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Qui sont donc ces candidats qui briguent le fauteuil présidentiel au Mexique ?

jeudi 21 juin 2018 à 11:01
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Élections au Mexique. Photographies de ProtoplasmaKid utilisées sous licence CC-BY-SA 4.0.

Ce qui suit est le second volet d'une série de quatre articles destinés à fournir un aperçu global du contexte dans lequel vont se dérouler les prochaines élections au Mexique [fr] le 1er juillet 2018. Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en espagnol.

Précédemment, nous avons fait un bref rappel de l'histoire des élections [fr] au Mexique et de certains faits antérieurs s'y rapportant. Il est temps de nous intéresser à présent aux candidats qui aspirent à gouverner un pays dont les citoyens — comme dans de nombreuses parties du monde — ont une vision désenchantée de la classe politique en général et des soupçons d'abus et de corruption qui l'ont entachée ces dernières années.

Sans plus attendre, passons à la présentation des prétendants à la prochaine succession présidentielle.

Ricardo Anaya

Pour rétablir la paix, il faut que les gens aient un emploi stable et bien payé. C'est pourquoi, avec mon gouvernement, nous allons faire en sorte d'encourager l'investissement et que pour tous les habitants de Morelia, tout aille mieux.

Ricardo Anaya Cortés [fr] est le porte-drapeau de la coalition qui regroupe le Parti action nationale [fr] (PAN), le Parti de la révolution démocratique [fr] (PRD) et la formation Mouvement citoyen (MC). Cette alliance, hautement pragmatique, a été critiquée pour avoir réuni un parti conservateur ou de droite (le PAN) à un parti considéré comme libéral ou de gauche (le PRD). 

A 39 ans, M. Anaya est le plus jeune des prétendants. Il n'a jamais exercé de mandat exécutif, mais a occupé des fonctions législatives aux niveaux local et fédéral. 

Ses détracteurs l'accusent, par presse interposée, de corruption pour l'achat d'un immeuble à usage industriel, lié, d'après eux, à une affaire de blanchiment d'argent.

José A. Meade

Image : “Ce n'est pas un candidat que nous allons élire, mais un président. Je n'ai aucun doute, et vous non plus : je suis le meilleur”

Tweet : Je n'ai aucun doute MeadePresidente.

Bien qu'il ne soit pas officiellement militant du Parti révolutionnaire institutionnel [fr] (PRI), José Antonio Meade Kuribreña [fr] a été désigné comme le candidat du parti à la succession présidentielle. Il a exercé de nombreuses fonctions dans l'administration publique, que ce soit au temps du PAN ou sous le mandat du “priiste” [membre du PRI, NdT] Enrique Peña. Il a occupé successivement les ministères des Relations extérieures, des Finances et du crédit publics, du Développement social et de l'Énergie. 

Tout en entrant dans la bataille présidentielle pour le compte du PRI, Meade représente deux autres partis, le Parti vert écologiste du Mexique [fr] (PVEM) et le Parti nouvelle alliance [fr] (PANAL).

Bien qu'il ait présidé le ministère du Développement social, alors impliqué dans une affaire de fraude (communément appelée “La Estafa Maestra” : l'arnaque magistrale) dénoncée par des journalistes indépendants et une organisation non gouvernementale, Meade n'a fait l'objet d'aucune accusation directe pour corruption. De plus, il a été brièvement ministre de l'Énergie pendant l'élaboration de la réforme constitutionnelle concernant l'énergie.  

Andrés M. López

Le 1er juillet, nous allons gagner et nous ne décevrons pas le peuple. Le pouvoir n'a de sens, et n'est une vertu, que s'il se met au service des autres.

Andrés Manuel López Obrador [fr] participe à cette campagne pour le parti politique qu'il a fondé : le Mouvement de régénération nationale [fr] (MORENA). Il a été candidat à la présidence lors des deux élections précédentes. En 2006 (il était alors au PRD), les résultats ne lui étant pas favorables, il s'est autoproclamé “Président légitime”.

López (qu'on appelle aussi par ses initiales, AMLO) a été Chef du gouvernement de la ville de Mexico. Durant son mandat, de nombreuses affaires de corruption ont été rendues publiques. Elles mettaient en cause ses plus proches collaborateurs. L'un d'entre eux (René Bejarano) a été surpris en flagrant délit recevant plusieurs millions en espèces dans une vidéo rendue publique en plein journal télévisé diffusé au niveau national.

Les propositions de López sont les plus connues et les plus faciles à identifier. Elles prônent l'amnistie des criminels dans le contexte du conflit armé, et l'abandon des réformes entreprises par le président actuel (sur l'énergie et l'éducation, en particulier). Il est considéré comme le plus populiste des candidats.

Alors qu'il prétend être un parti politique libéral ou de gauche, le MORENA se retrouve associé dans cette course présidentielle au Parti rencontre sociale (PES) réputé comme étant ultra conservateur.

Jaime Rodríguez

Image : “Dans ce pays, ce sont les juges et les magistrats qui font l'impunité”

Tweet : Il faut nettoyer ce système corrompu de fond en comble, et je vais le faire. Pourquoi ? Parce que le Mexique mérite que la justice règne, que les citoyens soient entendus et surtout, qu'ils puissent vivre en paix et faire confiance aux autorités. Votez RT si vous voulez en finir avec la corruption.

