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Russie, affaire Vkontakte : des litiges juridiques comme moyen de censure ?

dimanche 4 mai 2014 à 09:49
Objection? Overruled! Images remixed by Andrey Tselikov.

Objection ? Rejetée ! Collage de Andreï Tselikov

Pavel Durov, fondateur et PDG de VKontakte, le plus grand réseau social le plus large de la Russie annonçait le 16 avril dernier que VKontakte n’aurait pas recours à la censure comme le voulaient des autorités russes et a publiquement refusé [voir article sur Global Voices] de fermer la communauté virtuelle anti corruption de l'opposant Alexey Navalny sur son service. Lors d’une interview [russe, ru] il a expliqué que son coup de théâtre [voir article sur Global Voices] du 1er avril autour de sa démission suivie de son retour avait été orchestré dans le but de mettre fin à la pression exercée sur lui depuis cet incident. 

Ce même jour, Durov a démenti les raisons qu’il avait données [ru] auparavant concernant la cession des 12% de ses parts dans la société  ( en plus des 40% des parts du Milliardaire ALisher Usmanov, qui avait confié ses droit de vote à Durov,  ce qui accordait à ce dernier un important moyen de contrôle). Il avait dit dans un premier temps vouloir se débarrasser de ses possessions matérielles. Il a ensuite déclaré que c’était plutôt un moyen d’empêcher les services secrets russes de faire pression en utilisant ses parts afin d’obtenir des informations [ru] sur l’opposition ukrainienne, les groupes Euromaidan qui se formaient sur VKontakte.   

Répondre à de telles requêtes aurait été une « trahison » envers des millions d’ukrainiens qui lui avaient fait confiance, a dit Durov. Il a également affirmé que les internautes ukrainiens de son site web ne sont pas sous la juridiction de la Russie. Lors d’une interview [ru] avec le New Times, le 17 avril, Durov a affirmé qu’il n’avait plus rien en sa possession qui pourrait servir de « levier » pour le mettre sous pression. Chose ironique venant d’un homme dont la fortune s’élevait à plus de 200 millions de dollars USD en 2012. Peut être voulait il simplement dire qu’il n’avait rien en sa possession dont les autorités russes ainsi que leurs intermédiaires pourraient s’emparer. Malheureusement, Durov pourrait bien avoir tort. 

Vkontakte, l’actionnaire minoritaire des fonds d’investissement United Capital Partner (UCP), a déposé une plainte [ru] contre Durov pour violation d’obligations judiciaires lors de l’élaboration de son nouveau projet Telegram messenger, messagerie instantanée sécurisée. UCP prétend que Durov s’est servis des fonds et des ressources de VKontakte pour financer le développement de son nouveau projet et qu’il y a consacré son temps, négligeant ainsi la société VKontakte. UCP affirme  que Telegram fait concurrence à VKontakte, ce qui a, encore une fois, porté préjudice à cette dernière. Enfin, UCP réclame un dédommagement de 500 millions de roubles russes et exige la restitution de Telegram ainsi que tous les protocoles IP correspondants et que ces derniers soient replacés sous le contrôle de VKontakte. 

Jusqu’à present, UCP a pris le contrôle de trois entreprises enregistrées aux États-Unis, plus ou moins affiliées à Telegram. Lors d’un entretien [ru] avec TJournal, Durov a expliqué que ces entreprises détiennent les droits sur la marque Telegram sur le marché américain. Néanmoins, l’infrastructure même de Telegram ainsi que les protocoles IP sont sous le contrôle de Durov et son frère à l’extérieur des États-Unis (il n’a cependant pas précisé où exactement.) Durov affirme que la plainte est futile et qu’il y a des « soupçons de fraude » sur UCP et sa manière de gérer l'affaire.  

UCP est l'ennemi juré de Durov. L’année dernière, UCP a acquis 48% des parts de VKontakte et est à présent le seul actionnaire minoritaire (le reste est sous le contrôle du groupe Mail.ru d’Alisher Usmanov). Durov maintient [ru] que les acquisitions d’UCP ont été faites de manière non transparente, et donc illégale. Une filiale du groupe Mail.ru a récemment déposé sa propre plainte [ru] devant une cour d’arbitrage contre UCP. Si le jugement est en sa faveur, Durov pourrait racheter une partie de ses parts, voire reprendre le contrôle de l’entreprise. 

