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Les Hongkongais n'apprécient pas la page Facebook du gouvernement chinois

jeudi 30 mars 2017 à 12:53

L'accès à Facebook est officiellement banni en Chine continentale.

Capture d'écran de la page Facebook de l'antenne du ministère des Affaires étrangères chinois à Hong Kong.

Cet article a été écrit par Elson Tong et publié par Hong Kong Free Press le 22 mars 2017. La version éditée ci-dessous est publiée dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Le bureau du ministère des Affaires étrangères chinois à Hong Kong a récemment ouvert une page Facebook officielle, que les internautes de la région autonome ont noyée sous les commentaires outrés. Censuré en Chine continentale, le géant des réseaux sociaux est accessible depuis les régions administratives spéciales de Hong Kong et Macao.

Après une cérémonie dans les locaux du délégué du ministère des Affaires étrangères à Hong Kong le 21 mars dernier, le premier post fut publié en cantonais :

好啦!咁其實我地係負責咩工作呢?香港實行“一國兩制”,相信大家都知啦,國家有外交部去處理國與國之間的關係,咁香港唔係一個國家,同香港相關外交事務就由我地負責啦。That's why we exist.

Alors, à quoi est-ce que nous servons exactement ? Hong Kong fonctionne selon le principe du “un pays, deux systèmes” (tout le monde le sait probablement déjà) et le pays possède un ministère des Affaires étrangères qui s'occupe des relations entre états. Eh bien, comme Hong Kong n'est pas un pays, nous nous occupons des relations diplomatiques la concernant. That's why we exist. [“C'est pourquoi nous existons”, en anglais dans le texte]

Certains utilisateurs se sont moqués de l'utilisation de la particule possessive cantonaise geh (嘅) au lieu de gaa (噶). “Pourquoi est-ce que vous n'engagez pas un Hongkongais comme éditeur ?” demande un internaute dans un commentaire.

Garanti par la déclaration conjointe sino-britannique et la loi fondamentale de Hong Kong après la rétrocession de la ville de la Grande Bretagne à la Chine en 1997, le principe “un pays, deux systèmes” prévoit que le système capitaliste et le mode de vie de la ville restent intacts pendant 50 ans au moins, c'est à dire jusqu'en 2047. Pékin montre cependant des signes d'impatience depuis quelques années et s'immisce de plus en plus dans les affaires internes de la cité, en réinterprétant la loi fondamentale pour limiter la portée de la réforme électorale, en disqualifiant les législateurs pro-indépendance et en exerçant une pression politique pour influer sur les élections, les politiques gouvernementales et la nomination de fonctionnaires.

Malgré le faible nombre de like enregistrés le premier jour après sa mise en ligne (moins de 1000), des centaines de commentaires ont été publiés sur la page, la plupart pour s'y opposer. Certains demandaient la fin du soutien supposé de Pékin à la candidate au poste de chef de l'exécutif Carrie Lam, d'autres l'arrêt des poursuites contre l'actuel leader Leung Chun-ying et ses présumés partenaires financiers au sein du gouvernement chinois.

En effet, le 26 mars, les mille deux cent membres du collège électoral de la ville élisent le ou la dirigeante de la ville parmi trois candidats : l'ancienne Premier secrétaire Carrie Lam, l'ancien Secrétaire aux Finances John Tsang et l'ancien juge Woo Kwok Hing, mais selon certaines rumeurs circulant parmi les membres pro-Pékin du collège électoral, Carrie Lam serait la seule candidate acceptable aux yeux de la Chine. Elle serait, pour certains, soutenue par le Bureau de liaison chinois et le chef de l'exécutif actuel, Leung Chun-ying, empêtré dans un scandale après avoir omis de déclarer un contrat de 50 millions de dollars hongkongais avec la firme australienne UGL. [NdE: Carrie Lam fut élue le 26 mars, lire notre article ici.]

Des utilisateurs ont aussi demandé au ministère de “retourner sur Weibo”, l'accès à Facebook étant impossible en Chine continentale.

Fb est interdit en Chine, rentrez chez vous… restez avec vos contrefaçons.

Facebook是外國勢力
中國人用facebook就是賣國!一定收了美國黑金!

