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Port Harcourt, la ville à la « suie très épaisse »

mardi 19 juin 2018 à 11:03

Capture d'écran de la campagne #StoptheSoot à Port Harcourt, Nigeria

Port Harcourt, centre de l'industrie pétrolière nigériane, est depuis longtemps étouffée par une suie épaisse, poussiéreuse et toxique au point de susciter des craintes pour la santé de son million d'habitants.

L'air empoisonné a conduit les résidents à sans cesse nettoyer la suie de leurs voitures et de leurs maisons et à porter des tenues protectrices afin de se prémunir, ce qui a déclenché une prise de conscience du public concernant l'étendue et la sévérité de cette crise. Sataah Nubari a déclaré à CNN :

“You're wiping your face with a handkerchief and everything is black. You're trying to clean your car and everything is black. Or you look at the soles of your feet and it is just pitch black.”

« Vous vous essuyez le visage avec un mouchoir et tout est noir. Vous essayez de nettoyer votre voiture et tout est noir. Ou bien vous regardez la plante de vos pieds et elle est toute noire. »

George Kerley, rédacteur au journal TheCable, a également mis en garde sur les conséquences :

The increasing level of soot in the air and environment of Port Harcourt is largely due to two factors, the activities of security agencies who burn off illegally bunkered petroleum products and the activities of illegal oil refinery operators who run their operations from the creeks and hinterlands of some of the communities around and surrounding Port Harcourt. It has been established that soot causes cancer and lung disease and maybe the second biggest human cause of global warming. It has also been established that long-term exposure to urban air pollution containing soot increases the risk of coronary artery disease.

Les niveaux croissants de suie dans l'air et dans l'environnement de Port Harcourt sont principalement dus à deux facteurs : d'une part, aux activités des agences de sécurité qui brûlent des produits pétroliers stockés illégalement et d'autre part aux activités des exploitants de raffineries clandestines opérant depuis les criques et l'arrière pays entourant Port Harcourt. Il a été démontré que la suie est responsable de cancers et de maladies pulmonaires et pourrait bien être la deuxième cause humaine principale du réchauffement climatique. Il a également été démontré qu'une exposition sur le long terme à une pollution urbaine contenant de la suie augmente le risque de maladie coronarienne.

Tandis que les habitants partout dans la ville font part de leur inquiétude concernant le risque environnemental, le Ministère de l'Environnement nigérian a qualifié la pollution de l'air de « situation d'urgence » en début d'année dernière mais a rejeté la responsabilité sur les raffineries illégales de pétrole et les pneus brûlés.

Le jeu des reproches n'a ni fait disparaître la suie ni rendu l'air plus propre, conduisant les Internautes à laisser éclater leur colère sur Twitter avec le hashtag #StoptheSoot (Arrêter la suie).

Un utilisateur de Twitter montre les gratte-ciel de la ville enveloppés d'épaisses fumées noires :

#stop the soot, ce n'est pas juste l'affaire de Port Harcourt, c'est presque partout dans le [Nigeria du] Sud, c'est affreux

Un autre a partagé cette photo de la suie qui recouvre sa maison :

C'est ça qu'on respire ici à Port Harcourt ! Oh là là… Je nettoie ma chambre ce matin !

D'un hashtag sur Twitter, #StoptheSoot s'est transformé en un mouvement environnemental à part entière, exigeant un air propre et un environnement sécurisé dans toute la zone de l'Etat de Rivers située dans le Delta du Niger. Le groupe de plaidoyer est descendu manifester dans la rue et a eu plusieurs réunions avec le gouvernement de l'Etat de Rivers.

Une autre action menée par des citoyens du collectif Global Shapers Community de Port Harcourt a par ailleurs attiré l'attention du monde entier sur la catastrophe environnementale locale lorsque le groupe a déposé une plainte officielle auprès du Programme des Nations Unies pour l'Environnement.

Selon les explications d’Ebenezar Wikina, membre du groupe :

The funniest thing is people who are freaking out the most about the soot are people who just got to know about it only few weeks or days ago. The soot thing was first noticed by Port Harcourt residents as far back as October 2016. Yes, October…. Although the Commissioner for Environment, Prof Roseline Konya, eventually came out to engage citizens through various radio stations in Port Harcourt, but in the heat of our advocacy the authorities were silent. The best we heard was that testing was currently being done. Testing, Testing. Testing what? Is it a microphone? People were vexed! The hashtag trended for days as people kept showing evidence of the soot around them — at home, at work, and even in their nostrils.

It was at this time the Port Harcourt Global Shapers decided to call for higher powers. We started a petition on Change.org (which at the moment is closing in on 300 signatures). We have taken it further by informing [United Nations] UN Environment officially about the issues. Of course, the UN cannot come down to solve our problems for us but maybe if the international community is aware, the challenge we’re facing will be handled with more urgency.

Le plus drôle, c'est que les gens qui flippent le plus à cause de la suie sont ceux qui ont découvert le problème il y seulement quelques semaines voire quelques jours. Cette suie a été remarquée pour la première fois par les habitants de Port Harcourt en octobre 2016. Oui, en octobre… Même si la déléguée à l'Environnement, la professeure Roseline Konya, est finalement intervenue auprès des citoyens par l'intermédiaire de différentes radios de Port Harcourt, les autorités sont restées silencieuses dans le feu de notre plaidoirie. Le meilleur qu'on ait entendu, c'est qu'il y avait des tests en cours. Des tests, des tests. Des tests de quoi ? d'un micro ! Les gens étaient énervés ! Le hashtag a fait le buzz pendant des jours tandis que les gens continuaient d'apporter des preuves de la suie autour d'eux : à la maison, au travail et jusque dans leurs narines.

