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La Russie et sa politique pour Internet : l'arsenal législatif de la censure

mardi 17 février 2015 à 12:35

Aujourd'hui, la Toile mondiale, moyen décentralisé, puissant et efficace de communication entre les habitants de la planète, apparaît comme l'incarnation directe de la liberté d'expression – et l'instrument idéal pour concrétiser ce droit. En même temps, les gouvernements de plusieurs pays, poursuivant des objectifs qui leur sont propres, portent atteinte à ce droit inaliénable en prenant des décisions politiques qui ont un impact sur l'Internet. Dans la Fédération de Russie dont je suis citoyen, l'emprise des forces politiques sur l'Internet devient un problème de plus en plus crucial, en liaison avec l'activité d'organismes tels que la Ligue pour un Internet sécurisé, le Roskomnadzor et l'Union russe des ayants droit.

L'exemple le plus parlant de l'action de ces organismes est peut-être la loi fédérale №139 de 2012. Cette loi a été élaborée par la Ligue pour un Internet sécurisé et est appliquée avec le concours du Rozkomnadzor.

Parmi ses dispositions figure la création d'un Registre unique des sites interdits qui doit comporter les adresses des sites et des pages Web dont les contenus seraient de nature à nuire à la santé et au développement des enfants. Le problème de ce registre, c'est que les sites qu'il préconise de bloquer deviennent inaccessibles pour tous les internautes russes sans distinction d'âge, et que les insuffisances des techniques de blocage des pages Web provoquent le plus souvent le blocage du site tout entier. Par exemple, sur l'Internet russe se sont vus bloqués le site Wikipédia, le service Web pour les développeurs informatiques GitHub, des hébergeurs de vidéos comme Youtube et Viméo ou encore l'encyclopédie en ligne SportsWiki. La loi en question contrevient au droit du citoyen russe à rechercher et obtenir l'information, droit inscrit dans l'article 29 de la Constitution russe.

La loi 97, adoptée en mai 2014, représente une étape supplémentaire dans l'instauration d'un régime de censure sur le segment russe de la Toile internationale. Cette loi, appelée “loi des blogueurs” par les internautes, oblige ceux-ci à s'inscrire auprès du Rozkomnadzor, et les considère comme éditeurs de sites ou de pages Web dès lors que le nombre de vues quotidiennes dépasse 3.000. Pour bien comprendre le problème, il faut souligner que sous le terme flou de “blogueur” se trouvent regroupées les personnes tant juridiques que physiques dont les sites ont cette audience. Mais le problème principal réside dans l'obligation légale faite aux blogueurs d'indiquer sur leurs sites ou sur leur page Internet leur nom de famille et leurs initiales, ainsi que leur adresse électronique, ce qui contrevient directement à leur droit à la vie priée et à l'anonymat en ligne. Le plus notable, c'est que la loi ne fait que prévoir les obligations des blogueurs et les sanctions en cas de manquement (qui peuvent aller jusqu'à des peines pénales), sans jamais faire mention de leurs droits. Enfin, la sélectivité dont elle fait preuve envers les blogs qui ont été bloqués conformément à ses prescriptions évoque clairement un sous-texte politique à cette loi.

Autre décision que l'on peut qualifier de politique dans le domaine de l'Internet russe, la loi №187, qui fixe les conditions juridiques d'obtention d'une licence quant au contenu des sites, dénommée “antipiratage” par les médias.