Jaime Heliodoro Rodríguez Calderón, surnommé “El Bronco” se présente comme candidat indépendant, malgré son appartenance passée au PRI. Il est actuellement gouverneur du Nouveau León, une fonction à laquelle il a aussi accédé comme indépendant.

Sa présence dans la campagne est sérieusement contestée. En effet, la commission électorale soutient que “El Bronco” a commis plusieurs irrégularités pour parvenir à remplir les obligations imposées par la loi pour accéder à ce type de candidature. Pour finir, c'est le tribunal électoral qui a ordonné l'enregistrement de sa candidature.

Sa proposition la plus commentée est celle de “mochar” (amputer) les mains des fonctionnaires corrompus. Il a évoqué cette idée lors du premier débat auquel ont participé les candidats fin avril 2018. “El Bronco” n'a pas hésité à préciser qu'il emploie “mochar” au sens “littéral” du terme.

Margarita Ester Zavala Gómez del Campo, autrefois militante du PAN, s'était elle aussi présentée comme candidate indépendante. Zavala est l'épouse de l'ancien président Felipe Calderón [fr] et a été députée à l'Assemblée législative.

Mais elle a annoncé le 15 mai 2018 son souhait de se retirer de la campagne présidentielle. 

Voici donc la description des aspirants à la succession de Enrique Peña [fr] comme président du Mexique. Dans notre prochain article, nous parlerons des enquêtes d'opinion et nous dresserons le panorama du pays que ces individus veulent gouverner. 

Un entrepreneur social s'attaque au Goliath de la pollution plastique jamaïcaine

mercredi 20 juin 2018 à 19:27

Le fils de Scheed Cole assis sur un banc de l'entreprise 360 Recycle. Cole a fondé cette entreprise sociale dans le but de penser différemment, d'aider les personnes dans le besoin et de s'attaquer aux problèmes environnementaux. Photo de Emma Lewis, utilisée avec son autorisation.

Sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des pages web en anglais.

Le thème [fr] de la Journée Mondiale de l'Environnement 2018 (5 juin) est #CombattreLaPollutionPlastique [fr] ( #BeatPlasticPollution) et les débats se sont renforcés à la Jamaïque sur la question de la gestion des déchets – en particulier sur la meilleure manière de s'attaquer à la question des marées de plastique.

Le sénateur Matthew Samuda, qui avait déposé en 2017 une motion pour interdire les sacs en plastique et les polystyrènes du type Styrofoam [fr], a promis d’agir en février 2018, mais aucune des mesures anti-plastique n'est encore passée. Samuda a tweeté récemment depuis une plage de Kingston Harbour [Jamaïque] :

Rendez-vous compte, nous avons nettoyé cette plage le 21 avril, il a suffi qu'il pleuve une fois et regardez, c'est PIRE qu'avant. Nous flirtons avec la catastrophe. Il ne peut y avoir d’économie bleue [fr] si nous continuons à gérer ainsi nos déchets solides. Des mesures d'urgence doivent être prises dès maintenant.

Sans se soucier de l'issue des discussions politiques, le secteur privé, incluant des groupes comme Recycling Partners of Jamaica ont pris les devants en matière de nettoyage et de recyclage.

Un jeune entrepreneur social a notamment trouvé un moyen créatif de donner une nouvelle vie au plastique et de le recycler. Scheed Cole et l'entreprise qu'il a fondé, 360 Recycle, emploient environ 20 jeunes des environs, et ensemble, ils fabriquent des objets innovantes : des aires de jeu, des sculptures, des pièces d'eau, des pots de fleurs, des matériaux de construction et plus encore ; tout cela à partir de bouteilles en plastique et de polystyrènes. L’entreprise a également construit un diorama pour le nouveau hall d'exposition du Muséum d'histoire naturelle de la Jamaïque.

Scheed Cole, fondateur et directeur de 360 Recycle, travaille sur un modèle. Photo de Emma Lewis, utilisée avec son autorisation.

Global Voices a récemment visité l'atelier de 360 Recycle dans le centre-ville de Kingston et a discuté avec Cole. Il était occupé à sculpter un petit modèle tandis que sa femme Keisha (également l'administratrice de la société) gardait un œil aussi bien sur le travail dans la cour extérieure que sur leurs enfants, qui étaient en congés scolaires. Pendant que les coups de marteau et de burin pénétraient par la fenêtre, Cole parlait de sa vision.

Global Voices (GV) : Qu'est-ce qui vous motive ?

Scheed Cole (SC) : Je suis vraiment attiré par les personnes dans le besoin, et comment je peux contribuer à les aider. C'est de là que vient mon empathie. C'est l'une des principales raisons pour lesquelles j'ai fait de 360 Recycle une entreprise sociale. J'aime la science et j'aime les matériaux en tant que sculpteur. Une grande partie des matériaux que j'utilisais était recyclée. Je me suis intéressé aux plastiques en recherchant des matériaux plus légers. C'est alors devenu intentionnellement un moyen de lutter contre les problèmes environnementaux. J'ai commencé à utiliser plus de produits recyclables et c'est ainsi qu'a pris corps 360 Recycle. C'est devenu le cœur de l'entreprise.

