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Bahreïn : Un champion des droits humains arrêté pour avoir critiqué des policiers déserteurs vers l'EI

mercredi 8 octobre 2014 à 14:31
 Nabeel Rajab,  défenseur des droits humains de Bahreïn arrêté aujourd'hui, intervenant ici à un rassemblement, dans son pays, en mai 2012. Photo de Ahmed Al-Fardan. Copyright: Demotix


Nabeel Rajab, défenseur des droits humains de Bahreïn arrêté le 1er octobre, intervenant ici à un rassemblement, dans son pays, en mai 2012. Photo de Ahmed Al-Fardan. Copyright: Demotix

[article d'origine publié le 1er octobre 2014]

Bahreïn a une fois de plus arrêté le défenseur des droits humains Nabeel Rajab [fr] – à cause de ses tweets.

M. Rajab, arrivé à Bahreïn la nuit dernière après une visite éclair pour présenter la situation des droits humains dans son pays devant les Parlements du Royaume-Uni et d'Europe, a été convoqué par les autorités aujourd'hui pour un tweet dans lequel il soutenait que l'appareil de sécurité de Bahreïn était un “incubateur” pour les combattants de l'Etat Islamique.

M. Rajab a été interrogé par le Département des enquêtes criminelles, sur des accusations d'”outrage à une institution publique“ sur Twitter. Il a ensuite été placé en état d'arrestation et en détention, en attendant sa comparution devant le procureur, le 2 octobre 2014.

En mai 2014, M. Rajab avait été libéré de prison après avoir purgé une peine de deux ans pour avoir participé à des manifestations, sous l'accusation de “trouble de l'ordre public.” Des manifestations massives avaient secoué le petit royaume de l'île, voisine de l'Arabie saoudite, depuis le 14 février 2011. En 2012, le gouvernement de Bahreïn a rendu illégales toutes les formes de rassemblement ou manifestation, invoquant des raisons de sécurité nationale et des troubles publics.

M. Rajab, qui dirige le Centre de Bahreïn pour les droits de l'homme, dissous et déclaré organisation illégale, avait été condamné à trois mois de prison en mai 2012 à cause de tweets qu'il avait publiés concernant le Ministère de l'intérieur. Le mois suivant, en juin 2012, M. Rajab a également été écopé d'une peine de trois mois pour différents tweets qu'il avait écrits à propos du Premier ministre de Bahreïn, au pouvoir pendant 43 ans.  Par la suite, cette condamnation avait été annulée en appel, quand M. Rajab a commencé à purger une peine de deux ans pour avoir participé à des manifestations illégales.

Dans la journée, le Ministère de l'intérieur a annoncé :

La Direction générale de la Lutte contre la corruption et de la sécurité économique et électronique a convoqué M. Nabeel Rajab Ahmed Abdulrasool mercredi pour l'interroger au sujet de tweets publiés sur son compte Twitter qui dénigrent des institutions gouvernementales.

M. Rajab a reconnu les charges et le dossier a été transmis au procureur.

Le tweet en question ici concerne un article sur Global Voices à propos de recrues bahreïnies apparues sur une vidéo menaçant le régime au pouvoir à Bahreïn. Bien qu'il n'y ait pas de chiffres pour confirmer le nombre exact de Bahreïnis qui ont rejoint les rangs de la  violente organisation extrémiste, qui a occupé de vastes zones de l'Irak et de la Syrie, tuant un nombre incalculable de personnes innocentes sur son passage, quatre Bahreïnis d'une famille étroitement liée au régime au pouvoir apparaissent dans le film. La vidéo invite la population sunnite de Bahreïn à prendre les armes contre le gouvernement et la population chiite du pays.

En réponse à la vidéo, qui présentait le lieutenant Mohamed Issa Al-Binali, qui avait fait défection de l'armée, M. Rajab avait commenté :

de nombreux hommes à Bahreïn qui ont rejoint le  terrorisme et EI proviennent des services de sécurité et ces institutions ont servi de premier incubateur idéologique 

C'est la troisième fois que M. Rajab, qui compte 239.000 abonnés sur Twitter, a été arrêté par les autorités pour ses tweets.

