PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Chili: les internautes demandent au nouveau président mexicain de partir

samedi 29 septembre 2012 à 14:39

Le jeudi 20 septembre 2012, le nouveau président mexicain, Enrique Peña Nieto, a commencé sa visite au Chili, la quatrième étape de sa première tournée dans les pays centre et sud-américains.

Après un dîner privé avec le président Sebastián Piñera, il devait rencontrer le lendemain matin les principaux hommes d'affaires du Chili et il s'est ensuite rendu en visite officielle au Palais de la Moneda. Peña Nieto a remercié le président Piñera de son hospitalité sur son compte Twitter (@EPN) [en espagnol, comme les liens suivants] :

@EPN: Agradezco al Presidente @sebastianpinera su hospitalidad y la productiva reunión. Nuestra relación con Chile seguirá siendo estratégica.

@EPN : Je remercie le président @sebastianpinera pour son hospitalité et une rencontre fructueuse. Notre relation avec le Chili relationship demeure stratégique.

Cependant, il n'y a pas eu que conférences, poignées de main et protocole. Des membres de la branche chilienne du mouvement #YoSoy132 ont dénoncé l'arrestation de six d'entre eux - dont un d'origine mexicaine – pour avoir manifesté place de la Moneda contre la visite du nouveau président.

Dans le même temps, sur Twitter, les internautes chiliens ont accueilli le chef d'Etat mexicain avec le hashtag  #VetedeChilePeñaNieto (”quitte le Chili Peña Nieto”). Les internautes mexicains y ont répondu, suscitant un échange qui a fait de ce hashtag un trending topic. Les commentaires allaient du soutien aux mouvements étudiants dans les deux pays à des blagues et des remarques sarcastiques sur la rencontre de deux des hommes politiques actuels les plus controversés d'Amérique latine. Voici quelques-unes de ces réponses :

Le Chilien Max Barata (@MaxBarata) a plaisanté :

YoSoy132chile

“Que demanderiez-vous au président imposé  à son arrivée au Chili ?” Image partagée par @YoSoy132chile sur Twitter

@MaxBarata: Piñera y Peña Nieto. Falta Lex Luthor y Darth Vader y le ponemos “Cumbre”.

@MaxBarata : Piñera et Peña Nieto. Il manque Lex Luthor et Dark Vador pour parler de “Sommet”.

Quant à Chascas Valenzuela (@elchascas), il imaginait à quoi pouvait ressembler la rencontre entre les deux chefs d'Etat :

@elchascas: Un diálogo entre Peña Nieto y Piñera debe ser como un sketch de humor. Los dos hablando de pobreza, helicópteros y golf al mismo tiempo.

@elchascas : Un dialogue entre Peña Nieto et Piñera, ça doit être un peu comme un sketch. Tous les deux, parlant de pauvreté, d'hélicoptères et de golf tout à la fois.

Sur son compte parodique, la journaliste Carmen Aristegui (@Aristegui_CNN) s'est montrée directe :

@Aristegui_CNN: #VetedeChilePeñaNieto ¡No! ¡Que se quede allá! ¡Se lo regalamos!

@Aristegui_CNN : #VetedeChilePeñaNieto Non ! Qu'il y reste ! On vous l'offre !

Ce à quoi Alonso Damian (@AlonsoDamian) d'Iquique au Chili a répondu :

 @AlonsoDamian: @Aristegui_CNN no gracias! les mandamos a Piñera si gustan

@AlonsoDamian : @Aristegui_CNN non merci ! On vous envoie Piñera si vous voulez

Au Mexique, le Comité justice et droits de l'homme 132 (@ComiteDH132) a fait la comparaison suivante :

@ComiteDH132: Si acaso, la única diferencia entre el pinochetismo y el priismo es que acá, en efecto, la dictadura fue perfecta…#VeteDeChilePeñaNieto

