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L'expédition océanographique sur les traces de Magellan est arrivée aux Philippines

lundi 22 janvier 2018 à 13:03

Arrêt sur images du vidéo-blog Mayan Around Town sur la visite du Fleur de Passion à Cebu aux Philippines.

En 2021 on commémorera le 500ème anniversaire du tour du monde de Fernand de Magellan. Anticipant ce moment historique, des scientifiques suivent sa trace à bord d'un voilier affrété par l'association sans but lucratif de Genève La Fondation Pacifique. Cette expédition de cartographie océanographique entend étudier les impacts humains sur les océans et l'environnement. Pour répliquer le voyage de Magellan, l'équipe des chercheurs a embarqué à Séville, en Espagne, en avril 2015 pour un périple de quatre ans qui lui fera faire le tour du monde.

Carte de l’itinéraire du Fleur de Passion selon une capture d'écran du site web de l'expédition

Magellan était un navigateur et explorateur portugais qui a appareillé de Séville en 1519 pour un voyage qui est devenu le première circumnavigation connue de la terre. Son arrivée à Cebu, en 1521, allait conduire à la colonisation espagnole de l'archipel des Philippines.

Le navire suisse de recherche Fleur de Passion, un ancien dragueur de mines allemand désarmé et réaménagé pour la recherche scientifique, est arrivé aux Philippines et s'est amarré à Lapu-Lapu, sur l'île de Cebu au centre des Philippines, le 19 décembre 2017. Dans le cadre de son projet, l'équipage a invité les locaux à bord du bateau pour informer le public sur sa mission scientifique et de plaidoyer. La blogueuse de Cebu Mayan Around Town a écrit sur sa visite et a réalisé un vidéo-blog avec l'équipage du Fleur de Passion :

Travaillant principalement avec les autorités de la ville-canton suisse de Genève, l'expédition océanographique propose divers programmes socio-éducatifs et culturels au public.

Parmi les activités scientifiques se déroulant à bord, on trouve les programmes suivants :

A VOIR : Le voilier suisse Fleur de Passion fait escale à Mactan, Cebu, dans son expédition océanographique de quatre ans autour du monde. Une partie de l'expédition consiste à rassembler des données sur les plastiques dans l'océan, le blanchissement des coraux, et les niveaux de gaz de serre.

L'expédition promeut aussi des activités socio-éducatives comme le programme éducatif The Youth at Sea qui invite des jeunes à séjourner jusqu'à deux mois à bord du Fleur de Passion comme membres d'équipage à plein temps. 34 adolescents ont déjà participé à ce programme depuis 2015. Dans le cadre d'un projet artistique, le bateau propose aussi le programme culturel Dans le miroir de Magellan, qui invite des dessinateurs de Suisse et d'ailleurs dans le monde à venir à bord créer des illustrations expliquant la mission de l'expédition et ses programmes à un public plus large.

Le 20 janvier, le bateau s'est joint à la procession fluviale Translacion du Sinulog de cette année, avant d'appareiller pour la nouvelle escale de son voyage à Puerto Galera, sur l'île de Mindoro. La Translacion emmène l'image du saint patron de Cebu, le Señor Santo Niño, en procession à travers le détroit de Mactan la veille de la grande parade du Sinulog qui célèbre la christianisation de Cebu. On dit que l'image du Señor Santo Niño a été présentée par Magellan à la reine Juana de Cebu pour convertir les indigènes de Cebu au christianisme. La ville de Lapu-Lapu sur l'île de Mactan a été nommée d'après le chef Lapu-Lapu dont les hommes ont tué Magellan en résistant à la colonisation espagnole.

Le blogueur de mode philippin David Guison a photographié la parade fluviale de Sinulog depuis le pont du Fleur de Passion.

Créée en 2007, la Fondation Pacifique réalise des expéditions socio-éducatives, culturelles et scientifiques dans le but d'aider à comprendre l'impact humain sur les océans. Le voyage de Fleur de Passion peut être suivi sur son site web, il a sa page Facebook et sa chaïne YouTube. Le périple Magellan du voilier devrait s'achever en août 2019.