C'est à ce moment là que les Global Shapers de Port Harcourt ont décidé d'exiger des pouvoirs plus importants. Nous avons lancé une pétition sur le site Change.org (qui a recueilli près de 300 signatures jusqu'à maintenant). Nous sommes allés jusqu'à informer officiellement l'ONU Environnement de ces problèmes. Bien sûr, les Nations Unies ne peuvent pas venir résoudre nos problèmes à notre place, mais peut être qu'en mettant la communauté internationale au courant, le défi auquel nous sommes confrontés sera traité de manière plus urgente.

Le mouvement réclame des actions urgentes et plus vigoureuses pour protéger l'environnement, affirmant que la clé du développement durable et des droits de l'homme se trouve dans un environnement sécurisé et sain.

Mexique : quelques clés pour mieux comprendre l'enjeu des prochaines élections

lundi 18 juin 2018 à 20:53

Le drapeau national en berne en signe de deuil. Zócalo [fr] à México. Photo de J. Tadeo, utilisée avec son autorisation.

Ce qui suit est le premier volet d'une série de quatre articles destinés à fournir un aperçu global du contexte dans lequel vont se dérouler les prochaines élections au Mexique [fr].

Dimanche 1° juillet 2018, les Mexicains se rendront aux urnes pour participer à ce que l'on considère comme les plus grandes élections de l'histoire du pays [fr] pour le nombre de postes publics en lice à pourvoir. Cependant, l'attention nationale et internationale se focalise sur les élections présidentielles. 

Sur le graphique suivant, on peut apprécier le grand nombre de postes à pourvoir au terme de cette journée électorale : plus de 3 220. Dont 629 à l'échelon fédéral.

Elections 2018 Mexique

Données issues de www.ine.mx. Graphique réalisé par J. Tadeo pour Global Voices.

Une dictature parfaite, la fin d'une hégémonie et un conflit armé 

Au siècle dernier, pendant plus de 70 ans, les présidents issus du Parti révolutionnaire institutionnel [fr] (PRI) ont institué une forme de gouvernement pour diriger le pays que l'écrivain et intellectuel Mario Vargas Llosa a qualifié de “dictature parfaite”. En 2000, les Mexicains ont mis fin au système du parti hégémonique et ont offert la place au candidat du Parti Action Nationale [fr] (PAN), Vicente Fox [fr] ; pour confier ensuite la présidence à Felipe Calderón [fr], du même parti, six ans plus tard. 

La gestion de Calderón restera dans les mémoires pour avoir déclaré la guerre [fr] au crime organisé, ce qui a marqué le début d'un véritable conflit intérieur entre groupes armés, forces de police et l'armée mexicaine. Un des nombreux auteurs à avoir largement abordé cette question est Jacobo Dayán, notamment sur le site Aristegui Noticias :

Desde el inicio de la presencia militar a gran escala para combatir al crimen organizado, el entonces presidente Felipe Calderón lo llamó guerra. En efecto, al parecer estaba en lo correcto, no se trata de una lucha contra el crimen sino un conflicto armado interno.

Dès l'apparition de la présence massive de l'armée pour combattre le crime organisé, le président de l'époque, Felipe Calderón, a employé le mot guerre. Et il semble bien qu'il ait eu raison. Il ne s'agit pas d'un combat contre le crime, mais bien d'un conflit armé intérieur.

Un mandat marqué par la corruption et la violation des droits de l'homme

En 2012 le PRI a reprit les rênes du pouvoir au Mexique grâce à son candidat Enrique Peña [fr], qui prend alors la décision de continuer la guerre entreprise par son prédécesseur. Son mandat restera irrémédiablement entaché par les violentes conséquences du conflit armé intérieur, parmi lesquelles l'affaire des 43 d'Ayotzinapa [fr], qui s'est traduite par l'enlèvement puis l'exécution de 43 étudiants – une affaire pour laquelle personne n'a encore été condamné.

Cette situation a fait l'objet des protestations officielles de la directrice générale d’Amnesty International au Mexique reproduites ici sur le site indépendant SinEmbargo :

A tres años, seguimos buscando a nuestros desaparecidos entre los escombros de instituciones corruptas y el crimen del olvido, en donde la voluntad política real de las autoridades nunca se ha hecho presente (…) la mentira histórica de este caso marcará el sexenio de Peña Nieto (2012-2018), pero nosotros en solidaridad con sus padres y madres los seguiremos contando, los seguiremos buscando, luchando para que salga a la luz la verdad y se tenga acceso a la justicia.

Après trois ans, nous cherchons toujours nos disparus parmi les décombres d'institutions corrompues et le crime de l'oubli, sans qu'une véritable volonté politique ne se soit jamais manifestée (…) Le mandat de Peña Nieto (2012-2018) restera marqué par le mensonge historique de cette affaire. Par solidarité pour leurs parents, nous ne les oublierons pas, nous continuerons à les chercher, nous nous battrons pour que la vérité éclate au grand jour et pour que justice soit rendue.

Enrique Peña et les membres de son gouvernement ont été mis en cause à diverses reprises, que ce soit par l'opinion publique ou par des organisations de la société civile, dans des affaires de corruption, la plupart du temps classées sans suite. Notamment l'affaire Odebrecht [fr], (pour laquelle des fonctionnaires de plusieurs pays d'Amérique Latine ont dû rendre des comptes [fr] et même – pour certains – affronter la justice pénale), et dont le volet mexicain se distingue par l’absence de conséquences judiciaires et par le côté opaque de ses enquêtes.

