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L'Afghanistan aborde une année critique tandis que le Président Karzai joue “un jeu dangereux”

mardi 7 janvier 2014 à 23:42

[Liens en anglais] Alors que les forces armées des Etats-Unis se préparent à se retirer d'Afghanistan d'ici la fin de cette année, le Président Hamid Karzai remet en question l'accord bilatéral de sécurité (BSA). Ce document fournit un cadre légal pour une présence limitée des troupes américaines en Afghanistan après 2014, principalement pour former les forces de sécurité du pays. 

Des complications “inutiles”

Le BSA a été négocié en 2012. Essayant apparemment de partager la responsabilité de la signature de cet accord avec les chefs tribaux, Hamid Karzai a convoqué une loya jirga, une assemblée générale, en novembre 2013, pour donner un avis sur sa décision de conclure un accord avec les Etats-Unis. Les chefs tribaux ont soutenu le pacte de sécurité et enjoint Karzai de signer le document rapidement. Cependant, le Président afghan a choisi d'ignorer l'avis de la loya jirga, en disant aux chefs qu'il ne signera pas le BSA avant l'élection présidentielle programmée en avril 2014.

Curieusement, le président de la loya jirga a qualifié les quatre jours de l'assemblée d’ “inutiles”, signifiant que Karzai aurait dû signer le pacte de sécurité sans l'approbation des chefs tribaux.

Préoccupée par les controverses au sein du gouvernement afghan, Samira Hamidi écrivait sur Twitter :

 Quelle controverse !!!! Même le responsable de la Jirga du #BSA qui organise l'Assemblée dit que la Jirga est inutile.

“Jeu dangereux”

La décision de Karzai de reporter la signature de l'accord a été interprétée comme étant un “jeu risqué de corde raide” avant les élections. Le “jeu” a suscité un climat d'incertitude parmi les internautes afghans. 

Hamid Karzai addressing the joint meeting of US Congress on June 15, 2004. Image by the White House, part of public domain.

Hamid Karzai s'adressant à la séance commune du Congrès américain, le 15 juin 2004. Image de la Maison Blanche, faisant partie du domaine public.

L'utilisateur de Twitter Watan Dar propose une explication à la réticence der Karzai à signer le pacte :

Contrairement à la Loya Jirga & au souhait des gens, #Karzai veut que les US partent ! Il craint d'être tenu pour responsable si les Américains restent.

Une étude récente suggère que la majorité des Afghans soutiennent le nouveau pacte de sécurité avec les Etats-Unis. De nombreux politiciens afghans influents sont aussi favorables à l'accord. Mahmoud Saikal, l'ancien Ministre délégué aux Affaires étrangères déclarait que l'Afghanistan avait besoin du BSA. Amrullah Saleh, un ancien chef de la sécurité nationale, écrivait sur Twitter :

Le BSA devrait aboutir à une débâcle absolue de la Choura de Quetta et la fin des sanctuaires talibans au Pakistan. Le pilier central de notre juste demande.

La réticence de Karzai à signer l'accord de sécurité a rencontré le soutien des chefs talibans. Réagissant à l'approbation du BSA par la loya jirga, un responsable taliban promettait que le mouvement continuerait à combattre aussi longtemps que les troupes étrangères “infidèles” resteront en Afghanistan. Il a aussi déclaré que les talibans n'avait pas perdu tout espoir de paix avec le régime actuel.

D'autres partis de l'opposition ont une opinion plus favorable du nouvel accord de sécurité. Le Conseil de coopération des partis politiques et des coalitions d'Afghanistan (CCPPCA) a proposé de signer le BSA immédiatement, observant que le retard pourrait compromettre la fragile sécurité et mettre en péril l'élection de 2014.

Courtiser les pays voisins

Après avoir refuser de conclure le BSA avant la fin de 2013, Karzai a mis son énergie à visiter l'Iran, le Pakistan et l'Inde au cours des dernières semaines de 2013. Curieusement, l'Iran a enjoint Karzai à ne pas rompre l'accord avec les Etats-Unis, avertissant qu'une présence persistante des troupes américaines représentait une menace pour la région. 

