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Les afro-chiliens luttent pour plus de visibilité

mardi 26 avril 2016 à 16:16
Campaña por la inclusión de los afro-chilenos en las estadísticas, organizada por la ONG Luganda con apoyo de la Fundación Ford. Captura de pantalla del video en Youtube.

La campagne pour l’ inclusion des Afro-Chiliens dans les statistiques, organisée par l'ONG Luganda avec le soutien de la fondation Ford. Image: Ong Lumbanga / YouTube.

Alors que les préparatifs pour le recensement de 2017 au Chili sont en cours, la communauté afro-chilienne ouvre un nouveau chapitre dans sa lutte pour la visibilité. La lutte actuelle de la communauté se déroule actuellement avec l'Institut national de la statistique (INE), qui a répondu négativement à sa demande d'inclure une catégorie “afro-descendant, noir” dans la question sur les peuples indigènes et tribaux.

Le recensement du Chili propose des catégories qui permettent l'identification des différentes communautés autochtones et tribales reconnues par la loi, mais elles ne comprennent pas une catégorie pour la population d'origine africaine. Selon une étude réalisée par l'INE, cependant, plus de 8 500 afro-chiliens vivent à Arica, une ville portuaire à la frontière nord du Chili. L'étude a constitué la première étape pour les associations travaillant pour la visibilité des afro-chiliens et elle a créé un précédent dans le recensement de la population d'origine africaine. Une fois cette étude achevée, l'objectif des communautés était leur reconnaissance dans le recensement de 2017, mais l'INE a rejeté la proposition.

En réponse, les associations des Afro-Descendants du territoire ancestral Azapa a  intenté une “action en justice  contre la décision de l'INE. Selon les représentants, l'initiative fait valoir que la décision de l'INE est arbitraire, illégale et viole les paragraphes 2 et 14 de l'article 19 de la Constitution de la République […]. Ceux-ci se réfèrent à l'égalité devant la loi et protègent le droit de présenter des pétitions aux autorités.

L'espoir est que le fait d'être inclus dans le recensement pourrait ouvrir la voie à des politiques visant à réduire les inégalités et donner lieu à des mesures englobant plusieurs secteurs pour soutenir ces populations qui vivent dans la pauvreté.

Selon Rodrigo Ruíz du site web média d'informations alternatif El Desconcierto, la lutte des afro-chiliens contre la disparition de leur communauté dans les statistiques, et donc de la politique sociale, est complexe:

La suya ha sido una lucha contra la invisibilización radical, pues a ellos se les ha negado lo más básico: la elemental existencia en la cuenta censal. Como ha dicho el investigador de la CEPAL Martin Hoppenhayn “existe un círculo vicioso con el tema afrodescendiente en Chile, que consiste en que mientras no [haya] datos de algún tipo de encuesta de condición socioeconómica, entonces no existe la evidencia cuantitativa que sirva de base y mientras no se cuente con esa evidencia tampoco habrá conciencia y, al no haber conciencia no hay urgencia y mientras no haya urgencia no se incluye.

Leur combat a été une lutte contre l'invisibilité totale, parce qu'ils ont été privés de la chose la plus fondamentale: l'existence élémentaire dans le recensement. Comme le chercheur Martin Hoppenhayn de la CEPALC (Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes) a dit: “Il y a un cercle vicieux à propos de la question des descendants africains au Chili ; ce qui signifie qu’ [en] l'absence totale de données sur leur situation socio-économique, il n'y a aucune preuve quantitative pour servir de base, donc de preuves, pour une prise de conscience sur leurs conditions de vie, par conséquent il n'y a pas d'urgence et donc pas d'inclusion.

Une lutte de longue date

Les efforts visant à accroître la visibilité des afro-chiliens ont fait partie d'une campagne menée par l'ONG des communautés Afro-Latin American and Caribbean (afro-latine et des Caraïbes). En octobre 2000, un “Séminaire régional contre le racisme” a eu lieu à Santiago du Chili, où sont intervenus des experts de l’ Amérique latine et des Caraïbes, en mettant l'accent sur ​​les mesures économiques, sociales et juridiques pour lutter contre le racisme (tout particulièrement pour ​​les groupes vulnérables).