Néanmoins, la présidence Peña a approuvé une série de réformes de la Constitution nettement orientées vers des sujets tels que l'éducation [fr], l'énergie [fr] et l'accès à l'information publique (la transparence).

Pour la première fois, les Mexicains vont avoir le choix 

Désormais, et pour la première fois, au-delà des candidats des partis traditionnels, les citoyens auront la possibilité de voter pour des candidats “indépendants”. C'est à dire, des candidats qui n'auront été mandatés par aucun des partis politiques nationaux. 

Les propositions des candidats cherchent à attirer l'attention de tout un pays, qui compte 200 000 morts violentes dans les douze dernières années, un grand nombre de disparitions non élucidées, des centaines de milliers de personnes déplacées et où la liberté de la presse reste très précaire [fr]. C'est une véritable course pour gagner la confiance de citoyens harcelés par le conflit armé et découragés par la corruption et l'impunité des autorités au pouvoir.

Parallèlement, ces élections mexicaines ont un retentissement au niveau régional du nord au sud. Elles font partie d'un cycle d’élections sur le continent sud-américain [fr] qui pourraient annoncer des changements dans l'échiquier politique et des virages serrés de la gauche vers la droite, des partis traditionnels vers de nouveaux groupes politiques, ou, au contraire, la continuité de l'ordre établi à la légitimité douteuse.

Dans le second volet nous présenterons les différents candidats : Ricardo Anaya, José A. Meade, Andrés M. López, Jaime Rodríguez “El Bronco” et Margarita Zavala (qui se trouve être l'épouse de l'ex-président Calderón).

Et nous parlerons aussi des enquêtes d'opinions de l'électorat et bien d'autres sujets. Restez avec nous !

Être noire dans des activités d'aide à prédominance blanche

lundi 18 juin 2018 à 12:49

Des travailleurs humanitaires du ministère de l'Intérieur haïtien procédant avec les Marines américains à la distribution de vivres près de Côtes-de-Fer, Haïti en 2010. (Photographie officielle du Corps des Marines par le sergent Wayne Campbell)

Je crois fermement aux voyages, au fait de prendre des mesures bien en dehors de ma zone de confort pour apprendre et de rechercher de nouvelles expériences. Cette règle s'applique tant aux espaces physiques qu'intellectuels. Ainsi, quand l'opportunité d'une mission à court terme avec une grande organisation non gouvernementale internationale (ONGI) s'est présentée, j'ai fait mes valises et me suis rendue en Europe.

Ce n'était pas tant pour les gros sous dont on nous fait croire qu'ils nous attendent, même si le salaire était décent. Ce à quoi personne ne vous prépare, et dont on parle rarement en profondeur, c'est ce que signifie être Africain dans une institution dirigée par une majorité blanche.

Ayant grandi en Ouganda et travaillant principalement dans la région des Grands Lacs, en Afrique de l'Est, je ne savais pas vraiment ce que cela signifierait. Alors que j'étais consciente de la dynamique dans le secteur du développement chez nous, comme le décrit satiriquement le film “NGO – Nothing Going On” d'Arnold Aganze, cinéaste originaire de l'est du Congo, je n'avais pas encore vécu la vie en minorité.

Au niveau international, nous avons assisté à quelques bouleversements au cours des derniers mois depuis les révélations du scandale sexuel d'Oxfam en Haïti [fr], où des employés d'ONGI payaient des femmes locales en échange de rapports sexuels. À la suite de cette tempête et de quelques autres cas médiatisés d'abus dans le secteur de l'aide internationale, Angela Bruce-Raeburn, l'ancienne conseillère principale en matière de politique pour la réponse humanitaire en Haïti à Oxfam America, a rédigé une des réponses les plus pertinentes.

Son article “But wait until they see your black face” [Mais attends qu'ils voient ton visage noir, NdT], Mme Bruce-Raeburn, qui a examiné l'inclusion et le racisme dans cette industrie, a fortement résonné en moi. Et les réactions des autres femmes noires du secteur sur la gymnastique mentale et de la marginalisation à laquelle on doit se livrer pour survivre n'étaient que trop familières.

J'ai travaillé en tant que consultante pour des agences internationales à plusieurs reprises, étant bien consciente de la nécessité pour les populations locales d'avoir leur mot à dire dans ces organisations. J'étais déjà franche à propos des caricatures véhiculées par les médias sur les personnes dans le besoin. Cette opportunité me permettait également de me plonger dans l'un des plus grands défis auxquels les États du monde sont confrontés : la migration forcée. Mais ni mon éducation en sociologie du genre et médias, ni mes expériences lors de courts séjours ainsi qu'une année de vie à l'étranger n'auraient pu me préparer à ce scénario.

J'apprendrais plus tard que j'étais arrivée à un moment de pression pour plus de diversité (pas d'inclusion). Mon responsable m'a présentée à la direction, voulant être apprécié pour avoir fait venir une femme africaine qualifiée. Quelques mois plus tard, le département des communications entièrement blanc a embauché deux brillantes recrues, un Kenyan et un Sud-Soudanais. Une fois le responsable a arrêté le seul manager senior africain de l'organisation dans les couloirs et a appelé les trois d'entre nous pour montrer ses recrues africaines. Peut-être que c'était ainsi que les gens de cette agence étaient reconnus, mais c'était le premier signe que les choses n'allaient pas bien tourner. Nous avons échangé des sourires gênés avec le manager et sommes retournés travailler. C'était la première fois que j'étais distinguée sur mon lieu de travail simplement à cause de la couleur de ma peau.

