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Appels au boycott de Pizza Hut après une publicité sur Facebook de la franchise en Israël sur le dos des grévistes de la faim palestiniens

samedi 13 mai 2017 à 23:51

Graffiti de soutien au dirigeant politique Marwan Barghouti sur le côté palestinien du mur de séparation israélien en Cisjprdanie. Photo Eman via Wikipedia. Domaine publc.

Les Palestiniens se sont rués sur les médias sociaux pour appeler à un boycott mondial de Pizza depuis que sa branche israélienne a fait paraître sur Facebook une publicité provocatrice ironisant sur les prisonniers palestinien en grève collective de la faim depuis le 17 avril.

Pizza Hut Israël a posté sur sa page Facebook une photo du leader palestinien Marwan Bargouti, qui romprait sa grève de la faim dans le secret de sa cellule. La multinationale a introduit par Photoshop un carton à pizza et une portion dans la photo, avec le commentaire cynique : “Barghouti, si tu dois cesser ta grève, une pizza ne serait pas un meilleur choix ?”

“Barghouti, si tu dois cesser ta grève, une pizza ne serait pas un meilleur choix?” Capture d'écran de Facebook.

Plus de 1.500 détenus palestiniens, sur le total de 6.500 incarcérés dans les geôles israéliennes, sont à leur 26ème jour d'une grève de la faim illimitée pour protester contre les mauvais traitements, l'abandon médical, la mise à l'isolement, les détentions administratives, et pour arracher de meilleures conditions.

Furieux de voir tournée en ridicule la lutte des prisonniers politiques palestiniens pour leurs droits dans les prisons israéliennes, les Palestiniens ont utilisé le hashtags de médias sociaux #Boycott_PizzaHut en arabe et en anglais pour appeler au boycott de la chaîne mondiale.

@pizzahut, parce que la dignité humaine est beaucoup plus précieuse que votre pizza !!

Pizza Hut tourne en farce la grève de la faim palestinienne pour la dignité.

Tourner en moquerie et publicité une cause humanitaire telle que la grève de la faim palestinienne pour la dignité est écoeurant ! Bonne raison pour #boycotter_pizzahut

Se moquer des héros palestiniens en grève de la faim dans les prisons israéliennes, quelle honte.

Oui je soutiens #boycottez_pizzahut, on ne peut pas plaisanter sur la grève de la faim !! Ce n'est pas drôle !!

La publicité a été rapidement retirée de la page Facebook israélienne de Pizza Hut, et la société a présenté des excuses sur Facebook pour “toute offense causée par un récent post sur la page Facebook de Pizza Hut Israël” :

C'était totalement déplacé et ne reflète pas les valeurs de notre marque. Le franchisé local dans ce pays l'a immédiatement retiré et le contrat avec l'agence qui l'a publié a été résilié. Nous regrettons sincèrement d'avoir pu blesser qui que ce soit.

Les allégations que Barghouti aurait secrètement rompu sa grève de la faim

La publicité insultante joue ironiquement sur des images récentes publiées par l'administration pénitentiaire israéliennes en date du 7 mai et montrant prétendument Marwan Barghouti, un leader emprisonné du Fatah, une faction palestinienne, et meneur de la grève de la faim, grignotant à l'insu de tous dans les toilettes de sa cellule.

Le Comité national palestinien pour la Grève de la Liberté et de la Dignité, un comité de soutien à l'actuelle grève de la faim, a dénoncé ces allégations et affirmé que les images remontaient au moins à 2004. Dans une déclaration, le comité a ajouté qu'Israël “livrait une grave guerre de mensonges et de désinformation pour créer un état de confusion dans l'opinion palestinienne et parmi les prisonniers en grève de la faim.”

L'épouse de Bargouthi, Fadwa, a également rejeté ces allégations lors d'une conférence de presse à Ramallah, et souligné qu'Israël recourait à des “agissements méprisables”, et que “les détenus sont habitués aux mensonges et jeux d'Israël, et la vidéo publiée en signale le commencement de la fin”, avec pour seul effet de renforcer la détermination des prisonniers.