M. Rajab a exprimé de vives critiques à propos de l'expansion de l'idéologie terroriste d'EI après les révélations  dans la presse que des Bahreïnis rejoignaient les rangs de l'organisation. Il avait également critiqué les responsables gouvernementaux qui ont qualifié l'occupation de Mossoul de “révolution populaire”. À cet égard, il a tweeté :

Le plus haut dignitaire religieux en Arabie décrit EI et Al-Qaïda comme la plus grande menace pour l'Islam, mais il y a des hommes politiques en Arabie saoudite et dans les pays du Golfe qui considèrent l'occupation de Mossoul par l'EI de révolution populaire

M. Rajab a également tweeté que les attaques contre EI ne doivent pas être utilisées comme un prétexte pour la détérioration de la situation des droits humains dans les pays du Golfe:

La communauté internationale doit surveiller comment des pays comme Bahreïn ont utilisé la guerre contre le terrorisme pour s'attaquer aux défenseurs des droits humains au Royaume-Uni et aux États-Unis

Anticipant son arrestation, M. Rajab avait envoyé un tweet à ses correspondants sur Twitter en disant :

Je ne serai pas dans les tourments si je suis tué, mais je souffrirais beaucoup si quelqu'un renonçait aux droits des personnes ou se livrait aux tyrans

L'association Americans for Democracy and Human Rights in Bahrain (ADHRB) [Américains pour la démocratie et les droits de l'homme à Bahreïn], le Centre de Bahreïn pour les droits de l'homme (BCHR), et l'Institut de Bahreïn pour les droits de l'homme et la démocratie (BIRD) ont exprimé conjointement leur préoccupation pour le sort de M. Rajab et exigé sa libération.

Les burqas confinées derrière une vitre au Parlement australien

mercredi 8 octobre 2014 à 11:36

Australian House of Representatives

La Chambre des Représentants australienne
Wikimedia – par Harishrawat11 (Own work) [CC-BY-SA-3.0)

Une décision sur la burqa prise le 2 octobre 2014 par les administrateurs du Parlement australien a suscité de vives réactions. Le spécialiste du contre-terrorisme Nick O’Brien explique sur le blog universitaire The Conversation :

[C'est] reléguer les porteuses [de burqa] à la cage vitrée ordinairement réservée aux groupes de scolaires. L'interdicition, si elle est adoptée malgré l’objection tardive du premier ministre, s'appliquerait aux personnes au visage recouvert, ainsi le niqab relèverait également de ce règlement.

Les deux liens ci-dessus [en anglais, comme les suivants] donnent les éléments de la polémique en cours.

Le Premier Ministre Tony Abbott a demandé que la mesure soit reconsidérée, après avoir dit quelques jours avant, qu'il trouvait la burqa “provocatrice”.

Twitter a bouillonné autour de la proposition : beaucoup de contre et quelques pour.

Une réaction répandue était d'y voir le gouvernement détourner l'attention de ses échecs :

Je doute qu'une femme en burqa ait jamais mis les pieds au Parlement. Alors pourquoi ce non-problème est-il un problème ? Parce qu'il distrait de l'échec des Libéraux

Alex Greenwich a tracé un contraste cinglant avec le problème des prêtres pédophiles, examiné en ce moment par la Commission Royale d'enquête sur les réactions institutionnelles aux abus sexuels contre les enfants.

Je n'ai jamais entendu parler d'une femme musulmane agressant quiconque en Australie, mais de multiples hommes d'église en soutane ayant agressé des enfants

La polémique actuelle doit être replacée dans le contexte multiple suvant :

 Ce tweet reflète la tension :

Les musulmanes en burqa ou hijab rappellent aux australiens la menace que nous subissons des terroristes, et que nos hommes et femmes risquent leurs vies pour notre sécurité !

Humour et caricatures n'ont pas manqué. Le site satirique The Shovel a choisi le thème de la diversion :

Government’s Budget Problems To Be Covered With Giant Burqa

Les problèmes budgétaires du gouvernement recouverts d'une burqa géante – The Shovel

The GP co-payment, changes to welfare, and a range of other unpopular budget measures will be concealed beneath a fully-enclosed Islamic garment, specially fabricated by the Government, it was revealed today.