Quand l'une des recrues africaines n'a pu remettre une stratégie dans un délai très court (une exigence déraisonnable étant donné que la personne en question n'avait même pas terminé son orientation) le responsable est venu dans mon bureau et m'a demandé de lui dire que “si elle n'avait pas sa stratégie à la fin de la journée, elle serait dans l'avion le lendemain pour rentrer dans son pays”. Avant ce jour, aucun harcèlement de la part du responsable n'avait réussi à me briser. Mais cet exemple de racisme et d'insensibilité flagrants m'a fait fermer la porte de mon bureau et pleurer.

J'ai pleuré parce que cette femme africaine avait échappé à la guerre avec sa santé mentale intacte et était venue avec une maîtrise pour offrir ses compétences, seulement pour rencontrer un homme comme ça. J'ai pleuré parce que je ne pouvais pas me résoudre à annoncer le message à ma collègue africaine, croyant que c'était mon devoir de la protéger d'une telle bassesse.

Le responsable en question était un homme européen blanc qui n'avait jamais été en Afrique ou dans le monde arabe, mais qui était considéré comme “apte” à parler des expériences des migrants, et vous savez quel groupe constitue un bon nombre de migrants : “de pauvres Africains”, comme je l'ai entendu à plusieurs reprises. Pour cet homme, nous n'étions que des informateurs africains, pas des employés compétents et méritant à juste titre notre travail.

Pour aggraver les choses, il y avait la situation trouble avec la seule femme blanche dans l'équipe. Je dis trouble parce que tout ce que cette femme soulevait en réunion devait être pris au sérieux. Une fois, elle a suggéré que j'assiste à une certaine réunion que je ne trouvais pas prioritaire, car j'avais beaucoup de travail ce jour-là. Dans les trente minutes qui ont suivi, mon responsable était à ma porte et exigeait que j'y aille, me disant que je ne pouvais pas lui dire non. Je vivais au sein du privilège blanc. Le rôle de cette femme blanche dans cet environnement raciste et sexiste était tout à fait clair. C'est elle qui décidait si votre contrat serait renouvelé, comme l'a appris mon collègue kenyan à ses frais. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai été appelée après le travail et bombardée de critiques parce qu'une chose n'avait pas été exécutée ce jour-là. Et Dieu vous préserve qu'un membre d'un autre département vous félicite pour vos efforts.

Les réunions du personnel étaient devenues prévisibles. Le responsable exprimait toujours de l'animosité envers les femmes cadres (qui étaient toutes blanches) et n'hésitait pas à émettre des commentaires sexistes à leur égard. Alors que la plupart des cadres de niveau intermédiaire étaient au courant des abus que cet homme infligeait, il n'y avait aucune possibilité d'y remédier. Ainsi, alors que le travail ait été intéressant et que j'ai beaucoup appris, ce fut au prix d'avoir à faire face à l'ignorance, au sexisme et au racisme.

Après six mois, j'ai eu un contrat avec un autre département, mais il a exigé de rester mon responsable. Le fait que j'aie obtenu un contrat sans son approbation l'a conduit au pire comportement. Je partageais un bureau avec un agent de communications blanc de sexe masculin qui prenait ses appels téléphoniques avec le haut-parleur, et le responsable appelait en parlant de moi et en m'appelant avec toutes sortes de noms. J'ai appris par d'autres que leur plan était de me pousser à partir, bien que cela, on ne l'ait pas dit.

Mais j'avais construit un système numérique à partir de rien. J'ai pu établir des relations avec le personnel des bureaux de pays qui tremblaient habituellement à la mention du siège. Mais tout cela ne valait rien à moins que je sois reconnaissante et obéissante à cet homme. À la suite de ces brimades et abus flagrants, deux collègues ont quitté leur poste ; un a changé de département et un autre s'est vu refuser un contrat pour ne pas avoir obéi à la responsable blanche du département.

Nous avons tenté en vain de dénoncer ce racisme et ce sexisme. Des collègues supérieurs nous ont dit qu'il était impossible de faire quoi que ce soit, car “il avait de bonnes relations avec les grands patrons au sommet”. De plus, il était inutile d'aller voir le médiateur. Même le seul nouveau venu au bureau des ressources humaines m'a assuré qu'il était inutile de faire un rapport en tant que consultante, car je risquerais de partir avec une mauvais réputation.

Compte tenu de ces obstacles et limitations, j'ai décidé après un an de quitter l'organisation plutôt que de continuer à fouetter un cheval mort appelé diligence raisonnable et justice. Mais que j'étais déprimée. Les femmes représentent moins de 30 % de la population active dans une activité où les femmes sont majoritairement touchées, et j'espère que la conversation autour de #AidToo commencera à révéler l'ampleur du racisme et des abus dans le secteur de l'aide au développement. Les responsables doivent s'efforcer de trouver des solutions et une inclusion, non seulement en augmentant le nombre de membres des minorités et des femmes, mais en veillant à ce qu'il existe de véritables politiques, pratiques et moyens de prévenir de tels abus de pouvoir.

Une version de cet article a déjà été publiée sur le blog African Feminism.

Des militants taïwanais et vietnamiens collaborent pour demander justice pour les victimes d'une catastrophe marine au Vietnam

lundi 18 juin 2018 à 09:58

Un pêcheur vietnamien dans un coracle. Capture d'écran via YouTube de l'épisode “The Death of Vietnam's Fish” (La mort du poisson au Vietnam) de l'émission de la télévision publique taïwanaise “Our Island” (Notre île).

