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Les 20 ans de la réunification avec la Chine… ou de la chute de Hong Kong ?

samedi 1 juillet 2017 à 20:52

Compte à rebours 2047. Pas de feux d'artifice à Victoria Harbour. Image par Add Oil Team.

Le samedi 1er juillet 2017 marque le 20ème anniversaire de la rétrocession de Hong Kong à la Chine par le Royaume-Uni.

Officiellement, c'est l'occasion de célébrer la fin de la domination coloniale ainsi que la réunification avec la mère patrie. Le message est clairement reflété dans les décorations affichées à travers la ville et dans les chansons sur ce thème ayant fait leur apparition ces derniers mois.

Cependant, de nombreux citoyens perçoivent plutôt cette date comme celle de la chute de Hong Kong sous l'influence du régime autoritaire chinois. Il est évident que de nombreux Hongkongais sont mécontents de la situation actuelle pour plusieurs raisons.

Le débat politique sur les personnes autorisées à voter pour élire le dirigeant de la ville n'est toujours pas résolu. Actuellement, seul un comité restreint d'électeurs dispose de ce droit. Pékin cherche également à contrôler la nomination des candidats, le vote venant seulement après une première sélection faite par le gouvernement. Un grand nombre de citoyens de Hong Kong souhaite au contraire avoir son mot à dire dans toutes les étapes du processus électoral.

Les larges manifestations pro-démocratiques surnommées “la révolution des parapluies“, qui ont occupé le centre-ville de Hong Kong pendant trois mois à la fin de l'année 2014, n'ont pas réussi à faire changer la politique de Pékin vis-à-vis de Hong Kong. Le sentiment de peur qui règne parmi les opposants n'a fait que s'amplifier après la disparition de cinq libraires en Thaïlande, en Chine et à Hong Kong courant 2015. Lorsque ces personnes sont finalement réapparues, elles étaient détenues par les autorités chinoises pour “aider à une enquête sur la vente de publications illégales”. Nombreux sont ceux qui y ont vu une atteinte à l'autonomie de la ville, pourtant inscrite dans la Loi fondamentale de Hong Kong.

Avec Pékin tentant d'établir une influence idéologique sur Hong Kong, la culture et l'éducation sont là aussi des champs de bataille privilégiés. Les camps pro-Pékin et pro-démocratie s'affrontent régulièrement sur le choix entre le pǔtōnghuà (ou mandarin standard, la langue officielle de la République populaire de Chine) et le cantonais (la langue majoritaire à Hong Kong) comme langue d'instruction. Des divergences sur les programmes scolaires et le système d'examens existent également.

De plus, les capitaux chinois ayant afflué vers le centre financier qu'est Hong Kong ces dernières années, les prix de l'immobilier se sont envolés et les inégalités salariales continuent de se creuser. Au lieu d'essayer d'arranger la situation à travers des taxes et des réformes sociales, le gouvernement continue à encourager le développement immobilier comme moyen de réduire ces tensions économiques. Dans ce contexte, l'exploitation des espaces verts et des parcs nationaux pour construire de nouveaux bâtiments fait débat.

Un espace public nettoyé de tout signe d'activité politique

À l'approche de la journée de commémoration, des activistes ont montré leur frustration en recouvrant la fameuse statue du bauhinia d'or d'un gigantesque tissu noir et en organisant une manifestation sur Bauhinia Square où la cérémonie du 1er juillet se déroulera.

Bien entendu, le président chinois Xi Jinping, en visite à Hong Kong du 29 juin au 1er juillet pour la cérémonie de commémoration et pour l'investiture de Carrie Lam, nouvellement nommée Chef de l'exécutif, n'a pas vu l'action symbolique des manifestants. Les 26 participants ont rapidement été déplacés et le quartier de Bauhinia Square a été isolé à l'aide d'énormes barricades.

Selon les médias locaux, au moins 9.000 officiers de police seront présents à travers la ville durant les célébrations. En plus des mesures de sécurité habituelles, les agents ont reçu l'ordre “d'éviter toute gêne pour les dirigeants” : les slogans politiques sensibles devront donc être hors de vue du président Xi Jinping.

