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5 Data journalistes camerounais font le bilan des 33 gouvernements de Paul Biya

dimanche 24 avril 2016 à 15:40
L'équipe des data journalistes - avec leur permission

L'équipe des data journalistes – avec leur permission

Ils sont cinq. Leur moyenne d'âge est de 30 ans et pourtant ils ont remonté les trente quatre-ans de pouvoir de leur Président pour offrir une plongée fascinante dans l'appareil gouvernemental camerounais à travers “Les Gouvernements de Paul Biya”.

Les Gouvernements de Paul Biya est un projet journalistique qui compile les données et les chiffres sur les 299 cadres appelés à servir sous le régime de Paul Biya,
président de la République du Cameroun depuis le 6 novembre 1982.

En 34 ans de magistrature, Paul Biya a formé 32 équipes gouvernementales dont 13 pour la seule décennie 80, marquée par les coups d'état de 1983 et 1984.

parité homme femme dans les gouvernements Biya

parité homme femme dans les gouvernements Biya

Les grilles de lecture proposées par “Les Gouvernements de Paul Biya” sont multiples et vont aussi bien de la taille des gouvernements par année de remaniement à la parité Homme-Femme en passant par la longévité des cadres au sérail ou leurs origines géographiques.

Infographie du projet avec leur permission

Infographie du projet avec leur permission

Au sujet de ces dernières par exemple, on y apprend que la région du Centre, région d'origine de la défunte et première épouse du Président est celle comptant le plus de représentants avec 82 élus soit 28,1% du total ou encore qu'aucune femme originaire de l’Extrême-Nord n'a été appelée à servir sous le Renouveau.
La région de l’Extrême-Nord du Cameroun, outre les assauts et dégâts provoqués par Boko Haram est la région enregistrant le taux d’alphabétisation des femmes le plus faible du pays soit 17,4% comparé à la moyenne nationale au-dessus de 50% selon une étude réalisée et publiée en mars 2012 par le ministère de la promotion de la femme et de la famille.

Ratio de femmes dans les gouvernements Biya

Ratio de femmes dans les gouvernements Biya

Il va donc sans dire que ce travail de recherche dont la collecte et le traitement ont duré six mois est une source “susceptible de nourrir les analyses rigoureuses des journalistes, hagiographes et autres historiens”.

Parlant d'histoire, ce travail de Data Journalisme rejoint “les circuits de la mémoire”, une autre initiative lancée par de jeunes camerounais via la fondation “Yes Africa” à la quête de leur héritage historique et culturel. Cet héritage peut peser de tout son poids si la jeunesse fait entendre sa voix lors des prochaines élections surtout que tous les observateurs annoncent des élections anticipées avant 2018.

Contre le harcèlement sexuel dans les transports, des associations proposent des solutions concrètes

dimanche 24 avril 2016 à 13:18
Capture d'écran de l'application qui simule le harcèlement de rue

Capture d'écran de l'application Hé qui simule le harcèlement de rue

Dans un sondage amateur regroupant plus de 5200 réponses à ce jour, 94% des personnes déclaraient avoir déjà subi du harcèlement de rue.  Le phénomène de harcèlement dans les transports, qui désigne l'objectification sexuelle d'une femme dans l'espace public, n'est pas neuf. Ce qui l'est, c'est de donner des solutions pratiques pour ceux qui sont témoins de telles exactions.
Vincent Lahouze, un artiste, raconte comment il a mis fin à une situation potentiellement dangereuse de harcèlement dans le métro:

La jeune femme avait le visage tourné vers la vitre, elle semblait tétanisée. Je me suis approché encore, pour écouter ce que l’homme lui disait, collé à elle. (Toi j’vais te baiser tu sais oh oui j’vais te baiser salement et tu vas aimer ça hein bien sûr que tu vas aimer ça mmh allez t’écoutes ce que j’dis petite pute réponds petite salope j’sais que tu en as envie je l’ai vu dans ton regard de petite chienne en chaleur fallait pas porter une jupe si t’es pas intéressée ouais toi j’vais te baiser…) La jeune femme ne disait rien, le regard fixé sur son reflet, sans sourire, pétrifiée. [..] C’est fou comme la peur nous paralyse dans ces moments-là, vraiment.

