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L'art contemporain dans les Balkans : entretien avec Jon Blackwood

mardi 18 décembre 2018 à 10:28

Igor Tochevski, Territoire, place de la Macédoine, Skopje, 2009. Reproduit avec autorisation.

[Sauf mention contraire, les liens renvoient à des pages en anglais.]

Jon Blackwood est un conservateur d'art contemporain, écrivain et professeur à la Gray's School of Art de l'université Robert Gordon à Aberdeen. Chercheur en art contemporain spécialiste du territoire de l'ex-Yougoslavie, plus particulièrement de la Macédoine et de la Bosnie-Herzégovine, il partage son temps entre l'Ecosse et les Balkans. Son livre Critical Art in Contemporary Macedonia (2016) est la première étude approfondie des courants alternatifs de l'art contemporain en Macédoine rédigée en langue anglaise.

Dans un entretien avec Global Voices, le chercheur revient sur l'objet de ses recherches et les connexions qu'il cherche à établir entre les différentes parties de l'Europe, sans céder aux stéréotypes en vigueur sur la région des Balkans :

Filip Stojanovski (FS) : Comment le monde « occidental » de l'art perçoit-il le milieu artistique de l'ex-Yougoslavie ou, plus largement, des Balkans ?

Jon Blackwood. Archives personnelles.

Jon Blackwood (JB) : C'est une question à laquelle il est difficile de répondre avec précision. Je pense en effet que l'emploi de cette vieille opposition binaire entre « Ouest » et « Est » n'est plus d'actualité, car à mesure que la guerre froide s'enfonce dans le passé, cette opposition est de moins en moins signifiante pour les gens. Peut-être la distinction entre « l'UE » et « le reste de l'Europe » est-elle plus parlante.

Il existe de petits groupes de spécialistes d'Ecosse, d'Angleterre, de France, d'Allemagne, d'Autriche et d'Amérique du Nord qui mènent des recherches très pointues dans le domaine de la culture visuelle des pays d'ex-Yougoslavie. En dehors de ces groupes, je crains que cette scène reste confrontée à pas mal d'incompréhension et d'ignorance.

En ce qui concerne le milieu de l'art, l'intérêt qu'il suscite s'est un peu accru ces dernières années. J'ai commencé à travailler activement sur l'histoire de l'art de la Yougoslavie et à étudier le milieu de l'art contemporain dans l'espace post-yougoslave vers 2006, pour la simple raison que j'avais été frappé par les œuvres que j'avais vues, mais ne trouvais presque aucune documentation en langue anglaise à leur sujet. La situation a énormément évolué ces dix dernières années.

Par exemple, ces deux ou trois dernières années, la Tate a créé un comité d'acquisition dédié à la Russie et à l'Europe de l'Est, et elle commence à exposer régulièrement dans ses collections permanentes les travaux d'artistes comme Braco Dimitrievitch, originaire de Bosnie-Herzégovine, ou Sanja Iveković, originaire de Croatie. De même, la remarquable exposition d’architecture yougoslave au MoMA [Musée d'art moderne de New York, NdT] montre qu'il existe désormais un réel intérêt pour cette région. Il y a d'autres établissements, comme la fondation Calvert22 à Londres ou le centre d'art contemporain de Nottingham dans les Midlands de l'Est, dont les activités reflètent un intérêt de longue date, mais plutôt sporadique, du Royaume-Uni pour l'art yougoslave, intérêt apparu au début du XXe siècle après les travaux du sculpteur Ivan Meštrović [fr].

FS : Quels problèmes avez-vous rencontrés en tant que chercheur ne résidant pas à l'année dans les Balkans, et qui a besoin d'être informé en anglais ?

JB : Des sites anglophones comme Global Voices, Meta.mk et Balkanist, mais aussi des journalistes indépendants, par exemple Vladimir Petreski sur Twitter, sont des ressources critiques pour un chercheur comme moi, étudiant la région des Balkans. Quant aux journaux internationaux qui ont couvert sérieusement les agissements des hommes politiques et diplomates ayant participé aux mouvements de protestation et aux troubles politiques en Macédoine dans les années 2015-2017, ils ne sont qu'une poignée.

C'est seulement en cas de situation de crise extraordinaire, telle que les événements au Kosovo [fr] dans les années 1999-2001, que la situation en Macédoine fait l'objet d'un traitement sérieux. Je reste également convaincu que si les journalistes ont décrit cette situation dans nos médias, ce n'est pas par réel intérêt pour les affaires intérieures de la Macédoine, mais à cause des efforts accrus de la part des États-Unis et de l'Union européenne pour s'ingérer dans le processus de sortie de la crise politique, débuté en 2016-2017, et aussi parce qu'ils ont vu dans quelles conditions effroyables les populations déplacées traversaient la Macédoine.

FS : Quels sont les principaux résultats de vos recherches sur le territoire de l'ex-Yougoslavie ?

JB : Quand j’ai commencé pour la première fois à travailler sur cette région, j'ai été très surpris de voir à quel point la Yougoslavie continuait à exister sur certains plans de la sphère culturelle, alors que son existence avait pris fin au sens politique et juridique. Dans les années 2000, la notion d'un espace culturel yougoslave avait encore un sens : à Skopje, les gens s'intéressaient aux romans qui sortaient à Ljubljana, et les artistes de Split ou de Dubrovnik aimaient bien savoir ce qui se passait à Novi Sad. En 2018, je crains que ce ne soit plus vraiment le cas.

