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La difficile quête de la paix avec la rébellion du M23 au Congo (RDC)

mercredi 19 décembre 2012 à 00:11

Cet article fait partie de notre dossier Relations Internationales et sécurité.

M23 rebels on a truck in the streets of Goma

Les rebelles du M23 à bord d'un camion dans les rues de Goma (29 novembre 2012) - Photo VOA par Wikimedia Commons (Domaine Public)

[Liens en anglais ou en français] Le conflit actuel dans la région du Kivu en République Démocratique du Congo (RDC) risque de s'éterniser malgré les efforts de la communauté internationale pour négocier une trêve entre la rébellion du M23 et le gouvernement congolais. La version 2012 de ce conflit est difficile à cerner, en particulier parce que le M23 est un mouvement armé en mutation à la fois géographiquement et politiquement. Son commandement est interchangeable entre différents chefs, et le mouvement est soutenu par des influences étrangères qui convoitent les richesses géologiques de la région.

L'évolution de la rébellion du M23

Qui sont exactement les rebelles du M23 ? C'est la question que le Projet Usamala du Rift Valley Institute cherche à résoudre dans son récent rapport intitulé “De la CNDP au M23 : l'évolution d'un mouvement armé dans l'Est du Congo” (PDF). Alors que la branche armée de la rébellion est facile à définir, sa direction politique est plus insaisissable. Le rapport explique en outre :

La direction politique du M23 était principalement composée de loyalistes l'ex-CNDP [Congrès National pour la Défense du Peuple] avec Jean-Marie Runiga Lugerero, le représentant du CNDP basé à Kinshasa en tant que coordinateur politique. Cependant, il y avait aussi quelques nouveaux noms qui auraient été nommés suite aux pressions du Rwanda (…) entre mai et août 2012 ; le M23 a également commencé à renforcer son aile politique. Il a nommé plusieurs nouveaux chefs locaux, mis en place un réseau de collecte d'impôt et a établi un bureau de liaison formelle pour les humanitaires travaillant dans la zone - des structures ressemblant à celles de l'ère du CNDP. Ils ont également conçus deux sites web (www.soleildugraben.com et congodrcnews.com), une page de fans sur Facebook et plusieurs comptes Twitter administrés par eux ou leurs proches. Le 20 octobre, afin de renforcer davantage leur légitimité, ils ont rebaptisé leur bras armé l'Armée Révolutionnaire du Congo (ARC).

En effet, rudimentaire au début, la stratégie des relations publiques des rebelles du M23 est devenue de plus en plus sophistiquée pour obtenir un soutien public. Dans Jeune Afrique, Trésor Kibungula illustre l'évolution du M23 sur Facebook, d'un timide début en juillet à une plate-forme médiatique suffisamment controversée pour que Facebook décide finalement de la supprimer.

Une interview avec Bertrand Bisimwa du M23 sur le blog Congo Siaisa contribue à éclaircir la genèse du mouvement et ses prétendus objectifs primordiaux :

Le M23 est constitué de groupes armés qui ont signé l'accord du 23 Mars. Nous avons commencé par demander la mise en œuvre de cet accord. Le gouvernement nous a combattus en disant que nous n'avions pas le droit d'exiger cela [..] Aujourd'hui, en plus de l'accord du 23 mars, nous voulons une bonne gouvernance dans le pays et un gouvernement légitime. Vous devez comprendre que tout l'ex-CNDP a rejoint le M23. En fait, la plupart ne l'ont pas fait. Ce sont les autres, ceux qui ne les ont pas rejoints qui ont aidé à truquer les élections en faveur de [Joseph] Kabila à Masisi.

Le Général Sultani Makenga, le chef militaire du M23, a également donné récemment une interview où il parle de la direction fluctuante du mouvement M23, faisant le point sur la position de l'ancien chef du CNDP Laurent Nkunda et du général détenu Bosco Ntaganda au sein du mouvement.

Mis à part sa direction fluctuante, Mélanie Gouby dans le magazine Newsweek explique que le mouvement ne semble pas avoir une idéologie politique définie et semble beaucoup plus enclin à protéger les intérêts économiques et politiques des nations environnantes.