Facebook est une puissance étrangère. Les Chinois qui utilisent Facebook sont de vrais traîtres, ils travaillent certainement pour les États-Unis.

強國不容許使用fb
若果你愛國嘅話,就乖乖地聽中國話,用返微博,qq啦

Notre puissant pays interdit FB.
Si vous l'aimez, obéissez à la Chine et utilisez Weibo et QQ.

La figure étudiante de la révolution des parapluies Joshua Wong écrit :

撤回人大決定,落實民主普選,中共停止打壓!

Cassez la décision de l'Assemblée nationale populaire, mettez en place un suffrage universel démocratique, le Parti communiste chinois doit cesser son oppression !

Certains utilisateurs de Facebook se sont faits plus accueillants, comme cet avis concernant la page :

加強直接對香港市民了解是好事,因為現在中聯辦是個山寨王國,和一些人構成一個龐大利益集團,每事只想自己利益再先,視國家利益再後,尤其是回歸後才忽然愛國的那些,又經常誇大香港反動情況,騙取各種資源和權力,因香港越分化,那些人得到利益就越多,實質香港人大多希望團結和諧,法治和自由得到肯定而已,所謂國家好,香港好;香港好,國家也好,請好好看清香港實況呢。

C'est une bonne chose de pouvoir communiquer directement avec les citoyens de Hong Kong. Le Bureau de liaison est une royaume isolé qui prétend représenter l’État, un conglomérat d'intérêts qui fait passer ses intérêts propres avant l’État. Ils sont soudain devenus des patriotes après le retour de Hong Kong à la Chine et exagèrent la puissance de l'opposition pour obtenir plus de ressources et de pouvoir. Plus Hong Kong se divise, plus ils y gagnent. La plupart des habitants désirent unité et harmonie, ils veulent juste un état de droit et être libre. Les destins de la Chine et de Hong Kong sont intimement liés. S'il vous plaît, regardez la réalité en face.

Le gouvernement chinois n'en est pas à son coup d'essai sur Facebook. En septembre 2015, il a en effet ouvert une page officielle nommée Xi's Visit [“la visite de Xi”] à l'occasion de la visite du Président Xi Jinping aux États-Unis, page qui recense en anglais toutes ses activités depuis.

Recettes et astuces paraguayennes pour bien se nourrir et défendre le droit à la sécurité alimentaire

mercredi 29 mars 2017 à 20:18

Marchés écologiques, communautés, familles et organisations affrontent le problème de l'alimentation équilibrée et de l'usage conscient des ressources naturelles. Photographie publiée avec l'autorisation du site principal de Kurtural.

[Sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des pages web en espagnol]

À travers la série #jakaruporahagua (“bien manger” en guarani, qui suit un projet du même nom) le site web paraguayen Kurtural poursuit son mouvement pour la terre et la consommation équitable, tout comme de nombreuses communautés et initiatives citoyennes dédiées au droit à l'alimentation et aux innovations agro-écologiques.

Le site recense les marchés bio de la capitale Asunción, des recettes et conseils tout comme les histoires de ceux qui consacrent leurs temps à cultiver la terre de façon éthique et responsable.

Un grand nombre de projets utilisent ce réseau pour établir des relations et se développer dans différentes communautés. Il s'agit de familles qui créent des entreprises, des “tribus de producteurs”, des communautés qui défendent le droit à la terre et aussi des innovateurs qui osent se détacher de l'inertie et des modes de vies anciens. Ainsi, Carlos Díaz Meyer, promoteur du projet De la Huerta Orgánica, a travaillé pendant de nombreuses années comme architecte aux États-Unis et grâce à ses contacts paraguayens à New York a réussi à se frayer un chemin vers l'agriculture :

Ganaba mucha plata pero no tenía vida, todo era trabajo y mucho estrés […] Yo vine de otro ámbito con poca experiencia. Me fui haciendo al andar. Me animé a tener mi huertita, me fui formando. Siempre estuvo en mí la cuestión de la salud, me fui desprendiendo de la visión occidental de la medicina y entendí que el alimento es pura medicina

Je gagnais beaucoup d'argent, mais je n'avais plus de vie, tout tournait autour du travail et était stressant […] J'avais gagné mes galons ailleurs mais j'avais peu d'expérience. J'ai appris sur le tas. Je me suis motivé pour cultiver mon petit potager et je me suis formé. J'ai gardé en tête la question de la santé, sans m'arrêter à la vision occidentale de la médecine et j'ai compris que la nourriture est la vraie médecine. 

