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Mexique : la première telenovela en langue Maya

dimanche 18 août 2013 à 23:07

Les liens pointent vers des pages en anglais, sauf mention contraire.

Rising Voices s'intéresse la plupart du temps aux nouvelles technologies de l'ère numérique comme outils de changement social. Mais qu'en est-il de la capacité des médias traditionnels tels que la télévision, à donner la parole aux communautés autochtones ? Grâce à une nouvelle émission, les Mayas d'Amérique centrale vont pouvoir imprimer leur marque sur l'une des plus grandes réalisations médiatiques d'Amérique latine: les telenovelas [en français].

Avec ce feuilleton télévisé en Maya yucatèque, une équipe mexicaine espère donner un nouveau souffle à cette langue chez les jeunes autochtones, le plus souvent des citadins. Baktún, le premier feuilleton au monde en Maya yucatèque, une langue Maya, a fait sa première [en espagnol] le 20 juin 2013 au Musée national d'anthropologie de Mexico. La nouvelle a été relayée par les médias, dont le New York Times, AOL News, et Fox News Latina. L'équipe espère promouvoir et préserver la culture Maya grâce à ce feuilleton en 21 épisodes qui se penche sur les problèmes actuels d'adaptation et de maintien de la culture.

Tourné dans des villages ruraux de Quintana Roo (dans la péninsule du Yucatàn, au sud du Mexique), ainsi qu'à Cancún et à New York, la telenovela suit le parcours de Jacinto, un jeune homme maya qui doit faire face aux problèmes de l'immigration et de la préservation de ses racines culturelles. Dans la bande-annonce de Baktún (voir ci-dessous), on voit Jacinto quitter sa communauté d'origine et partir à New York où sa manière de penser et son mode de vie vont changer. Plus tard dans la série, il retourne dans son pays d'origine, le Mexique, afin de se réconcilier avec son héritage maya et de le faire revivre. Selon l'équipe de production, cette histoire reflète les préoccupations centrales du “Maya du 21ème siècle”.

Le premier épisode de la série sera diffusé ce mois-ci sur une chaine de télévision gratuite de l'état mexicain de Quintana Roo. Le magazine en ligne Sinembargo révèle [en espagnol] que l'équipe de production compte proposer la diffusion de l'émission à des chaines dans d'autres pays d'Amérique latine, dont la Bolivie et le Pérou, qui se sont dits intéressés par un format similaire pour d'autres langues locales.

Lancée à l'initiative du documentariste mexicain Bruno Cárcamo, la série a ensuite été réalisée par une équipe locale d'acteurs et de producteurs maya, avec le soutien de l'Institut national mexicain d'anthropologie et d'histoire. Le réalisateur avait remarqué que généralement, dans les communautés maya du Mexique,

…la lengua maya duerme de 6 a 8 de la noche, porque a esas horas toda la gente está viendo en televisión su telenovela favorita, donde todos hablan en castellano y nadie habla el maya.

…la langue maya était assoupie entre 18h et 20h parce qu'à cette heure-là, tout le monde est en train de regarder ses séries favorites à la télévision, dans lesquelles tout le monde parle espagnol et personne ne parle maya.

“Il s'agit d'un projet qui vise essentiellement à encourager l'usage de la langue maya, à la rendre utile, de sorte que ni la langue, ni la culture ne soient perdues”, explique Cárcamo sur NowThisNews. Il poursuit: “Une fois qu'une langue est perdue, la culture s'éteint rapidement.” Cárcamo a fait écho à ce sentiment dans une interview donnée à SinEmbargo:

Si se pierde una lengua no sólo se pierden palabras, se pierde un pueblo entero y eso puede suceder con los pueblos mayas de Yucatán.

Quand on perd une langue, on n'en perd pas que les mots ; on perd tout un peuple et cela pourrait arriver aux peuples mayas du Yucatán.

