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Hong Kong : Non au commerce de l'ivoire

lundi 14 octobre 2013 à 01:24

[liens en anglais sauf mention contraire] Une coalition de citoyens engagés et d'ONG, Hong Kong for Elephants, s'est réunie le 4 octobre dans le centre-ville de Hong Kong afin d'appeler le gouvernement à détruire son stock de 25 tonnes d'ivoire confisqué.

Ce rassemblement local est solidaire de la Marche Internationale pour les éléphants, organisée par le David Sheldrick Wildlife Trust dans le cadre de sa campagne iWorry.

Lucy and Christine are acting as the spokesperson for the anti-ivory trade campaign in Hong Kong. Photo from Avaaz.org

Lucy et Christina sont les porte-parole de la campagne s'opposant au commerce de l'ivoire à Hong Kong. Photo provenant du site Avaaz.org

Cette action locale anti-ivoire a été lancée via une pétition mise en ligne par Lucy Lan Skrine (11 ans) et Christina Seigrist (9 ans) sur Avaaz.org en septembre, qui réclame la destruction du stock d'ivoire confisqué par l'administration, un geste fort pour signifier aux clients chinois qu'acheter de l'ivoire est immoral. Les deux écolières sont scolarisées à Hong Kong, port majeur du commerce illégal d'ivoire entre l'Afrique et la Chine continentale. Dans une interview accordée à inmediahk.net, elles revendiquent leur amour des animaux et font part de leur volonté de mettre un terme au massacre des éléphants en faisant entendre leur voix. Les deux fillettes sont devenues les porte-parole de Hong Kong for Elephants.

Activists demonstrated outside the Chinese Arts and Crafts Department Store on October 4. Photo by Mara McCaffery shared in International March for Elephants' event page.

Des activistes ont manifesté devant le Chinese Arts and Crafts Department Store le 4 octobre. Photo de Mara McCaffery partagée sur la page Facebook ‘International March for Elephants'.

Malgré la répression active des trafiquants d'ivoire par le Département des douanes de Hong Kong et la mise en place d'une Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, il est difficile pour les autorités d'identifier et poursuivre en justice les trafiquants. Par ailleurs, le commerce national d'accessoires en ivoire est autorisé à Hong Kong et en Chine continentale. Lorsque l'ivoire brut illégal parvient à entrer en Chine via Hong Kong, il est vendu en gros aux sculpteurs et aux fabricants, et transformé en produits de luxe mis en circulation sur le marché domestique par des entreprises titulaires ou le marché noir. 

C'est pourquoi les campagnes internationales contre le trafic d'ivoire, telles que Save All Elephants, réclament la fin de l'industrie de la sculpture sur ivoire en Chine :

La Chine joue un rôle extrêmement important dans le commerce de l'ivoire, et pourtant elle affirme ne pas être responsable du braconnage. Ce sont pourtant eux qui sculptent l'ivoire dans leurs immenses usines et produisent tous les objets destinés à la vente. La scuplture est la source même du trafic. La Chine est fautive, ils tiennent littéralement l'ivoire entre leurs mains lorsqu'ils le sculptent. Il faut les interpeller, et c'est à vous, activistes, de le faire, vous devez exiger de votre gouvernement qu'il fasse pression sur la Chine afin qu'elle stoppe son commerce, et que les éléphants aient le droit de vivre.

Il s'agit également d'un objectif à long terme pour Hong Kong for Elephants. Le 4 octobre, une trentaine d'activistes défenseurs des animaux se sont rassemblés le long de Nathan Road à Tsim Sha Tsui, quartier touristique de Hong Kong. En passant devant le magasin Chinese Arts & Crafts, connu pour ses luxueux produits d'artisanat chinois, et notamment pour ses objets en ivoire, ils ont exhorté les clients chinois à boycotter les produits en ivoire.