Ces railleries contre la grève de la faim des prisonniers palestiniens ne sont pas une nouveauté. Dans les premiers jours de la grève, plusieurs dizaines d'Israéliens ont organisé un barbecue devant le prison d'Ofer, près de Ramallah en Cisjordanie, où des détenus palestiniens s'étaient joints à la grève. Les Israéliens d'extrême-droite qui y étaient présents ont dit espérer que les grévistes de la faim palestiniens “auraient plaisir à respirer la fumée et subir les odeurs de viande.”

Une photographe équatorienne dénonce en les scénarisant les abus des “cliniques de déshomosexualisation”

vendredi 12 mai 2017 à 10:24

Capture d'écran de la vidéo “Jusqu'à ce que tu changes” réalisée par Paola Paredes et partagée sur Vimeo.

Au travers de la série photographique Until you change (Jusqu'à ce que tu changes), l'artiste équatorienne Paola Paredes dénonce l'existence de centres clandestins destinés à “soigner” l'homosexualité en Equateur. La majorité de ces centres illégaux sont dissimulés en “cliniques” religieuses pour désintoxiquer de l'addiction aux drogues ou à l'alcool. Selon la photographe, des hommes et des femmes homosexuels et transsexuels envoyés par leur famille sont enfermés et soumis à de violents abus et humiliations. Sur sa page web, l'artiste commente :

It was four years ago that I first learned about the private ‘clinics’ that claim to cure homosexuality in Ecuador. My first thought was that it could be me held there and told that, as a gay woman, I needed to change. Two years later, I came out to my family and was accepted by them. In my country, many young women and men are not so fortunate.

Il y a quatre ans, j'entendais parler pour la première fois de ces “cliniques” qui disent soigner l'homosexualité en Equateur. J'ai pensé tout d'abord qu'une de ces femmes retenue [dans un de ces centres] pourrait être moi et que, en tant que femme homosexuelle, je devrais changer. Deux ans plus tard, je faisais mon coming out avec ma famille et ils l'ont accepté. Dans mon pays, beaucoup de jeunes, hommes et femmes, n'ont pas autant de chance.

Après avoir enquêté et interviewé différentes femmes qui avaient été enfermées, Paola Paredes a reconstruit au travers d'une série de photographies les témoignages des victimes. Avec chaque image, l'artiste a essayé de faire revivre les scènes, les objets et les méthodes racontés. En raison de la difficulté pour documenter les pratiques de ces cliniques clandestines, elle a décidé de se mettre en scène elle-même comme la protagoniste de ses photos. Comme on peut le voir dans son travail, les femmes sont soumises à tous types d'abus. Depuis l'usage forcé du maquillage, le port de mini-jupes et de chaussures à talons pour “renforcer la féminité”, jusqu'à la violence physique et des violations “correctives” :

Ceci est une photo de ma nouvelle série photographique Until You Change (Jusqu'à ce que tu changes). En Equateur, environ 200 de ces centres existent pour “soigner” les hommes et les femmes homosexuels. Ces opérations sont déguisées sous l'image de cliniques de réhabilitation pour les addictions à l'alcool et aux drogues. Retenues contre leur volonté, celles qui sont internées sont victimes de torture physique et émotionnelle. Pour sensibiliser sur ce problème en relation avec les droits de l'homme, toujours en cours, et qui continue à échapper aux médias traditionnels, j'ai reconstitué quelques scènes de ces “cliniques” en me basant sur les témoignages de victimes. Etant moi-même gay et équatorienne, j'ai choisi d'être la protagoniste de ces images. J'y ai inclus mes propres émotions et mes expériences avec des méthodes théâtrales pour aborder l'abus contre les femmes dans ces institutions, et j'ai fait une série d'images en suivant les témoignages des femmes que j'ai interviewées.

Ce n'est pas la première fois que ces cliniques de “déshomosexualisation”, généralement associées à des groupes évangéliques, ont font l'objet de plaintes. En 2012, des enquêtes ont été menées sur plusieurs centres et suite à cela ils ont été fermés pour des raisons qui sont encore confuses. Cependant, le travail de Paola Paredes révèle que ces centres clandestins continuent à exister et à appliquer des traitements qui sont considérés contraires au respect des droits de l'homme. En plus de la série photographique, une vidéo disponible sur la plateforme Vimeo documente le processus de la série et les différentes expériences traumatisantes que plusieurs témoins ont assuré avoir vécues :

Les prochaines élections locales en Iran, opportunité pour les femmes

jeudi 11 mai 2017 à 20:57

L'animation de Nabz Iran explique les diverses façons dont les femmes peuvent participer à la politique électorale locale. Capture d'écran de l'animation de Nabz Iran, utilisée avec autorisation.