Selon l'Institut national mexicain de statistiques et de géographie (INEGI), la population autochtone de l'état du Yucatán est la deuxième du pays, après celle de l'état d'Oaxaca. Plus de 500 000 personnes parlent Maya [en espagnol] au Yucatán. Bien que “Maya” soit un terme générique utilisé pour désigner les peuples autochtones de la région, la réalité de leurs langues est plus nuancée. Sur le blog MetaFilter, un linguiste précise que la langue parlée dans la série Baktún est le Yucatèque, une forme de Maya parlée dans la péninsule du Yucatán au Mexique.

Baktun

Calendrier Maya, représentation d'un baktun. Domaine public via Wikimedia Commons.

L'utilisation de séries télévisées pour impulser des changements sociétaux n'a rien de nouveau. Ces émissions, qui attirent un grand nombre de téléspectateurs dans de nombreux pays en développement, ont été mises à profit en tant que “divertissement éducatif”. Une étude menée par la Banque interaméricaine de développement (BID) a par exemple confirmé que les séries télévisées au Brésil pouvaient être utilisées pour changer le comportement et l'attitude des téléspectateurs vis-à-vis du SIDA, de la fertilité, et des relations amoureuses – et seraient des outils d'action sociale particulièrement utiles dans les pays où le taux d'illettrisme est élevé ou l'accès à Internet limité. L'influence des séries télévisées dans de nombreux pays a fait l'objet de reportages à la BBC et dans le New York Times.

Outre les chaines de télévision, la diffusion des épisodes se fera sur YouTube. Le réalisateur/producteur est en effet conscient du fait que l'usage des téléphones portables et des réseaux sociaux est plus courant que la télévision dans les communautés maya.

L'accès aux technologies mobiles continue de se développer partout dans le monde, avec une importante concentration de mobiles constatée dans les régions à faible revenu. Selon la Banque mondiale (pdf) [en français], le nombre d'abonnés à un service de téléphonie mobile est passé de moins d'un milliard en l'an 2000 à plus de 6 milliards actuellement, parmi lesquels près de 5 milliards vivent dans des pays en développement. Cela pourrait avoir une influence sur les personnes autochtones. C'est en tout cas ce que souhaite le réalisateur Bruno Cárcamo: “Nous voulions montrer que l'on pouvait encore être fièrement Maya, même dans le monde moderne des médias de masse et de la communication numérique.”

Comme l'a expliqué le réalisateur dans un commentaire sur YouTube, le projet s'articule autour d'un long métrage et d'une mini-série de 20 épisodes. L'équipe de production a annoncé que les épisodes seraient disponibles prochainement sur Internet.

Pour suivre l'évolution du projet, vous pouvez suivre le compte Twitter officiel de Baktún @Baktun211212. Cliquer ici (pdf) pour télécharger une brochure informative sur la série.

Porto Rico : la question complexe de la peine de mort imposée par les Etats-Unis

dimanche 18 août 2013 à 19:12

Pendant le 5ème Congrès contre la peine de mort, qui s'est tenu récemment à Madrid, en Espagne, les participants se sont réunis pour discuter du cas de Porto Rico. Au cours de la troisième et dernière partie à laquelle ont participé le site Periodismo Ciudadano (PC) [es, comme tous les liens suivants] et Global Voices en espagnol, Elisa Moreno Gil, de PC, interroge des avocats et activistes porto-ricains pour comprendre la situation actuelle du pays caribéen, par rapport à l'imposition de la peine de mort par la Cour Fédérale. Pour accéder à d'autres articles sur le sujet, cliquez ici ou .

Etant donné son histoire coloniale et ses liens actuels avec les Etats-Unis, son système politique ‘d'Etat libre associé’ au Etats-Unis ne permet pas à Porto Rico le plein exercice du second article de sa Constitution, qui prévoit l'abolition de la peine de mort.

Afin de connaître les idées et opinions sur la situation compliquée de Porto Rico, sur  la peine capitale, lors du 5ème Congrès Mondial Contre la Peine de Mort qui s'est tenu à Madrid, nous avons interrogé quelques intervenants : Carmelo Campos Cruz, Président de la Commission des Droits des victime de Délits formé par l'Ordre des Avocats de Porto Rico, Kevin M. Rivera Medina, Président de la Commission sur la peine de mort de l'Ordre des Avocats de Porto Rico, et Evelyn Román d'Amnesty International.