En plus d'alerter l'opinion publique, la coalition soumettra les signatures recueillies par la pétition en ligne au gouvernement de Hong Kong, et a arrangé une rencontre avec le Ministère de l'Agriculture, de la Pêche et de la Protection de l'environnement afin de négocier la destruction du stock d'ivoire confisqué. Comme la coalition l'a expliqué, détruire ces stocks n'est qu'un début, leur objectif étant d'interdire le commerce domestique d'ivoire :

Christine wants consumers aware that buying of ivory products is equal to killing of elephants. Photo from Hong Kong for Elephants.

Christina veut que les clients prennent conscience qu'acheter de l'ivoire revient à tuer des éléphants. Photo de Hong Kong for Elephants.

Nous voulons également que le gouvernement chinois interdise le commerce national d'ivoire, qu'il ferme les magasins proposant des articles en ivoire ainsi que les 37 entreprises d'Etat de sculpture sur ivoire qui se trouvent sur son territoire.

Mais avant tout, nous vous demandons de signer notre pétition réclamant que le gouvernement hongkongais détruise et brûle son stock d'ivoire. Nous voulons que Hong Kong envoie un message clair au reste du monde : l'ivoire n'est pas le bienvenu ici et notre ville ne prendra pas part à ce commerce ignoble. Pensez aux éléphants morts pour accumuler ces 25 tonnes de défenses. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour qu'ils ne soient pas morts pour rien…

Un suicide révèle la dure condition des enseignants en Chine rurale

lundi 14 octobre 2013 à 01:12

[Sauf mention contraire, tous les liens sont en anglais]

« J’ai les preuves. Ça sera prouvé ! », Cheng Xinggui a-t-il crié peu avant de se jeter dans une rivière, sous une pluie torrentielle. Il s'est donné la mort le 17 juillet 2013 à l'âge de 58 ans en protestation contre le processus administratif qui l'empêchait d'obtenir son salaire, dans la province du Yunnan.

La décision de Cheng de mettre fin à ses jours a attiré l'attention sur la situation difficile dans laquelle se trouvent beaucoup d'enseignants en Chine rurale. De nombreux professeurs travaillent toute leur vie dans des écoles comme « enseignants suppléants », car les collectivités locales des régions pauvres ne disposent pas des ressources nécessaires pour embaucher des enseignants permanents. Les suppléants n'appartiennent à aucune DANWEI [fr] ou unité de travail, et ne bénéficient donc d'aucune protection sociale. De plus, leur revenu n'équivaut qu'à un cinquième [chinois] de celui des enseignants permanents.

Comme la plupart des suppléants enseignant dans des zones rurales n'ont pas de qualification professionnelle, le ministère de l'Éducation a proposé en 2006 de mettre en place la mesure Qing Tui (清退) dans le but de licencier 448 000 enseignants suppléants dans l'ensemble du pays afin d'améliorer la qualité de l'éducation en zone rurale. L'échéance des licenciements systématiques était fixée à 2010, mais les autorités en charge de l'éducation n'ont pas trouvé assez de professeurs qualifiés pour remplacer les suppléants et la mesure a fait l'objet de nombreuses critiques de la part du public.

Par exemple, la courte vidéo ci-dessous nous montre une enseignante suppléante qui enseignait depuis 20 ans dans une école primaire d'une zone rurale de la province du Sichuan. Elle a été licenciée une première fois il y a quelques années et cela était sur le point de se reproduire en 2010. Comme les suppléants n'ont pas de contrat les protégeant, elle est restée totalement passive pendant le processus de licenciement. Pendant toutes ces années, sa famille a vécu dans la pauvreté et son mari devait aller travailler au centre-ville pour subvenir à leurs besoins de base :

Afin de répondre aux doléances, le ministère de l'Éducation a publié en 2011 un document qui exigeait des autorités locales qu'elles indemnisent les professeurs suppléants en fonction de leurs années de service. Comparé à d'autres qui ont été licenciés avant 2011, Cheng Xinggui aurait pu se considérer comme chanceux, car selon les termes du nouveau document, il avait droit à 21 165 yuans (2.550 euros) d’indemnisation pour ses 25,5 années de service, calculés sur la base de 830 yuans par mois.