Par l'équipe de Global Voices Chinese Lingua

En 2016, des déchets toxiques de l'entreprise Formosa Steel Plant (l'aciérie de Formose), propriété de Taïwan, ont provoqué un désastre écologique majeur dans la vie marine au Vietnam. Deux ans plus tard, des militants en prison et des moyens de subsistance locaux détruits, le combat pour la justice est loin d'être terminé et il a vu une collaboration significative entre les Taïwanais et les Vietnamiens.

L'ampleur des dommages environnementaux reste floue. Le gouvernement vietnamien n'a pas rendu publics son rapport d'enquête officiel ou ses données environnementales.

Les autorités affirment que presque tous les habitants touchés ont été indemnisés; cependant, beaucoup d'entre eux disent qu'ils n'ont rien reçu ou seulement une partie .

Alors que les poissons ont commencé à revenir, leur nombre est inférieur à celui d'avant la catastrophe. Les pêcheurs ont été laissés sans emploi et les gens s'inquiètent de savoir s'il est sain de manger le poisson pêché.

Les Vietnamiens de la région touchée ont protesté, mais leurs actions ont été réprimées par les autorités. Sur la base de l'enquête menée par des activistes, des universitaires ainsi que des Vietnamiens à Taïwan, 17 Vietnamiens ont été arrêtés ou menacés d'arrestation à des degrés divers en relation avec la catastrophe de Formose. Parmi eux sont:

  1. Nguyen Van Hoa, condamné à sept ans de prison pour “propagande contre l'Etat”  parce qu'il a utilisé un drone avec caméra pour diffuser une manifestation de pêcheurs autour de l'aciérie ;
  2. Hoang Duc Binh, condamné à 14 ans de prison pour “avoir abusé des libertés démocratiques pour porter atteinte aux intérêts de l'Etat” et “résistance aux fonctionnaires dans l'exercice de leurs fonctions” liées à sa couverture de la catastrophe sur son blog ;
  3. Nguyen Nam Phong, condamné à deux ans de prison pour “résistance aux autorités” après avoir refusé d'ouvrir sur ordre d'un groupe d'hommes en civil et policiers en uniforme la porte de la voiture qu'il conduisait, où se trouvaient les défenseurs des droits humains Nguyen Dinh Thuc et Hoang Duc Binh, ;
  4. Tran Hoang Phuc, condamné à six ans de prison pour “propagande anti-étatique” liée à son travail d'aide aux victimes de la catastrophe ;
  5. Bach Hong Quyen, actuellement dans la clandestinité parce qu'il fait face à des accusations de “désordre public” pour avoir organisé une marche en 2017 à l'occasion du premier anniversaire de la catastrophe ;
  6. Thai Van Dung, un militant catholique impliqué dans des manifestations, recherché par la police pour avoir prétendument violé sa probation liée à une condamnation antérieure pour des “activités visant à renverser l'administration du peuple” en 2013.

En plus des poursuites judiciaires, les prêtres catholiques et les églises, qui ont aidé les communautés de pêcheurs à obtenir une compensation, ont reçu des menaces d'un groupe affilié au parti communiste appelé “Red Flag”. La mission de ce groupe, selon un prêtre nommé Dang Huu Nam parlant sur Radio Free Asia, est “d'empêcher les catholiques de protester contre l'aciérie de Formose et de se débarrasser des “ennemis catholiques””.

Les critiques contre l'usine sidérurgique et la gestion de la catastrophe par le gouvernement, ainsi que les appels à la surveillance de la pollution, ont été considérés comme subversifs à l'égard de l'État à parti unique.

La répression de la dissidence, cependant, ne peut pas faire disparaître les problèmes environnementaux du pays.

Après l'adhésion du Vietnam à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2007, le parti communiste au pouvoir s'est efforcé de stimuler la croissance économique en attirant les investissements étrangers. Mais le développement rapide est advenu au dépens de l'environnement.

En 2016, 50 grands scandales de déchets toxiques ont été signalés au Vietnam. Parmi ces scandales, le déversement illicite de déchets toxiques dans les cours d'eau est un problème particulièrement grave, et 60 % de ces violations ont été commises par des entreprises à capitaux étrangers.

Avec une côte qui s'étend sur 3 000 kilomètres, le Vietnam abrite l'une des plus grandes industries de fruits de mer au monde. Environ 3 % des exportations vietnamiennes sont des produits de la mer, et environ 10 % de la population totale en tirent leurs revenus directs ou indirects. La plupart des communautés de pêcheurs sont pauvres, la pêche et l'aquaculture contribuent en moyenne à 75 % du revenu de leur ménage. En outre, la moitié des protéines alimentaires vietnamiennes proviennent de ces produits aquatiques.

La société à l'origine de l'une des pires catastrophes environnementales du pays, l'aciérie de Formose, est de loin le plus important investissement étranger au Vietnam. Elle a été initialement formée par le groupe taïwanais Formosa Plastics en 2008 et, plus tard en 2015, elle a attiré de nouveaux investissements de la China Steel Corporation basée à Taïwan et de JFE Steel au Japon.

Ses opérations ont été arrêtées après le déversement, mais à la mi-2017 elles ont repris, et elle prévoit d'augmenter ses capacités de production avec un deuxième haut-fourneau en 2018.

