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Rafael Braga Vieira et la justice brésilienne, symbole du racisme institutionnalisé et de la pauvreté criminalisée

lundi 1 mai 2017 à 12:39
Une bannière lors d'une manifestation à l'appui de Rafael Braga Vieira en 2014. Photo: Mídia Ninja / Flickr, CC-BY-NC-SA 2.0

Une bannière lors d'une manifestation de soutien à Rafael Braga Vieira en 2014. Photo: Mídia Ninja / Flickr, CC-BY-NC-SA 2.0

Rafael Braga Vieira a été condamné à cinq ans de prison après son arrestation par la police lors d'une grande manifestation tenue à Rio de Janeiro le 20 juin 2013. À peine âgé de 25 ans, le jeune homme était sans abri et récupérait des matières recyclables pour survivre. Il avait soutenu ignorer complètement qu'une manifestation avait lieu. Lorsque la police a trouvé sur sa personne des bouteilles de désinfectant et d'eau de javel, elle l'a accusé de détenir des explosifs, et il a été condamné avant la fin de l'année.

Braga a été la seule personne envoyée en prison en relation avec les manifestations de juin 2013, mais son cas était le début d'une saga plus sombre, que les militants des droits humains et les juristes qualifient aujourd'hui de symbole du racisme institutionnalisé du système judiciaire brésilien et de la criminalisation de la pauvreté dans le pays.

Il est resté en prison jusqu'en décembre 2015, lorsqu'un tribunal lui a permis de purger le reste de sa peine chez sa mère à Rio, avec un dispositif électronique à la cheville. Un mois plus tard, cependant, la police l'a arrêté à nouveau en possession de 0,6 gramme de marijuana et un feu d'artifice (le genre utilisé par les trafiquants de drogues pour alerter les gangs lorsque la police approche.

Le 20 avril 2017, Braga a été reconnu coupable de trafic de drogue, et cette fois un tribunal l'a condamné à 11 ans et trois mois de prison, malgré une campagne intense (maintenant dans sa troisième année) menée par des militants des droits humains qui ont souligné à plusieurs reprises les contradictions et les irrégularités dans les deux procès.

Le juge lors de son premier procès en 2013 semble avoir ignoré un rapport technique de la brigade anti-bombe de l'État de Rio de Janeiro, qui concluait que les produits de nettoyage que M. Braga transportait avaient une “capacité explosive minimale”, en partie parce que les bouteilles étaient en plastique, alors que les cocktails Molotov sont normalement fabriqués à l'aide de bouteilles en verre.

Braga a nié les accusations qui ont mené à sa deuxième arrestation en 2016, accusant les policiers de mauvais traitements et de falsification des preuves - chose qui n'est pas rare avec la police brésilienne, les suspects étant souvent battus pour dénoncer les trafiquants de drogue.

Au cours du deuxième procès, le tribunal a récusé un témoin appelé à la défense de M. Braga (un voisin qui a corroboré sa version des événements) au motif que celui-ci avait une “relation familiale” avec lui. Les cinq témoins à charge étaient tous des policiers délivrant des témoignages contradictoires. Par exemple, un agent a déclaré que M. Braga avait été transporté au poste de police dans le coffre tandis qu'un autre soutenait qu'il avait été placé sur le siège arrière d'une voiture de patrouille.

On doit souligner que le juge a également refusé de voir les vidéos de surveillance placés dans la zone où M. Braga avait été arrêté, déclarant qu'elles étaient “inutiles pour la conclusion de l'affaire”.

Beaucoup de juristes ont également critiqué la peine qui lui a été infligée en faisant valoir que plus de 11 ans de prison constituaient une peine extrêmement grave pour la détention d'une petite quantité de marijuana. Le site Ponte Jornalismo, un média indépendant qui a couvert les deux procès, a cité des cas similaires qui ont abouti à des condamnations à des peines beaucoup plus faibles – comme lorsque la police a arrêté un homme âgé de 18 ans en 2007 pour avoir transporté 25 grammes de marijuana. Ce suspect avait passé juste un jour en prison, avant qu'un juge rejette les accusations de trafic de drogue. Selon le site G1, le défendeur avait admis plus tard qu'il avait obtenu l'aide de son père qui avait de bonnes relations parmi les amis d'un autre juge.