Ce texte est initialement paru sur Nabz Iran.

Le 19 mai, les Iraniens vont élire leur président et choisiront parmi les candidats des élections locales leurs représentants aux conseils municipaux des villes et villages. Si les regards du public sont fixés essentiellement sur la course à la présidence, ce sont les élections locales qui offrent aux citoyens une chance unique d'agir directement sur leurs collectivités en choisissant des responsables ayant à coeur leurs intérêts. Le scrutin donne aussi aux Iraniens une possibilité de reconfigurer leur gouvernement en faisant entrer plus de femmes en politique.

287.425 candidatures ont été enregistrées pour les élections municipales iraniennes de cette année, dont 17.885 femmes. Les candidates constituent donc 6,3 % de l'ensemble, une légère augmentation depuis les précédentes élections de 2013, où elles n'étaient que 5,4 %.

Selon une étude publiée en 2012, plus de femmes dans les fonctions électives, ce sont des politiques publiques plus axées sur les questions de qualité de vie et les priorités des familles, des femmes et des minorités ethniques et raciales. Les pays où les femmes accèdent à la direction politique connaissent de meilleures conditions de vie, des progrès dans l'éducation, les infrastructures et la santé, et le pouvoir y est généralement plus réactif aux besoins immédiats de ses concitoyens.

Sous la présidence sortante de Mohammad Khatami, les femmes détenaient 13 sièges sur 290 au Majlis, le plus grand nombre de femmes députées depuis la fondation de la République Islamique. Cette période a vu des avancées vers une meilleure intégration des femmes aux postes dirigeants et décisionnaires dans la haute administration. Les premières femmes sont entrées au gouvernement depuis l'instauration de la République Islamique : Masoumeh Ektebar a été nommée vice-présidente, et Zahra Shojaei, conseillère du président et chef du nouveau Centre pour la Participation féminine. Ceci est allé de pair avec le soutien de l'administration Khatami au développement et à l'expansion de la société civile, de la liberté d'expression et des réformes législatives en faveur des droits des femmes.

Sous la présidence de l'ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad en revanche, le nombre de femmes exerçant des fonctions gouvernementales a chuté, tandis que s'accroissaient les restrictions à la libre expression et à la société civile. Bien plus, les députés mirent en place une législation visant à limiter les droits des femmes, comme la loi de Protection de la Famille qui favorisait les droits des hommes aux mariages polygames et temporaires, et des régulations abaissant encore les droits des femmes dans les procédures de divorce.

La représentation croissante des femmes au parlement : Comparaison entre l'Iran avec les pays voisins et d'Afrique du Nord (juillet 2016). Une infographie créée à partir de données collectées par l'Union Inter-Parlementaire (IPU). Les nuances de bleu indiquent les niveaux de représentation des femmes dans un parlement pour les années mentionnées, et on trouve sous les noms des pays les pourcentages de représentation féminine (la proportion de femmes députées par rapport au nombre total de sièges dans la chambre basse). L'infographie retrace l'évolution de 2000 à 2016, couvrant les cinq mandatures du Majlis iranien (du sixième au dixième).

Sous la présidence de Hassan Rohani, il y a eu de nouveaux actes pour favoriser la participation des femmes en politique. Marzieh Afkham a été la première femme nommée conseillère au Ministère iranien des Affaires étrangères, Elham Aminzadeh a été nommée vice-présidente chargée des affaires juridiques, et l'ex-vice présidente Masoumeh Ektebar a été designée présidente de l'Organisation de Protection de l'Environnement de l'Iran.

Les élections parlementaires iraniennes de février 2016 ont donné un total de 17 sièges sur 290 à des femmes, la proportion la plus élevée au parlement iranien depuis la fondation de la République Islamique en 1979. Une large victoire pour les partisans d'une plus large représentation politique des femmes, y compris au sein de l'administration Rohani.