Il serait aberrant qu’UCP se mette à faire pression sur les intérêts de Durov alors qu’il est en conflit avec les autorités au sujet de Navalny. Il s'agit peut-être d'une tentative d’utiliser « le droit de propriété comme un levier moral » étant donné que Durov ne possède plus d’actions dans VKontakte. Durov est-il vraiment sûr que Telegram ne constitue plus un terrain de jeu pour UCP ? Ou ne parle-il publiquement contre la censure que dans le but de jouir d’un soutien populaire pour défendre sa propriété intellectuelle ? Seul le temps nous le dira. 

Une immigrante sans papiers à Hong Kong : success story ou voleuse ?

dimanche 4 mai 2014 à 09:34

Betty Wong est jeune, mais sa vie est aussi dramatique qu'un scénario de film hollywoodien. En 2003, à l'âge de 8 ans, elle a quitté la Chine continentale pour entrer clandestinement à Hong Kong afin de rejoindre ses parents, tous deux résidents hongkongais. Selon le reportage d'un média local, ses parents avaient violé la politique de l'enfant unique sur le continent, n'obtenant pas alors le document juridique leur permettant de faire une demande de visa d'entrée pour leur fille.

En tant qu'immigrante sans papiers, l'autorité de l'immigration locale lui a seulement fourni un titre de séjour temporaire pour réfugiés. En l'absence de carte d'identité, elle a eu des difficultés à recevoir une éducation et des soins médicaux corrects.

Cependant, à force de travail, elle est devenue étudiante en médecine à l'Université de Hong Kong, le meilleur établissement de la ville, tandis que le Ministère de l'Immigration lui a finalement remis une carte d'identité, faisant d'elle une résidente hongkongaise.

Elle a récemment témoigné de son histoire sur Facebook. Son texte est accompagné d'une photo d'elle, prise à l'extérieur du Ministère de l'Immigration. Sur cette photo, elle porte un pull avec les mots “Merde alors!” imprimés dessus, des termes interprétés par de nombreux internautes comme un manque de respect.

Betty Wong wrote her life journey in her Facebook with a photo taken outside the Hong Kong Immigration Department. The post was deleted because of online attack but the photo has been circulated widely online. This one via the Housenews.

Sur Facebook, Betty Wong a témoigné de son parcours l'ayant mené de la Chine à Hong Kong, accompagné d'une photo prise à l'extérieur du bâtiment de l'immigration de Hong Kong. Cette photo a circulé abondamment sur le web, dont Housenews.

Mais Betty Wong a dû composer avec d'autres critiques. De nombreux internautes ont blâmé son passé d'immigrante sans papiers et l'ont accusée de “piller” les ressources de Hong Kong, ou bien encore de ne pas montrer assez de gratitude.

Ce sentiment est fortement lié au conflit politique et social qui oppose Hong Kong à la Chine. Le suffrage universel à Hong Kong demeure un rêve sans cesse repoussé. Actuellement, tous les législateurs et les dirigeants de la Région Administrative Spéciale de Hong Kong sont élus directement par le peuple, bien que les communistes de Pékin exercent une forte influence sur ce vote.

La ruée des capitaux et des touristes chinois continentaux sont perçus par les habitants hongkongais comme une érosion de leur ville, déjà peu étendue. Ce ressentiment augmente tellement que la possibilité d'une conspiration a germé dans l'esprit des résidents, qui pensent que la mère patrie chinoise enverrait des immigrants afin de prendre le contrôle de la ville.

Après le déferlement de critiques en ligne, le post de Betty Wong a été supprimé.

Le billet publié sur le blog de Dadazim a dévoilé les témoignages de colère des internautes:

香港人一向天真,給人賣了,還幫人數錢。 剝掉那些賣弄的奮鬥包裝,其實就是一個大 陸女子偷渡、違法,再奪去了一個香港人的 醫科學位;成功變成香港人之後,再上網大 義凜然炫耀一番。

Les Hongkongais sont vraiment naïfs. Ils ont été trahis [par le gouvernement chinois] et maintenant ils payent sa dette. Grattez un peu sous cette image de “femme luttant pour réussir” : il s'agit d'une femme du continent, qui a enfreint la loi, est entrée clandestinement à Hong Kong et a volé la place d'un étudiant en médecine qui aurait dû revenir à un Hongkongais. A la suite de cela, elle obtient la citoyenneté hongkongaise et met en ligne son histoire.