Deux mois plus tard, les organisations sociales se sont réunis à Santiago du Chili pour célébrer, en collaboration avec les délégations officielles de divers gouvernements, la Conferencia preparatoria de las Américas contra el Racismo, la Discriminación Racial, la Xenofobia y las formas conexas de intolerancia  (Conférence préparatoire des Amériques contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et les formes connexes d'intolérance). Cependant, comme on peut le lire sur le blog des afro-chiliens les négociations, une décennie plus tard, n'avaient toujours pas donné aucun résultat tangible pour des “raisons techniques” :

Ya han pasado casi de 2 años de negociación con el actual gobierno para poder incluir una pregunta sobre el auto reconocimiento de los y las afrodescendientes en territorio chileno. Han sido un sinfín de reuniones con diversos organismos ministeriales […] cuando te sientas a conversar con representantes del INE te das cuenta que no manejan mucha información al respecto y solamente responden negativamente argumentando temas técnicos para la inclusión de la pregunta.

Près de deux ans se sont écoulés depuis les négociations avec le gouvernement actuel pour inclure une question sur l'auto-identification des personnes d'ascendance africaine dans le territoire chilien. Il y a eu d'innombrables réunions avec différents organes ministériels […] quand vous vous asseyez pour discuter avec des représentants de l'INE vous vous rendez compte qu'ils ne possèdent pas beaucoup d'informations sur cette question et ne répondent que par la négative en faisant valoir qu'il y a des problèmes techniques pour l'inclusion de la question.

Dans une interview avec Notivisión (voir ci-dessous), M. Cristian Báez de l'ONG Lumbanga a expliqué le processus de négociation avec l'INE et l'importance de la présence des afro-descendants dans le recensement. Selon M. Báez, les recensements sont essentiels “afin de pouvoir aborder clairement les politiques publiques” et d'avoir une vision claire de la présence et des besoins des communautés africaines à travers le pays, et pas seulement à Arica, la région avec la plus forte densité de ces communautés. M. Báez a également abordé le phénomène de la disparition des afro-descendants des documents officiels chiliens et de l'image du Chili en tant que pays:

Esa parte de blanquear a este Chile tiene que ver con [la celebración del] centenario de la República. Antes de cumplir los 100 años, cuenta la historia que el presidente manda a hacer un estudio de autobiografía: ¿Quiénes somos los chilenos? 100 años después de habernos independizado del yugo español. Y en esa autobiografía […] ese Chile es un país de blancos. Yo creo que esa parte fue trascendental en el blanqueamiento de [nuestra historia] y es un blanqueamiento que va más allá de lo fenotípico, es un blanqueamiento cultural también 

Cette action de ‘blanchiment’ du Chili est liée à [la célébration du] centenaire de la République. Pour ses 100 ans d'existence, on soutient que le président avait ordonné la réalisation d'une étude, Qui sommes-nous, nous Chiliens? 100 ans après obtenus l'indépendance de la domination espagnole. Et dans cette étude […] ce Chili était un pays de blancs. Je pense que cet oubli a été crucial pour le ‘blanchiment’ de [notre histoire] et c'est un blanchiment qui va au-delà de l'aspect phénotypique, c'est également un blanchiment culturel.

M. Báez souligne également l'importance de reconnaître dans les chiffres les afro-descendants de la migration intra-américaine:

Hoy día tenemos que reconocer ya que la presencia [afro] está presente [también] con una nueva diáspora […] la de la afromigración. Los afrocolombianos, los afrodominicanos. Nosotros queremos demostrar que este Chile cambió. Y este censo de 2017 era una oportunidad tremenda para [demostrarlo].

Aujourd'hui, nous devons reconnaître qu'il y a [également] la présence d'une nouvelle diaspora  [africaine] […] que sont les afro-migrants, afro-colombiens, afro-dominicains. Nous voulons montrer que ce Chili a changé. Et le recensement 2017 est une excellente occasion de [le démontrer].

La présence historique des afro-descendants au Chili, comme dans le reste de la région, remonte à l'époque de la conquête du pays par les Espagnols. Un résumé de cette présence avec des références, des documentaires et une analyse critique est disponible dans l'article “Afrochilenos, los Invisibles de la Nación ” (Les afro-chiliens, les invisibles de la Nation), publié sur le site El Desconcierto.