Toutefois, ses fiches de salaire sur huit années ont disparu. Les autorités locales en charge de l'éducation ont jugé non-valables les autres preuves qu'il a présentées.

Se sentant humilié et ignoré, Cheng a sacrifié sa vie en signe de protestation. Un mois après son suicide, les autorités locales ont finalement reconnu ses 25 années d'expérience dans l'enseignement.

Sur Sina Weibo, la plateforme de microblogging la plus populaire de Chine, de nombreuses personnes ont fait part de leur tristesse face au suicide de Cheng et aux problèmes des suppléants qui enseignent en zone rurale.

@LFGL1205 se souvient de l'un de ses professeurs de primaire :

我的家乡广东省化州市合江镇沙垌岭小学也有一位代课老师叫刘付建英,是我幼时的老师,早几年退休了,只拿每月100多的退休金,现在年轻的代课老师都转正了,工资都有2000多,过年回家见到他,说起人事,感觉很凄凉,据说政府现在算他的工齡才几年,真的好无语,很理解这个程兴贵,太难接受这个落差了。

Je me souviens de Liufu Jianying, un de mes professeurs suppléants à l'école primaire Sha Tong Ling située dans la ville de Huazhou, dans la province du Guangdong. Il était mon professeur quand j'étais enfant. Il a pris sa retraite il y a quelques années et reçoit 100 yuans [environ 12 euros] par mois. De nos jours, la majorité des jeunes professeurs suppléants obtiennent leur qualification et gagnent 2 000 yuans [environ 240 euros] par mois. Dès que je reviens dans ma ville natale, nous parlons du passé et je peux sentir son chagrin. Il m’a dit que le gouvernement n'a retenu que quelques années d'enseignement pour calculer sa retraite. Je ne sais pas comment réagir [face à cette triste situation]. Je comprends parfaitement la réaction de Cheng Xinggui, accepter cette réalité injuste est trop difficile.

@melo pense que ce n'était pas l'argent qui posait problème à Cheng, mais le manque de reconnaissance :

也许钱并不是最重要的,一生就这样被抹去,才会有程兴贵用生命去证明。

Ce n'est peut-être pas l'argent qui posait problème [à Cheng]. La valeur de sa vie entière a été effacée [par les autorités], c'est pourquoi il s'est servi de sa vie pour prouver [sa valeur en tant que professeur].

« Eau ordinaire 3 477 375 174 » (@小微的力量白开水3477375174) a fait remarquer que la société a une dette envers les professeurs suppléants et que le gouvernement devrait s'en acquitter :

一个负责任的政府,应该努力解决他的欠帐,但我们丝毫看不到这种迹象。今天是代课教师、赤脚医生,明天又会是谁。呼吁国家彻底解决代课教师和赤脚医生的待遇和养老问题

Un gouvernement responsable devrait faire tout son possible pour payer ses dettes, mais nous ne voyons pas de tels efforts mis en œuvre. Aujourd'hui [les victimes] sont les suppléants et les médecins aux pieds nus [fr] [médecins non professionnels qui exercent dans des communautés rurales], qui seront [les victimes] de demain ? J'en appelle au pays pour enfin résoudre les problèmes auxquels font face les professeurs suppléants et les médecins aux pieds nus, [augmenter leur] salaire et [leur donner] une retraite décente.

Certains blogueurs se sont montrés critiques envers le ministère de l'Éducation et la politique de licenciement de tous les suppléants, autrement appelée « mesure Qing Tui » (清退).

Le blogueur « A-solider » a écrit sur son blog :

从这个意义讲,代课教师程兴贵的自杀,应该引发对拷问’清退’质量的全面拷问,来催发相关部门在对待代课教师问题上及时纠偏,弥合相关制度断裂,体现更多的公共关怀,让代课教师在离开讲台后,都能获得一种既体面优有尊严的人生。

Dans ce sens, le suicide de Cheng Xinggui devrait conduire à une introspection au sujet de la mesure Qing Tui afin d'aider le gouvernement à réparer le traitement injuste fait aux suppléants, de leur apporter une attention humaniste et d'assurer qu'ils puissent tous mener une vie correcte et digne lorsqu'ils quittent leur poste d'enseignant.

