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Disparition d'un grand de l'enseignement du yoga, BKS Iyengar

mercredi 10 septembre 2014 à 13:19
A student performing Uttitha Trikonasana, triangle pose, one of the basic standing poses in Iyengar Yoga. Image by Matthew Greenfield via Wikipedia. CC BY-SA 3.0

La posture Uttitha Trikonasana, la position du triangle, l'une des postures debout classiques du yoga Iyengar. Photo Matthew Greenfield via Wikipedia. CC BY-SA 3.0

Le célèbre professeur indien de yoga BKS Iyengar est décédé voici deux semaines à l'âge de 96 ans. Iyengar avait été hospitalisé pour des problèmes respiratoires. Il s'est éteint entouré de sa famille. Sur Twitter, ses élèves et admirateurs dans le monde entier ont beaucoup déploré le décès de Iyengar et exprimé leur gratitude pour ses longues années de travail.

BKS Iyengar in London in 1971.

BKS Iyengar à Londres en  1971. CC-BY Wikipedia

Iyengar est considéré comme l'une des personnes qui ont popularisé le Hatha Yoga, en Inde et bien au-delà de ses frontières.  Le “Hatha” Yoga souhaite “établir l'équilibre entre le soleil et la lune” chez ceux qui le pratiquent. Bellur Krishnamachar Sundararaja Iyengar, ou “BKS Iyengar“, a été initié au yoga en 1935 par son beau-frère à l'age de 16 ans. Plus tard, quand lyengar est devenu professeur de yoga, le musicien Yehudi Menuhin l'a invité à enseigner en dehors de l'Inde, et a lancé la carrière de lyengar comme professeur de yoga en Occident. Il a inspiré des milliers d'élèves et est l'auteur de 14 livres sur le yoga.

Iyengar a même développé une forme de hatha yoga maintenant appelée Iyengar Yoga, qui met l'accent sur les détails, la précision et l'alignement dans l'exécution des postures et le contrôle de la respiration. Carrie Owerko, un élève de Iyengar, le considère comme celui qui a rendu le yoga plus accessible à tous, quelles que soient leurs problèmes physiques ou psychologiques.  ”Iyengar compte pour beaucoup dans la pratique du yoga aux Etats Unis. Le professeur peut ne pas  enseigner du lyengar, mais ce professeur a été influencé par le yoga de lyengar d'une manière ou d'une autre” dit-elle.

Iyengar  a reçu les trois plus prestigieuses récompenses accordées à des civils en Inde : le Padma Shri en 1991, le Padma Bhushan en 2002, et le Padma Vibhushan en 2014. Time Magazine l'a aussi cité dans la liste des 100 personnes exerçant le plus d'influence dans le monde, en 2014.

Au matin du décès de Iyengar, le  Premier ministre indien Narendra Modi a exprimé son chagrin sur Twitter. Modi est connu pour pratiquer le yoga, dont il dit qu'il l'aide à résister à un rythme de travail très éprouvant.

Je suis très affecté d'apprendre la disparition de Yogacharya BKS lyengar et je présente mes condoléances à tous ses adeptes de par le monde.

La journaliste et présentatrice de télévision Shaili Chopra a tweeté un hommage ironique, pour illustrer l'influence de lyengar sur l'enseignement du yoga dans le monde. L'image après le mot asana” (une posture du Hatha Yoga) dit “aasaan,” signifie “facile” en hindi.  lyengar à rendu le yoga  “facile.”

nivedithalva: yengar Amul le fait si bien ! Repose en paix

Ceux qui sont en deuil de lyengar vont d'athlètes célèbres à de simples internautes. La star du cricket indien Sachin Tendulkar lui a aussi rendu hommage, écrivant que les  asanas qu'il a appris avec  Iyengar l'ont aidé tout au long de sa carrière sportive. D'autres pratiquants du yoga expriment leur gratitude et leur tristesse d'apprendre sa disparition.