Mais je me suis assis à côté d’eux et tout en croisant le regard de la jeune femme, je lui ai dit, Hey Camille! Ça faisait un bail que je ne t’avais pas vue! Comment ça va, ma cousine? puis me tournant vers l’homme, avec un grand sourire, je ne vous dérange pas, j’espère? Ces quelques mots ont suffit à la jeune femme pour reprendre vie, et comprenant ce que je tentais de faire m’a suivi dans ma brève comédie familiale. L’homme a immédiatement retiré sa main, comme si les fils de sa marionnette venaient de se couper, comme s’il venait de se brûler au contact de la peau de la jeune femme. Sans un regard, il s’est levé, et il est sorti de la rame sans se retourner.

Cette technique de diversion est une des solutions pratiques proposées par le Projet Crocodile, le projet Paye Ta Shneck  et d'autres ONG comme Stop Harcèlement de Rue. Ci-dessous est un poster via Stop Harcèlement de Rue qui explique comment arrêter un harcèlement si on en est victime:

Tract de solution

Tract de solution contre le harcèlement de rue

Le problème est bien sûr aussi mondial et plusieurs projets similaires ont été initié pour mettre fin au fléau en Amérique du Nord, en Asie du Sud en Afrique et d'autres régions.

Pour évaluer l'étendue du problème, la difficulté réside non seulement dans l'absence de méthodologie de traçage consolidée mais aussi  dans la définition de l'acte de harcèlement. Néanmoins, à la question “Avez-vous déjà été harcelé ?” Seuls 6 % des personnes interrogées ont répondu Jamais. A la question sur la fréquence du harcèlement, 32% ont répondu: une ou plusieurs fois par semaine:

Pourcentage de personnes ayant subi un harcèlement - via sondage Google

Pourcentage de personnes ayant subi un harcèlement – via sondage Google

Une autre enquête menée par la Fondation Thomson Reuters révèle que 85 % des femmes pensent que personne ne leur viendrait en aide si elles se faisaient agresser dans le métro. De cette enquête, 41% des femmes affirment avoir déjà subi des violences physiques (mains aux fesses, attouchements, viol).

En 2015, le gouvernement a mis en place un plan de lutte contre les violences sexistes dans la rue. Une campagne de sensibilisation a été lancé pour “libérer la parole sur le sujet”, incluant des spots vidéos comme celui-ci:

La secrétaire d'État en charge des Droits des femmes, Pascale Boistard, explique pourquoi le gouvernement a mis ce plan en place:

Il faut que chacun sache comment réagir face à des situations inacceptables. Nous réfléchissons également à la façon dont de nouvelles technologies peuvent permettre aux voyageurs importunés comme aux témoins de prévenir les forces de l'ordre de façon discrète, comme avec un SMS ou via une application dédiée. Mais le plus important, à mes yeux, est de faire prendre conscience aux femmes de leurs droits.

Pour trouver plus de ressources contre le harcèlement, des outils sont disponibles ici et ici.

L'Ukraine dans la crise européenne des réfugiés, anticipations et fantasmes

samedi 23 avril 2016 à 21:54
The refugee center in Yahotyn, a town not far from the Ukrainian capital, was built to house asylum seekers from all over the world. Image from YouTube.

Le centre d'accueil de réfugiés de Yahotyn, une petite ville proche de la capitale ukrainienne, a été construit pour héberger des demandeurs d'asile du monde entier. Image : YouTube.

Entre “risque sanitaire” ou “opportunité pour stimuler l'économie”, vaste est l'éventail des visions de la classe politique ukrainienne sur ce qui arrivera le jour où l'Ukraine ouvrira sa porte aux réfugiés de pays comme la Syrie.

“Il est criminel d'accepter des réfugiés d'autres pays quand le vôtre est en guerre et aux prises avec la crise économique. Nous devons nous occuper des migrants du Donbass”, a déclaré Andriy Illienko, un député du parti nationaliste “Svoboda”, faisant allusion à l'actuel conflit armé dans lequel est impliquée depuis deux ans déjà cette région de l'Est de l'Ukraine.