Préoccupés par les potentielles conséquences des “jeux” de Karzai, des internautes afghans ont écrit sur Twitter :

Karzai prépare un pacte de coopération avec l’Iran tandis qu'il refuse de signer le BSA avec les Etats-Unis

Susan Rice dit que la satisfaction de la longue liste des requêtes de Karzai nécessite une baguette magique, que nous n'avons pas. 

Certains internautes, néanmoins, pensent que le nouvel accord de sécurité avec les Etats-Unis n'est pas vraiment un si bonne affaire :

C'est drôle comme on veut faire croire à l'Afghanistan que s'il ne signe pas le BSA, il n'ira nulle part. Pourquoi toute cette pression ? Lâche-nous, oncle Sam !

“Jouer avec le feu”

Dans sa tentative pour convaincre Karzai de finaliser l'accord de sécurité, le Ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari s'est rendu à Kaboul en décembre 2013. Zebari a déclaré que le pacte de sécurité était dans les meilleurs intérêts de l'Afghanistan, se référant à la détérioration de la sécurité en Irak après son refus de signer un accord de sécurité avec les Etats-Unis.

Le Ministre des Affaires étrangères de l'Irak où le pacte de sécurité avec les Etats-Unis a été rejeté, conseille le gouvernement afghan sur la façon de négocier le BSA avec la super puissance, dit Pajhwok.

Le chef du Pentagone Chuck Hagel et la conseillère nationale à la sécurité Susan Rise ont averti Karzai que sa réticence à signer le BSA pourrait conduire à un retrait complet des troupes américaines d'Afghanistan d'ici à la fin 2014. Par ailleurs, James Dobbins (l'envoyé spécial américain mandaté pour l'Afghanistan et le Pakistan) mettait en garde l'Afghanistan contre une guerre civile si l'accord n'était pas signé.

Arif Rafiq écrivait sur Twitter :

Karzai déclare que Dobbins a menacé d'entraîner l'Afghanistan dans la “guerre civile”. Aujourd'hui Dobbins dit que les Etats-Unis ont dit à Karzai qu'il “joue avec le feu”.

2014 est une année critique pour l'Afghanistan alors que les troupes des Etats-Unis et de l'OTAN quittent le pays, transmettant la responsabilité du maintien de la sécurité aux forces de sécurité nationale peu expérimentées. Hamid Karzai, qui est Président de l'Afghanistan depuis douze ans, sera remplacé au cours d'élections qui auront lieu dans moins de quatre mois. Alors qu'il refuse de conclure le pacte de sécurité avec les Etats-Unis, les autres aspirants à la présidence sont restés silencieux sur la question. Aussi, ce qui attend l'Afghanistan et son peuple dans l'avenir proche demeure un mystère.

Impact des réseaux sociaux sur les élections de Delhi

mardi 7 janvier 2014 à 16:56
Les doigts des votants sont marqués à l'encre indélébile après avoir effectué leurs votes pour éviter la fraude. Image by Louise Dowse. Copyright Demotix (4/12/2013)

Les doigts des élécteurs sont marqués d'encre indélébile après le vote pour éviter la fraude. Image de Louise Dowse. Droits réservés Demotix (4/12/2013).

Avant les élections à l'Assemblée Législative de Delhi le 4 décembre 2013, la Commission électorale de Delhi a proposé de suivre à travers les réseaux sociaux les campagnes électorales pour traquer les infractions au code de conduite de la part des candidats. Cependant, la commission déclara par la suite qu'il y avait des ruptures dans le suivi et qu'il était virtuellement “impossible” d'être à l'affût de tous ces débats.