Pour arriver à la liberté pour l'Iran et les pays arabes, la région doit s'unir

dimanche 21 janvier 2018 à 21:55

Manifestation Iran Libre devant la Maison Blanche à Washington le 31 décembre  2017. PHOTO: Geoff Livingston (CC BY-NC-ND 2.0)

La récente révolte en Iran présente deux traits remarquables. Le premier est qu'elle a débuté à Machhad, une ville dominée par le conservatisme religieux. Le second est l'expansion du soulèvement bien au-delà des provinces persanes ethniquement homogènes vers les régions périphériques où dominent des minorités ethniques, comme le Khouzistan des Ahwaz arabes, le Kurdistan, le Baloutchistan, et jusqu'aux zones turques de l'Azerbaïdjan iranien.

La propagation des manifestations s'est accompagnée de propos et actions de plus en plus téméraires de la part des contestataires. Scènes rarement vues dans cet État étroitement corseté, des manifestants ont brûlé des portraits de l'ayatollah Khomeini, le fondateur de la République islamique, et de l'actuel Guide suprême Ali Khamenei, tous deux clés de voûte symboliques du régime iranien. Que des gens parfaitement conscients des lourdes peines encourues en attaquant les icônes de la République islamique aient pris de tels risques montre combien est profonde la rage des contestataires.

Les événements ont aussi révélé le vrai visage du président Rohani, et démasqué ses affirmations de modération et réformisme comme ne servant qu'à dissimuler la nature des maîtres qu'il sert et à détourner la colère de l'opinion du gouvernement théocratique qui contrôle le pays. Le refus généralisé du régime Rohani qui s'est affiché dans tous les secteurs de la population lors de la récente révolte—à la différence du Mouvement Vert de 2009, les pauvres d'Iran y participent—prouve la désillusion populaire et le rejet de la propagande dont use le système pour justifier son règne.

A la différence des précédents mouvements de manifestations, cette fois il n'y aura pas de retour en arrière. Le régime qui a anéanti l'avenir pour les jeunes générations de l'Iran et joué un rôle majeur dans la destruction sauvage de la région entière—qui a épuisé les richesses de l'Iran et facilité la destruction du tissu social de pays comme l'Irak, la Syrie et le Yémen—ne peut pas perdurer. La question n'est pas de savoir si le régime tombera, mais s'il tombera avant d'avoir entraîné l'Iran et le reste de la région dans un chaos ravageur. Qu'attendre d'autre d'un régime qui retarde sa propre chute en précipitant de nouvelles crises, et est incapable de répondre aux exigences de sa population, pratiquement de la même manière que la brutale monarchie de son prédécesseur, Shah Pahlavi.

Au lieu de travailler dès le départ à servir les Iraniens et à défendre leurs droits, la présidence Rohani a consacré ses efforts à “exporter la révolution”, ce qui n'est qu'un euphémisme pour la provocation de sanglants conflits confessionnels dans la région en vue de diviser et régner. Malgré les slogans et discours sur la “résistance” et le soutien affiché à la cause de la libération de la Palestine (en réalité une instrumentalisation cynique à fins d'expansion territoriale), le régime de Téhéran ne résiste, dans la pratique, à rien d'autre qu'à la liberté et aux droits humains des Iraniens et autres.

Après quatre décennies de République islamique, la moitié de la population iranienne vit en-dessous du seuil de pauvreté. Il est clair pour les Iraniens que les ayatollahs n'ont rien à offrir, que ce soit aux Iraniens ou aux peuples des pays voisins. Avant la révolution qui a renversé le régime brutal et corrompu du Shah, Khomeini promettait de libérer le pays de sa dépendance aux exportations de pétrole et de gaz. 39 ans plus tard, l'économie iranienne, sous le contrôle d'un autre régime corrompu et brutal, dépend encore plus des ventes internationales de pétrole et de gaz.

Le régime clérical n'a jamais rien eu d'autre à offrir aux Iraniens et aux autres pays de la région que des slogans grandiloquents et des cris tout aussi vides de “Mort à l'Amérique” et “Mort à Israël”. Khomeini et ses successeurs n'ont rien fait pour nuire ni à Israël ni aux Etats-Unis. L'Amérique n'est pas morte. Au contraire—son statut de super-puissance reste incontesté, et elle observe attentivement l'Iran propager le malheur. La puissance américaine n'a pas souffert de la propagation des milices religieuses —en fait, c'est tout le contraire.

