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En Bolivie, les enfants suivent leur mère en prison

mercredi 2 décembre 2015 à 17:56
Prisoners may take their families to live inside jail. Their wives and kids can share life inside and outside prison. Callampaya, La Paz. Photo by Danielle Pereira, January 2009. CC 2.0. Edited by Kevin Rothrock.

Les prisonniers peuvent faire venir leur famille pour qu'elle vive avec eux au sein de la prison. Leur épouse et leurs enfants peuvent partager leur vie entre la prison et le monde extérieur. Callampaya, La Paz. Photo  de Danielle Pereira, janvier 2009. CC 2.0. Edité par Kevin Rothrock.

La Bolivie est sans doute le seul pays au monde qui autorise l'incarcération d'enfants et adolescents avec leurs parents le temps que ces derniers purgent leur peine de prison dans l'un des établissements pénitentiaires de la nation sud-américaine, selon des données du Bureau du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme (OHCHR pour son acronyme en anglais).

Le représentant du Haut Commissariat de cet organe, Dennis Racicot, s'est prononcé contre la présence d'enfants et d'adolescents dans les prisons, en particulier dans celles destinées aux hommes:

Señaló que si en la práctica de algún Estado existe presencia infantil en las cárceles porque sus dos progenitores están privados de libertad, se debería tomar en cuenta que como “mínimo” el infante esté junto a la madre hasta concluir la etapa de lactancia, pero no junto al padre, donde, al estar en un penal poblado de hombres, está expuesto al riesgo de abusos y violencia.

Je signale que, si la pratique de quelque Etat autorise la présence d'enfants dans les prisons car leur deux géniteurs sont détenus, il faudrait s'assurer au «minimum» que l'enfant reste auprès de sa mère jusqu'au terme de la période d'allaitement, mais pas avec le père, car en étant dans une prison occupée [uniquement] par des hommes, il est exposé à des risques d'abus et de violence.

Le site Prensa Bolivia cite des données officielles pour affirmer que 2100 enfants environ vivent dans les prisions boliviennes.

D'après un rapport du Bureau du défenseur du peuple de Bolivie, la situation se détériore dans certains établissements où hommes et femmes détenus se partagent l'espace:

Aunque en Bolivia la mayoría de las cárceles tienen espacios separados para mujeres, todavía subsisten algunas en que no hay estas divisiones como las de Montero, Riberalta y Oruro, donde las condiciones de las reclusas fueron similares a las de los hombres.

Bien qu'en Bolivie, la plupart des prisons possèdent des espaces séparés pour les femmes, il en subsiste encore quelques-unes dans lesquelles il n'existe pas ces séparations comme celles de Montero, Riberalta et Oruro, où les conditions de vie des prisonnières sont comparables à celles des hommes.

Au milieu de ce sombre tableau apparaissent néanmoins des nouvelles encourageantes. On a appris mi-novembre l'inauguration d'un centre pour les enfants qui vivent en prison avec leur mère:

El Centro de Orientación Femenina de Obrajes (COF) inauguró cuenta desde ayer con el primer Centro de Atención Integral Pedagógica (CAIP) del país, un espacio de apoyo educativo para los niños […] que viven con sus madres en el reciento [sic] penitenciario. El CAIP de Obrajes tiene una biblioteca, sala de informática y jardín para juegos.

Le Centre d'orientation féminine d'Obrajes (COF) a inauguré hier le premier Centre d'attention intégrale pédagogique (CAIP) du pays, un espace de soutien éducatif pour les enfants […]qui vivent avec leur mère dans l'enceinte du pénitencier. Le CAIP d'Obrajes comprend une bibliothèque, une salle informatique et une aire de jeux.

Black Friday au Pakistan : réflexions sur les femmes, le pouvoir, les privilèges

mardi 1 décembre 2015 à 21:42

Capture d'écran éditée d'une vidéo d'une bousculade dans un magasin au Pakistan

Chaque année, pendant les soldes de “Black Friday”, le lendemain de Thanksgiving, des vidéos de bagarres au milieu de la folie des achats dans des “temples du commerce” comme Walmart et Target deviennent virales.