Impliquer tous les acteurs dans la recherche de la paix

Les deux nations aux enjeux les plus économiques et politiques dans le conflit sont le Rwanda et l'Ouganda. Selon les Nations Unies, le Rwanda est associé au conflit au Kivu depuis longtemps malgré les dénégations du gouvernement du président Paul Kagame. Pourtant, il y a peu d'incertitude sur le soutien du Rwanda, comme l'explique le rapport du projet Usamala :

Le soutien rwandais au M23 a été bien documenté en particulier par le Groupe d'experts des Nations Unies. Leurs conclusions ont été confirmées par Human Rights Watch, par la MONUSCO, et par au moins trois ambassades à Kigali à travers des enquêtes internes [..]

En ce qui concerne le rôle du Rwanda dans la crise, la politique américaine qui consiste à minimiser les sanctions contre le gouvernement Kagame est incompréhensible pour de nombreux observateurs.

Le gouvernement ougandais est également soupçonné d'avoir fourni un soutien logistique à la dernière offensive du M23. Dans la vidéo suivante, les députés ougandais demandent au président d'expliquer la relation avec les rebelles du M23 du Congo :

Avec autant d'acteurs impliqués dans la crise, ce qu'elle réserve pour la région est encore très flou. Le retrait définitif du M23 de Goma ? Certains combattants du M23 semblent croire fermement qu'ils seront bientôt de retour dans la ville. Les observateurs ne paraissent pas espérer beaucoup des pourparlers de paix.

Gérard Prunier, un universitaire et auteur français, soutient que le Congo et le Rwanda sont “juste en train de jouer la montre jusqu'à ce que la situation sur le terrain soit tirée au clair.” Il croit qu'il pourrait y avoir une escalade de la crise :

Si demain vous pourriez avoir la sécession du Katanga (ndlr: une région du Congo riche en minéraux) de retour dans les ouvrages, je ne serais pas surpris

Pendant ce temps, la population locale fait les frais de cette guerre sans fin. Le Programme Alimentaire Mondial indique qu'au moins 80 000 personnes sont déplacées dans la région :

ISN logoCet article et ses traductions en espagnol, arabe et en français ont été commandés par le Réseau International de Sécurité (ISN) dans le cadre d'un partenariat destiné à faire entendre les points de vue des citoyens sur les relations internationales et les questions de sécurité dans le monde. Ce article a été publié sur le blog de ISN, voir ici des histoires similaires.

France : Manifestation et contre-manifestations autour du projet de loi sur le mariage universel.

mardi 18 décembre 2012 à 23:59

Depuis plusieurs mois le débat fait rage en France autour du mariage universel ou mariage pour les couples du même sexe. Ce projet est l’engagement 31 [sur 60] du projet de gouvernement sur lequel François Hollande a été élu le 6 mai dernier.

Les opposants à l’engagement 31 demandent que tout le peuple en débatte et pas uniquement les parlementaires à partir du 29 janvier 2013 car beaucoup de ceux qui ont voté pour le président François Hollande l’ont fait contre Nicolas Sarkozy et pas parce qu’ils soutenaient toutes les 60 propositions.

En France les couples du même sexe bénéficient d’une union civile le Pacte civil de solidarité (abrégé Pacs, qui a été instauré en 1999).

L’église catholique qui est à la pointe de la mobilisation contre l’engagement 31 soupçonne le gouvernement de vouloir ouvrir la boite de Pandore vers l’homoparentalité et les mères porteuses. Comme l’écrit le site Les Nouvelles/News : l’autre genre d’info :

Le sujet est également un étendard des opposants au projet de loi, selon lesquels le droit à l'adoption pour les couples homosexuels ouvrira la voie aux mères porteuses.

Plusieurs associations se sont jointes à l’église catholique pour défiler dans les rues en province et à Paris le 17 novembre dernier.