Recettes traditionnelles et contre le gaspillage

Certains articles ont permis de partager les recettes des surplus de fêtes afin de combattre la chaleur estivale de la région et de profiter de l'abondance des plantes locales. D'autres recettes mettent en avant les traditions qui les ont rendues populaires et font découvrir leurs origines indigènes.

Manger sainement est une question de temps (mais le temps c'est de l'argent)

Un article en particulier se concentre sur le conditionnement de l'alimentation saine, les difficultés dictées par le modèle économique et les moyens de la majorité. Là comme ailleurs, le débat sur l'alimentation saine mais chère, fait polémique.

Ainsi, le texte Comer sano no es más caro: es cuestión de tiempo [Manger sainement n'est pas plus cher : c'est une question de temps], démonte les préjugés entre l'agriculture paysanne et la production industrielle, les contrastes dans l'usage de la terre, les habitudes alimentaires dans les rythmes effrénés de la capitale.

Il s'agit d'une concentration d'éléments et de questions sur la sécurité alimentaire, le respect de l'environnement, le pouvoir de l'argent, le commerce équitable et en particulier l'adaptation difficile de deux systèmes qui prennent du temps et la production de revenus d'une façon vraiment différente. Kurtural en a discuté avec Pablo Angulo pour analyser ces phénomènes :

La gran masa obrera tiene una sola preocupación: comer. Así, a secas. […] Pero cuando se trata de comprar productos de lugares alternativos de comercialización que apuestan a la producción sin intervención de químicos (es decir, con ingredientes sanos) persiste la idea generalizada de que esto resulta más caro. ¿Es realmente así?

«Jamás va a ser más caro porque los beneficios son más grandes. La gente del área metropolitana […] ya tiene más conciencia. El problema es que nos estamos dirigiendo a un grupo privilegiado que puede comprar lechuga. Una gran masa no puede comprar ni de la producción convencional –la que usa plaguicidas- ni de la orgánica. Le sale más barato comprar harinas», explica tajante Pablo.

La majorité de la classe ouvrière n'a qu'une préoccupation : se nourrir. C'est tout. […] Mais quand il s'agit d'acheter des denrées produites dans des lieux alternatifs, se passant de la commercialisation soumise aux OGM (c'est-à dire avec des ingrédients sains), le préjugé selon lequel ce sera plus cher persiste. Qu'en est-il vraiment ?

« Ce ne sera jamais plus cher car les avantages sont plus nombreux. Les personnes vivant en ville […] en sont déjà plus conscientes. Le problème est que nous nous adressons à un groupe de privilégiés qui peut s'acheter une laitue. Une grande majorité ne peut ni acheter la production conventionnelle – celle qui utilise les pesticides – ni l'organique. Ça lui coûte moins cher d'acheter de la farine », explique Pablo ému.

Dans un prochain article, nous reproduirons des témoignages et analyses qui retracent les expériences des petits agriculteurs, des rythmes conventionnels des villes et du contraste avec les besoins en alimentation de la population. Il s'agit d'idées et de débats locaux devant des phénomènes qui ne sont pas des cas isolés face aux positionnement de l'alimentation globale et de l'utilisation de moyens naturels.

Pour ce citoyen britannique né en Somalie, le Brexit est un “point de non-retour”

mardi 28 mars 2017 à 12:36

« La haine contre ceux d'entre nous qui sont contre le Brexit devient insupportable »

Londres, 3 mars 2017 SortirDuSilence sur les crimes haineux du Brexit. PHOTO: David Holt (CC BY 2.0)

« Le Brexit a tout changé et nous ne savons toujours pas jusqu'où ira ce changement », dit Ismael Einashe, un journaliste britannique et post-doctorant Dart Center Ochberg à l'Ecole de journalisme de l'Université Columbia.

J'ai conversé avec Einashe lors de l’Idea Camp, un programme accueilli par la Fondation culturelle européenne début mars à Madrid. « Nul n'a réfléchi à ce qui suivrait et il n'y avait aucun plan de préparé pour l'impact que cette décision aurait sur trois millions [de citoyens et résidents de Grande-Bretagne] ».