Au Pakistan aussi. Cette année, le même jour, une vidéo de femmes se battant lors des soldes du premier anniversaire du magasin Sapphire (qui affirme fournir “des habits de marque bon marché aux classes populaires“) a fait le tour de la toile pakistanaise.

Les soldes de Sapphire, tout comme les promotions d'ouverture de Walmart pendant le “Black Friday” ont pour objectif de créer une véritable course aux achats. Sapphire a réduit de 50% le prix des produits très populaires. Seuls les premiers acheteurs avaient une chance d'obtenir le produit désiré.

Certains appellent ça du commerce concurrentiel. La vente au détail se transforme en sport de contact, dont le but est de pousser et de bousculer.

Chez Walmart ou Target, des jouets populaires ou des jeux vidéos que des parents désespérés essaient d'acheter en soldes comme cadeau de noël pour leur enfant sont souvent à l'origine des bousculades. Des familles qui en temps normal n'auraient pas les moyens d'acheter ces produits économisent toute l'année pour faire ces grands achats. Des études ont démontré que l'acheteur typique du Black Friday appartient à une minorité ethnique ou est parent célibataire. Ils font la queue pendant des heures pour ce seul article, et quand les portes s'ouvrent, une course commence et les étalages se vident en quelques minutes. Le désespoir et la rareté forment un cocktail dangereux et certains clients perdent la tête.

Quand j'ai d'abord vu le lien de la vidéo de la bousculade chez Sapphire sur Twitter, je l'ai ignoré, tout comme j'ignore  toutes les vidéos de bagarre de Black Friday. Etant contre le consumérisme, je ne vois pas l'intérêt de ridiculiser les consommateurs. J'essaie, plutôt, de comprendre les grandes structures qui créent et encouragent ce besoin impitoyable d'acquérir des biens matériels.

Mais quand j'ai remarqué que de plus en plus de personnes partageaient cette vidéo en ligne, l'histoire a pris un sens différent. Une histoire de quelques consommatrices se battant pour des habits s'est transformée en une histoire ridiculisant toutes les “dames riches et matérialistes”. Cela ressemblait beaucoup aux commentaires faits aux Etats-Unis quand “les riches partagent des vidéos de bagarres de Black Friday pour ridiculiser les pauvres” . Que les privilégiés se moquent des moins privilégiés sonnaient faux.

Mais les femmes dans la vidéo ne sont-elles pas “privilégiées”? Peut-être certaines le sont et d'autres non. Les privilèges et le pouvoir existent à tous les niveaux, surtout dans des pays comme le Pakistan. La vidéo et la ferveur àvec laquelle elle a été partagée m'ont fait réfléchir sur les raisons de cette folie au Pakistan.

Cela ne veut pas dire que je prône la violence sous quelle forme que ce soit, surtout la violence pour des habits. Les personnes qui me connaissent savent que je m'excuse auprès des chaises contre lesquelles je me cogne. Donc, la justification de la violence serait de trop pour moi. Mais je pense qu'il est important de réfléchir et de prendre en considération les facteurs qui pourraient générer une telle rage.

Le système social du Pakistan, qui récompense systématiquement les femmes et les filles qui étalent les signes de richesse et fuient constamment celles qui ne le font pas, serait-il en partie responsable?

Peut-être que les femmes sur la vidéo ne se battaient pas uniquement pour un habit. Peut-être les soldes offraient à certaines familles un raccourci pour une sorte de privilège pour leurs filles qu'elles ne pourraient pas se permettre normalement, comme les parents marginalisés des Etats-Unis qui affrontent la folie des soldes de Black Friday parce qu'ils vivent dans une société où le niveau social de leurs enfants est déterminé par les jouets qu'ils possèdent ou les habits qu'ils portent.

Ou peut-être certaines de ces femmes sont en fait des “femmes privilégiées de familles riches” obligées de vivre avec un petit budget.

Deux circonstances différentes, toutes deux systémiques et auxquelles nous ne pouvons pas échapper.