Une employée originaire de la communauté Rousseau Road/Lyndhurst fabrique un bol. Photo de Emma Lewis, utilisée avec son autorisation.

GV : Comment vous voyez-vous : comme un artiste ou un entrepreneur ?

SC : Nous [Cole et sa femme] sommes tous les deux des professeurs chevronnés. J'ai enseigné les arts visuels pendant quelques années dans des écoles du centre-ville. Je voulais être un scientifique mais il y a beaucoup de sciences dans les arts. Je fais essentiellement des arts appliqués – le fait d'utiliser les sciences industrielles en les combinant avec les beaux-arts.

Il y a quelques années, une aire de jeu était en construction dans le quartier de Rose Town à Kingston en utilisant des produits de 360 Recycle. Photo de Emma Lewis, utilisée avec son autorisation.

GV : Qu'est-ce qui vous a inspiré d'un point de vu créatif ?

SC : À partir du moment où j'ai pris conscience de moi-même – à l'âge de 4 ans – je me rappelle que je dessinais. Je prenais des déchets et des objets trouvés comme des fils de cuivre, des bouteilles en plastique, des bouchons… pour fabriquer des robots, des pistolets lasers et des voitures, et je leur fixais même des éléments électroniques, alors même que j'étais toujours en primaire. Je n'étais pas concentré à l'école. J'avais un défaut d'attention et j'étais dyslexique. Ma belle-mère était secrétaire et adorait les jeux avec les mots – comme ce jeu diabolique, le Scrabble ! Mais c'était “Scheed  doit apprendre un métier, il n'est pas doué pour les choses intellectuelles”. Je suis allé au lycée technique St. Andrew. a partir de là c'était à contre-courant. Je pense que l'école enseigne trop tôt la théorie aux enfants – ils ne deviennent pas créatifs mais apprennent à passer des examens. J'ai réalisé que ce qui était un hobby pouvait devenir ce qui me pourrait me rapporter de l'argent. Ma professeur d'art, Marlon Jones, a été très déterminante. Elle m'a inscrit à des concours. J'ai été récompensé en 1992 dans un concours des Nations Unies sur la lutte globale contre la pollution. Je suis allé à l'hôtel Jamaica Pegasus pour la cérémonie de remise des prix. Je m'étais mis sur mon trente-et-un avec une veste. L'école me fêttait. Mes pieds ne touchaient plus terre.

J'ai quitté le lycée en ayant validé 7 domaines [sur les 6 à 10 possibles du baccalauréat jamaïcain], tout en étudiant avec le ventre vide. J'ai travaillé sur des chantiers pour payer mes frais de scolarité. J'ai travaillé six mois en tant que stagiaire non payé dans une agence de graphisme, puis je me suis inscrit à l'université pour devenir enseignant.

Une affiche à l'atelier de 360 Recycle où est écrit, “Transformer l'environnement, transformer les vies”. Photo de Emma Lewis, utilisée avec son autorisation.

GV : Quelle est pour vous l'importance du recyclage et de la protection de l'environnement ?

SC : Il s'agit d'être ouvert et “éveillé” – de devenir sensible aux impacts environnementaux. Ce qu'il y a, c'est que nous nous sommes détachés de la nature ; nous ne faisons plus partie de l'écosystème. C'est un problème national. Nous avons besoin de ramener les gens à l'amour et au respect de la nature. Respecter les arbres, respecter les rivières, respecter les mers. Nous nous sommes détachés de cela parce que nous avons accordé plus d'importance aux choses intellectuelles. Nous nous sommes mis dans le pétrin nous-mêmes.

C'est la sensibilité de l'humanité que nous avons perdue. Nous avons repoussé les arts à la périphérie. Mais, c'est ces choses qui nous font ressentir. Que se passe-t-il si nous perdons les arbres, les oiseaux, les insectes ? Ce sont des habitants de la Jamaïque eux aussi – les papillons, les crocodiles, sont des natifs jamaïcains. Une chose certaine avec la nature, c'est qu'elle rebondit toujours. Ce sont êtres les humains qui ne peuvent guérir rapidement.

Ce que dit 360 Recycle, c'est “Mets l'environnement en premier. Mets l'avidité de côté”. Nous [les Jamaïcains] avons essayé de rivaliser, sans réaliser quelles sont nos vraies ressources. Ces ressources sont “le bois et l'eau” — les bases — mais toujours pourtant nous poursuivons le rêve des pays développés. Nous sommes devenus tellement aveugles et désensibilisés.

Pots de fleurs faits par 360 Recycle à partir de bouteilles en plastiques. Photo de Emma Lewis, utilisée avec son autorisation.

GV : Quel est votre point de vue sur le problème de la gestion des déchets en Jamaïque ?

SC : Il n'y a pas de déchets. Les déchets sont créés par les paresseux. Les gens pensent que la seule chose à faire avec le polystyrène et le plastique, c'est de les interdire. Il n'y a aucune discipline intellectuelle pour trouver un nouvel usage à un matériau brut qui a été créé véritablement par la Terre et non l'homme [le combustible fossile]. Alors, comment réduit-on son usage, le garde-t-on dans le circuit, crée-t-on un environnement zéro-déchets ? Nous pouvons trouver une fonction à n'importe quoi. Mais la société moderne va vite. La chose la plus rapide à faire, plutôt que de ramener quelque chose dans un cycle, c'est de l'utiliser une fois et de l'envoyer directement à la décharge.