En Macédoine, comme vous le savez, le système de financement de la culture et les infrastructures culturelles n'ont pratiquement pas changé depuis l'époque de la Yougoslavie : cette sphère survit avec un financement qui correspond à un cinquantième de ce qui lui était dédié jusqu'à 1991. Dans ces régions de l'ex-Yougoslavie qui sont encore en dehors de l'Union européenne, j'ai l'impression que les institutions gouvernementales, bien qu'elles existent, ont à de rares exceptions près cessé depuis longtemps de remplir leurs fonctions initiales.

Conséquence de la faillite de ces institutions, les artistes ont dû créer eux-mêmes des infrastructures culturelles et un écosystème, et ils essaient de travailler dans ce sens. Pour être tout à fait juste, je dirai qu'il y a à Belgrade une scène artistique autonome et florissante bien qu'elle reçoive des moyens budgétaires minimaux – mais ils sont complétés par des subsides venant de grandes fondations internationales et de certaines ambassades.

Obsessive Possessive Aggression [un collectif d'artistes fondé en 2001], ContraContraBeacon, 2016. Reproduit avec autorisation. À l'aide d'un phare installé sur le toit de la galerie d'art contemporain à Skopje, OPA a utilisé l'alphabet morse pour délivrer de façon subliminale sa vision de la situation politique au moment où la crise a débouché sur une impasse politique.

FS : Quelles sont les principales priorités quand on s'occupe de développer l'art dans cette région ?

DB : Je pense que le problème numéro un des républiques qui se trouvent sur le territoire de l'ex-Yougoslavie réside dans la disparition d'un public passionné. Le conflit armé, la paupérisation, la destruction des conditions de travail de la classe ouvrière et de la classe moyenne, l'abaissement notable des standards éducatifs, la polarisation économique, l'afflux de migrants et de réfugiés ainsi qu’une politique anti-historique de nationalisme ethnique dirigée contre les intellectuels… tous ces processus interdépendants réduisent de façon catastrophique le nombre de ceux qui s'intéressent à l'art contemporain. Quand la majeure partie des citoyens est obligée de diriger tous ses efforts vers la simple survie, rien d'étonnant à ce qu'ils aient perdu l’habitude de fréquenter les galeries d'art et de manifester quelque intérêt pour les autres formes d'expression artistique comme le théâtre, la danse ou le ballet.

En tout cas, l'artiste contemporain, peu importe d'où il est natif, est obligé d'être nomade. Les artistes célèbres auront toujours la possibilité de travailler sur des projets à l'étranger tout en maintenant des liens avec la communauté où il se sont formés. Partout dans l'espace ex-yougoslave, on en trouve des exemples, et à cet égard ces créatifs travaillent exactement de la même façon que leurs homologues du monde entier.

Reste que les artistes sont très peu nombreux à travailler activement ici ; la plupart sont obligés, soit de prendre dès la fin de leurs études un emploi qui n'a rien à voir avec leur art et de réserver la pratique de celui-ci à leur temps libre, soit de cesser complètement leur activité artistique par manque d'opportunité. Si l'on ajoute que le marché intérieur ne fonctionne pas, il faut vraiment que les jeunes ressortissants de pays des Balkans occidentaux qui n'appartiennent pas à l'UE soient préparés le mieux possible aux attentes des marchés européen et global et aux moyens d'y accéder effectivement.

Si les gouvernements futurs de cette région souhaitent contribuer à l'émergence de jeunes artistes et les soutenir, leur accorder des moyens financiers, même peu importants,  serait un très grand pas en avant, de façon à leur permettre de voyager, de monter des expositions dans le monde entier ou de faire de courts stages ayant un intérêt pour leur travail. De petites sommes d'argent consacrées à des programmes de ce genre pourraient donner des résultats significatifs dans l'avenir, car elles aideraient des jeunes gens doués qui, dans le cas contraire, seraient totalement perdus pour l'art. La tourisme culturel en Europe est en train de devenir un business qui représente des millions de dollars, mais il ne pourra jamais prospérer sans une base saine et sans infrastructures culturelles.

FS : Comment votre travail est-il reçu dans les différentes parties de l'Europe dont vous couvrez la vie culturelle ?

DB : Des gens comme moi doivent avoir conscience de la situation délicate des pays de l'ex-Yougoslavie. Dans mon cas, au début je ne parlais aucune des langues locales et j'avais tout au plus une information très générale sur mon territoire de destination, et pour compenser tout cela, il m'a fallu beaucoup de temps et d'efforts. Les gens comme moi, qui arrivent dans des pays comme la Bosnie, la Serbie ou la Macédoine, promettent la lune et puis disparaissent sans avoir rien fait d'autre qu'ajouter quelques lignes à leur CV, tout le monde en a assez. C'est pourquoi mes débuts ont été marqués par un peu de suspicion et des encouragements quelque peu ironiques, je suppose.

Le résultat, lui, a dans l'ensemble été accueilli favorablement. Mon travail se base avant tout sur des contacts personnels et des discussions, et quand c'est nécessaire, je me plonge dans les archives des bibliothèques. Mon livre Critical Art in Contemporary Macedonia, qui est sorti en 2016, a été très commenté de façon informelle et souvent positive. Bien sûr, il y a toujours des questionnements sur le choix de travailler sur ces artistes-là et ces conservateurs-là précisément, mais dans ce genre de projet, c'est tout à fait normal.

Je suppose que mon plus grand plaisir a été d'organiser en Ecosse une exposition des travaux d'artistes contemporains de la région que j'ai étudiée. J'ai été le curateur d'une exposition d'art vidéo macédonien à la Gray's School of Art, où je travaille maintenant, puis d'une exposition à Perth en 2017 avec six femmes vidéastes bosniaques.