Les lois controversées du Brésil permettent aux tribunaux de traiter les détenteurs de drogues d'une manière extrêmement différente selon les cas. Bien que l'usage de drogues ait été décriminalisé, la loi n'offre pas de définitions claires de ce qui différencie “usage” et “trafic” laissant la décision aux policiers et aux juges au cas par cas. Certains juristes soutiennent que la formulation vague de ces lois renforce en réalité les préjugés racistes dans le système de justice du Brésil, où les personnes de couleur les plus pauvres sont plus susceptibles d'être reconnues coupables de trafic de drogue que les autres.

David Miranda, conseiller municipal de la ville de Rio de Janeiro du parti de gauche Socialisme et Liberté, a comparé le procès de M. Braga à une autre affaire tristement célèbre au Brésil en 2013, lorsque la police a trouvé 450 kilos de pâte de cocaïne dans un hélicoptère appartenant au député et homme d'affaires Gustavo Perrella (fils du sénateur Zezé Perella). La police avait arrêté le pilote de l'hélicoptère (un employé de la famille Perrella) en l'accusant de trafic de drogue, ignorant les Perrellas.

- pinho sol (produit de nettoyage) = 11 ans de prison
– 450 kg de cocaïne dans un hélicoptère = affaire classée sans suite

Rafael Braga V. debout à côté d'un graffiti disant, “Vous regardez seulement à gauche et à droite, l'Etat vous écrase de haut en bas” [Cette photo a été largement partagée sur les réseaux sociaux. Elle a été prise le 20 novembre 2014, lorsque M. Braga était en semi-liberté, alors qu'il rentrait en prison après une journée de travail. Il a été puni pour cette incartade de 10 jours d'isolement cellulaire].

Au cours de la semaine précédente, de nombreux internautes ont réagi avec colère à la nouvelle condamnation de M. Braga, y compris l'avocat et professeur Antônio Pedro Melchior :

Dans un pays dont l'histoire des violations des droits de l'homme par l'institution policière est immense, où la majorité écrasante de la population dit ne pas faire confiance à la police, les condamnations fondées uniquement sur les paroles de la police ne peuvent pas être admises.

Le député fédéral et militant des droits humains Jean Wyllys a également écrit sur Facebook :

Le scénario était déjà écrit. Le juge a simplement agi comme prévu.

Il a infligé un verdict à Rafael. Et nous l'avons tous fait. En résumant, tout le scandale d'une extrême pauvreté typiquement brésilienne dans la condamnation d'encore un homme noir, le juge a démontré à qui appartiennent les lois au Brésil.

Amnesty International a condamné le verdict sur Twitter :

“Aucun de nous ne peut se taire à la perspective qu'il paie pour des crimes qu'il n'a pas commis”

Plusieurs manifestations de soutien à M. Braga ont eu lieu à Rio de Janeiro, à São Paulo, et même en Uruguay. Le 24 avril, des centaines de personnes ont également participé à une veillée à São Paulo pour protester contre la nouvelle peine de prison.

Démonstration à São Paulo pour la libération de Rafael Braga. Photo de Daniel Arroyo et Ponte Jornalismo, utilisé avec la permission.

Manifestation à São Paulo pour la libération de Rafael Braga. Photo de Daniel Arroyo et Ponte Jornalismo, utilisé avec permission.

Vous pouvez trouver des photos de la manifestation à São Paulo sur le site de Ponte Jornalismo et sur la page Facebook de Mães de Maio. En outre, quelques vidéos de la manifestation ont été publiées sur la page Facebook d'Alma Preta. Sur Facebook, la page Pela Liberdade de Rafael Braga Vieira (Pour la Liberté de Rafael Braga Vieira) relate la mésaventure complète (en portugais) de M. Rafael, depuis sa première arrestation en 2013 jusqu'à sa condamnation ce mois-ci.