Nikhil Pahwa [en anglais comme tous les liens] de Medianama analyse l'impact des réseaux sociaux sur les récentes élections de Delhi :

Le mérite apporté à ces élections par les réseaux sociaux est d'avoir suscité le vote. Les gens peuvent ou non avoir été influencés par des campagnes manipulées par les partis politiques, mais le débat permanent, l'approche des problèmes, les critiques et les discussions, les bagarres et même les commentaires haineux qui les suivirent, ont conduit partout où un électeur –tout au moins à Delhi– plus sensibilisé à l'environnement politique, plus conscient de l'importance du vote de chacun et plus réceptif aux appels à aller voter.

#ShamelesslyHaitian : “Effrontément haïtien”, un mot-clé pour la fête de l'indépendance

mardi 7 janvier 2014 à 16:47

Le 1er janvier n'est pas seulement le Jour de l'An pour les Haïtiens, c'est aussi à cette date que Haïti a déclaré son indépendance. Pour fêter les 210 ans d'indépendance de Haïti, Bertin Louis (@MySoulIsInHaiti) a lancé le mot-clé #ShamelesslyHaitian ['effrontément haïtien] pour que les Haïtiens disent leur fierté et propagent leur histoire et leur culture. Global Voices s'est entretenu avec lui pour en savoir plus sur ce mot-clé et son travail de chercheur.

Global Voices (GV) : Parlez-nous de votre parcours.

486882_10151399159407592_721448874_nBertin Louis (BL) : Je m'appelle Bertin M. Louis, Jr. et je suis titulaire d'un doctorat et professeur assistant d'Anthropologie et Etudes Africaines à l'Université du Tennessee. Je suis aussi le fils de Haïtiens qui ont émigré aux Etats-Unis au milieu des années 60. Grandi à Staten Island, New York, je ne m'identifiais pas réellement à mon patrimoine haïtien avant d'aller à l'Université de Syracuse pour mes études de premier cycle. En troisième année de licence, je me suis inscrit à un cours intitulé “Société caribéenne depuis l'indépendance” donné par le Dr. Horace Campbell, un politologue d'ascendance jamaïcane et un panafricaniste. Le premier livre que nous avons lu était “Les Jacobins noirs : Toussaint Louverture et la révolution de Saint Domingue” par l'historien trinidadien du travail C.L.R. James. Ce livre a eu un profond effet sur moi. Quand quelque chose vous fait beaucoup d'effet, nous disons en créole haïtien “Li frape m fò (littéralement “ça m'a frappé fort”). Savoir que seule révolte d'esclaves réussie de l'histoire humaine faisait partie de mon patrimoine m'a donné confiance en qui j'étais, à l'époque, et j'ai voulu étudier de plus près l'histoire et la culture haïtiennes. Cela m'a vraiment mis sur la voie où je suis aujourd'hui, la recherche et l'étude de la diaspora haïtienne et de Haïti.

Parce que la révolution haïtienne a été le commencement du mouvement moderne des droits de l'homme #EffrontémentHaïtien

Parce que je mange ceci à chaque 1er janvier (Fête nationale de Haïti)

GV:  Êtes-vous né en Haïti ou faites-vous partie de la diaspora ? Quelle différence cela fait-il à votre avis ?

BL: Je fais partie de la diaspora qui est née aux Etats-Unis. Cela fait une grande différence parce que je vis dans le Colosse de l'Hémisphère Occidental, ce qui a des avantages et des inconvénients. Par exemple, j'étudie en ce moment la religion (le protestantisme évangélique) et l'apatridie dans la diaspora haïtienne des Bahamas. J'ai interviewé de nombreus migrants haïtiens ainsi que leurs enfants, qui essayaient de trouver un moyen pour vivre aux Etats-Unis, où ils avaient de la famille, de meilleures perspectives d'emploi et de meilleures opportunités de mener des vies dans la dignité. Ma citoyenneté américaine est un privilège qu'ils n'ont pas. Etant dans une position privilégiée, comme professeur d'université et citoyen américain, je considère de la plus haute importance d'utiliser ma voix, d'utiliser mon privilège pour parler au nom de ceux dont les voix sont réduites au silence, comme les migrants haïtiens et leurs enfants apatrides aux Bahamas, afin d'attirer l'attention sur leur situation difficile. L'endroit où je suis né fait une grande différence, car si j'étais né en République Dominicaine, je serais apatride et dans l'impossibilité de bénéficier des opportunités qui sont actuellement les miennes en tant que citoyen américain.