Être compté, c'est exister

Une autre réponse au refus de l'INE est une campagne menée par Lumbanga et les associations des afro-descendants du territoire ancestral Azapa. La campagne est basée sur une vidéo YouTube partagée sur les réseaux sociaux:

El único pueblo tribal que no reconoce el INE somos los afrodescendientes […] Somos afrochilenos, y queremos inclusión.

Nous sommes la seule population tribale que l'INE ne reconnaît pas, nous, les afro-descendants […] Nous sommes des afro-chiliens, et nous voulons l'inclusion.

La majeure partie de la campagne se déroule sur les réseaux sociaux, mais pas seulement. Les évènements ouverts au public tels que meeting dans les stades et les rencontres culturelles ont également fait partie de des initiatives. Cependant, l'organisation du mouvement n'a pas été sans difficultés. En février, un groupe de militants a été expulsé d'un stade pour l'affichage d'une bannière de moins de deux mètres de longueur portant le message “Inclusion des afro-chiliens- Recensement 2017.” Selon M. Roberto Corvacho, l'une des personnes qui portaient la bannière, l'objectif était “d'être reconnu comme un groupe ethnique, comme nos frères, les mapuche et les aymara.”

Dans la vidéo ci-dessus, les individus racontent comment ils ont été systématiquement pris pour des étrangers et insultés à cause de leur couleur de peau. Chaque personne revendique l'identité d'origine africaine, faisant valoir que cela ne devrait pas et ne diminue pas leur appartenance au pays, qui doit trouver un moyen de reconnaitre sa diversité.

Trois artistes de rue du Kenya, d’Afrique du Sud et de Tunisie

mardi 26 avril 2016 à 11:13
"Out the Box," done for Red Bull's One Upon A Town project, Kachelhoffer, Western Cape, South Africa 2015. Credit: Photo courtesy of Falko One

«Out the Box», réalisé pour le projet «Once Upon A Town» de Red Bull, Kachelhoffer, Cap-Occidental, Afrique du Sud, 2015. Crédit photographique — offert par Falko One.

Cet article par Kenny Sokan est originalement apparu sur PRI.org le 7 avril 2016, et est republié ici dans le cadre d’un accord de partage de contenu.

Cela débute avec un mur vide : une toile de béton. Une bonbonne de peinture à la main, un trait de couleur, puis un autre et encore un autre jusqu’à ce qu’un mur se métamorphose en œuvre d’art. Le «tag» est l’élément final, laissant voir au monde qui est l’auteur de cette muraille. Le graffiti fut cultivé dans les rues de New York dans les années 1970. Durant les années 1980, cette forme d’art fit son chemin jusqu’en Afrique, où ce genre était moins établi. Cela dit, la communauté des grafeurs africains grandit et est dynamique. Néanmoins, ces artistes ne bénéficient pas d’autant d’attention ou d'exposition dans les médias durant les festivals internationaux que les artistes provenant d’Europe ou d’Amérique du Nord.

« Il y a beaucoup de sous-représentation. Lorsque vous allez à des festivals, ils ne vous mettent que sur une note en bas de page et ça finit là », dit l’artiste de rue kényan Wisetwo. « Si vous faites bien vos recherches, il y a beaucoup de bons artistes à Nairobi, il y en a des bons en Tunisie ».

Voici trois artistes qui travaillent dans le but de faire découvrir au reste du monde la communauté du graffiti en Afrique.

Falko One

Le grafeur Falko One a commencé son parcours dans la sous-culture du Cap en 1988, peu avant la fin de l’apartheid en Afrique du Sud.  Il fut initié au monde du hip-hop et du graffiti dans l’une des seules boîtes de nuit où les gens de couleurs pouvaient aller faire la fête.

Aujourd’hui, la majeure partie du développement du graffiti en Afrique du Sud est attribuée à Falko. Par un échange de lettres dans les années 1990, Falko a aidé au développement d’un réseau en mettant en contact des graffeurs amateurs sud-africains et des vétérans du genre en Europe. Cela avait pour objectif de permettre à ces artistes d’apprendre les uns des autres. En 1996, il a créé le premier concours de graffiti en Afrique du Sud. Celui-ci s’appelait «Battle With Vapours» et s’est poursuivi durant plusieurs années.