Initialement, cette loi prévoyait le blocage des sites à contenu informationnel illicite à la demande des ayants droit, mais suite à une protestation massive des internautes russes – une pétition contre cette nouvelle loi “antipiratage” a récueilli 100.000 signatures – et des représentants de Yandex, Rambler, Mail.Ru, son action a été limitée à la production vidéo. Malgré cela, les députés de la Douma d'Etat ont poursuivi leur examen d'autres variantes de la loi “antipiratage”, ce qui a mené le 24 novembre 2014 à l'adoption de la loi №364. Celle-ci entrera en vigueur le 1er mai 22015, et ses principales innovations consistent à étendre son domaine d'action à tous les secteurs de l'information, photographie exceptée, et à introduire la possibilité de bloquer une ressource Internet sans limite de temps sur demande de deux ayants droit, et de bloquer un site via son adresse IP. L'introduction de ces mesures menace le segment russe de la Toile mondiale, car les technologies Internet rendent possible que différents sites soient hébergés à une même adresse IP ; le blocage de ressources pirates peut donc provoquer celui de sites parfaitement autorisés, exempts de tout contenu illicite. Le caractère non limité dans le temps de ce blocage porte une autre menace : il représenterait eu égard aux droits exclusifs une mesure pour le moins sévère et incohérente, surtout rapportée aux risques très élevés de bloquer des sites licites. La loi “antipiratage” est donc une loi extrêmement répressive, à l'utilité et à l'efficacité peu prouvées, et éventuellement nuisible pour les internautes, les ressources internet et les ayants droit eux-mêmes.

A côté des lois fédérales déjà adoptées qui limitent le droit des Russes à accéder librement à l'information, la Russie planifie dans un futur proche une série de mesures politiques de nature, selon moi, à favoriser l'extension de la censure. La principale pourrait être l'adoption, à l'initiative de la Ligue pour un Internet sécurisé, du filtrage obligatoire de tous les contenus au niveau du fournisseur d'accès. Ce qui veut dire que toutes les pages requises par des internautes russes seraient vérifiées en temps réel quant à leur teneur en contenu illicite. Une telle mesure ralentirait de façon catastrophique la connexion à Internet, les frais d'installation d'un logiciel de filtrage se monteraient pour les fournisseurs à des milliards de dollars, et l'emploi comme filtres de ces “listes blanches” que les législateurs russes proposent d'instituer pourrait signifier un accès limité aux ressources inscrites sur ces listes, ce qui mènerait de fait à l'instauration d'une censure en Russie. La Ligue pour un Internet sécurisé examine également un projet pour déconnecter de la Toile mondiale les établissements d'enseignement et créer des portails d'éducation spécialisés, ce qui contrevient là aussi à la Constitution russe.

De son côté, l'Union russe des ayants droit travaille à un projet propre : ses représentants veulent concevoir une licence globale qui sera détenue par les fournisseurs d'accès: ceux-ci devront s'acquitter d'une taxe financière au profit des ayants droit. Les internautes bénéficieraient dans ce cas d'un accès illimité au contenu pour lequel le propriétaire aurait fourni une licence globale à l'opérateur. Ce qui aurait un impact négatif sur les fournisseurs d'accès en cas de non-accord avec les ayants droit, et provoquerait une augmentation non justifiée économiquement du prix à payer pour utiliser les services Internet.

Tout ceci montre que ces dernières années on observe en Russie une nette tendance à limiter, sous le prétexte largement exagéré de la protection des enfants, l'accès à l'information sur Internet pour tous les internautes. Cette tendance s'exprime via l'adoption de lois politiques sur l'Internet, élaborées par des organisations non commerciales et votées par des organes du pouvoir fédéral mais qui, de par leur caractère administratif et l'absence de concertation avec la communauté russe des internautes, s'avèrent sans cohérence ni correspondance avec les réalités contemporaines. Espérons que cet article en particulier et le projet Global Voices 2015 en général aideront le pays à bâtir un dialogue constructif avec les internautes et à prendre dans le futur les bonnes décisions politiques au sujet d'Internet.