L'enfouissement des déchets pourrait ne pas exister. La nature réutilise tout ; c'est un cycle constant. Envoyer vos déchets dans un autre pays n'est pas naturel non plus. À 360 Recycle, nous demandons pourquoi ne pas réutiliser nos déchets ici ? Nous en sommes la preuve. Nous pouvons réutiliser tous les déchets de la Jamaïque. Nous avons juste besoin de développer nos capacités.

Interdire le plastique ne va pas aider à traiter la “méchanceté” des gens ici, leur attitude. Ils jetteront quelque chose d'autre. C'est une vision à court terme. Nous avons besoin de régler l'ensemble de la relation de notre peuple avec notre environnement — et pas seulement un élément. Les gens vont toujours jeter leurs déchets dans la rue depuis la fenêtre de leur voiture. Les gens vont toujours jeter des choses dans les rivières. Si nous voulons vraiment prendre les choses en main, nous devons arriver avec une solution à l'ensemble du problème, et pas juste sur un seul sujet.

Pourquoi ne dépensons-nous pas notre argent dans plus de collecte des déchets recyclables et l'établissement d'un système de tri et l'incitation les gens à le pratiquer ?

Un gros plan sur l'intérieur d'une sculpture d'éléphant, faite par 360 Recycle à partir de polystyrène. Photo de Emma Lewis, utilisée avec son autorisation.

GV : Quel est selon vous le rôle de 360 Recycle ?

SC : Le truc, c'est que 360 Recycle n'est pas une initiative de l’État, même si cela est perçu comme une solution à un problème national si cette initiative est déployée à un niveau national – mais l’État ne la reprend pas. Nous avons collaboré avec d'autres personnes dans le passé. Si nous pouvions seulement voir ça, non comme “ma chose”, mais comme quelque chose qui marche – et y mettre tous nos efforts. Si c'est une bonne idée, alors rallions-nous y tous. L'union fait la force.

D'autres pots de fleurs fabriqués par 360 Recycle. Photo de Emma Lewis, utilisée avec son autorisation.

GV : Où voyez-vous 360 Recycle – et la Jamaïque – dans 10 ans ?

SC : Je nous vois avoir fait de la Jamaïque un pays zéro-déchet – au moins entre 80% et 100% sans déchet – avec chaque matériau brut, qu'il soit d'origine naturelle ou fait par l'homme, remis dans le circuit avec un nouvel usage. Nous voyons 360 Recycle en train de développer des produits qui seront utilisés mondialement. Comme la Suède, nous allons être à court de déchets ici en Jamaïque. En Suède, cela a résulté d'une initiative de l’État, mais nous pouvons en faire un effort du secteur privé et passer outre les récalcitrants.

Nous sommes David. Notre caillou est une idée et il est en train d'avoir un grand impact. Le Goliath est le mal nommé traitement des déchets ; l'absence d'un système d'élimination des déchets qui ne marche pas ; le manque de conscience de notre peuple ; le manque d’initiative. Nous affrontons de front ce géant et nous ne renoncerons pas.

C'est plus grand que moi. C'est pour ma génération ; la génération à venir. Aussi longtemps que la Terre existera.

Shujaat Bukhari, le rédacteur en chef cachemiri de Rising Kashmir a été abattu

mercredi 20 juin 2018 à 18:56

Shujaat Bukhari, journaliste/écrivain basé à Srinagar et rédacteur en chef de Rising Kashmir. Image issue du compte Twitter de Shujaat Bukhari

[Article d'origine publié le 15 juin 2018] Shujaat Bukhari, le rédacteur en chef du célèbre quotidien anglophone cachemiri Rising Kashmir, a été tué par balles à Srinagar, la capitale d'été du Jammu-et-Cachemire [État du Nord de l’Inde], provoquant des ondes de choc dans toute la région.

Sa voiture a été entourée par un groupe de terroristes présumés qui ont ouvert le feu sur lui et son personnel de sécurité. Deux gardes du corps sont morts à l'hôpital des suites de leurs blessures.

Un collègue de Bukhari a déclaré qu'il venait juste de sortir de son bureau après avoir terminé sa journée de travail et qu'il allait rompre son jeûne quand l'attaque a eu lieu.

(Attention : images explicites dans les tweets ci-dessous.)

Le journaliste Shujaat Bukhari a été attaqué près de Press Colony à Sringar. Son garde du corps est également gravement blessé.

Après l'attentat contre Shujaat Bukhari, il est évident que personne n'est en sécurité au Cachemire. L'incident s'est déroulé au cœur de la ville sur Lal Chowk. Shujaat Bukhari quittait probablement son bureau lorsqu'il a été abattu par des terroristes. Celui qui a fait cela doit être parmi ses collaborateurs.