"One Vision" in Johannesburg, South Africa 2015. Credit: Photo courtesy of Falko One

«One Vision» à Johannesburg, Afrique du Sud, 2015. Crédit photographique Falko One

Ses œuvres décorent les bâtiments partout au Cap, dans le pays et dans d’autres villes au travers du globe. Il dit que son art est décrit comme étant fantaisiste et poétique. Il l’exprime comme une interprétation du monde autour de lui.

« Généralement, ce sont les observations sociales et politiques que je fais qui m'influencent », dit Falko. « Mais je ne les nourris pas à la cuillère. Ce n’est pas toujours évident. Je suis bien au fait que dans les communautés où je vais, je suis le visiteur… je n’aime pas aller dans une communauté et imposer mon point de vue à tout le monde… Je fais une petite œuvre, je place l’esthétique visuelle en premier et après j’y introduis un petit message, et cela varie d’un endroit à un autre. »

Il a étudié le design graphique, mais n’a pas terminé ses études.

"Family Time," done for the 2015 City Of Gold graffiti festival in Johannesburg, South Africa 2015. Credit: Photo courtesy of Falko One

«Family Time», réalisé pour le festival City of Gold de 2015 à Johannesburg, Afrique du Sud. Crédit photographique Falko One.

« Le graffiti n’était pas quelque chose que j’ai décidé de faire consciemment », dit Falko. « Ce sont des éléments et des personnes autour de moi qui m’ont forcé à faire du graffiti ».

Il a rencontré King Jamo, l’un des artistes hip-hop de la boîte de nuit The Base, à sa deuxième visite des lieux. King Jamo lui a montré le drapeau de sa bande, avec le mot ‘Zulu’ écrit en graffiti. Ensuite, il a dit à Falko qu’ils étaient à la recherche d’un jeune graffeur pour rejoindre son équipe. Depuis cet instant, dit Falko, il était accroché.

« J’ai une personnalité assez obsessionnelle », dit-il. « Et une fois que j’étais dedans, c’était tout ce à quoi je pouvais penser ».

"Big Heart," done for the 2014 City of Gold Festival in Johannesburg, South Africa. Credit: Photo courtesy of Falko One

«Big Heart», réalisé pour le festival City of Gold de 2015 à Johannesburg, Afrique du Sud. Crédit photographique Falko One.

Wisetwo

Dans la ville animée de Nairobi, l’artiste kenyan Wisetwo travaille en art de rue depuis plus d’une décennie.

Il avait un intérêt pour les arts depuis l’enfance, ce qu’il croit être le cas pour tous les enfants.

« Chaque enfant ne pense-t-il pas qu’à peindre ? », demande-t-il. « Et puis, cela ne dépend que de jusqu’où la société vous frappe, vous lave le cerveau. vous dit que la science et les affaires sont plus importantes que les arts ».

Cependant, n’étant pas convaincu qu’il devrait mettre de côté ses pinceaux et ses pots de peinture, Wisetwo est allé à l’université pour obtenir un diplôme en relations internationales, seulement « comme plan de secours », dit-il.

A mural for the Itinerrance Gallery's 2013 Djerbahood open-air museum project in the village of Erriadh, Djerba, Tunisia. Credit: Photo courtesy of Wisetwo

Une muraille pour le projet de musée à ciel ouvert Djerbahood 2013 de la Gallerie Itinerrance, dans le village de Erriadh, Djerba, Tunisie. Crédit photographique Wisetwo.

Malgré cela, la peinture reste sa passion et elle l'a fait voyager à travers le monde, du Canada au Yémen. Il réalise la majorité de ses œuvres pour son propre plaisir, pour les afficher dans les festivals et les galeries de rues. Il fait également usage de ses talents sur demande des ONG, comme les Nations Unies, la plupart du temps dans la ville où il réside.

Wisetwo a aussi pris part à la politique dans le passé, mais il préfère éviter de l'inclure dans son art. Autour de la période électorale présidentielle du Kenyan de 2013, avec la permission de la Rift Valley Railway, un groupe d’artistes kenyans ont réalisé un message de paix sur un train de banlieue de 10 wagons. Ce train traversait le bidonville de Kibera, qui a connu beaucoup de violence durant les élections de 2007. Ce dernier s’appelait le Kibera Peace Train et visait à promouvoir la paix.