Décoder l'utilisation de la langue française par les adolescents

lundi 16 février 2015 à 17:27
La tour de Babel vue par Pieter Brueghel l'Ancien CC-BY-20

La tour de Babel vue par Pieter Brueghel l'Ancien CC-BY-20

Une langue tire sa raison d'être dans les besoins de communication de la société qui l'utilise, par conséquent, toute langue vivante est  par nature vouée à évoluer  avec les changements sociétaux. Sous l'impulsion des progrès technologiques, ces évolutions progressent parfois très vite dans certains groupes démographiques, notamment chez les adolescents qui créent un chiasme non-négligeable dans les rapports entre les parents et les adolescents.  

Ce gouffre n'est pourtant pas insurmontable mais il nécessite néanmoins un décodeur. Voici quelques astuces  pour commencer à comprendre ces  codes et à rouvrir à nouveau les canaux de communication, obstrués par des facteurs générationnels, technologiques et parfois culturels. Ces nouveaux codes ont été catégorisés arbitrairement en quatre groupes qui se chevauchent par endroit : 

Le language SMS

Le langage SMS est apparu afin de réduire la longueur des mots utilisés pour de ne pas dépasser le nombre de caractères autorisé par les messages SMS, ou dans le but d'accélérer la saisie de l'énoncé sur le clavier d'un téléphone. Ces contraintes technologiques ont donné naissance à une forme de communication qui semble plus intuitif aux utilisateurs fréquents des messageries SMS et moins familiers aux parents qui ne reconnaissent pas la majorité des codes utilisés.

Poster contre le langage SMS écrit lui-même en langage SMS. CC-BY-20

Poster contre le langage SMS écrit lui-même en langage SMS. CC-BY-20

Voici quelques variantes du langage SMS décodées par le forum Gralon pour les non-initiés :

- je vi1 2 = je viens de
- tu vas réu6r = tu vas réussir
- il tadi 2 / ke = il t’a dit de / que
- koi 2 9 = quoi de neuf ?
- 2m1 = demain

Cette transformation utilitaire du langage n'est pas pour plaire à tout le monde. Désirée explique dans un billet ce qui l'irrite le plus à la lecture d'un texte en langue SMS:

Le langage sms, c'est bien pour les ados qui veulent se montrer rebelles, pour les gens qui ne veulent pas passer trop de temps à rédiger un sms et qui s'en fichent des fautes et ceux qui s'en fichent que leur correspondant pourrait ne pas comprendre leurs hiéroglyphes immondes. On l'aura compris, je suis contre ce langage préhistorique! J'avais moi-même testé quand j'étais ado et même dans ma période la plus rebelle, je n'ai pas pu me résoudre à envoyer des messages bourrés de fautes [..]  LE problème c'est que la plupart des gens qui écrivent en langage sms ne font plus aucune différence entre mail et sms, ce qui n'est pas trop grave quand il s'agit de quelqu'un qu'ils connaissent mais qui devient un sérieux manque de respect quand il s'agit de quelqu'un qui leur est totalement inconnu.

Tizel s'insurge aussi de la propagation de ce mode de communication. Il dénonce une incompréhension accrue des messages:  

Le langage SMS est un vrai fléau. J'en veux pour preuve le nombre de forum devenus illisibles à cause de l'absence totale de modération sur ce plan. Mais ce fléau se retrouve également dans les blogs : la majorité des Skyblogs sont formulés en SMS; les commentaires déposés sur les blogs sont eux aussi, la plupart du temps, en SMS. Même certains mails que l'on m'envoie sont rédigés de la sorte. En plus, à force de rédiger de la sorte, je suis persuadé que ces personnes déforment leur orthographe.

Certains trouvent pourtant une opportunité à cette évolution. De nombreux romans jeunesse utilisent le langage SMS comme gage de réalisme. D'autres, comme Philippe Marso ont même écrit un roman entier en langue SMS.   

 Le language verlanisé ou anglicisé

Le verlan est une forme d'argot français qui consiste en l'inversion des syllabes d'un mot. Quand il est doublé d'un anglicisation du vocabulaire, il devient parfois difficile à comprendre pour les parents. Voici un glossaire des mots les plus utilisés par les adolescents par Magic Maman:  

Accoucher : se dépêcher. 
Arracher (s’) : partir. 
Auch : verlan de chaud, cela signifie « c’est difficile ». 
Balle (c’est de la) : c’est génial (une variante est possible avec « c’est chanmé !). 
Boss : chef de bande ou patron. 

