on remixe, on remake et on reboot les données culturelles du XXème siècle et précédents.

De cette imagination officielle, autorisée et largement diffusée par les institutions gouvernementales et médiatiques se distingue pourtant l’émergence sur la scène globale d’un autre type d’imagination, celle-ci spontanée, plus intime et souvent non autorisée.

Cette imagination dite radicale [en anglais] désigne la racine affective, viscérale et impulsive qui lie l’humain au monde. Avant de connaître l’ordre, la morale et la conscience, l’imagination puise ses formes dans le rapport du corps à l’environnement (géographique comme social). Il s’agit d’une perception brute, émotionnelle et fondamentalement créatrice qui affecte l’esprit humain.

A sa racine, c’est-à-dire dans son aspect radical, l’imagination – pour reprendre l’expression de Nietzsche à propos de l’art – ose et gagne le chaos (traduction tirée de Paul Audi, 2010 : Créer. Introduction à l’esth/éthique, éditions Verdier poche, Lagrasse, p.75). Il ne s’agit pas d’apporter le chaos ni de s’y perdre, mais plutôt pour l’esprit humain de s’y confronter. Fondamentalement, le fait d’imaginer c’est affronter le désordre pour le repousser et lui conférer la forme désirer.

Depuis 2007/2008, la scène internationale compte de nombreux soulèvements répondant à cette définition. Les populations confrontées à des environnements agressifs élèvent leurs voix contre un chaos sans fin apparente. La crise de la dette et les plans d’austérité en Europe ont engendré des manifestations en Islande, Angleterre, Espagne, Portugal, Grèce, etc. ; les conditions de vie sont également à l’origine de révoltes populaires dont le Printemps Arabe constitue un point culminant en 2011 ; des manifestations anti-corruption (2011) et plus récemment (janvier 2013) anti-viol secouent l’Inde ; des auto-immolations par le feu au Tibet, ou encore les manifestations du Jasmin et des révoltes villageoises retentissent en Chine. 2011 a également connu l’instauration du mouvement des Indignés en Espagne, puis celui d’Occupy Wall Street aux Etats-Unis.

Si pas deux de ces mouvements ne sont identiques et si rares sont ceux qui se trouvent directement liés l’un à l’autre, l’existence d’un Métamouvement, pour reprendre le terme utilisé par Umair Haque, peut pourtant être mise en évidence [en anglais]:

The Metamovement is a movement of movements (…) The Metamovement isn't just a faint, transient echo, but the increasingly resonant reverberation of people challenging this brutal state of malfunction, this Great Splintering of institutions and social contracts. Their truth, I suspect, might be this: there's no one left to turn to — and so the Metamovement has turned to each other.

Le Métamouvement est le mouvement des mouvements. (…) [Ce] n’est pas seulement un écho faible et passager, mais le retentissement croissant du peuple défiant cet état brutal de mal-fonction, cette grande fragmentation des institutions et des contrats sociaux. Leur vérité, je suspecte, pourrait être ceci : il n’y a plus personne vers qui se tourner – alors le Métamouvement s’est tourné l’un vers l’autre.

Ces formes d’expressions radicales et populaires sont à l’image du fossé qui s’est creusé entre les institutions et les peuples. Le cas de l’immolation de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid en Tunisie est particulièrement significatif. Son geste, réponse à une persécution étatique généralisée, a déclenché réactions des internautes et des citoyens, dénonçant le manque d'emplois, la corruption et la détérioration des droits humains dans leur pays, menant les révoltes jusqu’à la chute du régime oppresseur.

Ce mode d’expression radicale se trouve encore aujourd’hui parmi le peuple tibétain qui compte en ce début d’année 2013 jusqu’à 96 auto-immolations par le feu. Une étude précise ainsi [en] :

The Tibetans have framed the recent wave of self-immolations notonly as acts of sacrifice but as acts with religious meaning, as in thetradition of offering one’s body for the benefit of others. A number of testimonies (..) that they were motivated by the wish to preserve Tibetan religion and culture.

Les Tibétains ont défini la récente vague d’immolations non seulement comme des actes de sacrifice mais aussi comme des actions à signification religieuse, suivant la tradition d’offrande du corps bénéficiant à la communauté. Un certain nombre de témoignages (…) présentent la culture et l’identité tibétaine comme étant sur le point d’être détruite (par le projet moderniste gouvernemental)

L’expression de cette imagination radicale s’inscrit dans la transgression. Son principe novateur se dévoile dans le basculement d’un affect (austérité, identités réprimées et droits refusés, etc.) en force (soulèvement, révolte, manifestation, sacrifice, etc.). Agissant comme une décharge de protection, elle remplit un rôle socio-prophylactique et permet de s’élever contre une totalité angoissante et chaotique, de s’interroger sur la nature de l’ordre établi et de semer les graines d’une structure sociale autre.


Les 10 villes chinoises les plus polluées

jeudi 17 janvier 2013 à 15:54

Ces derniers jours, un nuage de pollution sur la capitale chinoise a relancé les débats sur l'environnement. Pékin n'est cependant pas un cas isolé : Offbeat China montre l'ampleur de la pollution en présentant les 10 villes chinoises les plus affectées.