“Cette question (Les réfugiés syriens demandant l'asile en Ukraine – GV) pourrait être bientôt à notre ordre du jour. Quand l'Ukraine deviendra membre de l'Union Européenne, elle devra être solidaire sur la question de l'accueil des réfugiés si nécessaire”, a dit le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Pavlo Klimkin à la Cinquième chaîne de la télévision ukrainienne.

En théorie, l'Ukraine peut accepter des milliers de réfugiés. Si certains députés du parlement ukrainien y voient une menace potentielle à la santé et au bien-être de leurs concitoyens, d'autres font déjà le compte des avantages financiers promis par l'Occident. Les partisans et adversaires de l'idée d'accepter des réfugiés du Moyen-Orient oublient juste un détail important : les réfugiés ne sont pas précisément enthousiastes pour venir ou s'installer en Ukraine.

“L'Ukraine ne connaîtra pas un afflux de réfugiés de Syrie. Ceux-ci comprennent que l'Ukraine n'est pas en très bonne forme en ce moment-même avec ses propres difficultés. C'est pourquoi les réfugiés voient notre territoire comme une zone de transit dans leur route vers l'Europe occidentale”, dit Maxim Yakovlev, professeur de science politique à l'Académie de Kiev-Mohyla en Ukraine.

Dans le même temps, des membres de l'élite politique ukrainienne annoncent à grand bruit les milliers de réfugiés de pays du Moyen-Orient dont la Syrie, qui seraient “en route pour l'Ukraine”. Ils voient dans la crise des réfugiés une occasion de demander de l'argent et des avantages commerciaux à l'Allemagne, parce que c'est exactement ce que la chancelière allemande Angela Merkel a promis à ceux qui apporteraient une aide face à l'afflux des gens fuyant guerre, faim et pauvreté.

“L'UE fera de son mieux pour améliorer les conditions d'exportation pour les pays qui portent le fardeau de la crise migratoire en Syrie. Cela inclut de possibles avantage commerciaux”, a dit Mme Merkel.

Zone de transit

Il y a des réfugiés syriens qui passent par l'Ukraine, mais leur séjour dans le pays est bref. Dans la plupart des cas, ils utilisent les territoires de l'Ukraine occidentale comme une zone de transit dans leur périple vers d'autres pays d'Europe occidentale. L'Ukraine pourrait en garder certains, mais manque en l'état de moyens financiers : il lui faudrait au moins quatre milliards de dollars pour reconstruire et faire fonctionner ses camps de réfugiés.

Le ministre des Affaires étrangères Klimkin a indiqué que le jour où les réfugiés décideront – même si ce n'est pas encore le cas – d'arriver en masse, l'Ukraine aura l'obligation de les recevoir et de leur fournir tout ce dont ils auront besoin, pour se montrer solidaire de ces partenaires d'Europe occidentale.

Une idée que soutient le Service national des Migrations d'Ukraine, qui vient d'annoncer que l'Ukraine se tient prête à aider l'Europe à gérer la crise et accueillera volontiers des réfugiés sur son territoire. Les spécialistes des migrations finalisent en ce moment leurs estimations du nombre de réfugiés que l'Ukraine peut admettre.

Objections à droite

Tout le monde n'ouvre pas les bras aux nouveaux venus. Les adhérents des partis d'extrême-droite ukrainiens et des cercles civiques radicaux se sont fortement activés à répandre la désinformation sur les réfugiés en Ukraine. Ils défendent et promeuvent avec zèle des idées telles que le mythe que les réfugiés apporteront des maladies étrangères aux communautés locales. Surtout, ces mouvements essaient d'instiller dans les esprits l'idée qu'au lieu d'aider les réfugiés du Moyen-Orient, l'Ukraine doit s'occuper de ses propres réfugiés de l'Est du pays et de Crimée.

Le camp de réfugiés de Yahotyn, une agglomération à une heure en voiture de la capitale Kiev, est le plus récent exemple de la manière dont les sympathisants des partis de droite arrivent à alimenter dans les communautés locales les tensions ethniques en rapport avec les réfugiés. Dernièrement, des représentants des Nations Unies en charge de la question des réfugiés, accompagnés de militants des droits humains sont venus à Yahotyn expliquer aux habitants que le camp de réfugiés qui y ouvrirait dans un mois était construit avec des fonds de donateurs européens. Sa vocation est d'accueillir des demandeurs d'asile de tous pays, pas seulement de Syrie. Le choix de qui vivra dans le nouveau camp repose sur les besoins des demandeurs d'asile en Ukraine, et non sur leur pays d'origine. Ainsi, sur les 110 premiers réfugiés admis dans le camp il y aura des nationaux de Palestine, Pakistan, Afghanistan, Russie et Syrie.