 

De izquierda a derecha: Carmelo Campos Cruz, Evelyn Román y Kevin Miguel Rivera Medina.

De gauche à droite : Carmelo Campos Cruz, Evelyn Román et Kevin Miguel Rivera Medina.

Dans sa présentation “Porto Rico, la dimension inconnue de la peine de mort”, Carmelo Cruz a dénoncé le fait que les Etats-Unis continuent à promulguer des lois qui ne prennent pas en compte la volonté du peuple porto-ricain. Sur l'île de Porto Rico, la peine capitale peut être appliquée dans certains cas qui tombent sous la juridiction fédérale des Etats-Unis.

Porto Rico n'a pas procédé à une exécution depuis 1927, bien qu'il soit l'un des pays avec un taux de criminalité important, parmi les plus hauts du monde. De récentes fusillades, comme celle survenue au bar La Tómbola, n'ont pas poussé les habitants de Porto Rico à envisager la peine de mort comme une sanction possible devant la Cour Fédérale.

Periodismo Ciudadano (PC) : Ces congrès de grande ampleur internationale sont d'ordinaire organisés dans des pays comme la France ou l'Espagne. Quel effet ont-ils en Amérique latine, et dans ce cas-ci à Porto Rico ?

Carmelo Campos-Cruz (CC): En el caso de América Latina donde se ha abolido (la pena de muerte) en todos los países, excepto Cuba y Guatemala, el impacto que tiene no es tanto, no es un asunto que se hable mucho en la región.  En el caso de Puerto Rico es importante porque nosotros tenemos la aplicación de la pena de muerte no por nuestros tribunales sino por imposición del Gobierno de los Estados Unidos; así que, estar en este tipo de actividades, compartir con compañeros y compañeras de otras organizaciones, conocer sus experiencias, hacer alianzas… es un ingrediente importantísimo para nosotros poder ser efectivos en nuestra lucha en nuestra patria.

Carmelo Campos-Cruz (CC) : Dans le cas de l'Amérique latine, où la peine de mort a été abolie dans tous les pays, à l'exception de Cuba et du Guatemala, l'effet n'est pas très significatif, ce n'est pas un sujet très discuté dans la région. Dans le cas de Porto Rico cela a son importance, parce nous nous avons l'application de la peine de mort non par la volonté de nos tribunaux, mais imposée par le  gouvernement américain. Donc, participer à ces événements, échanger avec les collègues d'autres organisations, connaître leurs expériences et établir un partenariat, ce sont autant d'éléments fondamentaux qui nous donnent la possibilité d'obtenir des résultats dans la lutte que nous menons dans notre pays.

PC :  54% de la population de Porto Rico maintient sa position abolitionniste de la peine de mort. Cependant [comme l'a montré un sondage publié dans le journal El País le 12 avril 2013] au cours des dernières années ce chiffre a diminué de 10%. Pensez-vous que ce soit dû à l'influence américaine  sur l'île ?

CC: Las estadísticas hay que saber cómo tratarlas. La otra encuesta que te estabas refiriendo estaba hecha con una metodología diferente. En esta encuesta no es solamente sí y no, sino que hay “en algunas circunstancias”, “no sé”. Si fueran a calibrarse seguramente serían resultados bastante similares.

Pero vamos a asumir la premisa de la pregunta, de que ha descendido 10 puntos. Es que Puerto Rico se encuentra en un momento donde la criminalidad es muy elevada, es de los países con la tasa de asesinatos más alta, con una tasa de resolución de asesinatos muy baja, un sentido de impunidad muy alto, lo que es una frustración que puede llevar al pueblo a reclamar ese tipo de medidas, que son inefectivas y van contra los derechos humanos, pero que sin una educación efectiva son traídas a la mesa para discusión.