Jon Blackwood (le deuxième à gauche au second rang) avec les artistes bosniaques qui ont participé à l'exposition « Captured State » (« État capturé ») dans le complexe artistique Summerhall à Edinbourg en 2017 et Richard Demarco, le fondateur de Summerhall (assis au centre).

En 2018, dans notre monde hyper visuel, les gens ont l'œil blasé, donc les artistes et curateurs ont plus de travail que jamais pour retenir l'attention du public. Présenter pour la première fois au public d'Edimbourg le travail d'artistes comme Igor Tochevski, OPA, « Ephemerki » et Verika Kovacevska a été une expérience géniale, et a permis d'aiguiser l'intérêt des gens pour les Balkans.

C'est le complexe artistique Summerhall d'Edinbourg qui a accueilli l'exposition « Captured State », et je prépare dans le même espace, pour 2020 ou après, une autre exposition, cette fois de travaux de Bosnie-Herzégovine sur lesquels nous commençons seulement à travailler.

Jon Blackwood photographié au centre culturel Marko-Cepenkov sous la fresque murale « Lutte pour la libération nationale » de Borko Lazeski. Il s'agit d'une fresque peinte dans les années 1990-91, et ceci est une copie de cette œuvre qui a été détruite dans la gare de Skopje pendant le tragique tremblement de terre de Skopje, le 26 juillet 1963 [fr].

L'année 2019 sera, je pense, importante pour mon travail sur l'art macédonien, car toute une série de projet sur lesquels je travaille depuis longtemps vont aboutir. Je suis en train de terminer un ouvrage d'introduction en anglais au travail du célèbre peintre moderniste et maître de l'art de la fresque Borko Lazeski (1917-1993), qui est l'un de mes héros dans cette région. Grâce au soutien du Global Challenges Research Fund, soutenu financièrement par le Conseil écossais, j'ai pu consacrer deux étés merveilleux à l'analyse de ses travaux, que je tente de décrire correctement dans le texte que je signe, pour leur donner une large audience au niveau international, comme le méritent les dessins, fresques et tableaux inspirés de Borko.

À l'été 2019, je vais installer à Aberdeen une exposition de trois jeunes artistes de Macédoine dans le cadre d'un nouveau programme d'échange entre la Macédoine et l'Écosse. J'espère que les jeunes conservateurs de Macédoine auront la possibilité de travailler avec trois jeunes artistes écossais avant la fin de l'année, à Skopje. Aujourd'hui, je suis vraiment heureux que ces projets se concrétisent.

La nouvelle chaise roulante robotique japonaise propose-t-elle “des réponses aux problèmes que les personnes handicapées n'ont pas »?

lundi 17 décembre 2018 à 20:37
tmsuk rodem mobility robot

Le robot de mobilité RODEM de Tmsuk. Arrêt sur image d'une vidéo de www.tmsuk.co.jp/rodem/

J’aime la technologie. Je suppose que je suis ce qu'on appellerait en japonais un ‘gijutsu otaku,’ (技術オタク), une personne qui aime excessivement la technologie. C’est peut-être dû au fait d'avoir grandi à une époque où il y avait encore des ordinateurs centraux et où les ordinateurs personnels (pc) ne pouvaient que gérer dans le meilleur des cas des traitements de texte ou des jeux dont le graphisme était de qualité médiocre. La technologie est une nécessité pour moi vu que je suis aussi handicapé. L’ordinateur portable et le smartphone sont tous deux indispensables pour ma vie de chaque jour, mais il y a également des dispositifs d'assistance qui sont à la fois sympas et fonctionnels, et la robotique est un domaine que je suis avec beaucoup d'intérêt. Les voitures sans conducteur ne peuvent certainement pas arriver assez vite sur le marché à mon goût.

Cependant, il m'arrive d'être hésitant quant à certains développements technologiques particuliers, car l'ambition technologique peut dans certains cas surpasser les préoccupations relatives aux fonctionnalités. Prenons l'exemple de l'innovation récente de Tmsuk Co. Ltd, une société basée à Munakata City, préfecture de Fukuoka, qui a mis sur le marché à la mi-décembre 2017 un nouveau type de chaise roulante robotisée appelée « Rodem ». Le Rodem est conçu pour permettre à son utilisateur le passage de la chaise roulante au lit beaucoup plus facilement que l'ancien modèle traditionnel.

Le Nikkei Technology rapporte :

“Le robot “Rodem” a été développé de telle sorte que l'utilisateur puisse facilement se déplacer en fauteuil roulant depuis un lit, un canapé, etc. Au moment de monter / descendre du robot, son siège fait saillie vers l'arrière et s'abaisse en diagonale, et l'utilisateur enfourche le siège par derrière. Il n'y a pas de dossier, mais l'utilisateur peut se pencher en avant pour mettre son poids sur la partie avant du siège. Le robot peut être rechargé en utilisant une source d'énergie domestique de 100v. Après huit heures de charge, il peut parcourir 15 km ou plus. Sa vitesse maximale est de 6km/h.”

En outre, le robot peut être contrôlé par un smartphone, offrant la possibilité de le contrôler à distance, de le rapprocher ou de l'éloigner d'un lit, par exemple.

C’est la commodité et le confort apparents qui font que le “Rodem” soit aussi attrayant, Pouvoir entrer et sortir du lit facilement sans avoir à demander de l'aide à un/une auxiliaire de vie, et avec une chaise roulante aussi “cool », c'est forcément une bonne chose, non ? “Alors que les fauteuils roulants classiques serrent dans leurs bras, le Rodem porte sur son dos”, a déclaré le Président de Tmsuk, Yoichi Takamoto, laissant entendre qu'il en était convaincu.