好慘?世上好慘的人,何止Betty?非洲很多 人吃不飽,四十歲之前就死,香港為甚麼不 幫?香港有責任為別人的不幸和不幸家庭狀 況埋單?Betty Wong似乎分不清老奉與酌處 理的分別。香港沒有欠她,給她身份證和醫 學院學位,不敢叫她感恩載德,但一個有羞恥心的人起碼不會佔了便宜還覺巧威威,四處宣揚,顧昐自豪的。

Misérable ? Tant de gens dans ce monde sont misérables. Pas seulement Betty. En Afrique, tellement de gens sont affamés, si bien qu'ils décèdent avant l'âge de 40 ans. Pourquoi Hong Kong ne les aide-t-elle pas ? Devons-nous payer la dette de quelqu'un d'autre ? Betty Wong ne distingue pas la différence entre obligation et discrétion. Hong Kong ne lui doit rien. Nous n'osons pas lui demander de faire preuve de gratitude envers Hong Kong pour avoir obtenu une carte d'identité ainsi qu'une place à l'université de médecine. Mais quiconque possède un peu de sentiment de honte ne devrait pas étaler sa fierté d'avoir profité de tout cela.

En réponse à ces commentaires, Lui Hin Ying a écrit sur le site d'actualités en ligne Housenews:

Betty的爸爸是香港人,而媽媽和姊姊都能從 合法途徑到香港定居,為什麼她不也從合法 途徑來港而要選擇偷渡呢?更有趣的是,我 公公婆婆那一代也是游水偷渡到香港 的,technically speaking,如果我公公婆婆 是賊,那我算不算是賊贓?

Le père de Betty est un citoyen hongkongais, tandis que sa mère et sa sœur sont arrivées à Hong Kong de façon tout à fait légale. Pourquoi a-t-elle choisi d'immigrer à Hong Kong clandestinement plutôt que d'utiliser une voie légale ? L'ironie de l'histoire est que mes grands-parents ont également immigré clandestinement à Hong Kong. Techniquement parlant, si ce sont des voleurs, ne suis-je pas un voleur également ?

更更有趣的是,香港貴為國際大都市,思維甚至行為上卻極度排外。本身明明是個移民之都,整座城市都是「賊」打造成的,卻捉 賊喊賊,將所有新移民妖魔化為搶資源,搶學位的蝗蟲。

Il est intéressant de constater que dans une ville cosmopolite comme Hong Kong, le comportement et les pensées des gens soient aussi communautaristes. Cette ville fut fondée par des immigrants, les “voleurs”, et ces mêmes voleurs accusent les autres d'en être également, diabolisant les nouveaux arrivants qui pilleraient leurs ressources et leurs diplômes universitaires.

Yeung Zi Wah déclare sur son blog qu'elle espère que les Hongkongais pourront résoudre leurs problèmes politiques plutôt que de stigmatiser des individus: 

我們應該透過「批鬥」Betty Wong這個人來 發洩近來中共對香港種種的入侵,還是應該 從這事件中思考本土主義如何脫離族群仇 恨,回歸正路,在公共政策上找出對抗中共 入侵的方法。我想大家心中有數。

Devons-nous nous en prendre à Betty Wong afin d'exprimer notre colère face à l'invasion du Parti Communiste Chinois à Hong Kong, ou devons-nous réfléchir à la meilleure façon de régler nos problèmes locaux, afin de nous libérer des ressentiments ethniques et travailler sur une meilleure politique contre cette invasion ? Nous connaissons déjà la réponse.

Nigeria : La campagne “pour récupérer nos filles” #Bringourgirlsback

dimanche 4 mai 2014 à 09:05

 

Poster de la campagne. 234 filles entre 16 et 18 ans ont été enlevées il y a presque 2 semaines au Nigeria: #bringourgirlsback.  Source: la page Facebook #‎bringourgirlsback‬ – Domaine public

234 filles kidnappées au Nigeria,
seules quelques unes se sont échappées ;
les autres n'ont pas encore été retrouvées.
Que fait le GF [Gouvernement Fédéral] pour les secourir ?
Exigez la libération de nos filles
#bringbackourgirls.