Même dans les grandes villes du Pakistan, la dernière condition est courante parmi les “privilégiées” et résulte d'un déséquilibre de pouvoir et de privilège parmi les genres d'une même famille. Certains hommes contrôlent entièrement le budget familial, certaines femmes dans leurs familles ne sont pas autorisées à travailler à l'extérieur de la maison. Certaines femmes sont dissuadées de travailler par leurs familles, ou sont simplement dissuadées par les nombreuses difficultés auxquelles les femmes actives font face au Pakistan, y compris le harcèlement sexuel impuni, les transports en commun inadaptés, et une culture généralement mysogine. La vie sociale de nombreuses femmes se limite aux sorties en familles ou aux évènements mondains où elles doivent être à leur avantage à chaque instant, peut-être en portant une tenue du magasin Sapphire.

Je regarde la vidéo de Sapphire et je pense à ces femmes pakistanaises des villes – y compris celles qui semblent être privilégiée –  dépouillées, poussées et bousculées dans un endroit et dans des circonstances exaspérants – non par choix, mais par mode.

Mali: Des consommateurs furieux s'organisent pour boycotter la multinationale de téléphonie Orange

mardi 1 décembre 2015 à 09:55
Poster de la campagne de l'association 100megaMali avec leur autorisation

Poster de la campagne de l'association 100megaMali pour protester contre Orange avec leur autorisation

Ces jours-ci la blogosphère malienne est effervescente ! La cause? C'est le mécontentement des utilisateurs des services de téléphonie mobile de la multinationale française Orange. Les utilisateurs ont décidé d'organiser, le 1er décembre 2015, un boycott des services de cette entreprise présente dans 16 pays africains. Sur une des pages Facebook créée à cet effet et qui a déjà enregistré 14978 fans, Meritocratie Malienne explique les raisons de ce mécontentement en faisant la comparaison des tarifs pratiqués au Mali et ceux en vigueur au Sénégal et au Niger, deux pays voisins qui utilisent la même monnaie, le Franc CFA [€1=656Francs CFA]:

Boycott ORANGE Mali
Pourquoi c'est important ?

Orange Mali comptait 8 000 000 d'abonnés en avril 2013 et 12 800 000 abonnés en 2014, filiale de France Telecom, un géant de la téléphonie mobile à l'échelle mondiale qui couvre plusieurs pays en leur offrant une connexion internet acceptable voire bonne à des tarifs très raisonnables.

Il se trouve que le Mali est l'un des plus gros consommateurs du groupe Orange, il devrait donc bénéficier de plus de considération pourtant, hélas… PARADOXE: c'est seulement au Mali que la connexion internet 3G+ dite haut débit est nulle et trop chère, et cela même avec la fibre optique.

Jugez par vous même :

- Au Sénégal 500 MO offerts à 2000 Fcfa avec un haut débit.- Au Niger, 500 MO offerts à 500 Fcfa avec un débit performant.- Au Mali, c'est la galère, 500 MO offerts à 4700 Fcfa avec un débit médiocre le plus souvent instable.

Voilà l'arnaque, une arnaque qu'on dénonce et à laquelle on doit mettre fin … Il n’ y a pas que Orange qui fournit la connexion au Mali…

Si une personne est dans un de ces pays, elle peut  transférer en 1 seule fois la totalité du crédit vers le compte mobile prépayé d’un client d’un opérateur Orange ou Maroc Telecom, membre du réseau ticket transfert. dans un autre pays. Source: transfertpays.com

Si une personne est dans un de ces pays, elle peut transférer en 1 seule fois la totalité du crédit vers le compte mobile prépayé d’un client d’un opérateur Orange ou Maroc Telecom, membre du réseau ticket transfert dans un autre pays. Source: transfertpays.com

Sur une autre page Facebook, comptant 1251 membres, Boycott Orange Mali s'indigne: 

 Zéro appel 📞, zéro sms, zéro connexion internet pendant la journée du 1er décembre 2015. Tels sont les objectifs visés pour cette journée de boycott. Orange nous arnaque depuis des années, il y'a un moment, Orange se permettait de débiter du crédit initial du client sans aviser, lorsque le forfait internet de ce dernier s'était épuisé et en raison de 1f/1ko. Imaginez combien coûtait 1mo en ce moment. Stop maintenant trop c'est trop…‪#‎boycottorangemali‬ ‪#‎stopauxarnaques‬ ‪#‎libreauxclientsdeseplaindre‬