@ComiteDH132 : La seule différence entre le pinochetisme et le priisme c'est qu'ici, en effet, la dictature était parfaite… #VeteDeChilePeñaNieto

au même moment Gaby (@Gigi_091) faisait remarquer :

@Gigi_091: Las protestas en Chile en contra de Peña Nieto ¿Tampoco son noticia Televisa? pero si es noticia un apagón en la Cámara de Diputados…

@Gigi_091 : Les manifestations au Chili contre Peña Nieto, ce n'est pas de l'information pour Televisa ? Mais une panne de courant à la Chambre des députés, si…

Et Enrique J. Bautista (@kmach02) de Tabasco au Mexique a commenté le lien qui s'est créé entre les internautes des deux pays par le biais de ces protestations en ligne :

@kmach02: #VetedeChilePeñaNieto y ese día Chile y México se sintieron mas hermanos que nunca…ellos peleando por educación y nosotros por Imposición

@kmach02: #VetedeChilePeñaNieto et en ce jour le Chili et le Mexique se sentent plus frères que jamais… ils se battent pour l'éducation et nous nous battons contre l'imposition

République Tchèque : Les Roms d'Ostrava résistent aux expulsions

vendredi 28 septembre 2012 à 20:42

Přednádraží, un petit quartier d'Ostrava, a été cet été au centre d'une bataille contre les expulsions illégales des habitants en grande majorité Roms. Pour la République Tchèque, cette affaire est à la fois exceptionnelle et historiquement connotée.

La communauté rom est l'objet d'un mouvement constant vers l'exclusion sociale et la dépossession, et l'affaire des expulsions à Přednádraží n'est hélas qu'une nouvelle illustration spectaculaire de cette tendance. On reproche collectivement aux Roms leurs “nomadisme,” “absence de racines,” et “refus d'adopter la culture dominante.” Les habitants de Přednádraží ont décidé de se dresser à la fois contre les expulsions illégales et ces poncifs.

Přednádraží children holding posters that read: "The media are censoring our reality! Tell the truth!" Photo by Daniela Kantorova.

Des enfants de Přednádraží tiennent des affiches où on lit : “Les média censurent notre réalité ! Dites la vérité !” Photo Daniela Kantorova.

Pendant que les faits ont attiré l'attention des mass média pendant un été où il ne s'est pratiquement rien passé au plan politique, le contexte d'oppression historique où s'est déroulée la lutte est resté largement ignoré. Un portail indépendant d'information, Romea.cz, centré sur la vie de la communauté rom et leur lutte pour les droits civiques, a chroniqué les événements avec constance [en tchèque], en détail – et dans une perspective de meilleure justice sociale.

Histoire

Construit en 1902, Přednádraží est un ensemble de onze immeubles d'appartements en brique, situé dans un ancien quartier juif. Il y a des affirmations non étayées que les habitants de ces maisons auraient été les premiers déportés du camp de concentration de Nisko, en Pologne, en 1939.

Les médias tchèques appellent Přednádraží un ghetto, sans réfléchir un instant au sens de ce mot et à ses rapports à l'histoire. Přednádraží, qui veut dire littéralement “devant la gare,” se trouve en fait derrière la gare centrale d'Ostrava, cette même gare devant laquelle est érigé le modeste mémorial aux Juifs d'Ostrava victimes de la Shoah. Des milliers de Roms tchèques ont péri dans la Shoah, mais ils ne sont pas inclus dans ce mémorial.

Les immeubles de Přednádraží se dressent dans un îlot triangulaire, entouré par une autoroute, un dépôt de chemins de fer et un terrain industriel clôturé, ce qui donne une impression d'isolation, de relégation. Přednádraží est difficile d'accès : un seul bus y va, à intervalles espacés, et les chauffeurs de taxi refusent de conduire jusqu'à son unique rue goudronnée.