« Essayer d allier la [politique et l’art] n’est pas une tâche facile », dit Wisetwo. « Ce n’est pas le concept de mon expression. Ce monde à trop de problèmes. Tenter de les réparer n’est pas mon truc. Je ne fais que peindre pour rendre des endroits plus jolis ».

"Nostalgic" in Tunis, Tunisia 2015. Credit: Photo courtesy of Wisetwo

«Nostalgic» à Tunis, Tunisie, 2015. Crédit photographique  Wisetwo

L’an dernier, Wisetwo a eu sa première exposition en solo à Paris.

Sa galerie mettait en vedette des murailles peintes de masques africains. Ces derniers portaient des motifs influencées par  des cultures d’anciennes civilisations comme les Mayas, les Aztèques et la Mésopotamie, en plus de hiéroglyphes égyptiens. Wisetwo considère cet ouvrage comme étant une vraie représentation de son style.

« Si vous regardez l’art de rue et le graffiti, vous découvrez beaucoup d’influence américaine et européenne. Le fait que j’ai été élevé sur un autre continent ne veut pas dire que je doive adopter une culture de peinture américaine ou une culture de peinture européenne ». Dit Wisetwo. « Les gens font toujours cela. Alors, j’ai seulement décidé de rester près de mes racines, peindre d’où je viens, et à partir de ce qui m’intéresse beaucoup dans les textes anciens et les anciennes cultures. C’est la meilleure manière de m’exprimer ».

"Resilience of the Soul" in Rochester, New York 2013. Credit: Photo courtesy of Wisetwo

«Resilience of the Soul» à Rochester, New York, 2013. Crédit photographique  Wisetwo

Vajo

Vajo, de Gabès en Tunisie, est un artiste à considérer. Il a été propulsé sur la scène internationale en 2011, durant la révolution tunisienne, également connue sous le nom de Révolution du Jasmin. Cette dernière a été la première d’une vague de révoltes dans le monde arabe, appelée le Printemps Arabe.

"Does age matter when it comes to love?" A mural for the Djerbahood project in the village of Erriadh, Djerba, Tunisia 2014. Credit: Photo courtesy of Vajo

«Does age matter when it comes to love?» Une muraille pour le projet Djerbahood de 2014 dans le village de Erriadh, Djerba, Tunisie. Crédit photographique Vajo

Vajo a aussi figuré dans un documentaire intitulé PUSH Tunisia, qui a réuni différents skateboarders, activistes et artistes de rue.

Ils en sont venus à se faire connaître comme étant ‘Les Bédouins’. Le groupe utilisait leur savoir faire pour faire la promotion de la paix dans le pays déchiré par les révoltes. Ils ont transformé le manoir saccagé d’un membre de l’ancienne famille présidentielle en un repaire pour esprits créatifs.

Credit: Photo courtesy of Vajo

Credit photographique Vajo

Durant l’été 2014, Vajo a participé à Djerbahood, un projet organisé par la Galerie Itinerrance parisienne, impliquant 150 artistes de 30 nationalités différentes. Ils ont transformé le village de Erriadh sur l’île de Djerba, Tunisie, en un « musée à ciel ouvert », peignant librement autant de murs qu’ils le désiraient. L’île est une attraction majeure pour le pays et elle l’est encore plus avec le travail de ces artistes.

Vajo tente aussi de garder cette forme d’art en vie ; il a participé à un atelier financé par l’ambassade américaine de Tunisie pour donner un cours intensif sur l’art du graffiti à des enfants.

"Monster" in Tunis, Tunisia 2013. Credit: Photo courtesy of Vajo

« Monster » à Tunis, Tunisie, 2013. Crédit photographique Vajo

L'Asie centrale, une destination touristique nouvelle

lundi 25 avril 2016 à 18:45

Irkht, Badakhshan, Tadjikistan. Photo de Bakhriddin Isamutdinov, utilisée avec autorisation.

La beauté naturelle de l'Asie Centrale insuffle une vie nouvelle à une région dont la réputation a souvent été ternie par des dirigeants autoritaires.