Pour l'utilisateur Bak Doum, commentant sur la même page, un autre fournisseur, Malitel, mériterait lui aussi le boycott:

Ce n'est pas Orange seulement, on doit boycotter aussi les méfaits de Malitel. Ce que moi je propose c'est d'organiser pendant un bon dimanche une marche avec des banderoles a l'appui pour dénoncer les saloperies de nos deux réseaux téléphoniques. Cette marche doit se fait dans toutes les grandes villes du Mali. On ne doit pas se limiter au boycott sur les réseaux sociaux mais plutôt allons y sur le terrain. Merci

Sur unetroizième page Facebook qui compte 20 688 fans, l'utilisateur Aboubacrine Assadeck N'diaye rappelle qu'à l'occasion du début du mois de décembre la multinationale française pourrait lancer des offres visant à saboter l'initiative de ses clients mécontents:

Camarades,
bientôt la fin du mois et ‪#‎Dérange‬, pour Boycotter le Boycott qu'on a prévu pour eux … Va certainement lancer des mégas Bonus pour vous détourner et corrompre votre esprit.

Ne cédez surtout pas, on n'a nul besoin de foutus Bonus, ce ne sont pas des Bonus qui nous arrêterons.

Si vous voyez dans les MSG de #DÉRANGE quoi que ce soit à part : Orange vous informe que les tarifs ont été revu à la baisse … BOYCOTT DIRECT, Ne prenez même pas la peine de lire la suite.

Le mot d'ordre est toujours #‎BOYCOTT_LE_1er_DEC‬ Restez forts !
Dieu Bénisse le Mali.

Intervenant sur la même page Facebook, Mouna Koutam explique ce que veut dire “boycotter” et ce que chacun devrait faire pour participer à l'action citoyenne:

Le 01 décembre 2015 a été choisi par : ‪#‎Stop_Aux_Arnaques_d‬’Orange_Mali, comme la journée de boycott d'Orange Mali;
On va d'abord expliquer le boycottage:
Boycotter: est le refus, volontaire, libre de consommer des produits ou services d'une entreprise. ‪#‎Orange_Mali‬ est un réseau opérateur de services. À cet effet, boycotter Orange Mali le 01 décembre 2015, consiste à faire quoi?
– Ne pas acheter de crédit;
– Ne pas consommer les forfaits internet;
– Ne pas faire d'appel à partir d'un numéro Orange Mali;
– Ne pas utiliser les services Orange Money;
Pendant cette journée, il est demandé de cesser toute activité à travers #Orange_Mali.
C'est simple, si ce boycott est respecté à la lettre, Orange Mali, ferra une révision totale de ses services destinés à la population malienne.
‪#‎StopAuxArnaquesDeOrangeMali‬

Les prix et la qualité des services fournis par la multinationale Orange suscitent la colère dans plusieurs pays africains. Au Sénégal par exemple, le site lignedirecte.sn signale que:

Après une première “journée boycott Orange” très réussie avec des milliers de participants qui ont, en l’espace d’une journée, protesté contre l’opérateur mobile et dénoncé un service basé sur “l’arnaque”, une deuxième “journée boycott orange” est célébrée le 12 novembre 2015.

En effet, des clients Orange Sénégal se sont rassemblés depuis 2012 sur les réseaux sociaux, pour créer des espaces de discussion et dénoncer le “mauvais service” de l’opérateur. Sur Facebook par exemple, nombreuses sont les pages créées à cet effet, dont la plus célèbre titrée “Si Toi Aussi Tu Te Sens Arnaqué Par Orange“, qui compte 45 mille membres environ.

Suite au mécontentement dénoncé par les utilisateurs,les résultats de l'entreprise Orange ont subi un frein au Sénégal. Selon un rapport d'analyse du marché des télécommunications sénégalais de l'autorité des télécommunications, pour le 3ème trimestre 2015, Orange a enregistré une baisse de 1,08% du nombre d'abonnés. Elle a également perdu 0,95 parts de marché de l'Internet au profit de Tigo et Expresso.