Un porte-parole de la société Tmsuk Co. a également déclaré dans un article paru dans The Daily Mail que le Rodem avait pour but de “briser les obstacles auxquelles sont confrontés les seniors et les personnes handicapés”, tout en permettant par le “mouvement d'élargir l'espace de vie des utilisateurs et d'améliorer leur qualité de vie.”

Le désir en lui-même de briser les barrières et accroître la chance d'avoir une meilleure qualité de vie pour les personnes handicapés est certainement une bonne chose. Or, certains dans ce public gardent des doutes quant au Rodem.

Mik Scarlet, expert britannique en accessibilité et inclusion, et utilisateur de chaise roulante, a  tweeté qu'il en avait marre ” …des concepteurs de produits bourrés d'ego qui nous disent ce dont nous avons besoin et qui inventent des solutions à des problèmes que les personnes handicapées n'ont pas. “Ça ne fait pas avancer les technologies de l'accessibilité mais fait bonne figure dans les médias.”

Scarlet n'a pas non plus mâché ses mots dans une conversation en message privé avec moi sur Twitter. “Le Rodem prouve que les concepteurs n'ont aucune idée de ce qu'est vraiment une chaise roulante ni de leurs utilisateurs”, a-t-il déclaré. “Le concept bizarre du transfert dans celui-ci montre que très peu d'utilisateurs de chaises ont pris part au processus de conception. Transférer sur le Tmsuk Rodem est en fait beaucoup plus difficile que le transfert latéral habituel, et la perte du dossier réduit de beaucoup le soutien. Cela ne fonctionne pour presque aucun utilisateur de chaise roulante.”

Si son objectif est d'aider la majorité des utilisateurs de chaise roulante, a déclaré Mik Scarlet, le Tmsuk Rodem n'est tout simplement pas à la hauteur. Mais pour les médias et le grand public ça a l'air d'une excellente idée. D’après un article déballé en décembre 2017 sur le site technologique Engadget, “La chaise roulante robotique vous offre une conduite sur le dos qui vous permet non seulement de monter à bord, mais également de vous placer dans une position haute et avancée. Il est plus facile de se brosser les dents, de se préparer le petit-déjeuner ou simplement d'avoir des conversations face à face”.

Je tends aussi à m'interroger sur les motivations de l'intérêt du Japon pour la robotique, qui peuvent inclure le manque de personnel pour certains emplois. Hôpitaux et maisons de repos sont parmi les secteurs au Japon en grand sous-financement et sous-effectif, et dans des domaines comme le service clients, la robotique prend littéralement le dessus. A présent ce sont les aides à la mobilité. Tout ça est très commode, mais la commodité, en l'occurrence, semble consister à ne pas avoir affaire à des êtres humains. Cela peut convenir à quelqu'un qui veut faire un achat dans un magasin, mais sera moins agréable, peut-on imaginer, pour le vendeur que le robot remplace dans son emploi.

Se mettre au lit et en sortir est une des tâches les plus difficiles, et pourtant essentielles auxquelles est confrontée une personne handicapée, et je suis sûr qu'un jour, un engin robotisé sera développé qui satisfera les préoccupations de Mik Scarlet et autres sur sa physique, et éliminera entièrement la dépendance des utilisateurs de chaise roulante envers les auxiliaires de vie. Mais dans son incarnation présente, le Tmsuk Rodem n'en est pas là.

Il semble aussi que le Rodem s'adresse aux personnes âgées qui ne peuvent avoir accès à un auxiliaire de vie, notamment celles qui habitent les zones rurales du Japon, où existe un besoin particulier de plus d'auxiliaires de vie. Alors voilà ma question : au lieu de développer de nouvelles technologies qui peuvent s'avérer inadaptées, pourquoi ne pas au minimum former davantage d'auxiliaires de vie professionnels ?

 

“Madagascar doit mettre en place un cadre qui respecte les droits de tous les citoyens Malagasy”

dimanche 16 décembre 2018 à 22:00

Manifestation à Tuléar contre le projet d’expropriation de nombreux villageois de terres qu’ils possèdent depuis toujours par « Toliara Sands » – photo de CRAAD-OI avec leur permission

A la veille des élections qui vont décider le futur de Madagascar pour les 5 prochaines années (19 Décembre 2018), de nombreux sujets n'ont pas été débattu lors de la campagne présidentielle et qui sont pourtant au coeur des préoccupations des citoyens malgaches. L'un de ces sujets est l'exploitation des terres par les multinationales étrangères. Pour rappel, l'origine du coup d'état de 2009 reposait sur la potentielle de vente de terres arables à l'exploitant coréen Daewoo. Depuis, l'investissement dans les terres à Madagascar n'a pas diminué, bien au contraire. Le CRAAD-OI est une organisation Pan-Africaine indépendante à Madagascar qui a pour mission de promouvoir des alternatives de développement durable. La réprésentante de CRAAD-OI, Zo Randriamaro, est experte dans la protection des droits des communauté malgache à la propriété foncière. Zo et le CRAAD-OI vient de recevoir le Prix des Droits de l’Homme 2018 décerné par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme pour leur contributions remarquables à la cause des paysans et pêcheurs à Madagascar. Global Voices a interviewé Zo sur les attaques subies par les communautés locales par les investisseurs fonciers comme le cas de Toliara Sands: une société ayant obtenu un permis d'exploitation en 2016 pour une concession minière de 3.200 ha, et un permis de recherche pour 3 autres concessions minières, ce qui porte l'ensemble de son périmètre minier à un total de 407 km2 à Madagascar.