La zone manque aussi d'infrastructure sociale. Dans une ville qui vient d'ouvrir, il y a six mois, un centre commercial flambant neuf de 56.000 m2 à seulement 6 km de là, les environs immédiats de Přednádraží ne comptent que deux petits magasins de voisinage vendant des produits alimentaires de base (pas toujours frais), et un café qui, d'après son gérant, fait aussi office de salle de réunion parce que les gens n'ont nulle part ailleurs où aller. Bien que les enfants soient nombreux dans le quartier, il n'y a ni terrains de jeux ni autres équipements qui leur soient accessibles.

Residents of Přednádraží and activists get ready for an anticipated raid. Photo by Daniela Kantorova.

Habitants de Přednádraží et militants se préparent à un raid escompté. Photo Daniela Kantorova.

Chez eux pour combien de temps ?

Le quartier a beau être marqué par l'isolement, ses habitants s'y considèrent chez eux, mais le danger est que cela ne soit plus pour longtemps.

Début août, le Service des Travaux immobiliers de la mairie d'Ostrava a déclaré les immeubles de Přednádraží inhabitables, au motif de canalisations d'égout cassées, et a ordonné au propriétaire, Oldřich Roztočil, d'expulser tous les locataires sous 24 heures. Ostrava est connu pour son absence de logements à bas coût, et la municipalité n'a proposé aucune alternative, à part le conseil aux résidents de déménager vers des foyers excessivement chers et surpeuplés.

M. Roztočil a choisi de défendre ses locataires, et résiste toujours à l'ordre d'expulsion émis par la mairie. Environ 140 personnes ont refusé de quitter les maisons où beaucoup d'entre eux habitaient depuis 30 ou 40 ans. Ils ont joint leurs forces à celles de militants non Roms, ce qui représente aussi un véritable saut dans l'histoire de la lutte pour les droits des Roms, car la majorité des Tchèques de souche ne veulent rien savoir de ces derniers.

La pression des autorités ne cesse de croître depuis début août, ce qui ne manque pas d'ironie puisque le motif invoqué pour les expulsions est le mauvais état des égouts. Les canalisations ont été endommagées pour la première fois pendant les inondations de 1997, et leur état s'est fortement dégradé ces deux dernières années.

Selon l'habitude du discours médiatique de rendre les Roms responsables des problèmes dont la cause est les pratiques discriminatoires des administrations négligentes, c'est aux habitants de Přednádraží qu'on reproche les canalisations d'égout cassées ; et ceci alors qu'il y a au moins trois procès en cours dans les divers services de la mairie pour en définir la propriété, et donc la charge de la maintenance.

Une question se pose : pourquoi cette hâte soudaine à expulser les habitants, au lieu de réparer les égouts ? Une explication possible est qu'un établissement d'enseignement privé devait ouvrir ses portes en septembre dans la rue avoisinante, et la zone est devenue attirante pour les promoteurs. Ce ne serait pas la première fois que des Roms seraient mis dehors de leurs logements par la force de l'embourgeoisement. Dans les dix dernières années, les Roms ont été chassés d'un quartier du centre devenu une sorte de lieu de fête : sur quelques pâtés de maisons il compte désormais plus d'une centaine de cafés et de bars.

L'idée de “sortir les Roms” est fréquemment mise en avant par les Tchèques ordinaires comme leur solution souhaitée du “problème Rom.” En 2006, deux ans après l'entrée de la République Tchèque dans l'Union Européenne, après l'abolition par le Canada de l'exigence de visa pour les ressortissants tchèques, des élus du quartier Marianské Hory d'Ostrava ont élaboré un plan improbable : inciter les habitants Roms de leur circonscription à émigrer au Canada en leur offrant une contribution financière pour leurs billets d'avion.

Dans le cas de Přednádraží, les autorités n'ont pas proposé la moindre aide. Une des premières mesures a été, pour la Compagnie des Eaux d'Ostrava (OVAK) de couper la fourniture d'eau à tous les immeubles, soi-disant pour factures impayées. Pendant trois semaines, l'endroit a reçu son eau d'une coûteuse citerne livrée par la compagnie des eaux elle-même qui avait mis fin à l'approvisionnement. Il a fallu trois semaines de négociations pour rétablir la fourniture d'eau avec un unique robinet [en anglais] partagé entre tous les habitants.