Mi-avril, plus de 200 écolières ont été enlevées d'un collège à Chibok par Boko Haram, un groupe terroriste basé dans le nord du pays. Bien que 57 d'entre elles aient réussi à s'échapper, beaucoup d'autres restent aux mains des kidnappeurs. Le 30 avril, des femmes nigeriannes ont organisé des manifestations à travers tout le pays pour réclamer l'intensification des efforts du gouvernement pour secourir les jeunes filles. Le site d'information Sahara Reporters a publié un photo-reportage de la manisfestation de Kaduna. Les blogueurs nigerians ont aussi créé une page Facebook avec le mot-clé #bringourgirlsback, demandant de didduser sur internet leur indignation contre cette action criminelle par des rebelles extrémistes.

4 façons de participer à la campagne pour les blogueurs éthiopiens #FreeZone9Bloggers

dimanche 4 mai 2014 à 08:49
Zone 9 Tumblr Collage.

Images du Tumblr Zone 9, zoneniner.tumblr.com.

Befeqadu Hailu, Abel Wabela, Atnaf Berahane, Mahlet Fantahun, Zelalem Kibret, et Natnael Feleke (tous membres du collectif de blogs éthiopiens Zone 9) et les journalistes Asmamaw Hailegeorgis, Tesfalem Waldyes et Edom Kassaye ont été arrêtés les 25 et 26 avril 2014 à Addis Abeba. Ils sont depuis retenus au centre de détention Maekelawi sans accès à un avocat. Ils n'ont pas été autorisés à voir leurs familles. 

Depuis 2012, le collectif de blogueur Zone 9 travaille pour encourager l'engagement civique et les commentaires critiques sur les questions sociales et politiques en Ethiopie, aux côtés des journalistes engagés dans la même démarche au sein de la rédaction de leur publication. Leur arrestation et détention constituent une violation de leur droit universel à la liberté d'expression et de leur droit à ne pas être retenu en détention arbitrairement, comme le stipule l'article 6 de la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples. 

La communauté Global Voices et nos réseaux d'amis et d'alliés exigent la libération de ces neufs hommes et femmes. 

Voici quatre façons par lesquelles vous, ou votre organisation, pouvez apporter votre soutien à la campagne :

1. Ecrivez à l'ambassade d'Ethiopie de votre pays. Si vous êtes en Afrique, écrivez au bureau de la Commission Africaine de votre pays. Envisagez de la remettre en main propre ! 

2. Ajoutez votre photo et votre message de soutien dans le Tumblr Free Zone 9

3. Signez le Communiqué de Global Voices exigeant la libération des blogueurs

4. Diffusez ! Parlez de la campagne à vos amis, votre famille, vos collègues. Partagez les articles et les liens, travaillez collectivement sur des lettres communes destinées aux décideurs ou planifiez un rassemblement. 

 

Articles sur la situation des blogueurs de Zone 9 sur Global Voices :

La Commission Africaine sollicitée pour envoyer des experts de l'ONU afin d'intervenir dans l'affaire des blogueurs de Zone 9 [anglais] 3 mai 2014

COMMUNIQUE : Global Voices appelle à la libération des neufs journalistes en Ethiopie,  2 mai 2014

Netizen Report : l'Ethiopie réprime la liberté d'expression [anglais], 30 avril 2014

Six Membres d'un collectif de blogueurs arrêtés en Ethiopie, 25 avril 2014

 

Brésil : Un tortionnaire de la dictature retrouvé sans vie chez lui

dimanche 4 mai 2014 à 07:20
Coronel Paulo Malhães em depoimento a comissão Nacional da Verdade, em março. Foto: Marcelo Oliveira / ASCOM – CNV

Le Colonel Paulo Malhães lors de sa déposition devant la Commission Nationale de la Vérité, en mars. Photo: Marcelo Oliveira / ASCOM – CNV

Tous les liens mènent à des liens en portugais

Dans les derniers jours de mars, le Colonel à la retraite Paulo Malhães est arrivé en fauteuil roulant, caché derrière des lunettes noires, pour faire l'une des plus impressionnantes dépositions jamais entendue devant la Commission Nationale de la Vérité, sur la période de la dictature militaire au Brésil. Le vendredi 25 avril, soit un mois après, le corps du tortionnaire et assassin avoué, a été retrouvé sans vie. Selon les informations de la police, Malhães, ainsi que son épouse et le gardien, ont été fait prisonniers par trois hommes, à l'intérieur de leur maison située dans les environs de Nova Iguaçu, état de Rio de Janeiro. 