Toute activité pro-indépendance étant évidemment sensible, la veille organisée le 30 juin par le Parti national de Hong Kong à la Tour de l'Horloge Tsim Sha Tsui a elle aussi été interdite.

Même le rally annuel du 1er juillet organisé par le Civil Human Right Front, une alliance démocratique, a été mis de côté puisque le point de ralliement habituel à Victoria Park est cette année réservé à un groupe pro-Pékin dans le cadre de l'exposition de la fusée Long March 1.

Enfin, de nombreux militants inscrits sur une liste de surveillance ont été suivis par des officiers en civil et ont été interpellés dans la rue. À ce jour, l'un d'entre eux a été arrêté pour possession d'un cutter et d'autres outils.

Célébrations alternatives sur les réseaux sociaux

Malgré le harcèlement auquel ils doivent faire face, de nombreux activistes hongkongais ont réussi à exprimer leur frustration à travers de petits actes de résistance. La formule “20ème anniversaire de la chute de Hong Kong” a par exemple été inscrite à la bombe sur des pancartes du quartier de Mongkok et sur des bannières de commémoration. La police a immédiatement arrêté 3 hommes pour avoir endommagé des biens publics.

Les rues ayant été envahies de décorations officielles, les réseaux sociaux sont devenus un espace de commémoration alternative.

En parallèle des feux d'artifice d'une valeur d'un million et demi de dollars qui seront lancés à 20 heures le 1er juillet, un collectif d'artistes a prévu de diffuser en direct un événement intitulé “Pas de feux d'artifice sur Victoria Harbour” entre 19h45 et 20h45. Voici le message qu'ils ont publié sur Facebook :

2017年,七一晚上的維多利亞港,該是什麼模樣?在我們心目中,它應該「如實」反映這座城市的情緒、平靜的,而且不可能有煙花。我們邀請各位,在這個現實世界,維港上空煙花盛放之際,來看看我們構想的平行世界中、一個沒有煙花但跟日常稍有不同的維港[…]

À quoi devrait ressembler Victoria Harbour le 1er juillet 2017 au soir ? Nous pensons que l'endroit devrait refléter l'esprit de notre ville : calme et sans feux d'artifice. Nous vous invitons à découvrir un monde parallèle où aucun feu d'artifice n'explose au-dessus de Victoria Harbour, tandis qu'au même moment dans le monde réel, le ciel s'allumera.

Certains artistes participant à ce projet avaient également contribué à une installation présentée l'année dernière, qui affichait un compte à rebours jusqu'à 2047 sur la façade d'un immeuble. Dans la déclaration conjointe sino-britannique, Pékin a en effet promis que la règle “Un pays, deux systèmes” qui garantit l'autonomie de Hong Kong s'appliquerait sans changement pendant 50 ans. L'installation controversée comptait les secondes jusqu'à l'arrivée de la date fatidique : le 1er juillet 2047.

Sur les réseaux sociaux, on tourne également en dérision la propagande officielle. @badiucao, un dessinateur politique reconnu, a posté plusieurs illustrations sur le 20ème anniversaire de la “chute de Hong Kong”. En voici une ci-dessous :

Dessin de #Badiucao : Bienvenue au 20ème anniversaire de la chute de Hong Kong : barricades et répression politique. Xi est arrivé à Hong Kong aujourd'hui, comment les Hongkongais devraient-ils l'accueillir ?

L'une des chansons du 20ème anniversaire, lancée par l'agence de presse nationale Xinhua, a été tournée en ridicule par les internautes. Le refrain de cette chanson, qui parle du drapeau hongkongais, est le suivant :

最愛紫荆加襯紅色的底
滿載底氣作為內心依歸,
艷美紫荆融入五星永不腿
閃閃星際耀眼之最

J'aime la bauhinia [la fleur de Hong Kong] avec le rouge derrière,
Et son esprit guidera nos coeurs.
Les cinq pétales de la belle bauhinia ne tomberont jamais,
Elle deviendra l'étoile la plus étincelante de la galaxie.