Poulet Yassa, Alloco ou Mafé: où déguster les meilleurs plats africains selon la diaspora africaine en région parisienne

lundi 1 mai 2017 à 00:06

La diaspora africaine est bien présente en Île-de-France et cela se reflète dans la panoplie de restaurants gastronomiques proposés dans la région. Dans les prochains mois, nous allons vous proposer une revue des meilleurs restaurants africains de Paris, vu par des membres de la diaspora mais aussi par des personnes découvrant cette richesse culinaire avec eux. Pour commencer, nous allons vous introduire aux restaurants les plus prisés de France ainsi que leurs plats phares. Sans plus attendre, voici la liste des endroits incontournables pour savourer l'art culinaire africain:

Sénégal: Le Waly-Fay, Paris 11

Le Waly-Fay est à l'image du Sénégal, pays de la « teranga » (hospitalité). L'ambiance est chaleureuse et on y retrouve la palette de plats habituels de l'Afrique de l’Ouest : accra, mafé, thiep, yassa, n'dole, etc. La blogueuse Dje S, originaire du Sénégal, raconte:

Installés rapidement, on découvre le cadre très agréable, ambiance tamisée, un bar central , des miroirs en pied, pas de déco tape à l'oeil. Ça commence bien!
J'ai craqué pour un soya en entrée  (3 brochettes de boeuf mariné et chapelure de semoule de manioc) c'était délicieux avec sa sauce moutarde à côté, j'ai pu aussi goûter les pastels poissons ainsi que l'alloco , bien mûres et sucrées.

Cameroun:  Rio dos camaraos, Montreuil

Ndole au boeuf, variété d’épinard très amère avec des arachides frais – via riodos.fr

Le restaurant Rio dos Camaraos a été créé il y a 15 ans par Alexandre et Vicky Bella Ola pour mettre en avant la cuisine traditionnelle d'Afrique noire.  Alexandre explique:

 la Cuisine d’Afrique Noire est absente du paysage culinaire mondial. Nous sommes encore nombreux et cela quelque soit la couleur de notre peau, à croire que le meilleur et authentique mafé ne se mange qu’au Mali…Pour moi, la cuisine est comme la musique : une partition musicale peut s’interpréter par n’importe quel musicien de mille et une façons.

Le Ndolé est le plat camerounais phare du Rios. Mi Cbou de Yaoundé explique pourquoi elle apprécie particulièrement ce lieu:

J'ai retrouvé les goûts typiques de la cuisine africaine déjà dégustée en Cote d'Ivoire et au Sénégal, avec la même variété de plats.En plus, accueil très chaleureux de la propriétaire des lieux. Le Ndolé, servi avec des plantains frits, est excellent.

Niger: African Kitchen Paris, Paris 11

African Kitchen Paris a été créé le 1er Février 2012. C’est un restaurant Lounge Franco-Nigérien situé au cœur de Paris. La cuisine nigérienne est rarement mis à l'honneur mais ce restaurant veut rectifier cette omission. Sylvie D ne connaissait pas la gastronomie nigérienne mais elle a découvert avec joie:

C'est vraiment dépaysant. Des plats classés par sauce, avec le choix des viandes: poulet, boeuf, mais aussi tripes, pied de boeuf et chèvre.
J'ai testé une sauce à base d'épinards et crevettes, avec de la chèvre: un régal.

Mali: Le Snack de Bamako, Saint Ouen

Contrairement aux lieux précédents, le Snack de Bamako n'est pas un retsaurant un fast food où Mama Bintou vaccueille avec le sourire. On y déguste des plats traditionnels du Mali mais aussi de toute l'Afrique de l'Ouest à prix modérés: Mafé, Tieb, Yassa, briques, poulet grillé et Alloco.

Madagascar: Le Lémurien, Montrouge.

À 5 min à pied de la Porte d'Orléans, ce petit restaurant rend hommage depuis de nombreuses années au petit animal aux yeux étonnés et malicieux, joyau de la faune malgache mais aussi à la cuisine de cette île, peu représentée à Paris.
Peggy D a aimé:
Le poisson au Coco était bon juste épicé comme il faut. La tarte coco qui est plutôt un financier coco avec une boule de glace coco pas mal du tout. Accueil sympathique. J'y retournerais pour goûter un rougail saucisses.
Elodie Rabenja, d'origine malgache, approuve:
Les odeurs, des sons malgaches, des éléments de décors captivants. Pour une soirée en amoureux ou avec des amis. Le lieu se prête à sortir d'un cadre “usine” où tout le monde court et où vous n'êtes qu'un “client”. On en oublie le temps qui passe. Points positifs : Nourriture excellente, les vrais saveurs authentiques des plats malgaches.