Avec une augmentation considérable de 94% [tous les liens sont en anglais] du nombre de visites touristiques en 2015, l'état du Tadjikistan se situe à  la deuxième place dans la liste des pays en développement touristique rapide compilée par United Nations World Tourism Organization.

Le Kirghizistan s'est aussi trouvé placé, selon le journal britannique Financial Times sur la liste des sept destinations de voyage les plus recherchées pour 2016 selon des experts du tourisme.

Le fait que cette ancienne république soviétique soit aujourd'hui considérée par les médias internationaux comme une destination de voyage exotique et intacte est un changement d'attitude. Bienvenus en Asie centrale, une région du monde qui s'est fait souvent connaître dans l'actualité pour des violences, conflits armés, abus concernant les droits de l'homme, crises économiques et législations absurdes.

Un reportage de Global Voices, l'année dernière illustrait les paysages naturels étonnamment beaux du Tadjikistan et donne au futur visiteur un aperçu des principaux attraits naturels de ce pays. Aujourd'hui, dans le même état d'esprit, nous proposons de contempler la splendeur de cinq pays d'Asie centrale grâce à des films promotionnels tournés avec des drones.

Kazakhstan

Le huitième plus grand pays du monde a beaucoup à offrir : la culture nomade traditionnelle, l'architecture moderne de la capitale Astana, les steppes, la taïga et les canyons.

Le Kirghizistan

le Financial Times offre un certain nombre de suggestions pour ses lecteurs qui voudrait visiter le Kirghizistan.

Hiking in the Tian Shan mountains, riding over the grass-covered steppes or mountain biking on ancient Silk Road routes, and staying in traditional yurts surrounded by wilderness.

 

Faire du trekking dans les Tian Shan (montagnes du ciel), parcourir les steppes herbeuses en VTT sur l'ancienne route de la soie et séjourner dans les yourtes traditionnelles en pleine nature.

 

Tadjikistan

Avec 93 % de son territoire couvert de montagne et riche de nombreux et magnifiques lacs de montagne, le Tadjikistan est le lieu de destination parfait pour les amoureux de la nature. Pour les amateurs d'histoire il résonne encore du bruit des batailles du passé contre des envahisseurs comme Alexandre le grand ou Gengis Khan. Et ceux qui cherchent la spiritualité trouveront les grandes statues de bouddha, un temple zoroastrien classique et la langue maternelle de l’imam Al-Boekhari.

Turkmenistan

La race chevaline de renommée internationale Akhal Teke, des tapis fait main de première classe, des déserts, des chameaux, des villes parsemées de statues d'or : on trouve tout cela au Turkmenistan, le pays du quatrième gisement de gaz naturel du monde

Ouzbekistan

En Ouzbekistan, souvent appelé la “perle de l'Asie”, vous faites à la fois connaissance avec la culture turque et persane. Laissez vous fasciner par les villes antiques de Buchara et Samarkande et plongez vous dans l'histoire des villes impériales oubliées de la route de la soie.

#NewPalmyra : un projet pour reconstruire ce que Daech a détruit en Syrie

lundi 25 avril 2016 à 15:43

Reconstruction numérique du temple de Bel, Photo extraite du site New Palmyra project.

Les forces loyales au président Bashar al-Assad ont reconquis la ville de Palmyre, arrachée à Daesch à la fin du mois de mars. C'est le patrimoine archéologique le plus important du pays et on peut pour l'instant dire que le cauchemar est fini pour l'antique citée syrienne. Le groupe Daech s'était emparé de la ville en 2015 et avait mené une campagne de destruction contre ses trésors antiques. En aout dernier les fanatiques ont même décapité Khaled Asaad, le directeur archéologique de la ville depuis 50 ans.

En moins d'un an, la majorité des majestueux monuments archéologiques de Palmyre ont été endommagés ou détruits y compris le Temple de Baalshamin, le temple de Bel [it], l’Arc de Triomphe, la Tour d'Elanbel. Le Musée National  local a également été saccagé. Daesh affirmait que ces édifices historiques étaient des idoles, incompatibles avec leur notion tout à fait personnelle de l'Islam. Ils les ont donc détruits…ou vendus, ne montrant aucun scrupule à se faire de l'argent sur cet “héritage” blasphématoire. Un autre site archéologique pré-islamiste en Iraq, comportant des sculptures vieilles de 3000 ans du musée de Mossoul a subi le même sort.