L'expression “rouge derrière” signifie “sous-vêtements rouges” en Cantonais et désigne également les personnalités hongkongaises qui sont secrètement membres du Parti communiste chinois. Voilà par exemple une parodie de la chanson :

L'interprétation qu'un de mes amis a faite du rap #UnPaysDeuxSystèmes : “J'aime la bauhinia avec le rouge derrière”

Seul un réseau d'entraide traditionnel permet aux jeunes mères paraguayennes de poursuivre leurs études

samedi 1 juillet 2017 à 20:21

Alors qu'elle tente d'obtenir son diplôme de psychologue, Cristina Moreno Re (25 ans) travaille comme vendeuse dans un magasin. C'est pourquoi elle ne peut pas rentrer chez elle, même les week-ends. Photographie de Juan Carlos Meza, utilisée avec autorisation.

Cet article fait partie de la série #PaísDeLasMujeres, (PaysDesFemmes – série d'histoires autour des femmes latino-américaines) de Kurtural et est reproduit ici dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

On a refusé à Clara Guillén le droit de se présenter à un examen de droit car elle avait amené sa fillette à la faculté. “Reviens étudier à l'université lorsque tu auras fini d'élever tes enfants” lui a dit Concepción Sánchez, professeure à l'Université Nationale d'Asunción (UNA). C'était en mai 2016. Au mois de février de cette même année, Bethania Ruiz Diaz, qui étudiait dans la même faculté, a vécu ce genre de mésaventure alors qu'elle suivait les cours en présence de son bébé âgé de quelques mois. María del Mar Pereira, la professeure qui l'a renvoyée, lui a dit que “cet endroit n'était pas une crèche mais une université”, et qu'elle devrait plutôt s'occuper de trouver quelqu'un à qui confier son enfant. “Je n'ai su que répondre, et je suis restée sans voix car je me suis sentie rabaissée et méprisée” raconte Bethania Ruiz Diaz.

Bien que les enseignantes aient été démises de leurs fonctions lorsque ces affaires ont été rendues publiques, Clara Guillén et Bethania Ruiz Diaz, comme bien d'autres mères étudiantes, sont confrontées chaque jour à un système antagoniste qui glorifie les mères mais se montre hostile envers celles qui veulent poursuivre des études.

Ce qui est arrivé aux deux jeunes mamans étudiantes a incité le centre des étudiants (CE) de l'université dont elles dépendaient à mettre en place une crèche. Mais le projet a échoué. Selon Alejandro Koopmann, membre du CE, le projet a été abandonné lorsque le président Horacio Cartes n'a pas approuvé l'augmentation du budget global de 2017.

La participation grandissante des femmes au marché du travail en Amérique Latine n'a rien changé à la situation établie : le rôle qu'elles jouent dans l'éducation des enfants et dans les tâches domestiques, le rôle qui leur fut historiquement assigné, continue à bien être le leur. Lorsque ce ne sont pas les mères, ce sont les grand-mères, les tantes ou les sœurs qui exercent ce que l'on appelle un “métier non rémunéré”.

Selon une enquête de la Direction générale des statistiques, enquêtes et recensement (DGEEC, Dirección General de Estadísticas, Encuestas y Censos) à propos de la façon de gérer son temps, les Paraguayennes consacrent plus de la moitié de leur temps à ce travail non rémunéré. Cela représente deux fois plus d'heures que ce que les hommes y consacrent en général, et presque quatre fois plus en ce qui concerne les tâches domestiques. Ces écarts sont supérieurs à ceux que l'on observe dans d'autres pays comme l'Argentine et l'Uruguay.

“L'espoir que l'on plaçait dans l'idée que le travail salarié allait libérer les femmes ne s'est pas concrétisé”, dit dans une interview Silvia Federici, écrivaine et militante féministe. “Aujourd'hui les femmes ont deux métiers et beaucoup moins de temps disponible pour se battre, participer à des mouvements sociaux et politiques ou bien encore pour suivre des études” affirme-t-elle. C'est ce que l'on appelle communément “la double charge de travail”. Cela concerne les femmes qui, en plus de leur travail et de leurs études, doivent tenir la maison, s'occuper de leurs filles, de leur nièces et de leurs petits-enfants.