Einashe est l'une des victimes des politiques adoptées ces dernières années par la Grande-Bretagne. Des politiques devenues de plus en plus radicales et méfiantes envers le segment de population du Royaume-Uni désireux de rester dans l'UE, ncluant une grande partie de la communauté musulmane. Sept musulmans sur dix ont voté contre le Brexit. La Première Ministre Theresa May a, à diverses reprises, parlé péjorativement des 48 % de votants anti-Brexit comme de « l'élite capitaliste des métropoles », des « pleurnichards » et des « citoyens du monde ». Einashe estime que ces déclarations ont ouvert la porte à un flot d'incidents et propos racistes, similaires aux déclarations de Donald Trump aux États-Unis et Marine Le Pen en France.

« Avec les gouvernants et institutions qui déblatèrent sans retenue contre les minorités religieuses et ethniques, ou les personnes ayant certaines orientations sexuelles, de nombreux racistes sortent du bois. Des magistrats reçoivent même des menaces simplement parce qu'ils font leurs travail. Ce n'est pas l'Angleterre où j'ai grandi, celle à laquelle j'ai voulu si fort appartenir », ajoute Einash, qui lie la montée du discours raciste aux crimes haineux, qui sont allés jusqu'au meurtre.

Le chemin de la citoyenneté n'a pas été aisé pour Einashe. En 1994, il avait neuf ans quand il est arrivé à Londres avec ses parents, fuyant la guerre civile qui ravageait la Somalie depuis une décennie. Il a grandi entre les municipalités de Camden et Colindale, avec d'un côté des réfugiés kurdes, bosniens et kosovars et, de l'autre, des blancs de la classe ouvrière. Seule famille noire du quartier, les Einash furent reçus avec hostilité. « Des voisins sont allés jusqu'à jeter des ordures dans notre jardin. Ma mère se contentait de les ramasser sans dire mot. »

En 2001, l'année des attentats du 11 septembre, Einashe obtint la citoyenneté du Royaume-Uni. A l'époque, il avait terminé le lycée, et grâce à ses bonnes notes, fut admis dans une des meilleures universités britanniques. C'est à peu près à ce moment que les choses commencèrent à changer dans le pays.

« Jusque là », dit Einashe, « la nationalité britannique n'était qu'un détail administratif. Vous l'obteniez et L’État vous oubliait. Après le 11 septembre, ils ont introduit les tests de citoyenneté, l'accent sur les « valeurs comunnes », les cérémonies où on fait serment de loyauté à la monarchie et au Royaume ; et la méfiance envers les citoyens musulmans ».

Pendant les années 2000, le Royaume Uni, à l'instar des États-Unis, a mis les musulmans sous surveillance, particulièrement ceux nés dans d'autres pays ou ayant la double nationalité, ce qui a fait que beaucoup se sentent des citoyens de deuxième classe. Le pays a connu une tension croissante après les attentats de Londres du 7 juillet 2005, dont de nombreux Britanniques ont attribué la responsabilité à la communauté musulmane. Les mesures post-11 septembre présentées comme temporaires sont devenues permanentes, y compris la possibilité de déchoir une personne de sa nationalité britannique sans décision judiciaire, une pratique en hausse depuis le Brexit.

Les déchéances de nationalité ont continué à augmenter sous le gouvernement de Theresa May, d'après le Bureau of Investigative Journalism. « Ce sont des décisions quasi arbitraires qui devraient profondément inquiéter tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, mais on n'y prête guère attention », dit Einashe. Il voit dans le Brexit un point de non retour, une fracture dans la société britannique entre ceux qui approuvent la position anti-européenne du gouvernement et les prétendus « anti-patriotes » comme lui qui sont opposés à la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne.

« Je ne suis pas un anti-patriote, c'est tout le contraire », dit-il. « Mon Angleterre est celle du multiculturalisme, l'Angleterre ouverte au monde, aujourd'hui en danger ».