Dans un deuxième temps, une revue plus détaillée de chaque restaurant par un membre de la diaspora sera proposée.

Graffeurs brésiliens et jeunes Syriens peignent ensemble les murs de camps de réfugiés

dimanche 30 avril 2017 à 13:29

Une école décorée dans un camp de réfugiés de la plaine de la  Bekaa au Liban. Photo : page Facebook de Rimon Guimarães.

Le camp de réfugiés syriens de la plaine de la Bekaa au Liban, qui abrite près d'un million de personnes, se colore grâce à un projet qui voit les enfants syriens aidés par un duo d'artistes de graffiti brésiliens du nom de Cosmic Boys décorer une école avec de l'art en technicolor.

Cette action s'insère dans une opération plus vaste appelée Cosmic Future, avec la volonté d'utiliser l'art comme un outil de thérapie pour les jeunes Syriens. Les participants sont le Conexus Project, un collectif artistique nomade ; Al Caravan, qui monte des ateliers éducatifs, culturels et de spectacle pour enfants et adultes syriens déplacés ; les Cosmic Boys, formés de Rimon Guimarães et Zéh Palito ; la coordinatrice Sheila Zago ; la documentariste française Agathe Champsaur ; et l'artiste syrien Anas Albraehe.

Leur objectif : collecter 9.999 dollars US par une campagne de levée de fonds, et informer sur Facebook et Instagram de la progression de leur travail.

Leurs motivations sont décrites ci-dessous :

Dans une période d'importants flux migratoires dus aux conflits internationaux, les gens cherchent des chances de survie, des lieux où habiter – pour attendre ou commencer une vie entièrement neuve. Beaucoup finissent par vivre dans des conditions qui n'ont rien d'idéal entre camps et colonies de réfugiés, où la scolarisation est malaisée et les enfants et adolescents abandonnent souvent leurs études.

[…]

Nous croyons que l'art peut leur apporter un soulagement, un nouveau regard, et des compétences pour rendre leur attente moins douloureuse – tout en leur donnant une voix pour exprimer ce qu'ils vivent en même temps qu'une visibilité internationale. C'est pourquoi nous visons à entrer en contact avec les enfants et adolescents vivant dans ces espaces, et essayons de transformer leurs médiocres espérances de vie en espoir d'un brillant Avenir Cosmique !

Zeh Palito (au premier plan), Rimon Guimarães (au centre) et Khaldoun Al Batal au fond). Photo Page Facebook du Conexus Project

Al Caravan

Al Caravan apporte l'art avec d'autres actions éducatives aux déplacés syriens depuis 2013. Le concept de l'organisation est né un an avant, lorsque l'armée de l'air du régime syrien larguait ses bombes sur la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, pendant le jour, forçant les habitants à fuir en abandonnant temporairement leurs maisons.

Khaldoun Al Batal, le co-fondateur d'Al Caravan, raconte toute l'histoire à Global Voices :

Nous étions deux amis qui voyaient le potentiel d'un lieu mobile pour remettre en état les biens des gens pendant qu'ils sont loin de chez eux, idéalement des caravanes, bien distribuées dans cette région pour des mini-projets d'agriculture. Ils demandent à un seul producteur de fabriquer une “Caravane Magique” spéciale pour les activités des enfants. Notre collaboration a été brisée quand mon ami a été tué dans un raid des forces syriennes, mais j'ai insisté pour continuer le projet.

En mai 2013, Al Caravan s'est consacré à parcourir les zones à l'écart pour les activités d'apprentissages basiques, d'enseignement et de divertissement des enfants de familles de déplacés. Ça ne remplace pas l'école, mais ça renforce en quelle que sorte la société civile. L'équipe a grandi à 15 militants desservant environ 1.500 garçons et filles dans les zones rurales de trois provinces syriennes, Idlib, Alep et Lattaquié. Aujourd'hui, Al Caravan intervient dans plusieurs régions de Syrie et dans certains camps de réfugiés en Turquie, Jordanie, au Liban et même en Allemagne.