A 25 ans, Cristina Moreno Re, étudiante en quatrième année de psychologie à l'Université nationale d'Asunción et maman d'un petit Gaspar âgé de 5 ans, travaille comme vendeuse dans un supermarché de la capitale. “Garder les enfants est un travail fatigant, qui demande beaucoup d'énergie” dit-elle. Mais elle raconte que pour ses collègues de travail, “nous les femmes, nous ne pouvons pas nous lasser de nous occuper de nos enfants”.

Travaillant en moyenne 42 heures par semaine, elle a dû mettre en place une grille d'emploi du temps complexe qu'elle partage avec le père de Gaspar dont elle est séparée, et surtout avec les grands-mères paternelles et maternelles. De toutes façons, elle estime qu'elle est privilégiée. Depuis que Gaspar va à l'école maternelle, les horaires sont plus appropriés pour toute la famille car au moins, elle peut l'accompagner elle-même à l'école tous les jours. C'est un privilège au Paraguay, où seulement trois enfants sur dix ont accès à l'école maternelle.

La scolarisation de son fils lui permet de consacrer du temps à ses études. Mais à la Faculté de philosophie de l'Université nationale d'Asunción, il n'existe pas d'alternative pour les mamans d'enfants en bas âge. “En général, les professeurs acceptent la présence des enfants en classe. Ils reconnaissent chaque année la nécessité d'avoir des crèches, mais ils prétextent chaque fois qu'ils n'ont pas le budget” explique Jazmín Coronel, la vice-présidente du centre d'étudiants de cette faculté. Bien qu'il n'existe pas de données sur le nombre d'étudiantes qui abandonnent leurs études en raison de la maternité, Jazmín Coronel affirme que nombre d'entre elles battent en retraite pour se conformer aux exigences de leur rôle de mères.

Dans les universités privées, la situation des mamans étudiantes est identique. La sœur de Cristina Moreno Ré, Romina, âgée de 24 ans, poursuit des études de vétérinaire à l'Université de Columbia. Elle a accouché après avoir passé un examen. Après avoir accouché de sa fille Alicia, elle a eu beaucoup de mal à obtenir une prorogation pour passer les autres épreuves, et c'était pourtant nécessaire en raison de sa maternité. “Selon eux [les autorités de sa faculté], j'ai déposé ma demande trop tard”, explique-t-elle.

Comme Cristina, Romina Moreno compte aussi sur sa mère pour s'occuper de sa fille qui a maintenant 20 mois. “Ma mère est vendeuse. C'est le genre de personne qui s'efforce de ne pas tomber malade. Si elle ou ma sœur ne peuvent pas, c'est mon mari qui s'occupe de ma fille. Lui, il est présent, mais pas vingt heures par jour comme moi” dit-elle. Au Paraguay, l'inégale répartition du temps consacré aux activités parentales entre les hommes et les femmes se reflète même dans les congés de maternité et paternité. Les mères ont droit à dix-huit semaines de congés, alors que les pères ont seulement deux semaines.

Romina qui travaillait dans la production d'événements sociaux, se consacre maintenant exclusivement à ses études. La maternité a aussi changé d'autres aspects de sa vie. “On ne t'invite plus à sortir. Ou bien on te demande de rester auprès de tes enfants. Si tu sors seule, on te demande à qui tu les as laissés. Ce sont des choses que l'on ne demande pas aux hommes” dit-elle. “Par exemple, si je veux fumer, et que je suis avec ma fille, je ne peux pas”.

Si la scolarisation en maternelle est faible, les services de gardes d'enfants de 0 à 4 ans sont très peu développés voire quasi inexistants. La Secrétaire d'État à l'Enfance affirme ne pas avoir de chiffres à ce sujet.

Suite aux événements qui ont eu lieu à la faculté de droit de la UNA, le député Hugo Rubín a présenté au Congrès un projet de loi qui rendrait obligatoire le financement publique de crèches au sein des instituts d'enseignement supérieur privés et publiques. Mais depuis le mois de décembre 2016, on attend l'approbation de cinq commissions de députés pour pouvoir traiter le dossier.