Je suis assise dans un profond silence et des larmes de gratitude coulent sur mon visage, car le yoga a traversé mon chemin durant cette vie.

Elizabeth Kadetsky, une élève de  Iyengar qui a aussi écrit un livre sur son apprentissage auprès de lui, a tweeté :

BKS : très triste et je sens votre esprit qui vole vraiment ici

Un institut  de Manchester, le Manchester and District Institute of Iyengar Yoga, qui propose des cours de yoga et veut promouvoir la compréhension et la pratique du yoga de yengar, prévoit de publier un livre d'or en son honneur.

Nous allons créer un livre à partir de vos réflexions et condoléances, continuez donc à nous les envoyer si vous le souhaitez.

Les milliers de personnes en Inde qui ont bénéficié du travail de lyengar n'ont pas pu se rendre sur les lieux de deuil pour présenter leurs hommages et condoléances en personne. Les médias sociaux leur ont permis de le faire à distance. Le hashtag #Iyengar se trouve toujours dans les Tendances de Twitter, débordant de photos de lyengar, de citations célèbres de lui. Il ne fallait pas en attendre moins, pour un homme qui laisse derrière lui un tel héritage.

L'officier ukrainien qui tweete depuis le front dans le Donbass

mercredi 10 septembre 2014 à 12:23
Sergei Misyura, an officer in the Ukrainian Army. (image courtesy of Sergei Misyura)

Sergueï Missioura, un officier de l'armée ukrainienne Army. (photo communiquée par Sergueï Missioura)

Cet article fait partie d'un panorama réalisé par RuNet Echo de la blogosphère russophone d'Ukraine orientale. Trouvez d'autres portraits sur la page Eastern Ukraine Unfiltered [en anglais, certains articles traduits en français].

Comme beaucoup des journalistes-citoyens présentés dans cette série, Sergueï Missioura est d'abord venu au blogging et aux médias sociaux par un thème totalement apolitique : les téléphones mobiles. Cela a changé l'an dernier quand le conflit en Ukraine orientale a englouti la blogosphère ukrainienne—et l'existence de Sergueï avec.

Начинал я вести свой твиттер еще в 2010 году, начинал вести блог о смартфонах Nokia в основном. Но и другие гаджеты стороной не обходил, при этом уже в то время я был офицером украинской армии.

J'ai commencé à tenir un compte Twitter en 2010, et [aussi] commencé à tenir un blog essentiellement sur les smartphones Nokia. Sans négliger d'autres gadgets, de plus à l'époque j'étais officier de l'armée ukrainienne.

Missioura, dont le compte Twitter @SPaWN_ua compte plus de 15.000 abonnés, a passé quatre mois avec la 72ème brigade de l'armée ukrainienne à combattre dans l’ ‘opération anti-terroriste’ (AOT) dans la région de Louhansk, et fourni à ses lecteurs un aperçu direct sur le déroulement de la guerre.

Déjà deux jours de combats devant Krasnodon. On ne peut pas y aller en bataillon, il faut une opération conjointe, peut-être de différentes brigades. Ça va être difficile.

Voici le matin. Contre tous les pronostics, la nuit a été ordinaire, tirs constants avec les missiles anti-chars et deux barrages de GRAD. Il y a des pertes…

A la question s'il était difficile d'informer en temps de guerre, Missioura répond que la logistique et autres problèmes ont certainement pesé, mais qu'il estimait nécessaire de fournir de l'information aux Ukrainiens chez eux.

В первые два месяца вообще не тяжело, ведь войска использовались только для несения службы на блок-постах. А дальше, в Луганской области начались боевые действия, обстрелы… Было тяжело, но после выполнения задач, я считал своим долгом писать о происходящем вокруг. Да и многим украинцам интересно мнение офицера именно с полей, который своими глазами видит и чувствует своей шкурой, что же на самом деле происходит в АТО, а не как это показывают по ТВ или пишут на сайтах, в газетах.