Devant l’ampleur de cette mobilisation le Parti socialiste, dont est issu le président François Hollande,  avait décidé de riposter lui aussi dans la rue en demandant à ses partisans de manifester le 16 décembre.

Avec cette manifestation, l’Eglise catholique et les opposants qui n’en demandaient pas tant voient les débats se diriger vers ce qu’ils soupçonnaient.

March for Mariage Rights for All in France by Pierre Selim on FlickR. License CC-BY-2.0

Marche pour le mariage pour tous en France par Pierre Selim sur FlickR. License CC-BY-2.0

En effet Pierre Bergé (connu pour le couple mythique qu’il formait avec le couturier Yves Saint Laurent), homme d’affaires, président du Sidaction et propriétaire de Têtu magazine LGTB, est cité dans Le Figaro du 17 décembre. Il aurait déclaré lors de la manifestation à Paris en faveur du mariage pour tous :

« Nous ne pouvons pas faire de distinction dans les droits, que ce soit la PMA, la GPA ou l'adoption, souligne Pierre Bergé, président du Sidaction et fondateur de Têtu. Moi je suis pour toutes les libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l'usine, quelle différence? C'est faire un distinguo qui est choquant ».

Le Tweet en réponse d’un prêtre catholique  ne se fait pas attendre :

@abbegrosjean : la phrase qui choque de P. Bergé a le mérite d'illustrer crûment la suite prévisible et attendue de ce #mariagepourtous

Le débat prend une autre tournure et toujours sur Les Nouvelles/News : l’autre genre d’info :

Les parlementaires d'opposition contre le mariage pour tous, rassemblés dans une ‘Entente parlementaire pour la famille', ont d'ailleurs aussitôt rebondi sur les propos de Pierre Bergé. Selon eux, ces propos sont « inadmissibles et montrent bien l'état d'esprit des promoteurs de ce texte ainsi que la considération qu'ils ont de l'enfant et de la femme »

Et des voix que l’on peut qualifier de féministes de gauche commencent à se faire entendre.

Ainsi sur son blog l’Arène nue, Coralie Delaume écrit dans son billet Les réformes « sociétales », la gauche et l'égalité écrit :

Il a toujours existé une gauche libérale. … Si l’on a coutume de considérer le libéralisme politique et culturel comme un tropisme « de gauche » et son versant économique comme l’apanage de « la droite » …  Alors qu’ils ne sont que les deux faces d’une même médaille, le développement du premier a créé les conditions de légitimation et l’environnement intellectuel propice au déploiement du second. …

Ainsi, cependant que les « libéraux économiques » abandonnent l'avenir aux bons soins du marché, le « libéraux culturels » – qui sont les mêmes – partent à l’assaut de droits individuels neufs. Mais – et c’est là qu’est le subterfuge – ils le font toujours « au nom de l’égalité ». …

Le mariage pour tous ? On le fera « au nom de l’égalité » … Mais de la seule égalité des droits, bien sûr. Car qui songe encore à lutter pour l’égalité des conditions ? …

Mais l’égalité des droits bénéficie surtout à ceux qui disposent des possibilités matérielles d’exercer lesdits droits.

Ce que le tweet de @HypathieBlog résume parfaitement :

Quand les femmes riches accepteront de louer leur ventre pour faire des enfants aux femmes pauvres, je serai pour la GPA [Gestation pour autrui : le terme politiquement correct pour mère porteuse, il faut noter que les mères porteuses sont interdites en France depuis 1991)

Dans le monde 12 pays (Afrique du Sud, Argentine, Canada et 9 états sur 50 aux USA) autorisent le mariage universel dont 8 en Europe (Danemark, Belgique, Espagne, Islande, Norvège, Pays-Bas, Portugal et Suède).

Les opposants au mariage universel appellent à une manifestation le 13 janvier 2013 à Paris

Des attaques de groupes rebelles sur Ndélé et Bria en République Centrafricaine

mardi 18 décembre 2012 à 18:19

Ces dernières semaines, des rebelles ont attaqué la ville de Ndélé  et de Bria et menacent  le régime du président de la République Centrafricaine François Bozizé. Les accords de paix signés en 2007 sont certainement maintenant caducs avec ces nouveaux assauts qui ont provoqué de larges mouvements de populations.