Tableau comparatif des prix internet des pays de l'afrique de l'ouest via 100megaMali

Tableau comparatif des prix internet des pays de l'afrique de l'ouest via 100megaMali

Cependant dans l'ensemble des 16 pays africains où cette multinationale est installée, les résultats pour la même période enregistrent une vigoureuse hausse. Selon  sur techofafrica.com, c'est dans sa division géographique opérationnelle, Afrique et Moyen-Oreint qui forment un groupe, que Orange obtient sa plus forte croissance:

Le chiffre d’affaires cumulé de la zone Afrique et Moyen Orient (3,5 milliards d’euros) du groupe de télécommunication français Orange est le chiffre d’affaire en plus forte progression (plus de 6%), parmi les chiffres de tous les autres démembrements du groupe.

“En Afrique et au Moyen-Orient, les services mobiles progressent de +8,2% au 3ème trimestre après +6,7% au 2ème trimestre, tirés par la Côte d’Ivoire, l’Egypte, le Mali, la République Démocratique du Congo et la Guinée”, indique le groupe dans un communiqué.

Ces résultats positifs devraient pousser l'entreprise à traiter sa clientèle africaine avec plus d'égard, surtout qu'elle vend d'autres produits, notamment Orange Money, service de transfert d'argent et de paiement mobile du groupe Orange, proposé dans la majorité des pays d'Afrique dans lesquels l'opérateur est présent. En outre, il y a les services financiers et de microcrédit, le service “Labaroun Kassoua” qui donne aux acteurs du monde rural l’accès aux informations sur les prix des denrées agricoles et sur les prix du bétail sur tous les principaux marchés du Niger par SMS, le service “Senekela” lancé au Mali, un call center où des spécialistes agronomes peuvent informer et conseiller les agriculteurs, les paysans etc., en langue locale.

Revitaliser la langue Yekuana dans une perspective académique

lundi 30 novembre 2015 à 22:38
Saúl López, auteur d'une thèse supérieure sur la relation entre oralité et technologies de l' information et de la  communication. Photo utilisée avec autorisation.

Saúl López, auteur d'une thèse sur la relation entre oralité et technologies de l'information et de la communication. Photo utilisée sous autorisation.

Saúl López, ou Kuyujani (son nom autochtone), est un jeune homme Yekuana  qui a consacré l'essentiel de sa vie à étudier les réalités de son groupe ethnique. En discutant avec les aînés et les chefs de la communauté, il prit conscience de l'importance du problème majeur du groupe qui est la mise en danger de la langue Yekuana. Face à cette réalité, il décida de porter un intérêt particulier aux médias et à la technologie dans un projet de thèse sur la langue Yekuana.

Les Yekuanas sont un peuple autochtone de la famille des Caribéens, aussi connus comme Maquiritari ou Makiritaris, qui résident pour la plupart en amont des rivières Caura, Erebato, et Nichare, et des rivières Ventuari, Parú et Cuminá au Venezuela. Leur population actuelle est estimée entre 5 000 et 10 000 personnes.

Au cours des cinq dernières années, Saúl a étudié à l'Université Autochtone Expérimentale Nationale de Tauca (UNEIT) au Venezuela, fondée par une organisation des droits des autochtones en coopération avec des prêtres jésuites. Depuis qu'il est entré dans cette institution, il a eu un intérêt particulier pour les réseaux sociaux et les technologies de l'information et de la communication. On le voit souvent sur le campus de l'université, caméra à la main, documenter les conférences, les réunions des étudiants, et les événements culturels, faisant des interviews, et même menant à bien des émissions sur les match de football du dimanche des étudiants autochtones.

Ce faisant, il a accumulé une vaste iconographie (et produit de brefs documentaires, des courts métrages, des activités communautaires, des bulletins d'informations de l'UNEIT, et des séquences vidéos) qu'il a utilisée dans le cadre de son diplôme en enseignement bilingue, avec spécialisation en communication autochtone.