 

Je suis effrontément Haïtien parce que je fais mes Epis avec un pilon. Pas un mixer. Je prends le temps de le faire comme il faut. 

Je suis Effrontément Haïtien à cause du temps où les Haïtiens mentaient et disaient qu'ils n'étaient pas haïtiens pour ne pas se faire rosser ! J'ai TOUJOURS déclaré en être

GV: Pouvez-vous nous parler de votre/vos centre(s) d'intérêts d'universitaire ?

BL: Mes centres d'intérêt d'enseignement et de recherche couvrent la diaspora africaine et j'interroge le concept de diaspora dans mon étude transnationale du mouvement protestant évangélique chez les Haïtiens de la Caraïbe (Haïti et les Bahamas) et des Etats-Unis. En particulier, je combine la recherche ethnographique multi-sites (Etats-Unis, Haïti et Bahamas) avec un cadre transnational pour analyser la pratique et le développement du protestantisme évangélique dans la diaspora haïtienne des Bahamas. Cette recherche a donné mon premier livre, “Mon âme est à Haïti : Migration et protestantisme dans la diaspora haïtienne des Bahamas,” qui sera publié par New York University Press en 2014.

Mon prochain projet de recherche est sur les Bahamiens apatrides d'ascendance haïtienne, qu'on appelle parfois “Haïtiens-Bahamiens.” On appelle apatride un individu qui n'est considéré comme un national par aucun Etat, on estime qu'il y en a 12 millions dans le monde. Les apatrides n'ont pas de pays qu'ils peuvent appeler le leur, aucun accès aux droits politiques et sociaux de base, comme de voter, de se marier, de posséder des biens, et se voient aussi refuser l'accès à l'emploi, à l'enseignement et aux services médicaux. Ma recherche produira un livre et des articles qui devraient faire progresser la théorie sur la citoyenneté, la diaspora, les droits humains et les études sur l'apatridie, et contribuer aux débats actuels des politiques publiques aux Bahamas.

L'infâme tasse métallique en argent. Chaque maison haïtienne en a une

La cérémonie à Bois Kayiman a été présidée par une femme qui a allumé l'étincelle pour nous

GV: Qu'est-ce qui vous a particulièrement inspiré la création de ce mot-clé #ShamelesslyHaitian ?

BL: Le 21 décembre, j'ai participé à un mot-dièse appelé #ShamelesslyCaribbean et les gens ont tweeté des phrases intéressantes et drôles sur le fait partagé d'être Caribéen ou d'ascendance caribéenne. A l'approche de la fête nationale de Haïti (le 1er janvier, fête de l'indépendance), j'ai pensé faire #ShamelesslyHaitian pour attirer l'attention sur Haïti, qui n'est pas respecté par les autres pays, et sur les gens d'ascendance haïtienne, qui ne sont pas traités comme des êtres humains dans les autres pays, comme le montre le récent jugement d'un tribunal de République Dominicaine.

Une grande partie des faits que nous apprenons sur Haïti et les Haïtiens est totalement négative. Nous apprenons aux informations que Haïti est le pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental, sans explication de pourquoi à l'origine il l'est devenu. Les Haïtiens sont dénigrés, exclus, et, dans certains cas, criminalisés aux Bahamas, au Canada, en République Dominicaine et aux Etats-Unis (rappelez-vous la crise du SIDA dans ses premières années aux USA et que les Haïtiens étaient l'un des quatre groupes identifiés comme porteur du VIH par le CDC ?). Et j'ai pensé qu'il y avait un potentiel dans la création et la diffusion d'un mot-clé donnant aux gens d'ascendance haïtienne et leurs alliés l'opportunité de présenter un récit différent et informatif sur Haïti et les Haïtiens, qui ne serait pas fixé sur les catastrophes naturelles, les coups d’Etat, l'instabilité gouvernementale, la misère, le SIDA, etc. ; un récit célébrant les réussites haïtiennes, récupérant pour l'humanité l'importance de la Révolution Haïtienne, et aussi un moyen d'enseigner les gens sur un endroit et une diaspora qui ont été grotesquement déformés, diabolisés dans certains cas, dans l'histoire et les médias de l'Occident.