Ndélé attaquée par la rebellion 

Le 10 décembre dernier, la ville de Ndélé a été prise d'attaque par les rebelles de l'Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) :

 

Une faction rebelle de l'UFDR, dirigée par Michel Djotodia, a pris d'assaut la ville de Ndélé, qui compte 15. 000 à 20. 000 habitants, ainsi que celles de Sam Ouandja et d'Ouadda, situées dans le nord-est du pays (à 200 km de Ndélé), une région où l'armée n'est pas ou peu présente.

Ndélé, carrefour du Nord près de la frontière tchadienne et par où passent de nombreux convois entre le Soudan et le Cameroun, avait été le théâtre d'affrontements violents entre différentes rébellions et l'armée entre 2007 et 2010

Le Réseau de Recherche pour les Opérations de Paix (ROP) rapporte que l'armée a réussi à reprendre le contrôle de la ville :

 Les forces gouvernementales « ainsi que les forces amies ont promptement réagi pour reprendre dans les délais raisonnables le contrôle de la situation et rétablir l'ordre et la quiétude des citoyens », a indiqué le porte-parole du ministère, le lieutenant-colonel Jean Ladawa.

Un documentaire de la Croix Rouge sur les problèmes de sécurité en République Centrafricaine:

La croix rouge signale les risques qu'encourt la population civile [en] comme l'explique le responsable de ICRC Georgios Georgantas :

“Some people have left their homes entirely, others have stayed but spend only a few hours there each day, as they are afraid of further violence.

Certains ont quitté leurs maisons alors que d'autres sont restés mais ne sortent que quelques heures par jour car ils ont peur de violences supplémentaires.

 

La ville de Bria sous contrôle de la coalition Séléka 

François Bozize, President  Central African Republic

François Bozize, President de la République Centrafricaine sur wikipédia- domaine public

Mais la menace se précise pour le président Boizizé. Le 18 décembre, les rebelles de la coalition « Séléka » ont pris le contrôle de la ville de Bria, via RFI:

Selon différentes sources, les rebelles ont attaqué Bria à l'arme lourde. Les Forces armées centrafricaines (FACA) ont ouvert le feu sur les combattants qui essayaient d'entrer dans la ville, puis ont abandonné la base de Bria [..] Des sources militaires disent que les rebelles se sont livrés à des pillages de magasins à Bria, et qu'ils ont été suivis de certains habitants qui tentent de profiter des pillages. Les différents combats qui ont eu lieu ont fait au moins 14 morts et des disparus côté gouvernemental.

Afriquinfos ajoute :

La coalition Séléka a été créée en août par une aile dissidente de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), auteur de plusieurs attaques au nord de Bangui depuis septembre, et la Convention patriotique pour le salut wa kodro (CPSK) du “général” Dhaffane Mohamed Moussa.

 

Brésil: La marche des immigrés pour l'égalité des droits

mardi 18 décembre 2012 à 13:42

Le 2 décembre 2012, une manifestation organisée par des étrangers résidant à São Paulo a réclamé leur plein accès aux droits fondamentaux tels que la santé, la sécurité et un travail décent. La VIe marche des immigrants partie de la Praça da República dans le centre-ville est passée devant le conseil municipal de São Paulo, où ses organisateurs ont fait une halte pendant plusieurs minutes afin de prendre la parole.

La majorité des manifestants étaient d'origine latino-américaine et africaine et vivent dans la ville où ils luttent pour obtenir les mêmes droits que les citoyens brésiliens. Ce sont des hommes, des femmes et des enfants qui ont fui la pauvreté et l'insécurité dans leur pays d'origine et qui espèrent se faire une nouvelle vie au Brésil.