Ensuite, les familles ont commencé à connaître des difficultés à toucher leurs allocations sociales. Les employés de la sécurité sociale leur ont expliqué que, n'ayant pas l'eau courante, elles ne sont pas en mesure de cuisiner ou faire la lessive, et sans logement permanent elles ne peuvent recevoir d'allocations-logement. Quelques semaines après le rétablissement de l'eau avec l'unique robinet collectif, c'est l'électricité que les autorités ont ordonné de couper.

The children of Přednádraží. Photo by Daniela Kantorova.

Enfants de Přednádraží. Photo Daniela Kantorova.

Depuis fin août, les travailleurs sociaux de la Ville se rendent à Přednádraží et menacent les familles de leur enlever leurs enfants [en anglais] s'ils ne déménagent pas immédiatement dans les foyers. Tout cela additionné aboutit à une énorme pression psychologique sans aucun souci du bien-être de ces familles. N'ayant pour perspectives de logement que des foyers inabordables et inadaptés, les gens ont naturellement peur de se trouver à la rue et de se voir ôter leurs enfants.

Des alliances se forment

Devant toute cette pression, des alliances ont commencé à se former.

La lutte a le soutien sans faille du militant tchèque-indien de la cause rom Kumar Vishwanathan, dont l'organisation, Vzájemné soužití (”Vivre Ensemble” ; @vzajemnesouziti [en tchèque et anglais] sur Twitter), travaille au plaidoyer et gère des programmes sociaux pour la communauté rom. Un entretien avec Kumar Vishwanathan [en tchèque] sur l'affaire a été publié récemment par Nový prostor, une publication à but non lucratif au profit des gens dans la rue.

Un petit nombre de militants de la section d'Ostrava d'un mouvement de libertés civiques récemment formé, ProAlt (sur Facebook, ici), ainsi que quelques militants anti-racisme de Prague, ont témoigné de la solidarité et proposé leur aide. Le porte-parole de ProAlt, Martin Škabraha, a beaucoup écrit sur les faits, et dans la dernière en date de ses analyses [en tchèque] il a appelé la situation une catastrophe fabriquée, citant la négligence des administrations ainsi que l'apathie de la population majoritaire comme les facteurs à l'origine de cette crise.

Une déclaration de soutien a été émise par Milan Šimáček, le directeur de l'agence publique pour l'Intégration Sociale. De plus, la Commission Européenne a adressé une lettre au maire d'Ostrava Petr Kajnar, exigeant un règlement de la situation.

La division tchèque d'Amnesty International a également publié une déclaration [en tchèque] sur cet état de fait.

Toutes ces voix n'ont pourtant pas suffi à amener le conseil municipal et de district d'Ostrava à agir pour véritablement aider Přednádraží. A ce stade, la situation est tendue, car les familles sont face à un ultimatum du bureau de la sécurité sociale d'Ostrava : ou elles s'installent dans les foyers, ou leurs enfants leurs seront retirés.

Montrer sa solidarité avec Přednádraží est fondamental. Si ces efforts aboutissent, cela servira de précédent, d'exemple qu'il est effectivement possible d'avoir des racines, qu'il est possible de se dresser de façon non-violente contre l'oppression mise en oeuvre par les institutions, qui ont pour mission de servir les citoyens – une mission à laquelle les institutions ont failli.

Côte d'Ivoire : Grève des employés des établissements sanitaires après 4 mois sans salaire

vendredi 28 septembre 2012 à 14:27

S.B sur Connection Ivoirienne commente le début d'une grève illimitée des agents de santé à Abidjan. Il fait savoir que:

De la gratuité totale initiée par l’État de Côte d’Ivoire depuis la fin de la crise post-électorale, à la gratuité des soins ciblés, les employés des Établissements Sanitaires de type particulier n’ont jamais perçu leurs salaires de façon régulière. Pis, leurs premiers responsables sont confrontés au non paiement de la redevance depuis 16 mois.