Les deux premiers mois ça n'était pas difficile du tout, car nos troupes n'étaient utilisées que pour tenir les postes de contrôle. Puis les activités militaires, les tirs, ont commencé dans l'oblast de Louhansk… C'était difficile, mais après avoir rempli mes tâches, j'estimais de mon devoir d'écrire sur ce qui se passait autour de moi. Et bien sûr, beaucoup d'Ukrainiens préféraient les avis d'un officier sur le terrain qui voit de ses yeux et sent sur sa peau ce qui se passe réellement dans l'OAT, à ce que montre la télé ou écrivent les sites web et les journaux.

A un moment il a même dû se résoudre à dicter les messages par téléphone à sa femme chez lui.

Самый тяжелый период был после поломки моего смартфона, отсутствия интернета и постоянных обстрелов с територии РФ. В таком случае с моего аккаунта писала моя жена @vetochka0505 после телефонного разговора со мной.

La période la plus difficile a été quand mon smartphone a été en panne, en l'absence d'internet et avec une canonnade constante depuis le territoire russe. Dans ce cas mon compte était mis à jour par ma femme, @vetochka0505 après des conversations téléphoniques avec moi.

A l'instar de @ExileUA, qui tweete depuis Sloviansk, Missioura estime que sa mission est d'éclairer un conflit qu'à ses yeux les journalistes russes ne veulent pas et les journalistes ukrainiens ne peuvent pas montrer au monde.

Русские журналисты работают с террористами, и они вообще не придерживаются принципам журналистики. Постоянное искривление реальности и правды это их конек. В то же время украинские журналисты очень вяло и мало освещают действия на Востоке Украины. Тут может быть две причины: очень высокий риск получить ранение или того хуже, а вторая—им просто никто не дает доступ для проведения своей работы. По этому такие аккаунты и моя работа на передовой является ценной. Я могу рассказывать и освещать те действия, где украинские журналисты безсильны.

Les journalistes russes travaillent avec les terroristes, et ne suivent pas du tout les principes du journalisme. La déformation permanente de la réalité et de la vérité est leur marotte. En même temps, les journalistes ukrainiens ne couvrent que peu et mollement les événements dans l'Est de l'Ukraine. Deux raisons possibles à cela : le risque très élevé de prendre une blessure ou pire et deuxièmement—personne ne leur donne l'accès pour faire leur travail. C'est pourquoi les comptes comme le mien et mon travail à l'avant-garde sont précieux. Je peux raconter et couvrir ces événements là où les journalistes ukrainiens sont impuissants.

Missioura dit ne jamais rien écrire qui “soit secret, ou puisse être utilisé contre [lui], [ses] proches ou [ses] hommes.” Mais il reconnaît que l'armée ukrainienne (à la différence, par exemple, de l’armée américaine) n'a pas de réglement sur les sujets que les militaires en service peuvent aborder en ligne, autre que “la loi sur les secrets d'Etat.” La guerre du Donbass est peut-être la première dans laquelle les réseaux sociaux et les blogs des combattants ont joué un rôle aussi important, avec les dénégations de la Russie de toute implication dans le conflit souvent contredites par les comptes de médias sociaux de ses propres soldats. On a souvent dit de la guerre du Vietnam qu'elle était la première guerre ‘télévisée’. Et si la guerre en Ukraine était la première guerre tweetée en direct ? 

Deux Pussy Riots créent un portail d'informations sur les prisons russes

mardi 9 septembre 2014 à 20:35
Pussy Riot activists attend Roskilde Festival, 4 July 2014, by Jacob Crawfurd. Demotix.

Deux Pussy Riots au festival de Roskilde, 4 juillet 2014, photo Jacob Crawfurd. Demotix.