La mort des poissons de 2016 n'a pas été son seul problème de sécurité. En mai 2017, une explosion de poussière a eu lieu lors des essais de l'usine. Et en décembre 2017, l'usine a été condamnée à verser une amende de 25 000 dollars américains pour avoir enterré des déchets solides nocifs.

“Si nous éprouvons ce genre de douleur, nous ne devrions pas l'infliger au Vietnam”

La catastrophe environnementale et ses conséquences ont créé une situation embarrassante pour le gouvernement de Taïwan, étant donné que l'aciérie appartient à une société taïwanaise, et le gouvernement a lancé l'initiative New Southbound Policy, qui vise à renforcer la coopération avec l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), dont le Vietnam est membre.

L'offre de Taïwan d'envoyer ses spécialistes de l'environnement au Vietnam après la catastrophe, a été refusée. Au-delà de cela, cependant, les autorités taïwanaises n'ont pas pris beaucoup de mesures. Les Vietnamiens de Taïwan et les militants taïwanais ont essayé différentes approches pour obtenir justice par les voies qui leur sont ouvertes.

Ils ont demandé que Formosa Plastics Group publie ses données de surveillance de l'environnement et assume sa responsabilité sociale, mais jusqu'à présent, ils ont été ignorés. Ils ont également interrogé l'autre investisseur basé à Taïwan, China Steel Corporation, mais ses représentants disent qu'ils ne savent rien.

Comme les tribunaux du Vietnam n'acceptent pas les poursuites contre Formosa Ha Tinh Steel Corporation, les Vietnamiens avaient espéré que les Taïwanais pourraient les aider à poursuivre l'entreprise à Tïiwan. Cependant, ce n'est pas possible, car l'aciérie Formosa est basée au Vietnam.

Le père Peter Nguyen Van Hung, un prêtre catholique vietnamien à Taïwan, s'est rendu en Europe avec d'autres prêtres des régions touchées et des représentants d'ONG taïwanaises afin d'attirer l'attention de l'opinion publique internationale sur les problèmes environnementaux et humains causés par Formose Plastics Group et le gouvernement vietnamien. Il a également visité des organisations aux États-Unis qui sont disposées à fournir un soutien juridique aux victimes.

Le père Hung travaille également avec des Vietnamiens, des universitaires et des ONG à Taïwan, notamment l'Association des juristes environnementaux (EJA), l'Association taïwanaise des droits de l'homme et Covenant Watch pour faire pression sur Formosa Plastics Group et le gouvernement taïwanais à fin qu'ils assument leurs responsabilités vis à vis du désastre.

En décembre 2016, des ONG taiwanaises ont demandé que le Yuan législatif (le Parlement) de Taïwan tienne une audience publique sur l'incident ainsi que la révision du Statut pour l'innovation industrielle, qui vise à encourager l'investissement étranger. Bien que le Statut ait finalement été révisé en novembre 2017, aucun article de vérification ou d'évaluation n'y a été ajouté, ce qui signifie que le gouvernement taïwanais ne peut pénaliser une société pour des méfaits environnementaux et une violation des droits humains commis à l'étranger.

Avant que la catastrophe environnementale ne soit connue, Formosa Plastics Group a reçu 3,5 milliards de dollars supplémentaires de prêts de plus de 30 banques à Taïwan et à l'étranger. Par la suite, les ONG taïwanaises ont demandé à deux banques contrôlées à 100 % par le gouvernement de Taïwan, Bank of Taïwan et Land Bank of Taïwan, d'adopter les Principes de l'Équateur [fr] – un ensemble de normes pour évaluer les risques environnementaux et sociaux dans le financement des projets. Mais elles ont refusé. D'autre part, deux autres banques commerciales parmi les 30, Cathay United Bank et E.SUN Commercial Bank, les ont signés.

Les Taïwanais ot déjà connu des catastrophes environnementales. Yuyin Chang de l'EJA a expliqué comment le passé a influencé leur solidarité lors d'une manifestation en 2016 :

美國的RCA公司(民國)59年到80年在台灣設廠,造成台灣的土地、地下水的污染,以及人民許許多多健康的損害,目前都還在台灣訴訟當中,這是台灣人民切身的痛,我們台灣人民曾經有過這種痛,不應該再移植到越南去。

La société américaine RCA a installé ses usines à Taïwan de 1970 à 1991, et elles ont causé beaucoup de pollution sur les terres et dans les eaux souterraines de Taïwan et ont rendu beaucoup de gens malades. C'est une affaire qui est toujours en cours. C'est la douleur des Taïwanais. Si nous éprouvons ce genre de douleur, nous ne devrions pas l'infliger au Vietnam.

Contre les droits des homosexuels, les représentants religieux de Trinité-et-Tobago s'unissent pour mieux diviser

dimanche 17 juin 2018 à 21:27

Une partie de la foule devant le bâtiment de la Cour de justice de Trinité à Port-of-Spain le 12 avril 2018 après le jugement rendu par la Haute Cour en faveur de Jason Jones. Celui-ci avait attaqué l'Etat, arguant du fait que la loi sur la “sodomie” allait à l'encontre de ses droits constitutionnels. Photo de Maria Nunes, utilisée avec sa permission.

Il y a deux mois, une juge de la haute cour de justice de Trinité-et-Tobago annonçait que les paragraphes de la loi sur les infractions sexuelles criminalisant le sexe anal entre adultes consentants étaient “non-constitutionnels” ; aujourd'hui, un groupe de responsables religieux affirme qu'il va s'opposer vigoureusement à l'introduction du mariage entre individus de même sexe ainsi qu'à tout amendement aux lois relatives à l'égalité qui protègent les minorités sexuelles.