Bien avant que Daesh se soit emparé de cette ville et même avant que la guerre éclate en Syrie, mettant en péril ce patrimoine mondial, une initiative était en cours pour documenter les merveilles archéologiques de Palmyre. Le projet #NewPalmyra (Nouvelle Palmyre), a débuté en 2005, né d'une idée formulée par Bassel Khartabil, un ingénieur informatique syrio-palestinien, militant et leader local des licences Creative Commons. Khartabil voulait reconstruire l'histoire de la cité antique au moyen d'une base de données numériques et d'une modélisation en trois dimensions.

Malheureusement il a été arrêté par le gouvernement syrien le 15 mars 2012. Après des années de détention, il a été exilé dans un endroit inconnu. Human Rights Watch et 30 autres organisations pour les droits de l'homme ont demandé des informations sur l'endroit où il se trouve, mais à ce jour il demeure introuvable.

En octobre dernier, un groupe de militants a réactivé le projet de Khartabil, lui donnant le nom de #NewPalmyra. Ils recherchent des financements, des photos, et se font aider de volontaires qui les aident à construire des modèles en trois dimensions des joyaux historiques de Palmyre.

Avete delle foto di Palmira? Qualcuna precedente alla distruzioni? Aiutateci a ricostruirla & condividetele nel nostro nuovo spazio di upload.

Avez vous des photos de Palmyre ? Certaines d'avant les destruction ? Aidez nous à la reconstruire et partagez les sur le nouvel espace de chargement.

 

Ci-dessous, une modélisation du temple de Bel extraite du projet. Cette modélisation ne serait réalisée qu'à 20%.

#NewPalmyra n'est pas seulement un effort de préservation pour la Syrie. Deux millions d'images, dans son institut d'archéologie digitale, permettent à des volontaires de travailler avec assiduité avec des caméras 3D pour constituer une documentation fiable. Ce projet prévoyait l'exposition d'une réplique de l'arche d'entrée au Temple de Bel qui remonte à l'année 32 de l'ère chrétienne, à Trafalgar Square, à Londres, le 19 avril 2016.

Documenter l'histoire, c'est bien, recréer un site détruit, c'est autre chose. Un  post récent  paru sur “The Conversation”, site d'actualité traitée par des universitaires, s'interroge sur la manière de mener à bien un tel projet.

Abu Majid, un visionnaire syrien

dimanche 24 avril 2016 à 19:28
Abu Majid at his home in Aleppo. Photo from his daughter's Facebook page.

Abu Majid Karaman dans sa maison à Alep. “Je fis le tour de sa maison. Sur l'un des côtés, il avait repeint la clôture avec des drapeaux révolutionnaires. Le portail était lui aussi peint aux couleurs de la révolution, montrant à quel point il était attaché à cette révolution.” Photo issue du compte Facebook de sa fille.

(Billet d'origine publié le 11 avril 2016) Il nous regarda approcher de sa maison. Nous descendîmes de voiture et, assis sur une chaise en plastique vert, il nous fixait. Nous étions huit. Il connaissait certains d'entre nous, mais pas tous : je faisais partie de ceux qu'il ne connaissait pas. Cela dit, il savait très bien que nous étions tous là pour le rencontrer. Alors que nous nous approchions, il se leva et dit d'une voix forte et assurée : “Si vous êtes là pour me présenter vos condoléances, retournez d'où vous venez. Mais si vous êtes là pour me féliciter, alors venez et faites comme chez vous.”

Abu Majid Karaman m'impressionna par ses paroles comme par sa force. Abu Majid a perdu deux membres de sa famille sur le champ de bataille. Le dernier à être mort était Oubada Abullaith, son gendre, chef militaire d'un bataillon Thowar Al Sham, qui se bat auprès de l’armée syrienne libre (ASL). Oubada Abullaith est mort en martyr, lors d'un combat à Alep. Le fils d'Abu Majid, Majid Karaman, avait été tué quelques mois auparavant alors qu'il dirigeait un bataillon de l'Armée Syrienne Libre.