Cependant, ce rêve se transforme souvent en cauchemar et ces gens doivent faire face à de nombreuses difficultés : ils n'ont pas un plein accès à la justice en raison de leur statut d'étrangers, surtout quand ils sont en situation juridique irrégulière. Certaines de ces personnes, en particulier les Boliviens, finissent par tomber dans des réseaux constitués pour exploiter les travailleurs étrangers irréguliers, les faisant travailler dans des conditions d'esclavage : des heures de travail excessives, des salaires bien inférieurs au minimum légal, au mépris des normes de sécurité et d'hygiène de base ainsi que des conditions d'hébergement sales et surpeuplées.

 

"I am a citizen of the world". Photo by Juliana Spinola copyright Demotix (02/12/2012)

“Je suis citoyen du monde”. Photo de Juliana Spinola copyright Demotix (02/12/2012)

Le blog Pandora donne une bonne description [en portugais comme les liens suivants] de cette situation cachée mais violente vécue par de nombreux étrangers:

É muito difícil encontrar, na grande maioria dos bairros da capital paulista, imigrantes de origem boliviana. Porém, a cada dia que passa, o número de pessoas com traços indígenas e falantes de um espanhol mais arrastado que o normal só aumenta na cidade, quase que na surdina. Isso ocorre porque, normalmente, esses imigrantes se encontram nos bairros centrais da cidade – principalmente onde as roupas são mais baratas – enclausurados em fábricas, em condições insalubres de trabalho, ou vendendo seu artesanato em feiras. Esse é o panorama de mais de 200 mil bolivianos, imigrantes legais e ilegais, que vivem na cidade de São Paulo.

Dans la grande majorité des quartiers de São Paulo, il est très difficile de trouver des immigrés boliviens. Cependant, chaque jour qui passe, le nombre de personnes dans la ville aux traits indiens et un espagnol plus lent continue d'augmenter, presque en secret. Cette situation se produit parce que, généralement, ces immigrants se trouvent dans les quartiers centraux de la ville - surtout où là où les vêtements sont moins chers - enfermés dans des usines aux conditions de travail dangereuses ou vendant leur artisanat dans les marchés. Telle est la situation de plus de 200.000 Boliviens, aussi bien en situation régulière qu'irrégulières, qui vivent dans la ville de São Paulo.

Le fait est que, bien que le Brésil soit un pays construit en utilisant la force des immigrants, la dernière grande vague d'étrangers à s'y installer l'a fait au début du 20ème siècle. Depuis, de nombreux chocs économiques ont provoqué le processus inverse et le Brésil est devenu un pays d'émigration [fr]. Cette situation a conduit les hommes politiques brésiliens à s'atteler à la mise à jour de la législation relative à l'immigration, qui date de l'époque de la dictature, entravant la mise en œuvre d'un accord pour la libre circulation des personnes et des marchandises entre les Etats membres du MERCOSUR [fr] tout comme dans l'espace Schengen [fr] dans l'Union européenne.

Photo by Juliana Spinola copyright Demotix (02/12/2012)

“La migration élargit la vision du monde”. Photo de Juliana Spinola copyright Demotix (02/12/2012)

A ce sujet, le site O estrangeiro (L'étranger) a reproduit un entretien instructif avec le coordinateur du Centre pour les droits de l'homme et de la citoyenneté des immigrants (CEDIC), Illes Paulo:

No Brasil especificamente, o Estatuto do Estrangeiro é extremamente discriminativo, notadamente pelo fato de ser produto dos anos de chumbo [o período mais repressivo da ditadura militar do Brasil], quando o estrangeiro era tratado como uma ameaça para a segurança nacional e neste quadro jurídico arcaico, marcado pelo autoritarismo e falta de democracia, toda a responsabilidade no tratamento ao migrante é da alçada da Polícia Federal.

Au Brésil en particulier, le statut des étrangers est extrêmement discriminatoire, d'abord en raison du fait que c'est un produit des “années de plomb”, [la période la plus répressive [fr] de la dictature militaire [fr] au Brésil], quand les étrangers étaient considérés comme une menace à la sécurité nationale, et dans ce cadre juridique archaïque, caractérisé par l'autoritarisme et l'absence de démocratie, toute responsabilité pour le traitement des migrants incombait à la police fédérale.