Rhétorique mise à part, les USA et Israël s'accommodent très bien en réalité de l’expansionnisme régional iranien. L'empreinte régionale des États-Unis et leur capacité d'intervention directe dans la région s'est accrue, alors même que le régime de Téhéran s'enorgueillit de sa suprématie régionale et de son aptitude à mettre en œuvre une politique expansionniste. Israël, pendant ce temps, n'a jamais été plus sûr de lui. 39 ans après que les dirigeants de l'Iran ont rompu les relations, les colonies israéliennes dans les territoires occupés s'étendent rapidement, et Netanyahu s'apprête désormais à annexer Jérusalem en totalité. Le droit du peuple palestinien à l'auto-détermination est en plus grand péril qu'il ne l'a été pendant des décennies.

Et que dire des bruyantes fanfaronnades de la direction iranienne quant à sa capacité d'intervention dans les pays arabes ? Y a-t-il de quoi se vanter d'avoir dépensé des dizaines sinon des centaines de milliards de dollars, quand son peuple est affamé, pour mener des pays comme la Syrie, l'Irak et le Yémen à la désolation, la destruction et la ruine ? Les actions du régime ont réduit la Syrie à un monceau de décombres déchirés par les dissensions, sous le règne ininterrompu d'une dictature génocidaire qui, comme les mollahs, a réduit sa “résistance” à des discours à répétition pompeux, tout en réservant ses armements à une utilisation contre sa propre population. Le Yémen est amèrement divisé et en ruines, en partie à cause de l'influence du régime iranien. Au Liban, sous les instructions du régime iranien, le Hezbollah a mis fin au progrès et au développement du pays avec l'assassinat de Rafik Hariri en 2005 par le mouvement—commandité par Bachar al-Assad—donnant une claire indication de jusqu'à quel point Téhéran et ses mandataires ont violé la souveraineté libanaise.

La “révolution” exportée par le régime iranien a aussi forcé les États arabes du Golfe à une position défensive qui les a rapprochés des États-Unis et d'Israël. Après des décennies d'exportation de la révolution iranienne, les Arabes n'osent plus être optimismes sur la perspective d'atteindre la souveraineté voire même la démocratie et les droits humains élémentaires. C'est pourquoi, au contraire, nos frères et sœurs arabes ont trouvé un nouvel optimisme dans le soulèvement du peuple iranien.

Cependant, les militants des minorités ethniques en Iran sont douloureusement familiers de la brutalité du régime iranien, et conseilleraient à leurs frères et sœurs arabes de tempérer leur optimisme. Rien n'arrêtera le régime dans sa volonté de conserver son emprise sur le pouvoir. Il est pourtant évident que les ayatollahs ont tombé le masque et que les Iraniens ont perdu toute illusion sur le régime. Spéculer sur la chute du régime est certes hasardeux, mais il ne fait pas de doute qu'il ne pourra pas continuer à régner comme il le fait depuis quarante ans. Même la planche de salut fournie par l'administration Obama, qui a donné à l'Iran les mains libres dans la région en négociant exclusivement son programme de développement nucléaire—à un coût élevé pour l'Irak, la Syrie et le Liban—a été du temps perdu. Fini d'écouter la musique, il faut payer les factures.

Et ces factures viennent à échéance. L'Iran vacille au bord de la banqueroute. A l'image de l'Union Soviétique avant lui, l'Iran s'effondre de l'intérieur sous l'effet de ses tentatives d'exercer une puissance militaire extérieure. Les similitudes ne s'arrêtent pas là. L'Union Soviétique a également été dépecée par les minorités ethniques qui ne voulaient plus faire les frais des coûts économiques d'entretenir un État totalitaire corrompu.

La tâche qui attend les Iraniens est de mettre fin à la crise, de s'unir à nos frères et sœurs arabes pour surmonter les dommages forgés par le régime, et de se joindre aux groupes ethniques tels que Arabes Ahwazis, Kurdes, Baloutches, Turcs et Turkmènes dans leurs luttes pour l'auto-détermination. Unis, nous pouvons rebâtir la région et sauver tous nos peuples avant que le régime iranien nous fasse basculer au bord du précipice dans un abîme de sang et de chaos.

Rahim Hamid est un journaliste indépendant et défenseur des droits humains arabe Ahwazi, qui écrit principalement sur la difficile situation de son peuple en Iran.