Pas un seul jour ne passe sans que du sang ne soit versé au Cachemire. Parcourez les écrits de Shujaat Bukhari pour déterminer qui a pu en avoir après sa vie. Tout est incertain. On peut être tué n'importe où et n'importe quand.

Bukhari était l'une des rares voix cachemiries modérées et courageusesqui défendaient le dialogue entre l'Inde et le Pakistan afin de résoudre le conflit du Cachemire.

Lire aussi : Dossier Cachemire : Le peuple contre l’État Indien

Les manifestations pour l'indépendance («azadi») et l'autonomie dans la vallée du Cachemire se poursuivent activement depuis 1989. Depuis lors, le Jammu-et-Cachemire est soumis à une présence  militaire constante et à des lois telles que la loi sur les pouvoirs spéciaux des forces armées et la loi sur la sécurité publique, donnant aux forces armées de larges pouvoirs. Le gouvernement Indien a officiellement déclaré que tout le Jammu-et-Cachemire faisait partie intégrante de l'Inde.

Un policier indien se tient près d'une allée du quartier résidentiel de Srinagar, la capitale d'été du Cachemire Indien. Photo issue d'un compte Instagram.

Bukhari a travaillé pour plusieurs publications nationales et internationales de premier plan et a écrit des articles percutants, sans jamais hésiter à prendre une position impopulaire. Il a été correspondant spécial du journal The Hindu de 1997 à 2012 et a continué à écrire pour le magazine Frontline.

Le Press Club de l'Inde a exprimé son choc et sa consternation en tweetant cette déclaration :

“La Guilde des rédacteurs en chef de l'Inde condamne sans équivoque l'assassinat de Shujaat Bukhari, rédacteur en chef de Rising Kashmir. C'est une grave attaque contre la liberté de la presse et l'opinion démocratique. Nous publierons bientôt une déclaration plus détaillée.

Les condoléances se sont déversées à travers les réseaux sociaux.

Siddharth Varadarajan, rédacteur en chef du portail d'informations Wire, a tweeté :

Shujaat Bukhari et moi étions collègues au journal The Hindu. Il était un journaliste formidable et, en tant que rédacteur en chef de Rising Kashmir, une voix puissante pour la fraternité médiatique assiégée, une véritable voix de raison et de sagesse. Aucun mot de condamnation ne saurait être suffisant pour les ordures qui l'ont assassiné.

Marvi Sirmed, un membre du Conseil exécutif de la Commission des droits de l'homme du Pakistan (HRCP) et correspondant spécial pour le Daily Times Pakistan, a tweeté :

Shujaat Bukhari était une voix de la raison au Cachemire. Un brillant journaliste qui n'a jamais flatté les extrêmes. Il a fait son travail honorablement jusqu'à son dernier souffle et a payé le prix de sa droiture. D’avoir objectivement rapporté les violations des droits de l'Homme par les forces et extrémistes indiens au Cachemire.

Ce n'était pas la première fois que Bukhari était visé. Le 8 juillet 1996, un groupe terroriste a enlevé 19 journalistes locaux dans le district d'Anantnag et les a gardés en otages pendant au moins sept heures. Bukhari était parmi ceux qui ont été enlevés. Il a également été placé sous protection policière après avoir été agressé en 2000.

La politicienne étudiante Shehla Rashid a tweeté :

“Même dans un endroit insensé comme le Cachemire, l'assassinat de M. Shujaat Bukhari n'a pas de sens. Tout le monde dans ce pays se pose une seule question: “Pourquoi quelqu'un le voudrait-il mort?”.

Sauf le gouvernement qui semble avoir tiré une conclusion

Requête urgente faite à @MehboobaMufti pour mener les investigations.

Omar Abdullah, l’ancien ministre en chef du gouvernement du Jammu-et-Cachemire Indien a tweeté :

Il faut continuer. Comme Shujaat l'aurait voulu. C'est le numéro d'aujourd'hui de @RisingKashmir. Le fait que les collègues de Shujaat aient réussi à publier son article malgré leur chagrin insurmontable, est le témoignage de leur professionnalisme et l'hommage le plus approprié qu'ils pouvaient rendre à leur défunt patron.

Selon Reporters Sans Frontières, Shujaat Bukhari avait échappé à une tentative d'assassinat par des hommes armés en juin 2006. Shujaat Bukhari avait déclaré à Reporters Sans Frontières, “Il est pratiquement impossible de savoir qui sont nos ennemis et qui sont nos amis.”

Malgré cela, les armes n'avaient pas réussi à lui faire lâcher la plume.

Netizen Report : hécatombe dans les médias indépendants au Cambodge et en Tanzanie

mercredi 20 juin 2018 à 10:51

Un kiosque à journaux annonçant le quotidien indépendant The Citizen à Dar Es Salaam, en Tanzanie. Photographie de Adam Jones, licence Wikimedia Commons (CC BY-SA 3.0)

Le Netizen Report de Global Voices Advox offre un aperçu des défis, des victoires et des tendances émergentes en matière de droits numériques à travers le monde.

À l'approche des élections de juillet 2018, le Comité national des élections du Cambodge a publié une série de plans destinés à surveiller et contrôler les informations en ligne.