Alors j'ai lancé l'idée de contacter des personnes d'ascendance haïtienne à des amis sur Twitter, en leur demandant s'ils participeraient, et j'ai choisi le 210ème anniversaire de l'indépendance pour lancer #ShamelesslyHaitian à 12 heures EST.

GV: Quel est l'impact des médias sociaux sur les questions qui vous préoccupent le plus ?

BL: Je trouve que les sites de réseautage sociaux comme Facebook et Twitter offrent des occasions de s'informer sur les sujets qui sont importants pour moi. C'est aussi un moyen de faire partie d'une communauté plus large, même si virtuelle, reposant sur des intérêts et idées plus vastes, comme le démontrent ces mots-clés de Twitter.

Explorez #ShamelesslyHaitian. Des quantités de pépites. Il est temps que nous racontions nos propres histoires qui ne commencent et finissent pas en nous disant le pays le plus pauvre

Parce que sans l'aide de Haïti il n'y aurait pas eu d'achat de la Louisiane

GV: Comment réagissez-vous au succès de ce mot-clé ? Avez-vous été surpris de son essor ?

BL: J'espérais une participation avec le mot-clé et je suis content qu'il ait pris de cette manière. J'ai été légèrement surpris mais pas abasourdi par son succès. D'après ma recherche et mon travail dans la diaspora haïtienne, il y a une similitude de vécu chez les personnes d'ascendance haïtienne qui les oblige à puiser dans leur patrimoine face à la discrimination et au préjugé. Beaucoup de tweets concernaient la fierté d'être Haïtien malgré la discrimination et les moqueries que connaissent les gamins haïtiens de la diaspora en grandissant.

Je pense que la popularité du mot-clé démontre que, tant aux Bahamas qu'en République Dominicaine, aux Etats-Unis, au Canada, en Haïti, ou n'importe où on trouve des Haïtiens, 210 ans après l'indépendance haïtienne, après la Révolution Haïtienne, les Haïtiens essaient toujours de vivre dans la dignité et luttent pour ce faire.

 Photo aimablement fournie par Bertin Louis.

Pourquoi les personnes âgées protègent les tourterelles dans le Mali rural

mardi 7 janvier 2014 à 15:55
Doves in rural Mali via Fasokan with his permission

Tourterelles dans la campagne du Mali via Fasokan avec sa permission

Fasokan explique pourquoi, dans le Mali rural, les personnes âgées sont attentives à la protection des tourterelles :

Les vieilles personnes font tout pour protéger ces oiseaux contre la tuerie des enfants pendant leurs chasses avec des lance-pierres. Si par hasard il arrive qu’un groupe de jeunes garçons attrape une tourterelle vivante, une vieilles personne du village rachète l’oiseau et le libère. Cet achat a pour but de mettre les enfants dans leur droit parce qu’ils ont fourni de l’effort pour l’attraper.[..] les tourterelles sont considérées comme annonciatrices d’évènements futurs selon leurs chants, comme l’arrivée d’un étranger ou d’une étrangère. De village en village pour les commissions des parents, les tourterelles informaient les jeunes envoyés en cours de route, sur la position de celui ou celle qu’ils devaient aller voir dans un autre village.

Quatre femmes journalistes à Mexico, envers et contre tout

lundi 6 janvier 2014 à 20:03

Ce billet fait partie de notre série sur le genre et la sexualité en Amérique Latine et dans la Caraïbe en collaboration avec le NACLA (North American Congress on Latin America [anglais]- (Congrès Nord Américain sur l'Amérique Latine).