Le déremboursement partiel de la médecine générale, les réformes de l'Etat-providence, et une série d'autres mesures budgétaires impopulaires seront dissimulées sous un vêtement islamique totalement clos, spécialement réalisé par le gouvernement, a-t-on appris aujourd'hui. 

Les dessins ont été tweetés à foison :

Premier Chien sur la Lune [série paraissant sur Le Guardian] sur… la polémique de la burqa

[Traduction du texte, de gauche à droite et de haut en bas : Le guide du Premier Chien sur la Lune de l'habillement des Dames musulmanes. "Comme tout le monde sur Twitter, je suis devenu un expert de la burqa, du niqab et tout ça." burqa - niqab - connard (sur son t-shirt : 'équipe Australie') : "Retournez donc d'où vous venez, grr" -  "Certains disent que ce savoir nouveau est une conséquence du choix du gouvernement Abbott d'encourager l'intolérance et la violence dans notre nation pour juste poursuivre les fins politiques de la Coalition" (sur la boîte : 'Format économique - Cons du gouvernement - les plus cons') Enorme si c'est vrai ! Et quelle bande de cons. - Par exemple, afin de stopper le déclin constant de son gouvernement dans les sondages, la présidente de la Chambre Bronwyn Bishop a décidé de fouetter un peu de ferveur anti-musulmane arôme sécuritaire "Si vous voyez quelque chose dire quelque chose ! Par exemple, 'Des Musulmans ! J'en ai vu ! au secours, à l'aide !'" - "Il a été déclaré que si des personnes 'au visage recouvert' voulaient venir au Parlement observer le spectacle dégradant des grands partis politiques souillant notre démocratie, alors pour des raisons de 'sécurité' elles devraient prendre place derrière une vitre avec les écoliers." - Même le raciste avéré directeur local de NewsCorp a trouvé l'idée mauvaise ! Et le Premier Ministre a dû très concrètement revenir sur cette totale idiotie. Sur le journal : 'Le Xénophobe - Le Premier Ministre montre un leadership hardi, et ses fesses'. Evidemment, le mal était fait, mais c'est bien ce qu'on voulait, non ? - "Alors je vais faire ce qu'il faut pour aider les Australiens à comprendre ce qui se passe en ce moment difficile. On y va, ce que ce fait ce gouvernement, c'est du, c'est du... racisme ! - "C'est la fête ! ballons ! mariachis !" Les policiers : "Quelqu'un a dit le mot en R, je répète, Quelqu'un a dit le mot en R" "Embarquez-le".

Mais tout le monde n'a pas condamné la mise sous vitrine. Helena Sindelar a soulevé l'autre face de la question des droits :

Incroyable tout ce discours en faveur de la burqa/hijab et rien pour les femmes des pays islamiques qui luttent pour ne pas être forcées à se voiler.

Une autre twitteuse a réagi à une émission télévisée matinale avec ses inquiétudes :

[Je pense que cela cause la division] Le droit d'une personne à revêtir une burqa ne surpasse pas le droit d'un pays à la sécurité. Si nous ne voyons pas votre visage, nous ne pouvons pas vous faire confiance 

Pauline Hanson, ex-députée à la Chambre des Représentants, a la réputation d'être clivante. Elgar Welch a cité une phrase de son article :

Je sais que tous les musulmans ne sont pas des terroristes, mais autant que je sache, tous les attentats sont commis par des musulmans 

Malgré tout, le sentiment prédominant en ligne est au rejet des restrictions proposées :

Ça c'est un titre ['On met les musulmans en cage - Les musulmans dont le visage est couvert seront parqués dans des enclos] 

Le chikungunya met la Jamaïque à genoux

mardi 7 octobre 2014 à 17:35
The Aedes aegypti mosquito, vector for the Chikungunya virus. Photo by Marc AuMarc, used under a CC BY-NC-ND 2.0 license.

Le moustique Aedes aegypti, vecteur de transmission du chikungunya. Photo de Marc AuMarc, utilisée sous licence CC BY-NC-ND 2.0.