Selon la sociologie Karina Batthyány, “étant donné que l'offre de services de gardes d'enfants n'a pas encore pu être mise en place en tant que droit social”, ce sont les femmes dont les salaires sont bas ou moyens qui rencontrent les plus grandes difficultés car elles n'ont pas accès à ces services. À l'instar de Bethania Ruiz, elles doivent donc choisir entre travailler ou étudier, ou bien elles doivent s'appuyer sur d'autres femmes de la famille. C'est ce que font Cristina et Romina Moreno Re. Avec l'aide de leurs mères, belles-sœurs et belles-mères, elles organisent un réseau d'entraide pour la garde des enfants.”

Salvador Adame, une voix de plus réduite au silence par la violence impunie au Mexique

vendredi 30 juin 2017 à 11:26
Salvador Adame. Imagen circulada ampliamente en Twitter.

Salvador Adame. L'image a été largement diffusée sur Twitter.

Selon un communiqué des autorités locales daté du 26 juin 2017, le corps sans vie et calciné de Salvador Adame, journaliste et fondateur de la chaîne locale 6TV, a été retrouvé dans le Michoacán, à l'ouest du Mexique :

Después de realizar la toma y cotejo de muestras que marca la ley en estos procedimientos, por parte de especialistas de la Dirección de Genética, las pruebas de ADN permitieron comprobar que estos restos corresponden a quien en vida se llamó a Salvador Adame Pardo.

Suite au prélèvement et à la comparaison des échantillons prévus par la loi en la matière, effectués par des spécialistes de la Direction de la génétique, les tests ADN ont permis de certifier que ces restes appartiennent au défunt Salvador Adame Pardo.

Le cadavre de Salvador Adame a été découvert dans une région communément appelée Tierra Caliente [Terre Chaude], l'une des plus violentes du Michoacán, un état connu pour avoir enregistré ces dernières années une hausse exponentielle des actes criminels et des dénonciations de collusion entre le gouvernement local et la délinquance organisée.

D'après les informations du journal national La Jornada, Adame était retenu en captivité par un groupe armé depuis près d'un mois.

Dans l'article qui annonçait son enlèvement, le journal indépendant en ligne Animal Político précisait que le journaliste avait déjà reçu plusieurs fois des menaces, lui intimant de cesser son travail d'information. Dans le même journal, c'est ainsi que Gerardo Romo parlait de l'action de son collègue Salvador Adame, alors qu'on avait seulement connaissance de son enlèvement :

A través de su trabajo, Salvador Adame dio voz a quienes no eran escuchados y se convirtió en un crítico de las arbitrariedades cometidas por autoridades municipales, estatales y federales.

Grâce à son travail, Salvador Adame a donné une voix à ceux qui n'étaient pas entendus, et il s'est fait le critique des agissements arbitraires des autorités municipales, étatiques et fédérales.

Un article publié par la chaîne Canal 6TV décrivait Salvador Adame en ces termes :

El periodista, quien hace pocos más de un año fue sujeto de vejaciones policiales, mantuvo una directriz activa, crítica, sagaz, atrevida, desafiante, al escenario delictivo que prevalece en la zona, también conocida como Cuatro Caminos, corazón de la entidad y epicentro de interminables disputas gansteriles.

Le journaliste, qui a subi il y a un peu plus d'un an des humiliations de la part de la police, a défendu une position active, critique, clairvoyante, audacieuse, impertinente, face au contexte délictuel qui prédomine dans la zone, connue aussi sous le nom de Cuatro Caminos, coeur de l'état et épicentre d'interminables guerres de gangs.

Sa propre femme, Frida Urtiz, avait dénoncé les pressions dont elle était l'objet à cause de l'action qu'elle menait avec Adame :

Mi esposo y yo somos los dueños del canal, teníamos convenios de publicidad con el municipio de Múgica de difundir la labor que todas las administraciones tienen la obligación de hacerle saber a la ciudadanía y desistimos de ello ante la presión que recibíamos.