En-dehors du niveau national, les femmes iraniennes ont été actives aussi à l'échelon local, en traitant des questions concernant leurs collectivités et travaillant à trouver des solutions propres à améliorer la qualité de vie des habitants de leurs ciconscriptions. Homeyra Rigi, la gouverneure actuelle de la ville de Qasr-e Qand dans la province du Sistan et Baloutchistan et connue pour arborer les tenues traditionnelles de sa région, a joué un rôle central pour la paix et la réconciliation entre deux clans tribaux de la province. Elle a déclaré que même si les femmes dans sa province ont des opportunités limitées, sa présence d'élue locale leur donne espoir et confiance en soi.

Fatemeh Eskandari, conseillère municipale de Karaj, a fait campagne sur le slogan “Des citoyens heureux, une ville pleine d'espoir.” Elle a préconisé de diviser par deux le prix des billets pour les femmes aux événements sportifs en vue d'encourager leur participation publique, et a soutenu l'instauration de formations artistiques et professionnelles pour les femmes de sa circonscription. Mina Eskandari, conseillère municipale de la ville de Mohajeran dans la province iranienne de Hamadan et la première femme dans cette fonction, a soutenu la réparation des routes d'accès à la ville et la création d'un dispensaire. D'autres récits sur les Iraniennes élues locales et leur action dans leurs collectivités se trouvent ici

Les femmes dans le monde tendent à être moins représentées que leurs homologues masculins dans la politique locale, alors que c'est à ce niveau que les élus peuvent interagir en direct avec leurs électeurs et traiter des problèmes qui les touchent. Le nombre de femmes candidates aux élections locales iraniennes du 19 mai est encourageant. S'il en faut indubitablement beaucoup plus pour consolider la croissance de la participation politique féminine en Iran, une telle appétence pour se présenter aux élections, en plus du nombre de femmes siégeant au Majlis iranien représente un plus grand pas pour assurer aux femmes leur mot à dire dans l'avenir du pays, tant local que national.

Ce texte est initialement paru sur Nabz Iran.

La durée de vie s'allonge dans le monde entier… mais la santé ?

jeudi 11 mai 2017 à 16:55

Infographie sur l'évolution de la durée de vie en mauvaise santé à laquelle l'Amérique de Sud peut s'attendre, reproduit avec autorisationn.

Sauf mention contraire, tous les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais.

Medigo est une plate-forme spécialisée dans la santé qui connecte des médecins et patients du monde entier. Elle a récemment publié une étude comparative mondiale sur l'espérance de vie.

En moyenne, les êtres humains vivent aujourd'hui plus longtemps que jamais dans l'histoire. Presque tous les pays de la planète ont vu l'espérance de vie s'allonger depuis le début du XXIe siècle, avec une moyenne mondiale de 71,4 ans en 2015. Mais les variations sont énormes entre et dans chaque pays. En Europe et en Amérique du Nord la moyenne est de 73 ans, en Océanie 71, dans l'Amérique latine 70, en Asie 61, et en Afrique seulement 55 ans.

Medigo a pris l'initiative d'approfondir cette analyse et pose la question suivante :

The World Health Organization confirms that we are living longer, but are we living healthier?

L'Organisation mondiale de la santé confirme que nous vivons plus longtemps, mais vivons-nous en meilleure santé ?

L'espérance de vie en bonne santé (HALE, pour son acronyme anglais Healthy Life Expectancy) est la mesure par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) du nombre d'années qu'une personne peut s'attendre à vivre en bonne santé. Bien qu'elle soit influencée par des facteurs tels que la qualité des soins médicaux, l'hygiene, la guerre et d'autres encore, cette grandeur ne prend toujours pas en compte la possibilité de mort violente. Ce score s'est amélioré [fr] ces dernières années [fr].

Life expectancy increased by five years between 2000 and 2015, the fastest increase since the 1960s. Those gains reverse declines during the 1990s, when life expectancy fell in Africa because of the AIDS epidemic and in Eastern Europe following the collapse of the Soviet Union.

L'espérance de vie a augmenté de cinq ans entre 2000 et 2015, la plus rapide augmentation depuis les années soixante. Ces gains ont inversé le déclin des années quatre-vingt-dix, lorsque l'espérance de vie a chuté en Afrique à cause de l'épidémie de SIDA, et en Europe de l'Est à la suite de l'effondrement de l'Union Soviétique.