Malgré ses fonds limités, Al Caravan a réuni une équipe d'un millier de bénévoles en Syrie et en-dehors, auxquels s'ajoutent des militants de l'enseignement qui offrent leur expérience pour travailler avec les enfants syriens et communiquer par les médias sociaux avec le monde extérieur.

Les objectifs du projet sont de créer une génération qui pratique les arts comme une partie essentielle de la personnalité des enfants se construisant loin de la violence, autant que d'apporter un soutien psychologique.

Les œuvres des quelque 3.000 enfants participant à ces peintures ont été exposées à Paris et Montréal, et le projet est de former 25 garçons et filles pour présenter un spectacle sur les droits des enfants des Nations Unies avec voix solos et chants folkloriques.

Dans un récent article sur Facebook, Zeh raconte leur visite à Damas pour peindre de nouveaux murs de l'espoir :

Síria Dia 4 | Em meio à guerra começamos a pintar nosso mural no centro da capital do país. Um dia muito importante na minha vida pela importância que este mural carrega e por toda a situação que este país enfrenta. Sem querer ser pretensioso mas talvez também seja um dia muito importante para este momento em que vive o país. O estopim que deu início à guerra no país em 2011 foi um graffiti feito por adolescentes. Hoje 2017 estamos aqui pintando um mural com o objetivo de espalhar amor e esperança através da arte.
Se conseguirmos cumprir nossa missão de pintar esse mural sem nenhum problema esse mural será o maior mural de pintura do país. Algo que nos incentiva muito e nos dá energia para continuar pintando em meio a todos os riscos que corremos e toda a dificuldade que enfrentamos para estar aqui. Detalhe chegamos no país de carro blindado e pintamos com segurança armada.

Os sírios no geral são pessoas bem receptivas, muito amigáveis, sempre nos tratando da melhor maneira possível. Nas ruas muitos militares armados, revistas de carros e pessoas em todas avenidas e vários pontos estratégicos da cidade. Barulhos de bomba, aviões, tiros durante o dia que se intensificam à noite. Acho que agora conseguimos “abstrair” os barulhos da guerra que acontece a 6 km da onde estamos. A tensão está em todos lugares mas a alegria também. Algo difícil de explicar.
A cidade velha é magnífica cheia de histórias, o mercado, a arquitetura, a comida tudo muito único. O povo lindo e amoroso apesar de todos os pesares.
Hoje o secretário da cultura do país fez um discurso público lindo dizendo que nós carregamos “armas”…nossos pincéis trazendo esperança.
#cosmicboys #conexusproject #peace
❤️❤️❤️❤️❤️❤️

Jour 4 en Syrie : En plein milieu de la guerre nous avons commencé à peindre notre fresque dans le centre de la capitale. Un jour très important dans ma vie pour l'importance que revêt cette fresque et pour toute la situation qu'affronte ce pays. Sans vouloir être prétentieux ce sera peut-être aussi un jour très important pour ce moment où se trouve le pays. L'étincelle qui a déclenché la guerre en 2011 était un graffiti fait par des adolescents. Aujourd'hui, en 2017, nous peignons ici une fresque dans le but d'éparpiller l'amour et l'espoir à travers l'art.

Si nous réussissons à accomplir notre mission de peindre cette fresque sans aucun problème, cette fresque sera la plus grande fresque murale du pays. C'est ce qui nous est un grand encouragement et nous donne l'énergie pour continuer au milieu de tous les risques que nous courons et de toute la difficulté que nous affrontons pour être ici. Petit détail : Nous sommes arrivés en véhicule blindé et peignons sous protection armée.

Les Syriens en général sont des gens très réceptifs, très amicaux, ils nous traitent toujours du mieux possible. Dans les rues beaucoup de militaires en armes, des revues de véhicules et d'hommes sur toutes les avenues et divers points stratégiques de la ville. Bruits des bombes, avions, tirs pendant le jour et qui s'intensifient la nuit. Je pense que nous arrivons maintenant à “abstraire” les bruits de la guerre qui se déroule à 6 kilomètres de là où nous sommes. La tension est partout mais la joie aussi. C'est difficile à expliquer.
La vieille ville est magnifique et pleine d'histoires, le marché, l'architecture, la nourriture, tout est tout à fait unique. Les gens sont beaux et aimants malgré tous les regrets.