Lors de dernière en date des visites des agents des Nations Unies et du Service national d'Immigration à Yahotyn pour répondre aux questions de la population, les militants d'extrême droite ont organisé une manifestation. Tandis que les officiels parlaient aux habitants à l'intérieur de la Maison de la Culture de la ville, des membres du Corps ukrainien de Volontaires “Secteur de Droite” et du corps civique “Azov” rassemblaient leurs partisans à l'extérieur. Ils ont crié des slogans tels que “Nous disons NON au camp de réfugiés à Yahotyn” et annoncé aux habitants qu'au moins 200 réfugiés syriens arriveraient dans leur ville en mai. Les activistes d'extrême-droite accusaient les réfugiés d’ “apporter toutes sortes de maladies exotiques, y compris le virus Zika”, et prédisaient que la criminalité locale battrait des records et qu'il y aurait des attentats terroristes et des affrontements religieux à cause des nouvelles arrivées. Tant le nombre de réfugiés (200 au lieu d'officiellement 110) que les mises en garde étaient dénués de fondement, mais le but était de susciter peur et suspicion dans la population.

Les réfugiés vus par les médias ukrainiens

Dans leur chasse aux scoops et aux détails croustillants, les médias ukrainiens ne font guère d'efforts pour comprendre et expliquer la place de l'Ukraine dans la crise européenne des réfugiés. D'après une étude conduite par le site internet d'observation des médias Detector.Media, aucune des grandes chaînes de télévision nationale n'a couvert l'affaire du camp de réfugiés de Yahotyn de façon impartiale et objective. La plupart d'entre elles ont omis de mentionner que le camp avait été édifié avec les fonds de l'Union Européenne. Certains journalistes ont ouvertement usé de propos tendancieux et de discours de haine, qualifiant les réfugiés de “gens à la réputation douteuse” et de “nomades dont les habitants locaux ont peur parce qu'ils sont sauvages et feront beaucoup de dégâts”. L'étude a aussi établi que presque chaque reportage tirait des parallèles entre les réfugiés de Syrie et les migrants d'Ukraine orientale.

En fait, la réalité des demandes d'asile en Ukraine n'a rien à voir avec sa description par les médias locaux. Chaque année, l'Ukraine reçoit un total de 1.500 à 2.000 demandes présentées par des réfugiés de 44 pays. Seuls 200 à 300 heureux élus voient leurs demandes acceptées chaque année.

“Les autres demandes sont refusées. Voilà pourquoi l'Ukraine ne connaît pas une surcharge de réfugiés comme la majorité des pays de l'UE”, a expliqué Natalia Naumenko, directrice du Service des étrangers et apatrides au Service d’État des Migrations dans son interview à HromadskeTV. “Quant aux réfugiés de Syrie, entre 200 et 250 personnes de ce pays demandent l'asile en Ukraine chaque année”.

Faute de couverture médiatique approfondie et critique du sujet, classe politique et extrémistes anti-réfugiés continuent à exploiter l'ignorance de l'opinion en matière d'assistance aux réfugiés, en vue de respectivement améliorer leur image dans la communauté européenne occidentale ou monter en popularité chez les Ukrainiens. Quant aux réfugiés eux-mêmes, ils sont laissés à l'arrière-plan, vies humaines égarées dans les flots d'histoires à faire peur et de manipulation politique.

La Colombie, ses conflits et ses espoirs vus par des enseignants dans les ‘Quotidiens d'Urabá’

vendredi 22 avril 2016 à 21:36
Foto: Carretera hacia Urabá, fotografía de Wikimedia Commons, del dominio público.

Photo: Route d'Urabá, photographie de Wikimedia Commons, relevant du domaine public.