A l'aide d’infographie, Medigo offre une mesure alternative de la santé mondiale qu'il appelle “les années de mauvaise santé” et montre les changements sur tous les continents depuis 2000.

Infographie sur l'évolution des années de mauvaise santé dans le monde entier depuis 2000. Reproduit avec autorisation.

Dans une brève discussion avec Global Voices, la responsable du marketing numérique de Medigo Giulia Gutterer explique la différence entre la mesure traditionnelle de l'OMS et celle de la “mauvaise santé” que Medigo propose :

Basically we take the total life expectancy, which is just how much we are expected to live and is determined at birth, and we deducted the healthy-life-expectancy years from the actual life expectancy. After doing this, we see the average amount of years someone can expect to live in bad health: “Bad Health Years.” Bad Health Years are the years you live with diseases and disabilities.

On prend l'espérance de vie totale, qui est simplement le nombre d'années que l'on peut s'attendre à vivre et qui est déterminée à la naissance, et nous en soustrayons l'espérance de vie en bonne santé. Une fois que c'est fait, on obtient le nombre d'années moyen qu'une personne peut s'attendre à vivre en mauvaise santé : “les années de mauvaise santé”. Ce sont les années pendant lesquelles vous vivrez avec des maladies ou des handicaps.

Toutes les infographies de Medigo peuvent être consultées sur leur site internet.

Si les Caraïbes veulent la croissance économique, elles doivent “adopter la perspective des femmes”

jeudi 11 mai 2017 à 16:08

Cecile Watson, fondatrice de Pitch and Choose, une des plateformes par laquelle elle soutient les entrepreneuses de la région. Photographie de courtoisie de Watson, utilisée avec autorisation.

Tous les liens de cet article renvoient vers des sites internets en anglais.

Cecile Watson est une entrepreneuse caribéenne qui pense différemment. Née à la Barbade, elle vit en Jamaïque et a 30 ans d'expérience dans le secteur bancaire et financier. En 2014, elle a fondé le site internet de financement collaboratif pionnier pitchandchoose.com dans l'objectif de “démocratiser l'économie” dans la région.

Elle a également fondé Gr8Way Consulting qui donne les moyens aux femmes leaders et entrepreneuses de créer de meilleures entrerises et de gèrer leurs vies financières avec un but et un impact positif. Avec Valrie Grant, lauréate du prix Commonwealth de l'entrepreneuse de l'année, elle a créé le projet FundRiseHer (initiative de financement collaboratif dans le Commonwealth). Celui-ci est en pleine progression et renforce en permanence les capacités des entrepreneuses à recevoir des fonds. La première campagne de demandes de financements s'est terminée le 31 décembre : quarante-huit femmes ont sollicité le programme.

Un autre aspect de FundRiseHer est “The Potent Pitch” [le Puissant argumentaire], un blog et une série d'entretiens en direct avec des experts en contact avec les investisseurs et des entrepreneuses déjà subventionnées. En avril a eu lieu un cours en ligne sur les techniques de financement collaboratif. En mai, les techniques des réseaux sociaux seront utilisées pour montrer aux entrepreneuses comment tirer profit de leur communauté. Tout ceci se fait avec la collaboration d'experts comme Telojo Valerie Onu, Sandra Glasgow, Ingrid Riley, Marcia Brandon et Christopher Chaplin. Watson espère aussi que des entreprises-parraines apporteront des fonds complémentaires, accessibles quand la campagne de financement collaboratif sera lancée cet été. Bien que ses yeux pétillent, sa vision du pouvoir des femmes caribéennes est, elle, très sérieuse.

Global Voices (GV) : Vous avez une solide expérience dans le monde conservateur de la finance. Qu'est-ce qui a fait changer votre démarche ? Est-ce vraiment un changement ?

Cecile Watson (CW): Well, that experience provides the core platform for what I do now — all that analytical stuff. I can leverage it now for a different purpose, one that is dynamic and not at all conservative — because it is about creating impact in the lives of others. Now, I am all about empowerment.