Le microblogueur @ntheatre a écrit :

尽管程兴贵自杀的背景涉及全国的数以十万计代课教师的补偿政策,但此前并无媒体报道。代课教师的利益诉求是什么,一刀切的政策是否恰当,也未能成为公共领域的话题.念及代课教师在特殊年代对乡村教育所付出的辛劳,以及他们受到损害的现状,这种忽视无疑是遗憾的.

Jusqu'à aujourd'hui, aucun des médias traditionnels n'a parlé des problèmes liés à la politique d'indemnisation des enseignants suppléants dans le pays. Jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu de discussion au sein de la sphère publique au sujet des demandes des professeurs suppléants et de leur opinion sur les mesures de licenciement. Si l'on prend en considération leur contribution à l'éducation en zone rurale et leur exploitation sur le long terme, il est hautement regrettable que [leurs demandes et opinions] aient été négligées depuis le début.

[La photo de vignette est celle de Cheng Xinggui]

La première cause de suicide est la dépression non traitée. On peut soigner la dépression et on peut éviter les suicides. Les personnes suicidaires ou traversant une crise émotionnelle peuvent obtenir de l'aide de la part de lignes d'écoute confidentielles. Consultez Befrienders.org pour trouver le numéro la ligne de prévention du suicide dans votre pays.

Rising Voices : notre projet ‘Cartographions le Niger’

dimanche 13 octobre 2013 à 17:46

Le projet Mapping for Niger (Cartographions le Niger) est l'un des lauréats des mini-bourses de Rising Voices cette année. Cet article a été écrit par la chef du projet, Orsolya Jenei.

ici au Niger, à l'université Abdou Moumouni de Niamey, des choses très intéressantes se sont passées grâce à la bourse Rising Voice. On peut percevoir l'enthousiasme ambiant dans différentes activités : former les participants lors de sessions qui durent parfois toute la nuit dans l'atelier d'informatique du campus, en buvant du thé et en testant les nouveaux outils que les participants ont découvert..même lorsqu'ils s’impatientent si nous prévoyons de travailler ensemble uniquement quelques soirs par semaine, alors qu'ils souhaiteraient faire plus. Des camarades étudiants, qui ne font pas partie de l'équipe initiale de ce projet, nous arrêtent  et demande à participer aux activités,  tandis que d'autres nous envoient des messages encourageants ; l’Université a bien compris l'opportunité et les bénéfices possibles pour les étudiants, et en dépit de ses moyens limités, nous a concédé le plein accès à l'atelier d'informatique. Dans un lieu où les occasions de formations pratiques sont rares, la bourse Rising Voices participe à l'animation du campus et donne aux étudiants une possibilité d'investir leur temps utilement tout en acquérant une expérience pratique qui leur sera utile dans leur future profession.

Le projet Mapping for Niger (Cartographions le Niger) est un projet de cartographie de communes du Niger réalisé par les étudiants en géographie de l'université de Niamey, au Niger. Ces étudiants élaborent des cartes à jour et virtuelles de leur village. Il font aussi connaitre leur village en partageant des informations locales sur les médias sociaux et lors de rencontres en face à face. Les étudiants sont formés à la collecte de données par GPS pour des lieux clés tels que écoles, hôpitaux, bureaux de l'administration locale, routes, pompes à eau, etc, et à les télécharger sur la plateforme de cartes en ligne gratuites et libres de droits OpenStreetMap (OSM). Pour animer et peupler ces cartes d'informations, les étudiants apprennent aussi à utiliser des appareils photos numériques et les réseaux sociaux. Ceci leur permet de faire connaitre via une carte les priorités et les problèmes des communes cartographiées, ainsi que la beauté et la diversité de leurs traditions. 