L'accent mis par les gouvernements dans le bloc sud-américain sur les facteurs économiques au détriment des droits civils montre un côté peu discuté du MERCOSUR, qui est en réalité une union douanière plutôt que politique. Le Brésil, par exemple, craint qu'une fois que ses frontières seront complètement ouvertes à ses partenaires au sein du bloc un nombre important de citoyens des pays les plus pauvres entreront sur son territoire, surchargeant ses institutions et son économie.

Photo by Juliana Spinola copyright Demotix (02/12/2012)

“Nous avons le droit de choisir où vivre”. Photo de Juliana Spinola copyright Demotix (02/12/2012)

Mais ce n'est pas tout. Le gouvernement brésilien est également préoccupé que la mise en place d'un système de libre circulation des personnes et des marchandises puisse exposer la sécurité du pays à des risques qu'il ne se sent pas encore prêt à affronter. Un exemple en est la possible arrivée de criminels qui pourraient profiter de la législation plus souple d'immigration dans les pays voisins, afin de s'installer au Brésil.

Le cas de la Bolivie est encore plus compliqué, car elle est un membre associé et pas un Etat pleinement membre du MERCOSUR, et sa frontière est considérée comme une voie importante pour les trafiquants de drogue [fr]. Une fois à l'intérieur du Brésil, ces “immigrés-là” trouveraient un vaste marché pour leurs produits, pour ne pas mentionner le fait qu'ils pourraient utiliser les ports et les aéroports brésiliens comme plates-formes pour exporter des stupéfiants en Europe et aux États-Unis.

Immigrants' March in São Paulo. Photo by Juliana Spinola copyright Demotix (02/12/2012)

Les immigrés au Brésil descendus dans les rues pour réclamer leurs droits et l'amélioration des lois sur l'immigration.La marche des immigrants à São Paulo. Photo de Juliana Spinola copyright Demotix (02/12/2012)

Le chemin à parcourir pour devenir un Etat de justice sociale est encore long pour le Brésil, mais il est inéluctable. Si le pays veut maintenir la paix dans ses villes et de bonnes relations avec ses voisins, il sera obligé de réfléchir à l'intégration et au respect des identités des migrants qui sont entrés légalement dans le pays. En même temps, il lui est essentiel de maintenir un contrôle strict sur qui entre dans le pays: être un pays juste et ouvert aux migrants ne signifie pas abriter les criminels.

Des manifestations telles que la marche des immigrés constituent un pas dans la bonne direction: se faire connaître parmi les Brésiliens, monter leurs visages, leurs accents portugais, où et comment ils vivent, leurs conditions de travail et le renforcement des associations d'immigrés, afin de revendiquer leurs droits à l'égard de la loi. Et, enfin, la sensibilisation comme le souligne Roque Patusso, coordinateur du Centre de soutien aux immigrants (CAMI) souligne dans une interview publiée sur le blog boliviacultural.com.bre :

Um dos avanços conquistados é uma consciência mais crítica do próprio imigrante, de que ele é o sujeito capaz de mudar alguma coisa. O que percebemos é que aumentou o número de pessoas na marcha, mas também a consciência das pessoas quanto aos seus direitos. Esse é o objetivo da marcha, conscientizar.

L'une des avancées les plus significatives réalisées est une prise de conscience plus critique chez l'immigré lui-même, dans laquelle il se voit l'agent capable de changer les choses. Ce que nous voyons est une augmentation du nombre de personnes dans la marche, mais aussi une plus grande prise de conscience parmi ces gens en ce qui concerne leurs droits. Tel est l'objectif de la marche, augmenter la sensibilisation.

Zambie : Un différend de salaire meurtrier entraîne des représailles contre des ressortissants somaliens

mardi 18 décembre 2012 à 12:43

[Les liens mènent vers des pages en Anglais] Le 13 décembre dernier, un Zambien serait mort victime des tirs de son employeur somalien après un conflit portant sur son salaire, ce qui a déclenché une série de représailles contre les Somaliens résidant à Ndola, troisième ville du pays, à 400 km au nord de la capitale, Lusaka.