La limite d'âge abolie, les Ougandais craignent d'être “coincés” avec le président Museveni

dimanche 21 janvier 2018 à 11:07
Des députés ougandais se battent. Capture d'écran du programme partagé par la chaîne YouTube officielle de Wolokoso Mu Ouganda.

Bagarre au Parlement ougandais. Capture d'écran de l'émission partagée par la chaîne YouTube officielle de Wolokoso Mu Ouganda.

Début janvier 2018, un nuage de découragement a enveloppé les médias sociaux ougandais après que le président du pays a signé une loi [fr] qui relève la limite d'âge supérieure pour exercer la présidence sans tenir compte d'un précédent sondage faisant ressortir qu'une majorité d'Ougandais s'opposait à cette modification.

L'amendement à la constitution ougandaise signifie que le président Yoweri Museveni, âgé de 73 ans, peut briguer un sixième mandat en 2021 et prolonger sa présidence qui a duré déjà 32 ans, faisant de lui l'un des plus anciens dirigeants d'Afrique.

Cette loi controversée a également prolongé le mandat des législateurs ougandais de cinq à sept ans.

Les changements surviennent à un moment où l'espace pour l'engagement civique s'est rétréci et où les autorités répriment continuellement les voix dissidentes.

Museveni a remporté ses dernières élections en 2016, un vote au cours duquel l'opposition avait très peu accès aux médias et aux journalistes pendant que les membres de la société civile étaient victimes d'intimidation. “Les observateurs locaux ont déclaré que les élections n'étaient pas libres et justes”, a rapporté Human Rights Watch dans son World Report 2017 :

Les violations de la liberté d'association, d'expression, de réunion et le recours excessif à la force par les responsables de la sécurité se sont poursuivies pendant les campagnes et pendant la période post-électorale. Le candidat à l'élection présidentielle de l'opposition, le Dr. Kizza Besigye du Forum pour le changement démocratique (FDC), a été détenu à titre préventif chez lui pendant plus d'un mois alors qu'il tentait de contester les résultats des élections.

La police a utilisé des moyens illégaux, notamment des balles réelles, pour empêcher des rassemblements pacifiques d'opposition et les manifestations, ce qui a parfois entraîné les pertes en vie humaine.

Pendant le débat sur la limite d'âge, 25 députés, provenant pour la plupart de partis de l’ opposition, ont été suspendus.

Les groupes d'opposition politique ougandais ont combattu le projet de loi avant qu'il ne soit signé par le président – au sens figuré et littéral. À divers moments, la situation s'est envenimée au Parlement. En décembre, les parlementaires ont voté à 315 contre 62 pour autoriser la suppression de la limite d'âge.

Beaucoup d'Ougandais ont exprimé leur colère quand Museveni a signé le projet de loi le 2 janvier. Un utilisateur de Twitter nommé Oma a écrit :

32 ans d'inefficacité et nous sommes maintenant coincés avec cet individu incompétent et égoïste dont le gouvernement est caractérisé par le népotisme !

Musiime Alex Martin était inquiet que Museveni donne le mauvais exemple dans la région :

Sa avidité pour le pouvoir le hantera maintenant qu'il est totalement au-dessus de tout. Ce qui est mauvais, c'est qu'il contamine même les autres dirigeants de la région.

Un jour avant que le Président Museveni ne signe le projet de loi, Parliament Watch, une initiative du Centre d'analyse politique indépendant basé en Ouganda, a rappelé les propos d'un député, Henry Maurice Kibalya, à propos de l'article sur la limite d'âge :

LA CITATION : En tant que10e législature, nous pouvons réussir à modifier l'article 102 (b) mais ne pouvons pas réussir à amender les cœurs brisés des Ougandais

C'est à ces moments-là que le sarcasme est utile, comme l'a tweeté Kevrx :

Des millions d'Ougandais joyeux et excités descendent dans la rue pour célébrer le vote tant attendu de la loi sur la limite d'âge

Compte tenu de l'histoire récente, cependant, il n'y a pas de quoi rire pour l'opposition politique ou la société civile. Après que le vote au parlement de la loi sur la limite d'âge, NBS TV a interviewé le porte-parole de la police du pays qui a semblé caractériser l'opposition comme “le mal” :

Ce n'est pas la première fois que des politiciens de l'opposition et d'autres activistes en appellent au peuple, mobilisent le soutien du public … pour s'engager dans des activités illégales. Même pendant le débat sur l'amendement constitutionnel, ils se sont mobilisés, ils ont essayé de défiler comme ils le pouvaient. Cependant, nous étions en avance sur eux et nous avons contré tous les plans funestes qu'ils voulaient.