On pourrait croire que former des étudiants d'université à la cartographie collaborative est aisé. Cependant, quelques informations sur le Niger peuvent aider à comprendre que les conditions de vie et de travail dans ce pays ne sont pas toujours faciles. Le Niger, dont une grande partie se trouve dans le Sahara, a une population de 17 millions d'habitants et affronte une série de problèmes, de l'insécurité alimentaire à des sécheresses répétées. Classé dans les derniers rangs de l’Indice de développement humain, moins d'un tiers de sa population sait lire et écrire et beaucoup de communes souffrent du manque d'électricité, rarement accessible, d'eau potable et d'infrastructures inexistantes ou très dégradées. Il n'est donc pas surprenant que le Niger soit aussi l'un des pays où la pénétration d'Internet est la plus faible, avec seulement environ 230 000 utilisateurs dans tout le pays (soit 2 pour cent de la population).  

Comme tout projet lancé dans un contexte difficile, dès le début, les problèmes ont été multiples. Au quotidien, les coupures d'électricité, la connexion aléatoire à Internet, et le partage d'un écran d'ordinateur par deux ou trois étudiants ont rendu la formation difficile au début. Les pluies ont contribué à l'annulation de séances, les participants étaient fatigués durant le jeûne du Ramadan, et la malaria a frappé à peu près nous tous. Disons simplement que des solutions ingénieuses et spontanées sont toujours nécessaires, ainsi que de la patience et une attitude positive, pour maintenir le moral et pour que les activités se poursuivent. Mais nous ne nous plaignons pas, car nous avons tout cela en abondance.  

De fait, la véritable beauté de ce projet est apparue grâce à ces problèmes dans l'enthousiasme, la détermination  et la pugnacité dont ont fait preuve les étudiants. Ils représentent parfaitement la diversité du Niger. Le niveau de connaissances informatiques au début était très hétérogène : beaucoup n'avaient pas d'adresse mail, et ne connaissaient pas ou très peu Internet ou les fonctions de base d'un ordinateur. Mais ensemble, et chacun à son rythme, ils ont tiré parti des séances de formatios pour s'accoutumer aux outils en ligne.  Leurs progrès sont époustouflants : beaucoup d'entre eux, qui n'avaient presque aucune pratique d'un ordinateur, forment maintenant les autres et de façon très sérieuse. Il est difficile d'imaginer des étudiants qui ont autant envie d'apprendre et de s'entraider. 

Les bonne nouvelles arrivent : au bout de trois mois, les quinze étudiants travaillant ensemble ont appris la maîtrise des outils, ont collecté des données géographiques, et des photos de huit communes différentes (d'autres sont à venir). Le véritable travail doit encore débuter. Durant l'automne, nous éditerons les données collectées par les étudiants au cours de l'été, et compléterons les cartes des communes qu'ils ont visitées. Ensuite, à partir du groupe initial de quinze étudiants, nous formerons un groupe plus important d'étudiants afin de propager et compléter notre travail. Les étudiants contacteront différentes associations et les autorités locales pour qu'elles s'impliquent dans l'utilisation et le partage de données géographiques. Et chemin faisant, la cartographie se poursuivra. Tout en formant de nouveaux étudiants et en contactant des locaux, nous ajouterons différentes communes à la carte, en essayant aussi de transmettre les histoires des habitants par les médias sociaux. Post de blog après post, et photo après photo, nous espérons illustrer les histoires de lieux où entre rarement un appareil photo, et dont les voix ont rarement été entendues. 

Nous remercions Rising Voices pour son généreux soutien, qui a permis à ce projet d'exister. 

 

Pour en savoir plus sur le projet  Mapping for Niger, suivre ces liens :

Le documentaire qui fait discuter de sexe en Egypte

dimanche 13 octobre 2013 à 13:28

[Liens en anglais] Un documentaire d'un quart d'heure intitulé “Libido” anime en Egypte la discussion sur la sexualité. Ecrit et réalisé par Youssef Alimam, Libido use de styles variés pour évoquer les dilemmes des jeunes sur le sexe. A côté d'entretiens avec des jeunes gens à propos de leurs idées sur le sexe, le film suit l'histoire de Mazen, un jeune Egyptien, et les barrières qu'il rencontre en essayant de gérer ses désirs sexuels.