CC : Il faut savoir comment analyser les statistiques. Le sondage auquel vous faites référence a été conduit avec une autre méthodologie. Dans ce sondage les choix possibles n'étaient pas seulement “oui” ou “non”, mais aussi “en aucune circonstance” et “je ne sais pas”. Si les deux sondages avaient été plus clairs, nous aurions obtenus des résultats assez similaires.

Mais admettons le préambule de votre question, qu'il y ait eu une baisse de dix points. Le fait est que Porto Rico traverse actuellement une période de forte criminalité ; c'est un pays qui enregistre un taux d'homicides parmi les plus élevés au monde, un taux de résolution des affaires très bas, et un sentiment d'impunité élevé. Ce qui peut conduire les gens à être favorable à ces mesures, qui sont inefficaces et contre les droits de l'homme, mais sans une éducation efficace, il est normal qu'elles soient prises en considération.

PC : Que signifie pour vous le terme “localement inapplicable” ?

CC: Estás haciendo referencia a un término que se utiliza en el Artículo 9 de la Ley de Relaciones Federales con Puerto Rico, que es la ley del Gobierno de EEUU que rige las relaciones entre puerto Rico y EEUU. Y ese artículo dice que las leyes que no sean “localmente inaplicables” van a aplicar. La realidad es que por las decisiones de los propios tribunales estadounidenses, es el propio Congreso quién decide cuáles leyes son inaplicables y cuáles no. Así que, un ejemplo bastante craso de lo que es la falta de autodeterminación de un pueblo cuanto aún lo que aplique o no lo que aplique está en la potestad de otra parte.

CC : Il s'agit d'un terme utilisé dans l'article 9 de la loi du gouvernement américain, qui établit les relations fédérales avec Porto Rico. Cet article énonce que quelle que soit la loi qui ne soit pas “localement inapplicable”, elle peut être mise en application. En réalité, étant donné que les décisions sont prises dans les même tribunaux américains, c'est le Congrès qui a le devoir de décider quelles lois sont applicables et lesquelles ne le sont pas. Par conséquent nous sommes  face à un exemple manifeste d'autodétermination ratée de la part d'une population, quand l'autre partie a le pouvoir de décider d'appliquer ou de ne pas appliquer les lois.

PC : Une dernière question : selon vous, pourquoi Porto Rico se démarque par le nombre élevé d'habitants favorable à l'abolition de la peine de mort ? Cela dépend de l'éducation ou de la tradition ?

CC: Eso no es algo nuevo. Si analizamos la historia de la imposición de la pena de muerte en Puerto Rico y de actos en contra de esa imposición de la pena de muerte. Desde el siglo XVI se documentaron casos del pueblo, de sacerdotes tratando de arrebatar gente que están a punto de ser ahorcados. A principios del siglo XX de carpinteros que se negaban a construir los cadalsos para el ahorcamiento, de ferreterías que se negaban a vender maderas para hacer cadalsos, de telegrafistas que se negaban a transmitir la información de si se había realizado una ejecución o no.

Yo creo que el hecho de ser una colonia pobre, primero bajo España, segundo bajo Estados Unidos, trae un sentido que se conoce de primera mano: la injusticia de parte del Gobierno, del Estado. Ese es el sentido de lo que tú planteas como justicia es totalmente arbitrario y que se tiene en dos varas, y que si eres pobre o eres negro vas a tener unas probabilidades mayores de ser ejecutado. Y eso se ha vivido en Puerto Rico hasta la última de las ejecuciones: que eran negros, mulatos, analfabetas. Pues yo creo que ese tipo de sensibilidad es la que nos lleva a decir: “no, esta no debe ser la alternativa. Por aquí no va la cosa.” Aun con unas tasas de asesinato bastante significativas. Esa es la reflexión que yo he podido hacer en estos años.