Le chikungunya, maladie virale responsable de fortes fièvres et de douleurs articulaires intenses, sévit à l'heure actuelle sur l'ensemble des Caraïbes. La maladie est transmise par le moustique Aedes aegypti et le nombre de personnes infectées augmente régulièrement dans la région.

La Jamaïque semble difficilement maîtriser la propagation du virus et la désinformation autour de la maladie. La blogueuse « Cucumber Juice » reconnait le rôle du « Jamaïcain ordinaire » dans le « fiasco » du chikungunya mais elle remet aussi en cause la gestion de la crise par le ministre de la santé jamaïcain, allant jusqu'à suggérer sa démission.

The viral fever chikungunya is now out of hand — it is an epidemic — and a lot of work is needed to get things under control. Dr. Ferguson is no longer worthy of the trust or expectation that he can lead the work that needs to be done. [...]

Why resign? Because Dr. Ferguson is now the very public face of an abject public health failure and of a Ministry that is rightly mistrusted by many in the population he is meant to protect and serve.

La fièvre virale du chikungunya est maintenant hors de contrôle – c'est une épidémie – et beaucoup reste à faire pour l'enrayer. Dr. Ferguson n'est plus digne de confiance et ne semble pas à la hauteur de la situation. [...]

Pourquoi démissionner ? Parce que le Dr. Ferguson symbolise aux yeux du public un lamentable échec de santé publique et qu'il représente un ministère qui a perdu la confiance, à juste titre, d'une population qu'il était censé protéger et servir.

Selon la blogueuse Alice Clare, la prochaine étape doit être de « limiter les risques et d'éduquer » tout en répondant aux besoins pressants de la population : un nettoyage des rues, des canalisations et des ravines sur l'ensemble de l'île afin d'éliminer les eaux stagnantes, propices à la reproduction des moustiques. Clare prône également la formation des communautés vulnérables aux techniques de stockage et d'évacuation des eaux usées. La collecte aléatoire des ordures ménagères a également aggravé la crise sanitaire. Clare voit en les médias sociaux un puissant outil d'éducation de la population. 

La twitteuse Charmaine Wright pense que les professionnels de santé doivent aussi s'assurer de l'accessibilité de l'information à toute la communauté, y compris aux personnes analphabètes ou n'ayant pas accès à internet. Selon elle, la musique pourrait être un bon moyen de communication. La Jamaïque a d'ailleurs sa chanson du chikungunya.

Sur twitter, les hashtags #chikungunya #caribbean permettent aux utilisateurs de discuter de l'impact du changement climatique sur la propagation de la maladie, des statistiques de mortalité dans la région, et de bien d'autres sujets. Emma Lewis, twitteuse vivant en Jamaïque, s'interroge :  

Le premier cas aux #Caraïbes a été identifié en décembre 2013 !! (St Maarten)  #chikungunya #caribbean Nous n'avons pas eu le temps de nous préparer, d'éduquer la population ??

Emma Lewis s'inquiète aussi des possibles retombées politiques de cette crise sur le gouvernement jamaïcain. Jan Voordouw, un compatriote, remarque :

#La Jamaïque a été prise au dépourvu : absence de médicaments, mauvaise anticipation du manque de personnel – et est entrée tardivement dans la bataille  #Chikungunya

Certains internautes prennent la situation avec humour : 

Le DEET [un répulsif anti-insectes], nouvelle eau de Cologne #jamaica #Chikungunya

GM tweeps! Pensée du jour : « Si vous pensez que, parce qu'on est petit, on ne peut rien faire, dormez avec un moustique. » #Chikungunya #Jamaica

Le gouvernement ne goûte pas cet humour. Le ministre de la santé s'est finalement adressé à la population dimanche dernier, le 28 septembre, à propos de la crise sanitaire. Les Jamaïcains, eux, continuent de chercher des solutions pour sortir de la crise. 

L'acteur américain Mark Ruffalo a retiré son soutien à la Brésilienne Marina Silva suite à son revirement sur le mariage homosexuel

mardi 7 octobre 2014 à 17:27
Mark Ruffalo's The Hulk, from The Avengers. YouTube screen capture.