Malgré les bas salaires et les dangers liés à ce métier dans le pays le plus dangereux pour les journalistes de toute l'Amérique, il existe encore des Mexicaines qui travaillent dans ce domaine avec enthousiasme.

Ce billet vous présente quatre de ces courageuses journalistes. Avec leurs vues sur l'immigrations, la politique, leurs rêves et l'égalité des sexes, elles nous dévoilent un peu de leur vie pour nous faire découvrir ce qui fait la vie d'une journaliste à Mexico.

Nicole Medgenberg

nacla_nicNicole, journaliste née en Allemagne, a déménagé à Mexico au début de ses études. Elle travaille aujourd'hui pour une organisation non-gouvernementale mais exerce également en tant que journaliste indépendante spécialisée dans la gastronomie et les voyages. Elle s'occupe aussi de son propre blog de cuisine, “La cocinera con prisa” [espagnol] (“La cuisinière pressée”).

C'est à ses 12 ans que remonte sa première expérience journalistique : avec une amie, elle réalise alors un magazine. Nicole raconte que sa camarade cherchait des images dans des publications, tandis qu'elle imaginait des histoires pour chaque illustration. “J'ai toujours ce magazine”, nous dit-elle fièrement.

Nicole explique qu'elle a eu à Mexico les mêmes opportunités qu'un homme : “J'appartiens à une génération et à des cultures à l'intérieur desquelles je ne questionne plus si je peux voter, étudier ou exercer mon métier de la même façon qu'un homme. J'ai la chance d'avoir des racines allemandes et mexicaines et mes parents sont très ouverts et m'encouragent dans ma carrière.”

Pour elle, le principal problème du journalisme, ce sont les bas salaires : “Certaines personnes doivent comprendre que s'ils recherchent quelqu'un de sérieux avec une expérience intéressante, il faut les payer correctement et en temps et en heure. C'est une profession qui exige une grande implication et des sacrifices personnels mais malheureusement, ce n'est pas bien rémunéré.”

Suivez Nicole sur Twitter : @NicMedgenberg

Elia Baltazar

nacla_elia“Je ne pense pas avoir jamais fait l'objet de discriminations ou d'un traitement préférentiel liés au fait d'être une femme. Je crois que c'est surtout dû à la conscience que j'ai de mes propres droits. Je ne laisserais pas cela se produire” répond Elia lorsqu'on lui demande si elle a été traitée différemment en tant que femme journaliste.

Elia est née et a grandi à Mexico où elle travaille comme journaliste indépendante. Elle commence sa journée entre 4h30 et 5h du matin, en consacrant une demi-heure à la lecture d'un livre qui l'intéresse (elle n'a pas le temps ensuite). Puis elle lit les informations et prépare son emploi du temps de la journée. A 10h, elle est déjà au travail, à interviewer des gens et chercher des sujets d'articles. Elle finit sa journée de travail à 22h.

Elia a toujours rêvé d'être journaliste. Pour elle, c'était un des métiers les plus passionnants qui soient, qu'elle associait toujours à des horizons lointains. Au lycée, elle travaillait dans le journal de l'école et elle a obtenu son premier emploi comme journaliste à 18 ans.

Dans le travail qu'elle effectue avec le réseau Periodistas de a Pie, elle écrit sur des questions liées aux droits humains et à l'égalité des sexes : “Je préfère toujours écrire dans une perspective d'égalité des droits pour tous ; je ne mets l'accent sur le sexe que lorsqu'il y a clairement eu une violation des droits de la femme.” Les membres de son organisation ont choisi de ne pas écrire uniquement sur des plaintes mais de rechercher aussi des exemples de succès qui vont à l'encontre des perspectives habituelles sur les malheurs des victimes et valorisent l'image que les citoyens ont d'eux-mêmes.