Les deux stars des Pussy Riot Maria Aliokhina et Nadejda Tolokonnikova font leur retour et c'est avec un projet tout neuf. La semaine dernière, elles ont lancé un nouveau portail d'information, consacré à l'actualité et problèmes du système pénitentionnaire de la Russie. “MediaZona” sera partenaire de “Zona Prava,” l'organisation caritative de défense des droits des prisonniers déjà créée par Aliokhina et Tolokonnikova. (Curieusement, le site internet de Zona Prava n'a plus été mis à jour depuis le 19 mars 2014.) L'éminent journaliste russe Sergueï Smirnov occupera le poste de rédacteur en chef dans ce nouveau projet médiatique. Le site web est déjà en place, et publie des informations en direct sur les arrestations notables, des articles d'opinion et des récits plus détaillés de séjours dans les prisons russes.

Dans un communiqué de presse pour le site, NadejdaTolokonnikova a indiqué que le portail d'information du mouvement veut contrebalancer les mass médias russes qu'elle étrille comme lourdement censurés et inexacts.

Depuis notre libération de prison il y a 6 mois nous avons le sentiment que les médias russes ne savent plus couvrir l'actualité. Du fait de la lourde censure par les autorités il n'y a plus de place dans les médias pour critiquer la politique de Poutine et suivre les violations de droits humains par les tribunaux et les forces de l'ordre en Russie.

L'équipe de rédaction de MediaZona. Source photo : voiceproject.org.

Le site se propose de fournir une couverture complète dans le domaine des prisons en Russie.

Мы стремимся к тому, чтобы сделать более зримым всё, что происходит в Российской Тюрьме. Преследования гражданских активистов и правозащитных организаций, полицейское насилие и пытки, рабская система ФСИН, коррупция, судебное бездушие и мужество, законодательный абсурд, голуби над зоной и конвойные собаки — все это только часть тех тем, которые попадают в сферу наших интересов и которые мы собираемся освещать.

Nous nous efforçons de rendre plus visible ce qui se passe dans le système pénitentiaire russe. La persécution des activistes citoyens et des organisations de défense des droits, les violences et tortures policières, le système esclavagiste dans les prisons russes, l'insensibilité et l'audace du judiciaire, les lois absurdes, les colombes au-dessus de la zone [allusion à une célèbre chanson de prison russe], et les chiens d'escorte — ne sont qu'une partie des sujets dans notre sphère d'intérêt que nous sommes prêts à éclairer.

La réaction initiale des internautes russes à l'arrivée du nouveau site a été largement positive, beaucoup disant qu'il remplissait une niche et contribuerait grandement à faire connaître les dessous peu reluisants du système pénal russe. Le journalist Kirill Martynov a tweeté :

Je pense que Mediazona est un excellent projet. Il faut arrêter de faire les idiots et faire semblant qu'en Russie la politique n'a ni chiens ni convois.

“C'est de derrière les barreaux qu'on peut avoir la meilleure vision du fonctionnement du pouvoir,” écrit le site web. Dès leur libération anticipée de prison en décembre dernier, Maria Aliokhina et Nadejda Tolokonnikova ont monté Zona Prava, qui propose une aide juridique, psychologique et en informations aux prisonniers et accusés au pénal en Russie. Cet été, les deux jeunes femmes ont intenté un procès contre le gouvernement russe devant la Cour européenne des droits de l'homme, demandant une indemnisation pour leur arrestation, procès et incarcération. Elles réclament environ 131.000 euros chacune.

8 questions que vous n'osez pas poser sur Madagascar

mardi 9 septembre 2014 à 17:56
Jeunes filles malgaches par Hery Zo Rakotondramana on FlickR - CC BY-SA 2.0