Depuis la Colombie et via  la plateforme de publication Medium, les Quotidiens d'Urabá sont une fenêtre sur la vie quotidienne d'une partie de la région agricole et pastorale du nord du pays. Les Quotidiens sont composés d'histoires présentées du point de vue du secteur éducatif du département et ils rassemblent des extraits de la vie quotidienne et des luttes de ses habitants, dont on saurait bien peu s'ils ne s'étaient ménagés eux-mêmes un espace sur le web.

Dans un langage simple, les Quotidiens d'Urabá [es] nous font découvrir ceux qui tentent de faire partie du système éducatif et qui cherchent leur avenir au travers de « sentiers où une végétation foisonnante de mille couleurs veille sur les chemins en mauvais état. »

El agua es un bien escaso, pero abundan las soluciones para encontrarla. Por eso en nuestro Urabá cordobés la lluvia es sinónimo de felicidad. En esta tierra de contrastes y absurdos hay personas dispuestas a recorrer horas de camino, desafiando las condiciones del medio, para ir a la escuela.

L'eau est un bien rare, mais les solutions pour la trouver abondent. C'est pour cela que dans notre Urabá cordouanne la pluie est synonyme de joie. Dans cette terre de contrastes et d'absurdités, il existe des gens prêts à parcourir des chemins des heures durant, défiant les conditions météorologiques, pour aller à l'école.

Urabá a été l'un des départements colombiens touchés au début du mois d'avril par une « grève armée » décrétée par l'organisation criminelle connue sous le nom de « Clan Úsuga », un groupe qui pourrait bien s'imposer comme un acteur important dans la période post-conflit, si un traité de paix est signé entre le gouvernement et les groupes de guérilleros après plus de 50 ans de conflit armé.

Le conflit colombien a connu plusieurs étapes, mais il peut être vu comme le prolongement d'une lutte pour la possession des terres et l'orientation politique de la population civile, qui est constamment prise en étau entre les camps en présence.

Dans le contexte complexe du pays, comment vit-on dans une région en conflit ? Que signifie vivre dans des régions qui oscillent entre groupes armés et lutte pour le droit à la terre ? Cela fait des mois que les Quotidiens ne paraissent plus, mais les témoignages n'ont perdu ni de leur force ni de leur actualité. Ainsi, on peut toujours suivre dans ces pages les trajectoires de ceux qui sont en fin de compte les premiers sur la ligne de front dans les conflits politiques et économiques en Colombie.

Luttes personnelles sur fond de conflit armé

Les Quotidiens suivent de près les histoires des personnes qui les entourent, comme celle d’Ángel, qui pourrait bien n'être qu'un adolescent de plus dans une région où le bétail fait la richesse d'un petit nombre de propriétaires terriens. Les paramilitaires de droite sont apparus sur ce territoire pour contrer la guérilla de gauche. Ángel a grandi en voyant son père travailler pour les paramilitaires et, à l'âge de 12 ans, il suivi ses traces. Ces parents se sont séparés à cette époque et il s'est retrouvé confronté à un dilemme: rejoindre de manière durable les rangs de l'organisation criminelle ou poursuivre son rêve de devenir footballeur comme Cristiano Ronaldo. Un jour, il s'est décidé pour la deuxième option, il a fait ses valises et s'est mis en quête de sa mère :

Después de un tiempo la vida lejos de su mamá empezó a hacerse más difícil, no solo la extrañaba sino que también se enfrentaba con la obligación de vincularse formalmente al grupo para el que trabajaba esporádicamente, lo que significaba dejar su familia, su colegio y su sueño de ser como Cristiano Ronaldo. Ángel no es una persona que este dispuesta a renunciar a sus sueños tan fácilmente, así que alistó maletas y se fue a buscar a su mamá para, al igual que ella, empezar de nuevo.

Après un certain temps, la vie loin de sa mère est devenue plus difficile, non seulement elle lui manquait mais il se retrouvait également dans l'obligation d'intégrer de manière formelle l'organisation pour laquelle il travaillait de temps à autre, ce qui impliquait d'abandonner sa famille, son collège et son rêve d'être comme Cristiano Ronaldo. Ángel n'est pas du genre à renoncer à ses rêves si facilement, c'est pourquoi il a fait ses valises et s'en est allé chercher sa mère afin de repartir de zéro avec elle.