Zambie : Un complot “imaginaire” crée un sentiment d'insécurité

vendredi 28 septembre 2012 à 13:24

Ce billet fait partie de notre dossier sur les relations internationales et la sécurité.

[Les liens renvoient vers des pages en anglais] La Zambie a récemment découvert dans les médias publics qu’un groupe qui se fait appeler Tongas Under Oath (les Tonga sous serment) a tué deux personnes appartenant au groupe ethnique du Président Michael Sata et chercherait maintenant à chasser les immigrés de la Province Méridionale majoritairement Tonga.

Toutefois, les citoyens n’ont pas gobé cette histoire mais l’ont plutôt vue comme une tentative du gouvernement du parti du Front Patriotique (FP) de s’attaquer au Parti Unifié pour le Développement National (PUDN). Le troisième plus grand parti d’opposition est dirigé par Hakainde Hichilema, un Tonga qui s’est montré très critique envers le gouvernement Sata. Et, comme souvent dans la politique zambienne, Hichilema n’est que le dernier d’une série de leaders d’opposition sans peur et il bénéficie d’un soutien populaire grandissant susceptible d'aboutir à une victoire électorale.

Avant que la lettre prétendument écrite par le groupe des Tongas Under Oath ne paraisse, Hichilema a été arrêté et inculpé pour avoir affirmé que le gouvernement envisageait d’envoyer des jeunes au Soudan pour y être entraînés comme miliciens. Quelques jours plus tard, le quartier général de l’opposition dans la capitale, Lusaka, était fouillé par la police à la recherche de preuves de sédition.

Rien n'y a été trouvé mais le Président Sata recevait quelques jours plus tard une lettre bien plus menaçante, oblitérée à Mazabuka, une ville de la Province Méridionale. Peu de temps après l’avoir reçue, le Président Sata a rendu public les relevés de compte d’Hichilema qui le montrent à la tête d’une fortune de 360 milliards ZMK ($64 millions USD), ce qui fait de lui un des hommes les plus riches de Zambie.

Defence Minister Geoffrey Bwalya Mwamba (in dark glasses) with President Sata (left) and other government officials.

Le Ministre de la Défense Geoffrey Bwalya Mwamba (lunettes noires) avec le Président Sata (à gauche) et d'autres membres du gouvernement. Photo avec l'aimable autorisation de Zambian Watchdog

Cependant, quelques jours plus tard, le ministre de la défense, Geoffrey Bwalya Mwamba, critique féroce de Hichilema, a révélé que deux généraux à la retraite avaient été payés par une personne dont l’identité demeure inconnue pour assassiner le Président Sata. Le Lusaka Times rapporte les propos suivants de Mwamba :

I have just received an update from our investigative wings and I am talking from facts with an informed point of view that two retired army generals have received K100 million from an opposition party to carry out the assassination plot.

This is a serious development and I have also directed these investigative wings to go deeper and give more information so that we bring to book these people and the opposition party behind this.

Je viens de recevoir des informations de nos enquêteurs ; je dispose d'un point de vue éclairé sur la situation, basé sur les faits : deux généraux à la retraite ont reçu 100 millions de Kwacha d'un parti de l'opposition pour mener à bien ce complot d'assassinat.
C'est une découverte majeure et j'ai également ordonné aux enquêteurs de continuer leurs investigations afin de nous fournir plus d'informations pour que ces personnes, et le parti d'opposition derrière elles, soient traduites en justice.

Une des nombreuses réponses à cette histoire provient de Mungoma qui déclare :

It is extremely disappointing that a minister can be talking about such a serious issue in this way! We are talking about the life of the President, for goodness’ sake! If it’s true, why not do a thorough investigation before making announcements?

Il est extrêmement décevant qu'un ministre puisse parler ainsi d'un sujet aussi grave ! Il s'agit de la vie du Président bon sang ! Si c'est vrai, pourquoi ne pas procéder à une enquête approfondie avant de faire des annonces?