Un nouveau groupe de travail interministériel, constitué pour enquêter sur les médias réputés répandre de « fausses nouvelles », a mis en place une nouvelle réglementation interdisant aux journalistes d'exprimer leurs « opinions personnelles et leurs préjugés » dans leurs reportages, de publier des nouvelles qui « nuisent à la stabilité politique et sociale », de mener des entretiens dans les bureaux de vote et de diffuser des nouvelles qui pourraient semer « la confusion ou entraîner une perte de confiance » dans les élections. Les contrevenants sont passibles d'amendes pouvant aller jusqu'à environ 6.400 euros.

Le ministère de l'Information sera habilité à censurer les sites internet et les pages des médias sociaux qui violeront la réglementation. Les fournisseurs de services Internet seront tenus d'installer un logiciel permettant au ministère des Postes et des Télécommunications de « filtrer ou bloquer facilement tous les sites internet, comptes et pages de réseaux sociaux jugés illégaux ».

Ces mesures font suite à la disparition des deux seuls journaux indépendants du pays, The Phnom Pehn Post et The Cambodia Daily. Après avoir été informé qu'il devait s'acquitter d'une lourde dette fiscale,The Daily Cambodia a cessé ses activités en septembre 2017. Quant au Post, il a été vendu par son propriétaire et appartient désormais à Sivakumar S. Ganapathy, directeur général d'ASIA PR, une société malaisienne de relations publiques ayant travaillé pour le compte du parti au pouvoir et du premier ministre Hun Sen.

En Tanzanie, un « impôt sur les blogues » décrié est entré en vigueur le 15 juin et exige que les blogueurs et propriétaires de sites internet indépendants s'inscrivent et paient environ 780 euros par an pour avoir le droit de publier en ligne.

Pour être en règle, les propriétaires de blogues et d'autres contenus en ligne, tels que les chaînes YouTube, ont dû s'acquitter des droits de licence au 15 juin sous peine d'être soumis à une amende « d'au moins cinq millions de shillings tanzaniens » (environ 2.200 euros) ou à une peine d'emprisonnement « d'au moins douze mois, ou les deux ».

Plusieurs grands sites d'information indépendants ont mis la clé sous la porte de manière préventive, affirmant que les coûts étaient élevés, tant sur le plan financier que sur le plan juridique. Le très populaire Jamii Forums, surnommé le « Reddit de Tanzanie » et le « Wikileaks swahili », a choisi de fermer la semaine dernière au motif que la loi crée des obstacles réglementaires insurmontables pour des sites comme le sien. En décembre 2016, la police tanzanienne avait arrêté Maxence Melo, le cofondateur et directeur de Jamii Forums, pour avoir refusé de révéler des informations sur ses membres, une demande faite en vertu de la Loi sur la cybercriminalité.

Reporters sans frontières a demandé au gouvernement d'abroger le nouveau règlement.

Un écrivain bangladais défenseur de la laïcité est assassiné en public

Au Bangladesh, l'écrivain laïc Shahzahan Bachchu a été abattu près de Munshiganj, sa ville natale. Il était considéré comme un véhément défenseur de la laïcité et avait publié des poèmes et des ouvrages sur l'humanisme et la libre pensée. Il aurait été traîné hors d'une pharmacie et abattu par des hommes à moto.

Sa mort intervient après une série d'attaques ciblant les humanistes et les libres penseurs au Bangladesh, dont les meurtres des écrivains et défenseurs du numérique Avijit Roy, Washiqur Rahman, Ananto Bijoy Das et Niloy Neel. Des fonctionnaires du gouvernement, dont le premier ministre Sheikh Hasina ont déclaré par le passé que les athées étaient la cible d'attaques parce qu'ils avaient critiqué la religion.

Un blogueur algérien condamné à dix ans de prison pour une interview vidéo

Le blogueur algérien Merzoug Touati a été condamné à dix ans de prison à la fin du mois de mai pour avoir réalisé des reportages en ligne sur les grèves contre les mesures d'austérité, les manifestations dénonçant la précarité d'emploi et les violations des droits de l'homme. Merzoug Touati, emprisonné depuis janvier 2017, a été reconnu coupable d'avoir fourni « des renseignements à des agents d'une puissance étrangère susceptibles de nuire à la position militaire et diplomatique de l'Algérie et à ses intérêts économiques » après avoir réalisé un entretien en ligne avec un responsable israélien. On s'attend à ce qu'il fasse appel.

Un utilisateur de Facebook en Inde arrêté pour s'être plaint du mauvais état d'une infrastructure

Au Kerala, en Inde, un homme a été arrêté par la police pour avoir publié sur Facebook un billet au sujet d'une route endommagée dans lequel il demande à la politicienne locale d'y remédier. Cette dernière a allégué que le billet était « diffamatoire » et insultait son sexe et sa religion. Elle a déposé une plainte auprès de la police qui a ensuite procédé à l'arrestation. L'homme a été libéré sous caution peu de temps après.

Une journaliste russe obligée de démissionner à la suite de commentaires publiés sur Instagram

La reporter russe Alexandra Terikova a été obligée de démissionner après avoir publié sur Instagram une vidéo dans laquelle des élèves de maternelle chantent une chanson pour le président russe Vladimir Poutine et pour avoir ensuite accordé une entrevue à une chaîne indépendante. La vidéo avait été publiée accompagnée d'un mot-clic sarcastique et d'un message critiquant le ton chauvin de la chanson.