Quand le système éducatif ne se soucie pas des populations

Ángel ne vit pas dans le même monde que Richar, qui est aussi au cœur de l'une des histoires racontées par les Quotidiens. Richar habite une communauté isolée, où la distribution de l'eau et son assainissement sont un luxe. Richar est un « chilapo », comme on appelle avec mépris ceux qui ont du sang indien et africain, et il est piqué au vif quand on le relie à l'une de ces ethnies, peut-être en raison du déplacement de son peuple, dû également au conflit armé, et au fait que ses grands-parents avec lesquels il vit ne lui ont pas transmis cet héritage culturel:

“La escuela tendría entonces esa responsabilidad. En el área de ciencias sociales Los Estándares de Educación le apuntan al desarrollo de pensamiento crítico frente a diversos temas entre los cuales se encuentran: respeto por los derechos humanos e inclusión social. Cada institución educativa debe adecuar su plan de trabajo para lograr estos objetivos teniendo cierta libertad para decidir cómo, de acuerdo con su contexto.

Sin embargo el plan de área del colegio de Richar, al igual que el de muchos otros colegios, no fue elaborado pensando en las necesidades de los estudiantes que atiende, sino que fue copiado de Internet

Cela relèverait donc de la responsabilité de l'école. Dans le domaine des sciences sociales, les standards éducatifs mettent en avant le développement d'une pensée critique au regard de différents sujets parmi lesquels on trouve: le respect des droits humains et l'intégration sociale. Toute institution éducative doit adapter son plan de travail dans le but d'atteindre ces objectifs tout en disposant d'une certaine liberté pour décider de quelle manière, en fonction du contexte.

Cependant, le plan [de travail] de la zone du collège de Richar, tout comme celui de nombreux autres collèges, n'a pas été élaboré en tenant compte des besoins des élèves qui le fréquentent, mais copié sur Internet.

Sans ces principes, c'est non seulement la qualité de l'éducation reçue qui s'en ressent, mais aussi l'intolérance qui fait irruption à sa place:

“Richar cree que llamar a alguien indio o negro es un insulto, se resiste a aceptar hombres con el pelo largo, personas con tatuajes, mujeres solteras, acentos diferentes y diversidad religiosa. Esto significa que las futuras generaciones no tendrán las herramientas para construir la sociedad cohesionada y en paz que desde hace más de cincuenta años pretende el país.”

Richar pense qu'appeler quelqu'un indien ou noir est une insulte, il se refuse à accepter les hommes aux cheveux longs, les personnes tatouées, les femmes seules, les accents différents et la diversité religieuse. Cela signifie que les générations futures ne disposeront pas des outils pour construire la société structurée et pacifique à laquelle aspire le pays depuis plus de cinquante ans.

Mais la réflexion va bien au-delà. L'auteur du récit alerte sur le fait que l'Etat, plutôt que de promouvoir une vision intégratrice de l'éducation, fait le contraire:

Permiten la realización de ciertas actividades, como “El Día de la Antioqueñidad”, que lo único que genera es profundizar en los regionalismos, culpables de la segregación al interior de las comunidades con el imaginario de superioridad cultural.

Esta celebración conmemora del día de la independencia del departamento en 1813. Sin embargo la celebración no tiene ningún tinte histórico sino que se limita a exaltar el sector más poderoso del departamento, hacendados y empresarios blancos, olvidando que la historia antioqueña la han escrito también negros, mestizos, indígenas, desplazados, costeños. Al igual que en los demás departamentos de este país fragmentado por las ideas regionalistas.

On autorise la tenue de certaines activités, comme « Le jour de l'identité antioquienne », qui a pour unique conséquence de renforcer les régionalismes, responsables de la ségrégation au sein des communautés portée par l'idée de supériorité culturelle. Cette célébration commémore le jour de l'indépendance du département en 1813. On n'y trouve toutefois aucune référence historique, elle se limite à exalter le milieu le plus puissant du département, les propriétaires terriens et les patrons blancs, en oubliant que l'histoire d'Antioquia a aussi été écrite par des noirs, des métisses, des indigènes, des déplacés, des habitants de la côte. Comme c'est le cas également dans les autre départements de ce pays fragmenté par les idées régionalistes.