Elia se déclare féministe ; même si toutes les théories féministes ne la convainquent pas, elles participent à son épanouissement personnel et professionnel. Selon elle, au Mexique aujourd'hui, le plus grand défi pour les journalistes, qu'ils soient hommes ou femmes, est leurs bas salaires et leurs conditions de travail, “qui rendent difficile un vrai travail d'investigation.”

Suivez Elia sur Twitter: @eliabaltazar

Sandra Apolinar

Nacla_sandy

Originaire de Toluca, une ville située à environ 40 minutes de Mexico, Sandra est rédactrice pour les pages musique et technologie de Swagger [espagnol]. Son quotidien au journal consiste à rédiger des articles pour le site internet. Elle cherche aussi des sujets de papiers possibles pour les journalistes de son équipe.

“Je n'aime pas trop faire la couverture des scandales dans la musique, les histoires qui touchent Justin Bieber ou Miley Cyrus, mais c'est ce qui plaît à notre public alors il faut que j'écrive sur ça”, explique-t-elle. Sandra voudrait poursuivre sa carrière dans le journalisme sportif. Elle est une fervente supporter de l'équipe de football locale, les Diablos Rojos, mais elle sait qu'il lui faudra sans doute du temps, en tant que femme, pour percer dans ce domaine.

Sandra a découvert sa vocation de journaliste au lycée. Elle explique qu'elle a toujours écrit, pour elle-même, et qu'à l'âge de 16 ans, elle a commencé à vouloir écrire pour les autres. Depuis plus de six ans, elle fait l'aller-retour de Toluca à Mexico tous les jours, et bien qu'elle ne vive pas dans la capitale, elle s'y sent chez elle et ne voudrait pour rien au monde exercer ailleurs son métier de journaliste.

“Selon moi, le principal défi pour les journalistes à Mexico, c'est d'être, autant que possible, vraiment objectifs, ce qu'ils oublient parfois. Le journalisme au Mexique ne s'améliorera pas réellement si l'ego des journalistes n'arrête pas de croître”, conclut-elle.

Suivez Sandra sur Twitter: @sandiapolinar 

Daliri Oropeza

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“J'essaie toujours d'équilibrer les témoignages à partir desquels j'écris. Si j'ai interviewé quatre hommes, je vais essayer de chercher le même nombre de femmes. J'aime que mes textes soient justes dans ce domaine”, explique Daliri.

Daliri, qui est née et a grandi à Mexico, vient d'une famille qui travaille dans le milieu du cirque depuis plusieurs générations. Elle est la seule journaliste de sa famille, et elle en est fière. Daliri a habité de nombreux quartiers de Mexico, de San Rafael à la Roma et de Tabacalera à Buena Vista. Elle aime profondément Mexico et, même si elle doit s'en aller pour ses études, elle reconnaît qu'elle reviendra toujours au DF [Distrito Federal].

“Je suis une femme qui aime expérimenter dans son travail. Je veux essayer de nouvelles choses, je cherche toujours de nouveaux sujets, de nouvelles voix à faire entendre.” Sandra a écrit plusieurs articles sur les peuples indigènes du Sud du Mexique, dans l'Etat du Chiapas.

Pour Daliri, c'est en essayant de faire parler autant d'hommes que de femmes dans son travail qu'elle participe à la promotion de l'égalité des sexes. “Je ne suis pas féministe mais je cherche toujours à parler des femmes dans mes articles” explique-t-elle. Un de ses textes préférés parmi ses plus récents s'intéresse aux filles d'hommes politiques qui travaillent également dans la politique, une enquête qu'elle a menée pour découvrir une “minorité dans une minorité”.

“Il y a des différences entre hommes et femmes quand on parle de journalisme. Certains hommes pensent que vous ne pouvez pas être une bonne reporter, mais il ne faut pas laisser ces commentaires avoir une influence sur votre travail. Ces gens sont des ignorants.” souligne-t-elle. Elle termine en insistant sur sa passion pour son métier de journaliste et souligne qu'il n'y a pas une activité au monde qu'elle aimerait mieux exercer.

Suivez Daliri sur Twitter: @Dal_air