Aujourd'hui le Secrétaire à la Culture du pays a fait un très beau discours public disant que nous portons “les armes” … nos pinceaux traçant l'espoir.

Une école dans la vallée de la Bekaa. Photo Page Facebook du Conexus Project

Roumanie : Les manifestations anti-corruption ont allégé le fardeau de la honte

samedi 29 avril 2017 à 21:29

Manifestation contre la corruption – Bucarest 2017 – Piata Victoriei. PHOTO: Mihai Petre (CC BY-SA 4.0) via Wikimedia Commons.

Par Ana-Maria Dima

“Nous ne devenons ce que nous sommes que par la négation intime et radicale de ce qu'on a fait de nous.” - Jean Paul Sartre, dans sa préface pour Les Damnés de la Terre de Frantz Fanon.

Dans l'Union Européenne, la corruption semble la signature désignée de la Roumanie. Historiquement, le pays, de même que sa région d'Europe orientale, combattent des pratiques invétérées, souvent illégales ou limites, élaborées pour influer sur les résultats politiques et économiques, ou obtenir des prébendes ou des privilèges. Depuis dix ans que la Roumanie est entrée dans l'UE, peu d'autres mots ont de fait été associés avec autant de constance et de fréquence à la performance et la classe politique de la Roumanie. C'était déjà le cas avant l'adhésion, quand le Mécanisme spécial de Coopération et Vérification fut instauré par la Commission européenne pour la Bulgarie et la Roumanie. Ce dispositif, du jamais vu dans l'intégration à l'UE, fut élaboré pour réduire le niveau de la corruption généralisée, de la justice jusqu'aux sommets de la politique, et se voulait aussi un outil pour “attaquer la corruption sur tous les fronts” comme les rapports d'étape sur le mécanisme l'ont souligné.

Quiconque vit, étudie ou commerce en Roumanie—une société où la classe politique et l'appareil administratif, jusqu'aux infirmières, médecins, enseignants et policiers, sont largement considérés comme corrompus—aurait du mal à ne pas développer une obsession de la corruption, qui par nature tend à tout envahir. La nécessité de réformes de “dimension systémique”, comme le notaient dès le départ les rapports de la Commission européenne, est un problème roumain depuis déjà des décennies. Mais la prévalence du concept de société profondément corrompue appelle quelques questions difficiles : nous citoyens, sommes nous par association tout aussi corrompus que le “système” qui nous entoure ? Peut-on échapper à la corruption en étant “entouré” par elle ?

L'actuel gouvernement de la Roumanie a été élu il y a moins de six mois. L'éruption de manifestations de rue en février, contestant la décision du gouvernement d'adopter une Ordonnance d'urgence, a été généralement interprétée comme une réaction contre la corruption. L'Ordonnance, entre autres dispositions, dépénalisait certaines catégories d'inconduites publiques et aurait, du moins aux yeux de l'opinion, atténué la législation anti-pots de vin existante. Mais ces manifestations, les plus vastes depuis la chute du régime communiste en 1989, laissent derrière elles de multiples interrogations, surtout dans un pays qui “attaque la corruption sur tous les fronts” depuis plus de dix ans sous des gouvernements formés par le Parti National Libéral, les Social-Démocrates, l'Alliance Démocratique des Hongrois de Roumanie, les Libéraux-Démocrates et d'autres encore.

La corruption se présente sous diverses formes et variantes : évasion fiscale, abus de pouvoir, dessous-de-table, conflits d'intérêt, blanchissement d'argent. Elle est un paravent à la pauvreté et aux dysfonctionnements, en même temps, paradoxalement, qu'elle les met à nu. Elle comporte aussi une idée de complicité tacite mais omniprésente, notamment pour les citoyens à qui manquerait la compréhension ou le savoir d'autres manières d'approcher les institutions publiques. C'est donc aussi une forme d'impuissance induite. Quiconque a vécu en Roumanie peut être considéré de ce fait comme contaminé, car l'image d'une corruption généralisée dans un pays ne peut qu'englober ceux qui en sont les citoyens, indépendamment de leur désir de clamer leur innocence.