La police travaille sur plusieurs hypothèses, d'abord celle de l'exécution d'un témoin gênant, celle de la vengeance ou encore celle du crime crapuleux puisque les auteurs ont emporté avec eux la collection d'armes du colonel. Le rapport du médecin légiste, présenté le lendemain, conclut pour sa part à un décès dû à des causes naturelles. La famille a confirmé que Malhães, âgé de 76 ans, avait des problèmes cardiaques. Malgré ça, la CNV [NdT: Commission Nationale de la Vérité] a demandé à la police fédérale d'accompagner l'enquête sur cette affaire. 

Selon des informations publiées par la revue Carta Capital, Malhães aurait affirmé en “témoignage privé” avoir peur pour sa vie. Le colonel s'est refusé a dévoiler les noms d'agents de la répression qui ont “officié” à ses côtés pendant la dictature militaire, affirmant “qu'il ne pouvait laisser échapper aucun nom sous peine de voir sa vie menacée”. 

Avouer sans regretter 

Dans sa déposition devant la Commission de la Vérité de l'état de São Paulo et à la Commission Nationale de la Vérité,  Malhães a admis et décrit des tortures, des assassinats et des pratiques de dissimulation de cadavres, ablation de prothèses dentaires et mutilations dans le but d'empêcher toute identification. En février, il avait reconnu sa responsabilité dans la disparition du corps du député Rubens Paiva, mais il s'était rétracté par la suite.  Alors qu'il était interrogé sur le nombre des victimes qu'il avait éliminé, froidement, le colonel a répondu : “Autant que cela était nécessaire”. Depuis le début des activités de la CNV, en 2012,  Malhães était le cinquième agent à déposer en audience publique, le second à admettre la pratique de la torture et le premier à avouer sa participations à des crimes. Il n'a manifesté aucun remord tout au long des trois heures pendant lesquelles il a été entendu. Au contraire, dès le début de la session, il a déclaré :

Como faço com tudo na vida, eu dei o melhor de mim naquela função. (…) Eu cumpri o meu dever. Não me arrependo. 

Comme je l'ai toujours fait au cours de ma vie, j'ai donné le meilleur de moi-même dans ce rôle-là. (…) J'ai rempli mon devoir. Je ne regrette rien. 

La mort de Malhães a fait prendre conscience au Brésil que la période militaire n'était peut-être pas tout à fait terminée. Elle a suscité un débat sur les criminels de l'histoire récente qui n'avaient jamais été puni. La Loi d'amnistie, encore en vigueur dans le pays, ne permet pas le jugement des tortionnaires [Ndt: encore en vie] devant les tribunaux. Le blogueur et activiste Belchior – plus connu sous le nom de Negro Belchior – en est venu à regretter la mort du tortionnaire, tout en rappelant le nombre de brésiliens qui ont préféré se faire justice eux-mêmes dans plusieurs villes du pays au début de l'année:

Foi acerto de contas por parte de grupos ligados a resistência à ditadura? Foi vingança por parte de família e amigos de algum torturado? Não acredito. É mais razoável imaginar que se trata de uma ação com a intenção de intimidar possíveis futuros delatores das atrocidades cometidas pelas forças oficiais do Estado durante os anos da repressão.

Mas, quero tratar aqui da mensagem que fica: A ideia da justiça feita pelas próprias mãos. Assassinatos, torturas, desaparecimentos e linchamentos cada vez mais frequentes e banalizados, a começar pela ação das polícias, cujos exemplos não faltam. E que agora se vê promovido por “populares”.

O discurso fascista se fortalece: “É a ausência da lei! Bandido faz o que quer e a população se sente desprotegida. A tendência é que façam justiça com as próprias mãos!”

Règlement de compte de groupes liés à la résistance pendant la dictature ? Vengeance de familles ou d'amis d'une victime de la torture ? Je n'y crois pas. Il est plus raisonnable de penser qu'il s'agit d'une opération organisée dans le but d'intimider d'éventuels futurs délateurs des atrocités commises par les forces officielles de l'État pendant les années de la répression.

Mais, je veux parler ici du message que l'on en retient : l'idée de la justice rendue de nos propres mains. Des assassinats, des tortures, des disparitions et des lynchages toujours plus fréquents et banalisés, en commençant par l'action de la police, et dont les exemples ne manquent pas. Et qui maintenant sont promues au rang de “populaires”.

Le discours fasciste en sort grandi : “C'est à cause de l'absence de loi ! Les bandits font ce qu'ils veulent et la population ne se sent plus protégée. La tendance est de se faire justice soi-même !”