Une condamnation à mort et une vidéo virale marquent la fin de Telegram en Iran

Un Iranien risque la peine de mort pour avoir laissé les utilisateurs exprimer librement leurs opinions sur sa chaîne Telegram. Hamidreza Amini doit comparaître le 25 juin pour les chefs d'accusation suivants :  « insulte au Prophète », « outrage au Guide suprême », « atteinte à la sécurité nationale », « propagande contre l'État » et « trouble à l'ordre public ».

Après son arrestation, M. Amini a été détenu en isolement cellulaire et interrogé sans avoir accès à un avocat. Il a entamé une grève de la faim le 3 juin pour protester contre ses conditions de détention. Selon le Centre iranien des droits de l'homme, il a été hospitalisé, mais aurait été renvoyé en prison avant de recevoir un traitement adéquat.

Le 30 avril, la justice iranienne a ordonné le blocage de Telegram pour des raisons de sécurité nationale. Depuis, une chanson du groupe musical iranien DasandazBand, qui parodie le filtrage de Telegram, est devenue virale sur les réseaux sociaux. Elle se moque des tentatives du gouvernement pour amener les Iraniens à adopter la plate-forme de messagerie Soroush développée par l'État.

Les principaux sites d'information bloqués au Venezuela

Deux médias vénézuéliens qui ont couvert les crises politiques et économiques du pays au cours des quatre dernières années ont été déconnectés des principaux réseaux de fournisseurs d'accès à Internet affiliés à l'État au cours de la première semaine de juin. Des témoignages et des tests techniques ont confirmé que La Patilla et El Nacional étaient inaccessibles sur CANTV, le plus grand fournisseur de télécommunication du pays, qui est contrôlé par l'État.

Ce blocage faisait suite à une amende d'un milliard de bolivars vénézuéliens (environ 8.600 euros) infligée à El Nacional, suite à des allégations de l'État selon lesquelles le journal aurait causé des dommages moraux au vice-président du Parti socialiste unifié du Venezula (PSUV), Diosdado Cabello, quand il a servi comme président de l'Assemblée nationale.

Le site internet d'un parti politique pakistanais a été bloqué

À la veille des élections qui auront lieu le 25 juillet au Pakistan, le site du parti politique Awami Workers a été bloqué par plusieurs fournisseurs d'accès à Internet au Pakistan pendant au moins trois jours. Malgré une lettre adressée à la commission électorale et à l'Autorité des télécommunications du Pakistan (responsable du blocage), les dirigeants du parti n'ont obtenu aucune explication.

Le Tribunal électoral du Brésil donne le coup d'envoi de la nouvelle réglementation sur les fausses nouvelles

Le 7 juin, le Tribunal supérieur électoral du Brésil (TSE) a ordonné à Facebook de retirer « des informations mensongères sur la candidate [présidentielle] Marina Silva » dans les quarante-huit heures suivant la décision. C'est la première fois qu'une injonction est émise en vertu d'une résolution de 2017 visant à réguler la propagation de la désinformation lors des élections de 2018.

Le tribunal a statué en faveur de la candidate présidentielle et de son parti politique, Rede, qui a contesté cinq liens publiés en 2017 par la page du « Partido Anti-PT » de droite (le parti contre les travailleurs, en portugais). Cette dernière affirmait que Marina Silva faisait l'objet d'une enquête dans le cadre de l’Opération Lava-Jato, une enquête majeure sur le blanchiment d'argent impliquant plus de cent politiciens et dirigeants brésiliens du secteur pétrolier. Il n'y a pas eu d'accusation de corruption formelle portée contre Marina Silva. La page du parti compte plus de 1,7 million d'abonnés.

La France adoptera-t-elle vraiment un projet de loi contre les fausses nouvelles ?

Le parlement français a commencé à débattre d'un nouveau projet de loi proposé par le gouvernement visant à freiner la « manipulation de l'information » dans les trois mois précédant une élection. La loi permettrait aux candidats de se plaindre de fausses informations diffusées en ligne à leur sujet et les juges disposeront de 48 heures pour statuer sur un cas. Les députés de gauche et de droite de l'opposition ont dénoncé le projet de loi au cours d'une session parlementaire le 7 juin.

Nouvelles études (en anglais)

 

 

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Le coup d'envoi de la Coupe du monde fait oublier aux Russes les réformes annoncées des retraites et des impôts

mercredi 20 juin 2018 à 10:06

Les supporters russes et étrangers fêtent ensemble la victoire du pays hôte sur l'Arabie saoudite lors de l'ouverture du tournoi le 14 juin. Photo: Capture d'écran Youtube DW

La coupe du monde de football a commencé officiellement le 14 juin, et les organisateurs attendent un million de visiteurs en Russie malgré l'émission par plusieurs pays d’avertissements aux voyageurs relatifs au pays hôte de cette édition.

Certains de ces visiteurs se sont déclarés plutôt impressionnés par les infrastructures à Moscou, où s'est déroulé le match d'ouverture du championnat. Rien de vraiment étonnant à cela, depuis les millions de roubles déversés par les autorités de la municipalité ces dernières années pour les rénovations urbaines.