Sur les émeutes, le Zambian Reports écrit:

Les résidents de Ndola sont sortis dans les rues pour s’en prendre aux biens des Somaliens après la mort d’un Zambien dans un conflit salarial.

Les ressortissants somaliens sont également frappés en représailles.

Les émeutes ont commencé tôt ce matin dans Northrise obligeant la police anti-émeute de Copperbelt [NdT : la zone des mines de cuivre] à descendre en ville pour apaiser la situation. La situation était particulièrement tendue dans les townships de Masala et Ndeke où la majorité des Somaliens de Ndola vivent.

Le Zambian Eye écrit aussi :

Il y a des émeutes en Zambie à Ndola la capitale provinciale du Copperbelt.

Les émeutes ont commencé ce matin et à 9h30, heure locale, les habitants pillaient encore un magasin appartenant à un Somalien dans le quartier Second Class de l'arrondissement Central. Un journaliste sur les lieux dit qu'il n'y avait aucune présence policière alors.

Les biens qui ont été pillé s’élèveraient à des millions de kwacha.

« Sur place la situation est tendue en ce moment les gens pillent de l'épicerie prenant par exemple de sucre et d'huile de cuisine, racontent les journalistes du Zambian Eye sur place. »

L'émeute fait suite à la mort d’un Zambien qu’un Somalien aurait tué après qu’il a exigé son argent, jeudi.

L'histoire a aussi été reprise par le site somalien Hiiraan Online.

Sur Twitter Temwani Nkhata écrit:

@NkhataTemwani: @ caesarcognac oui, nous sommes des bonnes gens mais maintenant ça part en vrille … vous savez comment ils nous manquent de respect et sont arrogants, ça suffit

et précédemment :

@caesarcognac @blistic_1 @ NkhataTemwani: @Kush_411 nous Zambiens tolérons trop de ces gens qui prennent tout pour acquis. Pourquoi leur donnons-nous tant de pouvoir ?

Sur Facebook, les internautes étaient en désaccord avec l’un d’entre eux qui blâmait l'ensemble de la communauté somalienne après l'incident. Richard Banda Lcgi Meiz écrit :

Un Zambien a été tué hier par balles par un ressortissant somalien et cela a déclenché des émeutes et des pillages à Ndola. Le problème est que la Zambie va être en difficulté pendant de nombreuses années, voire des décennies maintenant suite à l'afflux de Somaliens. Ce sont des gars qui viennent d'un Etat inexistant déchiré par la guerre et sont arrivés en Zambie sans rien. Ils font des enfants qui sarcastiquement prétendent être Zambiens et en utilisant nos clauses de citoyenneté.

[…] Nous devons contrôler l'afflux de Somaliens dans ce pays sinon nos arrière-petits-enfants nous maudiront tous, alors que nous serons dans nos tombes, pour n’avoir rien fait.

Les Somaliens ont leurs propres bus et écoles, et nous ne savons pas s’ils transmettent à ces enfants leur haine des non-musulmans.

Banda a été critiqué par Emmanuel Mulenga :

 Vos maudits stéréotypes ! Juste parce qu'un Somalien commet un crime, vous condamnez tous ceux d’origine somalienne ? Apprenez à accepter l'égalité et de la diversité ! Faites du cas par cas, pas ce racisme que vous distillez dans vos messages!

Il n'y avait aucune déclaration officielle à la police au moment de la rédaction de ce billet, sur d’éventuelles arrestations parmi les pillards hormis une déclaration antérieure attribuée au commissaire de la police provinciale, Mary Tembo sur l'arrestation du présumé assassin somalien.

En juillet 2012, la police zambienne avait étouffé dans l'oeuf une attaque xénophobe : Zambien qui aurait été brûlé à mort en République démocratique du Congo (pays voisin). Un certain nombre de ressortissants somaliens sont installés dans et autour de Ndola où ils ont des entreprises allant des transports aux supermarchés.