Dans ce groupe on trouve notamment l'archevêche catholique Jason Gordon, des représentants de confessions  musulmanes et chrétiennes évangéliques ainsi que Satnarayan “Sat” Maharaj, secrétaire général de l'organisation hindoue Sanatan Dharma Maha Sabha.

Les responsables religieux n'ont pas toujours été du même bord : en mai 2016, Maharaj, alors connu comme un personnage controversé, avait enjoint Joseph Harris, le prédécesseur de Gordon, de “s'occuper de ses affaires” dans le domaine du mariage des enfants ; pour lui, il s'agissait d'une question relevant de la communauté hindoue et de l'Etat. Depuis, le mariage d'enfants a été déclaré illégal à Trinité-et-Tobago.

Mais le groupe a trouvé une cause commune dans la rhétorique sur la biologie et le genre, “Adam et Steve” et “le tissu de la société” — la structure familiale traditionnelle — “en danger”. Jason Jones, qui a attaqué l'Etat avec succès contre la loi sur la “sodomie”, a qualifié leur prise de position de “répugnante”.

Lors d'une conférence de presse “soutenue” par une organisation non-gouvernementale appelée Rebuild TT, les représentants religieux ont appelé les politiciens à modifier la loi sur le mariage avec une majorité spéciale pour empêcher la légalisation des unions homosexuelles. Ils sont aussi contre tout amendement qui pourrait être apporté à la loi sur l'égalité des chances.

L'archevêque catholique aurait déclaré qu'”une petite minorité bruyante ne doit pas être en mesure d'imposer ses revendications”. Il a aussi affirmé que les prises de position de son groupe reflétaient l'avis de 90% de la population de Trinité-et-Tobago, mais sans s'appuyer sur aucune source pour étayer ce chiffre.

Si l'on en croit le nombre de critiques formulées sur la Toile, les utilisateurs des réseaux sociaux doivent faire partie des “10 %” restants — une majorité d'entre eux considère que les priorités des groupes religieux sont erronées et sont outrés par l'hypocrisie de leurs prises de position, étant donné leur histoire personnelle et le passé des institutions qu'ils représentent.

Sur Twitter, le journaliste Judy Raymond a commenté :

Faire tout ce qui est en votre pouvoir pour réduire le meurtre, la maltraitance des enfants, la violence domestique, la guerre des gangs, le problème des sans-abris, les menaces à la liberté d'expression, l'inégalité salariale, la corruption… bah, il est plus important d'utiliser votre rôle de chef pour décider qui a le droit et qui n'a pas le droit de s'aimer.

Quant à son confrère Kejan Haynes, il a tweeté :

Aujourd'hui, à Trinité-et-Tobago, des dizaines de couples homosexuels se sont dit je t'aime et ont continué leur journée comme si de rien n'était. Ailleurs, un homme a quasiment battu à mort son ancienne compagne avant de se donner la mort. Devinez lequel de ces deux événements a été vu par nos représentants religieux comme une question d'urgence nationale.

La contribution de Hayne a été largement relayée sur Twitter ainsi que sur d'autres réseaux sociaux. Quand un utilisateur de Twitter l'a invité à justifier ses critiques des représentants religieux, demandant si avoir des croyances différentes de la sienne signifiait être intolérant, il a répondu :

Si vous cherchez activement à empêcher un être d'obtenir des droits humains essentiels, alors oui. Oui, vous êtes intolérant.

L'utilisatrice de Facebook Patricia Worrell était elle aussi assez indignée :

And on the news tonight, what do I see but Archbishop Jason Gordon holding hands with Sat Maharaj in a common stance of religious leaders against gays, who are, they say, degrading the moral fabric of our society.

In a totally unrelated story, I see Pope Francis has accepted the resignation of Chilean bishops who were involved in covering up a child sex abuse scandal

However, it seems the clergy of the Catholic Church have been contributing their own widow’s mite to moral fabric disintegration in different parts of the world, Jason….How will you act on that? What do you say?

#lethewhoiswithoutsincastthefirststone

Et que vois-je ce soir aux informations télévisées ? L'archevêque Jason Gordon qui serre la main de Sat Maharaj dans une prise de position commune des représentants religieux contre les gays qui, d'après eux, dégradent la structure morale de notre société. Dans un tout autre registre, le pape François accepte la démission des évêques impliqués dans la dissimulation d'un scandale de violences sexuelles commises sur des enfants. Mais il semble que le clergé de l'Eglise catholique ait apporté sa propre obole à la désintégration du tissu moral à différents endroits du globe, Jason. Comment choisis-tu d'agir par rapport à ça ? Qu'en penses-tu ?

Le militant Tillah Willah a posté une photo du groupe de représentants religieux, avec ce commentaire :

Like heroes from a fairytale! Our very own dwarves Backwardo and Rapey, Pedo and Gropey, Grabby and Hatey. Here they are, mustering the remnants of their erectile tissue, to dig a hole back to the surface. Past the destroyed lives of child brides, the broken bodies of thousands of women forced to pray for their abusive partners, generations of boys abused by priests.
We're saved y'all. We're safe.

Les héros d'un conte de fées ! Nos chers nains Rétrograde, Violeur, Pédophile et Tripoteur, Attrapeur et Haineux. Ils sont là, rassemblant les vestiges de leur tissu érectile pour creuser leur trou jusqu'à la surface, se faufilant à côté des vies brisées des épouses-enfants, des corps meurtris des milliers de femmes contraintes à prier pour leurs partenaires abusifs, des générations de garçons maltraités par des prêtres. Nous sommes sauvés. Nous sommes en sécurité.