Cecile Watson (CW) : Cette expérience a construit les fondations de ce que je fais maintenant – tous ces travaux d'analyse. Maintenant, je peux en profiter pour atteindre un objectif différent, qui est dynamique et en rien conservateur – parce qu'il s'agit de créer un impact sur la vie des autres. Maintenant, je suis totalement dans l'autonomisation.

GV : Parlez-nous un peu de Pitch and Choose. Comment ce projet se porte-t-il ?

CW: Well, it was a little slow off the mark, but I fully expected and planned for that. I was bringing a completely new model into the market. Crowdfunding was not a concept Caribbean people were familiar with, until then. I was the first person to do this regionally. It’s all about democratizing finance. Awareness has grown, however; over the past two or three years, I would guess that around six out of ten people in the Caribbean now know what crowdfunding is. That's coming from maybe one in ten when I got started. It has such potential. For instance, in 2011, the residents of Rotterdam City crowdfunded a pedestrian bridge, which created an open space that would not have been possible if the citizens didn't buy into being part of the solution. It would be my dream for crowdfunding to address our infrastructural needs like that. But ‘every mickle make a muckle’, as the saying goes. The aim is to give crowdfunding the energy and direction it needs to build awareness and attract fans.

CW : Au début, cela a été un peu lent, mais je m'y attendais et je l'avais prévu. J'apportais un modèle complètement nouveau sur le marché. Le financement collaboratif était un concept que la population caribéenne ne connaissait pas jusqu'à présent. J'ai été la première à le faire dans la région. Il s'agit de démocratiser l'économie. Cependant, la notoriété du financement collaboratif a augmenté. Depuis ces deux ou trois dernières années, je dirais qu'environ six personnes sur dix dans les Caraïbes savent maintenant ce que c'est. Quand j'ai commencé, c'était peut-être une sur dix. Il y a tellement de potentiel. Par exemple, en 2011, les habitants de Rotterdam ont fait une campagne de financement collaboratif pour un pont piétonnier, qui a créé un espace ouvert qui n'aurait pas pu être possible si les citoyens n'avaient pas accepté d'être partie prenante de la solution. Mon rêve serait de pouvoir l'utiliser pour faire face à nos besoins d'infrastructures. Mais les petits ruisseaux font les grandes rivières, comme dit le proverbe. L'objectif est de donner au financement collaboratif l'énergie et l'orientation qu'il faut pour créer des consciences et attirer des admirateurs.

GV : En ce qui concerne la formation, quelles sont les compétences les plus utiles que les femmes peuvent avoir dans le monde actuel ?

CW: Entrepreneur Kenia Mattis, co-founder of ListenMi Caribbean, will be one of those involved in training the FundRiseHer grantees. She is a creative. I myself am an engineer by training, and I believe in women doing more in STEM [Science, Technology, Engineering and Mathematics], but I do believe we need the arts as a bridge. The world is calling for a move towards embracing everyone for who they are, from their own unique perspective and whatever their background and education; we are in the age of democratization. We must embrace our diversity — people may have ‘baggage’, but let’s not judge. We all have something to offer. These ideas intrigue me!

CW : L'entrepreneuse Kenia Mattis, co-fondatrice de ListenMi Caribeean, participera à la formation des bénéficiaires de FundRiseHer. C'est une créative. Moi-même, je suis ingénieure de formation et je crois que les femmes peuvent progresser dans les domaines scientifiques et techniques, mais je crois que nous avons besoin du trait d'union des sciences humaines. Le monde a besoin de mouvement afin d'accepter les gens pour ce qu'ils sont, vus de leur perspective unique, et indépendamment de leur origine et de leur éducation. Nous sommes dans l'ère de la démocratisation. Nous devons accepter notre diversité – les gens peuvent avoir un ‘bagage’ mais ne les jugeons pas. Nous avons tous quelque chose à offrir. Ces idées m'intriguent !

GV : Vous êtes centrée sur l'autonomisation économique des femmes. Pendant une série d'ateliers l'année dernière dans la Jamaïque rurale, l'association 51% Coalition a découvert que l'indépendance économique était une priorité pour les femmes. Croyez-vous que cela se passe actuellement dans les Caraïbes ?