Mais les influences sur la langue ne proviennent pas que de l'anglais. La diversité dans les cités a impacté l'utilisation de la langue française parmi les jeunes. Des expressions provenant des anciennes colonies (Afrique de l'ouest et du nord en majorité) se sont intégrées naturellement dans cette évolution.  Un projet d'un groupe de jeunes d'Evry (Essonne) intitulé Lexik des cités compile les expressions les plus utilisées par les jeunes des cités dans un livre. Voici une présentation du projet, trouvé sur le blog le Dino Bleu:

 ”J’suis en pit », « Lui, c’est un 100 % roro », « J’ai invité mes sauces au barbecue », « Laisse tomber, il a toyé tout le monde ! », « Aujourd’hui je rince un grec », « Je suis yomb de toi »…Vous avez tout compris ? Non ? C‘est exactement pour cette raison qu’un groupe de jeunes originaires d’Evry a imaginé ce Lexik des cités illustré, bien différent des dictionnaires classiques. Pour que tous les durons (parents) autour d’eux puissent enfin comprendre leurs expressions et mieux les interpréter ! Voici la peinture d’une banlieue qui déchire, drôle et optimiste, où le langage est coloré et va du verlan à la métaphore, en passant aussi bien par l’arabe, l’africain, l’argot, le gitan que par… l’ancien français !

Le Dino bleu ajoute :

C’est surtout l’intégration qui caractérise cet ouvrage. La juxtaposition de sensibilités, d’inspirations, de cultures, d’idées,… venues des quatre coins du monde et qui trouvèrent vite dans leur isolation forcée les conditions idéales pour se mélanger loin du conformisme ambiant si peu porteur d’inventions. Trop souvent présentés comme des zones de non-droits où ne règnent que la violence et les trafics en tous genre, en général par des médias en quête de ce sensationnalisme qui garantit une certaine audience, les cités développent en fait leur culture propre depuis un certain temps. Une identité forgée à partir de toutes ces civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Europe de l’Est et d’ailleurs qui trouvèrent là un creuset où couler cet alliage dont on n’a pas encore pleinement mesuré la richesse.

Le langage  des réseaux sociaux ou l'argot Internet  

Une autre évolution ayant pour origine les avancées technologiques, le langage du numérique ou encore l'argot internet permet d'accélérer l'écriture, ponctuer un propos mais aussi de signifier rapidement qu'un message a été lu ou compris. L'essentiel étant de transmettre en temps réel un message ou une idée à son interlocuteur. Ce langage est en évolution permanente de par l'impact croissant de la culture web sur le grand public. Des sites comme urban dictionary ou  know your meme ou sont maintenant des sites de références pour mieux comprendre la culture web. La liste de termes d’ argot internet s’agrandit bien sûr rapidement. Certains termes sont déjà passés dans le langage écrit commun comme par exemple: FYI ( for your information),  JDCJDR (je dis cela, je dis rien) ou  BRB (Be Right Back).

Internet joue certainement un rôle à double tranchant sur l'évolution des langues en général.  Il est d'un côté, un accélérateur de la disparition des langues, par son rôle d’ uniformisation des moyens de communications. Mais il joue aussi un rôle dans la préservation des langues menacées, de par l'établissement de communautés qui veillent à la conservation des langues dans leurs formes traditionnelles. 

Malgré les protestations multiples contre les écarts de langage et faute de syntaxe, il semble pourtant futile d'empêcher à tout prix l'évolution d'une langue qui suit les évolutions de la société moderne. L'essentiel n'est-il pas au final de pouvoir créer une relation avec autrui, de transmettre un savoir, une idée  et de se comprendre ?