Face à l'effet “soft power” destiné à en mettre plein la vue au reste du monde, comment ont réagi les Russes à l'afflux de grandes foules d'étrangers surexcités ?

Pas mal du tout, si les médias sociaux sont un indicateur fiable : les Russes sont heureux de se joindre à la fête dans les rues et en ligne.

Tout comme le reste du monde, ils paraissent avoir une tendresse particulière pour les supporters péruviens : cette équipe sud-américaine n'a pas joué dans une coupe du monde depuis le tournoi de 1982 en Espage.

Les Péruviens sont tooooop !

La Coupe du mode est encore à quelques jours, mais les supporters font déjà la fête à Moscou. Les Argentins et les Arabes dansent dans la rue Nikolskaïa, les Péruviens et les Iraniens chantent sur la rue Tverskaïa. Les Moscovites filment et s'y joignent.

Tous ne se sont pas réjouis des foules massives d'amateurs de foot. Depuis fin 2017, des étudiants de l'Université d'Etat de Moscou s'opposent au projet de la FIFA de choisir leur campus pour y organiser une de ses Fan Fests.

Les lieux de “FIFA Fan Fest” — ou “fan zones”, selon l'appellation en russe — sont des espaces dotés d'écrans géants où on peut regarder les matchs gratuitement, qui ont fleuri dans toute la Russie. Les étudiants de l'Université d'Etat de Moscou affirment que les foules turbulentes sur le campus vont causer des nuisances sonores et un risque de sécurité, vu la propension notoire des supporters sportifs à s'alcooliser.

Les étudiants ont rapporté avoir subi le harcèlement des agents de la sécurité publique et de l'administration des instituts pendant la durée de leur campagne, qui n'a porté que des fruits limités : les organisateurs ont accepté de déplacer la fan zone à une trentaine de mètres de l'emplacement initialement prévu, qui reste techniquement dans l'enceinte de l'université.

Un des organisateurs de la contestation raconte :

Когда мое имя впервые «засветилось» в списках Инициативной группы, у меня состоялся неприятный разговор с инспектором курса в учебной части и с председателем профкома на тему фан-зоны. Мне прямо сказали, что отчисление — это не пустые угрозы.

Quand mon nom est apparu en premier sur la liste du collectif d'action, j'ai eu une conversation désagréable avec le préfet des études et Ie président du comité syndicat local au sujet de la fan zone. Ils m'ont directement fait comprendre que l'exclusion n'était pas une vaine menace.

Sur une note plus légère, un touriste s'est trouvé enfermé dans une cabine de WC au verrouillage défectueux, sorte de rappel des tristement célèbres cabinets doubles de Sotchi en 2014 :

Piégé dans des toilettes de stade à Moscou, je tape sur la porte mais personne ne vient à mon secours, envoyez de l'aide !

Des observateurs ont relevé deux poids, deux mesures dans le traitement des visiteurs et des citoyens russes par les autorités :

Les supporters uruguayens déploient une bannière dans le centre de Moscou. A noter que des figures de l'opposition ont été arrêtées à cet endroit même pour avoir brandi, en guise de test des libertés civiles, des feuilles de papier noir.

A quelques jours seulement du coup d'envoi, un manifestant solitaire s'est fait arrêter pour avoir tenu une affiche disant : “Le jour de la fête nationale russe, nous réclamons la liberté. La Révolution est en marche. Boycottez la Coupe du monde.”

“Maintenant que j'ai votre attention…”


L'ouverture du championnat a coïncidé avec l'annonce d'une réforme des retraites en Russie.

Depuis longtemps dans les tuyaux selon les rumeurs, l'intention du gouvernement russe d'augmenter par étapes l'âge minimum de départ à la retraite à 65 ans pour les hommes et 63 pour les femmes vient d'être officialisée. Il est actuellement de 60 pour les hommes et 55 pour les femmes.

Le premier ministre russe Dmitri Medvedev a aussi dévoilé un plan d'augmentation de la taxe sur les biens et services nationaux qui passera de 18 % à 20 %.

Les utilisateurs de Twitter ont riposté par l'humour :

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┓┓┓┓┓┃. votre
┓┓┓┓┓┃ ヽretraiteノ
┓┓┓┓┓┃   /
┓┓┓┓┓┃ ノ)
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Quand j'ai eu 22 ans, j'ai fait une fête appelée “dans 33 ans la retraite” et si je comprends bien, la fête d'anniversaire de mes 30 ans l'année prochaine sera sur le même thème.

D'autres ont relevé le timing de ces annonces.

“Le projet de loi sur l'augmentation de l'âge de la retraite sera présenté le jour de l'ouverture de la Coupe du monde 2018”.
Un classique du genre : pendant que les gens regarderont l'ouverture de la Coupe du monde, bouche bée et sifflets et vuvuzelas aux lèvres, “les représentants du peuple” vont augmenter l'âge de la retraite pour ces personnes mêmes. Exactement ce qui se passe 👇

La Coupe du monde s'achèvera le 15 juillet, après 64 matchs dans 11 villes russes. Voici un guide de l'histoire et de la culture de chacune d'elles.