Cette exclusion, Joseph, personnage principal du récit Quand je serai grand je veux être [es], veut la rompre. Joseph est né à Itsmina, une localité du Chocó, le département voisin considéré comme le plus pauvre de Colombie, où la population d'origine africaine est majoritaire. Cela explique pourquoi, quand l'enseignante a demandé en classe d'éthique à ses élèves qu'ils imaginent comment ils se verraient une fois adultes, Joseph a été incapable de répondre. Mais c'est à ce moment qu'est née sa vocation. La nuit suivante, il a imaginé le reste de sa vie et s'est vu dans une salle de classe donner des cours. Joseph a donc finalement étudié à l'université de technologie du Chocó, il a achevé sa licence d'éducation physique et s'en est allé à Urabá poursuivre ses rêves.

Joseph est un homme avisé, qui a fondé une famille et mène à bien son travail. Cependant, l'Etat, toujours à distance, exige des professeurs de la qualité sans leur donner les ressources pour l'obtenir. Cela donne des cauchemars au jeune maître qui voient ses nuits raccourcies. Pourtant, ni l'environnement difficile, ni le désintérêt que ses collègues enseignants transmettent à leurs élèves, ni les réunions inutiles qui ne mènent à rien ne le poussent à renoncer comme d'autres l'ont fait.

Une région « emplie de rêveurs »

Les Quotidiens d'Urabá nous montrent avec inquiétude comment le modèle d'«Education nouvelle» imposé en raison du faible nombre d'élèves favorise un enseignement lacunaire. Ils nous alertent aussi sur la manière dont les croyances religieuses s'emparent d'une éducation qui doit être laïque comme le stipule la Constitution. Néanmoins, l'espoir perdure grâce à ceux qui sont derrière les luttes les plus importantes de la région:

“Menos mal [que esta] región está plagada de soñadores, líderes y personas dispuestas a demostrar que su historia no definirá su futuro.”

Heureusement [que cette] région est emplie de rêveurs, de meneurs et de personnes prêtes à démontrer que leur histoire ne dictera pas leur avenir.

Uruguay : quelques phrases célèbre de l'ex président José “Pepe” Mujica

vendredi 22 avril 2016 à 12:02
El expresidente de Uruguay José "Pepe" Mujica. Foto publicada en Flickr por OEA - OAS. Publcada bajo licencia Creative Commons.

Photo publiée sur Fick par OEA – OAS. Sous licence Creative Commons.

Certains seront d'accord, d'autres non, mais ce qui est indiscutable, c'est que l'ex président de l'Uruguay José Mujica (2010-2015) est devenu un des personnages les plus populaires du monde jusqu'à en arriver à être proclamé par  Monocle : “le meilleur président du monde” .

La notoriété remarquable que Mujica (“Pepe”, comme il se fait appeler en Uruguay) a su acquérir au niveau international est liée à quelques particularités de son gouvernement, a son niveau de vie modeste et au fait qu'il fasse don de 90% de son salaire pour des projets de lutte contre la pauvreté.

Ses choix politiques ont également attiré l'attention sur lui, principalement la loi légalisant l'usage de la marijuana et organisant le contrôle de sa vente dans le pays, qui a été largement approuvée.

Mais ce sont les déclarations de Mujica qui ont fait le tour du monde provoquant différentes réactions, du rejet à l'approbation totale.

Sans aucun doute la façon de s'exprimer  de “Pepe” est personnelle et directe. Le président est connu pour ne pas reculer devant la confrontation et savoir dire clairement ce qu'il pense. Ainsi, certaines de ses phrases resteront probablement dans l'histoire.

Nous vous présentons ici quelques phrases célèbres de José Mujica compilées sur son Wikiquote:

“La política está sujeta a volar como las perdices, cortito y rápido. Y se está necesitando política de largo aliento en un mundo que se globaliza”.“

En politique, il faut voler comme les perdrix, court et rapide, et on a pourtant besoin de politique à long terme dans un monde qui se globalise

“Para vivir hay que trabajar, ¿verdad? Y si no trabajás estás viviendo de garrón a costilla de alguien. Y la vida de parásito no es digna, pero tampoco podés vivir nada más que para trabajar. Así de sencillo. Porque lo más glorioso que tenés es la vida. Y eso, que es tan elemental es la cosa que más olvidamos, pero nos lo hace olvidar la cultura, el medio ambiente y sobre todo esa violencia de arrastre que tiene la sociedad de consumo y que parece que si no estamos subidos en ese tren nos vamos a morir”.