Et bien évidemment, il y a eu des mèmes. L'un d'eux a parodié les films de “Justice League”, appelant le groupe “Injustice League : les représentants religieux s'unissent pour diviser T&T… Une bonne fois pour toutes !” :

Un autre mème a adapté une scène de la vidéo “This is America” du musicien américain Childish Gambino en mettant en scène l'archevêque pointant une arme sur un drapeau arc-en-ciel :

Ça c'est Trinité

Enfin, dans l'un des commentaires les plus éloquents sur le sujet, le poète Shivanee Ramlochan a écrit :

Faulty men have run religion since we could trace the sign of the cross in the rich, lifegiving dirt. Men have always been asking themselves, ‘What Would Jesus Do?’, then they have done the opposite, in Jesus’ blood-consecrated name. In Shiva’s. In the Prophet’s. The men who spoke compellingly of the need to refuse your rights today – those men not only work at cross-purposes to each other, they work at the ultimate cross-purpose: a refutation of the love that a benevolent God promises his children. They may speak for the ordering of their religious houses. But we know that that is not where you find God. They may denounce the worthiness of your moral constitution, and declare you members of a fringe, rogue group, one with a collective big mouth. But that is what maximum oppressors have always done. With muzzles. With inverted swastikas. With the promise of Hell, and the punishment of disenfranchisement, disrepute, and death. And everywhere, from Stonewall to Georgetown, we who are called rebels raise our hands, our persistently queer fists to the firmament from which raineth the rain of God, equally on us all, to say, you can’t kill us out of the rights we deserve. Some of us. Not all.

We are much more than ten percent. […]

My dear, queer friend, when you decide how you love God. Whether as a man who died on a cross. A serpent-tongued, blackskinned Goddess necklaced by skulls. A samaan tree. […] When you find your God, and your God finds you. When you commit yourself to that loving service, in all its light, dark and complication. No holy man can lay his tongue against you without also revealing the rot of his heart. No judgement issued from your body of worshippers – who, you plainly see, are not your family in love, but your acquaintances in enmity – can so much as blister the smallest dot on your soles.

They may throw you out. They may disown you. They may raise their hands against your body and reject you at the doors to your place of work. But if you want him. If you want her. They cannot take your God from you. They can only rob themselves.

Des hommes fautifs ont régné sur la religion depuis que nous avons trouvé la signe de la croix dans la riche et fertile poussière. Les hommes se sont toujours demandés : “Que ferait Jésus ?”, puis ils ont fait l'inverse, au nom de Jésus consacré par le sang. Au nom de Shiva. Au nom du Prophète. Les hommes qui, de façon convaincante, ont parlé de notre besoin de renoncer aujourd'hui à nos droits — non seulement ces hommes sont en contradiction les uns avec les autres, mais ils oeuvrent pour la contradiction ultime : une réfutation de l'amour qu'un Dieu bienveillant promet à ses enfants. Il est possible qu'ils s'expriment pour leurs institutions religieuses respectives. Mais nous savons que ce n'est pas où se trouve Dieu. Ils peuvent dénoncer la valeur de votre constitution morale, et déclarer que vous êtes les membres d'un groupe en marge, d'un groupe voyou, avec une puissante voix collective. Mais c'est ce que les grands oppresseurs ont toujours fait. Avec des muselières. Avec des swastikas inversées. Avec la promesse de l'Enfer et la punition de la dépossession, du discrédit et de la mort. Et partout, de Stonewall à Gorgetown, nous, qui sommes qualifiés de rebelles, nous levons nos mains, nos poings d'individus farouchement homosexuels, vers le firmament duquel est tombée la pluie de Dieu, de manière égale sur nous tous, pour dire que vous ne pouvez pas nous tuer pour les droits que nous méritons. Certains d'entre nous. Pas tous.

Nous sommes bien plus que 10 pourcent. […]

Cher ami homosexuel, lorsque tu décides comment tu aimes Dieu. Que ce soit un homme mort sur la croix. Une déesse noire à la langue de serpent portant un collier orné de crânes. Un arbre de pluie. […] Quand tu trouves ton Dieu et que ton Dieu te trouve. Quand tu t'engages dans cet office d'amour, dans toute sa lumière, ses zones d'ombre et ses complications. Aucun homme d'Eglise ne peut t'insulter sans révéler la pourriture de son coeur. Aucun jugement prononcé par nos fidèles — qui, comme tu peux le voir, ne sont pas notre famille en amour, mais nos connaissances dans l'hostilité — ne peut faire causer une ampoule sur le plus petit point de ta plante de pieds.

Ils peuvent te jeter dehors. Ils peuvent te renier. Ils peuvent lever la main sur toi et mette a la porte de ton travail. Mais si tu le veux lui. Si tu la veux elle. Ils ne peuvent pas t'enlever ton Dieu. Ils peuvent seulement se voler eux-mêmes.

Le gouvernement de Trinité-et-Tobago a affirmé qu'il allait faire appel de la décision de la cour concernant la sodomie. Une audience supplémentaire est prévue le 4 juillet 2018 et Jones reste optimiste ; il espère que la Commission pour l'égalité des chances (Equal Opportunity Commission, EOC), qui avait soutenu cette affaire, apportera à nouveau son soutien en faveur de l'inclusion des communautés vulnérables dans la loi pour l'égalité des chances.