Jeunes filles malgaches par Hery Zo Rakotondramana on FlickR – CC BY-SA 2.0

Madagascar, bien qu'elle soit la 4ème île au monde par sa superficie, reste un mystère pour beaucoup de monde. Sous les feux des projecteurs récemment de par la visite de Valérie Trierweiler, ancienne compagne du président Hollande et auteure du best-seller “Merci pour ce Moment” , Madagascar fascine par son statut de pont entre l'Asie et l'Afrique et sa biodiversité. Alors, si vous prévoyez un premier voyage à Madagascar bientôt, ou si vous voulez en savoir plus sur la terre de vos amis ou si vous vous juste ens avoir plus sur cette partie du monde,  voici 7 questions que vous posiez peut-être sur Madagascar et que vous n'aviez jamais osé demandées. Les réponses proviennent de citoyens malgaches actifs sur le web;  nous vous invitons à consulter leurs blogs/vidéos régulièrement :
1) Je pars à Madagascar bientôt et j'aimerai mieux connaitre le quotidien des malgaches. Quel est le mode de vie standard des malgaches ?

Cela dépend à qui vous posez la question. Selon la banque mondiale, 90% des malgaches vivent avec moins de $2 USD/jour.   Les disparités de richesse à Madagascar sont telles que l'on ne peut vraiment parler de mode de vie type. Randriamihaly décrit parfaitement cette disparité :

Ainsi, les princes et les princesses sont ceux qui possèdent le plus. Il ne faut pas s’étonner de les entendre parler de leur vie à Tana comme d’un conte de fées. Ils vivent dans une bulle increvable. Leurs palaces gardés par les agences de sécurités sont truffés de meubles dorés et de gadgets de haute technologie. Ils sortent de là en 4×4 pour aller dans ces lieux qui leur sont réservés : écoles américaines ou françaises, restaurants, piscines, spa,  centres commerciaux. [..] A quelques mètres de là, dans Antananarivo, l’enfer, c’est ce que vit la famille d’Ernestine. Cette femme se lève très tôt le matin afin de préparer ses enfants pour l’école : se laver à l’eau froide du bidon, manger la soupe de riz avec le bout de viande fumée et partir à pied. L’école, c’est le rêve auquel elle s’accroche. Elle croit que si ses enfants parviennent à décrocher un diplôme, n’importe lequel, ils pourront s’en sortir plus tard et ils n’auront pas à vivre un calvaire quotidien comme elle. Elle va chez les patrons, elle peut tout faire : lessive, vaisselle, ménage, porteuse d’eau, garde d’enfant, tout. Et le soir, elle revient exténuée, ses enfants dorment déjà. Elle veille sur leur sommeil à cause des rats qui peuvent attaquer. Et puis, comment avoir un bon sommeil lorsqu’on est à 4, 5 ou 6 à dormir dans une seule pièce de 2 m de largeur ?  

Il n'existe donc pas de quotidien type à Madagascar, c'est vrai dans tous les pays mais ça l'est encore plus dans un pays ou la classe moyenne est réduite à sa portion congrue.  

2) Comment prononcer le nom du président actuel ? 

Le président malgache depuis Janvier 2014 s'appelle Hery Martial Rajaonarimampianina Rakotoarimanana . C'est le nom le plus long pour un dirigeant actuel selon The Guardian. Pas évident à prononcer, même pour un malgache. Si vous êtes ammener à le rencontrer,  peut-être qu'au lieu de risquer un accrochage diplomatique en écorchant son  nom, il serait plus sage de faire référence à son slogan/parti , le Hery Vaovao,  ou de lui offrir une lampe torche pour pallier à ses soucis de courant électrique.  

3) Nous prévoyons de faire du cross-country hiking à travers l'île. Que faut-il savoir pour réduire les risques ?   

L'actualité malgache de ces dernières années est riche en reportage alarmant sur la pauvreté, les crises sanitaires, l'insécurité et le banditisme de grands chemins.  L'épisode du lynchage de vazaha à Nosy Be reste encore dans les mémoires.  Pour autant, le hiking à travers l'île est une expérience unique que bon nombre de touristes et de malgaches entreprennent chaque année.  