CC : Ce n'est pas une nouveauté. Si nous analysons l'histoire de la peine de mort sur l'île de Porto Rico, et des diverses tentatives pour l'éliminer, nous découvrons que déjà à partir du XVIe siècle, d'après quelques documents, il y a eu des cas de prêtres qui tentaient de sauver des criminels de la pendaison. Au début du XXe siècle, nous voyons des cas de charpentiers qui refusent de construire les structures pour la pendaison, des quincailleries qui ne veulent pas vendre le bois pour les construire, et des télégraphistes qui décident de ne pas transmettre les informations sur les exécutions.

Je crois que le fait que l'île soit une colonie pauvre, qui a enduré d'abord la domination espagnole et puis celle américaine, résulte explicitement de l'injustice subie de la part du gouvernement, de la part de l'Etat. En ce sens, ce qui est juste est totalement arbitraire et se mesure avec des paramètres différents. Si on est pauvre ou noir, on a plus de chance d'être exécuté. C'est ce que Porto Rico a vécu jusqu'à la dernière de ses exécutions, avec des condamnés noirs, mulâtres et analphabètes. C'est pourquoi je crois que cette sensibilité nous pousse à dire : “Non. Cela ne doit pas être une alternative. Ce n'est pas la solution”. Malgré le taux des homicides si élevé, c'est ce que j'ai constaté durant ces années.

Kevin M. Rivera Medina (KR): Hace sobre cien años, grupos que tuvieron mucho que ver con construir y desarrollar la nación portorriqueña estuvieron muy identificados con este derecho a la vida, en contra de la esclavitud también en muchos de ellos, y en contra de la pena de muerte. Ahí tenemos desde masones hasta grupos espiritistas, que desde muchísimo tiempo llevan esta lucha en contra de la pena de muerte. Así que sí, se ha desarrollado desde hace mucho tiempo. Lo otro, como muy bien decía Carmelo, cuando especialmente ya en tiempo recientes, cuando la pena de muerte quiere imponerse por encima de lo que son los deseos puestos en la Constitución de un pueblo, la gente reacciona y lo ve, de alguna manera, casi como un ataque a lo que es la idiosincrasia de un pueblo. Así que en ese sentido hay una importancia para nosotros como pueblo.

Ahora, hay una segunda importancia, y es la importancia de la experiencia portorriqueña para el resto del mundo, y es cómo un pueblo ha tenido que estar luchando contra imposiciones extranjeras sobre las cuales no ha podido decidir, no ha tenido ninguna representación y en ese sentido nosotros seguimos ahí firmes luchando por la vida. Y como aunque recientemente se ha querido seguir imponiendo la pena de muerte en Puerto Rico y, en este caso, por las autoridades federales de Estados Unidos, todavía hay jurados que en los casos más terribles, que más le duelen al pueblo, los casos criminales que realmente nos conmocionan como ciudadanos, nosotros decimos: “no, no, no, esa no puede ser la solución, nosotros no podemos estar matando para decir que matar es malo”.

Kevin M. Rivera Medina (KR) : Il y a plus de 100 ans, les mouvements impliqués dans la construction et le développement de la nation porto-ricaine s'identifiaient pleinement au droit à la vie, ils étaient contre l'esclavage, et beaucoup d'entre eux contre la peine de mort. Parmi ces groupes se trouvaient des franc-maçons et penseurs qui depuis longtemps mettaient en exergue la lutte contre la peine capitale. Donc oui, cela remonte à de nombreuses années. En outre, comme l'a dit Carmelo très clairement, c'est lorsque récemment la peine de mort a essayé de s'imposer contre la volonté du peuple, en apparaissant dans la Constitution, que les gens ont réagi à ce genre d'imposition, et  ils la voient presque comme une attaque contre leur identité. Donc en ce sens, ce fait est de grande importance pour notre identité collective.

Aujourd'hui il y a aussi un autre aspect important, c'est-à-dire celui de l'expérience porto-ricaine comme exemple pour le reste du monde. Un exemple qui montre comment un peuple a du lutter contre les diktats étrangers, sur lesquelles il n'a pas eu la possibilité de s'exprimer. Pour cette raison, nous continuons à combattre pour le droit à la vie. En outre, bien que depuis des années la peine de mort est toujours été imposée à Porto Rico par les autorités fédérales américaines, il y a encore des jurés qui face aux cas les plus terribles, qui infligent les pires douleurs aux citoyens, se lèvent et disent “Non, non, non ! Cela ne peut pas être la solution ! Nous ne pouvons pas tuer nos semblables pour montrer que tuer c'est mal”.