Discuter de sexualité reste un défi en Egypte. Les programmes scolaires d'éducation sexuelle fournissent une information limitée et sont souvent esquivés, d'après une récente étude menée dans des écoles égyptiennes. Un sondage de 2010 montre qu'un quart seulement des jeunes ont eu une conversation avec leurs parents au sujet des changements à la puberté. Un récent rapport relatif aux droits de la personne a fait écho au problème et condamné l'atteinte des autorités aux droits des jeunes en empêchant leur accès à l'information et aux services de santé sexuelle, accès qui conditionne leur possibilité de mener des vies saines.

Les réactions à “Libido” ont été variées : les unes ont loué le courage du film à aborder un sujet malaisé, d'autres ont émis des réserves sur le message supposé favorable aux relations sexuelles avant le mariage. Des commentaires ont condamné le sexe avant le mariage comme un péché et un acte immoral, tandis que d'autres y voyaient un élément d'un nécessaire processus de découverte des partenaires, nul n'ayant en outre le droit de juger les autres en fonction de leur manière personnelle de vivre.

Global Voices Online s'est entretenu avec le réalisateur. 

Global Voices: Quelles sont les origines de “Libido” ?

Youssef Alimam: “Libido” était mon projet de diplôme à l'Institut supérieur du Cinéma du Caire. J'ai voulu parler du sujet parce que moi-même j'y pensais énormément enfant. Je n'ai pas reçu de véritable éducation sexuelle dans mon école, et ma curiosité était celle de n'importe quel enfant, alors je me suis dit qu'il serait très intéressant de poser finalement les questions moi-même pour la première fois à 20 ans. J'ai alors commencé les recherches, jusqu'à finalement arriver au concept entier du film, et à la manière dont il devait être fait.

GV: Quelles ont été les principales difficultés pendant la réalisation ?

YA: Dès le départ ç'a été considéré comme totalement fou, et on m'a dit “tu ne peux pas le faire”. Ça ne m'a pas fait changer d'avis, parce que le sujet doit être ouvert, et les gamins dans toute l'Egypte peuvent être instruits par des sources qui ne sont pas considérées comme morales. Ils sont conscient de tout, mais ce sont des informations fausses qu'ils obtiennent les uns des autres, et ils se mettent à fabriquer des mythes. Ils sont convaincus que c'est un péché de seulement savoir, surtout bien sûr les filles, qui ne peuvent parler à leurs parents, ne peuvent trouver conseil à l'école, et apprennent juste à ignorer complètement la question, ce qui les abandonne aux surprises de la puberté, affrontées dans la terreur pure.

Quant à la réalisation du film avec un petit budget, j'ai eu beaucoup d'aide de mes amis, qui croyaient en moi et dans le sujet et dans la façon dont je le dépeignais. Dans mon université, après avoir vu le film, on m'a donné une bonne reconnaissance et on a cru dans ma cause. J'ai eu beaucoup de soutien de mes professeurs.

GV: En moins d'un mois, “Libido” a été vu par des milliers de spectateurs sur YouTube. Comment étaient les réactions ?

YA: Je ne m'attendais pas à une telle propagation, mais dès que je l'ai mis en ligne, j'ai vu les chiffres atteindre les milliers en quelques jours. C'était un choc, et des inconnus se sont mis à le partager. Des quantités de gens m'ont donné des retours encourageants, et ont dit qu'ils espéraient que quelque chose de ce genre se passe.

GV: A la différence de beaucoup de réalisateurs, vous avez sans hésiter partagé “Libido” sur YouTube, Facebook et Twitter. Comment voyez-vous le rôle des médias sociaux pour créer des débats sur de tels sujets ?

YA: ”Libido” a gagné plusieurs prix, et a été diffusé sur Internet par la suite, ce qui lui a donné de la reconnaissance dans les festivals et chez la jeunesse de partout. Le retour que j'ai eu à partir de là était extraordinaire. J'étais très heureux qu'ils soient ouverts au sujet et que [le film] puisse toucher dans d'autres pays.