Pour la santé, le risque principal est le paludisme. L'ensemble du pays est classé en zone 3, c'est-à-dire qu'il connaît un peu de résistance à la chloroquine. Le paludisme est présent à 90 % à Madagascar. Pour se protéger, voici quelques conseils  :

- il est indispensable de prendre un traitement antipaludique.
- le soir, porter des vêtements les plus couvrants possible et, mieux encore, traités (par exemple avec Insect Ecran® trempage) ;- sur les parties découvertes, utiliser lotions ou crèmes répulsives efficaces. S'enduire les parties découvertes du corps dès le coucher du soleil ;
- utiliser une moustiquaire.

Le chikungunya et autres maladies tropicales sont aussi présents à Madagascar. les règles de base sont les mêmes que dans tous les pays. En ce qui concerne l'insécurité, il n'existe pas d'études statistiques officielles sur la criminalité mais elle est suffisamment présente dans les esprits pour impacter négativement le tourisme. Voici l’avis d'un habitant de la capitale, Mofo Lany :

Il ne se passe pas une semaine sans que les journaux ne relatent des faits de violences dans la capitale malgache Antananarivo. Toutes les couches de la population, des plus aisées aux plus modestes, sont victimes de ce phénomène. Même les étrangers ne sont pas en reste. Les attaques à main armée sont particulièrement nombreuses. 

 4) Dois je apprendre le malgache quand je suis à Madagascar ? Si oui, comment?   

Idéalement, oui. comme l'apprentissage de n'importe quelle langue, le malgache nécessite cependant une détermination et une motivation importante. Et comme toutes langues, elle présente aussi bien des facilités que des challenges. Les avantages : 

 Quant aux challenges, voici l'expérience de Lilikely, une vazaha (étrangère en malgache),  sur l'apprentissage du malgache

- Déjà, pas mal de gens parlent un peu français : beaucoup dans les grandes villes, et assez peu dans les campagnes. Du coup, c'est plus facile pour se faire comprendre, on finit toujours par trouver quelqu'un pour nous aider si ce qu'on cherche est compliqué. Du coup, on n'a pas besoin de se forcer, et si on est un peu flemmard, on profite de cela.
-La grammaire. Ca parait simplissime au début.  MAIS… Tout cela c'est pour la forme active. Et au final, les malgaches s'expriment surtout avec la forme passive… nettement plus difficile à maîtriser.
- Les références culturelles et la façon d'exprimer les idées sont aussi très éloignées des nôtres
- Les spécificités régionales font que le découragement arrive vite lorsqu'on voyage. 

Comment apprendre ? Voici quelques ressources pour s'initier à la langue: les bases sur Gasikara.net, la méthode Assimile et les cours particuliers (si besoin). 

5) Les malgaches sont-ils africains, asiatiques ou autres ?  

Betsileo, Madagascar, 1908 CC-BY-2.0

Betsileo, Madagascar, 1908 CC-BY-2.0

 Ah, la question éternelle ! Ici commence la partie des sujets à controverse à Madagascar. le pays  est à la croisée des continents africain et asiatique. Sa population est d'une grande diversité et la question est donc légitime. le problème se trouve dans le débat qui suit la question. En effet, la discussion sur ce sujet dérive souvent en sous-entendus racistes et préjugés en tout genre. Si vous voulez en avoir le coeur net, Dominique Ranaivoson, spécialiste de la littérature malgache et enseignante vous en dit plus dans son livre sur ce sujet. Pour les faits, on compte 18 tribus traditionnelles à Madagascar, incluant des populations aussi bien d'origines africaines, asiatiques ou arabes. C'est aussi un fait qu'un racisme latent existe entre ces différents groupes malgaches.

Pêcheur Vézo par Jean-Louis Vandevivère  CC-BY-2.0

Pêcheur Vézo par Jean-Louis Vandevivère CC-BY-2.0

6) Pourquoi certains malgaches “retournent-ils leurs morts” (famadihana) ?