GV: Si on fait un état des lieux des textes de lois, de la règlementation de l’exploitation foncière à Madagascar et de leurs applications pratiques, peut-on dire que le bilan global est plutôt satisfaisant, alarmant ou “peut-mieux faire”?

Zo Randriamaro (ZR): La problématique du foncier à Madagascar est caractérisée par la dualité entre les réformes des textes de lois et de la règlementation qui ont abouti à des progrès significatifs d'une part, et leurs applications pratiques qui sont loin d'être satisfaisantes d'autre part. A titre d'exemple, si on considère les occupants traditionnels qui forment la grande majorité des exploitants fonciers à Madagascar, la reconnaissance de leurs droits fonciers est dûment inscrite dans la législation et la règlementation foncière, cependant ces droits sont peu respectés dans les pratiques et les réalités du régime foncier à Madagascar. Il est donc évident qu'il faut absolument améliorer ce bilan qui est pour le moins alarmant à l'heure actuelle.

GV:  D’un point de vue extérieur, il semble que Madagascar est plus souvent sujet à des controverses liés à l’exploitation des terres que les autres pays?  Est-ce une perception légitime et si oui, pourquoi le sujet est-il aussi épineux à Madagascar?

ZR: C'est une perception légitime, compte tenu du fait qu'il a été établi par des études récentes que Madagascar figure en tête des pays les plus touchés par le problème des accaparements de terres en Afrique. Les enjeux fonciers sont devenus de plus en plus disputés, dans un contexte où près de 8 citoyens Malagasy sur 10 vivent dans la pauvreté et dépendent de la terre pour leur moyens d'existence et leur survie. Le sujet est devenu d'autant plus épineux qu'il touche à un aspect fondamental de la culture Malagasy qui accorde à la terre une valeur spirituelle telle que celle-ci est considérée comme étant un bien commun à tous les Malagasy – y compris les ancêtres et les futures générations – qu'il est absolument interdit de vendre à des étrangers.

GV: Vous avez souvent sonné l’alerte sur les agissements pour faire taire les défenseurs des droits des communautés locales, le dernier en date étant les représailles à l'égard de l'Association MA.ZO.TO. dans le dossier Toliara Sands.  Pouvez-vous résumer pour les novices les points clés de ce dossier et faire le point sur la reaction des autorités sur cette affaire?

Le dossier Toliara Sands concerne le projet minier financé en majorité par BASE RESOURCES, une société australienne, pour l’exploitation de l’ilménite et de métaux lourds précieux (rutile, zircon et leucoxène) dans les prochaines années le long de la côte Sud-Ouest de Madagascar. Il faut savoir que le siège de cette société est enregistré dans le paradis fiscal de l'Ile Maurice, ce qui lui permet de ne payer que 3% d'impôts sur ses bénéfices à l'Ile Maurice en vertu de l'accord fiscal bilatéral entre cette dernière et Madagascar.

Depuis le mois d'octobre 2014, des consultations publiques organisées dans les zones concernées par le projet minier et dans la ville de Toliara avaient donné l’opportunité à plusieurs communautés riveraines d’exprimer leur refus de ce projet minier. Ce refus a été réaffirmé et motivé dans un Memorandum daté du 5 novembre 2014, qui a été remis par les responsables de l’association MA.ZO.TO. qui regroupe les représentants des communautés riveraines du projet aux responsables de l'Office National pour l'Environnement en charge de la délivrance du permis environnemental nécessaire au projet Toliara Sands pour commencer ses opérations d'exploitation.

Ce Memorandum rapporte les opinions des représentants de 17 fokontany (circonscription administrative de base) des communes d’Ankilimalinike, Milenake, Tsianisiha, Marofoty, Ankililoaka, Manombo Sud qui ont pris la parole au cours de l’audience publique à Tuléar le 19 octobre. Le premier point souligné dans ce Memorandum concerne l’absence de transparence dans la communication entre la population, la société et les autorités notamment l’insuffisance des informations transmises concernant les impacts négatifs du projet – lesquels ont déjà été observés à Madagascar comme dans d'autres pays – et les mesures prévues pour les éviter.

Ce Memorandum justifie le refus du projet d’extraction de l’ilménite par un ensemble de risques et de menaces inévitables qui auront des impacts sur divers aspects de la vie de la population et des générations futures, et qui montrent notamment que les droits fondamentaux à se nourrir et à se loger sont menacés par le projet :

- la destruction des forêts et des bois précieux ainsi que des animaux qui y vivent;
– la pollution par les déchets des activités minières du sol et de l’eau destinée à la consommation humaine et animale et à l’arrosage des cultures, ainsi que la pollution de l’eau marine qui risque d’empoisonner les poissons;
– la pollution de l’air par la poussière et les particules issues des activités extractives;
– la pollution sonore et les impacts de cela sur le tourisme;
– la diminution des eaux disponibles pour les rizières et la restriction des surfaces cultivables dans les sites d’extraction et les zones riveraines;
– la perte inévitable de leur habitation par les familles de certains quartiers de Tuléar proches du littoral à densité élevée de population qui se trouvent seulement à 2 km;
– le déplacement au démarrage du projet des Mikea, Masikoro, Vezo, etc., qui ne pourront pas exercer leurs activités de subsistance : agriculture, élevage, chasse, pêche en eau douce et en mer;
– l’inflation et la hausse du coût de la vie;
– les conséquences de la radioactivité sur l’air, l’eau et la santé des habitants;
– le risque de disparition de la culture et des coutumes locales, suite à la destruction des habitations et des tombeaux.