CW: If we are really about a ‘growth agenda’, we must embrace the women’s perspective. We must be intentional about it. There is a lot of rhetoric, but I am not seeing women’s economic empowerment sufficiently manifested. Mentoring and mutual support among women must be a part of it. But I do understand that these things take time. So I try not to get befuddled by all of what’s not happening fast enough. Instead I think of what can I do to play my part in my own unique way based on my unique perspectives and insights.

CW : Si nous voulons vraiment réaliser un “agenda de croissance”, nous devons adopter la perspective des femmes. Nous devons avoir cette intention. Il y a beaucoup de discours, mais pour moi, l'autonomisation économique des femmes n'est pas suffisamment concrétisée. Le parrainage et l'appui mutuel entre femmes doivent en faire partie. Cependant, je comprends que cela demande du temps, et j'essaie de ne pas me laisser décourager par tout ce qui ne se passe pas assez rapidement. Je réfléchis à la place à ce que je peux faire pour jouer mon rôle, à ma manière, basée sur mes idées et ma perspective uniques.

GV : Dans un article que vous avez écrit juste avant les élections américaines de 2016, vous avez parlé de “changer les règles”. A quoi faisiez-vous référence ?

CW: Well, it goes back to the idea that we are in the age of democratization. The old dynamics of the workplace have changed. But the old guard keeps hanging on. Leadership and the right to influence and be heard in the Caribbean, like everywhere else, depends on tenure, class, education, age, gender. But the millennials are having none of that. And I say that’s good. No good can come from excluding half of our population from opportunities to lead and to contribute in a way that they are best suited to do. We can no longer afford facilitating old paradigms that cause us to disenfranchise women (and others who have been traditionally marginalized) because our economies, our families and the state of our welfare are demanding all hands on deck. Therefore to me, we just need to get on with the work to embrace and empower women. It is simply good business to do so.

CW : Cela remonte à l'idée qu'on est dans l'ère de la démocratisation. Les vieilles dynamiques des lieux de travail ont changé. Mais la vieille garde continue à tenir bon. Le leadership et le droit à jouer un rôle et à être écouté dans les Caraïbes, comme partout ailleurs, dépend de l'ancienneté, la classe sociale, l'éducation, l'âge et le sexe. Cependant, la génération Y ne tolère pas cela. Et moi, je pense que c'est une bonne chose. Rien de bon ne peut surgir en excluant la moitié de notre population des opportunités de diriger et de contribuer de la façon la plus adaptée pour eux. Nous ne pouvons plus nous permettre de faciliter les vieux paradigmes qui nous poussent à priver de droits les femmes (et d'autres groupes traditionnellement marginalisés) car nos économies, nos familles et l'état dans lequel se trouve notre protection sociale sont en train d'exiger que nous mettions tous un peu du nôtre. Aussi, pour moi, nous avons juste besoin de continuer le travail d'acceptation et rendre les femmes plus autonomes. Le faire est une bonne affaire.

GV : Quel conseil donneriez-vous aux Caribéennes ambitieuses d'aujourd'hui ?

CW: I would tell them to tap into who they are. Because their empowerment will come through the building of a community, and through peer learning. That means you have to intentionally build something worth tapping into. It comes down to six elements in which I would encourage them to build some muscle: Work, Influence, Self Care, Decision Making, Order and Money. I call these the Wealthy Woman Currencies™. And I draw these from my journey and by observing others. I firmly believe that mastering these six currencies will not only transport you to a fulsome way of being, it will also get you to a place where you can willfully embrace your vulnerability, and let it transport you from a state of merely existing and searching to a state of passionate living. You see, the world needs our authenticity and our genius. We were fearlessly and wonderfully made and each day we get the opportunity to walk closer towards what we are purposed for. It is left for us to take it. And living from a place grounded in purpose can be joyful. And it can be mind blowingly awesome too, as we not only become empowered, but also make the time to empower others similarly.