Le Malawi connait une “crue du siècle”, inondations dramatiques dans tout le pays

lundi 16 février 2015 à 14:36
Malawians evacuated after devastating floods in late January wait out another deluge at a makeshift shelter. Roughly 175,000 people have been displaced and crops were destroyed by what the country's president says is the worst flooding in its history. Credit: Sam Eaton. Published with PRI's permission.

Des habitants du Malawi évacués après les inondations dévastatrices fin janvier attendent un autre déluge dans des abris de fortune. Près de 175000 personnes ont été déplacées et les récoles détruites par ce que le Président du Malawi qualifie de pire inondation de l'histoire du pays. Crédit: Sam Eaton. Publié avec la permission de PRI.

Cet article et ce reportage radio de Sam Eaton pour The World ont été initialement publiés sur PRI.org le 5 février 2015. Il est publié de nouveau sur GV dans le cadre d'un accord de partage de contenus. 

Même pour un pays habitué aux inondations, cette crue dépasse tout ce qui a été connu jusqu'à présent.

Le déplacement d'environ 175 000 personnes, la destruction généralisée des cultures de base comme le maïs, ainsi qu'une imminente crise sanitaire font suite à ce que les observateurs qualifient de  pire inondation au Malawi en un demi-siècle.

Un homme de 69 ans, ayant vécu près des rives de la rivière Shire, le site où sont survenues les pires inondations depuis le début du déferlement des torrents à la mi-Janvier, indique qu'il n'a jamais vu pareille chose dans sa vie. Les inondations surviennent chaque année, dit-il, les gens peuvent s’y préparer mais cette fois c’était différent.

Les inondations catastrophiques ont largement touché les zones situées le long de la rivière Shire dans l'extrême sud du Malawi. La région est sujette aux inondations, mais les habitants disent que ces récentes inondations sont les pires connues depuis un demi-siècle.

The disastrous floods have largely affected areas along the Shire river in far southern Malawi. The region is prone to flooding, but locals say the recent floods are the worst in at least a half century. Public domain image via Wikipedia Commons

Les crues désastreuses ont largement affecté des zones situées le long de la rivière Shine dans l'extrême sud du Malawi. La région est encline aux inondations mais les habitants disent que les récentes crues sont les pires jamais connues depuis un demi-siècle. Image du domaine public via Wikipedia Commons

Dans un camp pour personnes déplacées à Bangula, dans le sud du Malawi, toutes les personnes avec qui j’ai parlé m’ont indiquées avoir tout perdu, sauf les vêtements qu'elles portaient.

(Voir plus de photos de la visite de Sam Eaton dans la zone inondée sur PRI.org.)

Dans le camp lui-même, les conditions de vie sont misérables, avec pas moins de 10 familles partageant une tente sans moustiquaire et peu de protection contre les pluies continues ou le soleil de plomb qui tape entre les averses. Les femmes qui cuisinent sur des feux de camp disent qu'il n'y a pas assez de nourriture. J’ai entendu des récits rapportant que des hommes travaillant dans le camp exigent des rapports sexuels en échange d'une partie du peu de nourriture, et que les filles ont peur d'être violées pendant la nuit, lorsqu’il y a peu d'éclairage ou de sécurité.

Pendant ce temps, des milliers de personnes restent isolées dans des endroits inaccessibles par la route. Les équipes de secours tentent de livrer de la nourriture dans ces zones par hélicoptère.

Les causes de la catastrophe sont la résultante d’une combinaison de facteurs complexes, qui incluent les pluies torrentielles, la forte densité de la population et la déforestation. Dans le bassin de la rivière Shire, les collines ont été complètement déboisées, pour servir de combustible de cuisine entre autres, par conséquent il n'y a plus rien pour arrêter les énormes précipitations qui se déversent dans les vallées.