Sahara Occidental : malgré les menaces de censure, un documentaire expose les violations des droits de l'homme

samedi 20 janvier 2018 à 21:27

Une foule sahraouie à Laâyoune, au Sahara Occidental, est chargée par la police marocaine anti-émeute en civil. Il n'est pas rare pour les policiers d'être plus nombreux  que les protestants. Arrêt sur image du film 3 Stolen Cameras.

Les récits de la vie au Sahara Occidental, un territoire contesté contrôlé par le gouvernement marocain, sont rarement racontés par ses habitants.

Dans un environnement militarisé, dans lequel les médias et le journalisme citoyen sont agressivement contrôlés, peu de récits du Sahara Occidental parviennent au public au-delà de la région immédiatement concernée. Cependant, un nouveau documentaire retraçant les difficultés d'un groupe de médias indépendant qui tente de documenter les violations des droits de l'homme est en passe d'y parvenir.

Le film 3 Stolen Cameras (Trois caméras volées) a été diffusé pour la première fois au Festival du film documentaire DOK Leipzig en Allemagne en novembre 2017, malgré des menaces de censure et des problèmes de financements. 

Le court-métrage de 17 minutes, produit par le groupe de médias du Sahara Occidental Equipe Media et le collectif de production suédois RåFilm, est à la fois fait par, et porte sur, Equipe Media. Il inclut des prises de vues réalisées par Equipe Media au Sahara Occidental depuis 2009, mais a été monté et post-produit en Suède.

Il donne au public une idée précise de l'occupation du Sahara Occidental par le Maroc à travers les caméras d’Equipe Media, lorsque celles-ci filment des manifestations et rassemblent des témoignages sur les violations des droits de l'homme, le plus souvent en se cachant de la police ou en la fuyant.

Le conflit du Sahara Occidental remonte à 1975, quand l'ancienne puissance coloniale espagnole se retira de ce territoire faiblement peuplé et que les voisins marocain et mauritanien unirent leurs forces afin d'en prendre le contrôle. La Mauritanie a finit par se retirer du Sahara Occidental, mais le Maroc occupe toujours un territoire connu comme “la dernière colonie africaine”. Pendant seize ans, le groupe rebelle Front Polisario s'est battu au sein d'une guerre d'indépendance contre le Maroc, jusqu'à ce que l'ONU déclare un cessez-le-feu en 1991. L'ONU reconnaît le Front Polisario comment représentant légitime du peuple sahraoui, un groupe ethnique mixte vivant principalement entre le Sahara Occidental et la Mauritanie.

3 Stolen Cameras – TRAILER de RåFILM sur Vimeo.

L'idée du film

3 Stolen Cameras est parvenu au festival du film de Leipzig après de nombreuses années de travail difficile dans plusieurs pays, plusieurs langues, et après plusieurs obstacles juridiques. 

Les équipes de RåFilm et d'Equipe Media se sont mises en relation il y a quelques années grâce à un réseau local de solidarité avec le Sahara Occidental. L'idée de 3 Stolen Cameras a émergé peu après la sortie du documentaire palestinien 5 Caméras Brisées [fr] qui fut nominé aux Oscars en 2013.

Cinq Caméras Brisées porte sur la destruction des caméras d'un fermier et activiste palestinien, alors qu'il documente un mouvement de manifestations dans son village contre la confiscation de terres agricoles par Israël. Le film sahraoui, en revanche, est construit autour de trois caméras des militants d'Equipe Media, confisquées par les autorités marocaines alors qu'Equipe Media filmait les manifestations au Sahara Occidental. Les deux films relatent les luttes pour documenter et mettre en lumière les violations commises sous l'occupation.

Difficultés de financement 

En tant que production par un groupe médiatique militant dénonçant la propagande du gouvernement marocain au Sahara Occidental, l'équipe de 3 Stolen Cameras s'est retrouvée de nombreuses fois piégée par cette propagande. Ainsi, le journalisme clandestin d'Equipe Media et d'autres contre-discours ont été rejetés sous prétexte de servir des intérêts particuliers. Bien que ces rejets ne fassent que renforcer le blocus de l'information marocain (le Maroc se cantonnant à son information officielle au nom de la neutralité), les producteurs du film ont eu du mal à trouver des financements.