Pour vivre il faut travailler! C'est vrai, et si tu ne travailles pas tu vivras comme un voleur au détriment de quelqu'un! la vie d'un parasite n'est pas une vie digne, mais tu ne peux pas non plus ne vivre que pour travailler! C'est tellement simple tout ça, le plus glorieux que tu possèdes est ta vie. C'est tellement élémentaire et c'est ce qu'on oublie le plus. Tout nous pousse à l'oublier, la culture, le milieu ambiant et surtout l'attraction violente de cette société de consommation qui nous fait croire que si nous ne montons pas dans le train, nous allons mourir!

“Son los más pobres. Mi definición es la de Séneca: “Pobre es el que necesita mucho”. Porque el que necesita mucho, eso es infinito, esos son los más pobres”.

Pour les plus pauvres: ma définition est celle de Sénèque: ” Pauvre est celui qui a de gros besoins”; parce que pour celui là les besoins sont infinis, il est parmi les plus pauvres”

“tampoco me como la pastilla, no caigo en la poesía, porque hay una izquierda que se olvidó de discutir en la lucha por el poder y ahora se entretiene discutiendo el matrimonio igualitario”.

Je n'avale pas cette pilule, je ne tombe pas dans la poésie, parce qu'il y a une gauche qui a oublié de parler de la lutte pour le pouvoir et qui aujourd'hui se divertie en discutant du mariage égalitaire.

“Nosotros creemos que el narcotráfico, no la droga, el narcotráfico es el peor flagelo que estamos soportando recientemente en América Latina
Y no defendemos ninguna adicción, pero la vía represiva viene fracasando, ya llevamos muchas décadas y viene fracasando, entonces nosotros decimos “hay que tratar de arrebatarle el mercado, sacarle la razón de ser, que es arrebatarle el mercado”.

Nous croyons que le Narcotrafic, et non la drogue, est le pire fléau que subit actuellement l'Amérique latine. Nous ne prenons la défense d'aucune addiction, mais la méthode répressive est mise en échec, des décennies ont passées et c'est un échec, et nous disons: ” il faut essayer de détruire ce marché, lui ôter sa raison d'être, extirper ce marché”

“Abogo por una manera personal de vivir con sobriedad, porque para vivir hay que tener libertad y pa’tener libertad hay que tener tiempo…
Entonces soy sobrio para tener tiempo, porque cuando tú compras con plata no estas comprando con plata, estas comprando con el tiempo de tu vida que tuviste que gastar para tener esa plata”.

Je plaide pour ma façon personnelle de vivre sobrement parce que pour vivre il faut avoir de la liberté et pour avoir de la liberté il faut avoir du temps. Alors je suis sobre pour avoir du temps parce que quand tu achètes avec de l'argent, tu n'achètes pas avec de l'argent mais avec le temps de ta vie que tu as du donner pour avoir de l'argent

“Vale la pena vivir con intensidad, y te podés caer una, dos, tres, veinte veces, pero recuerda que te podés levantar y volver a empezar. (…) Derrotados son los que dejan de luchar, muertos son los que no luchan por vivir”.

Cela vaut la peine de vivre intensément, tu peux tomber deux fois, trois fois, vingt fois, mais rappelles toi que tu peux te relever et recommencer ( …) Ceux qui cessent de lutter sont vaincus, ceux qui ne luttent pas pour vivre sont morts.

““Lo que algunos llaman la crisis ecológica del planeta es consecuencia del triunfo avasallante de la ambición humana, ese es nuestro triunfo también nuestra derrota”.Continuarán las guerras y por tanto los fanatismos, hasta que tal vez la naturaleza nos llame al orden y haga inviable nuestra civilización”.

Ce que certains appellent la crise écologique, est la conséquence du triomphe accablant de l'ambition humaine, c'est notre triomphe, c'est notre déroute. Les guerres et les fanatismes continueront jusqu'à ce que la nature nous rappelle à l'ordre en rendant invivable notre civilisation.