Ah, l'autre question qui fâche !  Le famadihana ou retournement des morts, est une coutume funéraire qui consiste à honorer les ancêtres. Lay explique le rituel ainsi

Un razana (ancêtre)  peut se manifester à un de ses descendants dans son rêve ou dans un tromba en lui disant qu’il a froid. Il promet en contrepartie de bénir ses descendants dans leur vie quotidienne. C’est ainsi que les Malgaches rouvrent les tombeaux et remplacent les tissus qui recouvrent les restes de leurs morts. C’est l’occasion de fêtes monumentales, de danses et de beuveries

Soahary explique la particularité de cette coutume dans le contexte malgache : 

La relation des Malgaches avec la mort et les parents déjà partis est assez particulière. On considère que nos ancêtres veillent sur nous.  Ainsi, ils ne sont jamais vraiment partis. On leur rend hommage périodiquement en recouvrant leur corps de nouveaux linceuls. 

Hemerson Andrianetrazafy, enseignant chercheur en civilisation à l’Université d’Antananarivo, ajoute que :

 Le famadihana est très exactement le rituel par lequel la dépouille d’un parent atteint le statut de razana, d’ancêtre. Un moment capital dans la spiritualité malgache, car tous les morts ne deviennent pas automatiquement des razana  [..] Pour les Malgaches, la mort n’est pas une dissolution, un anéantissement, mais une étape conduisant au statut d’ancêtre. « Tsy maty fa lasan-ko razana », (Ils vivent mais sous une autre forme), servant d’intermédiaire entre les vivants et les zanahary, les divinités.

De nombreux chrétiens malgaches ont souligné que cette pratique est en contradiction avec les principes bibliques.  La pratique  du famadihana tend donc à diminuer aussi en raison du coût élevé de la cérémonie.  

7) Pourquoi la circoncision  (ou hasoavana en malgache)  est-elle aussi répandue à Madagascar ? 

Une autre coutume traditionnelle à Madagascar est la circoncision des jeunes garçons avant l'âge de deux ans.   

C'st aussi l'occasion de faire une fête en famille. La pratique qui à Madagascar n'est pas liée à une coutume religieuse n'est pas sans controverse. Ariniaina explique pourquoi elle a circoncis son fils :  

Mais pourquoi faire ce rituel? J’allais me justifier en disant que c’est pour des raisons médicales. Comme quoi des saletés peuvent rester dans le prépuce, que plus tard, il se peut qu’on doit quand même le circoncire parce qu’il aura des problèmes de santé. Il sera alors plus âgé, plus conscient de la douleur. Ainsi, j’aurai regretté de ne pas avoir fait la circoncision plus tôt. Mais, au fond, est-ce la culture qui l’emporte? N’est considéré « vrai homme » que celui qui est circoncis. 

 8) Quel est le lien entre Madagascar, le pays et Madagascar, le dessin animé ?  

Aucun. En fait si, deux choses: 1)  les boites de nuit malgaches ont bien vibré au son du “I like to move it, move it” dans les années 90.  2) M. Katzenberg, président de la compagnie DreamWorks qui a produit la trilogie des films Madagascar,  a fait un don de $500 000 USD à l'ONG Conservation International pour promouvoir l'écotourisme à Madagascar

La Cour européenne des Droits de l'Homme confirme l'existence en Pologne des prisons de la CIA

lundi 8 septembre 2014 à 21:09

[Liens en anglais et polonais] Le secret n'en est officiellement plus un : des “sites noirs” de la CIA ont opéré en Pologne. Cet été, la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH) a rendu un arrêt qui confirme l'existence de ces prisons sur le territoire polonais. Tandis que les organisations internationales de droits de l'homme se sont félicitées de la décision, certains responsables et journalistes la disent injuste pour la Pologne. D'autres voient dans cette reconnaissance en bonne et due forme une opportunité pour la Pologne de résoudre certains de ses problèmes actuels de gouvernance.