C'est ainsi que le narratif de la corruption s'est profondément implanté dans notre mentalité, sinon dans nos pratiques. Les membres de la classe moyenne éduquée de Roumanie descendus dans la rue en février paraissaient alourdis par un étrange sentiment de honte, le genre de honte caractéristique des pays où les citoyens ont une telle compulsion à imaginer les endroits totalement différents du leur qu'ils finissent par se mépriser eux-mêmes et les uns les autres dans un processus d'émerveillement perpétuel. C'est la honte des travailleurs étrangers roumains employés dans l'UE, qui peuvent se faire exploiter dans leurs pays d'accueil, mais pour un salaire “meilleur” sinon absolument “plus juste”. Et de toute façon, qui peut dire qu'être exploité hors de son pays est forcément pire que l'exploitation chez soi ? Enfin, les travailleurs dont le gagne-pain dépend de leurs employeurs ont-ils vraiment le choix entre les deux ?

Il y a l'enveloppe que l'on prépare instinctivement pour les infirmiers ou infirmières dans les hôpitaux en échange d'égards ; l'anticipation qu'un supplément sera réclamé par ceux qui veulent faire affaire correctement et dans les règles avec L’État ou au moment de recevoir quelque service de base ; la petite attention”, comme l'appellent les Roumains, nécessaire pour accélérer une procédure, ou faciliter la délivrance de quelque chose comme un permis de conduire après le passage de l'examen. Mais la corruption dépasse le conditionnement et le désir d'influer sur les actes des autorités publiques : elle devient un réflexe et un étalon—voire le seul étalon—servant à mesurer la plupart des choses. Un processus qui nous a amenés à croire que notre société est certes profondément dysfonctionnelle comparée au reste de l'UE, une croyance qui corrode notre sentiment de confiance.

Les manifestations de février ont fait ressortir la honte profondément enracinée dans notre conscience de soi, dans le mode à grande échelle “sortir s’époumoner dans la rue” ou “ne pas juste rester assis, faire quelque chose”. Notre complexe d'infériorité collectif est profondément affecté par les baromètres de corruption et index de pauvreté. Nous savons que nous sommes en haut des classements pour la corruption et en bas pour la qualité de la vie. Nous sommes en tête pour le taux de pauvreté infantile, les premiers pour la migration intra-UE. Privatisations désavantageuses d'entreprises publiques, bradage de vastes pans de terres arables du pays depuis dix ans (la moitié des terres arables de Roumanie est aujourd'hui contrôlée par des non-Roumains), émigration massive et taux élevés de pauvreté ne sont pas précisément le résultat de mandats de gouvernement réussis. Nous savons aussi que nous sommes une “source de main d’œuvre bon marché” pour l'Europe. Ce sentiment persistant d'inadaptation, cette aspiration vers l'Autre, à vivre dans des lieux où existent égalité et justice, “exempts de corruption”, ces références que l'on ne trouve que loin de chez soi, ont infiltré notre imaginaire collectif.

Dans ce scénario surgissent pourtant d'autres questions : si nous sommes si profondément corrompus, que faire ? Nous dénoncer les uns les autres ? Se peut-il que le gouvernement ne soit pas la seule entité corrompue, mais seulement la plus scrutée ? Comment les multinationales entrées sur le marché roumain ont-elles fait face à la corruption, et à quel point sont-elles corrompues elles-mêmes ? Qui est plus corrompu, les autorités ou le secteur privé ? Pouvons-nous échapper au cycle de la corruption par des voies qui ne recherchent pas une justification politique, tout en restant justes —dans la mesure où cela est possible ? Et si un système est si intrinsèquement corrompu, les anciens corrompus ne seront-ils pas simplement remplacés par des nouveaux aux valeurs similaires ? La lutte contre la corruption court le risque de devenir un combat “œil pour œil” si ces questions ne sont pas au sommet de l'ordre du jour.

Cependant, avoir été vu et tenu en haute estime parce qu'on a manifesté contre la corruption, même pour quelques jours seulement, a inspiré un sentiment de fierté et d'unité en Roumanie. Une convivialité qui ne serait pas si aisément ternie par la honte s'il n'y avait les pratiques journalières dans les hôpitaux, peut-être aussi dans les écoles, ou les mairies et conseils locaux, où les cadres politiques et administratifs peuvent encore se comporter comme s'ils étaient des cadeaux de Dieu au monde.