Mon mari et moi sommes les propriétaires de la chaîne, nous avions des accords avec la municipalité de Múgica pour diffuser les informations que toutes les administrations se doivent de communiquer aux citoyens, et nous y avons renoncé face aux pressions.

C'est le septième homicide commis contre un journaliste que l'on recense dans le pays depuis seulement le début de l'année 2017, ainsi que le souligne l'association de défense des droits de l'homme Cencos :

#SalvadorAdame est le septième journaliste assassiné cette année. Nous exigeons des explications et la fin des agressions. #NonAuSilence

Un chiffre qui tranche avec les déclarations d'un haut responsable du Secrétariat de l'Intérieur, Roberto Campa, qui a déclaré qu'il ne s'agissait pas de la plus forte période de violence contre les reporters au Mexique, et qu'on avait connu pire sous les gouvernements précédents.

L'impact des attaques contre les journalistes au Mexique ne se limite pas à ses victimes directes. Ainsi, Frida Urtiz a eu elle-même de graves problèmes de santé après avoir appris l'enlèvement de son mari.

La violence contre ceux qui exercent le métier de journaliste au Mexique n'est certes pas nouvelle, et elle est devenue permanente ces dernières années. Il faut rappeler que la journaliste Isabel Uribe écrivait déjà en 2015 :

En el periodismo mexicano la tinta segrega un constante olor a muerte, nueve periodistas asesinados en lo que va de 2015 confirman que México es uno de los lugares más peligrosos en todo el planeta para ejercer la profesión, una caja de pandora que esconde las más terribles atrocidades: agresiones, intimidaciones, tortura, desaparición, autocensura y muerte.

Dans le journalisme mexicain, l'encre a une tenace odeur de mort. Avec neuf journalistes assassinés durant l'année 2015, le Mexique est l'un des endroits les plus dangereux de la planète pour exercer la profession, une boîte de Pandore qui cache les plus cruelles atrocités : agressions, intimidations, torture, disparitions, autocensure et mort.

En réaction à la mort de Salvador Adame, Luis De Tlacuilo, un usager de Twitter, a posté :

C'est triste d'apprendre que quelqu'un peut perdre la vie en exerçant son métier. #SalvadorAdame

Lorsque la nouvelle a été diffusée, Jenaro Villamil, lui-même journaliste, a reproché au gouvernement local son incapacité à endiguer la violence due à la présence de groupes armés dans la région :

Un autre journaliste assassiné : #SalvadorAdame, disparu depuis des semaines, sous le regard indolent du gouvernement du Michoacán.

Le Commission nationale des droits de l'homme au Mexique a lancé cet appel aux autres organismes gouvernementaux :

La CNDH appelle les autorités fédérales, étatiques et municipales à enquêter et à élucider l'homicide de #SalvadorAdame

Salvador Adame vient s'ajouter à la liste des journalistes qui ont perdu la vie en 2017, avec Miroslava Breach et Javier Valdez.

Une centrale nucléaire tchèque organise un concours de maillot de bain pour choisir sa prochaine stagiaire

vendredi 30 juin 2017 à 10:45

Un collage de la photo de couverture de la page Facebook du centre d'information de la centrale nucléaire de Temelín et d'une capture d'écran de l'album photo supprimé sur la compétition pour les stagiaires.

La centrale nucléaire tchèque de Temelín est devenue la cible d'un retour de flamme mondial après un coup publicitaire montrant plusieurs jeunes femmes en train de poser en maillots de bain et casques de chantier dans le cadre d'un prétendu concours pour gagner un stage.