Mark Ruffalo est Hulk dans Avengers. Capture d'écran Youtube.

Note : Cet article a été initialement rédigé, en anglais, le 1er octobre avant la tenue du premier tour de l'élection présidentielle brésilienne. Marina Silva ne s'est pas qualifiée pour le second tour.

Les Brésiliens votent le 5 octobre pour élire leur prochain Président. Aussi étrange que cela puisse paraître, il se pourrait que l'acteur hollywoodien Mark Ruffalo, principalement connu pour son incarnation de Hulk dans le film “Avengers” de 2012, joue un rôle déterminant dans le résultat du vote.

D'après les derniers sondages, le Parti Social Démocrate Brésilien (parti de droite le plus en vue dans le pays) n'aurait pas de candidat au second tour, pour la première fois depuis des années. L'élection devrait mener à un ballotage entre l'actuelle Présidente du Brésil, Dilma Roussef, du Parti des Travailleurs, et Marina Silva, une écologiste très en vue, ancienne membre fondatrice du parti de Mme Roussef et maintenant sous les couleurs du Parti Socialiste.

Marina Silva a fait ses débuts en politique en travaillant aux côtés du leader syndicaliste et militant Chico Mendes qui s'était battu contre l'exploitation de l'Amazonie. En 2008, The Guardian avait déclaré que Mme Silva, alors Ministre de l'Environnement au Brésil, était l'une des 50 personnes capables de sauver le monde.

Mark Ruffalo est lui aussi un activiste  de premier plan en faveur de l'environnement. Pour montrer son appui à Marina Silva, il a dernièrement enregistré une vidéo de soutien sur Youtube. Celle-ci s'est très rapidement propagée sur la toile brésilienne.

Dans cette vidéo, publiée la semaine dernière par l'équipe de campagne de Marina Silva, Ruffalo déclare que cette dernière est “l'une des personnalités politiques les plus intéressantes et motivantes dans le monde aujourd'hui.” Mais lundi dernier, il a changé d'avis, et a clairement retiré son support à Silva dans un post sur son Tumblr. Il y explique :

J'ai appris que la candidate à la présidence brésilienne Marina Silva pourrait être contre le mariage homosexuel. Cela me met en opposition directe avec elle. Comme vous le savez, je me suis battu dans mon pays pour l'égalité face au mariage, et je vois cela comme une qualité certaine chez un candidat. Je n'étais pas au courant que c'était la position qu'elle défendait quand j'ai fait cette vidéo de soutien. Je l'avais seulement vue dans une discussion où elle déclarait défendre le mariage homosexuel et j'ai découvert après que son parti avait retiré tout soutien sur cette question. Je ne peux pas, en toute conscience, soutenir une candidate qui a une approche très à droite par rapport à des questions comme le mariage homosexuel et les droits liés à la reproduction, même si cette candidate est prête à faire ce qu'il faut pour l'environnement.

L'égalité face au mariage est une question sensible dans la présente course à la présidentielle brésilienne. Seuls deux candidats, Luciana Genro, du Parti Socialisme et Liberté, et Eduardo Jorge, du Parti Vert, se sont ouvertement prononcés en faveur du mariage homosexuel. Dilma a montré quelques vagues signes de soutien dans cette direction, mais n'a fait aucune promesse concrète. Silva, évangéliste, soutenue par certains des plus riches pasteurs du Brésil, a eu quelques difficultés à montrer sa ligne de conduite vis-à-vis de cette question.

Sa plateforme de campagne présentait d'abord l'égalité face au mariage comme une future possibilité, mais Silva a désormais reculé sur ses positions suite à la pression de ses sympathisants religieux. Accusant la plateforme initiale d'avoir été victime d'une erreur d'édition, Silva déclare maintenant qu'elle ne soutiendra rien de plus qu'une union civile entre les homosexuels, qui est déjà reconnue par le Brésil.

L'équipe de campagne de Marina Silva est entrée en contact avec l'acteur sur Twitter, essayant de le détromper sur l'idée qu'elle s'opposait au mariage homosexuel :

Cher Mark Ruffalo, il est faux de prétendre que @silva_marina est opposée au mariage homosexuel. C'est une partisane historique des droits de l'homme.