Par ailleurs, une Etude d’Impact Environnemental et Social menée en 2006 avait déjà annoncé que la réalisation de ce projet non seulement provoquerait un déplacement des habitants de la concession minière qui inclut des zones de pâturage, des terres agricoles et des ressources naturelles nécessaires à leur subsistance, mais de plus l’environnement sera détruit, y compris des lieux de vie et des sources d’alimentation des communautés riveraines.

Au lieu de prendre en compte tous ces problèmes soulevés par la population locale, les autorités ont souligné que dans tous les cas, « il faut que le développement se fasse », ce qui démontre leur volonté délibérée d’étouffer l’opposition légitime des riverains menacés, dont les intérêts vitaux ne comptent pas à leurs yeux.

Face au refus de la grande majorité des communautés concernées par le projet, le Conseil des Ministres du 11 avril et du 18 juillet 2018 a déclaré d'utilité publique les travaux de construction des infrastructures portuaire et routière du projet minier de TOLIARA SANDS SARL, ainsi que ses “travaux d'exploitation dans le périmètre des sites miniers situés dans les Communes d'Ankilimalinike, Tsianisiha et portant acquisition par voie amiable ou par expropriation pour cause d'utilité publique des parcelles de terrain et/ou immeubles touchés par ces travaux.”

Suite à ces décisions du Conseil des Ministres, les communautés concernées se sont mobilisées pour réaffirmer leur opposition aux Déclarations D'utilité Publique (DUP) au profit de TOLIARA SANDS SARL, en particulier la communauté Vezo des pêcheurs qui s'est exprimée avec force à ce sujet au cours d'une manifestation publique le 27 juillet 2018. Avec l'appui du CRAAD-OI, l'Association MA.ZO.TO. a déposé une requête en annulation de ces DUP auprès du Conseil d'Etat, et a également lancé à cet effet une pétition en ligne

Les lauréats du prix des droits de l'homme (de droite à gauche): Zo et CRAAD-OI a reçu le 2ème prix, derrière Mr Clovis Razafimalala, militant écologiste qui a reçu le 1er prix et avant une organisation de défense des droits des femmes et des victimes de violences basées sur le genre qui a reçu le 3ème prix. Photo viq CRAAD-OI avec leur permission

GV: Votre lutte pour les droits des communautés a commencé depuis bien longtemps. Racontez-nous votre parcours (dans la mesure du possible) et dans ce parcours, il y a-t-il eu un cas en particulier qui vous a particulièrement marqué sur la violation des droits des communautés locales?

Le CRAAD-OI a été fondé en 2012, dans le contexte de la grave crise politique, sociale et économique traversée par Madagascar, par un petit groupe d'experts, de chercheurs et de praticiens du développement guidé par la vision d’une société où tous les citoyens Malagasy sans exception vivent dans la dignité, sont égaux en droits, et sont libérés de la pauvreté et de l’insécurité sous toutes ses formes.
Il a pour principaux objectifs de contribuer au respect, à la protection, à la promotion et à la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels à Madagascar, en adaptant ses interventions aux besoins et aux priorités définies par les réalités dans les différents contextes aux niveaux local et national. De ce fait, les domaines du foncier et des investissements privés dans les secteurs de l’agriculture et des industries extractives sont les domaines prioritaires d’intervention du CRAAD-OI, compte tenu des risques élevés d’atteinte aux droits économiques, sociaux et culturels – en particulier aux droits d’accès aux terres cultivables et aux ressources naturelles ainsi qu’au droit à l’alimentation – des paysans et des personnes vivant dans les zones géographiques du pays où se situent les projets d’investissements dans ces domaines. Actuellement, le CRAAD-OI coordonne l'Observatoire Indépendant des Droits Economiques, Sociaux et Culturels à Madagascar (OIDESCM) dont des antennes ont été mises en place dans huit (8) régions du pays.

Les actions de défense et de promotion des droits de l’homme du CRAAD-OI se situent à plusieurs niveaux, en donnant la priorité à l'appui technique et financier aux communautés concernées pour la défense de leurs droits contre les grand projets miniers ; la protection de leurs droits fonciers et leur sécurisation foncière ; la sensibilisation sur leurs droits économiques, sociaux et culturels ; leur formation en matière de législation foncière et minière ; la défense des droits des occupants menacés ou victimes d'éviction de leurs terres; l'assistance juridique aux victimes de violations de leurs droits; l'appui au développement d'activités alternatives de génération de revenus pour les femmes (apiculture, agriculture biologique, élevage caprin).

Au niveau institutionnel et national, le CRAAD-OI mène des campagnes de plaidoyer et de lobbying pour la protection et la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels des communautés concernées dans le cadre des politiques et des programmes de développement de l'Etat (par exemple dans le cadre de la mise en place des Zones d'Investissement Agricole et des Zones Economiques Spéciales), et participe à la révision du cadre légal et réglementaire des investissements privés aux fins d'assurer la prise en compte et le respect des droits humains (révision du Code Minier et du Code pétrolier). Le CRAAD-OI a aussi initié le processus d'élaboration et de concertation avec la société civile, le gouvernement et les institutions étatiques, et le secteur privé sur la Charte Tripartite pour le respect des droits humains et le développement durable dans le cadre des investissements privés à Madagascar.

Au niveau international, le CRAAD-OI collabore avec les organisations internationales de défense des droits de l'homme (Amnesty International, Frontline Defenders), et a lancé des
campagnes de mobilisation pour la libération des défenseurs des droits arrêtés dans l'exercice de leurs activités et pour le respect de leurs droits (cas des meneurs du mouvement de Soamahamanina, de Clovis Razafimalala et de Raleva).