La centrale nucléaire la plus importante de République Tchèque invitait les utilisateurs de Facebook à selectionner leur prochaine stagiaire en « aimant » leur photo, mais les accusations de sexisme ne se sont pas faites attendre. Après que le diffuseur allemand Deutsche Welle eut publié un article sur la compétition de Temelín sur son site internet, l'information fut récupérée par de nombreux médias internationaux. Tout en publiant des photos de ces jeunes filles, le journal britannique The Sun rapporta également l'indignation internationale, et le site d'informations technologiques américain CNET s'empara de l'affaire pour démontrer que « le sexisme est devenu le sujet dont tout le monde parle dans l'industrie de la technologie. »

La centrale a finalement supprimé les photos des bachelières, a déclaré que toutes les participantes avaient gagné le stage, et s'est excusée : « Le but de cette compétition était de promouvoir l'enseignement technique. Mais si cette vision initiale a soulevé des doutes ou des préoccupations, nous en sommes très désolés. »

Le blog expérimental tchèque rychlofky, qui documente le contenu de réseaux sociaux, a fait une capture d'écran du post d'excuse et a commenté :

Temelín je slavný, jeho poněkud sexistická soutěž dívek v plavkách zaujala Time i CNN
Z jejich Facebookové Stránky (@ICTemelin) se mezitím soutěž poněkud ztratila a místo toho je tam něco jako polovičatá omluva. Která navíc nevypadá, že by pochopili, jak ubohé je „kvalifikační kritérium“ stážistek v podobě „vypadá dobře v plavkách“.

Temelín devient célèbre ! Leur compétition quelque peu sexiste de jeunes filles en maillot de bain a figuré dans Time et CNN
Sur leur page Facebook (@ICTemelin), ils ont soi-disant égaré la compétition, et à sa place on y trouve un mot d'excuse écrit à contre-cœur. De plus, ils ne semblent pas comprendre que « être belle en maillot de bain » n'est pas un bon « critère de qualification » pour un stage.

La centrale prit la décision de supprimer l'album, non seulement de Facebook, mais également des reportages médiatiques qui avaient incorporé l'album dans leur article au lieu d'utiliser des captures d'écran.

La chaîne de télévision locale Jihoceske avait également publié un reportage vidéo sur les mannequins alors qu'elles visitaient la centrale nucléaire pendant la séance de photo du concours. Lorsque Deutsche Welle incorpora la vidéo à leur article et que le retour de bâton commença, Jihoceske rendit la vidéo Youtube inaccessible.

Toutes les réactions sur cette compétition polémique ne furent pas négatives. Une entreprise allemande, fournisseur de la centrale Temelín, a tweeté l'une des photos exposant également certains de leurs produits :

Tellement belle, bonne construction, peau parfaite. Je parle bien sûr de la conduite forcée #IBS à gauche ! Photographie prise à la centrale nucléaire de Temelín

Bien que la compétition de maillot de bain ait placé Temelín sous les projecteurs mondiaux, ce n'est pas la première fois que la centrale utilise de belles jeunes femmes dans le cadre d'une stratégie de promotion.

La centrale est l'un des partenaires principaux de la compétition « Bachelière de l'année ». Dans le cadre des préparatifs de ce concours de beauté, les finalistes adolescentes gagnent une visite de la centrale, comme on peut le voir dans cette vidéo:

Le concours de stage de cette année a été mené en coopération avec la compétition « Bachelière de l'année », comme en témoigne la signature et le titre de l'album photo Facebook. C'est, à vrai dire, une version d'une compétition similaire de 2016, mais il est difficile de dire qui avait gagné celle-ci (si tant est qu'il y eut vraiment une gagnante).

Capture d'écran de la page Facebook de la compétition Bachelière de l'année 2016 – Compétition de stage à la centrale nucléaire de Temelin. ( Cliquez pour agrandir )

Il y a toutefois des différences majeures. Bien que les filles posent comme des mannequins, elles n'étaient pas en maillot de bain en 2016. L'album de 2016 compte 40 « J'aime » et 3 commentaires.

En comparaison, l'album très contesté de 2017 avait généré 901 « J'aime » et 697 commentaires avant d'être supprimé.

Et alors que les commentaires sur l'album photo de 2016 sont plutôt positifs, allant de « il y a beaucoup de jolies filles dans nos lycées » à « allez-vous publier plus de concurrentes ? » le cache de Google démontre que les commentaires sur l'album supprimé de 2017 étaient pour la plupart désapprobateurs, tel que le commentaire suivant de Martine Jenah sur Facebook :

What a joke! Do we make men pose in swim suits to get hired as interns? Still the same sexist bullshit in 2017!!!!! Your company is a joke! Women are not bodies to be leered at. They have brains and knowledge, you morons!!!