Écoutez les chutes de pluie au Malawi :

On peut également impliquer le changement climatique comme l'un des causes. L'intensité de la tempête qui précède les inondations correspond en tout point aux projections des modèles climatiques attestant que les émissions de carbone retiennent plus d’énergie dans l’atmosphère. Ces tempêtes peuvent avoir des effets dévastateurs sur les pays pauvres comme le Malawi, où de nombreuses familles vivent dans des maisons simples en torchis et où les parcelles agricoles ne peuvent tout simplement pas résister à ce genre de temps.

Les observateurs craignent maintenant que la situation évolue au cours des semaines et des mois à venir vers une grave pénurie alimentaire. Les champs de nombreux agriculteurs ont été complètement dévastés, laissant peu d'occasions de remise en culture avant la fin de la courte saison des pluies du pays. Les inondations surviennent à la toute fin d’une grave sécheresse qui a touché la production alimentaire

Le gouvernement du pays n’est guère en mesure de répondre à la crise. L'aide étrangère, qui représente environ 40% de l'économie du Malawi, a récemment été coupée à la suite d'un gigantesque scandale de corruption. Cette semaine, le parlement a entamé une grève pour l’augmentation des salaires. Par conséquent, le gouvernement fonctionne à peine.

Ce sont les ONG qui mènent les opérations de secours mais elles sont déjà à court de liquidités.

Avec les prévisions météorologiques annonçant des pluies, les conditions qui ont provoqué ces déplacements massifs sont loin d'être supprimées.

Une célèbre conseillère du gouvernement japonais réclame l'application de l'Apartheid au Japon

lundi 16 février 2015 à 11:17
"Who is Ayako Sono really?" Image courtesy Kikatarou Yamazaki (originally from Shukan Kinyobi Jan. 24, 2014 issue)

“Qui est véritablement Ayako Sono ?” Image fournie par Kikatarou Yamazaki (initialement tirée de l'édition du Shukan Kinyobi du 24 janvier 2014)

Dans un récent édito de l'édition imprimée du Sankei Shinbun, la célèbre auteure japonaise et activiste politique conservatrice Ayako Sono a défendu l'idée que les immigrants au Japon devaient être séparés de la population sur une base raciale et qu'on devait leur imposer de vivre dans des zones spéciales.

Sono a écrit l'article au beau milieu de l'actuel débat sur la décision d'augmenter ou non les taux d'immigration au Japon dans le contexte du vieillissement de la population.

Hiroko Tabuchi, ancien correspondant japonais auprès du New York Times, a indiqué :

Le Japon a besoin d'avoir un débat sur le racisme (2) L'éditorial de Sankei vient tout juste d'appeler à la ségrégation des immigrés, suivant le modèle de l'Apartheid pic.twitter.com/NcdNlnUVmL

Dans un contexte actuel où le Japon accepte les immigrés venus aider à soulager les pénuries de personnel que rencontre le secteur des soins infirmiers, Sono indique dans son édito que, le Japon aurait besoin de créer un cadre juridique qui assimilerait le statut de ces travailleurs à celui d'immigrés, et qui n'autoriserait pas la naturalisation.

Elle poursuit en citant l'ancien régime d'Apartheid en Afrique du Sud comme un bon exemple d'application pratique de cette politique.

Après avoir remarqué que l édito de Sono faisait beaucoup de bruit sur le web au Japon, l'éditeur et écrivain Peter Durfee du site Nippon.com a décidé de traduire l'ensemble de l'article paru sur Sankei.

@recordpaul@Karlagollanes la seule raison pour laquelle je l ai remarqué et traduit est le nombre de commentaires virulents provenant de Japonais

Extrait de la traduction réalisée par Durfee de l'article d’ Ayako Sono dans la colonne du Sankei Shimbun :

Ever since I learned of the situation in the Republic of South Africa some 20 or 30 years ago, I have been convinced that it is best for the races to live apart from each other, as was the case for whites, Asians, and blacks in that country.