Après être sorti sur l'internet, il a atteint encore plus de gens à travers le monde, et ainsi de suite, alors je pense que cela a bien sûr beaucoup aidé de diffuser par les réseaux sociaux.

Youssef Alimam, director (left) and Mazen, the protagonist (right), in one of film's scenes. Taken from Facebook page.

Youssef Alimam, réalisateur (à gauche) et Mazen, le protagoniste (à droite), dans une scène du film. Source : page Facebook.

GV: Une critique est que “Libido” est centré sur la vision masculine et de classe privilégiée de la sexualité en Egypte. Quelle est votre réponse à cela ?

YA: Non, “Libido” discute des questions autant masculine que féminine en Egypte, et la fin du film, (pour ceux qui ont regardé jusqu'au bout) montre surtout de façon amusante que nous, en tant que société ignorons totalement les aspects féminins de la sexualité. Nous nous comportons comme si elles n'étaient pas des êtres sexuels, comme les hommes, ce qui est grave en soi.

Quant à la classe [sociale], je crois que le problème existe dans la société indépendamment de la classe, mais surtout pour les gens de la classe moyenne car ils ne peuvent pas facilement s'offrir un mariage précoce en ce moment, pour des raisons économiques. Ils ont des barrières culturelles strictes qui sont relativement conservatrices, et doivent vivre selon certaines normes quand ils sont mariés, sinon leur mariage ne sera pas considéré comme réel. Leur fait défaut cette libération des fondamentaux matérialistes qu'on ne trouve que dans la classe inférieure.

GV: Quelles sont les prochaines étapes pour “Libido” ?

YA: C'était un projet de diplôme en fait, je voulais seulement exercer mes compétences de réalisateur en faisant mon premier court-métrage documentaire. Je n'ai aucune idée de ce qui pourra suivre, mais je souhaite que ma voix soit entendue, et que les gens essaient vraiment de réfléchir à des solutions aux problèmes dans notre société. Je crois que nous pouvons résoudre les problèmes si nous pouvons tous ne serait-ce que faire le premier pas, et cesser de rougir quand le mot “sexe” est prononcé, et comprendre que c'est de la biologie.

Les autorités saoudiennes bloquent les sites en faveur de la conduite des femmes

samedi 12 octobre 2013 à 21:20

L'Arabie Saoudite ne se contente pas d'interdire aux femmes de conduire, elle bloque également les sites poussant celles-ci à prendre le volant.

Le 21 septembre, des activistes saoudiennes lançaient le site de la campagne du 26 octobre, réclamant dans une déclaration la levée de l'interdiction faite aux femmes de conduire en Arabie Saoudite. Le 29 septembre, les autorités ont bloqué le site sans fournir aucune explication (elles ne le font presque jamais), alors que la déclaration avait recueilli plus de 13 000 signatures :

La campagne du 26 octobre pour la conduite des femmes bloquée en Arabie Saoudite #قيادة_26اكتوبر http://t.co/vHOmyPY9Ey

Les activistes ont rapidement lancé un site miroir pour contourner la censure :

الان حتى موقع http://t.co/8WrfejrKzU اصبح فعال وبإمكانك التوقيع هناك! #قيادة_26اكتوب Nous avons créé un autre site pour remplacer celui qui est bloqué !

The standard blocking message shown in place of oct26driving.com and oct26driving.org.

Le message standard qui s'affiche désormais sur les pages oct26driving.com et oct26driving.org.

Le 7 octobre, le site miroir est bloqué à son tour.

Le site miroir de la campagne pour la conduite des femmes du 26Oct, créé après que l'original a été bloqué par le gouvernement, est à son tour bloqué !

Les hauts responsables du gouvernement saoudien ont toujours affirmé, en particulier en s'adressant aux médias occidentaux, qu'ils attendaient simplement que la société accepte les femmes au volant. Pour autant, ce genre d'actions prouve bien que le gouvernement joue un rôle actif dans la restriction du mouvement des femmes.