Evelyn Román (ER): Yo creo que es una combinación de la tradición abolicionista que tiene el país y en adición a la constante educación; tanto es verdad por la sociedad civil como por las organizaciones profesionales que trabajan en cuanto a esto, si eso se le suma a la cuestión de que la pena de muerte en Puerto Rico se podría aplicar por un país extranjero o por Estados Unidos, el pueblo va en contra de nuestras propias decisiones.

Evelyn Román (ER) : Moi, je crois qu'il y a un mélange de la tradition abolitionniste du pays et, en parallèle, le processus continu  d'instruction ; ce qui vaut autant pour la société civile que pour les organisations professionnelles actives dans ce domaine. A cela s'ajoute notre préoccupation qu'à Porto Rico puisse s'appliquer la peine de mort voulue par un Etat étranger ou par les Etats-Unis, ce qui nous contraindrait à agir contre notre propre volonté. 

Iran : 200 personnes arrêtées durant un concert de rock

dimanche 18 août 2013 à 14:24

Sazmakhfi signale que 220 personnes ont été arrêtées durant un concert de rock à Téhéran vendredi 16 août. Les forces de sécurité iraniennes n'avaient pas accordé d'autorisation au concert du groupe de métal iranien Dawn of Rage.

 

Argentine : Facepopular, un nouveau réseau social latino-américain

dimanche 18 août 2013 à 13:04

Le nouveau réseau social Facepopular [es, comme les liens suivants, sauf indication contraire], créé par six graphistes argentins, compte déjà un millier d'utilisateurs, non seulement en Argentine mais aussi dans d'autres pays latino-américains.

Le site web, lancé le 9 juillet 2013, a résumé ses objectifs dans la section  A propos :

 

El objetivo es generar un canal de comunicación e interacción comunitaria sin las arbitrariedades y modelos de imposición de otras redes sociales diseñadas y operadas fuera de la región Latinoamericana por corporaciones multinacionales..

Es una red latinoamericana, para hispanoparlantes, pensada y concebida bajo nuestros propios parámetros y estándares.

L'objectif est de créer un canal de communication et d'interaction communautaire sans l'arbitraire et les modèles contraignants des autres réseaux sociaux, qui ont été créés et réalisés en-dehors de l'Amérique latine par des firmes multinationales…

C'est un réseau latino-américain, pour les locuteurs espagnols, pensé et conçu pour nos normes et paramètres.

Le nom “Facepopular” n'aurait pas été sélectionné pour copier le célèbre Facebook ; “face” est l'acronyme de “Front alternatif contre l'estabilishment”

Pablo Gutierrez, sur le site de technologie Fayerwayer, juge néanmoins que “être similaires à Facebook est une stratégie de marketing”. A la différence de Facebook, sur Facepopular, on trouve un bouton “Dislike” (n'aime pas), et des “graphismes propres à la culture et à la politique argentine qui peuvent être repérés quand on visite le site”.

Dans le même article, Pablo commente la vidéo utilisée pour promouvoir Facepopular :

En el video de difusión se reproduce la escena de Matrix en la que Morfeo hace que Neo elija entre permanecer en la matriz ficticia creada por sus opresores o liberarse y ver la realidad, pero con un diálogo en que se refieren a Facebook como la venda en los ojos para dominar a la sociedad.

Dans la vidéo se trouve une scène de Matrix, dans laquelle Morfeo demande à Neo de choisir s'il reste dans la dimension fictive de Matrix, créée par ses oppresseurs, ou d'être libéré et voir la réalité, dans le dialogue la référence concerne Facebook – utilisé à la place de Matrix – comme moyen pour dominer la société.