J'ai été particulièrement marquée par l'arrestation et la condamnation à 2 ans d'emprisonnement avec sursis sur la base de fausses accusations de Raleva, membre de l'antenne régionale de l'Observatoire Indépendant des Droits Economiques, Sociaux et Culturels coordonné par le CRAAD-OI, pour la seule et unique raison qu'il avait demandé à voir les permis autorisant une société chinoise à exploiter l'or dans la rivière Isaka qui traverse la commune où il habite dans le district de Mananjary, alors qu'il a été prouvé que cette société opérait illégalement et utilisait du mercure avec des effets catastrophiques sur l'environnement et la santé de la population riveraine. Le CRAAD-OI continue à le soutenir dans la procédure en cassation de son jugement, tandis que la société chinoise continue ses opérations en toute impunité.

GV: Quel regard portez-vous sur le potentiel de développement économique  qu’apporte les investisseurs internationaux?

Pour moi,  il ne s'agit pas d'être pour ou contre les investisseurs internationaux, bien que l'histoire économique mondiale montre que c'est un processus de développement économique endogène conçu et mis en oeuvre avec la participation des communautés à la base qui a le plus grand potentiel de réussite et de pérennité. Dans le cadre de la mondialisation de l'économie, un pays comme Madagascar doit commencer en priorité par mettre en place un cadre de régulation qui lui permettra d'assurer que les investissements internationaux contribueront de manière effective à l'atteinte des objectifs de développement économique qu'il s'est fixé, dans le respect des droits de tous les citoyens Malagasy et des impératifs de protection des écosystèmes et de la biodiversité qui constituent son patrimoine naturel unique au monde.

GV: vous travaillez avec de nombreuses organisations pour la défense des droits des communautés. Est-ce-que chaque association a une expertise/fonction spécifique et comment se déroule la coordination en general?

Le choix des partenaires est effectué en fonction de l'expertise/fonction spécifique qu'ils peuvent apporter dans la mise en oeuvre des différents projets/campagnes qui concernent différentes thématiques liées aux droits économiques, sociaux et culturels, et/ou à la justice sociale, économique et écologique. La coordination s'effectue sur la base d'une convention de partenariat qui définit les rôles et les responsabilités de chaque partie. Généralement, les associations basées au niveau local sont responsables des activités au niveau communautaire, tandis que l'équipe du CRAAD-OI s'occupe de leur appui technique et des actions à mener aux niveaux national et international.

GV: Sur les dossiers en cours, quels facteurs pourraient faire basculer les décisions en faveur des communautés locales:  une sensibilisation accrue de l’opinion publique, une intervention des partenaires internationaux, une politique gouvernementale différente ?

Le facteur déterminant est assurément la volonté politique du gouvernement d'écouter et de prendre en compte la voix des communautés locales, tandis que la sensibilisation accrue de l'opinion publique et une intervention des partenaires internationaux pourraient accentuer la pression sur les gouvernants pour que cette volonté politique devienne effective.

GV: A l’échelle individuelle du citoyen lamba, comment peut-on aider ces communautés ?

Ces communautés ont un besoin crucial de savoir qu'elles ne sont pas seules dans leur lutte et que d'autres citoyens soutiennent leur cause. Chacun peut manifester de la solidarité à leur égard de la manière qui lui semble la plus appropriée : par exemple, beaucoup de gens peuvent écrire au nouveau Président de la République de Madagascar pour lui demander d'annuler la DUP en faveur de Toliara Sands /Base Toliara.

Historique au Mozambique : le premier équipage aérien entièrement féminin

dimanche 16 décembre 2018 à 11:42

Le premier équipage entièrement féminin du Mozambique | Photo : Meck Antonio, utilisée avec autorisation.

Une journée historique : voilà ce qu'a été, aux yeux de nombreux Mozambicains le 14 décembre 2018 : pour la première fois dans l'histoire de l'aviation civile du pays, un avion était entièrement opéré par des femmes.

L'équipage du vol TM112/3, qui reliait la capitale Maputo à Manica, à une distance aérienne de 712 kilomètres, était composé de la commandante de bord Admira António, de la co-pilote Elsa Balate, de la chef de cabine Maria da Luz Aurélio, et de l'hôtesse Débora Madeleine.

Les quatre femmes font partie de MEX, une entité originellement créée comme le Département des Opérations spéciales de LAM — Linhas Aéreas de Moçambique. En 1995, celui-ci a commencé à opérer comme une compagnie aérienne indépendante, Mozambique Express.

Un message de félicitations publié sur Facebook par la militante féministe Eliana Nzualo, compte déjà près de 450 commentaires et plus de 460 partages, avec 2.000 réactions :

UM DIA NA HISTÓRIA – Vôo totalmente tripulado por mulheres

Vôo TM112/3 MPM- VPY- MPM (Maputo- Chimoio- Maputo)

Parabéns MEX!
Parabéns tripulação!
Parabéns Moçambique!

Por mais mulheres em todos os sectores.

UNE JOURNEE HISTORIQUE – Un équipage 100% féminin

Le vol TM112/3 MPM-VPY-MPM (Maputo-Chimoio-Maputo)

Félicitations à MEX !
Félicitations à l'équipage !
Bravo, Mozambique!

Pour qu'il y ait plus de femmes dans tous les secteurs.

La militante sociale Mauro Brito a ajouté que les femmes doivent être fières “d'être représentées dans des secteurs variés” :

Na aviação há muito poucas mulheres, poucas mesmo, isto não é aqui apenas mas em todo mundo. Imagino as mulheres por aí a fora que julgavam ser esta profissão apenas para homens, devem sentir se orgulhosas.