Anna-Klara Åhrén, la co-réalisatrice suédoise de 3 Stolen Cameras, nous a décrit l'expérience de RåFilm lorsqu'ils sollicitaient des parrainages : 

Sometimes it was like those funders requested that RåFilm would take it over completely, like they hoped that we would make something more artsy and less political from it. To me that would be such a weird thing to do with a powerful material like this.

Parfois, c'était comme si ces investisseurs demandaient à RåFilm de reprendre complètement le film pour en faire quelque chose de plus artistique et de moins politique. Pour moi cela aurait été une décision tellement étrange avec un matériau aussi puissant que celui-ci. 

Et d'ajouter :

We participated with Equipe Media in a panel together with some Arab Spring journalists and it is striking how they are all really activists at the same time. But here in Sweden it’s like you can’t, it’s something frowned upon being an activist when you work with media. That’s actually really absurd when considering that we are supposed to be the democracy here!

Nous avons collaboré avec Equipe Media et un panel de journalistes du Printemps Arabe, et il est frappant que ce sont tous de vrais militants en parallèle. Mais ici en Suède, c'est comme si on ne pouvait pas, c'est mal vu d'être un militant quand on travaille dans les médias. C'est vraiment absurde quand on pense que nous somme supposés être la démocratie ici ! 

Censuré au Festival international du film de Beyrouth

En octobre 2017, le Festival international du film de Beyrouth (BIFF) a annoncé qu'ils accueilleraient la première mondiale de 3 Stolen Cameras. Ce fut une immense victoire pour les réalisateurs, 3 Stolen Cameras étant pensé pour un public arabe avec une narration en arabe standard. 

Cependant, l'équipe du festival a commencé peu après à exprimer une certaine préoccupation quand à la possible censure du film. Selon ses producteurs, l'équipe du BIFF a dissuadé les représentants d'Equipe Media de se rendre au festival, de peur qu'ils n'attirent l'attention des autorités. 

Un ralliement pro-indépendance à Laâyoune, capitale du Sahara Occidental. Les cameramen d'Equipe Media se positionnent stratégiquement sur les toits afin de filmer sans danger et de témoigner des scènes de rues.

Finalement, deux jours avant la projection, le festival a annoncé que 3 Stolen Cameras n'avait pas reçu l'approbation de la censure libanaise et serait par conséquent annulé. Les réalisateurs, eux, ont reçu cette nouvelle non pas de l'équipe du festival, mais par la déclaration suivante sur le site du BIFF :

We are saddened to announce that “3 Stolen Cameras” from the Rejection Front – Public Square selection has been censored and hence will not be shown.

Nous sommes attristés d'annoncer que “3 Stolen Cameras” de la sélection Front du Refus – Place Publique a été censuré et ne pourra donc être projeté.

Le festival n'a pas donné pas plus de détails sur les causes ou personnes derrière cette censure.

Les producteurs ont déclaré que le gouvernement marocain avait fait pression sur les autorités libanaises afin de censurer le film. Au Maroc, les médias locaux ont rapporté que l'ambassadeur marocain au Liban avait fait pression sur six ministères différents du gouvernement libanais afin d'interdire la projection. Tous les six s'y sont plié et ont exigé l'annulation de la première du film au festival. 

Le site internet d'informations locales le360.com a décrit le film comme “portant atteinte” aux revendications du Maroc au Sahara Occidental et a insinué que le film était une mise en scène tournée en Algérie (qui soutient le Front Polisario). L'article ne mentionnait ni Equipe Media, ni RåFilm.

Anna-Klara Åhrén a ainsi commenté la couverture médiatique au Maroc du film ainsi que sa censure au Liban :

In my mind censorship has a very negative connotation so if imagining myself in the role of the censoring power I assumed it’d be something you want to keep quiet. Interestingly, to Morocco that wasn’t the case at all, it was more like they were bragging and detailing how they went about it.

Dans mon esprit, la censure a une connotation très négative, donc si je m'imagine dans le rôle du censeur, c'est quelque chose que je garderais sous silence. Curieusement, ce ne fut pas du tout le cas au Maroc, c'était comme s'ils en étaient fiers et détaillaient comment ils y étaient parvenus.