Pablo ajoute :

[Facepopular] pretende unir a “quienes simpaticen con la idea de una Patria Grande, sin un sesgo kirchnerista” (por el partido oficialista [argentino]), aunque tenga todos los condimentos necesarios para quedar encasillada en el segmento de cibermilitantes oficialistas que inundan las redes a diario.

[Facepopular] a pour intention d'unir tous “ceux qui partagent l'idée d'une Grande Patrie, sans préjugé Kirchnerista” (parti officiel [argentin] de la présidente Cristina Kirchner)  même si le rés les éléments nécessaires pour le classer dans le segment des cyber-militants pro-gouvernement qui envahissent les réseaux sociaux quotidiennement.

La page web ClickParlante, fait aussi référence aux contenus idéologiques du nouveau réseau :

 

La red social cuenta con contenidos a favor del gobierno de Cristina Fernández y agrupaciones políticas afines, y habría acumulado unos 400 usuarios. Por ello hay páginas dedicadas a funcionarios, temáticas y consignas kirchneristas.

Ce réseau social est plein de contenus en faveur du gouvernement et du groupe politique de la Présidente Cristina Fernandez Kirchner, et compte [ndr, à l'heure de publication de ce post de blog] 400 utilisateurs. Il y a des pages dédiées aux fonctionnaires, thèmes et slogans du parti au pouvoir de Kirchner.

Le Groupe Néstor Kirchner, à travers son blog,envisage des interactions futures avec d'autres mouvements militants :

estamos interactuando con todas las organizaciones que están con fuerte presencia en la Red, como el caso de RED NACIONAL DE MILITANTES DE TODO EL PAÍS, CIBERS K ADHONOREM, UNIDOS ORGANIZADOS Y CONECTADOS y otros grupos. En el caso del PARTIDO JUSTICIALISTA DIGITAL ARGENTINA, vemos positivo el trabajo en conjunto entre nuestras agrupaciones.

Nous interagissons avec toutes les organisations fortement représentées sur le réseau, comme LE RÉSEAU DES MILITANTS POUR LE PAYS, CYBERS K AD HONOREM, UNIS-ORGANISES-CONNECTES et d'autres. Dans le cas du PARTI JUSTICE NUMÉRIQUE ARGENTIN, nous envisageons de manière positive une collaboration avec eux.

Le nouveau réseau social a été développé avec le logiciel américain  Phpfox [en], acheté en dollars. Le journal Tribuna a relevé ce fait, car les Argentins n'ont pas facilement accès à une monnaie étrangère pour payer biens et services :

Si bien sus creadores aseguran que el portal tiene servidores alojados en la Argentina, el soft es norteamericano, y se paga en dólares.

Même si les créateurs assurent que le portail a ses serveurs en Argentine, le logiciel est nord-américain, et on paie en dollars.

Les internautes ont aussi parlé de ce nouveau réseau social sur Twitter.  Eve Silva (@LaComandanta1) fait de la publicité pour Facepopular au Venezuela, où le nombre d'utilisateurs a déjà dépassé celui des autres pays latino-américains :

Enregistre-toi maintenant, une qualité requise essentielle, être révolutionnaire ! //Facepopular.net et aussi nous suivre sur @facepopularok

Eve Silva (@LaComandanta1) 20 juillet 2013

Tere, de la Havane, à Cuba, (@TsabinaMoreno) écrit :

#Facepopular est une excellente alternative créée par l’#Argentine, pour l'intégration #Latinoamericana et contre l'espionnage yankee #Cuba #Truppa

- Tere (@TsabinaMoreno) 20 juillet 2013

Anonymous Argentine (@Anons_Argentina) met en garde :

VIA @venomcorp: N'ENTREZ PAS SUR #FACEPOPULAR, LE NOUVEAU RÉSEAU SOCIAL DE #DELIA, ILS PEUVENT LOCALISER VOTRE IP  IMMÉDIATEMENT. COPIEZ CE TWEET

Pour entrer dans ce nouveau réseau social, et se faire sa propre opinion, il suffit de s'enregistrer sur le site web.