Dans l'aviation il y a peu de femmes, très peu même, c'est ainsi pas seulement ici, mais dans le monde entier. J'imagine que les femmes qui jugeaient que cette profession n'était que pour les hommes, doivent se sentir fières.

Le Mozambique n'est pas seul. En août 2018, une première pour la compagnie aérienne de l'Afrique du Sud SAA : un vol intercontinental avec un équipage totalement féminin décolla pour transporter ses passagers de Johannesburg à Sao Paulo, au Brésil.

Huit mois plus tôt, en décembre 2017, Ethiopian Airlines avait opéré son premier vol jamais effectué par un équipage tout féminin. Des pilotes au personnel de cabine, du personnel d'enregistrement aux contrôleurs aériens, sur le vol, d'Addis Abeba en Ethiopie à Lagos au Nigeria, toutes étaient des femmes.

Au Cachemire, des femmes créatrices d'entreprises brisent les barrières

samedi 15 décembre 2018 à 10:29

Mufti Sadia dans sa boutique. Image utilisée avec autorisation.

Au Jammu-et-Cachemire sous administration indienne, fermetures forcées et couvre-feu mettent souvent la vie et le commerce à l'arrêt. Monter une nouvelle entreprise peut conduire n'importe qui au désastre, mais pour les femmes, qui doivent combattre les normes sociales pour se faire une place sur les lieux de travail, les obstacles sont décuplés. Et malgré cela, il existe une génération de femmes qui brisent les barrières et créent leur propre entreprise.

Mufti Sadia a démarré son commerce quand il n'y avait aucune femme dans le secteur de l'habillement au Cachemire. Sa boutique a été parmi les premières de Srinagar lorsqu'elle a choisi de quitter son précédent emploi pour un travail indépendant dans la vallée.

Confrontée à de multiples obstacles et défis, Sadia a lancé sa propre marque qu'elle a appelée ‘Hangers, the closet‘ (les cintres, le placard’) en 2014 dans un centre commercial. Malgré les commentaires négatifs, elle n'a jamais regardé en arrière :

Mufti Sadia, 24 ans, a ouvert sa propre boutique, Hangers The Closet, à Srinagar, la seule femme propriétaire de magasin du Centre Sarah City

“Mon père avait des doutes parce que je n'avais alors que 24 ans, mais à présent il me soutient aussi dans ce que je fais”, dit Sadia tout en s'occupant d'une cliente.

Sa famille est une source d'inspiration pour Sadia, elle l'a toujours aidée à faire face aux difficultés d'être une nouvelle entrepreneure dans cet État instable. Hangers est aujourd'hui une marque connue au Cachemire.

Sadia trouve la plupart de sa clientèle par Instagram et Facebook. L'essentiel de sa ligne de prêt-à-porter vise à donner une note occidentale aux vêtements traditionnels cachemiris. Partie de rien, elle s'est développée et a embauché une vendeuse parmi onze salarié.e.s.

“La réaction est bonne jusqu'à présent, je reçois des commentaires négatifs sur les réseaux sociaux, même de la part de femmes, mais je pense que les commentaires négatifs reçus m'ont aidée à devenir une meilleure personne et une meilleure styliste”, ajoute Sadia.

Tandis que Sadia inspire de nombreuses jeunes filles à se créer leur propre mode, la vieille ville de Srinagar abrite une autre femme dont l'habileté en affaires a sauvé sa famille d'une faillite imminente.

Rifat Masoodi. Image utilisée avec autorisation.

Rifat Masoodi est la mère de deux enfants. Peu après le décès de son beau-père, la famille envisageait de fermer leur usine de fabrication de battes [de cricket] située dans un des quartiers les plus sous tension de Srinagar.

Bravant tous les obstacles, Rifat persuada son mari de la laisser gérer l'usine, qui emploie de nombreux ouvriers locaux. Malgré le scandale social, elle a relevé le défi en l'an 2000 :

Excellent : Serrée dans le centre ville de Srinagar, qui reste le centre nerveux de la contestation entre armée et civils, Rifat Masoodi écrit tranquillement un scénario de courage
La seule femme du Cachemire à diriger une fabrique de battes lance l'appel : “Il est temps que @imVkohli @msdhoni @ImRo45 [trois célèbres joueurs de cricket, qui comptent des millions d'abonnés sur Twitter, NdT] nous achètent [leurs] battes”
Mon article

Chaque matin après avoir envoyé ses enfants à l'école, elle pénètre dans le petit atelier près de sa maison pour superviser le travail. Aujourd'hui, la fabrique de battes de Rifat en produit des milliers par mois, qui sont expédiées dans de nombreux États indiens, jusqu'au Maharashtra et Kerala.

“Ce n'est pas facile de tout gérer. Le matin, je fais mon travail de la maison, ensuite je viens à l'atelier. Plus tard, quand les enfants rentrent à 16 h, je vais les voir. Je m'occupe aussi de ma belle-mère”, énumère Rifat.

Ces derniers temps, de nombreuses femmes cachemiries se sont transformées en entrepreneures à succès dans cette société conservatrice. Beaucoup d'entre elles poursuivent maintenant hardiment leurs rêves.

La fabrique de battes de Rifat Masoodi. Image utilisée avec autorisation.

Rifat désire désormais voir ses battes entre les mains de joueurs nationaux et internationaux.

Ces femmes d'affaires sont devenue une inspiration pour de nombreuses autres femmes qui rêvent de créer une entreprise bien à elles.

L'auteur de cet article est du Cachemire et souhaite garder l'anonymat.