Outre la possibilité d'être dépouillé de sa citoyenneté durement gagnée, Einashe craint la situation de vulnérabilité dans laquelle le Brexit va laisser des milliers de citoyens, maintenant qu'ils n'ont plus accès aux mécanismes protecteurs fournis par le cadre juridique européen. « Nous sommes désormais à la merci des politiques britanniques et n'avons plus aucun recours ».

Ces mordus de technologie veulent que votre téléphone vous parle en swahili

lundi 27 mars 2017 à 23:45

Photo by Eli Duke via Flickr (CC BY-SA 2.0)

Avec environ 100 millions de locuteurs, le swahili est la deuxième langue la plus largement répandue sur le continent africain, après l'arabe. Pourtant, des services tels que la reconnaissance automatique de la parole (ASR) ne sont pas commercialement disponibles dans cette langue, refusant leur accès à de nombreux utilisateurs avec des handicaps et à ceux qui ne savent pas lire les informations dont ils ont désespérément besoin dans leur vie quotidienne. Cela pourrait changer très bientôt cependant, car des recherches universitaires et des startups dans le domaine des technologies conjuguent leurs efforts pour fournir des technologies localisées en swahili.

Recherche sur Internet sur un simple téléphone portable

Une de ces innovations très prometteuses est sur le point d'être lancée au Kenya. Uliza (qui signifie “poser une question” en swahili) est une interface vocale qui permet aux utilisateurs d'accéder à l'information à partir d'Internet à l'aide d'un téléphone portable premier prix.

Tout ce que les utilisateurs ont besoin de faire est d'appeler et de poser une question en swahili. Dans les 15 à 90 minutes, un “agent de réponse” (une personne réelle qui travaille dans les coulisses) répond vocalement. Pour le moment, une “troupe” d'environ 50 agents traite les requêtes en transcrivant les enregistrements vocaux, en recherchant des réponses en ligne en plusieurs langues, en traduisant les informations et en les renvoyant à l'appelant en swahili.

Au cours du projet pilote mené dans la capitale kényane Nairobi et dans l'ouest du Kenya, quelque 600 utilisateurs bêta ont posé des questions concernant leurs représentants locaux, demandant de l'aide pour leurs devoirs en swahili et ont demandé des informations médicales trop délicates pour être posées en personne.

Au cours du projet pilote d'Uliza, voici les mots inclus dans les questions les plus fréquemment posées par les utilisateurs (traduit du swahili en anglais).

L'interface Uliza va résoudre un autre problème pour ses futurs utilisateurs : le manque d'accès à l'information hébergée sur Internet. Il existe de nombreuses raisons qui se chevauchent : des volumes de données portables inabordables, la distance jusqu'au cybercafé le plus proche, l'analphabétisme dans les langues de communication les plus répandues, aggravés par l'indisponibilité de contenus dans les langues locales.

Il ne s'agit pas d'un problème de technologie

Le modèle de crowdsourcing d'Uliza est certes très exigeant en main-d'œuvre, mais il a un avantage majeur : en traitant les transcriptions et les traductions par des êtres humains, il contourne temporairement l'absence de grands volumes de données vocales qui limitent généralement les efforts pour la reconnaissance vocale dans les langues africaines, tout en collectant des données simultanément de locuteurs réels dans une variété d’accents et dialectes. Le fondateur d'Uliza, Grant Bridgman, prévoit d'utiliser cette base de données de courts enregistrements et transcriptions pour construire une machine pour l'apprentissage ainsi que pour l'automatisation entière du système à l'avenir. Dans ce discours à l'université de Tufts, Bridgman a présenté le concept à la base du projet :

Une bonne quantité de recherches a déjà été consacrée à la mise au point d'un logiciel automatique de reconnaissance vocale pour le swahili et d'autres langues africaines très répandues, mais il faut un certain temps pour que la technologie trouve son chemin pour arriver jusqu'aux utilisateurs. Dans un entretien avec Global Voices, Bridgman a expliqué:

La technologie existe et tout ceci est déjà disponible pour les langues du premier monde, maintenant nous devons trouver un modèle commercial pour le rendre viable pour les langages à faible ressources.

Les entreprises qui cherchent à créer à moindre coût des lignes d'assistance pour une clientèle rurale sont des clientes potentielles pour la phase initiale de la croissance d'Uliza. Finalement, un service complet permettant aux utilisateurs de téléphones portables sans accès à Internet de trouver des réponses à leurs questions et de télécharger leurs propres contenus vocaux sera mis en œuvre. Le coût pour l'utilisateur serait minimal – proche du prix d'un SMS.