Et @markruffalo, vous devez aussi savoir que cette élection brésilienne est inondée de mensonges, ceci est un autre mensonge sur @silva_marina.

Ruffalo a dernièrement incarné Ned Weeks, personnage inspiré du défenseur des droits homosexuels Larry Kramer, dans “The Normal Heart”, un film racontant comment les premiers cas de SIDA ont affecté la communauté gay de New York dans les années 1980. C'est peut-être en repensant à ce rôle que Ruffalo s'est rétracté sur Tumblr avec ces mots :

Je dois m'excuser de ne pas avoir avoir fait un meilleur travail de contrôle avant de prendre cette décision. Je m'excuse auprès de toutes les personnes que j'ai pu décevoir, ou de tous ceux qui ont eu l'impression que je retournais ma veste sur ces questions que je mets un point d'honneur à affronter et défendre.

La vidéo de soutien de Ruffalo, cependant, est toujours publiée sur la chaîne Youtube officielle de Marina Silva.

 

Anton Nossik sur la fermeture attendue de Facebook, Twitter, et Google en Russie

mardi 7 octobre 2014 à 10:28
A Russian apocalypse might be headed for social networks like Facebook, Twitter, and Google. Images mixed by Kevin Rothrock.

Une apocalypse russe peut attendre les réseaux sociaux Facebook, Twitter et Google. Montage photo Kevin Rothrock.

La déconnexion de la Russie des géants américains d'Internet semble de plus en plus probable. Le 26 septembre, le Service fédéral russe pour la surveillance des communications, des technologies de l'information et des communications  (Roskomnadzor) a révélé qu'il a formellement demandé à Facebook, Twitter et Google de se plier à une nouvelle loi exigeant des “acteurs de la distribution de l'information” de stocker sur le territoire russe six mois d'archives des données, en les rendant accessibles à la police russe. En outre, la Douma est prête à présenter la mouture finale d'un amendement qui exigera des sites Web et de certaines applications de stocker toutes les données utilisateur sur des serveurs situés à l'intérieur de la Russie à compter du 1er Janvier 2015, plutôt qu'en Septembre 2016, comme la loi le prévoyait à l'origine.

Depuis des mois déjà, on s'attendait à ce que le Kremlin coupe l'accès aux médias sociaux américains sur le web russophone. Maintenant, l'une des voix les plus respectées de l'Internet russe dit qu'il pense que des sites comme Facebook, Twitter et Google seront bientôt choses du passé dans le cyberespace russe. Sur LiveJournal, ce spécialiste des médias et l'un des membres fondateurs de la blogosphère russe, Anton Nossik, a expliqué pourquoi il pense que la fin est proche en Russie pour les sites web utilisés par des milliards de personnes dans le monde.

Avec la permission de l'auteur, RuNet Echo a traduit le post d'Anton Nossik.

“Facebook, Twitter et Google: la mécanique de la déconnexion”
par Anton Nossik

Roskomnadzor  a commencé à se préparer pour bloquer en Russie les serveurs de Facebook, Twitter et Google.

Le plan était de bloquer ces services dans la seconde moitié de 2016, mais les députés de la Douma ont soudain changé d'avis en approuvant les amendements à la loi qui  reculent la date de déconnexion au 1 Janvier 2015. Et Roskomnadzor se dépêche de créer les conditions pour couper le robinet encore plus tôt.

La méthode de coupure est en deux étapes. Premièrement, le gouvernement présentera aux sociétés Internet étrangères des demandes impossibles, de transférer toutes les données d’ utilisateurs dans des lieux sous le contrôle du FSB [Service fédéral de sécurité]. Parce qu'ils ne pourront pas se plier à ces exigences, les fonctionnaires russes les déconnecteront. Plus précisément, ils nous déconnecteront.

Après avoir été enregistré par Roskomnadzor en tant qu'acteur de la diffusion de l'information, un site Web doit maintenir “sur le territoire de la Fédération de Russie [les six derniers mois] les données concernant la réception, la transmission, la livraison, et (ou) le traitement de la communication par la voix, l'écrit, les images, les sons, ou d'autres supports électroniques entre utilisateur de l'Internet. Ne pas respecter ces exigences est passible d'une amende pouvant aller jusqu'à 500 000 roubles, explique Roskomnadzor.