 Dès le moment où j'ai eu connaissance de la situation en République d'Afrique du Sud, il y a 20 ou 30 ans, j'ai été convaincue qu'il était mieux pour les races de vivre séparées les unes et les autres, comme ce fut le cas pour les Blancs, les Asiatiques et les Noirs dans ce pays.

Lisez la traduction complète de Peter Durfee de la colonne d’ Ayako Sono ici.

Sono est coutumière de la polémique au Japon :

@HirokoTabuchi@Durf@jonathan_soble ce n'est pas lié à Sankei mais j'ai trouvé un récent essai de Sono sur les aspects “positifs” de la Seconde Guerre Mondiale… pic.twitter.com/yFxhbyNJL9

Titre principal de l'article : ”70 ans après la guerre, le sentiment anti-guerre sur le seul motif simpliste de l'« humanisme » ne suffit pas à lui seul pour être transmis à la génération suivante.”

     Bandeau de l'article : “Plus que la tragédie de la guerre elle-même, nous devons aussi nous rappeler la sagesse que nous avons gagné grâce à celle-ci”.

Les commentaires de Sono sur l'Apartheid sont remarquables parce que, née en 1931, elle a été une éminente auteure et activiste politique conservatrice au Japon pendant la période de l'après-guerre. Elle a été conseillère du Premier ministre japonais Shinzo Abe sur les affaires éducatives, elle siège au conseil de la Poste japonaise et siège également au conseil d'administration de la NHK, la chaîne télévisée nationale du Japon.

Sono a également été une partisane de l'ancien président péruvien en disgrâce, Alberto Fujimori, et a dirigée la controversée Nippon Foundation dans le milieu des années 1990.

Le souci c'est qu’ Ayako Sono est une membre du comité du Premier ministre pour la réforme de l'éducation. Le gouvernement Abe compte énormément sur elle. Ce serait une bonne idée de savoir si sa façon de penser correspond étroitement à la politique du gouvernement.

D'autres internautes se sont demandés ce qu'il se passe dans la tête de Sono. Le célèbre entrepreneur du web et influenceur d'opinion en ligne Takafumi Horie a déclaré:

Elle est “dérangée” !

D'autres soulignent qu'au mieux ces commentaires traduisent un simple esprit de clocher, d'autant que Tokyo accueillera les Jeux olympiques d'été en 2020 :

Et elle promeut aussi une vision particulièrement insulaire de notre pays dans le cadre des préparatifs aux Jeux olympiques !

Un commentaire d”une Sud-africaine écœurée :

.@HirokoTabuchi@Durf@Sankei_news Ce genre de choses ne serait même pas publié en #AfriqueDuSud, dans la mesure où cela viole le code de la Presse et incite à la discrimination.

Nouvelles menaces sur la législation en cybersécurité en Afrique

lundi 16 février 2015 à 10:49

Access, un organisme international de défenses des droits humains se soucie des menaces croissantes sur la cybersécurité et la protection des données en Afrique. Ephraim Kenyanitto explique:

Il était d'abord prévu que la Convention soit adoptée en Janvier 2014, mais cela fut reporté pour modifications suite aux plaintes émanant du secteur privé, des organisations de la société civile, et des experts en protection des renseignements personnels— qui ont tous été très peu associés à sa rédaction. Mais un certain nombre de pays ont promulgué une nouvelle législation après qu'elle fût améliorée en Juin.

Comme l'a fait remarquer Access dans l'analyse des deux versions de la Convention, celle-ci comporte des aspects positifs mais gagnerait encore à être renforcée. Elle demande aux Etats de tenir compte des droits humains dans la mise en oeuvre de la législation en matière de cyber-sécurité, mais aussi les encourage à exercer plus de contrôle sur les données privées des utilisateurs. A titre d'exemple, la Convention autorise les gouvernements à traiter les renseignements personnels lorsque cela “est dans l'intérêt publique,” une notion vague et confuse.