Le modèle d'Uliza pourrait être viable pour d'autres langues avec un assez grand nombre de locuteurs. Mais pour la grande majorité des 2 000 langues parlées sur le continent africain, ce n'est pas le cas. Cependant, des solutions pourraient provenir d'un projet de recherche mené par Preethi Jyothi à l'Institut Beckman, où une équipe de scientifiques a utilisé une méthode probabiliste pour les transcriptions crowdsourcées de non-locuteurs natifs. Une fois peaufinée, la transcription probabiliste pourrait ouvrir la voie de la reconnaissance vocale pour les langues moins représentées, espérons-le à un coût raisonnable.

Au Mexique, le tout dernier outil d'un nouveau projet anticorruption est une bande dessinée

lundi 27 mars 2017 à 22:14
Libro Vaquero

Que faire pour combattre la corruption? – Image du livre anticorruption partagée par l'utilisateur @AlexPulidoG sur son profil public Twitter.

Au Mexique, le combat contre la corruption a inspiré des idées diverses. Sur Global Voices, nous avons essayé de rendre compte des plus importantes, depuis la création d'un think tank ou laboratoire d'idées sur le sujet, jusqu'à la campagne citoyenne qui s'appelle #JitomatazoMx et qui a comme objectif de jeter une tomate à la figure des membres corrompus de la classe politique.

Mais nous faisons référence ici à la bande dessinée lancée par le laboratoire de politiques publiques Ethos début mars 2017 appelée Le livre anticorruption, qui a été distribué comme le e Libro vaquero anticorruption. Le document raconte deux histoires de la vie quotidienne montrant comment les citoyens peuvent éviter d'être autant victimes qu'acteurs de la corruption. La version partagée par Ethos est numérisée et présente des effets spéciaux de son et image qui donnent un plus aux modes traditionnels de lecture des bandes dessinées.

La création d'Ethos s’inspire d'”El Libro vaquero” (cow-boy en espagnol), une publication diffusée au Mexique à partir des années soixante-dix et qui raconte des histoires romantiques qui se déroulent dans le Far-West de la fin du XIXe siècle.

Le site Animal Politique a communiqué de la façon suivante sur le lancement de cet ouvrage :

Dans le but d'informer et de donner les moyens d'agir aux citoyens pour éviter la corruption et dénoncer les cas observés, le laboratoire Ethos a présenté le livre “vaquero” anticorruption ce mercredi 1er mars.

Dans les pages du livre, les lecteurs trouveront des histoires qui servent à informer, avec un langage familier, sur le problème de la corruption et qui expliquent comment fonctionne le système national anticorruption.

Le système national anticorruption est un tissu d'institutions publiques (certaines existent, d'autres sont en cours de création) qui vise, entre autres choses, à éviter, à détecter et à sanctionner les pratiques corrompues qui impliquent des membres de la société civile et des agents publics mexicains. Sa création a été annoncée en mai 2015.

A propos du Libro vaquero originel et du tirage du nouvel ouvrage lancé, le site Ethos a partagé l'information suivante:

Il convient de souligner que le Libro vaquero puise ses origines en 1978 et a atteint un tirage bimensuel de 118 000 exemplaires. Le même tirage d'exemplaires du livre anticorruption sera produit dans la prochaine édition. 20 000 exemplaires supplémentaires de bandes dessinées sur la corruption seront distribués dans les espaces publics et les universités avec l'aide de membres de la société civile.

Sur Twitter, des utilisateurs comme Antonio T. Carreño ont salué la publication:

La lutte anti-corruption est de la responsabilité de tous, il convient de lire le Libro vaquero d'Ethos

Alejandro Pulido G. a partagé l'image suivante :

Le Libro vaquero se joint à la lutte anticorruption

Pour sa part, José Luis Chicoma, Directeur Général d'Ethos, a partagé le message suivant :

Notre Libro vaquero anticorruption. Nous racontons en bandes dessinées des situations d'abus et de complicité

Le livre complet peut être consulté gratuitement sur le site d'Ethos.