CW : Je leur dirais de tirer profit de qui elles sont. Parce que leur autonomisation viendra par la construction d'une communauté et par l'apprentissage entre elles. Cela signifie que vous devez vouloir construire quelque chose qui vaille la peine d'en profiter. Cela se résume à six éléments que je voudrais les inciter à développer : le travail, l'influence, les soins personnels, la prise de décisions, l'ordre et l'argent. Je les appelle Wealthy Woman Currencies™ (monnaies de femmes riches). Ces éléments, je les tire de mon parcours et de mon observation des autres. Je crois fermement que la maitrise de ces six “monnaies” vous transformeront non seulement en une personne plus complète, mais vous amèneront aussi à un niveau où vous pouvez véritablement accepter votre vulnérabilité, et vous faire passer d'une simple survie à une vie passionnée. Vous voyez, le monde a besoin de notre authenticité et de notre génie. Nous avons été courageusement et magnifiquement créées, et chaque jour nous avons la chance d'avancer un peu plus vers notre destin. L'atteindre dépend de nous. Et vivre avec un but peut être merveilleux. Cela peut être incroyablement impressionnant aussi, puisque non seulement nous prenons du pouvoir, mais nous donnons du temps pour que d'autres se renforcent de la même façon.

GV : Qui vous a inspiré ? Qui est votre modèle ?

CW: I am inspired by Leotta Quintyne (my grandmother); Sheila Whittaker (my mother); and Courtnie Watson (my daughter). My grandmother didn’t have a smidgeon of what I have; she had so little. She used to load a tray and walk miles with it on her head to sell things she had made, like underpants and support belts to cane farmers. She was fearless and she bought a shop at auction without money and then went to my grandfather’s workplace to borrow the money from his employer. She was entrepreneurial, and memories of what she endured remind me not to complain! My mother is the definition of ‘meek’. She is calm, unruffled. There is strength in calm; it’s a powerful place to be. So, she reminds me not to make a space for judgment or bitterness, but to just be. And my daughter (she is 27) introduced me to words like ‘misogyny’ and encouraged me towards advocacy. She made me think about what it means to be feminist and how important it is for me to advocate for change from my own unique perspective of someone who has made it to the C-Suite. For me, feminism is really about parity. A level playing field. Courtnie sees it the same way.

CW : Je me suis inspirée de Leotta Quintyne (ma grand-mère), Sheila Whittaker (ma mère) et Courtnie Watson (ma fille). Ma grand-mère n'a pas eu les miettes de ce que j'ai, elle avait très peu. Elle remplissait un plateau et le portait pendant des kilomètres sur sa tête pour vendre des choses qu'elle avait faites, comme des caleçons et des ceintures de soutien pour les ouvriers des plantations de canne à sucre. Elle était intrépide et elle a acheté un magasin aux enchères sans argent et ensuite elle a été là où travaillait mon grand-père pour demander l'argent à son chef. Elle était entrepreneuse et les souvenirs que j'ai de ses difficultés me rappellent que je ne dois pas me plaindre. Ma mère est la définition de la “douceur”. Elle est tranquille, imperturbable. Il ya de la force dans le calme, c'est une position puissante. Ma mère me permet de me rappeler que je ne dois pas laisser de place aux jugements ou à l'amertume, mais juste exister. Ma fille (elle a 27 ans) m'a appris les mots comme “misogynie” et m'a incitée à défendre ces idées d'égalité. Elle m'a fait réfléchir sur ce que veut dire être féministe et sur l'importance pour moi de défendre le changement depuis ma propre perspective d'une personne qui s'est convertie en une cadre dirigeante. Pour moi, le féminisme est en réalité, l'égalité. Un terrain de jeu nivelé. Courtnie le voit de la même façon.

GV : Enfin, quelle est votre philosophie de vie ?

CW: I am who I am because of my faith in God. That is my foundation. I would sum up my philosophy as guard[ing] my heart because it is the seat of myself, but to make room in it to let everyone be their own authentic selves, wherever they are on their journey. And if invited in, to always be ready to share a bit of me with love, in a way that can empower them to be more fruitful in their lives, and without judgment of who they are or from whence they came.

Ahead of us is hope.

CW : Je suis qui je suis grâce à ma foi en Dieu. C'est mon fondement. Je résumerais ma philosophie comme la protection de mon cœur parce que c'est la source de qui je suis, mais aussi de la place que j'y fais pour laisser chacun être lui-même, où qu'ils en soient dans leur parcours. Et si j'y suis invitée, de toujours être prête à donner un peu de moi-même avec amour, d'une façon qui peut les rendre plus fortes, plus prospères dans leurs vies et sans jugement de qui elles sont ou d'où elles viennent.

Droit devant, il y a l'espoir.