Avec ces révélations, ce n'était pas la première fois que Mwamba rendait publique l'existence d'un complot visant à assassiner le chef d'Etat. Après l'arrivée au pouvoir du FP en septembre 2011, le Président Sata a dévoilé un certain nombre d'affaires prétendument frauduleuses négociées par l'ancien président Rupiah Banda. Le président a aussi révélé que Banda avait engagé des officiers de l'armée à la retraite, parmi lesquels des généraux, sous des contrats onéreux auxquels il a immédiatement mis fin.

En novembre 2011, Mwamba a informé la nation qu'un groupe de généraux à la retraite projetait d'assassiner le Président Sata et d'autres dirigeants en représailles contre la position très ferme du gouvernement sur la corruption. Curieusement, aucune arrestation n'a suivi les déclarations du ministre de la défense concernant ce complot d'assassinat et personne non plus n'a été arrêté après les révélations les plus récentes, près d'un an plus tard.

Surtout, personne n'a été arrêté dans l'affaire des Tongas Under Oath, notamment parce que le Président Sata lui-même a déclaré que la supposée lettre compromettante ne provenait pas de la Province Méridionale, mais de Lusaka.

ISN logo

Ce billet et ses traductions en espagnol, en arabe et en français ont été commandés par l’International Security Network (ISN) dans le cadre d’un partenariat destiné à faire entendre les points de vue de citoyens sur les questions de relations internationales et de sécurité dans le monde entier.  Ce billet a été publié à l’origine sur le blog de l’ISN, d’autres articles peuvent être lus ici.

Ce billet fait partie de notre dossier sur les relations internationales et la sécurité.

Les Colombiens se réjouissent prudemment des négociations de paix avec les FARC

vendredi 28 septembre 2012 à 13:19

Ce billet fait partie de notre dossier consacré à la sécurité et aux relations internationales

[Sauf mention contraire, les liens de ce billet renvoient à des pages web en espagnol.]

Demonstration against FARC (2008)

Manifestation contre les FARC (2008), photo de xmascarol sur Flickr (CC BY-NC-ND 2.0)

Malgré le souhait de discrétion du président colombien, Juan Manuel Santos, les médias annonçaient fin août que le gouvernement allait entreprendre des négociations avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Le président a confirmé [en anglais] cette information le 4 septembre lors d’un discours diffusé à la télévision dans lequel il expliquait que les négociations visaient à mettre fin au conflit armé et au trafic de drogue. Les deux parties aborderont plusieurs problématiques dont les droits des victimes, le développement rural et la participation des FARC dans le processus démocratique national. Craignant que l’échec des dernières négociations [en anglais] (1999-2002) ne se répète, Juan Manuel Santos a aussi indiqué que le gouvernement n’accorderait l’amnistie à aucun leader des FARC et que les opérations militaires allaient se poursuivre. Quelques minutes plus tard, Timoleón Jiménez (dit Timochenko), responsable des FARC, s’est exprimé [en anglais] depuis La Havane pour déclarer que les FARC étaient disposées à s’engager dans un « dialogue civilisé » afin de mettre un terme au conflit datant de plusieurs décennies.

Les violences se poursuivront

Sur Distintas Latitudes, Lucas Peña mentionne les différences et les similaritudes avec les négociations précédentes menées avec les FARC et avec d’autres groupes armés. Il conclut en réclamant plus de réalisme, expliquant que même si un processus de paix était mené avec succès avec les FARC, cela ne mettrait pas un termes aux violences que connaît la Colombie :

Lo cierto es que la dejación de las armas de las FARC es una condición para la paz pero no la única, pues existen actores asociados a la criminalidad organizada que siguen ejerciendo la violencia, que pueden incluso surgir luego de la eventual desmovilización de las FARC, como se demostró tras la desmovilización de los paramilitares. En Colombia solemos llamar a estos nuevos actores ‘bacrim’ “bandas criminales al servicio del narcotráfico, los ejércitos de los carteles mafiosos.