Vous pensez peut-être les journalistes d'Izvestia oublient une nuance importante : quelles données exactement doivent être stockées sur le sol russe ? Est-ce que cela ne concernent que les citoyens russes, les internautes russophones à travers le monde, ou les citoyens d'un autre pays qui se trouvent sur ​​le territoire russe quand ils se connectent ?

En fait, les journalistes des Izvestia ne sont pas coupables. Bien sûr, ils auraient pu poser au fonctionnaire de Roskomnadzor cette question intéressante, et peut-être même ils l'ont posée mais n'étaient tout simplement pas autorisés à imprimer la réponse. La vérité  est que la réponse n'est pas vraiment écrite dans la loi fédérale adoptée par le gouvernement. Il n'a rien été fait pour limiter la compétence des lois de la Douma et la sphère légitime d'intérêt de FSB : ni par un critère de  nationalité, ni par la langue, ni par la géographie de la Russie. Si vous lisez la Loi fédérale 97 comme elle a été écrite et votée, vous verrez qu'il s'agit de la réception et la transmission des données américaines et européennes, japonaises et canadiennes, israéliennes ou néo-zélandais, de quiconque, sans aucune restriction. Et la définition par la loi d'un blog est également très large. Permettez-moi de citer la loi, comme vous n'allez probablement pas me croire :

Le propriétaire d'un site ou d'une page particulière d'un site sur Internet, sur lequel se trouvent des informations accessibles au public et qui attire plus de 3 000 visites quotidiennes d'internautes, (ci-après appelés “blogueur”) est tenu de respecter les lois de la Fédération de Russie, lors de la diffusion et de l'utilisation de cette information, y compris la distribution de ladite information sur le site ou la page de site Web par d'autres utilisateurs de l'Internet.

On voit bien qu'il n'existe aucune restriction d'aucune sorte. Pas par nationalité, pas par la langue, et non par la géographie. Si vous avez 3 000 visiteurs uniques par jour, vous êtes sur la liste, vous devez obéir. Même si votre langue est l'indonésien et l'ensemble de votre lectorat sur ​​l'île de Java. Soit vous reconnaissez la compétence d'un troupeau de moutons [c'est à dire la Russie], ou nous vous bloquons. C'est ce que dit la loi.

Naturellement, personne ne prévoit d'appliquer la loi adoptée. Dès le début, le but était autre. Dix jours avant que la loi n'entre en vigueur, Maxime Ksenzov de Roskomnadzor a expliqué que son agence ne pourrait pas appliquer toutes les dispositions de cette loi, sauf la censure politique sélective.

Nous n'avons pas l'intention et nous ne l'avons jamais eue d’ organiser un recensement de tous les utilisateurs d'Internet de langue russe. Ce serait un exercice inutile, et la loi n'est pas à ce propos  [...] Le statut de blogueur créé par la loi, que Roskomnadzor lancera le 1er août, n'a pas été créé pour fournir des statistiques [...]. Nous ne voyons pas de nécessité à réaliser une évaluation préliminaire du nombre d'utilisateurs d'Internet qui s'insèrent dans la catégorie “blogueurs” de la loi. Les statistiques seront recueillies pour que la loi soit appliquée et elle sera flexible.

La flexibilité est peut-être la définition de l'application des lois en Russie dernièrement. Qui demain sera le prochain visé par cette « flexibilité » ? Mais la priorité est aujourd'hui de bloquer Facebook, Twitter, et les services de Google en Russie. La Douma a fixé le délai au 1 Janvier 2015 mais Roskomnadzor est pressé de le faire plus tôt.

Je ne sais pas ce qui a provoqué cette précipitation. En tout état de cause, pour l'instant, nous ne parlons que d'un type de déconnexion qui est facilement contournée avec des proxy et des VPN. 

Ce texte est la traduction intégrale d'un article de Anton Nossik paru en russe sur son blog  LiveJournal blog le 26 septembre 2014.