Malgré ces pertes, Abu Majid refusait de recevoir des condoléances pour leur mort. “Pour les martyrs, on ne devrait pas recevoir de condoléances”, disait-il, “pour que l'on continue à marcher dans leurs traces.”

Ses mots étaient tranchants et puissants. Les yeux de cet homme de 50 ans parlaient avant même sa bouche, ils étincelaient de force, et encore plus quand il parlait des fondamentaux de la révolution. Sur son visage, ses petites rides et sa barbe blanche témoignaient de son expérience de la vie.

Nous avons parlé des combats à Alep, tant dans la ville que dans les campagnes, et il m'a parlé des stratégies militaires avec son expérience d'officier. Il semblait particulièrement intéressé par le bien-être des civils. A chaque fois qu'il mentionnait une région ou une zone, il nous donnait le nombre d'habitants civils qui y étaient et le degré de danger qu'ils devraient affronter si les combats allaient jusqu'à eux.

A l'époque, la ville d'Alep était dans le même état qu'aujourd'hui. Une partie de la ville est sous le contrôle du régime de Bachar al-Assad : l'armée et la milice de l'armée nationale, connue sous le nom de Shabbiha, y sont bien installées. Une autre partie est hors de contrôle du régime : c'est là que sont l'Armée Syrienne Libre – les bataillons de l'opposition, quelques bataillons de djihadistes et des civils qui ont refusé de quitter leurs maison malgré les combats quotidiens. Abu Majid et sa famille font partie de ces derniers. Quand je lui demandai pourquoi ils étaient restés, il me récita un verset du Coran : “Tu auras seulement ce que Dieu a décidé pour toi”. Il continua : “Comment pourrais-je quitter ma maison ? Comment pourrais-je laisser ici les matelas sur lesquels les martyrs de ma famille ont dormi ? Ces martyrs nous ont quittés, c'est vrai, mais ils nous ont confié cela, et nous devons l’honorer”.

Je frissonnais en l'écoutant. Il parlait avec une ferveur révolutionnaire que je n'avais jamais vue ni entendue auparavant. Il était celui qui avait mené les protestations pacifistes, à l'époque où les protestataires défiaient les règles du régime, à l'époque où les activistes d'Alep distribuaient des tracts révolutionnaires dans les quartiers qui soutenaient le régime, pour essayer d'ouvrir les yeux des gens et de les impliquer dans la révolution. Abu Majid était aussi membre de tous les conseils de la révolution, et il était proche de tous les journalistes et militants d'Alep. Il avait l'amour et le respect de la plupart des combattants de l'armée syrienne libre.

Je fis le tour de sa maison. Sur l'un des côtés, il avait repeint la clôture de drapeaux révolutionnaires. Le portail était lui aussi peint aux couleurs de la révolution, montrant à quel point il était attaché à cette révolution. Abu Majid m'appela à nouveau à le rejoindre. Je rentrai et trouvai des petits gâteaux faits maison et du café. Il dit : “Mange les gâteaux pour célébrer le martyr. Mange les gâteaux pour honorer le marié.” J'étais complètement perdu. Je ne savais plus si je devais prendre un gâteau ou retenir mes larmes.

Cette rencontre a eu lieu pendant le Ramadan. J'avais décidé de passer un mois en Syrie, alors que j'avais quitté le pays un peu plus tôt pour m'installer en Turquie. Bien que je sois chrétien, et qu'on m'ait déconseillé d'y aller, je me sentais en terrain familier. Je me sentais happé par cette révolution qui ne faisait pas de différence entre les chrétiens et les musulmans.

Les demandes d'Abu Majid étaient claires et précises. Sa vision était celle d'une Syrie démocratique, qui garantissait la liberté de tous ses citoyens. C'était de ça qu'il était accusé, c'était son crime.

Il y a quelques temps, Abu Majid a été kidnappé. Il a été mis dans une voiture, que tous les témoins ont identifié comme appartenant au front al-Nosra (la branche d'Al-Quaida de la région du Levant). Le front al-Nosra nie avoir quoi que ce soit à voir avec cette affaire, et nie aussi retenir Abu Majid captif.

Asaad Hanna est un journaliste et militant syrien.