Quelle blague ! Est-ce que les hommes doivent poser en maillot de bain pour se faire embaucher pour un stage ? Encore et toujours les mêmes conneries sexistes en 2017 !!!!! Votre compagnie est ridicule ! Les femmes ne sont pas simplement des corps à mater. Elles ont un cerveau et des connaissances, bande d'abrutis !!!

Certains organes de presse internationaux ont remarqué que l'origine du nom du bikini vient de Bikini Atoll, un centre d'essai de bombes nucléaires. Ils ont alors essayé d'établir une sorte de lien significatif entre cette anecdote et la part qu'a Temelín dans l'industrie de l'énergie nucléaire. D'autres ont dressé des comparaisons entre cet événement et une compétition pour hôtesses de l'air en Chine de 2015, qui exigeait que les candidates posent également en maillot de bain.

Des vidéos de femmes somaliennes torturées montrent les dangers affrontés par les réfugiés en partance pour l'Europe

jeudi 29 juin 2017 à 18:16

Un groupe de migrants somaliens en Libye. Photo de Salman Jamal utilisée avec autorisation.

En Somalie, le manque d'emplois ainsi que la guerre civile amènent les jeunes à quitter leur pays pour l'Europe au péril de leur vie. Ils font face aux abus et à l'exploitation des groupes armés ainsi qu'aux réseaux de trafiquants qui opèrent en Libye, point de départ de nombreux bateaux vers des traversées hasardeuses.

Sumaya Jama, 15 ans, est une de ces Somaliennes. Elle a décidé d'aller en Europe mais est récemment tombée entre les mains d'un groupe qui réclamait 8.500 dollars [américains] en échange de sa libération. Ils l'ont filmée recevant des coups de fouet, les mains et les pieds attachés au sol.

La vidéo (contenant des images perturbantes) devint bientôt virale et a donné lieu à une collecte de fonds au sein de la communauté somalienne, qui a réuni pas loin de 15.000 dollars pour la libérer.

Sumaya vivait avec sa mère à Dadaab au Kenya, le deuxième plus grand camp de réfugiés au monde, avant qu'elle ne tente son voyage vers l'Europe. Sa mère, Nim'o Sultan, 48 ans, a déclaré qu'elle avait été choquée de voir la vidéo de torture de sa fille. Elle a raconté à l'auteur du présent article : «J'étais dans un tel état de choc en voyant sa vidéo que je ne trouve même pas les mots. Aucun être humain ne mérite d'être traité ainsi, quoi qu'il ait fait. »

Demandes de rançons, vidéos de torture à l'appui

Après la remise en liberté de Sumaya, les trafiquants ont publiés de nouvelles vidéos montrant des violences contre trois autres Somaliens. Une de ces vidéos perturbantes se trouve ci-dessous [Note de la rédaction : le tweet a été retiré] :

Les trafiquants d'êtres humains en Libye se sont filmés en train de frapper un migrant somalien en train de jeûner et ont envoyé la vidéo à la famille en Somalie pour réclamer une rançon.

Les trafiquants obtiennent des rançons en publiant des vidéos de torture de réfugiés et migrants qu'ils séquestrent. Salman Jamal, un reporter de la télévision Universal Somali basé en Turquie, qui a relaté l'histoire de Sumaya, a expliqué que les Somaliens apparaissant dans les vidéos comme celle de Sumaya n'ont pas les moyens de payer leur propre rançon et ont besoin d'aide pour racheter leur liberté. Cependant, «la plupart du temps, les trafiquants ne font [ces vidéos] que pour montrer de quoi ils sont capables.»

Les réfugiés Somaliens ne se dirigent pas toujours vers l'Europe, mais le dangers existent aussi lorsqu'ils voyagent vers d'autres destinations. En mars 2017, au moins 42 Somaliens ont été tués quand un hélicoptère non identifié a fait feu sur un bateau transportant des réfugiés au large des côtes du Yémen. Ils se rendaient au Soudan.