La CEDH a établi que la Pologne a violé plusieurs articles de la Convention européenne des droits de l'homme : l'interdiction de la torture et des traitements inhumains des détenus, le droit à la liberté et à la sécurité, et le droit à un procès équitable. Deux hommes, Abou Zoubaydah et Abd al-Rahim al-Nashiri, qui ont été détenus et torturés dans le centre de détention polonais, ont porté l'affaire devant la Cour européenne. La cour a accordé une indemnisation de 130.000 € à Abou Zoubaydah et de 100.000 € à Al-Nashiri.

Les preuves montrent que les prisons secrètes ont opéré entre 2002 et 2003 dans une ancienne base militaire à Stare Kiejkuty. Le travail d'investigation réalisé par le Washington Post et Human Rights Watch a exposé dès 2005 l'existence des sites noirs, et des officiers de renseignement américains et polonais anonymes ont même révélé plus de détails par la suite à la presse. Ce qui n'a pas empêché les gouvernements étatsunien et polonais de continuer à nier que des centres de torture de la CIA aient été situés en Pologne.

La Fondation Helsinki, une ONG de droits humains de premier plan en Pologne, a salué le jugement de la CEDH, qui a fait la une en Europe et aux USA. De même, Amnesty International a loué un verdict “historique” et “qui fait date.”

Des décisions faisant date exposent le rôle de la Pologne dans les centres secrets de détention et de torture de la CIA

Au même moment, le jugement a provoqué des réactions mêlées chez les hauts responsables et personnalités politiques de Pologne, allant de la honte au déni et à la colère. Le président polonais Bronisław Komorowski a ainsi déclaré que le jugement était “embarrassant pour la Pologne” et pourrait avoir des effets néfastes sur les finances et la réputation internationale du pays. Leszek Miller, l'actuel chef de l'Alliance de la gauche démocratique (SLD) et ex-premier ministre, a qualifié la décision d' “injuste et non-éthique.” Le compte Twitter officiel de la SLD a publié :

@Dariusz_Jonski: Nous respectons le jugement de la CEDH sur la CIA, nous attendons la motivation. La Pologne devrait faire appel de cette décision.

Les réactions des médias polonais ont été diverses elles aussi. Tomasz Lis, le rédacteur en chef de Newsweek Polska, a refusé de condamner l'existence des prisons secrètes de la CIA en territoire polonais, défendant la nécessité pour les hommes politiques d'avoir leurs ”zones grises.” La journaliste Janina Paradowska a souligné que les Etats-Unis se sont lavé les mains des prisons à torture, et la Pologne est aujourd'hui seule sur le banc des accusés. L'éditorialiste Ewa Siedlecka, à l'inverse, a blâmé les responsables polonais d'avoir manqué à maintenir les droits humains de base.

L'arrêt de la Cour a produit étonnamment peu de réactions en ligne et a rapidement disparu des titres des journaux. Les commentaires publiés sur les sites web par les lecteurs ont relayé la colère et l'incrédulité exprimés par de nombreux hommes politiques. Beaucoup ont dit que l'alliance entre les USA et la Pologne est un arrangement à sens unique, dont les Etats-Unis récoltent tous les bénéfices. Un usager, Paweł Karpiński, a décrit la relation entre les deux pays comme celle, féodale, entre un seigneur et son vassal.

Plusieurs voix ont aussi insinué que le président de l'époque, Aleksander Kwaśniewski, et Leszek Miller auraient dû être personnellement traduits en justice, puisque l'opération prisons secrètes a eu lieu avec leur connaissance et approbation. Une opinion peut-être symptomatique du divorce entre la société civile polonaise et les gouvernants, observé par Józef Pinior, un des dirigeants du mouvement Solidarnosc dans les années 1980. Dans ses réflexions sur le verdict il a relevé que les prisons illégales de la CIA n'avaient pas réussi à soulever une indignation publique suffisante pour obliger le gouvernement à réagir sérieusement. Selon ses mots le verdict de la CEDH reste “un défi pour les politiques, commentateurs et défenseurs des droits humains en Pologne”.