Cette conscience ne se manifeste plus seulement par l'insatisfaction de notre incapacité à “coopérer”. Des expressions comme “vreau o țară ca afară”—mot-à-mot, “vouloir un pays comme les pays étrangers”—se réfèrent à un espace occidental idéalisé et une vie rêvée où notre sentiment d'inadaptation ne nous hanterait plus. La Roumanie a été pour quelques jours un endroit inspirant pour beaucoup, où les gens sont descendus dans la rue avec passion mais pacifiquement, afin d'exiger que les corrompus ne restent pas impunis, et aussi reconnaître que le poids persistant de la corruption existe bien au-delà des figures politiques qui l'incarnent.

Nous n'en sommes que trop conscients, mais n'arrivons curieusement pas à nous débarrasser de la honte qui en découle, une honte qui nous est imposée de beaucoup de fronts. A moins que nous n'acquiescions trop facilement à une vie avec cette honte.

Ana Maria Dima est Roumaine et travaille dans le domaine du développement international. Suivez-la sur Twitter : @AnaMariaDima.

A Porto Rico, une “veillée pour la lumière et la vérité” contre la dette publique qui étouffe la population

samedi 29 avril 2017 à 15:44

Image : Aujourd'hui, veillée pour la lumière et la vérité. #AuditMAINTENANT

Afin d'obtenir l'audit de la dette publique de Porto Rico, qui atteint 72 milliards de dollars, plusieurs organisations civiques et religieuses ont participé le 3 avril dernier à une veillée de masse qui a commencé en face du Capitole et qui s'est poursuivie avec une marche dont le point fort était l'arrivée sur la place Colomb dans le vieux San Juan. La manifestation a été convoquée par le groupe Front Citoyen pour l'Audit de la Dette et la Coalition Œcuménique et Interreligieuse de Porto Rico.

De plus, les partisans de l'audit ont lancé une pétition sur la page officielle de la Maison Blanche aux États-Unis qui a déjà 7 727 signatures. Leur demande est :

The people of Puerto Rico demand for the politicians, bankers and government agencies responsible for the debt to be held liable for their corruption. We demand a financial oversight and management board with no personal interests in the debt, with a fixed salary attune with our financial reality, and working to benefit our economy.
We are being extorted and we are being enslaved. The people of Puerto Rico refuse to pay a debt that is not ours. We will not choose between education or healthcare. Our elders will not have their pensions reduced. We demand immediate action.

La population de Porto Rico exige que ses politiques, ses banquiers et les agences gouvernementales responsables de la dette soient inculpés pour corruption. Nous réclamons un audit financier et un directoire de gestion sans intérêts personnels dans la dette, avec un salaire fixe qui soit en accord avec notre réalité financière et qui travaillent pour le bien de l'économie.

Actuellement, on nous rackette et nous réduit en esclavage. Nous, peuple de Porto Rico, nous refusons de payer une dette qui n'est pas la nôtre. Nous ne choisirons pas entre éducation et santé. Nos retraités ne subiront pas une baisse des pensions. Nous exigeons une action immédiate.

L'île – un territoire américain non incorporé – fait face à une grave crise financière. Aussi, en lieu et place du Conseil du contrôle fiscal imposé par le gouvernement fédéral des États-Unis, le Centre pour la nouvelle économie, une organisation indépendante, à but non lucratif et apolitique ayant comme objectif de promouvoir le développement socio-économique du pays, propose une loi de responsabilité fiscale. En voici les motifs :

La crise économique et fiscale de Porto Rico nécessite une large restructuration de l'infrastructure fiscale de Porto Rico. Un effort imposé depuis l'extérieur sans la participation et l'adhésion des habitants de Porto Rico risque d'être rejeté par la population.

L'événement était intitulé “Veillée pour la lumière et la vérité”. Nous présentons ici quelques images :

Des participants de la veillée en cours de préparation pour la marche qui clôturait l'événement. Photographie : Alberto Alonso. Utilisée avec autorisation.

Algunos de los líderes a su llegada a la Plaza Colón del Viejo San Juan. Fotografía: Alberto Alonso

Quelques-uns des leaders de la manifestation à leur arrivée place Colomb dans le vieux San Juan. Photographie : Alberto Alonso. Utilisée avec autorisation.