Lors de notre conversation, Anna-Klara Åhrén a suggéré que la réponse des autorités marocaines à 3 Stolen Cameras démontrait la qualité de leur projet.

La censure du film au Liban n'a fait qu'aiguiser l'intérêt du public autour du film. Peu après l'incident du BIFF, vingt festivals internationaux de films ont signé une pétition contre la censure de 3 Stolen Cameras.

Peu après, le Festival du film documentaire DOK Leipzig devint l'hôte officiel de la première mondiale de 3 Stolen Cameras. Bien qu'il ne donne pas au film l'audience arabe pour lequel il fut tourné, DOK Leipzig fut tout de même une prestigieuse alternative. Le public a bien accueilli 3 Stolen Cameras et celui-ci a été nominé dans la catégorie des meilleurs courts-métrages. Une fois que les festivals auront profité de premières exclusives, le moment viendra pour ce documentaire d'être diffusé en ligne et sera enfin accessible aux spectateurs du Sahara Occidental.

Cinq mois après son arrestation par les houthistes, le blogueur des droits humains Hisham Al-Omeisy enfin libre

samedi 20 janvier 2018 à 20:36

Hisham Al-Omeisy et ses deux enfants. Photo de Iona Craig on Twitter.

Le Netizen Report de Global Voices offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde.

Le blogueur et journaliste yéménite Hisham Al-Omeisy a été libéré et a rejoint sa famille au Yémen le 15 janvier, après avoir été détenu pendant plus de cinq mois par les forces houthistes. Les agents de sécurité du Bureau de la sécurité nationale contrôlé par les Houthis l'avaient arrêté en août 2017 dans la capitale Sanaa.

Avec plus de 35 000 abonnés sur Twitter, Al-Omeisy avait activement tweeté et blogué sur la crise humanitaire et les violations commises par les deux parties belligérantes. Avant son arrestation, il avait analysé le conflit et en avait parlé aux médias internationaux, notamment à la BBC, à CNN, à Al Jazeera, à Deutsche Welle, à NPR et à TRT World.

Pendant sa détention, il était dans l'incapacité de communiquer avec un avocat, sa femme et ses deux jeunes fils.

Bien que la famille et les amis se réjouissent de son retour, ils s'inquiètent pour les nombreux autres Yéménites victimes de disparition forcée, que ce soit par les Houthis ou par la coalition menée par les Saoudiens contre eux.

Réagissant à la libération d'Al-Omeisy, Afrah Nasser, blogueur et journaliste, a tweeté:

Même si je suis ravi que Hisham @omeisy a été libéré, mon cœur a mal pour tous les autres jeunes faits disparus du fait des Houthis, qui n'ont aucun profil médiatique, dont on ne connaît jamais le nom, dont les mères et sœurs plaident tous les jours leur libération sous le hashtag @abducteesmother…

Un journaliste pakistanais agressé après avoir été harcelé pour des critiques sur les médias sociaux

Un célèbre journaliste pakistanais et utilisateur des médias sociaux, Taha Siddiqui, a été agressé à Islamabad par plusieurs hommes armés qui ont tenté de l'enlever. Bien que Siddiqui se soit échappé sans blessures graves, les assaillants ont pris son ordinateur portable, son téléphone portable et son passeport. Siddiqui avait été très critique de l'establishment militaire sur les médias sociaux. En mai 2017, il avait été convoqué par la section antiterroriste de l'Agence fédérale d'enquête et invité à faire examiner son ordinateur par la police. Siddiqui a déposé une plainte contre l'agence, qui a été confirmée par la Haute Cour d'Islamabad.

Les Philippines cherchent à interdire un site d'informations indépendantes admonesté par le Président Duterte

La Securities and Exchange Commission (Commission boursière) des Philippines a révoqué la licence d'exploitation [fr] du site Rappler, un site d'informations et de médias sociaux. La décision du 11 janvier de la SEC affirme que Rappler “viole la limitation constitutionnelle et statutaire de l'actionnariat étranger dans les médias” pour avoir reçu des dons du réseau Omidyar, une fondation créée par le fondateur d'eBay, Pierre Omidyar.

Alors que la constitution philippine restreint la propriété et le contrôle des médias à des sociétés philippines, elle n'interdit pas les dons en argent provenant de fondations étrangères. Rappler est une société cent pour cent philippine en ce qui concerne la propriété et la gestion.