 

Un nouveau gouvernement pour le Paraguay

samedi 17 août 2013 à 23:50

[Liens en espagnol]

Horacio Cartes, homme d'affaires et ex-dirigeant du club de football Libertad, a été intronisé président du Paraguay en présence de sept présidents sud-américains et de représentants de diverses autorités internationales, eux-même ex-présidents ou dirigeants du football international.

Le photolog du site d'information Hoy (Aujourd'hui) a publié des clichés de la cérémonie de passation des pouvoirs pris par les blogueurs et photographes Tetsu Espósito et Elton Nuñez.

Horacio Cartes n'avait jamais fait de politique, en fait, il a utilisé pour la première fois son droit de vote aux élections du 21 avril dernier. Ce jour là il a devancé de dix points la seconde force politique du pays constituée d'une alliance entre le Parti libéral et d'autres partis minoritaires. L'association Nationale Républicaine et le Parti Colorado, le parti de Cartes, a obtenu 45,83 % des voix, alors que l'Alliance Paraguay Allègre a obtenu 36,92 %  selon les résultats officiels des tribunaux électoraux.

Foto compartida por la página oficial de Facebook de Horacio Cartes

Photo de la page Facebook de Horacio Cartes

Pour être candidat à la présidence et gagner une élection sans aucune expérience en politique, Cartes a choisi un des deux partis traditionnels comptant le plus de membres (1 989.416 inscrits selon les registres des tribunaux électoraux). Comme il n'était pas membre du Parti Colorado, il a donc dû imposer une modification des statuts du parti qui exigent un minimum de 10 années d'affiliation pour être candidat à la présidentielle, ramenant ce délai à une année seulement .

 ”Je ne demande pas la patience aux jeunes de mon pays, mais une saine rébellion”

Cette phrase extraite du discours d'ouverture du nouveau gouvernement a été la plus reproduite sur Twitter. Un discours tellement éloquent et si parfaitement rédigé que l'on peut mettre en doute le fait qu'il l'ait écrit et laisser penser l'a mémorisé. Horacio Carles n'a jamais fait preuve de grande éloquence pendant sa campagne, montrant au contraire de grandes difficultés à s'exprimer correctement.

Le journaliste  Luis Bareiro (@LuisBareiro) n'en trouve pas moins le discours très bon :

 

Un cabinet dominé par des technocrates

Une autre surprise a été le choix des membres du cabinet ministériel. D'habitude, les présidents “Colorado” (Horatio Cartes est le septième président issu de ce parti depuis la chute de la dictature du général Alfredo Stroessner) nomment  d'autres membres du parti comme membres de leur cabinet. Cartes a choisi en majorité des hommes et des femmes sans passé politique mais fort d'une compétence reconnue dans le secteur privé ou dans leur domaine. Vous trouverez ici la liste complète du nouveau cabinet.

La direction du parti Colorado ne l'a pas bien accepté. On a même entendu durant la prestation de serment des ministres des huées, par exemple durant  celle du nouveau ministre de l'Intérieur Francisco de Vargas.

Nouvelles espérances

Les Paraguayens fondent beaucoup d'espoirs sur ce nouveau gouvernement, on peut s’ en rendre compte sur Facebook et Twitter. On voit beaucoup le mot-clic #UnNuevoRumbo, (un nouvel objectif) proposé par l'équipe de communication du nouveau président sur sa page Facebook et qui reprend un slogan utilisé plusieurs fois lors de sa campagne : #traspasodemandopy.

 

Un groupe de manifestants s'est rassemblé lors de la cérémonie déguisés en Federico Franco et son épouse (Federico Franco a été président pendant neuf mois après la destitution de Fernando Lugo). Des affiches et des pancartes le traitait de responsable d'un coup d'état et de voleur.

Avec cette intronisation se termine l'impasse politique et diplomatique dans laquelle est entrée le Paraguay le 22 juin 2012, par le jugement politique qui a destitué l'ex évêque Fernando Lugo, élu président, et a conduit à la suspension du Paraguay au sein du Mercosur.