Carte politique de l'Etat Bolivien, où s'effectue le travail d'investigation.

Sa thèse, intitulée “Influence des Technologies de l'Information et de la Communication (ICT) sur l'oralité Ye´kwana. Cas de la communauté Jüwütünña du Alto Erebato— Etat de Bolivar” étudie la relation entre les nouvelles technologies et le phénomène de la communication dans la culture Yekuana (surtout du point de vue des jeunes). La thèse est maintenant à un stade avancé de révisions finales, sans être encore publiée.

La recherche contribue de manière importante à la revitalisation de l'oralité Yekuana , car elle rassemble beaucoup de réflexions et d'avis sur la valeur de la langue pour la communauté autochtone, qui s'étend le long de la rivière Caura vers le bassin de la rivière Ventuari. Le travail contient des conversations et des interviews avec les aînés et les adultes représentatifs de l'univers Yekuana, de même que des dialogues avec des spécialistes en communication, éducation, et technologies, apportant à la recherche une grande perspective multidisciplinaire et interculturelle.

Saúl a partagé avec Global Voices le sens de sa recherche pour lui :

Ha sido un trabajo particularmente interesante. He podido sentarme a conversar por largas horas con los ancianos de mi comunidad y conocer parte de la historia de mi pueblo, cosas que no sabía y que ahora quedan registradas en mi tesis.

Cela a été un travail particulièrement intéressant. J'ai pu m'entretenir durant de longues heures avec les anciens de ma communauté et connaître une partie de l'histoire de mon peuple, des choses que j'ignorais et qui sont maintenant inscrites dans ma thèse.

Il dit à propos de l'importance de la langue Yekuana:

Nuestra cultura es principalmente oral, todo lo que somos es gracias a nuestra lengua, es en esencia nuestra cultura. Es importante entender que las tecnologías y los medios de comunicación social pueden estar al servicio de nuestros pueblos y cosmovisiones, revitalizando y resguardando nuestra oralidad mediante el registro y documentación de nuestras historias, mitos, tradiciones etc. y claro, desde la educación a los más jóvenes.

Notre culture est principalement orale, toute notre identité est redevable de notre langue, qui est par essence notre culture. Il est important de comprendre que les technologies et les réseaux sociaux de communication peuvent être au service de nos peuples et de nos visions du monde, en revitalisant et en protégeant notre oralité à travers le registre et la documentation de nos histoires, mythes, traditions etc. et bien sûr, à partir de l'éducation des enfants.

Le 13 octobre, Saúl a présenté sa recherche aux aînés et sages des différents groupes ethniques, dans le cadre des célébrations de la Semaine de la Résistance Autochtone de 2015, qui se tient chaque année sur le campus de l'Université Autochtone Expérimentale Nationale de Tauca. Sa thèse a été approuvée à l'unanimité.

Saúl va maintenant devenir membre de la faculté à l'UNEIT et il organise déjà des ateliers de formation dans quelques communautés autochtones au Sud du Venezuela. Il dit:

La idea es multiplicar e informar entre las demás etnias, la importancia de nuestras lenguas aborígenes y buscar los mecanismos que nos permitan defenderlas y mantenerlas vivas.

le but est de vulgariser cette étude auprès des autres ethnies, de les informer sur l'importance de nos langues aborigènes, et de rechercher des mécanismes nous permettant de les défendre et de les garder vivantes.

COP21 : un documentaire européen et multilingue, “Nos chers paradis”

dimanche 29 novembre 2015 à 13:15

ARTE propose un documentaire “participatif”, constitué des vidéos personnelles d'Européens attachés à sauver un petit trésor : leur ‘petit paradis’ à eux, un lieu naturel qui les accompagne dans leur vie, et qu'ils voudraient protéger, ou sauver, du changement climatique. Originalité de ce documentaire : il a été monté à partir de 800 vidéos envoyées par des internautes, depuis 49 pays, et en 45 langues. A découvrir en ligne jusqu'au 23 janvier 2016, sous-titré en plusieurs langues : allemand, français, anglais, espagnol.