Le président philippin Rodrigo Duterte a attaquéi Rappler dans son discours de juillet 2017 sur l'état de la nation, accusant le site d'être “entièrement détenu par des Américains”.

Les Emirats arabes unis interdisent les services de voix sur IP — et une pétition contre l'interdiction

Après avoir bloqué plusieurs services Web qui offraient des appels vocaux et vidéo gratuits – dont Skype, WhatsApp et Viber – les autorités des EAU étouffent maintenant les tentatives des résidents pour protester contre l'interdiction. Fin décembre 2017, Mostafa Amr a lancé une pétition demandant à l'autorité de régulation des télécommunications du pays, ainsi qu'aux principaux fournisseurs de télécommunications Etisalat et Du, de rétablir le service VoIP aux EAU. Cette semaine, les autorités ont bloqué la plateforme web Change.org, où la pétition était hébergée.

Écrite à la première personne, la pétition exhorte les autorités à reconsidérer le blocage afin de permettre aux familles de rester connectées grâce à des services de communication abordables. Amr écrit :

Le service VoIP est crucial et nécessaire pour de nombreuses familles qui vivent dans les Émirats arabes unis et ont besoin de contacter leurs proches qui vivent à l'extérieur des EAU. Il y a tellement de résidents aux Emirats Arabes Unis qui ont des membres de la famille et des proches vivant à l'étranger et qui ont besoin d'un moyen facile et gratuit pour communiquer et rester en contact via VoIP.

Le régulateur égyptien des médias attaque les journalistes utilisant Facebook

Le président du Conseil national des médias égyptien a dit dans une déclaration publique que les journalistes doivent être tenus responsables des messages qu'ils publient sur Facebook. Makram Mohammed Ahmed a ainsi déclaré : «Si Facebook est une plate-forme de publication pour tout le monde, alors tout ce qui y est publié, qu'il s'agisse d'insultes ou de diffamation, doit être examiné. Et si une plainte parvient au Conseil supérieur de régulation des médias, nous l'examinerons et prendrons immédiatement une décision.”

Vous allez à Chongqing ? Attention où vous regardez

La ville de Chongqing, dans le sud-ouest de la Chine, a récemment lancé un programme pilote de technologie de reconnaissance faciale appelé “Xue Liang” (Regard perçant). Le programme combine les données de vidéosurveillance collectées par les caméras de sécurité dans les rues et les complexes résidentiels avec le “Police Cloud” chinois, qui contient un vaste stock de données personnelles pour tous les citoyens chinois, y compris leurs numéros d'identité et photographies lisibles à la machine.

L'agence de renseignement pakistanaise s'en prend au Bitcoin

Dans un rapport obligatoire au Parlement pakistanais – qui a été retardé de près d'un an – l'Agence fédérale d'enquête a demandé au gouvernement de criminaliser l'utilisation du Bitcoin et de rendre cette infraction punissable en vertu de la loi 2016b du Pakistan sur les crimes électroniques.

Vladimir Poutine a déjà remporté les élections de mars 2018 (selon Internet)

Pendant une vingtaine de minutes le 15 janvier, une recherche sur Google sur “élections 2018″ a abouti à un cliché de l'article correspondant sur Wikipédia, qui déclarait Vladimir Poutine vainqueur de l’élection futures. Cette curieuse erreur a été permise par la technologie des résultats de recherche de Google, qui donne parfois des informations provenant de Wikipédia ou d'autres sites susceptibles de répondre à la requête de l'utilisateur. Dans ce cas, le site russe de Wikipédia avait brièvement désigné Poutine vainqueur, une erreur qui a été corrigée peu après que l'information est devenue virale [fr] sur les médias sociaux.

Pendant les manifestations, Psiphon a compté des téléchargements record à partir de l'Iran

L'outil de contournement de la censure Psiphon a multiplié par 20 le nombre d'utilisateurs depuis l'éclatement des manifestations à travers l'Iran fin 2017. Depuis, les plates-formes web populaires et les applications telles que Telegram et Instagram sont bloquées, rendant soudainement impossible pour les Iraniens de communiquer sur ces plateformes sans utilisation d'outils spéciaux – comme Psiphon – pour contourner le blocage. L'application dessert maintenant huit à dix millions d'utilisateurs quotidiens en Iran.

Nouvelles recherches [en anglais]

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