Que les FARC déposent les armes est une condition nécessaire à la paix, mais elle n’est pas la seule. En effet, le pays compte d’autres acteurs associés au crime organisé qui continueront à faire usage de la violence. Il est même possible que l’éventuelle démobilisation des FARC donne naissance à de nouvelles factions armées, comme ce fut le cas suite à la démobilisation des paramilitaires. En Colombie, ces groupes criminels au service du trafic de drogue, ces armées des cartels mafieux, sont appelés bacrim. 

Le gouvernement en tête ?

Sur Revista Posición, Alberto Bernal est particulièrement critique envers le processus en cours, mais se félicite du choix des négociateurs du gouvernement :

Una buena noticia es que el equipo de negociación que nombró el gobierno es un equipo de negociación de lujo. Nada diferente se puede decir de Villegas, Pearl, o de Mora, para nombrar solo tres de las personas que estarán permanentemente en la mesa. También me parece importante recalcar el hecho de que la decisión de no decretar un cese al fuego le conviene al gobierno, pues el gobierno lleva la delantera en la guerra, así las FARC hayan incrementado sus ataques contra la población civil últimamente.

La bonne nouvelle est que l’équipe de négociateurs choisie par le gouvernement est excellente. Rien à redire concernant Luis Carlos Villegas, Frank Pearl ou Jorge Enrique Mora, ancien commandant des forces armées, trois des personnes qui siègeront à la table des négociations. Il me semble aussi important de souligner que la décision de ne pas instaurer de cessez-le-feu convient particulièrement au gouvernement, qui mène le combat, bien que les FARC aient dernièrement intensifié les attaques contres les civils.

Sur le blog Tras la Cola de la Rata, Juana Galeano indique qu’inclure l’armée dans le processus est une idée brillante :

Hay que admitirlo, la inclusión de miembros del Ejército como negociadores es una jugada maestra. Incluir a los militares, darles voz, los coacciona e impide que torpedeen el proceso más adelante.

Il faut admettre que nommer des membres de l’armée comme négociateurs est un coup de maître. Les intégrer au processus, leur donner une voix permet de les impliquer et éviter qu’ils sabotent les négociations ultérieurement.

La majorité des Colombiens semble soutenir, prudemment, le processus de paix. Selon les sondages [en anglais], 77 % sont en faveur des négociations, mais 72 % s’opposent à une éventuelle participations des FARC sur l’échiquier politique et 78 % désapprouvent l’amnistie des commandants de la guérilla.

Graffiti of FARC leaders

Leaders des FARC, Raul Reyes, Manuel Marulanda et Ivan Rios à Bogota, photo de bixentro sur Flickr (CC-BY-2.0)

Bien que l’ancien président Alvaro Uribe soit devenu un fervent opposant de presque tout ce qui touche au président Santos (qui fut son ministre de la Défense), certaines ONG ont fait part de leurs préoccupations [en anglais] concernant le cadre juridique relatif aux pourparlers avec les FARC approuvé [en anglais] par le Congrès au mois de juin.

Le président Santos a fixé [en anglais] une date-butoir à juin 2013 pour la première étape des négociations, mais il semble que le processus sera long [en], notamment puisque les FARC ont intensifié [en anglais] leurs attaques avant l’annonce.

Apprendre des erreurs du passé, améliorer la sécurité à travers tout le pays et renforcer la confiance entre les parties, sont quelques unes des conditions pour que les pourparlers portent leurs fruits.

 

ISN logoCe billet et ses traductions en espagnol, en arabe et en français ont été commandés par l'International Security Network (ISN) dans le cadre d'un partenariat destiné à faire entendre l'opinion des citoyens sur les questions de relations internationales et de sécurité dans le monde entier. Ce billet a été publié à l'origine sur le blog de l'ISN, d'autres articles peuvent être lus ici.